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Alive in the Catacombs
There’s a deeply disconcerting feeling when you enter the Paris Catacombs for the first time: an eerie silence that gradually transforms into a soothing calm, a peculiar humidity in the air, a sensation of stepping into another world—just beneath the bustling, noisy, chaotic Parisian surface.
It starts with a long, seemingly endless corridor leading to the ossuary. The dirt floor. The echo of footsteps. And then, finally, you enter the realm of the dead—centuries of history, millions of lives gathered here, and you can’t help but imagine those lives: their beginnings, their endings, and those who granted these souls eternal rest.
When we first entered this place to prepare for the filming of what would become Alive in the Catacombs, we were immediately faced with numerous and complex production constraints: how to carry equipment down the narrow spiral staircase of over 130 steps? How to transport our cameras, cables, and the band’s gear along this massive corridor? Where to plug in our lights in a world where electricity is scarce? How to film underground, nearly a fifteen-minute walk from the surface, in the humidity and the constant 14°C temperature of the Catacombs? How to capture sound in such a space?
The answer came directly from Queens of the Stone Age when Josh gave us the key to understanding what he wanted to create in this singular place—a place that seemed to have haunted him for decades: “The Catacombs must be the main character of this live performance.”
That sentence led us to make a radical decision, in a time when the race for the extraordinary and overproduction seems endless: there would be no need for electrical outlets because we would use very few electric instruments. There would be no flycases, only a small team, minimal gear, handheld or fixed cameras, the most organic sound capture possible, and limited battery-powered light sources to reveal the eerie beauty of the Catacombs to the outside world—values and cinematic principles we’ve long championed at La Blogothèque, especially in our Take Away Shows series. It was then that we all understood this film would be like no other.
Josh not only embraced the constraints of the location in his creative process—his approach to sound, the band’s setup, and the unique reorchestration of Queens of the Stone Age songs—but he also wanted to honor the Catacombs, to respect their centuries of history and those who rest there forever. This is mainly why the Catacombs agreed to host this very special shoot, allowing their own teams to join us in this crazy adventure with an artistic openness that proved invaluable.
The Catacombs were no longer just a filming location—they became a protagonist in the film, a character the band would interact with. The crypt became the first space where we’d discover them in semi-acoustic mode, accompanied by strings, chains, and sanding blocks used as percussion. The holy water font became the place where we tightened the frame, blending the sound of dripping water from the ceiling with the music. The arcades were where bows, instruments, and bodies merged in a tight sonic ballet. Almost everything was to be filmed hand-held or on tripod, up close with the band, using a unique camera setup designed by our director of photography, Théo Fauger, which allowed images to overlay and the band to merge with the location, and vice versa—Queens of the Stone Age becoming the Catacombs, and the Catacombs becoming Queens of the Stone Age.
And then, the unexpected happened—Josh’s health suddenly deteriorated, and he did what none of us had imagined: he pushed ahead with the shoot, gritting his teeth through the pain, with a makeshift cot set up in the guts of the Catacombs so he could lie down between takes, gasping in pain every time our director, Thomas Rames, called “cut!”
We filmed for over twelve hours that day. Twelve hours of performance and movement through the last place you’d want to be—one imagines—when you’re suffering as Josh was that day. We’ve had shoots canceled for far less.
Josh’s unstoppable energy and that of his band, the urgency that drove him to stay upright despite the pain, carried us all. Their desire to create something beautiful, unique, and organic as well. All of it to celebrate the Paris Catacombs and the music of a band whose meticulous sense of melody has rarely been showcased in this way. It’s all of these shared intentions that led to this extraordinary live performance—the result of a collective search for beauty and authenticity, which gave birth to Alive in the Catacombs, a film we’re all so proud of today. And to a shoot we’ll never forget, both for the human connections it sparked and for the cinematic freedom it offered us.
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JANVIER Se réveiller tôt. "Non mais je veux juste que cette année soit bof, pas de hauts, pas de bas, juste bof". Les copains. "Ta veste, c’est parce que tu pars à la chasse ou bien ?". Niquer. Un canapé qui ne passe pas dans l’escalier. "Pivot! Pivot!" Un film sur une île en Islande. Niquer. Gorbatchev. Le premier doute. Un anniversaire plein de paillettes. Fidji. Une IRM en mode Kraftwerk. Niquer. "Mais du coup t’es ma meuf ? Oui". L’homme providentiel. Le jeu de la bouteille. Mitski et les aboiements d’Ecco. "Toi, soit tu es l’homme de ma vie, soit dans 6 mois je découvre qu’il y a 150 meufs derrière et que t’es taré". L'instinct putain. Niquer. J’ai eu la fève. Le ministère de la galette. Un chien mignon et une couronne. Un bœuf bourguignon. Le rejoindre au milieu de la nuit. Les petits papillons dans le taxi. Niquer. Des centaines de messages par jour. Cette impression de s’être trouvés. Poser des portes de placard. Une casquette bite. Des illuminations. Lui prendre la main dans le froid. Niquer.
