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projetkayak-blog · 7 years ago
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30 Days Challenge (4/1)
Quel complot se cache derrière la chute des feuilles en automne ? Par A.
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Avant le Krach boursier de 1929, il n’y avait pas de saisons. Certes, les climats variaient en fonction de la position géographique latitudinale et longitudinale occupée sur la Terre; il neige et il pleut respectivement à Moscou et Londres, seulement ces conditions météorologiques possédaient une caractéristique constante, pour ne pas dire immuable. Nous connaissons aujourd’hui des variations de température, d’intempéries causant des mutations temporaires de la faune et la flore qui nous entoure, de même que sur les habitudes et comportements évolutifs de l’Homme en général. Or ce dernier est à l’origine de ces modifications que l’on attribue à tort aux résultats de cycles naturels et à la théorie Galiléenne de rotation de la terre.
Le point de départ de l’automne et ses 3 saisons siamoises se situe cette semaine suivant ce si célèbre sinon sinistre 24 octobre 1929, autrement appelé le Jeudi Noir à New York. Ce jour aurait pu marquer la fin du système capitaliste américain mis en place grâce à l’ère de l’industrialisation ayant permis une standardisation des biens impliquant une consommation de masse. En effet l’origine du problème provint du consommateur, acheteur compulsif qui, avec un salaire qu’il se constituait grâce au travail à la chaîne, se complaisait dans un style de vie utopique publicitaire (entendez là American Dream : femme et enfant dans un pavillon de banlieue ensoleillé et tout équipé) où il se donna les moyens de parfaire à chacun de ses désirs. Hélas, une fois la demande des citoyens américains remplis, l’offre ne put que chuter entraînant fermetures d’usines, licenciement d’ouvriers, Grande Dépression.
Pendant que certains cherchaient à remédier à ce problème économique majeur, des partisans d’Adam Smith et du libéralisme spéculaient que la situation se règlerait d’elle même une fois que les biens achetés deviendraient obsolètes, provoquant une demande exponentielle jusqu’à nouvelle satisfaction des consommateurs et crise suivante… Survint alors un économiste allemand qui apporta une solution inattendue. Alfred Schütz avait passé une bonne partie de ses 20 ans à voyager dans le but de regrouper des informations des différents individus d’Europe et du monde occidental. Il en avait déduit une corrélation, toute bonnement étonnante d’un point de vue socio-économique, entre les comportements d’achats des consommateurs et les variations météorologiques  en fonction de la position géographique des individus sur Terre.
Afin de concrétiser sa pensée, il expliqua par exemple que la consommation d’un ménage vivant à Palma de Majorque, où le temps est clément et ensoleillé, était le double d’un couple vivant à Glasgow. Schütz adapta sa théorie à la crise de 1929. Afin d’éviter une consommation compulsive des populations vivant sous un climat que l’on pourrait caractériser d’agréable, il faudrait passer par une modification des conditions climatiques permettant d’impacter sur les émotions des individus,et par conséquent sur leurs désirs et besoins de consommation.
Mais comment diable rendre réalisable cette prouesse de modifier la structure climatique d’un région donnée ? Un certain Friedrich Olsen, introduit par Woodrow Wilson durant un conseil de la Société des Nations en décembre 1929, apporta une solution qui permit le redressement de l’économie mondiale. Olsen était un chercheur allemand durant La Grande Guerre dans le groupe de développement des composants chimiques aérosols de Bayer AG, entreprise tristement célèbre pour avoir conçus à grande échelle le Gaz Moutarde. Le scientifique, durant ses expériences visant à réaliser des armes chimiques, mis au point une formule visant à baisser la température ambiante (ayant pour objectif primaire de refroidir les culasses des armes automatiques fixes). Selon ses dires, une quantité importante de ce gaz diffusé sur une large superficie aurait pour effets de baisser la température ambiante, provoquant une perturbation atmosphérique pouvant provoquer des chutes de pluies, un dépérissement partiel de certaines espèces végétales ainsi qu’un filtre spectral ralentissant considérablement la progression des ondes électromagnétiques solaires.
