Mallarmé was a “master of the dream.” Saint-Pol-Roux declared: “We are the pioneers of the Beyond,” and E.L.T. Mesens said: “Even when asleep, we are tireless.”
Clément Magloire-Saint-Aude, Black, Brown, & Beige: Surrealist Writings from Africa and the Diaspora
Le feu réveille la forêt
Les troncs les cœurs les mains les feuilles
Le bonheur en un seul bouquet
Confus léger fondant sucré
C’est toute une forêt d’amis
Qui s’assemble aux fontaines vertes
Du bon soleil du bois flambant
Garcia Lorca a été mis à mort
Maison d’une seule parole
Et de lèvres unies pour vivre
Un tout petit enfant sans larmes
Dans ses prunelles d’eau perdue
La lumière de l’avenir
Goutte à goutte elle comble l’homme
Jusqu’aux paupières transparentes
Saint-Pol-Roux a été mis à mort
Sa fille a été suppliciée
Ville glacée d’angles semblables
Où je rêve de fruits en fleur
Du ciel entier et de la terre
Comme à de vierges découvertes
Dans un jeu qui n’en finit pas
Pierres fanées murs sans écho
Je vous évite d’un sourire
“A story is told according to which Saint-Pol-Roux, in times gone by, used to have a notice posted on the door of his manor house in Camaret, every evening before he went to sleep, which read: ‘THE POET IS WORKING’.” André Breton, “Le Manifeste du Surréalisme,” (The Manifesto of Surrealism) 1924
La vie ne semblait digne d’être vécue que là où le seuil entre veille et sommeil était en chacun creusé comme par le flux et le reflux d’un énorme flot d’images, là où le son et l’image, l’image et le son, avec une exactitude automatique, s’engrenaient si heureusement qu’il ne restait plus le moindre interstice pour y glisser le petit sou de « sens ». La préséance est donnée à l’image et au langage. Quand vers le matin il s’allonge pour dormir, Saint-Pol Roux accroche à sa porte un écriteau : « Le poète travaillle ». Breton note : « Silence, afin qu’où nul n'a jamais passé je passe, silence !... Après toi, mon beau langage. » Le langage a la préséance.
Walter Benjamin, « Le Surréalisme » (1929), in Œuvres II, Gallimard, 2007
The castle of French Symbolist poet Saint-Pol-Roux, he died of a broken heart when the castle was looted and his writings destroyed in 1940. The castle was taken over by German troops which led to it being bombed and later burned down by allied forces.
To cut a very interesting story short (you can find it on Google, it’s worth the read) Pol Roux, a symbolist poet and play write lived here with his wife & daughter. When the Germans invaded the place was taken and used as a command centre and subsequently bombed by the allies.
This is what it would have looked like.
We headed off towards Camaret to go to the supermarket. Right on the edge of the town we came across these standing stones.
The standing stones of Lagatiar testify that this end of the peninsula was inhabited millennia ago. Current historians place their origin at around 2500 BC.
Similar to the standing stones at Carnac, the alignments of Lagatiar counted in 1776 had a set of 600 stones.
When the site was classified as a "historical monument" in 1883, there were only about 100 left as a result of successive deconstruction.
It is suggested that the alignment of the stones is astronomical and responds in orientation to the constellation of the Pleiades.
We suspect the stones delineated the touch lines for prehistoric football matches.
Enough history for today.
After the supermarket we went back on board.
Still no spider crabs big enough to eat.
Later that evening we invited some Brits across the pontoon, Richard and Penny, on board for a drink.
They came round from L’Aber Wrac’h today in their Hanse 31, which they berth in Roscoff. They are on their way east.
We put the covers up, there may be a spot of rain in the night.
Saint-Pol-Roux et l'inconnu.mov from Candela productions on Vimeo.
Ce film de Gilles Jouault-Modem est une perle rare. Une rencontre avec un personnage hors du commun tant dans sa vie personnelle que dans sa place publique. Le montage signé Benoît Quinon, la musique de Sylvie Jourdan, les idées de tournage de Gilles, les rencontres avec Rougerie l'éditeur qui à plus de 75 ans circulait encore sur les routes pour vendre les livres de "ses" écrivains.