FÉVRIER Se faire accueillir sur le quai de la gare avec un petit chien et des ballons. Je ne savais pas encore qu’il était hyper malin. Construire une scène dans le vide. Buffy. Une vidéo pour la Thaïlande. Ranger des placards. Milkshake. Une expo photo un peu nulle. Jouer au billard dans un hôtel vide. Jouer au yams dans un hôtel vide. Baiser jusqu’au petit matin. Ses mains. Un mariage en mode Ken Loach à Londres. "On ne sait pas quoi dire donc on va faire un solo de flûte". Ils l’ont fait. Son premier anniversaire sans lui. Le cœur brisé d’avoir dû le quitter. Une immense engueulade par sms. 9h de train. Ne jamais sortir avec un musicien. "Elephant Gun" ta mère. Je déteste Berlin. Se faire voler toutes nos caméras. Du Fervex. Une nouvelle passerelle. Retrouver un jardin. Refaire le monde avec un gamin. Il faut visiblement bac +7 pour poser une porte de lave-vaisselle. Une demande en mariage à l’autre bout de la Terre. Les Libertines. C'est moi ou il ne s'intéresse pas aux gens ? L’Australie me manque.
MARS J’adore avoir les mains dans la terre. Mon salaire en honoraires de véto. Dormir avec son t-shirt. Stranger in my own skin. Une faille en forme de vulve. Zazie dans le métro. "The best way to scare a Tory is to read and get rich". Joe Talbot et Aymeric Lomperet ne sont pas la même personne. Ricky l’adolescent a 20 ans. La maison qui redevient celle des copains. Un passeport français. Jouir si fort. "Tu savais pas que je pouvais squirter ?". Attendre Aya. Rigoler avec Aya. Parler signes astrologiques avec Aya. L’Atlas des Îles Abandonnées. Lighter stealer. "If I give you a Chanel necklace and you choke on it, that’s your problem, not mine". Perdre ma boucle d’oreille préférée. Les Raclures. Dire au revoir à sa glycine de trente ans. Des plantes. Plein de plantes. Non, vraiment, beaucoup de plantes. Une porte de frigo. Des stores gris alors qu’ils devaient être blancs. Adam Green ou Bill Ryder-Jones. Ce ne sera finalement ni l’un, ni l’autre. Mon premier tatouage fête ses 12 ans. L’heure d’été, enfin.
AVRIL Une araignée. Deux araignées. Trois araignées. Trop d’araignées. Planter des trucs. Elle est partie il y a deux ans. Putain, deux ans. Ripley. Il est si beau quand il jouit. Il ment déjà, mais je ne le sais pas. Un camélia. Une nouvelle glycine. "Dimmi quando tu verrai, dimmi quando, quando, quando, quando". Le regarder hurler des chansons italiennes en faisant des pâtes carbo. Tomber amoureuse. Me faire un peu pipi dessus en pogotant au concert de Kneecap. "What are we gonna do tomorrow night? The same thing we do every night, Pinky. Try to take… drugs". Camille. Le cœur qui lâche. Reconnaître cette immense tristesse dans les yeux de mon amie. Sauter sur un lit habillée en licorne magique pour essayer de la faire rigoler. Un nouveau meuble. "Les naufragés" pour s’endormir. Trop de ti punch. Un parkour ivres à 19h30. 40 ans. Les boucles d’oreilles que j’avais repérées. Il est très fort. Je ne savais pas que j’allais bientôt les détester. Tous les gens que j’aime réunis au même endroit. Caro, Marine, Valen, Juju, Sarah. Des chorégraphies improbables. Un ballon requin. Un voyage à Naples. Le sac que je ne m’étais jamais offert. Une bague avec six pierres. De la plongée. Les Chatputes. Une chanson ego trip 3000. Un trauma crânien. Un DJ set cramé. Je les ai tous couchés.
