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lantidotecollectif · 3 years
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Bonne nouvelle! Une interdiction des jeux de ballons, 3 fenêtres ouvertes et un nettoyage des mains aléatoire suffisent pour vaincre le coronavirus! Selon Jean-Michel blanquer : «Le virus existe partout dans la société (…) Les enfants qui sont contaminés, la plupart du temps quand on remonte la chaîne de contamination, c'est pas du tout à l'école qu'ils se sont contaminés, ils se sont contaminés en famille. C'est plutôt qu'ils peuvent éventuellement contaminer à l'école quand ils arrivent de leur famille» , «On a un protocole beaucoup plus strict à l'école, et ça a une vertu pédagogique puisqu'ensuite les enfants sont ambassadeurs de ces protocoles stricts dans le reste de la société» La promiscuité dans les locaux est un non sujet, et chers parents, vous serez heureux d'apprendre que si vos enfants sont malades, ce sera de votre faute uniquement! Les cantines, elles, resteront ouvertes! #educationpopulaire #educationnationale #confinement #deconfinement #ecolealamaison #ecolesfermees #ecole #enfantsterribles #teletravail #dessin #dessindujour #illustrationjeunesse #jeanmichelblanquer #blanquer #coronavirus #protocolesanitaire (à France) https://www.instagram.com/p/COVhMikh0Yk/?igshid=1bxaxpws0fwjj
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SOYONS CONTRE-CONSTRUCTIFS ! proposition à l'intention du monde associatif et de l'éducation populaire
- porte renaud -
(artiste ; militant d'éducation populaire ; doctorant en philosophie)
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WIND OF CHANGE #3, proposition sculpturale en cours de stabilisation, détail, mai 2020, © porte renaud
Alors que nous ne sommes pas encore au terme de ce qui est nommé une pandémie mondiale et que dans ce cadre des mesures exceptionnelles de suspension de la vie démocratique furent mises en application dans différents pays, se traduisant pour sa dimension la plus saillante par le confinement, nous pensons déjà à l'après.
À l'après confinement, à l'après pandémie, à l'après tout-court car tout ce qui ce qui faisait encore l'étrangeté des théories visant à nous avertir que notre société s'effondre1 semble aujourd'hui être entendu, être de toute évidence. C'est le ''ce-ne-sera-plus-pareil''.
Crises après crises, le désenchantement de la promesse libérale et scientifique semble nous pousser dans nos retranchements. La promesse libérale s'est émiettée à mesure des replis identitaires et du morcellement de l'Europe, bâtie contre la guerre mais minée par le modèle capitaliste ruinant les peuples qui la compose. La promesse scientifique a trébuché sur la limite des ressources lui permettant de poursuivre son projet d'émancipation de l'humanité. C'est par la science elle-même que nous avons découvert que l'énergie nécessaire à son entreprise pourrait bien conduire à l’extinction de notre espèce. De plus, la disjonction constituée entre le fait politique qui concerne des sujets humains et la science qui concerne des objets non-humains2 n'a pas permis de facto, à mesure que nos moyens techniques se sont développés, de défendre un système de significations, de représentations et de pratiques continuistes. Ce dernier n'isolant pas le progrès technique résultant de la recherche scientifique de la poursuite d'idéalité des projets politiques.
Rappelons que la culture signifie aujourd’hui pour le sens commun la désignation d'un champ d'œuvres artistiques et ne répond donc pas à un besoin de suture cosmogonique des déchirures de l'étoffe socioculturelle occasionnées par le progrès technique. Nous affirmons donc, aux côtés du philosophe Gilbert Simondon, que le problème n'est pas le vilain progrès technique qui vampiriserait notre âme mais bel et bien sa non-intégration dans la culture.3 D'ailleurs, la culture, pour le sens commun, telle que l'avons décrite plus haut, est autant un étendard de prestige et de puissance, pour ceux qui déjà socialement peuvent revendiquer de telles valeurs refuges que, pour la masse, le produit le plus raffiné du divertissement, c'est-à-dire un exutoire à la vraie vie, c'est-à-dire celle à laquelle on tient vraiment. Il y a donc un hiatus entre cette acception de la culture comme récompense sociale et celle d'une résilience socioculturelle visant à l'unité et la continuité de son étoffe, aussi bigarré soit-il, c'est-à-dire à sa régénération après les chocs qu'elle subit et qui résultent du progrès technique. En lieu et place de l'opposition entre nature et culture, nous affirmons que la nature « comme une immense étoffe où nous pouvons tailler ce que nous voudrons, pour le recoudre comme il nous plaira »4 n'est pas distincte de celle socio-culturelle dont nous venons de parler. Pour nous autres humains, l'une ne peut exister sans l'autre. La culture n'est donc une affaire d'identité que comme symptôme d'une société déjà en crise aiguë, car elle est sinon un processus de transformation permanent des schèmes qui la compose.
