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Courtney Love & Angela Davis

Courtney Love (9 juillet 1964) est une autrice, compositrice, interprète et actrice américaine. Après une enfance chaotique, élevée par une mère hippie et différents beaux-pères, elle est émancipée à l’âge de seize ans et survit en ayant de nombreux jobs, dont strip-teaseuse. Attirée par la musique et le cinéma, elle atteint finalement la célébrité avec son groupe de rock alternatif Hole, dans lesquels ses textes évoquent des sujets comme l’identité, le rapport au corps, et la place des femmes dans la société. Le groupe est connu pour les performances incontrôlables de Courtney Love, et se sépare en 2002, avant de se reformer en 2009 pour un nouvel album. Elle continue une carrière de cinéma relativement fructueuse et continue à jouer de la musique, mais est surtout célèbre pour être la veuve du leader de Nirvana, Kurt Cobain.

Angela Davis (26 janvier 1944) est une militante politique, femme de lettres et autrice américaine. Après de brillantes études aux États-Unis et en Allemagne, elle est engagée en 1960 par l‘Université de Californie, bien qu’elle soit ouvertement féministe radicale, associé au mouvement Black Panthers et membre du parti communiste. Elle sera renvoyée pour ses affiliations politiques avant qu’un tribunal ne juge son renvoi illégal. Sous la présidence Nixon, elle part en cavale, après qu’un jeune prisonnier prend une salle de tribunal en otage avec des armes qu’elle aurait achetées, ce qui finit en une fusillade sanglante. Retrouvée, elle est emprisonnée en 1970 et un mouvement international de soutien s’organise pour réclamer sa libération, arguant qu’elle est une prisonnière politique enfermée pour ses idées. En 1972, elle est déclarée non coupable par un jury entièrement blanc. Ses engagements contre le système carcéral américain et la peine de mort, pour les droits des femmes et des afro-américains continuent à ce jour.

À écouter, à voir :

Hole, Celebrity Skin (album), Geffen, 1998 Shola Lynch, Free Angela (documentaire), Realside Productions, 2013

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Miley Cyrus & Olympe de Gouges

Miley Cyrus (23 novembre 1992) est une actrice, compositrice et interprète américaine. Fille du chanteur de country et acteur Billy Ray Cyrus, elle commence sa carrière à l’âge de douze ans en décrochant le rôle d’Hannah Montana, adolescente qui mène une double-vie de pop-star, dans la série éponyme de Disney Channel. Elle est ainsi propulsé au rang d’idole des jeunes et de star internationale. Elle joue dans de nombreux autres films pour adolescents et débute une carrière solo, ou, à l’instar de bon nombre de ses prédécesseurs issus de Disney Channel, elle s’applique à casser son image de jeune fille sage, tant et si bien qu’on la connaît surtout aujourd’hui pour ses tenues de scène et ses danses extrêmement sexualisées. Son dernier album pour lequel elle a collaboré avec le groupe de rock psychédélique The Flaming Lips est un opus très intéressant mélangeant pop et sonorités expérimentales.

Olympe de Gouges (7 mai 1748, 3 novembre 1793) était une femme de lettre et politicienne française. Issue d’une famille modeste de Montauban, elle est mariée à seize ans et veuve deux ans plus tard. Elle ne se re-mariera jamais, mais a de nombreuses liaisons et mène une vie luxueuse, entretenue par ses amants. Elle fréquente les milieux intellectuels et écrit des pièces de théâtre, ainsi que des pamphlets dénonçant l’esclavage. À la Révolution Française, elle profite du climat politique pour devenir plus prolifique encore en militant activement pour l’égalité entre tous les citoyens sans distinction aucune. En septembre 1791 elle rédige la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, en réaction à la Déclaration des Droits de l’Homme, qui est présentée à l’Assemblée Nationale et rejetée. Elle restera une défenseuse de la monarchie et finira guillotinée.

