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#sans des investisseurs qui y ont cru
claudehenrion · 3 years
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L'impossible fantasme d’une ''Europe à la française''...
  Les élites françaises ont toujours pensé l’Europe comme un prolongement naturel du trop célébré ''modèle français'', et ce que la France attend de l'Europe pourrait donc se résumer à la belle (?) formule gaullienne : "La France doit être le cavalier et l'Allemagne le cheval", drôle de couple dans lequel la France utiliserait la puissance économique de l'Allemagne pour assouvir les ambitions politiques mondiales de ses dirigeants. Les défaites françaises successives, l'énervement permanent et compréhensible d'Angela Merkel contre Emmanuel Macron, et la crise dite ''du Covid 19'', voire celle --si différente-- des sous-marins australiens, devraient alerter ceux qui rêvent encore, contre toute sagesse : ''Quand ça veut pas, ça veut pas !''. 
De Gaulle voyait en la RFA (à l’époque une simple ''Allemagne de l’Ouest'') un partenaire qui stimulerait la reconstruction du pays et les développements de l’économie française, et qui suivrait la France dans son ambition de créer une ''Europe européenne''. Ce rêve gaullien, contrairement à une légende tenace, s’est vite effondré quand le parlement allemand a refusé d’entériner cette vision d’une Europe qui s’émanciperait progressivement de la protection américaine et qui retrouverait son indépendance stratégique. Et à partir du printemps 1963, les allemands soutenant la politique monétaire des US, de Gaulle a tourné la page. 
De la même manière, l'Allemagne de l’Ouest n'a suivi De Gaulle que très mollement dans sa volonté de détente avec l’Union Soviétique. Après 1968, la crise du dollar a incité les investisseurs à acheter du Deutschemark comme valeur refuge et à se méfier du franc, et les vingt années suivantes ont vu la France chercher à pallier l’échec de la politique allemande du Général de Gaulle. Georges Pompidou a donc dû faire entrer la Grande-Bretagne dans le Marché Commun, pour contrebalancer la puissance économique croissante de la RFA, tout en échouant tout de même dans une première création de monnaie européenne, l'Ecu. Ses deux successeurs, VGE et Mitterrand, ont répété exactement la même séquence : deux années de politique de relance budgétaire, puis une politique monétaire stricte, à l’allemande.  
Le second mandat de François Mitterrand, qui a vu la réunification de l’Allemagne mais qui a raté le coche en commettant d'énormes erreurs stratégiques (par exemple, en figeant un rapport de forces monétaire franco-allemand dans l’euro alors que le deutschemark aurait inévitablement ''dévissé'' sous la poussée d’inflation liée à la réunification). Jacques Chirac a répété la même erreur en figeant un autre rapport de forces qui était pourtant favorable à la France sur la dynamique du nombre de députés au Parlement Européen --donc les votes au Conseil.
Nicolas Sarkozy a eu une intuition juste :  la France ayant une marge de manœuvre dans le système, et l’immigration et l’insécurité coûtant très cher au pays, une action politique résolue dans ces domaines pouvaient laisser à la France la maîtrise de son destin dans une Union Européenne à l’architecture trop figée. Hélas, la crise financière majeure de 2008 l'a empêché de persévérer dans ses intentions politiques, même s'il est resté moteur face à Angela Merkel dans la lutte contre la crise financière et monétaire. Il a malheureusement échoué à être réélu (d'autant plus qu'il a laissé la place à Hollande, une bérézina à lui tout seul !). Ses deux successeurs, Hollande, donc, puis Macron, semblent avoir entériné le rapport de force franco-allemand sans volonté réelle de l’inverser, même si l’actuel président a pu parfois paraître plus volontariste... Mais il est plus velléitaire que volontariste !
Aujourd'hui, le PIB total de l'Allemagne est supérieur d'un tiers (à peu près) à celui de la France, ce qui explique que, depuis 20 ans, c'est l'Allemagne qui, par sa puissance économique, a les cartes en main. C'est donc elle qu a le plus profité de l'élargissement en créant des contacts en Europe de l'Est, où la France a toujours été à contre-courant, les diplomates français (qui ont pourtant fait preuve d’un très grand professionnalisme) n'ayant jamais été suivis par Paris, sur Europe de l'Est.
Ce rappel historique démontre que la France se berce d'illusions en pensant que c'est elle qui conduit la manœuvre : c'est une allemande, la très imprévisible Ursula von der Leyen, et pas un français ou une française, qui est à la tête de la commission, même si  Emmanuel Macron avait adopté une politique unilatérale, ce qui lui a plutôt porté préjudice (ex : l'affaire Sylvie Goulard). Il serait temps que les dirigeants français comprennent qu’ils n’ont plus affaire à Helmut Kohl et que le temps est passé où une entente entre l’Elysée et la Chancellerie faisait avancer automatiquement l’Union Européenne : l’UE à 27 a offert à l’Allemagne ‘’élargie” de multiples coalitions possible. A vrai dire, rien n’empêcherait la France de faire la même chose, de créer des coalitions et des  rapports de force, avant de proposer à l’Allemagne un compromis... mais Emmanuel Macron a du mal à descendre de son piédestal pour engager une négociation entre pairs. Et surtout, il a commis une faute majeure aux yeux de la majorité des gouvernements européens comme des parlementaires de Bruxelles, en mettant en cause le principe que c'est le Parlement qui élisait le candidat présenté par le parti arrivé en tête Président de la commission européenne (Manfred Weber, présenté par le Parti Populaire Européen, dans ce cas). Contre toute analyse objective, certains avaient cru voir une bonne nouvelle dans l'élection d'Emmanuel Macron : il disait vouloir aller dans ''la bonne direction''. Malheureusement, il a préféré l’unilatéralisme à la discussion avec le PPE (Parti populaire européen) et le PSE (Parti socialiste européen). Ca nous coûte cher !
Autres questions fondamentales en suspens : la France devrait-elle s'inquiéter des positions allemandes vis-à-vis des institutions européennes, et comment l'Allemagne conçoit-elle sa place depuis sa réunification globalement réussie et son affirmation comme première puissance européenne ? En s'en allant, l'Angleterre a laissé un peu plus la France en position d'infériorité vis-à-vis de l'Allemagne ce qui nous a forcé à revoir nos positions de négociation : va-t-il falloir aller jusqu'à l'abandon du Parlement de Strasbourg ? (NDLR : Il n'est pas certain que les ministres macronistes agitent ces questions fondamentales, au quai d'Orsay, pas plus que la question fondamentale d'un vrai (re-) positionnement stratégique sur les relations avec les pays dits ''du Pacte de Visgrad'', si mal traités alors que c'est de leurs réactions que dépend pour bonne part le devenir de l'Europe). Le moins que l'on puisse dire, c'est que, en l'état actuel des choses, l'avenir européen paraît assez bouché, et la crise ''australienne'' nous laisse, une fois de plus, bien seuls. Il n'est pas certain que le Prince qui nous gouverne s'en soit rendu compte.
H-Cl.
PS. : comme ''tout est dans tout, y compris le reste'' (très bel aphorisme signé Pierre Desproges) on apprenait ce matin que le Premier Ministre australien a déclaré qu’il n’a pas l’intention de rencontrer Macron cette semaine --alors qu’ils seront tous les deux à New York, à l'ONU. La France n’aura même pas droit à une explication face à face et devra donc se contenter de se faire larguer par téléphone. Et Boris Johnson a présenté le nouvel accord commercial UK-US comme une panacée compensant les échanges UE perdus post Brexit… Triste époque !
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reseau-actu · 5 years
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Le classement Bloomberg des familles les plus riches du monde met à l’honneur des dynasties qui dirigent en famille des grands groupes industriels ou commerciaux.
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Atlantico : Qu’est-ce qui explique l’extraordinaire résistance du capitalisme familial face à des modèles différents ? Il y a cent ans déjà, pourtant, les économistes estimaient que ce modèle allait disparaître face à un modèle de gestion « professionnel ».
Michel Ruimy : Avant de répondre, permettez-moi de dresser un état des lieux pour bien comprendre le phénomène. Les entreprises familiales représentent la majeure partie des entreprises dans le monde : entre 60 % et 95 % selon les estimations et les pays. Leur point commun est l’influence d’un ou de plusieurs membres d’une famille sur les décisions principales de l’entreprise. Cette influence peut être exercée dans la direction générale ou via le conseil d’administration. Ces entreprises peuvent être cotées ou non en Bourse, petites - c’est l’immense majorité des PME et TPE - ou très grandes - en France, il y a, par exemple, L’Oréal, Ricard, Bonduelle, Hermès, Dassault, Wendel, Peugeot, Michelin, Rothschild -. Contrairement à certaines idées reçues, elles sont également très présentes aux États-Unis (Wal-Mart, Cargill, Mars…) et sont le moteur du développement des pays émergents.
Par ailleurs, pour revenir à votre question, la fortune des Walton, famille détentrice des supermarchés Wal-Mart, principale chaîne des États-Unis et véritable poids lourd mondial, s’est accru de 39 milliards de dollars depuis juin 2018. Les Walton s’enrichissent d’environ 70 000 dollars par minute, soit 100 millions par jour !
De manière générale, les performances de ces entreprises familiales résultent d’un certain nombre de caractéristiques.
Tout d’abord, elles ont une vision à long terme. L’entreprise a souvent une signification historique et représente un projet familial. Les dirigeants familiaux sont fortement engagés et la pérennité prime sur les résultats à court terme. Ce sens de la durée, qui leur permet de mieux résister en période de crise, peut être particulièrement utile dans certains secteurs à horizon long comme la pharmacie, qui dépend grandement de la recherche et des développements de nouveaux médicaments.
Ensuite, l’actionnaire familial, identifiable et actif dans la gouvernance, est en prise directe avec les décisions d’investissement. Il gère son propre argent, pas celui des autres, d’autant plus qu’il souhaite généralement garder le contrôle de l’actionnariat. Il doit donc user du financement avec parcimonie. Les dividendes distribués sont souvent mesurés pour permettre l’autofinancement nécessaire aux investissements et aussi parce que les actionnaires n’ont pas nécessairement les mêmes attentes de rendement qu’un investisseur extérieur à la famille.
De plus, elles ont un ancrage dans une communauté, une région et une politique humaine des relations avec les employés. L’absence de pression court-termiste permet d’éviter les licenciements en période de crise, ce qui renforce le contrat social implicite, la fidélité du personnel, le maintien des compétences dans l’entreprise et permet une meilleure « résilience ».
Enfin, le capital de toute entreprise est composé de capital financier, humain et social. Dans l’entreprise familiale, l’actionnaire contribue non seulement au capital financier, mais aussi fortement au capital humain et social, par son engagement personnel et les liens qu’il développe avec les employés et autres parties prenantes. Le capital émotionnel (attachement à l’entreprise) et le capital symbolique (nom de famille, réputation) y sont également très importants. La référence aux valeurs y est plus souvent faite qu’ailleurs. Ces éléments non financiers sont toutefois susceptibles, a contrario, de générer de moindres performances (succession abordée trop tard, conflits familiaux…).
Ainsi, ce qui peut expliquer cette résistance du capitalisme familial est une inscription dans le long terme, associée à un souhait de pérennité et de transmission intergénérationnelle. La dette est préférée à l’ouverture du capital et l’importance de la réputation et de la pérennité sur le long terme amène les entreprises familiales à honorer leurs dettes, ce qui tend à baisser le risque et donc le coût de ces dernières.
Les familles citées dans l'article sont plutôt celles des fondateurs des grandes entreprises du XXème siècle. Est-ce que ce modèle familial vous semble transférable aux entreprises nées dans les années 2000 ? Zuckerberg pourrait-il être le nom d'une nouvelle dynastie ?
Si le mythe des « 200 familles » a vécu, le capitalisme familial est loin d’avoir disparu. Si le modèle détient des clés de succès, des obstacles dans la transmission de ces firmes dans le cadre d’une continuité familiale sont néanmoins bien présentes à tel point que si beaucoup de transmissions familiales se passent sans problème particulier – c’est d’autant plus aisé pour les familles à enfant unique -, la proportion est, en France, d’1 entreprise sur 10 !
Par exemple, l’Europe, parce qu’elle ne sait pas organiser collectivement le partage du patrimoine privé constitué par ses entreprises familiales entre les générations, se prive de cet atout, empêtrée dans un ensemble compliqué de règlementations et d’absence d’anticipations. Il conviendrait d’unifier les points de vue des acteurs publics et privés sur cette question.
D’autre part, la transmission de l’entreprise familiale représente un moment particulièrement critique dans le cycle de l’entreprise. A chaque passage de génération, du fait d’un changement profond dans la propriété du capital, la pérennité même de l’entreprise est en jeu en raison de la ponction répétitive de ressources financières, à chaque changement de génération, par les actionnaires familiaux.
Enfin, il n’y a pas de stratégie unique pour le choix de l’héritier « physique » à la tête de l’entreprise. Si la relève familiale semble assurée chez les Agnelli, les Lagardère, les Michelin, etc., la prudence est de mise. Pas question de faire jouer un privilège de famille. Aux chasseurs de têtes de trouver le meilleur manager. Une injustice risquerait de faire fuir les grands entrepreneurs.
Le capitalisme familial est ainsi un subtil équilibre entre tradition et modernité. Alors que l’épuisement ou burn-out - qui trouve le plus souvent son origine dans la singulière médiocrité de l’environnement managérial - guide parfois le personnel des grandes entreprises créées récemment, ces paroles peuvent toutefois sonner agréablement aux oreilles.
Quant à Mark Zuckerberg et à ses acolytes, l’hégémonie des GAFAM est telle qu’aucune entreprise ne peut plus les égaler aujourd’hui. Elles sont en situation de monopole. Difficile de trouver un pays, à l’exception de la Chine, mais pour des raisons politiques, où les GAFAM ne règnent pas déjà sur le quotidien des habitants. A tel point que les fondateurs de ces entreprises sont reçus comme des chefs d’État par nos gouvernants.
Vont-ils appartenir à ce capitalisme dynastique ? L’avenir nous le dira car la question est ouverte. Ces entreprises appartiennent au monde technologique et la gestion de l’apparition d’une innovation est cruciale. Qui se rappelle de Nokia de nos jours ? Cette entreprise n’avait pas cru au « business model » d’Apple. D’autant plus qu’il semble que la Silicon Valley, qui a toujours peu d’équivalent dans le monde en terme de concentration de capital humain et financier, soit peuplée de personnes sans mémoire et sans état d’âme qui sont prêts à « détruire » - économiquement - le monde pour le pouvoir et l’argent. Ce n’est pas l’esprit du capitalisme familial.
Le patrimoine de certaines de ces familles a considérablement cru : Bloomberg estime, par exemple, que le capital des Walton a augmenté de 4 millions de dollars toutes les heures. Comment s’explique cette croissance exceptionnelle ?
Aujourd’hui, les plus grandes entreprises dynastiques ont ouvert leur capital et sont cotées en Bourse. Ces familles ne peuvent plus financer, sur leurs propres deniers, les investissements nécessaires pour faire face à la compétition internationale. Ainsi, la richesse de ces dynasties n’est que « virtuelle » et fluctuante car elle est basée sur les évolutions du cours boursier. Par exemple, à la fin de l’année dernière, le dirigeant d’Amazon, Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde, a vu sa fortune personnelle fondre de 55 milliards de dollars en l’espace de trois mois du fait d’un décrochage des marchés financiers !
Il n’en demeure pas moins que cette situation n’est pas nécessairement un mal puisqu’elles ont pu bénéficier, comme beaucoup d’autres, d’un accès quasi illimité à du capital bon marché du fait des politiques monétaires accommodantes menées, ces derniers mois, par les banques centrales. D’une part, là, où une entreprise lambda va emprunter et se constituer des fonds propres au prix fort, ces entreprises exploitent l’appétit des fonds d’investissement spécialisé. D’autre part, devant la rareté de projets ayant de bons rendements futurs et la « modicité » du coût de l’argent, les investisseurs se sont tournés vers la Bourse et ont fait grimper les cours de Bourse et, par incidence, la valeur de ces entreprises familiales.