MAI Le jeune part à New York. Une infection à l’œil. Un mal de crâne à se taper la tête contre les murs. Je crois que mon chien ne l’aime pas. L’émotion qui submerge en écoutant Mahler. Des squelettes de dinosaures. "Did you see the stylish kids in the riot"? La fameuse veste rouge. Aelred. Finir ivres au Connetable. Le meilleure plot twist d’amitié de l’année. Visiter les catacombes en gueule de bois. C’est silencieux en bas. Trois nouveaux maillots de bain. Repeindre le vert en blanc. Lui offrir une brosse à dents. Hyères. Baiser en oubliant de fermer la porte de la chambre d’hôtel. "T’as vu, on est encore habillés pareil". Se baigner dans l’eau glacée. Le vent. Des photos de mon cul. Il occupe même mes fantasmes, c’est inattendu. Des orgasmes. Plein d’orgasmes. Me sentir dépassée. M’abandonner. Une galère de passeport et des visas oubliés. Un retard d’Eurostar. Faire des câlins à des bébés. C’est beau le Royal Albert Hall. Faire du trampoline sur le toit. Le vertige. J’ai toujours aimé monter aux cimes des choses. Josh Homme en pyjama. Commencer à douter.
JUIN Être fascinée par la bassiste de St Vincent. Avoir 8 ans au Muséum d’histoire naturelle de Londres. Suki. Sabrina, Jonny et leur tatouage bite à Clermont-Ferrand. Mon père et sa casquette bite à la pêche. Porto. Se sentir en sécurité entourée de gens bienveillants. Un tattoo pas cicatrisé. Manger du poisson au bord de l’océan. L’anniversaire de Nicolas. Des paillettes. Se baigner. La pluie. Être trempée. Danser. Me faire cueillir par un concert sur le fil de The National et pleurer parce que je sais que j’ai bien fait de le quitter. "The System Only Dreams in Total Darkness". Retrouver mes certitudes. Me retrouver. Des montages Photoshop limites. Des fous rires. Un puits. Des crânes. Sa randonnée. Je suis tellement heureuse qu'on se soit trouvés. Travailler, travailler, travailler. Ecco sur son transat. "J’aime bien la musique de ces jeunes garçons". Pete Doherty en djellaba. Passion feux d’artifices. J’aurais dû me douter qu’il y avait un problème puisqu’il n’a pas aimé. Marielle et Colette. Une fausse couche. S’approcher du burn out. Tenir parce qu’on n’a pas le choix. Voter.
JUILLET Des chiens. Du soleil, enfin. Terminal 1. Dublin. J’aime bien les Irlandais. Porter une prod, porter des gens, porter des caisses. Nicki Minaj ne s’est jamais pointée. Tracer des cercles dans l’herbe. Un téléphone lancé et rattrapé. Alice, Élie, le fils de Cillian Murphy. "Hold your mistake up" qu’il disait. Chialer devant les résultats des élections. Ma vie a basculé le jour où j’ai découvert l’existence du "kids temperature" pour le café. Un vol à 5h du matin pas annulé. Le RER, le royaume des morts. Le mec est le sex appeal incarné. "À chaque fois qu’il chante, je crois que j’ai un début d’érection". J’aime bien quand il dit mon prénom. Ne plus sentir la fatigue. Non en fait ok je suis épuisée. M’endormir la tête posée sur ses genoux. Se dire je t’aime bourrés. L’aéroport, encore. Un écran sur Times Square. La bouche géante d’Ana qui se reflète sur le toit. Je vois bien que les gens ne pigent pas ma passion pour les crashs d’avion. "Je viens d’avoir un pilote qui décollait, il a dit que ça ne le dérangeait pas". Le jour J. Les nerfs qui lâchent aux premières notes. Anousonne. On l’a fait. Putain, on l’a fait. Le fantôme sur le toit, c’est moi. "Playground Love". L’amour ivre. L’ivresse amoureuse. Le COVID. "T’es toujours avec ton mec ? Oui, pourquoi, qu’est-ce qu’il a fait ?". La descente d’organe. Dali. "Mon dimanche typique ? Voter NFP". Il ment. Mais il ment très mal. Mais il ment pour rien. Ma naïveté m’emportera. "Mais du coup, tu veux quoi, toi ?". La théorie des quatre saisons. Des promesses. Se projeter. S’aimer. Lui pardonner.