Patrick Lepetit has just published La Tête d'Ogmius: Surréalisme et mythes celtiques, exploring the myths around Lancelot, Tristan, Ankou, Broceliande and others in the works of surrealists and their predecessors, including Alfred Jarry, Victor Segalen, and Saint-Pol-Roux. Available now from Amazon.fr and via the publisher:
Editions des Montagnes Noires
51/53 rue Joseph Le Fur
56110 Gourin
[email protected]
La Religion du tournesol
À Antoine de La Rochefoucauld.
Tout à virer d’après le Soleil qu’ancillairement il admirait, jamais ce Tournesol, fervent comme un coup d’encensoir figé en l’air, n’avait daigné m’apercevoir, malgré ma cour de chaque heure et de chaque sorte.
Œil du Gange en accordailles avec le nombril du Firmament, la fleur guèbre ne voulait se distraire de son absolue contemplation.
L’indifférence de cet héliotrope me rendit jaloux de l’astre.
Naine au début tant que superficielle fille de ma vanité, cette jalousie, foncière dès qu’adoptée par ma raison, prit désormais une envergure énorme.
Mes moindres appétits de rival convergèrent vers ce mystérieux pétale à conquérir : un regard de la fleur.
Pour une telle victoire je mis au vent, l’un après l’autre, tous les moyens de stratégie possibles.
*
Vêtu d’étoffes somptueuses, comme taillées dans un songe de poète pauvre, une grappe adamantine à chaque oreille, les phalanges corselées de bagues, pontife de l’idée sous la tiare ou prince de la matière sous le diadème, j’allai promener autour de la fleur ma braverie de guêpe humaine.
Le Tournesol ne me regarda mie.
Longtemps je m’appliquai à parfaire ma force ainsi que ma beauté, conjuguant la course, le bain, les poids, luttant avec la corne ou la crinière ou le chef-d’œuvre ; une fois, très fort et très beau, je vins, un essaim de vierges pâmées à mes flancs, produire à l’œil incorruptible de l’inexorable idole le verger de ma forme.
Le Tournesol ne me regarda mie.
Jugeant nécessaire de joindre à l’argument du corps celui de l’âme, je lavai dans mes vagues de repentir le corbeau prisonnier en ma personne, puis on me vit parader devant la spéculative avec un roucoulement de colombe aux lèvres.
Le Tournesol ne me regarda mie.
Traversé de la baroque hypothèse que cet œil pouvait n’être qu’une extraordinaire oreille de curiosité je m’environnai de harpes, de violes, de buccins, et, comme au mitan d’un harmonieux brasier, je m’avançai saluer d’une strophe divine l’inflexible.
Le Tournesol ne me regarda mie.
Sa rude margelle en guise de pupitre, je m’abreuvai si bien à tous les seaux jaillis de la Science que les pygmalions copièrent ma renommée et que les édiles votèrent d’épaisses semelles de granit à mes statues sollicitées par les forums.
Le Tournesol ne me regarda mie.
Espérant décisif le moyen de patrie, je fondis sur la multitude étrangère, saccageai ses lois, brisai ses symboles, brûlai ses bibliothèques, pour finalement m’asseoir sur le trône du roi vaincu, dont la langue coutumière de l’ambroisie léchait mes orteils d’apothéose.
Le Tournesol ne me regarda mie.
Si la fleur était simplement quelque étrange malsaine ? complotai-je un jour d’exaspérée lassitude, — et vite d’assassiner une très vieille femme en train d’éplucher des carottes.
Le Tournesol ne me regarda mie.
Découragé, rageusement j’imaginais des combinaisons, inutiles d’avance, — lorsque passèrent sur la route trois Mendiants...
Évangélique, je m’avance.
— Je suis la Semaille.
Dit le premier, aux membres de terre et cheveux de fumier.
Je baisai ses cicatrices, desquelles soudainement vagit un avril d’arc-en-ciel.
— Je suis le Chagrin.
Dit le second, drapé de feuilles mortes.
Je l’enchantai d’espoir, à telles enseignes que sa bouche verdâtre s’ouvrit en grenade et montra des grains de rire.
— Je suis la Vieillesse.
Dit le troisième, couleur de givre et de faiblesse.
Je jetai mon manteau sur ses épaules, lui cueillis un sceptre de houx dans la lande et lui remis les fruits jolis de ma besace avec le sang rosé de ma gourde, si bien qu’il partit la jambe gaillarde et les pommettes riches.
Alors, me prenant sans doute pour le Soleil, le Tournesol tourna vers moi son admiration, — et dans cet œil je m’aperçus tout en lumière et tout en gloire.
Saint-Pol-Roux Les Reposoirs de la Procession (1893)