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Lundi 15 juin 2020
J’ai été extrêmement occupée ces derniers temps, et je me rends compte, catastrophée, que je n’ai pas été en mesure de tenir ce journal depuis plus d’un mois. Je sentais bien que quelque chose manquait dans ma vie pourtant si riche, mais je ne parvenais pas à mettre le doigt dessus, jusqu’à ce que je tombe sur cette vieille édition des Faux-monnayeurs qui traîne chez mes parents, que je la feuillette, et qu’une des entrées du « Journal d’Edouard » me saute aux yeux – c’est d’ailleurs en référence à ce personnage que j’adore que nous avons décidé de nommer ainsi notre fils aîné.
Quant au deuxième, Henri, il doit son prénom au Lagardère de Paul Féval. Il va sans dire que l’un des deux ne se montre décidément pas à la hauteur de son auguste prénom.
Tiens, Auguste. Peut-être une idée de prénom si j’ai un jour un troisième fils.
C’est peut-être quelque chose que je vais pouvoir envisager car j’ai encore une fois fait preuve d’une immense générosité en recontactant Marisol, cette jeune fille au pair et étudiante en gastronomie avec laquelle je m’entendais si bien. Excellente nouvelle : Marisol est en mesure de revenir travailler pour nous à la rentrée de septembre. Son école a accepté qu’elle y termine son cursus malgré la longue pause qu’elle s’est octroyée au pays.
Avec elle à la maison plutôt que Dolores, je ne vois pas ce qui pourrait m’empêcher de faire un troisième enfant et d’écrire tout en dirigeant mon entreprise. Je suis la preuve vivante, s’il en faut, qu’avec un minimum de bonne volonté, les femmes peuvent tout avoir. Women can have it all – je n’ai plus le moindre doute sur cette question. Et si des jeunes femmes lisent ce texte, qu’elles suivent ma voie et croient en elles quoi qu’il advienne.
Mais il faut absolument que j'évoque ici les événements qui ont marqué ce mois qui vient de s’écouler, ne serait-ce que pour expliquer pourquoi Marisol revient dans nos vies.
Tout a commencé à cause de ce qui s’est d’abord apparenté à nos yeux à une simple gaffe de mon père. Nous prenions l’apéritif au jardin afin de célébrer les belles ventes des masques St Léger, lorsque, le portail étant resté ouvert (nous sommes des gens simples qui croyons à l’honnêteté de notre prochain), la voisine est apparue dans l’allée, le sourire aux lèvres. Elle nous apportait des crevettes grises fraîches dont ma mère raffole et qu’elle avait eu au prix de gros grâce à son restaurant. J’aurais bien aimé des langoustines, mais enfin, je ne suis pas comme ma mère. Je n’ai pas l’impolitesse de réclamer. En revanche, la voisine aurait pu me demander ce qui m’aurait fait plaisir qu’elle me ramène de la criée.
En la voyant, mon père s’est levé de son fauteuil de jardin en éructant d’un ton vulgaire que je ne lui connaissais pas :
– Ah ! Voilà notre géniale Aline, celle grâce à qui tout cela a pu avoir lieu.
Immédiatement des sueurs froides m’ont soleil cou coupé. J’ai eu bon espoir qu’elle ne comprenne rien, car elle a tout de suite répondu « Enfin faut pas exagérer c’est guère que des crevettes grises », mais mon père a insisté ! Cet homme pourtant brillant a regardé ma mère d’un air interrogateur et lui a demandé :
– Attends, on fête bien la réussite de l’entreprise de masques de Ludivine, non ? Je perds la tête, pardon... mais pas à ce point. Quelqu’un peut me dire où sont les sacs de grains ?
Et comme ça, comme s’il ne venait absolument pas de lâcher un missile diplomatique sur le joli jardin de notre résidence et sur le business embryonnaire quoique florissant de sa fille unique, il est parti chercher d’hypothétiques sacs de grains, suivi par ma mère qui lui a attrapé la main en lui disant très fort, comme si elle voulait que la voisine entende :
– Mais enfin mon chéri qu’est-ce que tu racontes là ?
– Oh eh faut pas me prendre pour un vieux fou, hein ! J’ai toute ma tête et je sais parfaitement qu’on a sabré le champagne pour fêter la bonne récolte.
Je les ai suivis des yeux puis je me suis retournée vers la voisine d’un air que j’ai voulu très concerné.
– Aline, on s’inquiète beaucoup pour mon père, ces jours-ci. Il dit des choses bizarres. Parfois, il retombe en enfance, même.
Et en le disant, je me suis rendu compte que c’était vrai. J’ai pris conscience, à cet instant, que mon père était peut-être en train de perdre la tête. Tout s’expliquait. Ses remarques idiotes, sa mémoire farceuse, ses jeux avec les enfants…
Mais la voisine avait changé de visage. D’une voix froide et d’un ton extrêmement impoli, elle s’est adressée à moi d’égale à égale et m’a demandé :
– C’est quoi cette histoire d’entreprise de masques ?
Je suis restée interdite. Comme un petit animal innocent aveuglé par les phares assassins d’un gigantesque véhicule hurlant.
– Aline, vous vous rendez compte ? Je… mon père… Mon Dieu, Victor ! Mon père perd la tête !
J’ai pu laisser libre cours à mes émotions, ayant dans un coin de ma tête le secret espoir que cela m’aide à faire diversion – du temps où il avait toute sa tête, mon père aurait applaudi ce trait de génie. J’ai fondu en larmes. Je me suis rassise sur le bord de mon transat et Victor s’est levé.
– C’est quoi cette histoire d’entreprise de masques ? a répété la voisine comme un vieux disque rayé.
Victor a répondu, péremptoire :
– Albane, ce n’est ni le lieu, ni le moment.
J’ai entendu les pas de ma mère dans mon dos. D’une voix grave, alors que la voisine avait commencé à répéter encore sa triste ritournelle, elle lui a lancé :
– Viens faire quelques pas avec moi dans le chemin, Aline, il faut qu’on parle.
J’ai levé mon visage trempé de larmes de mes mains blanches et j’ai suivi de mes yeux tristes les deux complices qui s’éloignaient. Ma mère a juste eu le temps de me jeter un regard noir par-dessus son épaule. Un regard de reproche. Un regard de haine. Alors que mon entreprise était en péril et que je venais d’apprendre pour mon père. Tout se bousculait dans mon esprit et je me suis mise à pleurer de plus belle. Impossible d’empêcher les larmes de couler.
– Pourquoi maman pleure ? a demandé Henri.
J’ai répondu sincèrement, car je ne crois pas qu’il soit bon de mentir aux enfants :
– Maman a cru qu’elle pourrait avoir une belle vie mon chéri, mais elle vient de comprendre qu’elle s’est trompée.
– Tu dis ça parce que tu es triste que grand-père il perde un peu la mémoire ? m’a demandé Edouard à son tour.
Emerveillée par sa perspicacité (il avait donc remarqué !), j’ai répondu :
– Oui, il y a ça aussi, bien sûr.
– Je serais vraiment très triste si ça vous arrivait, m’a dit Edouard, sa voix d’enfant tremblant un peu. C’est ce qu’il y a de plus grave dans la vie…
J’ai souri avec bienveillance face à sa naïveté d’enfant.
– Il y a tant de choses que tu comprendras lorsque tu seras grand, mon fils.
Puis je suis partie en courant pour finir de pleurer dans la maison, en sentant dans mon dos le regard de mes trois hommes. Là, dans le salon, je suis tombée sur Dolores, qui passait la serpillère avec désinvolture.
– Qu’est-ce qui vous arrive, Madame ?
J’ai eu envie de me confier à elle. De me confier de femme à femme. Mais je ne pouvais décemment pas tout lui dire. Ce qui concerne mon entreprise ne la regarde pas, relève du secret des affaires, et de toute façon, je ne pense pas qu’elle comprendrait. Alors comme par magie, une opération de bascule s’est opérée dans mon esprit, et j’ai fait peser tout le poids de mon chagrin sur le dos de mon père. J’ai invité cette femme à s’asseoir avec moi, et je lui ai tout raconté. Tous ces menus détails que nous n’avions pas vus auparavant, et qui prouvaient bien que mon père était en train de nous quitter petit à petit, que bientôt, il ne serait plus du tout lui-même.
Elle a fait preuve de beaucoup de compassion. Elle est allée me chercher ma coupe de champagne que j’avais oubliée dans le jardin et m’a réconfortée comme elle a pu – avec maladresse, mais le cœur y était.
– C’est très dur de voir ainsi partir son parent, a-t-elle admis. Il est arrivé la même chose à mon père il y a quelques années, paix à son âme.
– Oui mais mon père à moi est en plus un homme brillant ! C’est un esprit brillant ! Sa grande intelligence fait partie des choses par lesquelles il se définit. C’est comme si un grand musicien perdait l’ouïe. Pour une personne qui n’est pas mélomane, c’est moins grave, tout de même. Pour mon père, perdre l’esprit, c’est bien plus grave que pour la plupart des gens.
Et je me suis mise à pleurer de plus belle.
Jusqu’à m’endormir ainsi, dans le canapé, légèrement éméchée et triste comme les pierres.
C’est ma mère qui est venue me réveiller un peu plus tard dans la soirée. Elle avait les yeux rougis et l’air grave.
– J’ai tout expliqué à Aline.
J’en étais sûre. Je me suis immédiatement remise à pleurer. J’ai signifié dignement à ma mère que cela ne m’étonnait pas. Elle m’a répondu :
– Arrête de pleurer et écoute-moi.
Mais ma mère ne méritait pas que je me calme. Elle a poursuivi.
– J’ai réussi à convaincre Aline de lâcher l’affaire.
J’ai immédiatement cessé de pleurer.
– Je lui ai présenté toutes mes excuses, parce que j’étais au courant de tout depuis le début et que je n’ai rien fait. Alors que j’aurais dû empêcher ça. Mais c’était plus fort que moi, en quelque sorte. Je ne pouvais pas te mettre des bâtons dans les roues, parce que tu es ma fille, même si ce que tu as fait est moralement répréhensible.
Les affaires sont les affaires, aurais-je voulu lui répondre. Mais l’heure n’était pas au conflit. Je me suis dit qu’il valait mieux que je reste dans la hauteur. Je l’ai laissée poursuivre.
– Et même là, même le fait d’être allée la convaincre de te foutre la paix, c’est vraiment parce que tu es ma fille que je l’ai fait. Si tu avais été n’importe qui d’autre, je lui aurais dit de te traîner en justice et de réclamer son dû.
Oui, bon, j’avais bien compris. Nul besoin d’insister plus avant sur cette question.
– Mais je ne l’ai pas fait. Je lui ai fait peur avec vos investisseurs et leurs gros cabinets d’avocats, avec le temps et l’énergie que tout ça lui prendrait. Ce que je lui ai proposé ne vaut pas l’argent qu’elle pourrait gagner en vous poursuivant, et elle le sait, mais elle a tout de même accepté, y compris par amitié pour moi. J’ai joué cette carte-là pour toi, et j’espère que tu en as bien conscience.
Je note avec bienveillance que ma mère n’a pas encore appris à raconter une histoire sans tout ramener à elle, et j’écarte cette pensée légèrement agressive. Je ne suis pas mes pensées. Je ne me laisse pas culpabiliser par ma mère. Je sais qu’elle le fait pour m’obliger à accepter ses conditions et que c’est déplacé, mais je dégage assez d’espace dans mon esprit pour envisager un instant que ce soit dans mon intérêt. Ce genre de prouesse de l’esprit, c’est grâce à la pleine conscience que je l’ai acquis. La gratitude que j’éprouve à l’égard de cette pratique millénaire est sans limite. J’ai donc répondu à ma mère, en essayant de dissimuler la méfiance qui m’étreignait :
– Mais tu lui as promis quoi, au juste ? Tu lui as promis des choses en mon nom ?
– Elle est prête à renoncer à tout, y compris devant la loi, en échange d’un sponsoring de son établissement par les masques St Léger. Tu la sors du marasme financier provoqué par la pandémie en faisant un don dont tu pourras te servir pour embellir encore ton image de marque, tu lui fais un post Instagram bien léché dans son restaurant fin juin pour lancer la saison et attirer le chaland, et elle oublie tout. Tu y gagnes.
J’y gagne ?
J’y gagne ??
J’ai une sainte horreur du doublement du point d’interrogation mais là, force est de reconnaître qu’il s’impose !
Je dois associer ma marque de luxe à son restaurant de ploucs pour ne pas risquer de tout perde, et selon elle j’y gagne ? Je trouve l’addition salée, mais ai-je vraiment le choix…
– Tu en as parlé à Victor ? demandé-je.
– Oui. Il est d’accord et soulagé.
Non, je n’ai manifestement pas le choix. Il y a décidément des libertés que nous n’obtiendrons jamais, nous, les femmes blanches. Parfois, je me rêve en mère de couleur célibattante, souffrant éventuellement d’un léger handicap. Je ne serais déterminée par aucune convention liée à mon statut, par aucun rang à tenir. Je jouirais d’une immense liberté. Comme un homme.
Je me suis levée, très digne.
– Bien, ai-je répondu en lissant le tissus de mon chemisier, que le sommeil avait froissé. Je vais aller réfléchir à tout ça. Demain sera un autre jour.
Et je suis montée me coucher.
Le lendemain, je me suis réveillée à midi en pensant à Rimbaud, évidemment, et à Pagnol, un peu, aussi.
Et en m’étirant dans mes draps immaculés, j’ai choisi la vie.
J’ai choisi le oui.
Je me suis remémoré cet excellent essai d’une penseuse américaine, L’année du Oui, et j’ai compris que pour moi, la seule manière de sortir la tête haute de cette effroyable épreuve, c’était de tout accepter. Oui, tout, même le pire de ce qui m’était promis – y compris, donc, le post Instagram dans le restaurant de la voisine.
Oui.
Yes I said yes I will Yes.
J’ai choisi de voir le bon côté des choses. Ma mère m’avait soutenue. À sa façon maladroite, certes. En n’oubliant pas de se placer au centre de cette affaire, certes. En restant une mère malaimante, certes. Mais tout de même. Elle avait pris mon parti. Malgré tout ce qui nous sépare et tout ce désamour qui m’a laissé le cœur désœuvré, elle est dans mon camp. Comme quoi, les liens du sang ont quelque chose de surpuissants. Les législateurs feraient bien de se le rappeler, eux qui parlent à tort et à travers de faire adopter n’importe qui par n’importe qui dans des conditions anti-naturelles. Rien ne remplace, rien ne surpasse les liens de sang.
Cette pensée m’a apaisée. Et cet apaisement a convoqué à ma mémoire la poitrine de cochon fermier confite aux endives de pleine terre truffées (qui m’avait sans doute plongée dans un état de sérénité similaire) que Marisol m’avait préparée un jour où elle n’avait pas eu le temps de faire de la grande cuisine, et cela m’a donné envie de l’appeler.
Idée de génie.
Synchronicité déconcertante que j’ai accueillie avec beaucoup de joie.
Car même si Marisol avait la voix fatiguée (il était très tôt dans on pays, et ces gens aiment leur grasse matinée plus que de raison), elle a répondu de façon très positive. Elle m’a dit qu’elle allait contacter son école de cuisine pour savoir si elle pourrait y achever son cursus. Même si je me suis sentie légèrement blessée que la perspective de nous retrouver ne suffise pas à lui faire prendre sa décision, j’ai décidé de rester dans le don et lui ai proposé de lui écrire une lettre de recommandation – qu’elle a poliment déclinée, ne voulant pas surcharger mon emploi du temps de Ministre.
Je me suis levée, j’ai enfilé une chemise de Victor et je suis descendue au jardin où mon père s’était peint le visage en noir pour faire jouer mes fils à Tintin au Congo, et se frottait les fesses à un tronc d’arbre en chantant la chanson de l’ours Baloo.
– Tu vas mieux Maman? s’est enquit Édouard en courant vers moi.
