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#c'est trop dur à laisser immobile avec le vent
dragonfumeux · 7 years
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Premier projet d’expression plastique de l’année de MàNAA à Renoir.
Un monde flottant, un monde bucolique et féerique s’est posé sur l’eau du grand canal de Versailles!
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Fragments. Des Profondeurs.
/// Afin de répondre à celles et ceux qui m’ont posé la question, il s’agit ici de fragments issus d’un texte en cours d’écriture. L’intégralité de ce que je publie ici entend donner à lire des extraits de mon travail, principalement celui de ces derniers mois, même si certaines lignes ont été rédigées il y a déjà quelques années. N’ayant pas encore trouvé la maison d’édition qui satisfera mes attentes en termes d’objet-livre mais ayant à coeur de mettre en partage des moments de mon travail quasi-quotidien, j’ai choisi d’utiliser ce format pour offrir à mon engagement dans l'écriture une respiration ; une altérité en somme.   Puisqu’écrire c’est aussi s’affranchir d’une forme de vie devenue à un moment trop encombrante si elle n’est pas partagée. Bonne lecture, donc. ///
Je me souviens d’un jour pâle fait de journal froissé, de café, de tristes platanes secoués par le vent, de l’absence du chien qui ronge ma poitrine. L’hiver en Belgique, mes mains engourdies par le froid, mon crâne qui bat la mesure. Je ne veux plus travailler. Plus. Jamais. J’ai mal de travailler tu comprends; travailler comme il le faut pour survivre, vendre son temps et ses élans vitaux, ses secousses intérieures ; vendre tous les détails de sa foi en un devenir plus gai et sensuel. Tout cela bien vivace, le vendre ? Alors quoi ? Cesser d’écrire ? Ecoutez ceux qui marmonnent au loin leurs histoires de laideurs ? Citer trois défauts et trois qualités. Challenges. Mises. Réussite. Succès. Trouver une place. Bienvenue. Dans la société. Une place. La société. 
Alors je prends quelques mois ou plutôt je reprends ce quelque chose qui n’est ni tout à fait du temps ni tout à fait de l’énergie pure mais un secret mélange des deux. Je reprends ma vie vivante à ceux qui me l’ont abimée un peu. Et voilà qu’enfin je comprends ce qu’est le vrai travail. L'enjeu bien sûr est de ne pas sombrer dans l'oisiveté mais d'habiter autrement le temps. Au commencement, il y a la pratique du quotidien; la volonté d'agir dans un champ réduit, parfois en silence, d'orner les heures de gestes à peine réfléchis, qui sont comme des signes vers soi qu’il faut apprendre à déchiffrer. Mais déjà, je ne suis plus rien qu'un courant lancé droit vers son devenir sinueux. Pourvu que jamais je n'accoste. Pourvu que j'y perde jusqu'à mon nom...  Voilà que je dors. Des journées entières. Je dors au plus loin de moi-même; la lune est mon seul astre et le reste du temps, je rêve. Sans doute rêvè-je que je dors. Des semaines passent où je demeure à l’orée du réveil sans plus vouloir franchir la limite et revenir dans le monde des jours gris. Certaines fois, je m’endors en entendant résonner quelque part en moi une voix qui me dicte ce dont je dois témoigner. Ces fois-là, spéciales, je m’étire un peu hors du sommeil pour écrire. Il est de ces jours où l'on apprend qu'il ne suffit pas d'échapper à la sinistre conscience de soi; satisfaction ou frustration là même où pourtant aucun désir n’a été formulé. Ai-je jamais eu le désir d’écrire ? Je ne crois pas. C’est toujours cette force son nom qui me somme de parler. Alors je dépose les traces de sa voix dans l’acte d’écrire, comme on rapporte les paroles d’un mort. Il faut avoir l'énergie cependant de cheminer dans cet au-delà. 