AOÛT Le doute. Un doute plein de certitudes. "Non mais t’inquiète pas, je me suis fait tester". La cathédrale, noire. Mes yeux, noirs. Son cœur, noir. Vouloir y croire. Le silence absolu, un refuge. Darcy, Joe et Myola à Royat. Mon vernis fond sous la chaleur. Se cramer le cul sur un toboggan aquatique sans eau. Ecco a toujours été très douce avec les enfants. Le sommet du Puy-de-Dôme. Un après-midi à faire des chorégraphies dirigées par une môme de trois ans. La légèreté. "Ondine, I love you". La transmission. Nos 114 ans. Le sang. C’est toujours bizarre qu’elle ne soit pas là. Boire trop vite. Finir cuitée comme une ado. Des plongeons dans la piscine. Des plongeons dans le lac. Du pédalo. Du canoë. Pagayer. Le doute bordel, ce doute. Jonathan, Orso et Déborah à Vulcania. "So long as men aren’t stepping up, women’s empathy needs limits". Il est là, mais il n’est pas vraiment là. L’emmener dans mon endroit préféré. Baiser. Douter. Rock en Seine. Massive Attack les yeux fermés. Est-ce que je savais que tout aller basculer assise à la table de la cuisine à 6h du matin, cramée ? Scroller. La nausée. Le vertige. La tachycardie. Vouloir le fracasser. Il n’avait même pas de code sur son téléphone. "Combien de meufs putain ? Je sais pas, j’ai pas compté". M’effondrer dans des bras familiers. L’incompréhension. Et puis, la sidération. Il me dég, c'est immédiat. Aurèl, Jenni. Des messages, des mensonges, des voix que je ne connais pas qui me racontent mon année. La sororité. L’afficher. La tête qui tourne. Ne pas dormir, ne pas manger. Allongée sur le sol de la véranda les mains pressées dans le sol. Il nous baisait toutes pareil, putain. "Tu es sûre qu’il était présent ?". Non, il occupait le terrain. "Ça va aller". Mais ta gueule ça va aller. Chaque minute était une illusion, un mensonge organisé. Même ses weekends chez sa mère, c'était pas vrai. Il ne s’est même pas protégé, il ne m’a même pas protégée. Pleurer avec un spéculum dans la chatte. Des prénoms, tellement de prénoms, ne plus s'y retrouver. "Non mais toi, tu es forte". Je n’en peux plus d’être forte. L’Homme aux mille visages. Me faire border par mon père à 40 piges. Cette horrible impression d’avoir été contaminée par un virus. En fait, c’est pas mal le Xanax. Rester sidérée.
SEPTEMBRE Les yeux dans le vide, incapable de penser. Raconter. Re-raconter. Performer la même histoire sans fin. La représenter. Biarritz. Un coucher de soleil. Le voir partout. Me sentir totalement déconnectée de ma garde rapprochée. Rire sans y croire. Nager. Finalement, il n’y a que l’eau qui m’apaise. "Je ne sais pas comment j’ai pu me contenter de ça, de toi". Putain mais en fait je me faisais déjà chier avec lui. Marie. L’imposteur. L’Italie. Revenir pour la première fois dans ma ville, vingt ans après. Fouler ses pavés. Retrouver les mêmes têtes, inchangées. Parler italien. Reprendre des tics de langage oubliés. Danser dans la rue jusqu’au petit matin. "Je me souviens plus de la porte de ton immeuble, mais ça, je te garantis que c’est la fenêtre sur laquelle on avait baisé". Je ne sais pas si tous les chemins mènent à Rome, mais ma vie ne fait que m’y ramener. Des pâtes, du limoncello, des pizzas. Il a toujours été comme ça. Même à 20 ans, il mentait. Partir en furie d’un bar. Mon ex qui me court après. Pleurer sur les marches d’un immeuble à Belleville. Lui raconter, se tenir la main, se dire à quel point, nous, on s’aimait. Danser sur Kiasmos. "Si j’avais su, j’aurais emmené de la MD". "Tu vois ce moment où il déconnecte et qu’il n’est plus là ?". Un peu que je vois. Ses poils et sa putain de salade de riz. Les quinze ans du meilleur chien du monde. Raconter, encore. Cet immense besoin de vérité. Ne pas pleurer, ne plus pleurer, ne plus en pouvoir de pleurer. Il a faké le COVID pour aller se bourrer la gueule avec ses potes, ok. Partir sur un coup de tête à Tanger. Partir à l’arrache. Aller à Larache. Là où l’océan Atlantique et la mer Méditerranée se rejoignent. Laurence, Victoire. "Évidemment". Sexter le passé sans conviction. Le meilleur poisson que j’ai jamais mangé. Savoir qu’il a déjà recommencé.