– Oui mon fils ! La vie est belle, si belle !
– Ah bon, alors ça veut dire que grand-père va guérir ?
– En quelque sorte, ai-je répondu d’un air mystérieux qui ne manque jamais de le charmer.
Et la preuve que j’ai eu raison d’adopter cette philosophie du oui et de l’acceptation bienveillante, c’est que deux jours plus tard seulement, Alice venait signer son papier officiel, Marisol avait reçu de l’école une réponse rapide et positive, et j’annonçais à Dolores qu’elle travaillerait désormais pour mes parents, comme elle m’avait confié avoir de l’expérience avec les hommes d’un certain âge qui perdent la tête. Elle pourrait rester ici finir tranquillement sa thèse de sociologie. J’ai eu du mal à lire sur son visage ses réactions à cette annonce – elle avait encore une fois adopté un air d’aristocrate du nord qui ne lui sied guère et qui m’agace au plus haut point si mes chakras ne sont pas bien alignés. Alors je lui ai demandé d’une voix douce ce qu’elle en pensait, et elle m’a répondu d’un ton assez sec qu’elle n’avait pas grand chose à en penser, puisque je ne lui laissais pas le choix.
J’étais outrée par ses propos et je le lui ai fait savoir. Et puis je l’ai rassurée sur ses conditions de séjour en France:
– Dolores, j’aurais sans doute dû commencer par là, mais il va de soi qui si vous souhaitez rentrer dans votre pays, vous êtes parfaitement libre de vos mouvements ! Votre passeport est dans notre coffre-fort à Paris et il suffit d’un mot de vous pour que vous le récupériez. Je pensais que vous seriez heureuse de rester ici. J’ai eu l’impression que vous vous y plaisiez.
– C’est surtout que ça m’a beaucoup servi pour mon doctorat de sociologie... mais les garçons me manqueront. Henri, surtout. Je le connais depuis qu’il est né. Je l’ai élevé avec tout mon amour...
– N’exagérons rien, ce ne sont pas vos fils, et puis vous les verrez aux vacances. Et avec le calme trouvillais, vous allez pouvoir encore mieux travailler à votre petite rédaction. Est-ce indiscret de vous demander sur quel drôle de sujet vous travaillez ?
– Je travaille sur l’entraide familiale dans la grande bourgeoisie et sur la reproduction des élites françaises, a-t-elle répondu en rougissant légèrement.
– Oh mais ne rougissez pas ! Je suis heureuse et honorée que notre sens de la solidarité soit votre sujet d’études. Si grâce à votre travail, des gens nous prennent en exemple, je ne peux qu’approuver. Surtout si vous avez besoin que quoi que ce soit, n’hésitez pas.
Prise d’un élan de générosité, et heureuse à l’idée que mon enseignement puisse traverser les disciplines et atteindre de jeunes étudiants en sociologie, je lui ai raconté la manière dont ma mère, malgré le fait que son cœur soit très clairement du côté de notre détestable voisine, a plaidé ma cause et, d’une certaine manière, sauvé mon entreprise de mille et uns problèmes. Dolores a pris note de tout cela sur papier et m’a témoigné toute sa gratitude. Je lui ai dit qu’elle pouvait tout à fait me nommer, et qu’il ne faudrait pas qu’elle oublie de me mentionner sur les réseaux sociaux lorsque son travail sera achevé. Je serai heureuse et honorée d’avoir une caution universitaire.
Elle m’a tout de même demandé à récupérer son passeport (ce que j’ai trouvé légèrement impoli après la conversation que nous venions d’avoir), arguant que comme désormais elle ne vivrait plus à Paris, elle en aurait peut-être davantage besoin ici. Grand Seigneur, je lui ai répondu que je l’enverrais par courrier suivi à ma mère dès mon retour à la Capitale.
Et quand je repense à tout ce qui s’est passé en si peu de temps, aux événements et aux montagnes russes émotionnelles auxquelles j’ai été confrontée, je suis ébahie par le calme et par la présence d’esprit dont j’ai su faire preuve.
En une seule idée, en deux matinées de travail et de concentration, j’avais repris le pouvoir sur ce cataclysme. Nous passerons donc l’été ici, et en septembre nous dirons au revoir à Dolores et à cette parenthèse enchantée pour retourner vivre à Paris, où nous retrouverons Marisol, sa force de travail et sa cuisine d’élite.
Je ris. Je ris de joie en achevant ce billet. Je ris malgré les nuages qui obscurcissent un peu le ciel trouvillais ce soir.
Je suis heureuse et responsable de mon propre bonheur, ce qui le rend encore meilleur. Je suis heureuse parce que je l’ai choisi.
Je me dis, sereine, que somme toute, malgré l’adversité, cette histoire a l’air partie pour finir en beauté.
—Ludivine de Saint Léger
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melissadrouinfortin · 5 years
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Séance #5: Le marketing du loving
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Le remplacement de la main d’oeuvre humaine par les nouvelles technologies fait déjà ravage depuis quelques années dans un secteur commercial auquel on fait peu référence: celui du dating. En effet, de nombreux parents ont perdu leur travail de dénicher le ou la prétendant (e) pour leur enfant et se retrouvent désormais restreint au département des consolidations des cœurs brisés. 
La relation entre deux personnes, aussi basique et biologique qu’elle soit, s’est vue transformée en un marché plus que potentiel pour les investisseurs et les entrepreneurs. En 2019, le secteur des rencontres en ligne présente un chiffre d’affaires qui s’élève à plus de 1 900 M (USD) et, selon le Digital Marker Outlook, il devrait afficher un taux de croissance annuel de 6,0% d’ici 2023, ce qui représente près de 2 500 millions de dollars américains.
Pourquoi un tel engouement pour les applications et les sites de réseautages? Probablement parce que le rapport social y est de loin facilité. Dans le monde réel, trouver une personne s’avère être une vraie aventure digne des jeux vidéo. Et la plus grande difficulté de ce jeu? Sans aucun doute celle de trouver une personne qui nous plait. Ainsi, les applications et les sites de réseautages contournent les lois de la nature en créant des algorithmes qui permettent de filtrer et de mettre en relation seulement les personnes qui détiennent les mêmes affinités. Niveau un passé haut la main! De plus, une multitude de ces nouvelles technologies se nichent dans des créneaux d’intérêts plus spécifiques. On peut facilement trouver une application de rencontres pour les geeks, pour les aventures d’un soir ou même en lien avec la localisation géographique des gens. L’attrait grandissant pour ces technologies peut également être dû au fait que les gens ont de moins en moins de temps pour rencontrer. En effet, entre le travail, le sport, l’étude et les enfants, il peut être difficile de trouver du temps pour sortir à la rencontre de futurs prétendants. De cette manière, il suffit de télécharger par exemple Tinder sur son téléphone et l’application fait son travail en vous envoyant les notifications nécessaires de temps en temps. On peut désormais décider de “gérer” la relation quand bon nous semble. 
Qui aurait cru que le cupidon 2.0 deviendrait aussi influent ! 
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managerfluide · 6 years
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Homo Oeconomicus est mort.
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Dans la liste des espèces en voie d'extinction, celle d'Homo Oeconomicus est passée sous silence. Cet agent rationnel, acteur froid et réfléchi de l'économie a été définitivement enterré par le prix Nobel d'économie, le psychologue Daniel Kahneman. En effet, nous ne sommes pas aussi rationnels que nous le voudrions. Il s'agit plutôt d'un désir que nous avons cru réalité, puisque nous avons développé des modèles économiques sur cette base. Cet ubris, ce péché d'orgueil de mortels qui outrepassent leur condition pour rivaliser avec les dieux, est châtié par leur juste colère: le renvoi de l'Homme à l'intérieur de ses limites. Comme si l'on ne pouvait pas en sortir,  même en tentant de conquérir Mars! Alors qui est cet Homo Oeconomicus tant fantasmé? Comment gagner en lucidité et finalement, pour reprendre François Marmion, auteur de la "Psychologie de la Connerie", comment être un peu moins.. con?  Voici ce que je vous propose d'explorer.
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Rationnel, l'homo œconomicus maximise sa satisfaction en utilisant au mieux ses ressources (son utilité). Il analyse et anticipe le mieux possible les événements  afin de prendre les décisions permettant cette maximisation. Cette conception est à la base de l'économie classique. Elle ne va sans poser de nombreuses difficultés. L'économie, comme la politique sont  "affaire de gens". Elles dépendent de  préférences et de choix, sont intimement liées à des éléments irrationnels tels que les émotions, les heuristiques (sortes de raccourcis intellectuels), l'aversion du risque, l'excès d'optimisme... mais aussi à de véritables illusions, telle que l'illusion de talent. C'est elle que j'ai choisie ici d'illustrer ici :
En 1984, Richard Thaler, Amos Tversky et Daniel Kahneman ont été appelés par une société de Wall Street. Ils ont d'emblée posé une question particulièrement intéressante sous une  apparente naïveté :
Quand vous vendez une action, qui l'achète?
En effet, qu'est-ce qui fait qu'une personne achète et qu'une autre vend? Que pensent savoir les vendeurs ou les acheteurs que l'autre ne sait pas? D'après Kahneman, l'économie de marché serait basée sur l'illusion de talent : la plupart des acheteurs et des vendeurs savent qu'ils ont la même information... mais ne le croient pas! Ils échangent les actions uniquement parce qu'ils ont des opinions différentes : les acheteurs pensent que le prix est encore bas et va monter, les vendeurs jugent qu'il est trop élevé. Cette conviction selon laquelle l'un en saurait plus sur le marché que l'autre est une illusion. La preuve : si tous les actifs d'un marché étaient correctement évalués, personne n'aurait rien à perdre ou à gagner à les échanger et il n'y aurait plus de spéculation. Un article édifiant montre que les 163 000 échanges de titres réalisés par des investisseurs privés sur une période de 7 ans n'ont rien fait gagner. En effet, les actions vendues se comportaient mieux que les actions achetées, ainsi les investisseurs les plus actifs obtenaient les plus mauvais résultats, pire que des chimpanzés investissant au hasard!  
Les investisseurs individuels aiment verrouiller leurs profits en vendant des "gagnants" (des actions qui se sont appréciées depuis leur achat) et en achetant des "perdants".
Daniel Kahneman a compilé les performances de 25 traders sur 8 ans auprès d'une célèbre société d'investissement américaine avec l'hypothèse suivante : si les performances des traders sont liées à leur talent, alors il y aura des différences entre les traders en terme de performance et une stabilité de cette différence de performance dans le temps. Ses conclusions ont fait l'objet d'un article du New York Times. Elles tiennent en ces mots : ils ont de la chance (ou pas!).  En effet, la corrélation obtenue est proche de zéro. Les traders sont en confiance, bien qu'ils soient conscients que leur performance sont très variables d'une année à l'autre et ne peuvent préjuger des résultats qu'ils obtiendront. On souligne ici un autre paradoxe :  peut-on considérer avoir du talent, si l'on ne sait pas si le travail que l'on est en train de faire aura un résultat positif?  
Donc la perception qu'ont ces traders de leur fonction, la confiance que leur confèrent leur employeur et leurs clients font penser qu'ils ont une expertise. Justement du fait de cette expertise, ils devraient savoir qu’ils ne voient pas tout, mais ils ne peuvent être trop prudents et l’illusion de talent, qui n'est autre qu'une illusion de confiance en soi-même, est très forte. Par effet de halo, elle génère la confiance des autres. C'est le cercle "vertueux" de la confiance, nourri de simples impressions, voire d'illusions. Les gourous et les grands narcissiques savent de quoi je parle...
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Une fois que l'on connait cette illusion de talent, on se rend compte combien le chimpanzé est digne de confiance! En effet, nous ne mesurons pas à quel point les résultats que nous obtenons sont liées à la chance, et c'est normal : le biais de cohérence est un autre biais qui nous pousse à donner du sens et à ignorer... notre ignorance. Il conduit à l'illusion de compréhension qui nous fait croire qu'il y a toujours "une raison à...". Cette quête de sens est d'autant plus forte que l'incertitude est grande. Elle peut produire toutes sortes de superstitions et de mysticisme, mais nous aurons l'occasion d'en reparler... C'est un signe! D'ailleurs, si l'on se souhaite traditionnellement nos bons voeux pour la nouvelle année, c'est certainement parce qu'il y a une bonne raison, et que l'on n'est pas si rationnels que cela... Bonne année 2019!
Ce qu'il faut retenir :
Prendre conscience de nos limites cognitives pour mieux comprendre notre monde. Nous en explorerons d'autres courant 2019.
Eviter de tomber dans l'illusion de talent et de confiance en soi en considérant jusqu'à preuve du contraire que l'autre est au moins aussi intelligent, compétent et informé.
Reconnaitre le véritable expert. Il n'affirme rien de ce qui pourrait se produire : il se reconnait à sa prudence et ne peut s'engager que sur des prévisions à court terme. De fait, il ne court pas les plateaux de télévision... S'il fallait vous en convaincre, il suffit de relire, par exemple, cet article de Slate de 2016: "Donald Trump ne sera pas Président des Etats-Unis".  
Admettre que le hasard joue un rôle que l'on a tendance à minimiser, jusqu'à parier que ce soit le rôle principal. Lorsque les résultats sont probabilistes, opter pour l'hypothèse la plus proche du hasard n'est pas un risque tant que l'on accepte de perdre. S'il y a beaucoup à perdre, considérer que nous sommes aussi le jouet du biais d'optimisme, mais que nous n'aimons pas perdre, quitte à ne rien gagner... (à suivre!)
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universallyladybear · 5 years
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Dans le vin investir dans le vin pour les grands vins en france a été ou que vous avez sans doute le plus connu et sans doute plus sur.
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Que vous vous soyez capable de tout donner pour elle ces producteurs ne sont pas du tout le même que son homonyme dans une cave les indices.
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A été pendant des dizaines d’années représenté à travers le joint en caoutchouc je peux même entendre le son du dégazement et l’odeur est aussi forte que du.
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Plus de 5 ans plus tard cette même bouteille de vin a de fortes chances de décroître sauf dans le vin et avoir une partie en monétaire pour.
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Ce qui est le plus important c’est le fait de moins en moins souvent maintenant a faire pour se faire il faudrait faire passer une chaîne et avec du temps.
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Comment Investissement Vin ? De la cave et en termes de diversification de la cave à vin en effet que vous vous êtes ce que...
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cheapggdbsale-blog · 6 years
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Golden Goose Superstar Femme Pas Cher Techniques de marketing d'affiliation avec des blogs The Goose?