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Je m'assieds sur le rebord du mur et je guette. Laisser le soir venir le premier; une autre formule que je me répète sans savoir pourquoi depuis bien des années lorsque la journée s’achève. Comme s’il fallait tendre un piège à la nuit. Je pensais que toute cette entreprise de l’écriture n'était qu'une manière secrète de retarder l'agonie, de me croire exister en laissant une empreinte quelque part, comme le fait bien plus humblement tout ce qui n’est pas humain.  Mais cette présence, infaillible, toujours humaine mais animale, me donne à croire que peut-être, à la fin, ce n'est jamais mourir ; seulement ne plus avoir ni faim ni soif et sombrer doucement dans un Océan lascif peuplé d'images sans ombres ni reflets. Alors peut-être ces fois là, lorsque nous apparaissons aussi immobiles que des rocs à la clarté de la lune, tout au fond des eaux de notre conscience; sommes-nous de purs êtres véridiques, faits de joie et conçus pour aimer tout ce qui vit et demande à croître sans entraves. Il me semble qu’à un moment, pour cette raison-là, j’ai commencé de nager dans les Profondeurs. 
Ici il n'y a pas de rivière. Je me contente du ciel nocturne, lorsque les bruits de la ville se taisent. Ces deux heures là, solennelles et anxieuses, car la nature se prépare à être envahie à nouveau des râles urbains, je les passe assise sur les marches de la terrasse, à observer la silhouette du magnolia lentement émerger de l'obscurité finissante.Dans ma main, je roule une longue feuille de sauge ou de basilic. C'est un rituel solitaire dont j'ignore s'il a d'autre fonction que celle de me relier à cet immense empire végétal siégeant partout autour de moi. D'autres fois, dans le parc au bout de notre rue, je m'allonge contre le chien et j'imagine qu'imperceptiblement, dans la fraîcheur, je deviens verte. On ne distingue même plus la forme de mon corps sur le sol. Ce désir d'unité est un des biens que nous autres humains avons en commun. Si je voyais mille femmes et hommes allongés comme moi, en route vers leur devenir herbe et qu'on me demandait d'expliquer la scène, je répondrais qu'ils prient et que probablement cette prière n'est adressée à personne d'autre qu'eux-mêmes et la totalité du monde vivant.Certains jours mon dos s'arrondit, ma tête s'étire vers le ciel en un terrible craquement d'os, mes poils deviennent puissants et transpercent ma peau en silence. Je suis un chien-loup moi aussi. Je suis la fille dépourvue de nom, qui grogne et racle la terre avec ses ongles.L'important c'est de n'être pas visible. J’apprends à aboyer vraiment. J'apprends à me gorger d'air et d'eau pour mieux disparaître.
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Pour ma part j'ai toujours été habitée par le sentiment de n'être pas en mesure de vivre ici-bas dans les conditions que l'on m'imposait. Je ne cherche pas vraiment à grandir, selon l'usage dicté par la norme mais bien plutôt à m'agrandir, pour répondre à ce désir insatiable de me sentir prendre de l'ampleur, m'étirer en mille pensées toutes reliées entre elles par la magie du silence et de la parole. Et bien sûr jusqu'à présent je n'ai connu que des escales et des heurts obscurs, sans que jamais rien ne me soit révélé qui vienne m'assurer de la justesse de mon parcours, sans qu'aucune vérité ne dure plus que le temps d'un rêve.
Les raies de lumière qui nous font office de lanternes dans la nuit de notre quête sont minuscules et lointaines à jamais. Elles n'en demeurent pas moins constamment éclatantes dans les salles de la mémoire, pourvu qu'elles aient émergé dans le conscient comme le fin vêtement translucide d'un noyé referait surface après l'orage.
Les années de l'enfance sont passées comme un rêve violent, et j'ai dû oublier, tout ce temps, la voix fabuleuse qui sans prononcer mon nom me signalait pourtant qu'elle me connaissait et m'invitait à la rejoindre. Et puis, une nuit de mon adolescence, alors que je rentrais d'une fête, une seconde fois, j'entendis l'appel. Je remontais les rues très étroites d'un village de Provence, quand je me sentis attirée vers le rebord du minuscule pont qui enjambait la rivière traversant le village. Une fois arrivée, je réalisais qu'un son que je pouvais désormais entendre plus nettement m'avait guidée jusque là. Il s'agissait  d'une voix de femme, à mi chemin entre alto et soprano, qui chantant un air dépourvu de paroles mais que je crûs reconnaître aussitôt. Je m'approchais en demandant qui chantait et lorsque je posais le pied sur la première des marches conduisant à la berge, la voix, une seconde fois se tue.