Bref, l'après nous inquiète. Et cela à juste titre, nous le croyons, car cette énième crise indique que nous sommes prêts à toutes les concessions pour notre ''sécurité''. Sans vouloir être alarmistes, nous pouvons craindre demain la multiplication de suspensions de la vie démocratique ici et là justifiées de toute bonne foi, en raison de la convergence de valeurs, non sans contradiction les unes avec les autres.
De quoi s'agit-il lorsque nous parlons de suspensions de la vie démocratique ? Nous désignons des mesures prises par la force publique, aujourd'hui les États, demain peut-être davantage les agglomérations urbaines, privant temporairement leurs citoyens des libertés de se déplacer, de se réunir, d'exprimer ses idées et ses émotions dans des contextes appropriés précisément à leur expression et à leur réception et cela par la contrainte, la violence et le cas échéant la punition. Cela s'accompagne, par une hyper-centralisation politique de l'organe autorisé à effectuer cette suspension, d'autant plus importante que les rouages institutionnels – hormis ceux investis dans la dite suspension - et électoraux sont ralentis ou à l'arrêt. La suspension de la vie démocratique affirme idéologiquement que la ''sécurité'' individuelle et collective est la valeur fondamentale de la société, c'est-à-dire que la préservation quantitative de la vie prévaut sur la préservation qualitative5.
Cela résulte d'une asphyxie de la valeur qui consiste à admettre l'égale dignité de chaque être humain dans un milieu que l'on a rendu défavorable à une telle prétention. Et, si ce milieu fut rendu ainsi, c'est parce que cette valeur fut et est toujours bafouée afin que certains d'entre nous, dans les faits, jouissent d'une vie améliorée au profit d'autres être humains et non-humains interdépendants dans leur exploitation.
La suspension de la vie démocratique implique des ajustements constants des mesures entraînant une difficulté de cohérence et de lisibilité pour les citoyens ne pouvant se raccrocher qu'à la seule idée d'une préservation quantitative de la vie. Cette suspension, bien qu'anti-libérale, se dote de tous les outils techniques rendus possibles par la société héritière de l'idée d'émancipation des peuples par la domination de la nature et peut aisément céder à la surveillance généralisée des populations et au contrôle des individus. Aujourd’hui, c'est le Coronavirus, mais nous pouvons nous attendre à bien d'autres menaces (pics de pollution, catastrophes naturelles, crises économiques, conflits armés) qui, de toute bonne foi, exigeront au nom, à chaque fois, de l'exception répétée, des suspensions de la vie démocratique.
Si l'on résume un peu hâtivement la situation, le sens commun en vient à dire que ce monde scientifique, producteur d'objets techniques occasionnant autant de déchirures de notre étoffe, socioculturelle et ''naturelle'' à la fois, est coupable. Cette réponse ne serait encore que l'affirmation typique de postmodernes6 rejetant la faute sur ces Autres que seraient les gens de la science, un peu barbares puisque non inclus dans la culture... Il y a pourtant fort à parier que de tels acharnés dans leurs propos se réjouiront d'applaudir à huit heures du soir les soignants à leur balcon plutôt que d'aller les pendre à ces derniers.
Quoi de plus testimonial de la société du progrès technique que notre sytème de soin. Il est indéniable que la médecine par son histoire même ne fut possible que parce que des individus matérialistes7 étaient prêts à en découdre avec la nature tout faite, toute belle et toute prête à être contemplée, pour en découper et réajuster les fragments de son étoffe de telle sorte à produire des effets favorables à l'amélioration de la vie humaine. De plus, la médecine d’aujourd’hui est un des fleurons de la société thermo-industrielle8 et l'on peut même dire que la médecine est pétrolière dans le sens où une médecine sans plastique et sans objet à usage unique est encore largement un défi qui la dépasse. Alors n’applaudissons pas les soignants à huit heures du soir si l'on est persuadé que la crise actuelle est systémiquement reliée aux crises récentes et à venir qui auraient pour mal d'origine le progrès technique. D'ailleurs la disjonction entre la politique et la science a pour conséquence actuelle, parmi d'autres, l'éloge par le sens commun des remèdes dit naturels pour lesquels il n'a souvent aucune pratique hormis celle médiatisée par les objets de la technique comme le numérique par exemple.