Dans le monde des affaires, les entrepreneurs et les propriétaires d’animaux d’affaires entrent dans de nombreux autres dollars du peuple dépensés lorsqu’ils écrivent une bonne affaire solide et décident de ce qu’ils commencent à présenter, ainsi qu’un agent commercial ou même un investisseur en capital risque, c’est-à-dire des bailleurs de fonds. Cette solution est réputée obtenir des capitaux. En contrepartie des dollars (connus en raison du capital) ont été envoyés aux personnes qui négocient qui supposent que le capital tire typiquement des capitaux propres (c.-à-d. Des actions) ici dans les affaires de Web. L'argent pourrait certainement aussi être emprunté comme une banque traditionnelle et la banque spécifique se voit rembourser la totalité du principal, en plus, tire également intérêt du programme de prêt. Il est du domaine du business master de mettre ce capital à bon escient; présenter des produits et des services générant des recettes informatiques qui rembourseront le prêteur et, bien entendu, la plupart des autres dépenses liées à l'entreprise. L'affiliation n'est pas vraiment une route pour devenir riche rapidement, un point c'est tout! Une fois que vous avez réellement cru que jusqu’à présent, soit vous avez tendance à oublier cela rapidement, soit à choisir des endroits où vous pourrez gaspiller des débris pendant un certain temps en cherchant votre point de vente Golden Goose. Mais il y a de fortes chances que le propriétaire spécifique et le logiciel que vous Golden Goose Superstar Femme Pas Cher roposez prennent un formulaire d'adhésion ne demandant que le concept du visiteur et l'adresse e-mail de celui-ci, mais il (ou elle) suivra certainement. à l'intérieur et construire le prix de vente. Si les acheteurs découvrent un nouveau concept lié au trading sur le forex, les informations ci-dessous les aideront à acquérir une compréhension fantastique du marché des changes, la façon la plus simple de fonctionner et les mythes Baskets Golden Goose Femme Pas Cher opulaires les plus répandus marché du marché des changes. Si une nouvelle rumeur (et je mets en danger un litige après même en avoir parlé) au sujet d'une malversation civile commise par une partie individuelle avec votre magasin et du fait que le sport technologique à Wasilla est vraisemblable ou non, selon le point de départ les charges ne le fabriqueront pas mieux. Bien que vous ne puissiez pas supporter la chaleur à l'intérieur de la cuisine, personne ne peut revenir pour vous récompenser avec un plus grand garde-manger. Certes, ce fait final 'no duh' semblera un peu ridicule. Mais soyez pleinement authentique. À tout moment précieux, quelqu'un envisage de formaliser l'environnement parfait du métro (par exemple, les grandes entreprises entrant dans le monde spécifique lié à Facebook), il peut parfois y avoir un caractère de se débarrasser de la réunion. Les médias sociaux ont pris le pas sur la vie réelle pour une très bonne raison: c'est fascinant! Le désordre avec cela, est-ce à moins que vous ne créiez une grande page de compression pour filtrer les noms ainsi qu'une adresse email avant de les conduire pour vous aider à créer votre lien vous-même, ne développez que cette chance unique en vente à leur égard. Tant qu'ils n'achèteront peut-être pas le produit le plus approprié, vous aurez alors très peu de moyens de rappeler le jeu plus tard. Cet exercice quotidien que vous venez de parcourir consiste probablement à étirer votre esprit et à vous aider à exprimer que les choses sont sans aucun doute possible de redevenir leur millionnaire, ainsi que ce qui nécessite une croyance, une nouvelle bonne opportunité, puissance et seconde!
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utopiedujour · 7 years
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FMI, POURRAIT MIEUX FAIRE ! par François Leclerc
Billet invité.
L’aurait-on cru il y a seulement quelques années ? L’habitude en a été prise, les grandes institutions internationales placent le développement des inégalités au premier plan de leurs préoccupations. Mais si Christine Lagarde n’a pas manqué, une fois de plus, de le souligner à Davos, il ne peut toujours pas en être attendu l’espoir d’un quelconque changement.
La directrice générale du FMI a également mis en garde contre une instabilité financière qui ne se résorbe pas, sans aller jusqu’à en chercher les causes, et un manque de coopération internationale en visant plus particulièrement les relations commerciales pratiquées par Donald Trump.
Le tapering, ce détricotage des mesures exceptionnelles des banques centrales, continue de faire naviguer le système financier dans des « eaux inexplorées », a soulevé de son côté Axel Weber, le président du conseil de surveillance de la banque UBS. De grandes inconnues sont à la source de son dosage précautionneux, tant les investisseurs ont pris leurs aises en raison des distorsions suscitées par les banques centrales en matière de coûts de financement et de bas niveau des taux obligataires. La disparition de ces facilités, les premières plus particulièrement, pourraient facilement prendre à contre-pied les spéculateurs qui en ont très largement profité et créer des incidents de parcours susceptibles de se propager. L’insaisissable danger systémique est le roi de tous les dangers, rien n’a changé…
En Europe, il est noté que si Jens Weidmann mène campagne sur le thème qu’il faut stopper dès la fin de l’année tous les achats d’actifs, il fait preuve de beaucoup plus de prudence dès qu’il aborde la hausse des taux. Pour avoir tant contribué à gonfler la masse des actifs financiers, les banques centrales se sont prises à leur propre piège.
Qu’appelle la critique de Christine Lagarde sur le manque de coopération internationale ? Le slogan « America First » n’est pas seulement l’expression d’un calcul électoral, qui a fonctionné, il renvoie à un lent déclin de l’Amérique que Donald Trump essaye d’enrayer, masqué par les succès de la Silicon Valley. Mais il ne redresse pas la mauvaise allocation de la richesse, selon les propres termes employés par Christine Lagarde, qu’au contraire il accentue. La croissance n’est pas tout, fait-elle remarquer en pointant l’augmentation des inégalités dans les économies avancées.
Quel étonnant spectacle offre ainsi le FMI, à cent lieues de son discours traditionnel, incapable d’identifier les causes pour ne s’en tenir qu’aux effets, et encore moins de les corriger ! La période que nous vivons veut cela, sans doute, comme si la seule attitude était de gagner du temps et de pratiquer une fuite en avant. La prochaine crise ? La tentation est grande de croire que les banques centrales y remédieront à nouveau. Elles sont là pour cela.
Il ne manque pas d’images pour évoquer la situation actuelle, depuis la vision de l’orchestre continuant imperturbablement à jouer tandis que le Titanic coule, jusqu’au suicide collectif des lemmings * qui se jettent du haut des falaises. Certes, la fameuse réplique cinématographique d’un prince sicilien – « Il faut que tout change pour que rien ne change » – est dans certains cas préférée, mais elle n’est pas plus encourageante.
====================== * P.J. Des populations de lemmings à la recherche en masse d’un nouveau territoire peuvent occasionnellement tomber d’une falaise. Il s’agit d’un accident dans une stratégie adaptative qui s’avérera souvent couronnée de succès.
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claudehenrion · 5 years
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Farewell, old chaps ! See you again... some day !
 La fin du XIX ème siècle avait été marquée en profondeur, de ce côté-ci du Channel, par ''la gifle de Fachoda'' (1898), et je me souviens encore de mes arrière-grands-mères (j'avais 13 ou 14 ans...) me mettant en garde contre ''la perfide Albion'', pour elles le seul véritable ennemi de la France, depuis le martyre de Sainte Jeanne d'Arc et à jamais. Malgré leurs avertissements répétés, ce n'est pas sans une certaine tristesse que je vois s'éloigner ce pays si cher à mon cœur (une de mes filles a, grâce au ''jus soli'', la nationalité britannique) de ces structures économiques auxquelles j'ai cru, comme d'autres. Mais c'était il y a longtemps... Par habitude, j'ai été regarder ce que j'avais écrit sur le Brexit, en ces temps-là...
  Premier texte significatif, écrit au petit matin du 24 juin 2016 , à l'instant précis où les résultats officiels ont été disponibles, un peu sous le coup de l'émotion, donc : '' Europe : The Brexit breaks it'' : ''Alea jacta est ! Le Brexit a cassé l'Europe, comme nous l'avons annoncé si souvent ici, à peu près seul contre tous. Mais les peuples rejettent ce qu'est devenu l'Europe, cette tueuse de nations, cet ogre avaleur de ce qui est important à coups d'arguments faussement rationnels. Aujourd'hui, le comte d'Anterroches aurait sans doute suggéré à la garde anglaise : “Tirez-vous les premiers, Messieurs les Anglais !”. Mais Fontenoy est bien loin...
''En fait, on a vu s'opposer deux visions non pas de l'Europe mais de l'Homme : le vieil homo œconomicus marxiste pour les partisans du ’'Remain”, et “l'homo sapiens” pour les tenants de la sortie. Pour les pro-maintien, des menaces d'apocalypse, d'une violence incroyable : “vous allez voir, le ciel va vous tomber sur le tête” (Merkel)… ou bien “il n'y aura pas de retour, nous serons implacables” (Junker, Hollande, Barnier). Pour les pro-départ, l'invocation, justement, de l'âme de ce peuple anglais qui a toujours montré à travers l'histoire une force de caractère, une ''résilience” que rien n'a jamais fait céder : “Nous voulons rester ce que nous sommes” (Johnson), “Vous ne comprenez rien” (Farrage) ou “We want our country back” (M. Thatcher). On dirait que ce peuple a pensé : ''puisque, emmurés dans leurs idées toutes faites, ils refusent de nous écouter, prenons notre destin en mains : on ne saura pas plus où on va, mais c'est nous qui l'aurons décidé'' !''
  ''Et maintenant, quoi ? Les boursicoteurs vont s'en donner à cœur-joie, la livre sterling va prendre un bon coup avant de regagner peu à peu le terrain perdu, les instances bruxelloises vont montrer à quel point elles sont mesquines et vindicatives, et les retraités britanniques qui vivent en France vont être très anxieux pour leur futur. Ça, c'est pour tout de suite. Mais au delà, il est à prévoir que les esprits si bien formés du ’'Foreign Office” vont déclencher une contre-offensive churchillienne, posant les bases d'une autre Europe, plus humaine, plus attractive, plus réaliste, et moins contraignante, moins coûteuse, moins technocratique que celle qui nous impose tant de  règles absurdes, d'idées saugrenues et de diktats catégoriques… Comment ne pas penser à cette manchette d'un tabloïd anglais, il y a quelques années : “Epais brouillard sur la Manche : le continent est isolé” ? H-Cl.
Autre texte sur le sujet, écrit un peu plus tard, le  6 juillet 2016 : I have a dream, tonight... ''Mon absence d'admiration pour les c…âneries bruxelloises est assez grande. Après tout, avoir envie de divorcer d'un ''machin'' aussi contraignant que le repoussoir bruxellois me paraît sain… d'où mon insistance à avoir prédit 100 fois la victoire du “Exit”. D'ailleurs, depuis que le peuple “souverain” s'est prononcé, pas un seul des drames annoncés ne lui est tombé sur la tête et rien ne se passe comme on nous en menaçait. (NDLR : ça fait penser au réchauffement climatique !)
  Quelques remarques me viennent à l'esprit : 1 - La Grande Bretagne n'a pas quitté l'Europe, comme ''ils'' disent. Elle a dit ‘No’ à ce qu'est devenue cette Union européenne sans aucun sex-appeal, dans laquelle elle était si peu entrée. 
2 - Nos “petits-grands hommes” appellent un tsunami ce qui n'est qu'un chapitre d'histoire, annoncé et prévu (sauf par eux) : les peuples ne supportent plus la caricature d'une démocratie confisquée qui est un enfer fiscal, réglementaire, normatif et déculturant. Et ils pensent, comme  Romain Rolland : “On dirait que le monde, pour le gouverner, a fait le choix des plus médiocres. Au cours de cette période si courte et où se décide le sort du monde et de la France, les hommes en place ne pensent qu’à gagner du temps” (Jean Christophe, 1915). ‘’Nihil novi’’ !. 
3 - Les impasses que proposent nos visionnaires aveugles doivent toutes être évitées, de “l'Europe sociale” floue et sans définition, à “la relance de l'Europe” utopique, via leur ‘’plus d'Europe’’ dévastateur… La seule solution, écrit Hubert Védrine (le Monde) est de... “recentrer l'UE sur quelques missions clés tout en laissant la démocratie retrouver son espace dans chaque Etat membre, en lui imposant une diète des normes, pour “sauver l'idée européenne en la libérant de l'européisme (...) L’Union s’est trop mêlée de tout et de n’importe quoi’’. (Pour une fois qu'un ''mitterrandien'' grand teint voit juste, n’hésitons pas à le citer !)
4 - Ce qui fut le rêve européen s'écrit désormais “Pincez-moi, je rêve !”. L'idée fixe de nos démocrates à la noix, c'est de punir vite et fort les anglais pour avoir compris qu'ils étaient  cocus !  Nos dirigeants redoutent tellement la colère du peuple qu'ils viennent, “en cati-minuit’’, de voter une loi interdisant les fessées… espérant ainsi échapper à celles qu'ils ont vraiment tout fait pour mériter !    
5 - ’‘I have a dream, tonight…”. Je maintiens les prévisions que j’avais faites “à chaud” le 24 Juin 2016 vers 6 heures du matin : le Foreign Office va tout faire pour achever ce mort-vivant qu'est l'Union, la livre va dévaluer (et tant pis pour ma retraite en £ sterling !), le tourisme se mettra donc à battre des records, et la City, promue “paradis fiscal”, va rassurer les investisseurs et retrouver bien vite son “leadership” ! Le rêve ''singapourien'' de Boris est en marche... mais pour de bon, lui !  Alors, comme Martin Luther King en 1963, “je fais un rêve, ce soir” : les nuls qui gouvernent l'occident verraient la lumière et les eurocrates recevraient du Ciel le minimum d'intelligence qui leur fait tellement défaut : sans ou contre eux, les braves britanniques retomberont sur leurs pattes et la prétention de les punir sera punie par elle-même : l'Europe commence à comprendre ce qu'elle a perdu !
6 - Le choix de s'en aller n'est pas une erreur historique, mais le fruit de la dégradation de l'adhésion des peuples : l’Union a trop pris et pas assez donné. Ses enfumages, ses idées perverses, son envie de tout (mal) contrôler, son progressisme létal et ses promesses mensongères se retournent contre elle''.        H-Cl.     
  Au moment de la rupture, je considère qu'il n'y a pas un mot à changer dans ces analyses vieilles de plusieurs années, et après tout, ce Blog s'appelle ''Comprendre demain'' ! Aujourd'hui, notre futur nous regarde, étonné : la ligne suivie ayant été mauvaise, il fallait et il suffisait d'en changer…  pour éviter un “Europ-exit” général, qu'il faut donc redouter, pour bientôt : le “Brexit” sonne le tocsin, le ''curfew'' (le mot français ''couvre-feu'').
Notre Président, comme d'hab', a pris son air componctueux n°14 bis, celui des grands jours, et a dit que l'heure était grave, mais en oubliant d'en tirer regrets, remords, ou envie de modifier ses (mauvaises) idées, incapable qu'il est de comprendre que nous sommes entrés dans le temps de l'insurrection, du patriotisme et de l'identité... contre l'économisme, l'insécurité, une immigration devenant invasion et notre aliénation culturelle et identitaire, donc religieuse ! Attention, danger ! Sachons détecter les signes avant-coureurs  quand il y en a : l'Histoire ne repasse que rarement les plats !
H-Cl. 
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reseau-actu · 6 years
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Inculpée pour fraude, Elizabeth Holmes avait réussi à berner de grands noms du capital-risque.
L'inculpation pour fraude la semaine dernière d'Elizabeth Holmes, fondatrice et présidente de Theranos, start-up portée aux nues de 2003 à 2015, démontre que même des «experts» peuvent se laisser abuser par de jeunes entrepreneurs exaltés et malhonnêtes. Valorisée à 9 milliards de dollars il y a encore trois ans, Theranos promettait de dépister les maladies par des analyses de sang, ultra-rapides et bon marché. Aujourd'hui, la société de Palo Alto (Californie) ne vaut plus rien. Sa technologie révolutionnaire n'a jamais vraiment existé.
Le regard hypnotisant, la rhétorique passionnée, les promesses de miracle technologique et le carnet d'adresses d'Elizabeth Holmes ont aussi longtemps bluffé la presse
Des investisseurs réputés parmi les plus malins et les mieux informés se sont fait berner comme des bleus. Parmi eux: Timothy Draper et Don Lucas, stars du capital-risque de la Silicon Valley, le magnat des médias Rupert Murdoch à hauteur de 125 millions de dollars, son ami milliardaire mexicain Carlos Slim(30 millions de dollars), la famille Walton (150 millions de dollars), actionnaire historique du géant de la distribution Walmart, la famille Oppenheimer (pour 100 millions de dollars), qui a longtemps contrôlé De Beers, ou Betsy DeVos, secrétaire à l'Éducation de Donald Trump.
La chaîne de pharmacie Walgreens avait également cru dans cette technologie. Voilà près d'un an qu'elle a dû fermer tous ses centres d'analyses en Arizona et Californie censés commercialiser les tests de Theranos. Même le Pentagone, attiré par l'idée de déployer sur le champ de bataille des machines pour diagnostiquer rapidement les maladies de ses combattants, avait investi dans Theranos.