À voir, à lire :

Miley Cyrus, Myley Cyrus & Her Dead Petz (album), 2015 Olympe de Gouges, Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne (texte juridique), 1791

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Laverne Cox & Susan Bordo

Laverne Cox (29 mai 1984) est une actrice américaine, connue pour son rôle dans la série Orange is the new Black. Assignée garçon à la naissance, le harcèlement scolaire qu’elle subit pendant son enfance la conduit à une tentative de suicide quand elle a onze ans, ce qui la pousse à utiliser sa notoriété pour lutter ouvertement pour les droits des personnes trans. Elle a été la première personne transgenre à figurer sur la une du magazine Times et a été décorée de nombreux prix pour son statut de pionnière au sein du paysage médiatique occidental dans la lutte pour l’égalité des genres.

Susan Bordo (24 janvier 1947) est une philosophe féministe américaine qui aborde dans ses travaux les gender studies, le corps et l’image du corps vue au travers du prisme des médias. Elle est principalement connue pour le livre Unbearable Weight : Feminism, Western Culture and the Body, dans lequel elle postule que les corps genrés sont une conséquence directe de la société de consommation, et explore les liens entre la publicité, la télévision, les magazines, etc. et les problèmes liés au corps et à la psyché typiquement féminins, comme les troubles du comportement alimentaire, l’agoraphobie et l’hystérie. Elle dénonce l’impact de la culture populaire sur la vision d’elles-mêmes des femmes, simplement réduites à un corps qu’on invite à encore et toujours amoindrir. Le racisme et la masculinité toxiques font également partie de ses sujets d’étude, comme dans son livre paru en 1999 : The Male Body: A New Look at Men in Public and Private.

À voir, à lire :

Jenji Kohan, Orange is the new Black (sérié télévisée), Netflix, depuis 2013 Susan Bordo, Unbearable Weight : Feminism, Western Culture and the Body (essai), University of California Press, 1993

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Bettie Page & Susan B. Anthony

Bettie Page (22 avril 1923, 11 décembre 2008) était un mannequin américain célèbre pour ses photos fétichistes dans les années 1950, qui la propulsèrent au rang de véritable icône des pin-ups. Après une enfance miséreuse marquée par les abus sexuels de son père, elle mène une existence défavorisée, jusqu’à ce qu’en 1950 elle soit découverte par un photographe amateur à Coney Island. Une carrière fulgurante débute alors pour Bettie, qui devient rapidement la coqueluche des photographes fétichistes. Tombée dans l’oubli dans les années 1960, elle se tourne vers la religion, dans un délire mystique qui fut diagnostiqué en 1972 comme une forme de schizophrénie paranoïaque. Elle est internée jusqu’en 1992 et meurt en 2008. Ses photos bénéficient d’un regain d’intérêt dans les années 1980 où elle devient un symbole de libération sexuelle.

Susan B. Anthony (15 février 1820, 13 mars 1906) était une militante américaine des droits civiques et des droits des femmes. Elle enseigne jusqu’à ses vingt-neuf ans mais s’engage dès son plus jeune âge en faveur de l’abolition de l’esclavage et de l’égalité des sexes. En effet à seize ans seulement elle organise une pétition conter l’esclavage. Elle a un rôle prépondérant dans toute la période précédant la Guerre Civile, à la fois dans les luttes abolitionnistes, féministes, mais aussi les ligues de témpérances luttant contre l’abus d’alcool. Un journal sera fondé par ses soins, The Republic, qui milite pour le droit de vote des femmes et des afro-américains, et également pour de meilleures conditions de vie, et le droit au contrôle des naissances via l’autorisation pour les femmes à l’abstinence, bien qu’elle ne se soit jamais mariée. Elle co-fonde également la National Woman Suffrage Association, et donnera entre soixante-quinze et cent discours par année d’activité.

À lire :

Rutgers Université, The Elizabeth Cady Stanton & Susan B. Anthony papers project (site internet)

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Beth Ditto & Noe Ito

Beth Ditto (19 février 1981) est une chanteuse et compositrice américaine, connue principalement pour son groupe de rock indépendant Gossip. Née dans une famille pauvre, elle se définit elle-même comme «une grosse lesbienne féministe d’Arkansas». En effet elle est ouvertement lesbienne et mariée à sa compagne, et est très ouverte sur son obésité et son homosexualité. En s’assumant complètement et en n’ayant pas peur de revendiquer son amour d’elle-même telle qu’elle est, elle est devenue une icône du mouvement body-positive et de la communauté gay. On peut considérer qu’elle est purement punk dans son attitude et son rejet de toutes les injonctions à son égard.