Dans le sillage du philosophe John Dewey, nous affirmons que le développement démocratique résulte de l'approche expérimentale développée en science qui fut le creuset de la société technique9. La démocratie est un processus de mise en tension de pluralités axiologiques qui vise à stabiliser des communautés humaines où chaque individu compte autant qu'un autre et s'individue par les collectifs auxquels ils appartiennent. La démocratie a besoin des outils qui réduisent les distances entre les individus et le pouvoir qui les fait tenir en société. Cela se concrétise aujourd’hui en temps de confinement par les outils numériques, avec l’explosion des visioconférences par exemple, qui permettent d'abroger des distances en faveur de la continuité démocratique. Nombre d'associations se réunissent depuis ces dernières semaines par le biais de ces outils qui soulèvent pourtant, par ailleurs, d'importants problèmes éthiques.
Le sens commun pourrait se dire qu'en effet, il est idiot de faire du progrès technique le coupable de tous nos problèmes et qu'au contraire, il semblerait que c'est bien lui qui va encore nous sauver la mise. Sauf que les moyens à notre disposition pour contrer l'effondrement systémique de notre société sont les causes de celui-ci et que nous intensifions le développement de ces moyens ou que nous les arrêtions, la chute semble inévitable10.
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Avenue Aristide Briand à Mulhouse, France, le 3 mai 2020
Nous voudrions donc, en premier temps, moins attirer l'attention sur les moyens que sur la finalité à viser. Nous prétendons aujourd’hui que cette dernière est la continuité de la vie démocratique. Et nous prétendons aussi que s'en remettre à la seule force publique pour une telle continuité est, d'une part absurde, puisque la démocratie exige la participation des citoyen·nes en tant qu'ils en sont les expérimentateur·trices11 et, d'autre part, peu opérant pour les motifs que nous avons évoqués plus haut. Qui peut donc prétendre assurer cette continuité de la vie démocratique lorsque celle-ci sera de nouveau suspendue. Nous ne croyons pas que ce soient les individus seuls, si nous osons le dire ainsi, qui peuvent y arriver. En dépit de la mode à la participation-citoyenne, comme expression-label, qui consiste à faire de l'expérimentation démocratique une sorte de programme de fidélité digne des marques de la grande distribution, nous croyons qu'il nous faut des collectifs – au regard de la définition, certes un peu trop sommaire, que nous avons donné de la démocratie - car c'est à travers eux que les individus affirment et développent une personnalité et un horizon critique. Le self-made man va bien à l'ethos capitaliste de la réussite par et pour soi-même mais ne saurait satisfaire à la continuité de la vie démocratique lorsqu'elle est suspendue. Chaque individus, chaque personnalité compte, mais c'est au travers de la raison qui les réunit que l'expérimentalisme démocratique peut avoir lieu. C'est ainsi que se construisent des contre-pouvoirs.
Les contre-pouvoirs ne sont pas contre le pouvoir en tant qu'ils ne le reconnaîtraient pas comme légitime ou voudraient occuper sa place ou seraient encore foncièrement contestataires par principe. Non, les contre-pouvoirs s'appuient sur le pouvoir en exercice de telle façon à ce qu'il ne se sclérose pas autour des intérêts d'un groupe d'individus. Bref, les contre-pouvoirs luttent en permanence contre l'oligarchisation de la société démocratique. Les contre-pouvoirs agissent dans l'enceinte du pouvoir, mais avec cette incroyable faculté de s'en échapper adéquatement – c'est-à-dire de telle façon à ne pas violer les valeurs démocratiques elles-mêmes - et courageusement autant de fois que nécessaire pour en révéler les travers et favoriser leur correction une fois qu'ils le réintègrent tel un protocole expérimental que l'on ré-ajuste.
Ce travail est typiquement celui que nous rattachons au monde associatif. En France, les associations de loi 1901 ou 1908, pas strictement toutes, mais pour une partie majoritaire d'entre elles, incarnent par leurs valeurs cette continuité de la vie démocratique en réunissant des citoyen·nes résolus à changer le monde qui, de facto, n'est jamais satisfaisant car toujours socialement injuste. Nous affirmons donc que les associations et particulièrement celles à vocation éducative, sociale et/ou culturelle vont avoir une responsabilité à jouer dans les années qui viennent.
L'éducation populaire que l'on connaît comme cette grande famille d'acteurs, souvent épars, mais convaincus par la nécessité de l'éducation tout au long de la vie par et pour toustes, pratiquant l'individuation des individus par le collectif et engagés pour visibiliser les invisibles de notre société, devra assumer en première ligne cette responsabilité de continuité de la vie démocratique. Les associations ''strictement'' culturelles devront, quant à elles, affronter le resserrement sus-décrit de l'acception du terme de ''culture'' et, soit choisir d'en ouvrir son sens à notre besoin anthropologique contemporain soit l'assumer autour du partage et de la diffusion strictes de pratiques et d'œuvres artistiques.