OCTOBRE Un pyjama en soie. S’offrir des fleurs. Composer des bouquets. Tout brûler. Des collants avec "bite me" écrit sur les fesses. S’emballer comme des ados appuyés contre la vitrine du Five Guys de Répu. Du bleu cerclé de noir, j'avais pas vu. La cuite du vendredi soir. Pisser dans la rue et parler à des inconnus. "Our Lights". "Pink Matter". Nique le travail. Il est aussi manipulateur qu’il est manipulable en effet. Les 50 ans de Chryde et un nouveau DJ set flingué. Des confettis. Se brosser les dents côte à côte comme si on se connaissait. Il a la peau aussi douce qu’une murène. Se plaire mais ne pas se désirer. Habiter à la Gaité Lyrique pendant cinq jours. Produire un festival avec la crève. S’allonger sur des tables. S’allonger par terre. S’allonger. Du Fervex. Un café, deux cafés, trois cafés, trop de cafés. Des selfies dans les miroirs. Se réfugier dans les coursives, toujours. Andine. Pierre. Mon t-shirt Britney. "Si t’as des attentes, prends tes jambes à ton cou et fuis". Ok. "Tu es une grande respiration dans ma vie" alors que j'aime pas trop l'idée d'être expirée. Je dois vraiment avoir une résilience en béton armé pour continuer à ouvrir mon cœur après ce qu’il m’est arrivé. Hurler sur "L’Envie d’aimer". Tenter d'admettre l’impossible. La dernière fois que je suis allée à Anvers, c’était pour niquer. Cette gare, Esther, Nick Cave. Des larmes qui coule sur mes joues. Pour une fois, je crois que j’étais belle en train de pleurer. Mercredi Addams. Une fiole de poison au spritz.
NOVEMBRE Beaucoup de films. Un puzzle. Lancer une bûche dans le feu pour faire comme si je le brûlais. Des space cookies. "On est d’accord qu’il est 13h30 et qu’on est tous cramés ?". Darkside, collés, et des baisers. Pogoter sur Metz comme si ma vie en dépendait. Ne pas le reconnaître alors qu’il était juste devant moi. Son fond d’écran. Je pensais qu’on passerait le concert ensemble, main dans la main, comme avant, mais ce n’est pas comme ça que ça devait se dérouler. Avoir la conviction profonde que j'ai bien fait. Flotter dans le bain pendant des heures. La longue route de Bernard Moitessier. It’s a good hair day! Gagner 2 euros au Banco. S'emballer dans le métro. "Love in Rimini" m’obsède, c’est ce changement de tonalité dans le clavier. Rentrer à une heure indécente. Oublier mon collier. Des bleus sur les genoux. L’amour sans objet. Me boire. Il est super doux son gilet. Je voulais juste un câlin, mais il ne comprend vraiment jamais rien. Faut que j'arrête de croire que les autres lisent à travers moi comme un livre ouvert il paraît. C'est tellement sidérant d'avoir été autant trompée. Finir par enfin dévisser complet. Traverser Paris la nuit en écoutant WU LYF et Money à m’en péter les tympans. Le haïr pour m’avoir arraché un peu d’espoir et d’innocence. Non mais vraiment, je sais que ça va aller. Jumo. "La Ville", "L’Exode". Bordeaux. Puissance de la douceur. Lire cachée derrière une tombe du Père Lachaise. Le silence des cimetières me fera toujours son petit effet. Jim Jarmusch. "Terrible Love" de The National en boucle. Mater Under the Silverlake dans ses bras la nuit de ses 28 ans. J’étais où moi à 28 ans ? Oula, je crois que je ne préfère pas m’en rappeler. Des robes de mariée. Aurèle est né. Les répétitions de Marguerite Duras. Berlin, encore. Des heures de train ensemble et une immense complicité. Ça fait du bien. Le petit frisson avant de créer de la beauté. Rigoler. Vraiment, rigoler. Dormir dans un lit qui a servi à tourner des pornos. Des nudes dans les miroirs. "I Can’t Believe We Never Went Out Dancing". Un besoin de retrouver sa place dans le monde quand on ne sait pas très bien si on l’a déjà eue. Il a disparu.