Noe Ito (21 janvier 1895, 16 septembre 1923) était une autrice anarchiste et féministe japonaise. Née près de Fukuoka, elle étudie à Tokyo dès ses quinze ans. Elle accepte un mariage arrangé avec un homme de retour des États-Unis, dans l’espoir d’y aller avec lui et de le quitter une fois sur place, mais ses espoirs ne se réalisent jamais. Elle refuse de retourner dans sa ville natale et d’abandonner ses études au profit d’une vie de femme au foyer, et avec l’aide de son professeur d’anglais, parvient à obtenir le divorce et continuer ses études. Elle mène ensuite une carrière de journaliste en tant que rédactrice-en-chef de Seito, un magazine culturel féministe, dont elle étend les sujets abordés à des thèmes sociaux et politiques, comme l’avortement. Elle écrit de nombreuses publications féministes et anarchistes, des romans, et traduit des textes d’Emma Goldblum, tout en s’élevant dans la hiérarchie de l’organisation Seito-Sha. Promise à un brillant avenir politique contestataire, elle et son fils de six ans sont battus et arrêtés pendant le chaos qui suit le grand tremblement de terre de Kanto, et sont assassinés par la police dans leur cellule en 1923. Elle avait 28 ans.

À écouter, à lire :

Gossip, Standing in the Way of Control (album), Kill Rock Stars, 2006 Harumi Setouchi, The Life of Noe Itou (article), 2005

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Daenerys Targaryen & Jean Kilbourne

Daenerys Targaryen est un personnage fictif de la saga de romans de fantasy Le Trône de Fer, écrite par George R. R. Martin, et interprétée par Emilia Clarke dans son adaptation télévisée, diffusée sur la chaîne HBO depuis 2011. La série a atteint un succès international hors du commun, c’est notamment la série la plus piratée du monde. Daenerys est la fille d’un roi fou assassiné lors d’un coup d’état. Réduite à l’exil et mariée de force au roi d’une tribu nomade sur un autre continent, elle mettra toute sa force, son ingéniosité et ses pouvoirs magiques à profit afin de renverser son sort et de fomenter son retour sur le trône. Dans cet univers médiéval profondément violent et misogyne, elle est un personnage singulier qui se détache des stéréotypes et gagne un grand pouvoir grâce à son intelligence, sa férocité, mais aussi sa bonté.

Jean Kilbourne (4 janvier 1943) est une écrivaine, oratrice et cinéaste américaine. Ayant également réalisé des films à propos de la corrélation entre certains problèmes de santé, comme les addictions ou les troubles du comportement alimentaire, et leur représentation dans les médias, elle est reconnue internationalement pour sa critique de l’image des femmes dans la publicité en particulier. En effet, ses travaux les plus célèbres sont la série de documentaires Killing Us Softly, dont la première édition est sortie en 1979 et la plus récente en 2010. Ces nombreuses instances contribuent à lui faire déplorer l’absence d’amélioration sur ce thème et on peut célébrer son engagement toujours renouvelé pour militer pour une meilleure représentation des femmes.

À lire, à voir :

George R. R. Martin, Le Trône de Fer (roman), Pygmallion, 1998 (1996)

Margaret Lazarus, Killing Us Softly : Advertising’s Image of Women (documentaire), Cambridge Documentary Films, 1979

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Harnaam Kaur & Sojourner Truth

Harnaam Kaur est une jeune femme anglaise née en 1991 et atteinte du syndrome des ovaires polykystiques, ce qui provoque une forme d’hirsutisme depuis ses onze ans. Après avoir souffert de harcèlement scolaire toute sa vie et épilé sa barbe deux fois par semaine, elle tombe dans une dépression dont elle finira par s’extirper en choisissant de militer activement via les réseaux sociaux pour le mouvement body-positive et d’assumer sa pilosité. Les médias internationaux se saisissent de son histoire, ce qui la propulse à une grande notoriété rapidement. Entre plateaux télé, défilés de mode et séances photo, elle met sa célébrité à profit pour transmettre le message que toutes les beautés sont valides.

