LA TRISTEZA DE PAN
La alondra había lanzado al cielo sin ecos su último grito de amor. Ya las mieses recibían, cerrándose sobre el ave, el pensamiento final del día. Un rayo sesgo frisó todavía las espigas, remontó a la nube; lucíó perfectamente recto sobre el confín, y así cayó en el desconocido abismo.
Pan alzó sus ojos de astro por filo de las mieses. Éstos alumbraban la flauta apoyada en sus labios. Alumbraban la noche, las aristas de las espigas, y sus diez dedos fugaces sobre la caña que relucía.
¡Oh pecho donde suspiraba una sarta de granos de ámbar —¿o eran lunas ahiladas bajo una oscura nube?—, oh pecho velludo, tales ojos os alumbraban! ¡Alumbraban —¿o era un sueño?—, en el camafeo de ópalo que pendía del collar, la faz pálida y muerta de Diana!
Y yo, que soy el caviloso custodio del campo, ¿reconocí por sus cuernos gachos a Pan, que suspirando, miraba su aderezo? De súbito, con un mayor suspiro, derribó… derribó su nuca sobre las nocturnas mieses.
Y mecido por sus ondas, moduló la voz de su flauta que los dedos recorrían.
¡Oh! ¡A qué punto esclarece las mieses un canto extasiado! Pan alzó un dedo, sopló y moduló, y yo, turbado custodio del campo, vi, de su aliento y de los modulados sones, formarse blandamente la luna.
Rauda, se deslizó sobre el mar de espigas, la blanda luna, como una pompa, y luego escaló al fondo del cielo nocturno.
Y Pan, al fondo de las mieses lunares, se acodó.
Entonces desde un bosque cercano el ruiseñor cantó hacia esta luna llena tan bella, que, sobre los trinos ascendentes de su parva voz hallaba asiento, parecía inmóvil… más que una flor sobre el chorro de un surtidor.
Pan había enmudecido, dejándole campo abierto, sin cuidarse de su caña, y triste, recodado sobre la tierra, ponderaba, con un dedo tembloroso, su entera sarta de lunas muertas.
¿Pensaba en los dioses muertos? Largo suspiró. ¿Pensaba acaso en las labores que recomponía su flauta: en los ríos, la brisa, los bosques, la aurora, en toda la obra de los dioses muertos? ¿Soñaba con los infiernos que su caída extinguió? ¿Contemplaba su propia alma, su flauta flamígera, él, el dios vivo?
Vio que el camafeo de Diana lo ojeaba.
¡Y de repente, hacia la tierra, Pan lanzó, por siempre, el grito supremo del amor!
*
LA TRISTESSE DE PAN
L'alouette a jeté vers le ciel sans échos son dernier cri d'amour. Déjà les blés reçoivent, se fermant sur l'oiseau, la dernière pensée du jour. Un oblique rayon frôle encor les épis, remonte vers la nue; tout droit sur l'horizon il brille, et tombe ainsi dans l'abîme inconnu.
Pan a levé ses yeux d'étoile au ras des blés. Ils éclairent la flûte appuiyée à sa lèvre. Ils éclairent la nuit, les barbes des épis, et ses dix doigts fuyants sur le roseau qui luit.
Ô poitrine où soupire un collier de grains d'ambre (sont-ce des lunes rangées sous un nuage sombre?), ô poitrine velue, ces deux yeux vous éclairent ! Ils éclairent — est-ce un rêve ? — dans ce camée d'opale suspendu au collier, la face pâle et morte de Diane.
Et moi, pensif gardien du champ, ai-je reconnu Pan à ses cornes baissées, qui soupirant, regarde sa parure ? Soudain, pour un soupir plus grand, il a versé — il a versé sa nuque au ras des blés nocturnes.
Et bercé par leurs flots, il module la voix de sa flûte où vont ses doigts.
Oh ! comme un chant d'extase peut éclairer les blés ! Pan lève un doigt, souffle et module, et moi, troublé veilleur des champs, je vois, de son haleine et des sons modulés, se former doucement la lune.