DÉCEMBRE Encore un train. Un neuvième train. Un énième train. Partir s’isoler pour faire un truc pour soi. Se rendre compte qu’on ne sait plus être au milieu d’inconnus. Colorier sans dépasser. Beaucoup de fenêtres. Un lit superposé. Écrire, écrire, écrire, ne pas s’arrêter. Lui donner le prénom de l’enfant que je n’aurai jamais. Des étourneaux par milliers. "T’as une tête de pain au lait". Relire le discours que j’ai fait pour ses funérailles et pleurer. Re-raconter. Mon premier fou rire depuis que tout a basculé. Le calme. Le vert. L’eau de source. Revenir aux sources. Ça fait si longtemps que je ne suis pas rentrée. La fuite en avant, ça me connait. Encore un anniversaire manqué. L’influence d’un prénom. "Tu offriras aux hommes ce qu’ils détestent le plus. La fidélité ? Non. La transparence. Ils en ont peur". Dire non. Dire stop. Une raclette. Charles, Floriane, un resto géorgien. Un resto italien. "Ça recommencera". Mouais. Les papillons se sont envolés. Amaretto. Mon père qui part m’acheter des feutres. "Tu veux un coloriage Mickey ?". Un jolie date improvisé. "T’es cute. Toi-même". Des dinos illuminés. Un froid de fdp. Un mariage annulé et un enfant pas encore né. Je déteste Noël, mais va bien falloir se le farcir. S’assoir en terrasse par moins 6000 degrés. Gratter des Astro et ne jamais gagner. Trop de bières. Christopher. "Mais toi, toi, t’es quoi sans leur regard ?". L’amour, puis la violence. Il ne reconnaîtra jamais l'ampleur de ce qu'il m'a fait. Se marrer comme des baleines devant What we do in the shadows emmitouflés sous la couette. Encore un dîner. En fait, il est complètement autocentré. Se rappeler par quoi je suis animée. Et puis rester tétanisée devant du poulet. "Alors on se quitte ?". En fait, je crois qu'il ne sait pas quitter. La maison, enfin. Ecco. Le spritz de Noël sans elle. "It takes an ocean not to break!", ouais. J’aime toujours pas le saumon fumé. J'arrive toujours pas à croire ce qu'il m'est arrivé. Le sang. La garde rapprochée. Le cercle fermé.
Quelle putain d’année.
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Il y a quelque chose de sidérant à l'idée d'avoir été trompée. Trompée au sens large du terme. Arnaquée, blousée, dupée, bernée, appelez ça comme vous voulez, la langue française déborde de synonymes visiblement – je sais, j’ai googlé. J'ai été dans la sidération la plus totale quand j’ai appris que l’histoire que je pensais vivre n’était pas réelle, ou du moins, pas celle que je croyais. Car j'ai beau savoir comment me présenter au monde comme une adulte responsable, fiable et payer mes factures à l’heure, l'inenvisageable venait de se produire : j'avais passé presque un an à jouer à un jeu de cartes avec quelqu'un sans connaître les règles et je venais de me faire plumer comme la gamine fleur bleue, naïve, romantique et romanesque, que je suis encore, éternellement. L'homme avec qui j'étais m'avait menti, sur tout, tout le temps, depuis le début. Il m'avait menti sur ce qu'il était, sur ce qu'il voulait bien me donner ou me faire croire qu'il me donnait, sur ce qu’il ressentait, sur notre complicité, sur ce qu'on pouvait construire ensemble, sur ses intentions, sur les règles du jeu donc. Et sur la nature du jeu lui-même finalement puisqu'il le menait en parallèle avec des dizaines et dizaines d'autres femmes. Puisqu’il faisait ça depuis toujours. Et je ne pouvais même pas me dire que j’avais été choisi pour ce que j'étais, tout juste pour ce que je représentais : je n’étais qu’un dommage collatéral de sa pathologie, de sa quête sans fin, un plot sur sa route qui a servi un dessein un temps. Ça aurait pu être n’importe quel autre plot je crois (dans un monde où les plots auraient des âmes, des seins de fou et un prêt immobilier à 1%). C’est complexe de ne pas être singulière quand on est au centre d’une histoire hors normes. Dire que j’ai pris une claque serait un sacré euphémisme. J’ai pris un colossal coup de pelle sur la tête qui m’a propulsée directement vers le noyau de la Terre – ce n’est pas pour rien que j’ai passé des jours