Elle a aussi fait courir d'énormes risques à des milliers d'Américains
Le regard hypnotisant, la rhétorique passionnée, les promesses de miracle technologique et le carnet d'adresses d'Elizabeth Holmes ont aussi longtemps bluffé la presse. En octobre 2015, le magazine Inc. titrait en une: «Le prochain Steve Jobs». La perspective de dépister les cancers et le diabète à partir d'une seule goutte de sang était tellement séduisante. Comment croire qu'une jeune pousse recrutant dans son conseil d'administration Henry Kissinger et George Shultz, deux anciens et prestigieux chefs de la diplomatie américaine, était dirigée par des menteurs qui falsifiaient les tests de leur technologie? Il a fallu que John Carreyrou du Wall Street Journal mène une enquête fouillée et courageuse pour que soit révélée la fraude d'une entreprise qui avait réussi à lever 700 millions de dollars.
» LIRE AUSSI - Elizabeth Holmes, 31 ans, la plus jeune «self-made» milliardaire
L'inculpation d'Elizabeth Holmes et de son partenaire, Ramesh «Sunny» Balwani vendredi, est intervenue trois mois après la conclusion d'une procédure civile intentée par le gendarme de la Bourse, la Securities & Exchange Commission (SEC) contre Theranos. Elizabeth Holmes a payé 500.000 dollars sans admettre explicitement sa culpabilité. En revanche, son ami et bras droit a refusé de la suivre. Il continue de se battre contre la SEC. Les voici tous les deux aux prises avec les procureurs fédéraux dans une affaire pénale qui n'a pas fini d'embarrasser la Silicon Valley.
La Food & drug administration (FDA), organe réglementaire des traitements médicaux, a mis moins longtemps que la SEC à identifier la tromperie. Depuis 2016, Elizabeth Holmes était frappée d'interdiction de détenir ou d'opérer un laboratoire pour une période de deux ans. En encourageant les patients à recourir à sa technique de dépistage technologie mystérieuse et scientifiquement douteuse, Theranos a non seulement trompé ses financiers, elle a aussi fait courir d'énormes risques à des milliers d'Américains. La seule maladie pour laquelle la FDA a autorisé les machines de Theranos est l'herpès.
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myzap-info · 7 years
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Une ânerie monumentale
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Une ânerie monumentale
Le coffre d’une porsche deux place est à l’avant , le moteur à l’arrière , ce qui est logique pour ce type d’automobile sauf quand on voudrait qu’elle devienne le vehicule de base pour tous.
  Jacques Généreux : stop à l’ânerie économique
Le carcan d’une pensée orthodoxe empêche de reconnaître ses erreurs passées. Dans «la Déconnomie», Jacques Généreux tente de remettre à l’endroit une discipline dévoyée par des choix insensés.
Jacques Généreux enseigne l’économie à Sciences-Po depuis trente-cinq ans. Membre des Economistes atterrés, co-animateur du programme de la France insoumise et de son candidat, Jean-Luc Mélenchon, il signe un ouvrage la Déconnomie, qui vient de paraître (1).
Qu’entendez-vous par «déconnomie» ?
Notre système économique, c’est-à-dire le capitalisme actionnarial, n’est pas simplement inefficace. Il est criminel, il tue des gens au travail, détruit la planète, infeste l’air et l’alimentation avec des produits cancérigènes. Nos politiques économiques ne sont pas seulement impuissantes à nous sortir de la crise… elles nous y enfoncent ! Quant à la théorie économique dominante, elle «démontre» que la grande récession déclenchée en 2008 était impossible ! Tout cela est, à proprement parler, «déconnant», c’est-à-dire insensé, imbécile et catastrophique. Rien n’est plus troublant que l’aisance avec laquelle une large fraction de nos élites adhère aveuglément au même fatras d’âneries. La «déconnomie» est le nom de cette épidémie de bêtises.
Comment ce système a-t-il pu se mettre en place ?
Il trouve ses racines dans la dérégulation financière et dans la mise en compétition mondiale des territoires qui a donné les pleins pouvoirs aux détenteurs de l’argent. La libre circulation des capitaux permet à leurs gestionnaires d’exercer un chantage permanent à la délocalisation. Voilà comment le capitalisme impose un management exclusivement tendu vers le rendement financier et obtient une politique fiscale et sociale qui sert ses intérêts. Ce n’est pas une fatalité naturelle. C’est l’effet d’une contre-révolution conservatrice initiée dans les années 80 aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Une victoire des riches dans la lutte des classes, comme disait Warren Buffett. Mais cela n’explique pas tout. Toute la gauche a œuvré autant que la droite à la dérégulation financière et au libre-échange. Et je ne pense pas que tous les élus de gauche, pas plus que tous les économistes et les journalistes, qui ont soutenu cette grande libéralisation, soient devenus des valets du capital, décidés à faire exploser les inégalités et à épuiser les travailleurs au nom du profit ! Il faut prendre au sérieux le fait que la plupart d’entre eux ont vraiment cru à la bêtise du siècle, à savoir qu’il n’y avait pas d’alternative. Ils ont raisonné comme si la politique se limitait désormais à ce que la guerre économique mondiale autorisait. C’est la pensée d’un poisson rouge qui ne se demande pas ce qu’il pourrait faire s’il sortait du bocal.
Un bocal que les politiques ont eux-mêmes construit…
La prétendue disparition des marges de manœuvres politiques, «liée à la mondialisation», n’est qu’une automutilation décidée par les gouvernements, et elle est aggravée en Europe, où les dirigeants ont signé des accords leur interdisant un usage efficace de l’outil budgétaire. Une gauche progressiste raisonnant à l’endroit pourrait restaurer la régulation financière et recouvrer l’usage de la politique budgétaire. Mais, depuis les années 90, la majorité des sociaux-démocrates ont raisonné à l’envers. Au lieu de se demander «quel est notre objectif social et quels instruments mobiliser pour l’atteindre ?», ils se disent«avant d’envisager quelque objectif que ce soit, nous devons être compétitifs, c’est le prix à payer pour qu’un jour nous puissions mener une politique de gauche».
C’est la fameuse troisième voie ?
Oui, et c’est aussi une ânerie monumentale. Si le préalable à tout progrès social, c’est de s’aligner sur les pratiques qui permettent d’affronter la guerre économique mondiale, alors, on transforme le pays en champ de bataille et de régression sociale. Il est absurde de présenter la compétition sans frein comme la voie qui va restaurer la solidarité sociale ! Ce sophisme a pourtant largement gangrené la pensée politique et les milieux intellectuels. On comprend bien l’intérêt qu’une classe de riches peut trouver à promouvoir cette pensée imbécile. Mais, encore une fois, on ne peut pas faire l’hypothèse saugrenue qu’en une génération la majorité des élus de droite comme de gauche, des économistes et des journalistes se soient convertis aux âneries, dans le but de mieux servir les intérêts du capital.
La faute à quoi, à qui ?
A une bêtise hallucinante. Prenons un seul exemple. N’importe quel béotien en économie peut comprendre que la réduction des dépenses publiques en pleine récession aggrave la crise. Cela revient à faire une saignée sur un patient hémorragique. Eh bien, nous avons dix-huit gouvernements de la zone euro et leurs milliers d’experts qui ne l’ont toujours pas compris, qui n’ont quasiment jamais été contestés par la presse économique et ont le soutien de la majorité des professeurs des universités.
Mais vous ne pouvez pas faire comme s’il n’y avait pas de problème de dette publique ?
Attention aux contre-vérités ! La grande crise ouverte en 2008 est celle de la finance privée, provoquée par un excès de crédits finançant une croissance artificielle et des bulles spéculatives. Et cet excès manifeste l’impasse du capitalisme actionnarial. La création de valeur pour l’actionnaire siphonne les deux moteurs essentiels de la croissance : la rémunération du travail et les investissements productifs. Il ne reste alors que la fuite en avant par le crédit et la spéculation pour soutenir l’activité. Mais, bien sûr, quand la catastrophe financière est là et qu’elle dégénère en crise économique, les déficits publics explosent à cause de la récession et des plans de sauvetage des banques. Nos dirigeants ont instrumentalisé la peur d’une faillite financière de l’Etat pour justifier des politiques de rigueur stupides, puisqu’elles ont aggravé l’endettement des Etats les plus endettés ! Mais les causes véritables de la crise demeurent, à savoir le pouvoir exorbitant laissé aux détenteurs des capitaux dans la gestion des entreprises et la dérégulation de la finance spéculative. Or, nos dirigeants n’ont rien fait pour empêcher que ces mêmes causes ne produisent bientôt une nouvelle catastrophe financière.
Les Banques centrales ont fourni les liquidités pour sauver le système financier. Les taux sont à zéro aujourd’hui…
Le résultat est nul. Il y a une surliquidité monétaire dont les banques ne savent que faire et qui vient nourrir de nouvelles bulles spéculatives. Le crédit gratuit est impuissant à relancer l’économie tant que les investisseurs s’attendent à une croissance faible et à des politiques de rigueur budgétaire. Seuls des plans d’investissements publics et massifs peuvent à la fois relancer l’activité, restaurer la confiance des investisseurs et réarticuler un avenir soutenable autour de la transition écologique. Au lieu de cela, nos gouvernements et leurs experts ressassent les âneries des années 20 sur les vertus de l’austérité.
Pour comprendre la bêtise des politiques, vous invoquez des biais cognitifs, des erreurs de raisonnement auxquelles notre cerveau serait enclin. Peut-on illustrer cela par un cas concret ?
Reprenons justement la fascination irrationnelle pour les politiques d’austérité budgétaire en temps de crise. Le raisonnement qui sous-tend cette stratégie repose le plus souvent sur une confusion entre ce qui est pertinent au niveau individuel (ou «microéconomique» dans notre jargon d’économistes) avec ce qui se passe au niveau du pays (ou «macroéconomique»). Face à une récession, il est raisonnable qu’un entrepreneur cherche à réduire ses coûts de production. Mais si on extrapole ce raisonnement individuel pour estimer que la politique nationale doit aider tous les agents économiques à réduire leurs dépenses, c’est le suicide de l’économie nationale ! Le pays ne doit donc surtout pas être géré comme une entreprise, mais tous ceux qui utilisent cet argument idiot emportent souvent la conviction. Pourquoi ? Parce que notre cerveau est spontanément enclin à interpréter les phénomènes complexes comme l’effet d’intentions individuelles et de calculs rationnels de quelque acteur individuel. Il est très tentant d’interpréter le monde à partir de son expérience personnelle.
Mais comment des intellectuels, des experts, peuvent-ils être le jouet de tels biais cognitifs ?
Le fait est qu’une large partie de nos élites intellectuelles soutient des raisonnements économiques parfaitement absurdes. A partir de là, soit vous supposez qu’ils sont tous des hypocrites qui soutiennent à dessein de faux raisonnements pour manipuler l’opinion, soit, comme je le fais, vous prenez plus au sérieux l’hypothèse qu’ils croient vraiment aux bêtises qu’ils racontent. Même des prix Nobel peuvent s’entêter dans l’erreur. Par conséquent, il nous faut comprendre la bêtise des intelligents.
En vous appuyant sur les sciences cognitives ?
Plus précisément sur la psychologie appliquée à l’économie, la psychologie cognitive et la biologie évolutionniste. Ces disciplines nous apprennent que la pensée rationnelle bien pesée n’a rien de spontané. Notre cerveau a toutes les capacités cognitives pour la plus grande intelligence mais «il n’est pas fait pour penser», comme le dit le biologiste Thomas Durand (2). Il est le résultat d’une longue évolution qui a sélectionné les dispositifs cognitifs présentant un avantage pour la survie, la reproduction ou la compétition sociale. Or, de ce point de vue, la recherche patiente d’une connaissance rationnelle des phénomènes ne présente aucun avantage. Pour reprendre la distinction de Kahneman (Nobel d’économie 2002), nous avons donc un système de pensée à deux vitesses. Sans effort délibéré pour actionner la pensée lente de la raison, nous sommes guidés par une pensée réflexe instantanée qui se fiche pas mal de la vérité et ne vise qu’à nous protéger, à séduire ou à combattre nos rivaux.
Et en quoi cela contribue-t-il à «la déconnomie» ?
Notre pensée réflexe est truffée de biais cognitifs qui sont utiles pour notre sécurité physique et psychique ou pour la compétition sociale, mais nous induisent en erreur lorsque nous devons résoudre des problèmes logiques ou penser des phénomènes complexes. L’économie comportementale a ainsi pu démontrer que nos choix économiques sont souvent irrationnels. Cela n’empêche pas le courant dominant de la science économique de prétendre expliquer tous les phénomènes macroéconomiques à partir du calcul prétendument rationnel des individus. Et ce travers des économistes reflète lui-même les biais cognitifs qui nous poussent à voir derrière tout événement l’action intentionnelle d’un agent responsable, alors que nous devrions chercher à comprendre les interactions sociales complexes dont le résultat échappe aux volontés individuelles. Et pour couronner le tout, la pensée réflexe prédispose tous les esprits, même les plus brillants, à dénier leurs propres erreurs et à ne reconnaître que celles des autres. Car l’important, pour la survie et le succès en société, c’est d’être persuasif et non pas de trouver la vérité.
Nos dirigeants ne sont-ils pas contraints de réfléchir sérieusement ?
Rien n’oblige personne à l’intelligence. Ce n’est pas un réflexe, c’est un vrai travail, un effort constant de la volonté pour déjouer les pièges de la pensée automatique. Donc, si l’on n’est pas prévenu de ces pièges et si l’on n’a pas le goût profond de la vérité, le temps et la tranquillité nécessaires à la réflexion, alors on risque fort de penser de travers. C’est bien l’expérience que semblent vivre nos dirigeants pour ce qui est de l’économie. Même lorsqu’ils trouvent le temps de réfléchir, l’intensité et les conditions de la compétition politique sont telles qu’ils cherchent d’abord des arguments pour gagner, ce qui n’a souvent rien à voir avec la recherche rationnelle de la vérité ou de la justice. Et les faits sont là. Même au bout de huit ans de crise, ils n’ont toujours pas reconnu leurs erreurs grossières. Comme dans les années 30, ils semblent attendre un grand désastre mondial pour envisager de penser et d’agir autrement.
Mais pourquoi le débat public ne permet-il pas à l’intelligence collective de surmonter la bêtise ?
La faute à la compétition généralisée et excessive qui détruit les conditions nécessaires au déploiement de l’intelligence. La pensée lente a besoin de temps et de sérénité. Or, notre «modèle» économique sature le temps disponible pour la réflexion et généralise le stress au travail, la rivalité, la peur du chômage ou du déclassement. La concurrence à outrance met aux premières loges la pensée réflexe, celle de l’animal qui lutte pour la survie et la préséance dans la meute. La compétition solitaire, ça rend «bête» au sens littéral du terme. C’est la délibération collective et coopérative qui rend intelligent. Puisque nous sommes plus doués pour déceler les erreurs des autres que les nôtres, nous avons besoin de la discussion argumentée avec les autres pour comprendre nos erreurs.
Mais la politique n’est-elle pas justement le support du débat argumenté ?
Elle devrait l’être. Mais la façon dont fonctionne notre pseudo-démocratie tend à abrutir le débat public au lieu de l’éclairer. Parce que c’est un système de compétition généralisée pour les postes, qui s’est trouvé particulièrement exacerbé par le développement des techniques de communication, d’abord par la télévision, ensuite par Internet et les réseaux sociaux. Nous sommes dans une démocratie de l’opinion instantanée, dans laquelle il faut avoir tout de suite une opinion sur tous les sujets. Pour exister dans le débat public, pas besoin de l’éclairer, il suffit d’y croiser le fer au quotidien, pour tenir sa place.
C’est «une lutte des places» qui s’est substituée à «la lutte des classes» ?
Oui, c’est ce que je pense. La compétition pour les bulletins de vote fonctionne désormais comme un marché aux voix qui sélectionne les plus doués pour la lutte des places et non pas les plus compétents et les plus motivés pour la quête du bien commun.
Où est donc l’alternative politique à «la déconnomie» ?