Rapide, elle a glissé sur la mer des épis, la douce lune, comme une bulle, et puis elle est montée au fond du ciel nocturne.
Et Pan, au fond des blés lunaires, s'accouda.
Alors, d'un bois voisin, le rossignol chanta vers cette pleine lune si belle, qui, sur les trilles montants de sa petite voix, se soutient mieux, semble en repos — mieux qu'une fleur sur un jet d'eau.
Pan s'était tu, le laissant faire, inattentif à son roseau, et triste, accoudé sur la terre, il soupesait, d'un doigt tremblant, tout son collier de lunes mortes.
Songeait-il aux dieux morts ? il soupira longtemps. Songeait-il aux travaux que refaisait sa flûte: aux fleuves, à la brise, aux forêts, à l'aurore, à toute l'œuvre des dieux morts ? Révait-il aux Enfers éteints par leur chute ? Songeait-il à son âme, à sa flûte de flamme, lui, le dieu vivant ?
Il vit le regarder le camée de Diane.
Et soudain, vers la terre, Pan jeta, pour toujours, le cri suprême de l'amour !
Paul Fort
di-versión©ochoislas
0 notes
Did someone say light Pendranièvre smut 👀 ?
Pour le contexte : CD où Guenièvre a accompagné Arthur jusqu'au phare
Enjoy 💗
Un fol instant
Le phare trembla.
L’histoire de quelques secondes pas plus, ses pierres chancelèrent, la porte vibra et le bois grinça sous les lourdes secousses.
Les yeux maintenant ouverts, le regard d’Arthur se porta en haut du phare où le feu brûlait toujours ardemment dans le ciel oscillant entre une teinte émeraude et turquoise. Dehors il y avait des bourdonnements de voix et Arthur se demanda même si père et fils pêcheurs s’étaient enfin retrouvés.
Il tira sur le fin tissu qui lui servait de couverture pour la nuit et en recouvrit ses épaules, passa ses jambes hors du hamac, puis s’engagea prudemment vers la sortie
Par les fentes de la porte l’air glacial se faufilait à l’intérieur et celle-ci vibrait sous les bourrasques du vent marin. Arthur y posa sa main ornée d’une bague du passé. On ne pouvait plus s’y méprendre, les voix dehors étaient des rires d’enfants. Arthur laissa sa main glisser contre le bois sombre et pendant un terrifiant instant, ses doigts tremblèrent contre le loquet.
Il l’ouvrit.
Sur le ponton, l’air brûlait sa peau et engourdissait ses doigts cramponnés autour de sa couverture. Chaque respiration le frigorifiait de l’intérieur, le vent furieux balayait ses mèches de son visage et les vagues remuaient et s’écrasaient contre la pierre en de violents éclats.
Mais le ponton était vide, la mer se déchaînait sans aucun marin pour en subir ses foudres, pourtant les rires persistaient, fusaient et se mélangeaient. Les enfants riaient et criaient avec la mer.
Ils l’appelaient. Sa voix tremblante se perdait dans la bourrasque.
Arthur s’avança, appelant à son tour. Soudainement protecteur, soudainement père. La voix de Merlin s’éleva, puis celle d’Anton, rassurante et réconfortante, puis un rire familier s’éleva soudainement à son tour et Arthur frissonna en le reconnaissant. Il aurait pu la reconnaître entre mille cette voix chaude, pénétrante et rocailleuse qui l’avait inspiré, guidé et tant appris. César.
Ses pères. C’était tous les pères de sa vie qu’il entendait. Ceux qu’il avait eus, ceux qu’il avait perdu et celui qu’il avait été – en quelque sorte - pour son royaume pendant des années. Il frissonna, sa fine couverture ne servant plus contre les coups de fouets glacials des bourrasques.
Les vagues se déchaînaient et s’entrechoquaient à présent, elles prenaient des hauteurs monstrueuses. Arthur les regardait, effaré. Elles pourraient engloutir le phare. Le vent et l’eau s’y abattaient et à son sommet le feu continuait de brûler. Les rires se faisaient plus lointains. Arthur appela à nouveau, se détourna puis se retourna abruptement vers le phare quand une pensée effroyable l’envahit.