allongée par terre justement, chez moi, les paumes de mains pressées fort contre le carrelage de la véranda, comme pour m’assurer que le sol ne se dérobait pas réellement sous mon poids. J’étais ahurie, abasourdie, les yeux dans le vide, sans larmes au départ, inondés de pleurs les jours passants, incapable de parler d’autre chose, de manger, de dormir, de savoir même ce que je ressentais. À part peut-être que mon cerveau rationnel avançait dix fois plus vite que ma psyché et mon corps dans cette immense déferlante, cette nouvelle déferlante qu’il fallait bien surfer pour ne pas se noyer. Sans planche. J’ai d’abord eu l’impression d’avoir été contaminée par un virus, pervertie par un truc impensable pour moi : je sais mentir quand il faut, les gentils white lies qui n’ont pas d’impact, les petites manipulations du quotidien qui ne font de mal à personne, mais pas au-delà. J’étais face à du sumérien, incapable de savoir par quel bout attaquer la traduction, ni quel dico employer. J’ai hurlé à la mort, vomi, bu des litres d’eau pour éliminer cet intrus invisible. J’ai voulu cramer ma maison parce qu’il y était entré, passer mon chien à la Javel parce qu’il l’avait touché, m’arracher la chatte à mains nues parce qu’il m’avait baisée. La nausée du matin au soir, même devant sa foutue sauce césar dans le frigo, même devant ses cheveux qui trainait encore dans mes draps, surtout devant ses putain de cheveux. Un monstrueux dégoût que je n’avais pas ressenti depuis la dernière fois que j’avais essayé de manger de la soupe. J’ai ensuite passé des semaines à raconter, à répéter la même histoire, la même chose, les mêmes mots, les mêmes détails sordides, aux amis, aux collègues, à qui voulait bien l’entendre, et ce, jusqu’à en faire une parfaite représentation son et lumières, jusqu’à l’overdose, jusqu’à ce qu’elle ne m’appartienne plus vraiment, qu’elle soit désincarnée, que ce ne soit plus moi mais ce personnage de fiction qui me ressemble drôlement (mais qui serait incarné à l’écran par Margot Robbie), à qui il était arrivé un truc inconcevable.
Et puis plus rien.
C’est à la fois comme si le courant ne s’était pas rétabli alors même que je croyais avoir relevé le disjoncteur, et comme si le court-circuit était encore en cours. Je grésillais.
Alors j’ai fait ce que je fais toujours dans ces cas-là : j’ai allumé le moteur de secours et j’ai foncé dans la nuit en espérant que l’immense bordel dans ma tête se dissiperait si je roulais assez vite. Ça marche bien pour les nuages et la fumée. Depuis la fin de l’été et la fameuse découverte, je suis devenue une boule de contradictions. Je m’en fous de tout et je prends tout trop à cœur. Je ne tolère pas la frustration et je me fais envahir par la tristesse de manière totalement désordonnée. J’oublie de manger, je dors peu, je bois trop, je sors trop, j’écoute de la musique trop fort, je parle trop pour combler le vide que la sidération a laissé. Je ne m’occupe pas de moi parce que c’est trop compliqué, trop pénible, parce que je ne sais même pas comment, alors que je sais aussi pertinemment que ce serait la seule chose à faire actuellement. S’il y avait des JO de la fuite en avant, je serais triple médaillée d’or depuis 1993. Je me laisse porter par la vie tout en ne supportant pas d’en perdre le contrôle. Je ne suis plus connectée à mon instinct, mon ressenti, mon corps, mes sens, mon désir, tout en devenant trop intense, trop urgente, trop tout court. Je me précipite dans le moindre rayon de lumière comme une saloperie de papillon de nuit parce que je ne ressens plus rien du tout, et aussitôt, je ressens tout trop fort jusqu’à me faire flinguer par l’ampoule, brzzz. J’attends trop, je demande trop, je veux tout, sans filtre, sans distinction, comme dans la fin de "Night Came" de Money quand on ne sait plus du tout qui chante, ni qui joue de quoi. Comme une gosse qui fait un énorme caprice, parce que je sais foncièrement que je ne méritais pas ça, parce que c’est injuste et que j’ai envie de me rouler par terre à défaut de savoir quoi faire d’autre de moi.