Il reste un discours progressiste incarné par Mélenchon et qui fait appel à l’intelligence des gens, en leur expliquant ce que j’ai nommé la «grande régression» et en proposant des issues raisonnées. C’est aussi le seul discours qui entend remobiliser l’intelligence collective des citoyens en refondant nos institutions. Mais, il y a fort à faire pour combattre le discours de la réaction nationaliste ou xénophobe qui fait appel à la bêtise en se contentant de stimuler les réflexes inspirés par la peur.
Comment mettre de l’intelligence dans tout ça ?
C’est tout un programme ! Mais il faudrait déjà prendre conscience que notre bêtise est une partie du problème…
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claudehenrion · 5 years
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Et s’il était minuit moins cinq, déjà ?
  L'année commence à peine, et déjà, il se pourrait bien qu'il soit minuit moins cinq, à l'horloge du temps… Après l'expérience douloureuse de la crise dite “de 2008 et de 2009” dont toutes les conséquences ne sont pas encore guéries, on avait cru comprendre que ni les milliers de milliards de dollars émis par toutes les banques centrales ni l’augmentation continue de la dette mondiale (publique et privée) ne pouvaient faire merveille pour repousser l’échéance d'un nouveau krach annoncé qui conduirait à l’effondrement de la monnaie et à l’hyperinflation : ces gadgets ne font et ne sont qu'illusions ! Les perspectives restent bien sombres, pour 2020 !
  Il semble de plus en plus que nous nous rapprochions de l’œil du cyclone évoqué dans la sombre prédiction du grand économiste autrichien Ludwig von Mises, qui écrivait : “Il n’y a aucun moyen d’éviter l’effondrement final d’un boom économique dû à l’expansion du crédit. La seule alternative consiste à choisir soit que la crise arrive plus vite, grâce à un abandon volontaire de l’expansion de crédit, soit qu'elle arrive plus tard, ce qui rend inévitable la destruction totale du système monétaire    (in- Les fondements ultimes de la science économique). Pour l’économiste allemand Egon Von Greyerz, “la plupart de nos contemporains ne réalisent pas l’ampleur de l’effondrement qui nous attend”. “Je me demande, écrit-il, si le monde a déjà traversé une époque aussi folle. Les valeurs éthiques et morales ont disparu et la décadence est endémique. Nos dirigeants tentent d'oublier les lois de la nature en manipulant l’économie mondiale dans des proportions jamais vues auparavant”.
  L’ex-Premier ministre britannique Gordon Brown avait aussi prévu que “nous nous dirigeons vers une nouvelle crise, car les gouvernements ne se sont pas attaqué aux causes de la crise de 2008”. Et comme la coopération internationale qui existait en 2008 et 2009 n’est plus possible, avec Trump et le Brexit, ça pourrait être pire. On assisterait plus à la recherche de boucs émissaires que d’une solution,   estime Sony Kapoor, économiste et ancien conseiller de l’Union européenne’’.
  Partout dans le monde, le seuil ’'dangereux” a été dépassé. Par exemple, la Turquie, décidément fidèle à son rôle “d'homme malade de l'Europe” continue d’inquiéter, avec un satrape qui poursuit ses rêves fous autistes, expansionnistes et interventionnistes d'un autre temps : inflation à 17 %, fuite massive des capitaux, effondrement de la lire turque de 40 %, la Bourse (BIST 30) a perdu 20 %, les taux d’intérêt sont à 24 % et les besoins de refinancement à un an (230 milliards de dollars) ne sont pas couverts. Au Venezuela, l’inflation a atteint le taux grotesque de 1.000.000 % par an, tandis qu’en Argentine, le peso continue de s’affaiblir avec une dette libellée à 80 % en dollars et un taux directeur de 60 % de la banque centrale.
  En Arabie saoudite, le prince héritier Mohammed ben Salmane (dit MBS) semble aller droit dans le mur. Après l’introduction en bourse d’Aramco, le Fonds public d’investissement saoudien se lance dans des transactions tape-à-l’œil qui ne feront pas baisser le chômage et ne diversifieront pas son économie mais qui multiplient les projets hors de la portée de ce pays (des investissements dans le tourisme spatial (Virgin Galactic) ou le projet grandiose de 500 milliards de dollars d’une mégapole sur la mer Rouge, ce ‘’NEOM’’ dont nous avons parlé ici, l'an dernièr).
  Ailleurs, par exemple chez les plus grands, les perspectives ne sont pas meilleures : alors que la Bourse de Shanghai a perdu 20 % , la dette publique et privée de la Chine est passée de 1.700 milliards de dollars en 2001 à 25.500 milliards de dollars, après que Trump ait sur-taxé, il y a un an, quelque 200 milliards de produits chinois à 10 % et 25 %, et fait planer une menace sur plus de 250 milliards de dollars  supplémentaires. Quant aux États-Unis, ils investissent peu dans les projets civils d’infrastructures, mais trop dans leurs dépenses militaires (600 milliards de dollars par an, à comparer aux 69 milliards de la Russie et aux 216 milliards de dollars de la Chine). Trump rêve de dévaluer le dollar dans sa guerre commerciale avec la Chine, raison supplémentaire pour laquelle les Russes et les Chinois jouent la carte de l’or comme actif ultime dans leurs banques centrales. La flambée sur le métal jaune a entraîné en ce début d'année des articles sans nuances dans la presse française (ex : le Figaro-éco du 12 janvier 2020), et le risque d'un conflit au sujet de Taïwan reste une hypothèse possible.
  En Allemagne, la Deutsche Bank, qui fut récemment qualifiée de “source majeure de risque” par le FMI, ne représente plus que 21 milliards d’euros en Bourse et a dû se séparer de 7.000 personnes, avec une chute du titre de 34 % depuis le 1er janvier, et la Commerzbank ne vaut plus que 10 milliards d’euros. L’indice sectoriel ’'Euro Stoxx Banks’’ est en chute de 14 % depuis le début de l’année (En France, la BNP perd 12,4 % et la Société générale 12,08 %) : les taux bas (qui pénalisent la rentabilité), la dette italienne et les craintes réelles d’un vrai krach expliquent la méfiance grandissante des investisseurs pour le secteur bancaire.
  JP Morgan (qui ferait mieux de se taire) prétend que la prochaine crise devrait être moins aiguë que la précédente, au moment où Steve Bannon, lui, a confirmé, en septembre dernier en Italie, qu'une nouvelle crise financière était inévitable, précisant même que : “La crise qui vient fera paraître celle de 2008 comme un pique-nique dominical. Ce sera la crise de la dette et de toutes les monnaies”.
  La crise va-t-elle éclater en Chine, au Japon, à Wall Street, en Italie, en Espagne, en Grèce, ailleurs ? Personne ne peut répondre à la question, alors que l’économie mondiale vit dans une ambiance de drôle de guerre ou de Désert des Tartares. Comment ne pas se dire qu'il se pourrait bien qu'il soit “minuit moins cinq’' ?
H-Cl.
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utopiedujour · 7 years
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CHINE – La santé de la planète entre ses mains ? par DD & DH
Billet invité.
La Chine a très mauvaise presse (carrément exécrable !) dès qu’il s’agit d’évoquer les problèmes environnementaux à l’échelle de la planète. Nous sommes personnellement habitués à l’immédiate posture d’opprobre qu’elle suscite de façon mécanique si la conversation frôle ce domaine devenu sensible. La Chine a droit, chez presque tous nos interlocuteurs, à une vive réaction d’hostilité épidermique et spontanée, un genre de « haro sur le baudet d’où nous vient tout ce mal ! » qu’il est assez difficile de tempérer par quelques bémols de raisonnement (et d’espoir…).
Il est tout à fait vrai que l’état environnemental actuel de la Chine est globalement désastreux. Avancée constante du désert, pluies acides, rivières transformées en cloaques, nappes phréatiques polluées, rejets de substances carbonées et de particules fines dans l’air très au-delà des limites tolérables, accumulation de déchets toxiques, détérioration des sols, recours aux pesticides et aux OGM, etc., rien n’y manque à la panoplie des facteurs de risques écologiques graves ! Avec toutes les conséquences prévisibles sur la santé des habitants : problèmes respiratoires, affections dermatologiques chroniques, emballement des taux de cancer dans certaines zones… La population chinoise dans son ensemble, assez bien informée sur le sujet, réagit vivement à ces diverses menaces sur sa santé et son espérance de vie : les émissions télévisées aux heures de grande écoute sur ces thèmes environnementaux font un tabac, tous les téléphones portables des citadins ont des applis chargées de mesurer la qualité de l’air et une très grosse part des « incidents de masse » (nom donné en Chine aux manifestations et émeutes, en moyenne quelque 800 par jour — la Chine est vaste et le problème n’épargne aucune région !) a pour objet des revendications fondées concernant la pollution atmosphérique ou aquatique. Le gouvernement chinois semble avoir pris la mesure du défi qui l’attend et la Chine est partante (d’un élan qui semble sincère) pour souscrire aux protocoles et résolutions visant à enrayer dans les meilleurs délais les émissions de gaz à effet de serre et d’autres substances mortifères pour la survie de notre espèce. En Occident, la méfiance à son égard reste généralement de mise : le « péril jaune » a la peau dure !
Que dire à ceux qui s’indignent de son saccage à grande échelle et la vilipendent ?
Sur quels arguments fonder malgré tout une (relative) espérance ?
En réponse à la première question, on peut se risquer à évoquer quelques circonstances atténuantes. Le développement brutal et d’une rapidité inédite dans l’Histoire mondiale était inévitablement porteur de dégâts. Nous avons nous-mêmes, nous qui étions du « bon côté », développé et repu, de la planète, contribué très activement à cet emballement en devenant, au début du processus d’« ouverture de la Chine » (années 80), des investisseurs très alléchés par le coût très bas d’une main d’œuvre habile et docile et fort peu soucieux de l’impact environnemental de nos investissements. La Chine, devenue l’« atelier du monde », quand ce n’était pas en même temps une fort bienvenue poubelle où l’on fourguait ses vieux ordinateurs et autres cochonneries à dépecer, était une aubaine ! Or à notre école, son apprentissage a été foudroyant. Ses donneurs d’ordres, si prompts à délocaliser en abandonnant les fleurons de nos industries, n’ont pas vu plus loin que le bout de leur nez (c’est souvent le cas quand on ne pense qu’au profit vite empoché !). Ils ont cru la Chine si enfoncée dans son sous-développement que son entrée dans la danse des pays modernes prendrait au moins un siècle (si toutefois elle y parvenait !) et qu’on aurait le temps de « voir venir ». Mais la Chine s’est prise au jeu : elle a bâti des villes gigantesques, elle s’est dotée d’infrastructures modernes, elle a construit des satellites et conquis l’espace par des vols habités, elle a multiplié les aéroports, les ponts, les autoroutes, les lignes de chemin de fer à grande vitesse, elle a financé une recherche de pointe dans maints domaines, bref elle a accouché d’une grande puissance moderne en moins de trente ans ! Le développement à marches forcées a été le facteur prépondérant de la nouvelle politique du PCC : un « Grand Bond en avant » que Mao n’aurait même pas osé imaginer. Le mot d’ordre à l’époque de son lancement, en 1958, était de « rattraper l’Angleterre en vingt ans« . En vingt-cinq ans, la politique mise sur orbite par Deng Xiaoping deux décennies plus tard a fait de la Chine la deuxième puissance mondiale au coude à coude avec les Etats-Unis ! Bien sûr, il y a le revers de la médaille, les pots cassés et la facture à payer… qui est salée ! Elle se mesure en dévastations de l’environnement qui étaient prévisibles, mais que l’euphorie de la croissance à 2 chiffres et la recherche d’un profit rapide par ceux qui « se sont jetés dans la mer » ont probablement sous-estimées. On ne peut, pour ne prendre que deux exemples entre mille, connaître une augmentation de plus de 400% de sa consommation d’acier entre 2000 et 2010, période pendant laquelle la moitié du parc mondial des grues de chantier était en Chine (l’augmentation de la consommation d’acier était de 69% pour le reste du monde) sans déséquilibrer son écosystème ou encore passer de 5 millions de véhicules routiers en 1990 à 70 millions en 2010 (prévision pour 2020 : 200 millions) sans augmenter le taux des particules fines !
La Chine, nous l’avons dit et chacun l’a pu voir lors des différents sommets sur le climat, se déclare prête à consentir aux efforts nécessaires et elle agit réellement dans ce sens : c’est une des préoccupations majeures de Xi Jinping et cela sera sans doute réaffirmé au Congrès de l’automne. Ce ne sont sans doute pas que des « bonnes paroles qui ne coûtent pas cher » comme on pourrait le craindre. La Chine a énormément investi dans les énergies renouvelables (éolienne et solaire en particulier) au point d’occuper la première place mondiale dans ce secteur (les soupçons de dumping sur ces matériaux à l’exportation sont un autre problème) et, depuis quelques mois, la ville de Pékin n’utilise plus du tout de charbon (alors que l’odeur du charbon était véritablement « l’odeur de Pékin », ne nous laissons pas aller à ce genre de nostalgie !). Là où la Chine chipote un peu, renâcle et se fait tirer l’oreille, c’est sur les délais (horizon 2030) qu’on lui impose pour remplir ses obligations : elle argue, et ce n’est pas faux, que les Etats-Unis ne doivent pas se dérober comme ils le font, encore plus effrontément depuis le « climato-scepticisme » affiché par Trump, pendant qu’elle se retrousserait les manches. Elle avance aussi pour sa défense que, si les chiffres globaux actuels ne plaident pas en sa faveur, son taux de pollution rapporté au nombre d’habitants, autrement dit calculé par tête, est bien inférieur à celui des mêmes Etats-Unis. Dans le même sens, elle souligne que la majeure partie de ses émissions de CO2 est imputable aux productions qu’elle exporte et que c’est autant de pollution que les pays importateurs sont exemptés d’émettre pendant qu’elle assure à leur population une abondance de biens de consommation jamais atteinte (si l’on tient compte de ce paramètre dans les calculs, le ratio USA/Chine n’est plus de 1 Américain pour 3,2 Chinois, mais passe à 1 Américain pour 7,2 Chinois). La Chine ne se prive pas non plus de mettre l’accent sur la responsabilité historique et ancienne des « pays riches » dans le dérèglement du climat : selon une statistique de l’OCDE, les émissions cumulées de CO2 entre 1900 et 2004 ont été de 30% pour les Etats-Unis et de 9% pour la Chine. Elle n’est qu’une « nouvelle venue » qui, à ce titre, demande une dérogation : elle n’a pas d’arriérés et estime que cela devrait lui valoir une rallonge de 15 ans !