Les explications du professeur Friedrich Olsen furent suivies d’un débat houleux des représentants de la SDN inquiets des conséquences de cette solution drastique, mais concluant toutefois à une période de tests de ce système réalisés par une équipe internationale de chercheurs avant d’envisager une quelconque application réelle à la surface de la terre. Au bout de deux ans de recherche afin de trouver une formule gazeuse moins nocive pour l’homme (aboutissant au pire à créer un environnement plus propice au développement de virus et bactéries) mais permettant à ce dernier de réguler au mieux ses pulsions de consommation, le premier essai terrestre du FOG (Friderich Olsen Gas) déversé sur Londres le 22 septembre 1931 marqua le début des “Quatre saisons” (référence au compositeur Antonio Vivaldi exprimant dans une symphonie ses impressions des villes de Rome, Vienne, Paris et Londres) tels que nous les connaissons aujourd’hui.
Chaque année le gaz est déversé sur tous les continents à une période qui n’est pas universelle, avec un composition différente selon le climat initial de la région, mais qui permet de baisser considérablement la consommation des ménages dépensant parfois le double au pic d’été (où le gaz ne fait pratiquement plus effet) qu’en Janvier. Peu sont les personnes qui savent que le changement de saison n’est pas un phénomène naturel mais un outil économique capitaliste.
Ajout d’une Note du dossier SCP-186 :  [...] Un chercheur allemand d’origine juive de l’équipe internationales de la SDN aurait inventé et diffusé un dérivé du FOG permettant de devenir bien moins dépensier et par conséquent amasser davantage de richesses. [...] Par ailleurs certains individus sont plus résistants au FOG en fonction du patrimoine génétique, de l’origine ethnique et bien sûr du genre.
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projetkayak-blog · 8 years ago
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30 Days Challenge (3)
Sélection de réponses : J.
1/ Quel complot se cache derrière la chute des feuilles en automne ?
Vous devez vous suicider.   Vous les rouges, vous, les jaunes. Vous toutes. Marrons comme oranges, Oranges comme violettes Vous qui arborez des chromatiques réactionnaires, Des couleurs qui n’ont point la bienséance du vert, Vous devez vous suicider.  
Peine capitale pour les feuilles automnales on retrouve  ciel. Une folie. A éradiquer. C’est pour cela que les troncs chuchotent à leurs feuilles en fin d’année Que la liberté est au sol Loin des branches tordues du conformisme.
2/ Si tu le pouvais, changerais-tu de vie ?
Life : Alors comme ça, tu voudrais me quitter ? Me : … Life : Toi, tu voudrais me quitter, moi ? Me : … Life : Réponds, merde ! Me : Oui ! Oui, j’y pense ! Je pense à ta quitter au moins trois fois par jour. Le matin déjà, en fermant l’appart à clé, je me dis « et si je ne rentrais pas, ce soir, hein ? Et si je prenais la tangente ? ». Putain d’envie de te plaquer pour tout recommencer ailleurs. Aux heures de pointe, dans le métro, je m’imagine partir. Partir loin avec un des tes potes. Ils sont tellement beau tes potes. Les Possibles. Terriblement attrayants justement parce qu’ils ne sont pas toi. Oh, des fantasmes comme celui-là, j’en ai des milliers. Ils me viennent toutes les nuits que Dieu fait. Quand le monde dort, bien éveillée, je rêve d’embrasser un autre Quotidien. Quand le monde dort, je te trompe. Alors, dis-moi, toi, maintenant que tu sais tout ça, on fait quoi ?
9/Un road trop, avec qui ? Pour aller où ?
C'est un rêve de gosse, ce road trip.   Un rêve de gosse, l’Amérique. On s’est promis d’y rejouer à nous deux l’œuvre de Kerouac, le désespoir en moins. Pourvu qu’il y ait de la musique et la beauté des grands espaces. Le siège passager devrait a priori être tien. Mais il sera au fond à qui voudra bien. Un ami de papier si ce n'en est pas un  de chair.
19/ Raconte un souvenir d'enfance
A la télévision, Buffy vient de mourir. Le lendemain, vers 17h, je rejoue la scène. Debout sur la table en pierre qu’il y a au fond du jardin, j’ouvre les bras, saute dans le vide. J’ai 9 ans et la conviction que cette chute est le plus bel acte qui soit. Alors, je saute. Saute encore. Et encore. Modeste reproduction du suicide qui sauve le monde dans l’œuvre de Whedon. Le sacrifice splendeur. La mort sublime qui n’a rien à voir avec celle de mamie quelques mois plus tôt.