Guenièvre était encore à l’intérieur.
Il regarda alors les vagues qui se dressaient en riant, prises d’incontrôlables soubresauts comme si elles avaient entendu la meilleure blague de l’Empire celte. Leurs voix empruntaient mille et une modulations, tantôts rauques, tantôt cristallines, tantôt enfantines se masquant en des rires d’enfants pour mieux l’attirer, pour mieux l’attraper.
Elles prenaient une allure démonique.
Arthur se précipita vers la porte, mais avant qu’il ne puisse l’atteindre la mer les engloutit, le ponton, le phare et Guenièvre avec.
_______
Arthur manqua de les faire basculer du hamac en se redressant aussi violemment qu’il le fit et Guenièvre poussa un petit cri de surprise et s’accrocha à lui par réflexe.
Il prit lentement conscience d’où il se trouvait, des petites mains de Guenièvre agrippées à ses manches, du contraste entre sa peau blanche et le noir de sa tenue. Il frissonna alors que son corps essayait de se débarrasser des derniers vestiges de son rêve.
« Bon dieu, mais à quoi rêviez-vous ? » Guenièvre lui demanda une fois qu’ils furent tous les deux stables, « Ça fait dix minutes que je vous secoue comme une salade pour vous réveiller »
« …À rien. Dormez. » Il répondit lentement pour chasser la peur étreignant ses entrailles.
Il repoussait Guenièvre comme toujours. L’habitude était encrée chez lui comme un réflexe auquel on n’accorde aucune attention.
Guenièvre le scruta de ses yeux emplis de bienveillance et d’inquiétude et une colère sourde et inexplicable monta en lui. Il serra les dents, sachant que si il se laissait aller il allait commencer à lui crier dessus. Il ne supportait plus sa gentillesse ni son amour.
L’amour que Guenièvre lui portait était devenu une torture pour lui, il aurait préféré qu’elle réponde à ces années d’abus, d’insultes et d’humiliation avec de la haine, il savait gérer la haine. Celle de sa mère, celle de Mevanwi, celle de Lancelot. L’amour, en revanche, pas tellement.
De toute façon l’amour n’avait jamais été suffisant ni au bonheur ni à la paix d’esprit ni à quoi que ce soit. C’était une leçon qu’il avait apprise tôt et qu’il avait réapprise encore et encore tout au long de sa vie.
Il l’avait appris recroquevillé en boule dans un coin du dortoir dans un pays étranger, seul, perdu, souffrant, le pied rougi et le cœur meurtri, appelant, nuits après nuits, Anton, Merlin et Vivianne sans jamais que qui que ce soit ne lui réponde à part le silence.
Il l’avait réappris lorsqu’il s’éloignait des côtes mauritaniennes par la mer, l’odeur de Shedda chatouillant encore ses narines et le regard de Furadja gravé dans son esprit.
Il l’avait appris quand Aconia avait jeté sa robe à ses pieds.
Il l’avait appris quand le soleil se couchait dans le ciel ensanglanté de Rome et que le souvenir des poignets en sang de César et des derniers mots de Mani étaient encore frais.
Il l’avait appris quand Lancelot lui avait tourné le dos et quand il avait dû renoncer à Mevanwi.
L’amour, ce n’était jamais assez.
Mais sa femme à lui, elle ne se déterrait pas ni face à ses peurs ni face à ses secrets. Elle continuait de prendre soin de lui, de lui sourire, de le soutenir, de prendre ses mains dans les siennes, les porter à sa bouche et exhaler dessus pour les réchauffer du froid printanier des routes, le soir. Elle avait toujours été prête à lui donner cet amour dont il avait cruellement eu besoin, mais fidèle à son passé ça n’avait pas été assez pour Arthur
Elle n’avait même pas 20 ans quand elle s’était retrouvée avec le poids de cette alliance politique sur le dos. Elle avait des rêves plein les yeux et de la romance plein le cœur et oh comme il lui en avait voulu.