Cependant, il y a à craindre que les associations d'éducation populaire soient en prise avec leur propres difficultés structurelles (par exemple, leur modèle économique dépendant, bien souvent, de la force publique) pour assumer cette tâche. Le signe le plus évident est l'affirmation de certaines de ces associations à co-construire avec la force publique alors qu'il faudrait précisément contre-construire selon tout le sens que nous avons donné à cette idée. Et c'est en pleine cohérence avec la conception même de la démocratie comme un organisme vivant, car traversé par des impulsions qui ne vont pas dans le même sens que celle qui organise le tout qu'est la force publique que cette dernière doit reconnaître les associations d'éducation populaire comme contre-pouvoirs permanents et légitimes à l'être. Sinon, nous courons un grand risque ! Celui que le poumon démocratique constitué des contre-pouvoirs associatifs, lui aussi, fonctionne au pas des suspensions de la vie démocratique occasionnant l’asphyxie des valeurs du mode démocratique. Ne nous leurrons pas, beaucoup d’associations d'éducation populaire prétendument engagées pour le changement social sont aujourd’hui soit des vendeuses d'activités ou de modes de garde soit des appendices para-institutionnels des politiques publiques. Dans ce dernier cas, elles agissent selon une vision qui consiste à la tentative poussive d'adaptation des populations, pour leur plus grand bien évidemment, à une identité culturelle donnée, dite ''républicaine'', tout en prêchant par ailleurs, la diversité et le multi-culturalisme et en prônant implicitement un modèle de société productiviste qui est en train de rompre sous nos pieds, masqué derrière le fantasme du travail-mérite. Bien sûr qu'il y a des associations qui sont à l'œuvre sur le plan du changement social éclairé de toute cette complexité, mais, bien souvent et plus largement, elles tentent simplement de se dépêtrer avec toutes leurs contradictions et les interdépendances compromettantes qu'elles ont avec le pouvoir. Ces associations vont devoir pourtant choisir entre la sauvegarde, perdue d'avance, de leur modèle moulé dans la société thermo-industrielle en train de s'effondrer ou de courageuses, mais immédiates remises en question afin de participer à la continuité de la vie démocratique.
Nous avons parlé des finalités, il nous faudrait revenir sur les moyens. Le moyen est culturel, de telle façon à régénérer notre étoffe à des échelles locales, là où les distances sont les moins contraignantes pour agir et les moins dépendantes des prothèses technologiques. Il nous faut entamer une exégèse sérieuse de nos modes d'existence pour pouvoir continuer à vivre qualitativement et collectivement sur cette planète. Il nous faut en finir, par exemple, avec les idées absurdes comme celle de développement durable. Absurde, car elle est historiquement un produit dérivé du consumérisme addictif de l'époque thermo-industrielle qui pense que tout est possible en même temps et tout le temps, sans que personne n'en paye le prix de sa santé, de sa vie ou de sa dignité.
Il faut renouer avec l'idée d’anthropologie, c'est-à-dire une écriture qui relie les significations, les représentations et les pratiques humaines dans une localité donnée ou construite devrions-nous dire.
Je songe au quartier où j'habite à Mulhouse en France, prenons simplement l'avenue Aristide Briand, figurant dans la zone administrative dite de Quartier Prioritaire de la Ville12, sur laquelle réside une multitude de populations aux horizons socioculturels très différents. Quelle est donc la cosmogonie de cette avenue ? Cela semble un peu artificiel, nous diriez-vous, de remplacer l'idée d'une communauté humaine se reconnaissant en tant que groupe par celle d'un espace arbitrairement tronçonné pour imaginer une anthropologie possible. De plus, nous ne pouvons pas ignorer en quoi les individus qui habitent, mais aussi qui travaillent dans cette avenue sont évidemment reliés aux enjeux mondiaux, comment ils en sont dépendants, matériellement et idéologiquement. Que l'on ne se méprenne pas, nous ne prétendons pas proposer un moyen qui irait comme un gant à la finalité de continuité de la vie démocratique. La complexité de la situation nous dépasse largement et pourtant nous devons y faire face, faire quelque chose pour ne pas être résignés face aux suspensions à venir de la vie démocratique. Nous indiquons un déplacement souhaitable de point de vue quant à l'action des associations d'éducation populaire. Nous ne croyons pas que les associations d'éducation populaire doivent avoir pour ambition de s'inscrire dans les orientations de la force publique et par conséquent de confirmer l'hypothèse selon laquelle l'avenue Aristide Briand à Mulhouse, par exemple, se caractérise en premier lieu par sa pauvreté culturelle, sociale et matérielle (Ou pire encore comme étant un diamant brut – c'est-à-dire une ressource non exploitée - pour quelques projets fumeux de start-up). Et ainsi, cette hypothèse justifierait une entreprise de normalisation des marginaux encore non-inclus dans le carcan d'un vague idéal culturel et ''républicain'' (qui ne s'assume pas, par ailleurs, comme étant un sous-produit culturel américain et peut-être demain chinois si l'effondrement le permet) enjolivant le productivisme capitaliste par le fantasme du travail-mérite.