Sojourner Truth (1797, 26 novembre 1883) était une militante abolitionniste et en faveur du droit des femmes. Née esclave, elle aura quatre propriétaires au cours de sa vie. Elle est mariée de force à un esclave plus âgé dont elle a cinq enfants, bien que le père de l’un d’entre pourrait être l’homme qu’elle aimait et ne peut épouser parce qu’il appartient à un autre maître. Elle fuit son dernier maître avec sa plus jeune fille après qu’il refuse de la libérer malgré l’aboliton de l’esclavage dans son état. Elle apprend par la suite qu’il a illégalement vendu un de ses fils en esclavage et est la première femme noire à gagner un procès et ainsi en récupérer la garde. Après avoir vécu dans différentes communautés, elle connaît une révélation spirituelle et se convertit, rejoint des organisations militant pour l’abolition et les droits des femmes et écrit ses mémoires. Elle prononce le célèbre discours Ain’t I a Woman ? en 1851 lors d’une convention pour les droits des femmes. Ses combats et son engagement se poursuivent jusqu’à sa mort en 1833.

À lire :

Sojourner Truth, Narrative of Sojourner Truth : a Nothern Slave (autobiographie), Penguin Classics, 1998 (1850)

Harnaam Kaur sur Instagram

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Ellen Page & Sylvia Rivera

Ellen Page (née le 21 février 1987) est une actrice canadienne. Elle commence sa carrière à l’âge de dix ans et atteint une renommée internationale en 2005 pour le premier rôle dans le thriller Hard Candy où elle interprète une adolescente prenant un pédophile à son propre piège, mais c’est le film indépendant Juno, pour lequel elle est nominée aux Oscars, qui est sa consécration. Elle joue aussi bien dans des blockbusters comme Inception que dans des films indépendants, et dit choisir ses rôles en tant que féministe : en privilégiant les personnages non stéréotypés. Elle fait son coming-out le 14 février 2014 dans un discours émouvant prononcé lors d’une conférence de l’ONG LGBT Human Rights Campaign, et présente en 2016 l’émission Gaycation qui explore les communautés gay et les discriminations dont elles souffrent dans différents pays du monde.

Sylvia Rivera (2 juillet 1951, 19 février 2002) était une militante pour les droits des personnes transgenres et gays. Abandonnée très tôt par sa famille, elle vit dans la rue dès l’âge de onze ans, travaillant en tant que prostituée pour survivre, et est prise en charge par la communauté des drag-queens new-yorkaises. Elle milite pendant le mouvement des droits civiques, puis contre la guerre du Vietnam, et soutient la deuxième vague de féminisme. Présente lors des émeutes de Stonewall, où un énième raid de la police dans un bar gay provoque le début d’un réel mouvement politique en faveur des droits des gays, elle est un des membres fondateurs du Gay Liberation Front et de la Gay Activists Alliance, ainsi que des Street Transvestites Action Revolutionaries. Jusqu’à a fin de sa vie, elle sera engagée, à rebours notamment des mouvements gays normalisateurs, pour les droits des travestis et des personnes trans de couleur. Son genre est fluide, complexe et varie, et les dernières années, elle refusera toute étiquette.

À voir, à lire :

Niall Kenny, Gaycation (sérié télévisée, websérie), Viceland, 2016 Randy Wicker, Randy Wicker interviews Sylvia Rivera (interview)

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Les sœurs Wachowski & Annie Sprinkle

Lana et Lily Wachowski (nées respectivement Larry le 21 juin 1965 et Andy le 29 décembre 1967) sont deux cinéastes, réalisatrices, scénaristes et productrices américaines. Elles travaillent toujours ensemble et sont toutes les deux ouvertement transgenres, depuis 2012 pour Lana, et 2016 pour Lily. Passionnées de cinéma depuis l’enfance, elles commencent leur carrière en scénarisant des comics, puis des films, se lancent dans la réalisation en 1996, et ensuite réalisent leur plus grand succès en 1999 : Matrix. Après d’autres films, comme Cloud Atlas en 2012, elles créent la série Sense8, acclamée notamment pour son large panel de personnages.