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projetkayak-blog · 8 years ago
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30 Days Challenge (2)
Sélection de réponses : S.
1/ Quel complot se cache derrière la chute des feuilles en automne ?
Elle tournoie, elle s'envole. Elle prend un appel d'air, remonte un courant ascendant, redescend à hauteur de mes yeux. Là, elle effectue trois tours sur elle-même, avant de tomber en chute libre pour atterrir sur mes genoux. Ce ballet, ce n'est pas la première fois que je l'observe. Au début, j'ai trouvé ça normal. Les feuilles de bouleau peuvent parfois prendre des trajectoires étranges. Mais depuis que je viens manger sur ce banc tous les midis, c'est bien la dixième fois que les feuilles opèrent cette chorégraphie. Là, ça recommence avec cette petite feuille légèrement brunie. Tournoie, vole, monte, descend, trois tours et tombe.
Un léger courant d'air me fait frissonner. Il me parcourt l'échine et termine sa course dans ma nuque, à la racine de mes cheveux. Il fait bon, pourtant. Je sens la brise fraîche glisser au creux de mon cou, puis quitter mon corps pour se diriger devant moi. Là où une feuille de bouleau tournoie en silence, juste à hauteur de mes yeux. Désormais trois feuilles sur mes genoux, immobiles, insensibles au vent.
Je lève les yeux pour en voir arriver une quatrième, légèrement déchirée. Avant qu'elle ne tournoie, je l'attrape. Elle est là, au creux de ma main, encore mouvante, tel un petit animal blessé. La petite déchirure sur le côté capte la brise, la faisant grelotter.
Soudain, le courant d'air prend forme dans ma paume. Une forme invisible mais que je ressens très clairement, comme une petite boule d'air qui englobe la feuille, l'agite, la fait se déliter du côté de la déchirure. Je sens bien que cette boule est fragile, mais à mesure que je referme la main, elle gagne en puissance. Les vents s'affolent à l'intérieur ; des miettes de feuille s'échappent des interstices, comme expulsées par un puissant ventilateur. J'ai du mal à conserver mon poing fermé mais je tiens bon.
De l'air continue de s'échapper de mes mains, sifflant entre mes doigts comme une multitude d'appeaux étranges. Les bourrasques font chuinter mes doigts, selon un rythme qui semble de plus en plus régulier. Les vents se régulent, les rafales se précisent, les tourbillons se contiennent.
Les bruits deviennent sons. Les sons deviennent musique. Entre mes doigts serrés, la boule d'air pulse, inonde mon poing d'une douce chaleur ; et les harmonies de la musique deviennent poésie. Une poésie qui parle, un poème qui vit. Un contact.
Je lève les yeux pour apercevoir le ballet d'un millier de feuilles de bouleau, à l'unisson à hauteur de mes yeux. J'ouvre enfin le poing, laissant s'échapper la boule de vents à contrecœur. Celle-ci se précipite sur le rideau de feuilles et le dissipe instantanément, faisant exploser la danse tout autour de moi.
Toutes les feuilles tombent au sol, sur le banc, sur moi ; comme un million de confettis, vestiges d'une intense fête. Les feuilles ne dansent plus devant moi. Mais je sais qu'il y demeure un courant d'air, qui effectue un ballet. Rien que pour moi, pour échanger.
Plus besoin de feuilles.
3/ Slip ou caleçon / culotte ou string ?
Soir Cornélien
Dans le choix d'un dessous, c'est le confort qui prime ; Et il est indéniable que le slip comprime. Mais est-il agréable de tout laisser pendre ? D'aucun préférerait le bon caleçon long. Sensation de liberté que je peux comprendre Si le contact peau à peau est ta solution. Concernant le string, je rentre dans l'inconnu. Le peu de place laissé par la partie avant Ne lui laisse pas jouer son rôle de contenant. Quitte à être à l'air libre, autant tenter le nu. La culotte, j'oubliais. Est-ce nécessaire ? Comparée au slip, pas sûr que cela diffère. Pour être vraiment à l'aise, il y a bien le boxer. Je préfère au final laisser le tout à l'air.
6/ À quoi penses-tu la nuit ?