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Avenue Aristide Briand à Mulhouse, France, le 3 mai 2020
Nous croyons que le rôle d'une association affirmant un projet de changement social ne doit pas faire adhérer des populations à un symptôme de crise (l'identité culturelle) ou les enfermer davantage dans une logique de précarité. Sans trop dévier de notre proposition, la précarité est certes, diraient certains, un état matériel, mais c'est aussi une fabrication cultuelle. Donner différentes aides financières à des personnes, en leur faisant comprendre que si on les aide c'est parce qu'ils ne sont pas intégrés dans la société, la vraie, celle du travail-mérite, crée une précarisation culturelle inexistante si par exemple la force publique donne à chaque citoyen·ne la même somme d'argent sous forme d'un revenu inconditionnel d'existence. Il serait trop long ici de considérer les avantages et inconvénients d'un tel système, mais nous voulions souligner par cet exemple la construction culturelle de la précarité. Par ailleurs, plus il y a de choses à consommer, plus il faut d'argent pour les obtenir et ainsi s'accroît la précarisation des individus, et cela, de surcroît lorsque ces derniers ont perdu les pratiques leur permettant de fabriquer leurs propres ressources, les rendant ainsi totalement dépendants des marques de la grande distribution. Ainsi, les associations d'éducation populaire doivent cesser d'être les facilitateurs de cette mascarade en envisageant la modification des interdépendances de telle sorte qu'elles bénéficient aux habitants que l'on engage dans cette démarche en tant qu'expérimentateurs démocratiques.
Nous entendons déjà les reproches que nous allons nous adresser en disant que nous souhaitons fondre les bronzes de la civilisation occidentale et française au profit d'un multiculturalisme exacerbé et aveugle. Mais entendez bien que nous avons clairement fixé notre finalité qui est celle de la continuité de la vie démocratique et que nous avons, certes, trop succinctement, expliqué les valeurs qui la supposent, mais que c'est à partir de cet horizon que nous envisageons la possibilité pour les associations de susciter avec les individus, au travers de collectifs agissant à des échelles locales clairement dessinées, des sutures dans l'étoffe socioculturelle afin qu'elle se régénère en accouchant de cosmogonies. Il s'agit là d'un travail d'anthropologie d'un genre particulier car il ne se borne pas à rendre compte de la cohérence de l'ensemble des significations, représentations et pratiques d'un groupe humain mais de s'investir dans la fabrication même des liens entre les schèmes culturels existants en intégrant en première urgence la question de la technique dans ce processus. Il ne s'agit pas de construire pour chaque localité concernée, qui est toujours plus qu'une zone géographique vous l'aurez compris, une nation dans la nation, mais au contraire de mettre à profit la dimension mondialisée de la culture en travaillant à une échelle qui permette la régénération de l'étoffe socioculturelle et naturelle abîmée par la séparation entre politique et science. L'impératif n'est plus la mise en conformité des personnes et des lieux au regard de telle ou telle identité, cela ne fonctionne même pas dans une société alimentée à un courant démocratique continu, alors imaginons en cas de baisse de tension, c'est-à-dire de suspension de la vie démocratique exigée par le pouvoir, et cela, en l'absence d'action des contre-pouvoirs...
La finalité que nous proposons est normalement en pleine cohérence avec les vœux de la force publique qui exerce le pouvoir. Ainsi, ce que nous proposons inscrit toujours les associations dans l'enceinte du pouvoir mais avec des moyens résolument différents qui les rendent démocratiquement, joyeusement et surtout légitimement dissidentes. Nous ne sommes pas naïfs, les moyens ne sont évidemment jamais neutres. Les associations d'éducation populaire doivent donc veiller à ne pas se ''laisser avoir'' par un langage de ''boîte branchée'' où tout le monde est le ''partenaire'' ou le ''collaborateur'' de tout le monde. Cette usurpation de la collaboration par cette novlangue de supermarché est du même ordre que celle du label de la participation-citoyenne pour laquelle l'engagement est ajusté à l'envie du consommateur par des gestes à caractère décoratif.