Annie Sprinkle (23 juillet 1954) est une militante féministe pro-sexe dont les métiers sont parmi les suivants : artiste de performance, éducatrice sexuelle, strip-teaseuse, actrice pornographique, réalisatrice, présentatrice, rédactrice-en-chef, et ex-prostituée. Toute sa carrière est marquée par son militantisme en faveur d’une vision positive, éclairée et éduquée de la sexualité. Sa performance la plus connue est probablement Public Cervix Announcement, dans laquelle elle permettait au public d’observer son col de l’utérus à l’aide d’un spéculum et d’une lampe de poche, et, outre des productions traditionnelles, elle a joué et réalisé dans de nombreux films pornographiques expérimentaux, artistiques, éducatifs et féministes. Elle a exploré des concepts d’érotisme et de pornographie variés et a œuvré dans de nombreuses formes (workshops, vidéos, projet artistique long de sept ans sur le thème de l’amour qu’elle et son épouse se portent) pour l’éducation sexuelle et amoureuse et la promotion d’une sexualité libre, spirituelle, écologique et artistique (l’écosexualité), et la défense des droits des travailleurs du sexe.

À voir :

Lily et Lana Wachowski, Sense8 (série télévisée), Netflix, depuis 2015 Annie Sprinkle, AnnieSprinkle.org(asm) 

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Mercredi Addams & Betty Friedan

Mercredi Addams est un personnage fictif issu des strips de bande-dessinée de Charles Addams parus dans le New-Yorker de 1938 à 1988. La Famille Addams est une famille américaine dont les intérêts sont résolumment morbides et qui ignore totalement être différente et effrayante aux yeux de leurs concitoyens. La série connut un grand succès et fut adaptée pour la télévision, le cinéma, en jeu viédo et en comédie musicale. Mercredi est la fille de Morticia et Gomez, elle sourit très rarement, élève des araignées, aime guillotiner ses poupées et jouer à tenter d’assassiner son frère, Pugsley.

Betty Friedan (4 février 1921, 4 février 2006) était une écrivaine et militante féministe américaine. Marxiste dès l’enfance, elle commence sa carrière, après de brillantes études littéraires, en tant que journaliste dans des publications syndicales. En 1957 elle mène un sondage auprès de ses anciennes camarades d’université afin de mesurer leur satisfaction. Elle découvre qu’une majorité d’entre elles n’est pas heureuse dans son rôle de mère au foyer et commence à publier des articles sur ce qu’elle nomme «le problème sans nom», ce qui, après de plus amples recherches et des interviews de nombreuses femme, devient son livre La Femme Mystifiée, publié en 1963. Il a un impact tel qu’on le considère comme le point départ de la 2ème vague de féminisme. Elle y dénonce l’idée selon laquelle tenir son foyer est la quintessence du bonheur des femmes et ce à quoi elle doivent aspirer, et met au contraire en exergue à quel point cela les limite et les asservit. Elle militera toute sa vie en faveur des droits des femmes et sera la première présidente de la National Organisation for Women.

À lire :

Charles Samuel Addams, La Famille Addams (bande-dessinée), Pocket, 1992  Betty Friedan, La Femme Mystifiée (essai), Gonthier, 1964

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Sailor Moon & Audre Lorde

Sailor Moon (Usagi Tsukino), est le personnage principal fictif de la série de manga et d’animation éponyme. Usagi, jeune lycéenne tokyoïte, rencontre un chat parlant appelé Luna qui lui remet une broche magique lui permettant de devenir Sailor Moon, une guerrière magique qui combat les forces du mal avec son équipe de Sailor Scouts. Elle découvre être la réincarnation d’une princesse issue du Royaume de la Lune, détruit après une guerre. On peut voir cette série comme étant féministe, puisqu’elle révinvente le genre magical girls en lui insufflant de l’action et des personnages féminins plus forts et déterminés. Débutée en 1991, elle eût un succès mondial auquel on peut en partie imputer l’intérêt actuel pour le manga.