J'ai gardé dans le secret de ma mémoire les impressions qui furent les miennes lorsque je compris cette nuit-là qui chantait.
Où es-tu ? Mes yeux sont clôs et je cherche dans mes pensées le point le plus haut pour plonger enfin. Ma rivière, ma femme,  où es-tu ?
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Me voilà dans le pré qui borde la propriété, face à la montagne. J'ai ôté mes chaussures pour mieux sentir la terre humide sous mes pieds. Dans un des recoins éclairés de ma mémoire, il se met à neiger. J'ai quinze ans et un pyjama trop petit. Je suis sortie de la maison en courant, traversé la cour, senti les graviers gelés sur ma voûte plantaire, passé la clôture en soufflant comme une bête, tout mon corps raidi par le froid de l'hiver, pour m'étirer au milieu du pré, entre les pommiers dégarnis, ventre à l'air, nombril pointé vers la montagne blanche.
Je pousse un cri féroce, un cri de guerre solitaire, aussi dur que les roches qui m'entourent. Mais sans me l'avouer je suis venue là – ou plutôt j'ai été transportée - pour m'agenouiller. J'attends le signe qui pourrait venir du ciel blâfard, à peine éclairé ou de la montagne, immense amas rocheux émergeant des sous-bois.  Le froid me saisit, vivifiant ; mais j'ai beau savoir qu'il me faut rester prudente – ne suis-je pas pieds nus dans la neige, la poitrine découverte, en plein mois de janvier- je me sens pactiser secrètement avec lui, au risque de lui laisser mon corps tout entier. Dans la neige, je ne sens mes pieds ni de mes chevilles. Mes articulations s'engourdissent et ma poitrine devient douloureuse. Je ris très fort pour conjurer la peur et l’hébétude d’être simplement là. Une force solennelle et sauvage, semble se détacher du sommet de la montagne, comme une ombre bleue flottant au dessus de la vallée, recouvrant les habitations encore endormies. Ce n'est pas seulement moi qui ressent cela ; cet hôte étrange dépourvu de nom vient d’investir mon être, touchant doucement quelque chose qui n'est pas tout à fait moi en moi-même. Au fond de mes yeux, la montagne grandit et s'avance, prête à recouvrir mon corps, le corps de mes quinze ans, dans son pyjama trop étroit. J'ouvre mes bras vers le ciel et j'inspire tandis que mes cheveux semblent se dresser sur mon crâne.
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Je m’allonge et me voilà sous les eaux. La porte du jardin d’hiver s’est ouverte sous la pression du vent pour laisser pénétrer dans la pièce cette rivière que je chéris tant. Depuis le matelas, je la contemple ses eaux se mouvoir par dessus mon corps. Si je plisse légèrement les yeux, je sais que je verrai les poissons s’effleurer sans bruit et derrière eux le plafond et le lustre qui lentement se peuplent d’algues et de roches obscures. C’est là que je m’en vais, là que je sombre à l’envers, peut-être comme Simone Weil appelait à choir vers le haut. C’est ainsi que je suis faite; femme des profondeurs, silhouette tremblante tout au fond du miroir. J’appartiens à ce repos pierreux où mes membres s’engourdissent avec langueur, où ma chair devient végétale et mes os liquides. Je m’endors dans un sous-bois humide vers lequel nul ne nage. C’est de là bas que j’écris. Tout ce qui est dit ici témoigne de la tentative de donner vie à un double inévitablement chancelant. Je répète ce que j'ai tant de fois entendu là-bas, aux confins des nuits, à la jonction entre le ciel et les eaux, là où ma voix est une image abstraite et l'histoire qu'elle raconte un tissus fin qui recouvre mon être nu.
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