Enfin, peut-être, nous reprochera-t-on également le manque d'exemples concrets de cette anthropologie accoucheuse locale de cosmogonies. Deux mots à ce sujet : 1) L'auteur reste disponible pour tout échange concernant le devenir-possible de cette anthropologie. 2) Nous revendiquons comme Michel Foucault le faisait, sans prétendre paradoxalement au titre d'intellectuel ou la profondeur de sa pensée, notre participation à « multiplier les occasions de se soulever, par rapport au réel qui nous est donné»13.
Pour assurer la continuité de la vie démocratique, dans le cadre du jeu expérimental qui la rend possible, les associations d'éducation populaire doivent cesser d'être co-constructeurs avec la force publique. Pour cheminer, ensemble et légitimement, soyons contre-constructif !
- porte renaud -
03 mai 2020
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Nous remercions SIAM ANGIE, artiste et militante d'éducation populaire, pour sa relecture attentive.
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Pour citer cet article :
porte renaud, « SOYONS CONTRE-CONSTRUCTIFS ! proposition à l'intention du monde associatif et de l'éducation populaire » in porterenaudinprogress.tumblr.com, publié le 4 mai 2020
disponible à cette adresse : https://porterenaudinprogress.tumblr.com/post/617168687074557952/soyons-contre-constructifs-proposition-%C3%A0
1. c.f. L'un des ouvrages de référence en la matière :
Pablo Servigne, Raphaël Stevens, Comment tout peut s'effondrer, éditions du Seuil, collection Anthropocène, 2015, postface par Yves Cochet
2. Nous en appuyons sur l'analyse développée par Bruno Latour dans son ouvrage Nous n'avons jamais été moderne, Essai d’anthropologie systématique, éditions La Découverte, 2006, (édition originale en 1991)
3. « Pour redonner à la culture le caractère véritablement générale qu'elle a perdu, il faut pouvoir réintroduire en elle la conscience de la nature des machines, de leurs relations mutuelles et de leurs relations avec l'homme, et des valeurs impliquées dans ces relations. Cette prise de conscience nécessite l'existence, à côté du psychologique et du sociologue, du technologue ou mécanologue. De plus, les schèmes fondamentaux de causalité et de régulation qui constituent une axiomatique de la technologie doivent être enseignés de façon universelle, comme enseignés les fondements de la culture littéraire. »
Gilbert Simondon, Du mode d'existence des objets techniques, éditions Aubier, 2017, (édition originale en 1958), p. 15
4. Hannah Arendt cite Bergson.
«  Et en effet parmi les principales caractéristiques de l'époque moderne, depuis ses débuts jusqu'à nos jours, nous trouvons les attitudes typiques de l'homo faber : l'instrumentalisation du monde, la confiance placée dans les outils et la productivité du fabricant d'objets artificiels ; la foi en la portée universelle de la catégorie de la fin-et-des-moyens, la conviction que l'on peut résoudre tous les problèmes et ramener toutes les motivations humaines au principe d'utilité ; la souveraineté qui regarde tout le donné comme un matériau et considère l'ensemble de la nature ''comme une immense étoffe où nous pouvons tailler ce que nous voudrons, pour le recoudre comme il nous plaira'' ».
Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, éditions Calmann-Lévy, collection Pocket-Agora, 2017, traduit de l'anglais par Georges Fradier, préface de Paul Ricœur, (édition originale en 1958), p. 381
5. Cela sonne la fin, pour le meilleur et le pire, de l'âge héroïque. D'ailleurs, ceux qui risquent actuellement leur vie au quotidien affirment souvent qu'ils font simplement leur travail. Pour les autres, ils étaient héros au moment des attentats terroristes en prenant une bière en terrasse et le sont aujourd'hui en la buvant confinés chez eux.
6. « Le post-modernisme est un symptôme et non pas une solution fraîche. Il vit sous la Constitution moderne mais il ne croit plus aux garanties qu'elles offre. Il sent que quelque chose cloche dans la critique, mais il ne sait pas faire autre chose que prolonger la critique sans croire pour autant à ses fondements (Lyotard, 1979). Au lieu de passer à l'étude empirique de réseaux qui donne sens au travail de purification qu'il dénonce, le postmodernisme rejette tout travail empirique comme illusoire et trompeur. Rationaliste déçus, ses adeptes sentent bien que le modernisme est fini, mais ils continuent d'accepter sa façon de partager le temps et ne peuvent donc découper les époques que par révolutions qui se succéderaient les unes autres. Ils se sentent venus ''après'' les modernes, mais avec le sentiment désagréable qu'il y a plus d'après. No future, tel est leur slogan qui s'ajoute à celui des modernes, No past. Que leur reste-t-il ? Des instants sans attache et des dénonciations sans fondement puisque les post-modernes ne croient plus aux raisons qui leur permettraient de dénoncer et de s'indigner. » Bruno Latour, op. cit., p. 69
7. Nous n'affirmons pas que toutes les avancées scientifiques furent conduites par des individus prônant le matérialisme comme théorie soutenant qu'il n'existe qu'une seule réalité qui est la matière ou plus précisément qu'il n'y a aucun arrière-monde spirituel, pas d'âme immatérielle, (etc..), mais que l’ère du temps, tout en se défendant parfois avec virulence était suffisamment matérialiste pour envisager la possibilité même de l'exercice des pratiques qui conduirent aux découvertes et à l'instrumentalité scientifique de notre temps.