Il était rentré de Rome magané, abattu et furieux contre la Bretagne et tous ceux qui s’y trouvaient. Il en voulait au ciel et à la terre, aux dieux comme à lui-même.
Il en avait voulu à tous et à elle particulièrement. Comme si elle avait été responsable de ce mariage et de son malheur.
Il lui en avait injustement voulu et il lui avait fait payé.
Des larmes se mirent à dévaler ses joues avant qu’Arthur ne puisse les arrêter ou même s’en rendre compte.
« Venez-ici, » Guenièvre susurra et la tête d’Arthur tomba lourdement sur son épaule. Il ne méritait pas cette étreinte, il ne méritait pas cet amour et cette femme. Il ferma violemment les yeux alors que les flammes de sa culpabilité lui léchaient les entrailles. Un sanglot déchirant s’arracha de sa gorge et l’étreinte de Guenièvre se resserra.
Plus elle l’aimait et plus il avait mal.
« Vous n’êtes pas seul. » Guenièvre chuchota contre son oreille. « Je ne vous laisserai jamais seul. »
Une tristesse abominable déformait sa voix, comme si elle savait déjà que ce ne serait pas assez pour lui. Après tout c’est bien ce qu’il lui avait fait comprendre toutes ces années, qu’elle n’était pas assez, qu’elle n’était rien, qu’il ne l’aimait pas.
Alors pourquoi était-elle encore à ses côtés, pourquoi continuait-elle d’apporter le peu de lumière qui lui restait dans sa vie ?
Pourquoi elle lui restait aussi loyale alors que lui avait choisi de rester loyale à une autre avant même que leur union ne soit prononcée ?
Cette loyauté qu’il avait exigée de ses chevaliers, des chefs de clans, des seigneurs bretons, des paysans autant que des nobles, c’est elle qui la lui offrait véritablement.
Car Guenièvre n’était ni loyale au roi ni à l’élu des dieux mais bien à lui, Arthur.
C’était elle sa seule constante, la seule à ne jamais avoir voulu l’abandonner jusqu’à ce qu’il ne lui laisse plus le choix. Elle avait toujours été plus qu’assez, c’est lui qui avait tout foiré parce qu’il avait toujours eu besoin d’elle et qu’il n’avait jamais autant eu besoin d’elle, mais il avait trop longtemps laissé pourrir tout ce qui aurait pu éclore entre eux.
Il avait ruiné à lui seul tout ce qui aurait pu être beau, lumineux et coloré dans sa vie, dans leur vie à tous les deux.
« Pardon, pardon, pardon, pardon » il répétait comme un mantra contre son épaule entrecoupé par ses sanglots et c’était peut-être le rêve ou peut-être l’épuisement de ces derniers jours mais il n’arrivait à plus à se contenir.
Avec du recul, ce qui sortait de sa bouche ne devait pas être hyper sensé pour Guenièvre mais elle restait abominablement tendre avec lui, comme si elle était consciente de l’importance du moment.
Elle continuait de lui déverser cette tendresse et cet amour inconditionnel qu’il n’avait jamais appris à gérer.
« Ça n’a plus d’importance, pitié ne pleurez pas comme ça » elle disait, puis « ça me tord le ventre de vous voir comme ça, je vous en prie calmez-vous… » et « qu’est-ce que je peux faire, dites-moi ce que je peux faire » elle demandait ; mais Arthur avait juste envie d’hurler sa souffrance qui l’écorchait à vif.
Et complètement désemparée et paniquée, Guenièvre continuait :
« Je peux vous rendre heureux, si vous me donnez une chance. Je vous le jure, laissez-moi essayer, » elle murmurait, suppliait presque. « Je pourrais vous les faire, moi, ces enfants. »
Ces mots eurent l’effet escompté et tout s’arrêta.
Arthur releva lentement son visage rouge et essuya ses yeux boursouflés d’un revers de manche pour la dévisager.