Audre Lorde (18 février 1934, 17 novembre 1992) était une écrivaine et militante pour les droits civiques, des femmes et des personnes LGBT. Malvoyante, n’ayant pas su parler avant ses quatre ans, et s’entendant mal avec sa famille, Audrey Lorde se réfugie rapidement dans la poésie. Elle poursuit des études littéraires où, malgré ses amitiés avec des groupes de filles blanches, elle ne se sentira jamais à sa place. Au sein des communautés lesbiennes majoritairement blanches s’affine également son chemin pour célébrer son identité noire. Elle devient ainsi une grande critique du féminisme blanc auquel elle opposa le «womanism», et théorise que l’identité de femme emprunte à de nombreux critères : race, orientation sexuelle, classe, et même santé (elle se bat quatorze ans contre le cancer, dont elle meurt), ce qui sera plus tard appelé l’intersectionnalité. Sa poésie et ses essais abordent sans relâche la question de l’identité, dès son premier poème qu’elle écrit à treize ans, en retirant le Y de son nom pour forger son nom de plume, et ainsi sa réappropriation d’elle-même.

À lire :

Naoko Takeuchi, Sailor Moon (manga), Glénat, 1995 (1991) Audre Lorde, Zami, a new spelling of my name (biomythographie), Persephone Press, 1982

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Beyoncé & Catharine MacKinnon

Beyoncé (4 septembre 1981) est une chanteuse, compositrice, interprète et actrice, et sans conteste l’artiste de pop la plus influente de sa génération, avec 170 millions de disques vendus dans le monde comptabilisés en 2014 depuis ses débuts en 1997. C’est aussi la deuxième artiste la plus récompensée au monde. Depuis ses débuts au sein du groupe Destiny’s Child, elle a mené sa carrière avec un flair artistique et commercial hors du commun, en sachant s’adapter et surtout anticiper les évolutions du marché et de la mode. Elle a également su utiliser son talent afin de soutenir des causes politiques : elle a chanté lors de la deuxième cérémonie d’investiture du président Barack Obama, qu’elle a soutenu dans ses campagnes, est très critique de la situation raciale aux États-Unis et est ouvertement féministe.

Catharine MacKinnon (7 octobre 1946) est une juriste et militante féministe américaine. Diplômée de l’université de Yale, elle enseigne le droit, mais est plus connue pour ses travaux d’activiste féministe radicale. Ses prises de position très tranchées contre le harcèlement sexuel, mais aussi la pornographie, ont suscité de nombreuses controverses au sein des différents mouvements féministes. En effet, à l’instar d’Andrea Dworkin et Gloria Steinhem, elle estime que la pornographie objectifie et réduit les femmes à des parties du corps offertes à la consommation et à la violence. Son soutien à la censure a été critiqué par de nombreuses féministes, dont Judith Butler, qui a accusé ses idées répressives de participer à la silenciation de minorités (LGBT par exemple). Elle milite également contre la prostitution, suite à son travail en Inde auprès de femmes défavorisées.

À écouter, à lire :

Beyoncé, Lemonade (album), Tidal, 2016 Catharine MacKinnon, Ce ne sont que des mots (essai), Éditions des Femmes, 2007

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Nicki Minaj & Simone Veil

Nicki Minaj est une rappeuse, chanteuse et compositrice américaine née le 8 décembre 1983 à Port-d’Espagne,Trinidad-et-Tobago. Elle est découverte sur myspace dès 2002 et entame une fulgurante carrière qui la mènera au disque de platine en 2010, un mois après la sortie de son premier album. Elle a été nommée en 2013 l’une des femmes noires les plus influentes, aux côtés de Michelle Obama et Beyoncé. Son style de rap est très particulier, depuis son écriture qui utilise de nombreux jeux de mots, métaphores et punchlines, jusqu’à son flow singulier, et elle est aussi connue pour son style outrancier et coloré. Elle offre au travers de ses nombreux alter egos une vision extrêmement assumée et sexualisée de la femme, qui proclame ses désirs et contrôle à la fois son image et son mode de vie.

Simone Veil (13 juillet 1927) est une femme politique française de centre droit qui occupa notamment quatre mandats de ministre, fut députée européenne, présidente du Parlement européen, est décorée de la Légion d’honneur, et membre de l’Académie Française depuis 2008, où Jean d’Ormesson l’intronise avec ces mots : «tant de femmes dans cette femme, et nous lui devons tant». Recapée du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, elle est également présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah de 2000 à 2007, et désormais présidente d’honneur. On peut considérer que son plus grand accomplissement en faveur du droit des femmes, c’est son combat pour la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse, qu’elle mène sous le feu de menaces d’une partie de la droite

et de l’extrême droite, en tant que ministre de la santé sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Le texte est adopté en 1974, et a été facilité notamment par la parution du Manifeste des 343, rédigé par Simone de Beauvoir, où 343 femmes françaises déclarent avoir eu recours à une IVG illégale.