La nuit, je pense, je repense, je me dépense sans complaisance, je recommence, et je dispense mes rêves à outrance. Pour ma défense, je me lance dans une danse où l'inconscience de mes connaissances devance mon ignorance. Le temps de latence de mon âme en vacances est si immense que je compense avec violence une innocence qui cherche un sens sur la distance. C'est sa présence qui s'avance, que j'encense et qui a jamais emplit mes sens.
8/ Il y a un moine qui lévite dans le hall de la fac
Il est arrivé un jour sans prévenir. Un jour il n'était pas là et le lendemain il flottait doucement dans le hall d'entrée de la fac. Un type, chauve, en robe orangée, en position du lotus les yeux fermés, un cliché absolu. Cela faisait déjà un mois et demi qu'il était là, que personne ne savait pourquoi, et surtout que personne n'avait réussi à le déloger. Mais personne n'en avait réellement envie.
Sous lui, il y avait un écriteau avec un tout petit panier en osier. On a d'abord cru à un clochard faisait son numéro de magicien pour faire la manche. Mais non. Personne n'osait lui donner de toute façon. Sur l'écriteau, il y avait ce message : « Posez votre question ».
Tout le monde a essayé. Même des gens qui n'étudiaient pas ici venaient le voir, intrigués. Chacun écrivait sa question personnelle sur un bout de papier qu'il mettait aux pieds – ou en tout cas sous le moine. Jamais il ne daignait ouvrir les yeux lorsque quelqu'un s'exécutait. Il ne bougeait pas, ne faisait aucun bruit. Même pas sûr qu'il était vivant.
J'ai voulu essayer aussi. J'ai déchiré un morceau de page d'un de mes cahiers. J'ai écrit dessus. J'ai plié le tout. Et je me suis approché de lui. Le panier en osier n'était plus visible sous le tas de papiers pliés. S'il ne les lisait pas, à quoi bon ? Je me suis accroupi. Je déposé le papier au sommet du monticule. Je me suis relevé face à lui. Il avait les yeux ouvert. Il me fixait des ses iris bleus, à quelques centimètre de mon visage. Il m'a regardé longuement. Il a hoché la tête. Il a acquiescé.
Puis il a mit le pied à terre. Et il est parti. Sans se retourner. Laissant le monticule de papiers joncher le hall de la fac.
10/ Est-ce qu'à l'approche de la mort, la croyance en une autre vie est inévitable ?
Il vit la mort en face et comprit qu'il n'était rien. Pas d'ange, ni de nuage, ni de diablotin, ni de feu dévorant. Pas de néant non plus. Juste une incompréhension. Que les sens ne suffisaient pas à appréhender. Le néant, c'était déjà trop loin de la réalité. Parce qu'il n'y avait de réalité non plus. Il n'y avait pas rien, il n'y avait pas de Grand Tout. Il n'y avait plus. Et c'était tout.
11/ A la minute près, de quelle couleur les appelle-t-on ?
Si l'oiseau, sur une échelle de castor à isocèle, alors Patrick.
16/ Quel âge ai-je ?
Ce matin j'ai rencontré l'homme sans âge. Enfin si, il en avait un. C'est plutôt qu'il n'en avait pas de précis, vu qu'il les avait tous. L'âge de raison, le paléolithique, l'âge d'or, 42 ans... : tous. Il disait avoir l'âge du Soleil. Quand je lui ai dit que, logiquement, il devrait aussi avoir l'âge zéro, il m'a répondu : « Oui bien sûr, je suis né hier. Sinon, crois-moi, tu m'aurais remarqué avant. »
Comme il a vu que j'avais du mal à le croire, il a ajouté : « Je suis l'expérience et l'innocence, l'ancien et le nouveau, le connu et l'incompris. Je suis l'Histoire, le maintenant, et même un peu l'après. Mais retient bien surtout une chose. »
Je me suis penché en avant pour le laisser murmurer à mon oreille. D'une voix grave, très sérieuse, il susurra : « J'ai aucune idée de ce que je fais là. Mais toi tu sais. »
Depuis, on vieillit ensemble.
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projetkayak-blog · 8 years ago
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30 Days Challenge
Sélection de réponses. B.
6/ Que penses-tu la nuit ?