« Ne…Ne dites pas des choses comme ça. »
« Quoi, vous croyez que je vous dis ça en l’air après avoir vu tout ce que ça représentait pour vous ? » Guenièvre s’agitait et il pouvait voir les premiers signes de colère dans son regard.
« Non, je sais que vous êtes sérieuse mais je vous répète : ne dites pas des choses comme ça » Arthur articula les derniers mots sans jamais la lâcher du regard. Il respirait fort et pouvait à nouveau sentir cette colère enfouie au fond de lui monter à la surface.
« Et pourquoi, parce qu’il n’y a que vous qui peut se sacrifier, c’est ça ? C’est vous le martyr et personne d’autre ? »
Ils se défiaient du regard dans ce petit hamac, plus proches qu’ils ne l’avaient jamais été et il avait presque oublié ces derniers jours cette capacité unique de Guenièvre à le faire sortir de ses gonds en moins de deux.
« Ça suffit. »
« Non ! » Elle gronda « je suis celle qui vous voit dépérir à petit feu depuis des années et en plus maintenant je dois regarder ça sans rien dire et sans rien faire ? Je vous emmerde. »
Et Arthur ne voulait pas entendre, n’était pas capable d’entendre cette vérité alors il ne trouva pas d’autre moyen pour la faire taire que de l’embrasser. Il fondit sur ses lèvres et les dévora, la dévora. Il était glouton maintenant qu’il se laissait aller à Guenièvre.
C’était son premier baiser et Arthur n’était pas tendre, pourtant les lèvres de Guenièvre se mouvaient contre les siennes magnifiquement et elle le tenait dans ses bras comme elle l’avait toujours fait, elle le protégeait et l’enlaçait. Elle lui tenait chaud. Guenièvre trembla un peu d’abord puis fut prise de frissons incontrôlés, ses respirations se coupaient et s’entrechoquaient, rappelant un peu à Arthur celles d’une personne qui suffoquerait. Une des mains d’Arthur s’agrippa à sa nuque blanche tandis que l’autre descendit lentement dans le creux de sa hanche. Guenièvre s’allongea, le tirant avec elle.
Le hamac tangua, ses filets les collant et les enserrant.
Leurs corps se découvraient enfin et dansaient parfaitement l’un contre l’autre. Les mains de Guenièvre s’enfouirent dans les boucles noires d’Arthur tandis que ses longues jambes remontèrent doucement le long des côtes d’Arthur, laissant sur leur chemin une étrange et agréable sensation de brûlure.
Une de ses mains toujours accrochée à la nuque de Guenièvre, il caressa de ses longs doigts la joue glacée de Guenièvre en un mouvement circulaire et cruellement tendre. Elle blottit sa joue contre sa peau et déposa une myriade de petits baisers humides contre sa paume. Elle releva son regard fiévreux pour se perdre dans la noirceur de ses yeux.
Les lèvres d’Arthur délaissèrent la bouche de Guenièvre pour se poser à la commissure de ses lèvres gonflées puis suivirent le contour de sa mâchoire et, dans le silence presque révérencieux entrecoupé par leurs soupirs et leurs respirations, Guenièvre n’émettait que des petits râles de bonheur.
Collé contre elle dans ce phare glacé, le corps d’Arthur le brûlait et le sexe d’Arthur, jusqu’à là oublié, remua paresseusement entre ses cuisses. Ses lèvres continuaient de descendre encore et encore jusqu’à ce qu’il embrasse le tissu humide recouvrant le creux entre ses deux seins. Là, il releva ses yeux vers elle et malmena ses lèvres, tiraillé, hésitant.
« Est-ce que…? » Il commença incertain comme il l’avait rarement été auparavant avec une femme. « Qu’est-ce que…Qu’est-ce que je peux avoir ? »
Il n’avait pas anticipé que sa voix sonnerait aussi fragile et tremblante en posant cette question et tenta de se racler la gorge, mais en dessous de lui Guenièvre lâcha ses boucles noires pour encadrer son visage de ses mains et plongea son regard noisette dans le sien plus sombre que le ciel des nuits d’hiver.