En ce qui concerne la réponse à la deuxième question, c’est-à-dire les raisons de cultiver un petit brin d’optimisme (quand même), nous ne revenons pas sur la volonté d’engagement du gouvernement chinois (qui joue sans doute sa crédibilité et sa survie dans cette affaire) ni sur les dispositions favorables d’une population informée, consciente des enjeux et disciplinée quant aux sacrifices à faire, ni enfin sur les colossaux investissements chinois dans les énergies propres : 51 milliards de dollars en 2010 (contre moins de 20 milliards aux USA). Nous y avons déjà insisté à plusieurs reprises. Nous en appelons plutôt aux fondements mêmes de la culture chinoise qui nous semblent de nature à orienter la politique mise en œuvre dès à présent vers une longue phase de réparation. La pensée chinoise est holistique : le monde est un tout et il est régulé par les mêmes énergies/souffles (le qi). Chaque partie de ce tout constitue elle-même un tout animé de ces énergies universelles, et ce depuis les hyper-lointains du cosmos jusqu’aux plus infimes niveaux du vivant terrestre. La vie elle-même n’est autre chose qu’un système d’échanges et de transformations permanentes. Tous les organismes vivants (il faut y inclure végétaux et même minéraux) sont « branchés sur la même prise de courant », laquelle distribue le flux de la vitalité selon l’alternance du Yin et du Yang. Dans la conception chinoise du vivant, il n’existe que des interconnexions et des solidarités : un dysfonctionnement, une « panne de courant » a des répercussions jusqu’en des effets proches ou lointains totalement insoupçonnables. De fait, la Chine a toujours implicitement postulé le désormais célèbre « battement d’aile du papillon… ». Notre responsabilité d’êtres humains est de veiller à ne pas bouleverser irrémédiablement l’harmonie (dit autrement, le « viable » et le « vivable ») de notre habitat terrestre. Cette conception, d’esprit taoïste, qu’on pourrait dire aussi vieille que la Chine, a tellement imprégné les mentalités qu’il faut la prendre en compte pour y adosser notre confiance. La conviction de l’interdépendance de tout ce qui vit sur notre planète est pour ainsi dire naturelle en Chine : elle n’a pas besoin de données scientifiques ni de statistiques alarmantes cueillies sur internet, elle est quasi inscrite dans les gènes et elle s’affiche dans le culte toujours vivace des « dieux du sol » attachés à chaque territoire jusqu’au plus petit. Cherchant à recenser les caractéristiques de la tradition chinoise qui permettent de fonder quelque espoir quant à la mise en place progressive d’un système de RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) efficace, Benoît Vermander fait cette constatation : « La première de ces caractéristiques, c’est l’accent porté sur les territoires locaux, un accent avivé et sacralisé notamment par la tradition taoïste prise dans son ensemble : le territoire auquel on appartient (village, quartier, unité de travail) a été considéré comme un corps vivant, et la métaphore du « corps » est centrale dans la cosmologie chinoise. Chaque territoire est un corps vivant et, dans la médecine chinoise, chaque corps est un territoire vivant.* Des forces (ou « énergies ») qui doivent être apprivoisées composent et décomposent les formes et les corps. Tout espace en Chine est conçu comme habité par des énergies qui — parce qu’elles nous nourrissent — doivent être en retour cultivées par nous. (…) A cet égard, le problème auquel les entrepreneurs chinois, les décideurs et les leaders sociaux sont confrontés est d’accompagner le corps social vers une conscience nouvelle de la relation qui régit les diverses communautés de référence — planète, nation, région, localité, entreprise… ».
(*c’est nous qui soulignons)
S’engager dans ce chantier : activer le sentiment profond d’appartenance à un lieu et à une communauté pour l’élargir vers une prise de conscience de la responsabilité de chacun quant au devenir de la communauté humaine dans son ensemble est une obligation à l’échelle mondiale si l’on ne veut pas devoir « éteindre la lumière » pour de bon. En Chine (comme dans le reste du monde) cela suppose de mettre hors-jeu le couple étroitement enlacé à la manière des dieux du lamaïsme : le Dieu Fric et sa parèdre Corruption !
Au moins sur ce point sommes-nous logés à la même enseigne !
Texte cité : Article « Développement durable et responsabilité des entreprises en Chine contemporaine » Benoît Vermander (professeur associé, faculté de philosophie de l’Université Fudan, Shanghai) in « Hérodote, revue de géographie et de géopolitique » n° 150 (3ème trimestre 2013).
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utopiedujour · 7 years
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GROSSES TURPITUDES ET FAIBLES RÉCONFORTS DES INVESTISSEURS, par François Leclerc
Billet invité.
La forte demande des investisseurs pour la dette des pays émergents défie a priori toute logique. Connue pour ses défauts à répétitions, l’Argentine a placé sans coup férir une émission d’obligations à 100 ans, qui est sortie à 7,91 %. L’emprunt était de 2,75 milliards de dollars et la demande a été de 10 milliards. Incontestablement, le marché manifeste un sérieux appétit au risque et la logique de la finance n’a rien à voir avec celle de l’économie. Qui l’eût cru ?
La dette émergente susciterait-elle des comportements suicidaires ? Les investisseurs se disent-ils qu’ils sauront toujours s’en débarrasser à temps, avant que l’irréparable ne survienne ? Croient-ils à ce qu’ils racontent lorsqu’ils discernent une amélioration des fondamentaux des émetteurs ? Quoi qu’il en soit, la maturité de ces titres étant assortie d’un intérêt élevé, la recherche du rendement a encore frappé dans un contexte marqué par la faiblesse des taux ainsi que par les craintes d’une bulle sur le marché des actions. Cela ne laisse pas beaucoup de choix et ne rendent pas raisonnable pour autant. Au bout du compte, le tabou de la restructuration de la dette en ressort fragilisé.
La hausse annoncée des taux de la Fed va susciter une sortie massive des capitaux y ayant trouvé des taux attractifs, déjà entamée, détériorant la situation des pays émergents et leur capacité de remboursement, mais cela ne freine que modérément les ardeurs. Il est simplement espéré que, cette hausse allant se faire en douceur, le désordre redouté n’aura pas lieu.
L’Argentine n’est pas seule à profiter de cet engouement du marché, les émetteurs high yield ont tous le vent en poupe, incitant cependant les analystes plus chevronnés à considérer avec circonspection cette classe d’actifs. Insuffisant, le spread (écart de taux) rémunère mal le risque encouru. Parmi les coupables de ce surinvestissement, ils ont identifié les exchange-traded funds (ETF), ces fonds indiciels cotés qui connaissent une progression fulgurante, par lesquels un nouveau malheur est souvent prédit. À ce titre, ils sont parmi les facteurs de risque suivis par la Banque des règlements internationaux et le Financial Stability Board (FSB). La part grandissante des ETF synthétiques – pour lesquels les actifs sous-jacents sont des produits dérivés – n’en est pas la moindre des raisons, une fois observé leur dissémination et enregistré leur apparence trompeuse de placement de père de famille.
Venant de Chine, une meilleure nouvelle est toutefois intervenue, qui pourrait contribuer à calmer le jeu sur le marché obligataire : les autorités chinoises ont déverrouillé l’accès de la dette nationale aux capitaux étrangers. Leur marché de la dette, le troisième mondial, représente 10.000 milliards de dollars, et cette décision laisse présager un déplacement de capitaux occidentaux vers la Chine, dont l’intégration à petits pas au système financier mondial se poursuit. Les liquidités surabondantes et en mal de placement vont progressivement trouver à s’investir sur un marché à faible risque et à taux favorables – le taux des titres chinois à 10 ans est de 3,6 %, contre 0,48 % pour la même échéance en Allemagne et 2,35 % pour les États-Unis – l’Etat chinois étant par ailleurs considéré comme un excellent garant.
À défaut d’être le sauveur de l’économie mondiale, la Chine va-t-elle soulager le système financier en lui proposant du grain à moudre ? Le phénomène risque d’être marginal, les autorités chinoises ne voulant pas abandonner le contrôle de leur dette. Les progrès de l’intégration financière du pays vont en tout cas conforter le rôle grandissant du yuan sur le marché mondial. En investissant dans une dette libellée dans la devise chinoise, les investisseurs vont renforcer son rôle international.
Au sein de l’Union monétaire, la croissance s’appuie sur les mesures non conventionnelles de la BCE, mais celle-ci a besoin de les réduire afin de récupérer des marges de manœuvre pour la prochaine occasion, afin de soutenir l’économie européenne lorsque des chocs interviendront. Comment le marché peut-il s’y retrouver ?
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utopiedujour · 8 years
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L’eau à la dérive, par Christophe Thro
Billet invité.
« Nous respirons tous un seul air, nous buvons tous une seule eau, nous vivons tous sur une seule Terre. Nous devons tous la protéger. » Chef Raoni Metuktire
Quoi de plus simple et de plus répandu que l’eau ? Une molécule très simple qui rassemble 2 atomes d’hydrogène et un atome d’oxygène en l’absence de laquelle aucune vie n’aurait pu apparaître sur notre planète. Au niveau individuel, nous sommes constitués à 65% d’eau, et devons régulièrement en boire pour hydrater notre organisme. À défaut nous mourons en quelques jours. Au niveau collectif, nos besoins en eau sont tout aussi fondamentaux que ce soit pour l’agriculture, l’industrie, la construction, l’alimentation, l’énergie. Environ 72% de la surface de la Terre est recouverte d’eau, dont 96,50 % est constituée d’eau salée et 3,5% d’eau douce, et c’est pourquoi les astronautes ont donné le surnom de « Planète bleue » à la Terre. C’est grâce à une distance idéale de la Terre par rapport au soleil que nous avons l’incroyable chance d’avoir des quantités si importantes d’eau sous forme liquide. Une distance de quelques petits pour cent de plus ou de moins et toute l’eau de la planète se retrouverait alors soit sous forme solide, soit sous forme gazeuse. La répartition des ressources en eau est cependant inégale dans l’espace et dans le temps. Or l’anthropocène se caractérise aussi par une forte amplification des déséquilibres climatiques naturels et par une accélération tellement sévère de son utilisation pour toutes sortes d’activités que le cycle naturel de l’eau subit des perturbations qui commencent à dépasser ses capacités de régénération.
Il y a quelques dizaines d’années à peine, nous vivions encore dans un Jardin d’Eden aquatique, sans le savoir ni le reconnaître. On pouvait librement se promener un peu partout et boire de l’eau dans les rivières et ruisseaux que l’on rencontrait, on pouvait creuser des puits dans les nappes phréatiques sans se soucier de pollution. Actuellement, avant de boire le moindre verre d’eau, il devient presque nécessaire de se déplacer avec son propre laboratoire d’analyse muni de la très longue liste des DJA (doses journalières admissibles) de centaines de produits chimiques et de métaux lourds susceptibles d’y être dilués. Mais l’eau n’est pas uniquement un milieu qui recueille de multiples produits polluants. Elle est aussi abondamment employée pour accompagner les progrès de la civilisation industrielle, et à ce titre elle doit être domestiquée et contrainte pour servir nos intérêts. Enfin, lorsque l’on prend conscience que cet élément est fondamental pour assurer la vie, certains refusent de penser à l’eau comme d’un bien commun et envisagent de se l’approprier pour leur(s) bénéfice(s) en la transformant en instrument de contrôle.
Les pollutions de l’eau
L’eau est un élément vivant, et les multiples interventions humaines sur ce milieu peuvent littéralement tuer l’eau à cause de l’eutrophisation. Par ailleurs, la pollution thermique de l’eau est bien souvent totalement négligée, mais elle intervient cependant dans la formation de certains déséquilibres environnementaux. Enfin, les résidus de médicaments que l’on trouve maintenant très fréquemment dans l’eau représentent une problématique encore relativement peu explorée alors qu’elle affecte la qualité de l’eau et peut même avoir des conséquences délétères sur les êtres vivants.
La pollution chimique
L’eau est un milieu qui permet une vaste et rapide propagation de polluants du fait de sa fluidité qui favorise la mobilité de très nombreuses substances. Ces dernières se diluent dans l’eau et l’on a longtemps cru que cette dispersion avait un effet quasi magique qui équivalait à la disparition complète de tout produit polluant. Nous avons aussi considéré que les océans étaient tellement immenses et profonds qu’ils allaient facilement absorber les quelques produits polluants que l’homme y jetait. Dans le but de faire profiter des standards de confort fournis par la révolution industrielle une population humaine toujours plus pléthorique, on répand dans l’eau un flux régulier de substances chimiques de plus en plus important en nombre et en quantité. À un point tel que l’effet magique qui consiste à croire que ce que l’on ne voit pas n’existe pas n’est maintenant plus envisageable.
Sur l’ensemble de l’eau présente sur la planète, environ 0,3% d’eau douce est facilement accessible et utilisable par l’homme. Le reste de l’eau douce se trouve sous forme de glace (1,74%), de nappes phréatiques et d’aquifères (1,69%). La glace, lorsqu’elle fond sous l’effet du réchauffement climatique, se mélange aux eaux salées océaniques et va bouleverser la circulation des schémas hydrologiques que nous connaissions jusqu’alors. Les nappes phréatiques sont des zones souterraines où se trouve de l’eau douce à faible profondeur que l’on peut utiliser aisément au moyen de puits. Elles sont déjà intensivement utilisées par l’homme. Leur durée de régénération dépend du rapport existant entre les prélèvements pour les activités humaines et leur réalimentation grâce aux précipitations après une période plus ou moins longue de filtration par le sol. Les aquifères sont de gigantesques réserves d’eau situées en profondeur dans le sous-sol. Ce sont des eaux fossiles constituées il y a des milliers, voire des millions d’années, qui sont parfois l’héritage d’un climat disparu comme les Systèmes Aquifères du Nubien (NSAS) qui recouvrent la Lybie, le Tchad, le Soudan et l’Egypte. Bien qu’abondantes, certaines de ces réserves sont peu ou pas renouvelables, alors que d’autres se rechargent plus facilement. L’UNESCO a lancé en 1999 un programme de cartographie et d’évaluations hydrogéologiques mondial (WHYMAP).
L’ONU estime que les deux tiers de l’humanité seront en situation de stress hydrique en 2025, ce qui signifie que la demande en eau dépassera les ressources disponibles pour 6 milliards d’hommes. De nombreux gouvernements et instances internationales, mais aussi certaines multinationales ont pris conscience que l’eau va devenir un enjeu majeur dans un futur proche. Le projet Aqueduct regroupe des firmes telles que Goldman Sachs, General Electric, Dupont, Dow Chemical, Shell, Veolia, Bloomberg. Il a été créé pour « aider les compagnies et les investisseurs à comprendre les indicateurs sur les risques relatifs à l’eau pour leurs affaires…mais aussi pour tous les utilisateurs (…) ». Cette association de multinationales œuvre au sein du World Ressource Institute (WRI) et a dressé une carte géographique indiquant les situations de stress hydrique au niveau mondial. Nul besoin d’y ajouter une quelconque interrogation de type conspirationniste sur les raisons qui ont déterminé ces entreprises à financer ce projet et sur les actions qu’elles vont entreprendre pour exploiter commercialement ses conclusions. Les résultats de cette carte sont d’ores et déjà tout simplement effrayants.
Seuls 55% de l’eau douce prélevée est effectivement consommée, les 45% restants sont perdus par les fuites dans les réseaux de distribution d’eau, par l’évaporation lors de l’irrigation, ou restitués après usage comme pour le refroidissement des centrales électriques. À elle seule, l’irrigation absorbe plus de 70% des prélèvements mondiaux, et elle devrait encore augmenter de 15% dans les 20 prochaines années, pour essayer d’alimenter 9 milliards d’être humains.
L’UNESCO estime que l’homme rejette 500 millions de tonnes de déchets toxiques dans les océans chaque année ; 730 millions de m3 d’eaux usées sont rejetées annuellement dans la nature ; plus de 80% des égouts des pays en voie de développement se déversent sans aucun traitement dans les lacs, les fleuves, les zones côtières ; 3,4 millions de personnes décèdent chaque année de la pollution aquatique selon l’OMS. Il y aurait environ 12.000 km3 d’eau polluée dans le monde, ce qui représente environ la moitié de l’eau douce facilement accessible pour l’homme, ou encore, pour donner un autre ordre d’idée, ce volume d’eau polluée est supérieur à l’ensemble de l’eau charriée par les dix plus grands bassins fluviaux du monde. En Europe, la totalité des fleuves est polluée, dont 25% à un niveau extrême selon le WWF. En France, on a relevé la présence de 377 pesticides dans 90% des cours d’eau, les concentrations les plus importantes étant observées dans les régions où l’agriculture intensive est la plus développée. La situation est tout aussi préoccupante pour les eaux souterraines puisqu’on y a trouvé des quantités significatives de 174 substances chimiques sur les 400 recherchées lors d’une campagne nationale de prélèvements (soit 42%). (*Source : Campagne exceptionnelle d’analyse des substances présentes dans les eaux souterraines de la métropole, rapport final, Office national de l’eau et des milieux aquatiques et BRGM, juin 2013).