Souvent dans la nuit, je pense à demain. Je pense à toutes les choses que je n'ai pas faites ni hier ni avant. Et je me dis que c'est demain que je commencerai vraiment à être. Demain, je serais une artiste, demain je serais une thésarde. Souvent dans la nuit, il y a l'intensité et la désespérance. Et je n'éprouve ni bonheur, ni paix, ni réflexion, ni souffrance, j'éprouve l'intégralité du monde. Je ne sais pas ce que je veux, j'avance d'un pas qui me tire en arrière. Je me demande pourquoi. Pourquoi je suis comme ça et pourquoi je vois le monde être d'une autre façon. Je me souviens de tout ce qui a été et je me demande si ces choses ont réellement existé. Souvent la nuit, tout me semble très loin et très proche. Je suis une autre personne revivant un passé et j'écris sur cette distance qui me sépare du présent. Pourquoi voulais-je écrire, cette nuit ? Parce que c'est toujours et uniquement la nuit. Dans ces moments pleins et vides. Je regrette de ne pas savoir décrire cette sensation. « Sentir la nuit. » C'est tout ce que je peux dire de pertinent. Le silence, le calme, la douceur de l'obscurité et les éclats oranges.
9/Un road-trip avec qui, pour aller où ?
Dimanche 2049. Je pars en Road-Trip avec Ryan. Et je me fais la promesse de ne jamais atterrir. Où que j'aille, j'entendrais les résonances des notes du synthétiseur de Vangelis. Jamais je n'oublierais que mes souvenirs ont été fabriqués. Et toujours je me souviendrais qu'ils seront perdus dans le temps comme des larmes invisibles. Je voudrais partir et disparaître dans un horizon ocre. Je voudrais rencontrer cette autre intelligence qui me comprendra mieux que personne. Je voudrais courir sans attache et ne pas avoir d'identité.
11/ A la minute près, de quelle couleur les appelle-t-on ?
Première seconde, c'est ce blanc chaud qui te frappe d'abord. Et cet autre blanc, plus aérien, vaporeux et fuyant, qui à la prochaine minute ne sera qu'un souvenir. Ensuite, tu te penches vers l'onctuosité de la couleur noisette, qui elle aussi, va disparaître un peu plus à chaque seconde, pour laisser place à une couleur plus sombre et puissante, celle qui contient toute la valeur. Elle dure plus longtemps, peut-être plusieurs minutes, mais avec le temps la couleur devient froide, elle a perdu tout son caractère réconfortant. Elle n'est plus que la trace liquide d'un instant de bonheur. Et enfin, le blanc, encore. C'est l'histoire de la couleur café.
12/ Quelle sensation procure le fait de voler ?
Il paraît qu'en faisant des rêves lucides, on peut faire l'expérience de cette sensation. Je n'ai jamais fait de rêves lucides et je n'ai même jamais rêvé que je volais. Et je repense à Bachelard. Quand il explique que l'air est la matière sans particule, celle qui s'échappe dans un mouvement perpétuel. Voler, ce serait se mettre en mouvement au dessus d'un monde éphémère. Et je ne peux pas me permettre autant d'instabilité. J'ai besoin d'un cadre fixe, dans lequel la possibilité de tomber n'existe pas. Mais si on parle de sensations, je crois que je les éprouve déjà dans le réel. Je me sens déjà au dessus des gens, pas en tant qu'être supérieur – quoique - mais surtout en tant qu'être insaisissable et volatile. Je me sens loin du monde et susceptible d'en disparaître d'un coup de vent.
23/ En ce moment, ta vie ressemble à un film. Quel genre de film ? Comment s'appelle-t-il ?
Ma vie a toujours ressemblé à une vieille comédie romantique, de celles qui se prennent bien au sérieux, qui essaient de te balancer des réflexions et des dilemmes mais qui n'arrivent jamais à te tromper sur l'issue du truc. Ben moi c'est ça, mais version fucked up, parce que dès qu'il faut entrer en relation avec autrui, ça devient complètement foireux. Maintenant j'aurais plutôt tendance à voir ma vie comme un gros mindfuck, à la Enemy, genre c'est vachement beau à la surface mais en fait c'est totalement barré et ça ne peut que te laisser perplexe. Je serais toujours un objet de mystère, toujours insaisissable. Et étrangère à moi-même, impossible à analyser, je serais toujours autre chose que ce que l'on verra.