À voir, à lire :

Nicki Minaj, Pink Friday (album), Young Money, 2010 collectif, Manifeste des 343 (lettre ouverte), Le Nouvel Observateur N°334, 1971

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Kathleen Hanna & bell hooks

Kathleen Hanna (12 novembre 1968) est une musicienne et militante féministe américaine, connue principalement pour son rôle dans la création du mouvement Riot Grrrl dans les années 1990. En effet, son groupe, Bikini Kill, avec les autres groupes féminins de la scène punk-rock d’Olympia, s’organisèrent en réel mouvement politique et artistique afin de créer un espace protégé pour les femmes, de promouvoir leurs travaux, de militer pour leurs droits à disposer d’elles-mêmes et lutter contre une société patriarcale et capitaliste, propulsant ainsi l’émergence de la troisième vague féministe sur le devant de la scène. Bien qu’atteinte de la maladie de Lyme depuis 2007, elle a par la suite continué sa carrière musicale dans des projets tels que The Julie Ruin et Le Tigre.

bell hooks (25 septembre 1952) est une intellectuelle et militante féministe dont la réflexion se concentre autour de l’intersectionnalité des oppressions de genre, de race et de classe. Son nom de plume ne possède pas de majuscule de par sa volonté que la personne s’efface derrière ses travaux. Profondément marquée par sa jeunesse, elle grandit dans des milieux noirs défavorisés, elle enseigne dans différentes universités américaines de puis 1976 et participe activement au débat sur les droits des femmes et sur les problèmes raciaux, et a publié plus de trente livres, dont son premier ouvrage majeur Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme. Cet essai, publié en 1981 et seulement traduit en français en 2015, tire son titre d’un discours de la féministe abolitionniste Sojourner Truth et aborde l’histoire et l’impact du racisme et de la misogynie sur les femmes noires et leur marginalisation, tout en critiquant le féminisme blanc.

À écouter, à lire :

Bikini Kill, Reject All American (album), Kill Rock Stars, 1997 bell hooks, Ne suis-je pas une femme ? (essai), Cambourakis, 2015 (1981)

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Divine & Judith Butler

Divine (né Glenn Milstead 19 octobre 1945, 7 mars 1988) était un acteur, chanteur et drag queen américain. Divine s’identifiait comme un homme-cis gay, c’est donc le personnage fictif auquel je m’intéresse aujourd’hui, bien que ces deux personnalités soient intimement liées. Glenn Milstead découvre le travestissement en travaillant comme coiffeur et intègre les milieux de la contre-culture de Baltimore dans les années 1960, où il rencontre le cinéaste John Waters, qui l’appelle Divine, «la plus belle femme du monde, ou presque». Divine obtient rapidement le premier rôle dans ses films, notamment dans Pink Flamingos, sorti en 1972, qui atteint un statut de midnight movie culte, où elle est appelée «la personne la plus dégoûtante du monde». Elle aura par la suite une carrière au théâtre et dans la musique disco et deviendra ainsi une figure inoubliable de la contre-culture, pour son outrance et son obscénité.

Judith Butler (24 février 1956) est une philosophe américaine, reconnue pour ses travaux dans les domaines de la théorie du genre, de la théorie queer et du féminisme. Elle est très engagée dans les luttes pour les droits des personnes LGBT, des femmes et contre les politiques israëliennes. Dès 1988, elle postule que le genre est à différencier du sexe biologique, qu’il est performatif : c’est à dire que les individus jouent un rôle imposé et naturalisé par la société dans l’expression de leur genre. Ses notions paraîtront en 1990 dans l’essai Trouble dans le Genre, dans lequel elle critique cette binarité et le sexisme et l’hétéro-centrisme qu’elle implique. Ses travaux ont eu une influence majeure sur la théorie queer, les gender studies, les études de la sexualité, du corps, l’éthique et le féminisme tels qu’ils sont envisagés aujourd’hui. Ils ont cependant été critiqués pour leur manque de réflexion sur l’intersectionnalité des oppressions.