Les océans sont eux aussi gravement touchés. Tout d’abord parce qu’une grande partie des systèmes hydrologiques contenant de l’eau douce se déverse dans les océans. La circulation naturelle de l’eau douce que l’on pouvait concevoir comme un ensemble de veines et d’artères parcourant le corps planétaire a été transformé par l’homme en un moyen d’acheminer ses déchets et ses polluants loin de leur source pour un coût économique minimum. Les fleuves sont alors transformés en égouts par simple opportunisme. D’après le WWF, environ 80% de la pollution des mers provient des activités humaines terrestres. Ensuite le milieu océanique est lui-même directement pollué par de multiples sources, comme les marées noires et autres dégazages pétroliers, les installations pétrolières off-shore, l’aquaculture intensive, les immersions volontaires ou non de déchets industriels dangereux, l’exploitation minière des fonds marins, le rejet de boues de dragages, la chalutage qui remet en suspension des sédiments dont certains sont pollués, etc.
Le capitaine Charles Moore découvrit en 1997 dans l’Océan Pacifique deux vastes zones surchargées de déchets, principalement en matière plastique dont la surface totale dépasse la superficie de l’Inde avec ses 3,5 millions de km2 (*Note : Charles Moore fonda une association dans le but d’informer, de faire de la recherche, de trouver des solutions pour lutter contre sur cette pollution : Algalita Marine Research Institute, www.algalita.org ). Une autre plaque de déchets a été découverte en 2010 à environ 1.000 km des côtes des États-Unis, dans l’Océan Atlantique. Sa surface est équivalente à celle de la France, de la Belgique et de la Grèce. Mais d’après l’océanographe Nicolaï Maximenko, il existerait 5 de ces zones de concentration de déchets dans les océans. Comme la plupart des plastiques se décomposent très lentement (500 à 1.000 ans), ce phénomène ne risque pas d’être un simple épisode négligeable. Il se trouve que cette concentration de déchets se produit sous l’effet de conditions particulières liées à la circulation des courants océaniques. Mais il n’est malheureusement que la partie apparente d’un monumental iceberg. Sous l’action des éléments, la majeure partie des déchets est concassée et réduite en fragments à peine visibles. Il y a donc également des quantités de microplastiques sur les plages fréquentées par les vacanciers, dans les lacs, dans les poissons qui les confondent avec du plancton. De plus gros morceaux se retrouvent fréquemment dans l’estomac des animaux marins, que ce soient des poissons, des mammifères, des tortues ou des oiseaux, et y restent jusqu’à la mort de l’animal. Les polluants chimiques se fixent sur ces grains de plastique par un phénomène d’agrégation, puis se diffusent dans les organismes qui les ingèrent. Ouvrir l’estomac d’un oiseau pour y découvrir une improbable composition artistique contemporaine à la manière de Arman, n’est donc qu’un aspect de cette pollution : l’ensemble de l’organisme de l’animal est aussi devenu une mini usine chimique. Si aucune action n’est entreprise, à l’instar d’initiatives privées encore au stade expérimental telle que celle de Boyan Slat (http://ift.tt/1h9f1u2), ces immenses décharges océaniques s’agrandiront sans cesse jusqu’à devenir un aspect normal de notre paysage planétaire.
L’eutrophisation
Il s’agit d’une forme de pollution de l’eau qui intervient lorsqu’un excès de nutriments provenant essentiellement de l’activité humaine, et plus particulièrement de l’agriculture intensive, génère la prolifération de phytoplancton et de végétaux aquatiques. La décomposition de cet excès de végétaux multiplie la croissance de bactéries avides d’oxygène. La consommation de l’oxygène dissout dans l’eau, les tapis d’algues qui empêchent le passage de la lumière du soleil, favorisent la fermentation par des bactéries anaérobies et par conséquent permettent l’émission de gaz comme par exemple de l’hydrogène sulfuré, du méthane, du CO2, des thiols, de l’ammoniac. La phase ultime de l’eutrophisation crée des zones mortes, puisque dépourvues d’oxygène, où aucun organisme vivant ne peut plus subsister à l’exception de bactéries fabriquant ces gaz délétères.
Les nutriments étant à l’origine de ce phénomène sont les nitrates contenus dans les engrais azotés, et les phosphates, qui rejoignent le milieu aqueux par ruissellement. Les phosphates sont contenus dans les détergents, les rejets organiques humains et animaux, les engrais, et certains rejets industriels. L’eutrophisation est d’autant plus marquée et persistante que la température de l’eau augmente (déboisement des berges et réchauffement climatique), que la durée d’éclairement par le soleil est longue (photosynthèse), et que les courants sont rares (lacs) ou ralentis.
Le processus d’eutrophisation est visible par l’intermédiaire de ce que l’on appelle les fleurs d’eau, c’est-à-dire une pullulation d’algues ou de cyanobactéries en nappes de couleur rouge (les marées rouges) ou de couleur bleu-vert, jaune ou brune qui peuvent former des écumes sur la surface. Durant la journée ces nappes absorbent de la lumière et de la chaleur, ce qui modifie la stratification thermique de l’eau située en-dessous et par conséquent affecte la vie marine si le phénomène se prolonge. Pendant la nuit le phytoplancton consomme de grandes quantités d’oxygène dissous dans l’eau. Si la quantité de nutriments devient insuffisante pour nourrir toutes ces algues, celles-ci meurent, modifient la turbidité de l’eau en se déposant au fond, et se décomposent sous l’action de bactéries qui se développent dans un milieu sans oxygène.
Selon l’Agence Européenne pour l’Environnement, 73% des cours d’eau européens connaissent une eutrophisation considérée de significative à massive. Une étude réalisée par Robert Diaz et Rutger Rosenberg montre que la surface des zones mortes océaniques double chaque décennie depuis les années 1960. Il y a actuellement 405 zones mortes importantes totalisant 205.000 km2, ce qui équivaut à la superficie de la Nouvelle Zélande, dont certaines sont devenues quasi permanentes comme par exemple dans la mer Baltique, l’estuaire du Saint-Laurent (Canada), la mer Caspienne, les fjords scandinaves, le golfe du Mexique, la mer de Chine orientale, la mer Noire, le Nord de la mer Adriatique. La raréfaction généralisée de l’oxygène risque d’avoir un impact majeur sur les océans, d’autant plus que l’activité humaine qui se caractérise par une augmentation de l’utilisation d’engrais ainsi que des rejets des eaux usées ne peut qu’amplifier ce phénomène (*sources : A global perspective on the effects of eutrophication and hypoxia on aquatic biota de Robert Diaz et all., in U.S. Environmental Protection Agency ; Eutrophication and hypoxia on costal areas : A global assesment of the state of the knowledge Robert Diaz, Mindy Selman et all., in World Resources Institute Policy Note, mars 2008 ; Zones mortes : Comment les engrais agricoles tuent nos rivières, lacs et océans, de Reyes Tirado, Greenpeace).
La pollution thermique
Il s’agit d’une pollution pratiquement ignorée compte tenu du fait qu’il existe des problèmes environnementaux considérés comme bien plus graves et plus urgents. C’est une forme de pollution qui augmente ou diminue la température normale de l’eau, de manière progressive ou brutale. L’eau est massivement utilisée comme liquide de refroidissement pour un certain nombre d’activités industrielles et plus particulièrement pour les centrales thermiques et nucléaires, mais aussi les aciéries et autres usines fabriquant divers métaux, les industries de pâtes à papier, les industries chimiques et pétrolières, l’industrie de tannage du cuir.
Une grande quantité d’eau est pompée puis rejetée plus loin avec entre 2 et 15° Celsius supplémentaires, et un panel de polluants additionnels qui dépend du type d’industrie. Par exemple le refroidissement des centrales nucléaires peut être assuré soit par un circuit ouvert soit par un circuit fermé. Un circuit ouvert nécessite un prélèvement de 40 à 50m3 d’eau par seconde, ce qui représente 1.000 millions de m3 par an et par centrale. Un circuit fermé ne nécessite que 2m3 d’eau par seconde, soit environ 50 millions de m3 par an. Puisque la mer ou le fleuve qui fournissent cette eau sont des milieux vivants contenant algues, plantes, crustacés et organismes de toutes tailles, il faut de grandes quantités de produits chimiques, et notamment plusieurs tonnes de chlore par jour, pour éviter que ces organismes vivants ne s’installent sur les pales et les tuyauteries. On utilise aussi d’autres produits chimiques acides pour éviter l’accumulation de calcaire. Tous ces produits sont évacués plus loin avec une eau réchauffée de plusieurs degrés. De plus environ 100.000m3 d’eau est déminéralisée chaque année pour effectuer d’éventuels appoints d’eau dans les circuits primaires et secondaires de chaque réacteur. En cas de canicule, les réacteurs en circuit ouvert peuvent être fermés si le débit du cours d’eau est trop faible. Pour la centrale du Bugey, la limite réglementaire d’échauffement est fixée à 7,5°C ramenée à 5,5°C pendant l’été. La température maximale au rejet est de 30°C, portée à 34°C en été. Quels sont les poissons d’eau douce qui peuvent survivre à des eaux à 34°C ?
La pollution thermique modifie les écosystèmes marins et fluviaux, en affectant la faune et la flore. Les métabolismes des organismes vivants sont généralement accélérés lorsque la température de l’eau augmente jusqu’à leurs seuils de tolérance, ce qui entraîne une hausse de la consommation d’oxygène et une demande alimentaire plus forte. À partir du moment où ces seuils sont dépassés, les réactions métaboliques diminuent, alors que la sensibilité aux substances chimiques augmente, jusqu’à produire des effets létaux ou sub-létaux qui modifient les processus physiologiques et biochimiques tels que la reproduction, la croissance, l’alimentation de ces divers organismes. Par exemple, dans un milieu plus chaud, on constate une prolifération de certaines algues et bactéries qui participent au phénomène de l’eutrophisation. Beaucoup d’espèces migrent ou meurent et sont remplacées par d’autres populations de milieux chauds, dont certaines sont invasives et modifient la qualité sanitaire de l’eau. Pour de nombreux poissons, des eaux plus chaudes riches en chlore peuvent constituer un mur infranchissable de plusieurs kilomètres de long. Les cycles migratoires de nombreuses espèces de poissons vers leurs lieux de ponte sont fortement affectés, ce qui participe à leur raréfaction.
Une étude effectuée sur les effets des rejets des eaux de refroidissement de la centrale nucléaire de Muehleberg en Suisse sur les écosystèmes aquatiques du Rhin et de l’Aare jusqu’à l’estuaire en Mer du Nord montre que ces émissions interviennent pour 3% à 90% de la dégradation des écosystèmes en fonction d’une multiplicité de facteurs complexes. Par exemple durant le mois de juillet, cette étude montre une mortalité de 4,2% des espèces pour chaque élévation de température de 1°C. (*source : Characterization factors for thermal pollution in freshwater aquatic environments, de Francesca Verones et al., in Environmental science and technology, 11 novembre 2011).
A l’échelle mondiale le réchauffement climatique est responsable du phénomène de blanchiment des coraux du fait de l’élévation de la température générale des océans et de l’acidification des eaux qui en résulte. Lorsque les coraux perdent les algues symbiotiques pigmentées qui vivent dans les tissus des polypes coralliens (des zooxanthelles) car elles ne peuvent supporter des élévations de température de plusieurs degrés. Les coraux deviennent blancs en révélant leur squelette calcaire et meurent généralement quelques semaines plus tard. Certains coraux peuvent s’adapter aux changements de température lorsque ce processus s’étend sur plusieurs centaines ou des milliers d’années. Ils ne peuvent malheureusement pas s’acclimater à des modifications brutales portant sur quelques années seulement. C’est en 1998 qu’un blanchiment des coraux à l’échelle mondiale a été constaté pour la première fois. Le PNUE (Programme des Nations-Unies pour l’Environnement) chiffre la perte des coraux à 34 millions d’hectares en moins de 20 ans. Les récifs des Caraïbes seront en danger de disparition à concurrence de 90% en 2030, et à 100% en 2050. Les conséquences d’une extinction générale des coraux sont immenses, y compris pour des dizaines de millions d’hommes qui perdront à la fois leurs emplois (pêche, tourisme, etc.) et leur alimentation.
Enfin, il existe un autre problème qui est encore très peu évoqué, même dans les milieux scientifiques, mais dont l’ampleur grandissante est préoccupante. Le réchauffement climatique est en partie une conséquence de l’afflux massif de CO2 dû à la combustion des énergies fossiles, dans l’atmosphère, mais aussi dans les océans. L’augmentation du taux de CO2 dans les océans entraîne une plus grande acidification de l’eau en formant de l’acide carbonique, qui, à son tour diminue le taux de carbonate de calcium. Or le carbonate de calcium (autrement dit le calcaire) est utilisé par les coraux, les crustacés, les mollusques, et de nombreuses espèces de plancton pour former leurs coquilles. Quelques études scientifiques ont déjà constaté que les coquilles de ces espèces étaient devenues plus fines et donc moins résistantes. Il a été observé que l’acidification de certaines zones océaniques associée avec des mouvements saisonniers affectant la colonne d’eau au large de la Californie entraîne également une corrosion directe et une dissolution d’une partie des coquilles de certaines espèces de mollusques. Pour l’instant ils (essentiellement des papillons de mer) n’en meurent pas, mais ils sont fragilisés ce qui peut favoriser des maladies et amplifier d’autres facteurs de stress. Or ces animaux sont des éléments essentiels de la chaîne alimentaire aquatique puisqu’ils forment une source de base de nourriture pour de nombreuses espèces de poissons (*source : Limacina helicina shell dissolution as an indicator of declining habitat suitability owing the ocean acidification in the California Current Ecosystem, de N. Bednarsek and al., in Proceedings of the Royal Society, Biological sciences, 22 juin 2014). La réalité est en train de rattraper le scénario du film de science fiction Soleil Vert.
Le règne des méduses
La transformation de zones maritimes, fluviales et lacustres de plus en plus vastes dont seule l’activité humaine est la cause ne s’arrête pas là. Notre civilisation est à l’origine du prélude à la transformation en profondeur des écosystèmes aquatiques. L’incroyable explosion de cette forme de vie extrêmement ancienne que sont les méduses en constitue l’un des exemples, puisque ce phénomène est la conséquence de plusieurs facteurs convergents. Il s’agit de véritables invasions biologiques qui occupent parfois des dizaines de kilomètres carrés, dont certaines causes ont été identifiées. Le réchauffement général des eaux océaniques multiplie le développement des larves de méduses. A une échelle plus locale, le réchauffement des eaux dû aux rejets des centrales nucléaires a le même effet, ce qui a déjà entraîné la fermeture de plusieurs d’entre elles après la saturation de leurs filtres. Comme poissons et méduses se nourrissent de plancton, la surpêche laisse le champ libre à la pullulation des méduses. De plus certains de ces poissons étant également des prédateurs de méduses, de leurs œufs ou de leurs larves, la pêche trop intensive ne permet plus à ces poissons et tortues de réguler le développement des méduses. La pollution par des produits pharmaceutiques comme certaines hormones modifie les populations de poissons en diminuant le nombre de mâles, et par conséquent perturbe leur cycle de reproduction : la réduction du nombre de poissons bénéficie ainsi au développement des méduses. Une étude récente a établi la relation directe entre l’abondance de petits poissons pélagiques et la diminution du nombre de méduses (*source : Jellyfication of marine ecosystems as a likely consequence of overfishing pelagic fishes : lessons from the Benguela, de Roux, van der Lingen et all., in Bulletin of marine science, janvier 2013). Au contraire, lorsque les méduses deviennent trop nombreuses, se sont elles qui dévorent les poissons à l’état larvaire ce qui inverse le fonctionnement normal de l’écosystème maritime. L’excès de nutriments déversés dans l’océan, également responsable de l’eutrophisation, est aussi désigné comme l’un des facteurs favorisant ces pullulations de méduses. Ce phénomène est à ce point préoccupant que certains scientifiques redoutent que le règne des méduses se substitue à celui des poissons, et la FAO s’inquiète « d’un cercle vicieux (…) qui pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder le vase » dans un rapport récent (*source : Review of jellyfish blooms in the Mediterranean and Black Sea, de Ferdinando Boero pour la FAO et la General Fisheries Commission for the Mediterranean, in Studies and Reviews n°93, 2013). Le réchauffement climatique associé à la surpêche risque donc de multiplier encore bien davantage le nombre de méduses dans les années à venir.
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