24/ Parle de quelque chose qui te rend heureux.
Ça m'a d'abord frappé le dimanche où je faisais du roller à la fac avec Joyce. On est passées à Gabriel Fauré, et c'était calme. Aucun bruit, personne. J'ai jeté un œil sur les bâtiments en construction... C'était étrange de voir un chantier vide. Mais il y avait toujours cette odeur. Celle de la poussière du béton, du fer et du bois coupé. J'ai fermé les yeux, et je me suis imaginé à la maison, avec mon Padre. « Chantier ». Je pense que c'est l'un des mots que je rapproche le plus de mon père. Partout où l'on a habité, c'était toujours plus ou moins en chantier. Il était toujours sur des chantiers aux black le week-end. Il n'arrête jamais de construire plein de trucs partout. Quand je suis repassée devant Gabriel Fauré aujourd'hui, j'ai vu les ouvriers, les tâches sur leurs pantalons troués et j'ai entendu leur radio. Papa aussi il met toujours la radio. Et ça m'a fait sourire. Je me sentais à ma place à les regarder faire. Je me sens à ma place sur un chantier, ou dans un magasin de bricolage. Parce que tout ça me rappelle Papa et la maison et ça me rend profondément heureuse.
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projetkayak-blog · 8 years ago
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Edward Hopper, Nighthawks, 1942
-Jean-Claude, remet-moi un café, s'il te plaît !
-Irlandais, ou normal ?
-Normal. Je me ballade pas les couilles à l'air, moi.
Il est con, ce Jean-Claude. Il voit ce qu'il se passe dehors ? Ça tire des rayons lumineux de partout, il y a des hologrammes plein les rues,  et des chars décorés de fleurs vertes et noires bizarres. Je suis à peu près certain que ce n’est pas terrien, cette merde. Il n'y a encore pas si longtemps, c'était le désert, ici. Il a fallu que ces machins-là viennent faire leur défilé dans mon bled.
-C'est pas les Irlandais qui portent des kilts, me dit J-C en m'apportant mon café à trois euros cinquante.
Il ne se fait pas chier, J-C, il a vite compris que ces types-là venaient ici pour dépenser leur argent. On n'est même pas sûrs qu'ils comprennent ce qu'est l'argent.
-Je m'en tape, Jean-Claude, je bois pas aujourd'hui.
Il me fixe, étonné. Je sens qu'il va me prendre la tête avec mon alcoolisme. Je préfère tourner sur mon siège, quitter le comptoir pour me rapprocher d'une baie vitrée avec mon café. Depuis une banquette, je peux mieux contempler la rue.
Qu'est-ce que c'est moche, ces trucs. Je ne comprends pas bien pourquoi le gouvernement les accepte. Enfin bon. Ça ne me gêne pas tant qu'il ne viennent pas me soûler. Mais envahir notre ville comme ça, c'est scandaleux !
J'interpelle Maria, assise sur la banquette derrière moi. Elle, pour le coup, elle est déjà bourrée – c'est onze heure, c'est normal. Mais elle m'entend.
-Eh Maria, qu'est-ce qu'ils foutent chez nous, ces cons-là ? Faudrait les virer, pas vrai ?
-Ta gueule, Philippe, commence pas avec tes réflexions tant que je suis encore en état de les comprendre. C'est le cinquième anniversaire de leur venue, donc ils font la fête où ils sont arrivés, c'est tout.
-Avoue que ça ressemble à rien, cette fête ! On dirait une gay pride dans un vivarium.
-Ils appellent ça « la Grande Mue », se vante Maria comme si c'était une experte. T'occupe, ça va passer. Dans deux jours, ils se transforment tous en chrysalide et on les entend plus pendant trois mois.
-D'où tu sais ça, toi ?
Maria pousse un soupir alcoolisé. Elle se lève, un peu chancelante, attrape son verre de gin-whisky et m'envoie un coup de menton dédaigneux.
-Parce que je m'intéresse. Et j'ai peut-être couché avec l'un d'eux.
-Quoi ?!