À voir, à lire :

John Waters, Pink Flamingos (film), Dreamland See, 1972 Judith Butler, Trouble dans le Genre (essai), La Découverte, 2005 (1990)

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Nina Simone & Malala Yousafzai

Nina Simone (21 février, 21 avril 2003) était une pianiste, compositrice et interprète américaine. Sa jeunesse est marquée par la déception de se voir refuser une place au sein de l’institut Curtis de musique classique, mais elle est cependant repérée par la suite pour ses interprétations mêlant jazz, blues et musique classique dans un piano-bar. Elle connaît un succès retentissant et utilise sa célébrité pour s’impliquer dans le combat pour les droits civiques, prônant notamment la révolution violente. C’est un personnage incontournable du XXème siècle, pour son talent, son œuvre engagée, sa présence scénique unique et sa personnalité ambigüe.

Malala Yousafzai est une militante pakistanaise des droits des femmes née le 17 juillet 1997 à Mingora, où les talibans interdisent l’accès à l’école aux filles. Fille d’un directeur d’école, elle tient dès ses 11 ans un blog sur lequel elle dénonce les violences des talibans. Elle est reconnue comme une héroïne quand l’armée pakistanaise reprend la région. Victime d’une tentative d’assassinat en 2012, son histoire attire l’attention de la presse internationale et elle est soignée au Royaume-Uni. Son nouveau statut de véritable icône médiatique en Occident lui permet de militer activement, et on lui décerne de nombreux prix, culminant en 2014 avec un prix Nobel de la paix. Un documentaire est également réalisé à son propos par Davis Guggenheim, intitulé Il m’a appelée Malala et sorti en 2015.

À écouter, à voir :

Nina Simone, Nina Simone Sings the Blues (album), RCA Recordings, 1967 Davis Guggenheim, Il m’a appelée Malala (documentaire), Imagenation, 2015

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Jane Lane & Virginia Woolf

Jane Lane est un personnage fictif de la sérié télévisée animée Daria, diffusée sur MTV entre 1997 et 2002. Elle est la meilleure amie de l’anti-héroïne, Daria Morgendorffer, lycéenne cultivée, misanthrope et sarcastique qui ne cesse de remettre en question son entourage et la classe moyenne américaine aisée dans laquelle elle évolue. Jane quant à elle, est aussi ironique mais plus décontractée que sa comparse. Fille d’un couple de hippies, c’est une artiste qui aime peindre et sculpter et est profondément anti-conventionnelle. Cette série eut un très grand retentissement de par son statut d’ovni dans le paysage culturel destiné aux adolescents, en prenant le parti de l’humour noir et de s’adresser aux marginaux.

Virginia Woolf (25 janvier 1882, 28 mars 1941) était une écrivaine moderniste et féministe anglaise. Considérée comme l’une des écrivains en langue anglaise les plus innovants du XXème siècle, sa prose étonnante entraîne le lecteur au plus profond des émotions de ses personnages, qui prennent le pas sur la progression narrative au travers de motifs répétés parfois sans lien logique. Elle explore la question de la condition féminine tout au long de son œuvre, notamment dans Une Chambre à soi, essai qui s’interroge sur la place des autrices dans l’histoire de la littérature et postule que pour être en mesure d’écrire, une femme doit disposer «de quelque argent et d’une chambre à soi». Elle mènera une vie d’intellectuelle, évoluant au sein du groupe d’artistes de Bloomsbury, dans lequel elle rencontre son mari Leonard Woolf avec lequel elle fonde une maison d’édition. Bisexuelle et éprise de liberté, elle a également des liaisons avec des femmes. On considère aujourd’hui qu’elle était atteinte de trouble bipolaire et après avoir souffert de troubles mentaux tout au long de sa vie, elle se suicide en 1941 par noyade dans la rivière Ouse.

À voir, à lire :

Susie Lewis Lynn et Glenn Eichler, Daria (sérié télévisée), MTV, de 1997 à 2002 Virginia Woolf, La Promenade au Phare (roman), Stock, 1929