« Tout ce que vous voulez, vous le savez bien… » Elle soupira, inconsciente de la puissance de ses mots.
Arthur frissonna. Si elle était sa reine, il n’était plus qu’un autre de ses sujets obligé par serment de la servir comme elle l’exigeait et Arthur n’avait jamais voulu se soumettre à qui que ce soit autant qu’il voulait l’être à elle à cet instant précis.
Il s’arracha donc à sa tâche et scella à nouveau leurs bouches, impatient. Il n’entendait plus rien sauf ses gémissements, ne goûtait plus rien sauf ses lèvres, ne sentait plus rien sauf son odeur fruité. Tous ses sens ne criaient que Guenièvre, Guenièvre, Guenièvre et son sexe se réveilla abruptement, engorgé et douloureux, prêt pour elle, uniquement pour elle.
Et Arthur aurait aimé prendre le temps d’aller doucement avec elle, de lui faire découvrir les choses de l’amour correctement, adéquatement comme elle le mériterait mais leurs sexes se rencontrèrent brusquement dans un crépitement électrique qui se faufila dans chaque parcelle de leur corps. Il poussa un grondement rauque contre la bouche de Guenièvre au même moment où elle cria son nom.
Et le peu de contrôle qu’il avait réussi à maintenir jusqu’à présent s’évapora en quelques secondes seulement. Ils s’agitèrent l’un contre l’autre, recherchant plus de sensations, plus de frictions et les couches de vêtements qui les séparaient de la peau de l’autre devenaient simplement une torture. Tantôt leurs langues dansaient l’une contre elle, tantôt leurs dents se cognaient, il n’y avait plus rien de tendre, plus rien de doux il ne restait qu’une animalité incontrôlée.
Mais Guenièvre ne savait pas, elle ne pouvait pas savoir l’importance de ce qu’il était en train de faire, de ce qu’il était en train de laisser aller, de ce qu’il était en train de lui dire sans mots à cet instant et c’était tout bonnement inacceptable. Alors Arthur, les mains violemment agrippées aux cuisses de Guenièvre la redressa et l’assit sur lui tandis qu’elle entoura son cou de ses bras.
Il posa son front contre le sien et ferma les yeux, les mots qu’il voulait désespérément lui dire coincés dans sa gorge. Ils tournoyaient, s’épaississaient, l’étranglaient.
Mais Guenièvre saisit son menton, le forçant à ouvrir les yeux, le forçant à la regarder. Elle sifflait à travers ses dents et ses paupières papillonnaient mais son regard embrumé par le désir ne le quittait pas.
Ils se regardèrent alors silencieusement, continuant de remuer paresseusement leurs deux bassins ensembles. Leurs souffles se mélangeaient, leurs pensées se mêlaient.
« Dites-le moi. » Guenièvre murmura et les mots mourraient dans son souffle court et l’air était étouffant. « Dites-moi ce que vous voulez me dire. »
Arthur secoua lentement tête, ses yeux s’embuant de larmes. Il n’était plus capable d’aimer, il en avait perdu la capacité quelque part entre les côtes d’Afrique et celles d’Italie. Il ne pouvait pas, il ne pouvait pas, il ne pouvait plus…
…Mais il avait privé Guenièvre de tellement de choses au fil des années, s’il y avait une chose qu’il ne pouvait réellement plus faire c’était de laisser leur relation pourrir une nouvelle fois à cause de ses peurs et de ses secrets.
Il l’aimait, il était enfin prêt à l’aimer et elle méritait de savoir.
« Guenièvre… »
Des coups tambourinèrent à la porte et une voix résonna dans le phare.
« C’est vous qui avez demandé un guide ? »
Les deux amants se regardèrent, elle le souffle haché et la peau humide, lui les yeux larmoyants et les lèvres entrouvertes.
« C’est vous qui avez demandé un guide ? »
Est-ce qu'on peut faire tout ça dans un hamac ? Pas sûr.
Est-ce que ça m'arrête ? Clairement pas 😂
25 notes
·
View notes