8. « La certitude est que nous ne retrouverons plus jamais la situation ''normale'' que nous avons connue au cours des décennies précédentes. Premièrement, le moteur de la civilisation thermo-industrielle – le couple énergie-finance – est au bord de l’extinction. Des limites sont atteintes. L’ère des énergies fossiles abondantes et bon marché touche à sa fin, comme en témoigne la ruée vers les énergies fossiles non-conventionnelles aux coûts environnementaux, énergétiques et économiques prohibitifs. Cela enterre définitivement toute possibilité de retrouver un jour de la croissance économique, et donc signe l’arrêt de mort d’un système basé sur des dettes… qui ne seront tout simplement jamais remboursées. »
Pablo Servigne, Raphaël Stevens, op.cit., p. 250
9. Pour John Dewey, le développement de la démocratie contemporaine, cette nouvelle forme d'association politique, résulte du progrès technique.
« Il semblait presque évident à Platon – et plus tard, à Rousseau - qu'un véritable État ne pouvait guère être plus grand que le nombre des personnes susceptibles de se connaître personnellement les unes les autres. Notre unité étatique moderne est due aux conséquences de la technologie à laquelle on a eu recours afin de faciliter la circulation rapide et aisée des opinions et des informations, et qui a provoqué une interaction constante et embrouillée bien au-delà des limites des communautés en face à face. Les formes politiques et légales n'ont fait que s'accommoder, petit à petit, de manière hésitante et avec beaucoup de retard, à la mutation industrielle. L'élimination de la distance à la base de laquelle on trouve des mécanismes physiques, a fait apparaître une nouvelle forme d'association politique. »
John Dewey, Le public et ses problèmes, éditions Gallimard, collection folio essais, 2015, traduit de l'anglais par Joëlle Zask, (édition originale en 1927), p. 204
10. « La stabilité du système-dette repose entièrement sur cette croissance : le système économique mondial ne peut y renoncer s’il veut continuer à fonctionner. Cela signifie que nous avons besoin de croissance pour continuer à rembourser les crédits, à payer des pensions, ou même à empêcher la montée du chômage. En fait, aucune de nos institutions n’est adaptée à un monde sans croissance, car elles ont été conçues pour et par la croissance. Essayez de ralentir une fusée en pleine ascension, de la faire redescendre et de la poser en douceur… Si nous sommes privés de croissance pendant trop longtemps, le système économique implose sous des montagnes de dettes qui ne seront jamais remboursées. Mais comme avec le carbone, pour que le système économique global puisse se transformer avec souplesse et agilité, il a besoin de fonctionner de manière optimale, c’est-à-dire avec une forte croissance ! Savourez alors cet autre paradoxe : il est donc difficile d’envisager une contraction contrôlée du système économique global. Et son corollaire : ce dont la transition a besoin pour pouvoir se déployer rapidement, c’est d’une forte croissance économique. »
Pablo Servigne, Raphaël Stevens, op.cit., pp. 104/105
11. « Car transposée au plan politique et éthique, l'expérimentation comprise comme la dimension d'enquête que recèle tout expérience consciente n'est autre que le pouvoir des individus à influer concrètement sur les conditions qui les affectent, donc à changer. La participation est le terme éthique et politique qui équivaut à l'expérimentation. »
John Dewey, op. cit., p. 37
12. c.f . https://sig.ville.gouv.fr/page/198/les-quartiers-prioritaires-de-la-politique-de-la-ville-2014-2020
13.  « On m’a reproché d’ailleurs souvent que je n’ai pas de politique, et que je ne dis pas par exemple : bah voilà comment devraient fonctionner les prisons, ou voilà de quelle manière il faudrait traiter la maladie mentale. Je ne le dis jamais. Et je dis ''ce n’est pas mon travail''. Et pourquoi ce n’est pas mon travail ? Et bien parce que je pense justement que si l’intellectuel a à être comme dit Husserl, le fonctionnaire de l’universel, ce n’est pas justement en prenant une position dogmatique, prophétique et législatrice. L’intellectuel n’a pas à être le législateur, à faire la loi, n’a pas à dire ce qui doit arriver. Je crois que son rôle est précisément de montrer perpétuellement comment ce qui semble aller de soi dans ce qui fait notre vie quotidienne est en fait arbitraire et fragile et que nous pouvons toujours nous soulever. Et qu’il y a perpétuellement et partout des raisons pour ne pas l’accepter, la réalité telle qu’elle nous est donnée et proposée. »