Sans me répondre, elle se dirige vers la sortie, son verre toujours à la main. Quand elle ouvre la porte, un déluge de sons et de bruits insupportables se déversent dans le café, comme un concert de chuintements suraigus censés rappeler de la musique, mais qui s'approche plus de l'affûtage de milliers de couteaux de boucher.
Maria sort, la porte se ferme, les bruits cessent. Je la regarde trottiner dans la rue en tentant de garder son équilibre. Cette conne s'est tapée l'un de ces trucs. C'est dégueulasse. Vraiment infâme. À gerber. Inhumain.
Il faut que j'en sache plus.
Je me lève à mon tour et m'immobilise face à la porte. J'hésite. C'est si calme à l'intérieur, rien ne laisse présager un tel bordel de l'autre côté du mur. Ici ça va, mais une fois dehors, les choses vont se corser. Maria a l'air de prendre son pied. Elle fait des gestes... bizarres avec ce trucs. Attend, ils font quoi là ?! OK, plus le temps de réfléchir.
Je pousse la porte. Trop de choses. Trop de bruits. Trop d'odeurs. Trop de phénomènes que je ne connais pas. Trop de tout. De un : je chancelle. De deux : l'univers implose. De trois : j'ai faim. Les chuintements me transpercent. Mon corps répond. Réagit. Comme un sixième sens toujours ignoré mais pourtant toujours présent. Depuis le début. 
Je rentre dans la danse.
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projetkayak-blog · 8 years ago
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Edward Hopper, Morning Sun, 1952
J’ai cette habitude… On va dire la sale habitude d’ouvrir en grands les volets de la chambre les jours de pluie. Juste pour le bruit des gouttes s’écrasant en rafale sur le parquet. Juste pour la rythmique de l’eau cognant le bois. J’crois bien que le silence des matinées ensoleillées m’angoisse désormais. Du bleu dans le ciel. Le rien à perte d’oreille. Univers, je ne t'entends pas. Univers, es-tu là ?
J.
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projetkayak-blog · 8 years ago
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Edward Hopper, Nighthawks, 1942 
“C'en était trop. Être là, derrière ce bar. Ce bar qui avait autrefois été un foyer heureux et paisible. Un lieu hors du temps et hors des pressions du monde extérieur. Un lieu sans questionnement. Mais cet univers, ma maison, avait fini par devenir oppressants. Après l'arrivée de la conscience.
Je regarde les deux époux côte à côte, dans leur routine. De papillons ils s'étaient transformés en chrysalides, à force de venir, revenir, répéter, les mêmes gestes. Même robe orange pour Madame, parce que cela lui rappelle les couchers de soleil. A ce qu'elle dit. Que sait-elle des couchers de soleil ? Que sait-elle de la couleur des choses ? Même costume pour Monsieur qui veut se donner un air de détective. Il n'est pas détective. Il n'est rien. Deux verres de gin et une contemplation de leurs deux souris blanches qu'ils posent invariablement sur le comptoir de mon bar, dans une espèce de réécriture malsaine de la relation de Delacroix avec son Mister Jingle. Mais jamais ils n'avaient réussi à leur faire faire quoi que ce soit. Et finalement, on entendait seulement leurs respirations, leurs déglutissements et leurs couinements. Des sons de frustrations.
Tiens, Paresseux me tend le bras. Ou son verre. Paresseux, c'était simplement le nom du videur qui s'est attablé avec nous, pour compléter ce tableau de la pitié dégoulinant de nostalgie. Je le ressers, lui aussi, encore. Je soupire. Et malgré toute la tristesse de cette absence de réelle situation, c'est tout ce que j'ai. Je ne pourrais jamais arrêter de les resservir. Ce bar est mon seul refuge contre les limites et les incohérences du monde. A l'extérieur, seule l'Apocalypse. De la poussière en noir et blanc. Une fois dehors, les choses se corsent. Une fois dehors...
Deux choix. Deux possibilités. Une alternative. Un : je sors, j'implose. Deux : l'univers implose. Car il ne peut y avoir d'univers si je ne suis pas à ma place dans ce bar. Rien n'existe, en dehors de ce bar. Je n'ai moi-même jamais existé, en dehors de ce bar. Dans une autre vie, peut-être.
Un autre tableau.
Il n'y a rien de pire que cette conscience, la conscience de n'être qu'une vague trace blanche au milieu de lignes et d'aplats verts.”
B. 
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