Michel Foucault, « ENTRETIEN INEDIT AVEC MICHEL FOUCAULT 1979 par  Farès Sassine », in le blog  de Farès Sassine Assassines, le 22/08/2014
disponible à cette adresse : https://fares-sassine.blogspot.com/2014/08/entretien-inedit-avec-michel-foucault.html
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Tictactictac L'école de pêche de la Lagune de St Cyprien Après 5 années de nombreuses démarches, le début d'autres belles histoiress, dès 6ans, et une autre approche des milieux aquatiques qui nous entourent. En l'occurrence, les Lagunes de Merditerranée. Scolaires, péri-scolaires et vacanciers des stages, animations et ateliers pour tous et toute l'année. _Sam Infos et réservations : [email protected] #fishingschool #educationpopulaire #educationalenvironnement #accademiemontpellier #roussillonfishing #sportfishing #fishingguide #samuelelgrishi #stcyprien #pyrenéesorientales #occitanie #catalunya #catchandrelease #spinning #popping #jigging #flyfishing #biggamefishing #ministerejeunesseetsports #pechesportive #pecheloisir (à Roussillon Fishing)
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Du 7 au 11 mai, le 3C vous invite à une semaine d'éducation populaire ayant pour thème "la dimension politique du langage". L’éducation populaire, c’est l’idée d’une éducation accessible à tous, dans laquelle chacun participe à l’apprentissage de tous. Loin des objectifs et postulats de la « méritocratie », l’éducation populaire a l’ambition d’être une formation au dialogue, à l’intelligence collective, au pouvoir de réflexion et de décision du peuple. Durant cette semaine, nous accueillerons plusieurs conférences-forum et des ateliers : théâtre-forum, ateliers de désintoxication à la langue de bois. Nous explorerons ainsi l’idée que le langage est un outil de pouvoir, parfois de domination et d’aliénation, à travers de nombreux sujets comme le féminisme, l’écologie, la problématique des migrations et les discours d’éditocrates. Rendez-vous au 3C du 7 au 11 mai ! #aixmaville #aixmavilleenligne #aixenprovence #aix #aixenpce #paysdaix #aixcity #aixenprovencetourisme #aixois #sortirenprovence #sortirenpaysdaix #igersaix #igersaixenprovence #igerspaca #igersmarseille #educationpopulaire #féminisme #forumtheatre #écologie #langage #migration #politique #intelligencecollective — view on Instagram http://bit.ly/2VcEo87
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bondamanjak · 7 years
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RT @CasesRebelles: #Gwadloup #FamillePostEsclavage #Bwadoubout #EducationPopulaire #rétrospective2017 voici notre lecture de "A la recherche d'une odeur de grand-mère" de Dany Bebel-Gisler, chercheuse et activiste d'une importance majeure, morte en 2003. Bonne lecture ! https://t.co/H6oEvBUoZI
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aumememoment-blog · 8 years
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adkwatts · 9 years
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Formation sac à dos pour le départ autonome des jeunes en séjour #assouvs #jeunesse #sacados #ConseilRegional #Bordeaux #educationpopulaire #vacancesouvertes (à Conseil Régional d'Aquitaine)
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lantidotecollectif · 3 years
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#ecolesfermees #ecolealamaison #blackworkillustrations #ecole #educationnationale #educationpopulaire #jeanmichelblanquer #jesuisenseignant #enfants #enfance #dessin #dessindujour #illustration #illustrationjeunesse #pasdevague (à Paris, France) https://www.instagram.com/p/COS0kXthiR7/?igshid=1168s5u17wwfi
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petitsdebsidf-blog · 6 years
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Venez #explorer et #echanger autour des #sciences avec les @les_ptits_debs_idf ! #educationpopulaire aux #sciences #apprendre à #vivreensemble https://www.instagram.com/p/Bq9gZRvD83T/?utm_source=ig_tumblr_share&igshid=b0klrvdejkyv
Bonjour à tous, bienvenusà la maison de quartier du Vieux-Pays à Tremblay en France. Notre nouveau quartier accueille les enfants et les adolescents le soir après l’école et le collège. Depuis 5 mois les vendredis soir on fait des activités scientifiques. Mais c’est quoi des activités scientifiques ? Ensemble on essaye de comprendre comment fonctionne le monde qui nous entoure. En faisant des expériences. En se posant des questions. Avec des jeux aussi. Et même en donnant notre avis.
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lassautmoria-blog · 12 years
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