La violence de cette histoire a été telle pour moi – Jean-Michel Honnêteté 3000 – que j’ai, en ce moment, un besoin quasi-obsessionnel de vérité. Je la cherche partout cette vérité, comme si elle existait quelque part, comme si elle était absolue. Les Anglais utilisent l'expression craving the truth et je crois que ça correspond profondément à ce que je ressens depuis quelques mois : un désir impérieux de vrai, de réel, d’organique, d’authentique, qui explose tous les autres. Et qui s’accompagne d’un besoin démesuré de douceur, de sécurité, si rare ces dernières années. Du doux, du moelleux, de la matière où, pendant quelques heures, on ne peut pas se faire mal, être blessée, où on n'a rien à affronter. J’ai traversé Paris en écoutant WU LYF beaucoup trop fort ce soir. J’ai attendu d’être à la bonne distance du Pont au Change pour lancer "14 Crowns for Me & Your Friends" et que le moment où le morceau escalade totalement à la fin tombe pile sur la traversée de la Seine. Je me suis plantée de timing parce que je n’ai aucun sens des distances ou des mesures (et qu'un kilomètre équivaut probablement à six paquets de pâtes), alors j’ai recommencé avec "Heavy Pop". Le premier coup de batterie a résonné dans ma cage thoracique jusqu’à ce qu’un flot de larmes s’écroule sur mes joues et mon écharpe. Et pour la première fois ce soir, je lui en ai voulu à mort. Je l’ai haï de toutes mes forces de m’avoir fait vivre ça, de m'avoir arraché un peu d'innocence, de spontanéité, de temps probablement parce que je sais qu'il est si précieux, d'espoir sûrement aussi. J’ai eu envie de le fracasser. J'étais en colère. J’ai vécu assez de deuils récemment pour savoir que je viens de franchir une nouvelle étape. Les prochaines ne vont pas être les plus fun, mais j'ai l'habitude maintenant – c'est fascinant d'être un énorme sucre d'orge en Téflon. Et au moins, ce soir, je me suis arrêtée au feu rouge avant de traverser.
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Il y a 10 ans jour pour jour, ma mère et moi partions traverser la Namibie, une partie du Botswana et du Zimbabwe toutes les deux, jusqu’aux chutes Victoria.
On venait de perdre ma grand-mère. On était épuisées, dévastées et perdues. Il ne nous restait plus qu’elle. On se sentait abandonnées.
On avait dû vider sa maison. Cette petite maison de lotissement remplie à craquer de souvenirs. De nos souvenirs. On avait trié, pleuré, trié, pleuré. On n’avait pas pu jeter. On s’était raccrochées à ces papiers, ces carnets, ces photos, ces habits - ce qui restait de l’histoire de notre famille. Mais on avait dû dire une fois pour toutes au revoir à nos enfances respectives.
Alors on est parties.
On a vu des paysages qu’on ne pensait jamais voir. On a traversé trois pays qui n’existaient jusqu’à présent que dans les documentaires à la télé. On est restées bouche bée, tous les jours, chaque minute, devant ce Hakuna Matata permanent d’animaux, devant l’irréalité de ce voyage.
Dix ans après, je n’y crois toujours pas. Pourtant, mes photos sont bien là.








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There are many different ways to react to hatred and the whole world being a fucking mess. Anger. Violence. Isolation. Sadness. More hatred of course. Apathy. Going AWOL on a desert island (which would soon be drowning because of global warming anyway). Eating until a candy-induced coma. Petting dogs as much as you can to prevent you from crying every time you watch the news. Petting dogs in general.
IDLES have decided to do otherwise.
While I’m pretty sure these guys love dogs, they've chosen a much different path and even made it their new album title : joy as an act of resistance.
Yes, IDLES’ music is punk, bold, wild, loud, brutal and out of control sometimes (yup, I’m talking about that epic Jools Holland performance), but above all, a cry for love in the darkness.
Read Joseph Talbot’s lyrics and you’ll know what I mean. Watch these guys live once, how they interact with their audience and with each other and you will understand what I’m talking about: the love, unity and high sense of togetherness IDLES proclaim in their songs is real between them, whether it is on- or offstage.
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It’s not surprising then that the band members themselves are just like what their music preaches: joyful, fun, kind human beings trying to find some sense in a world crumbling apart, trying to overcome their own tragedies, to make the best out of their adventure and to have and bring as much fun as they can while voicing essential concerns - whether it’s the Brexit fuckery, racism or toxic masculinity. To be honest, adopting Bowen and Joe has been a real conversation here at the Blogo HQ since they started an impromptu cover of "All I Want For Christmas Is You" out of the blue right after the political anthem "Well Done" at Rock en Seine festival this summer.
But more than all the fun we had filming these guys, more than the jokes and the I'm-gonna-use-a-bottle-of-cider-as-a-guitar-pick-because-why-not vibe, IDLES are, above all, a powerful reminder of the reason why we keep doing Take Away Shows after more than ten years: a craving need for the unexpected, for this very moment when a band agrees to strip their music to the bone and allows us to get into their intimacy. This couple of minutes when you can't back off anymore and just have to follow them wherever they want to take you with total abandon because the only way to embrace IDLES' beautiful roughness is to lose control and accept this might get out of hand pretty soon.
It did, in a very IDLES way, with love and laughs, and I'd go back to that very moment anytime if I could.
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Empathy for the devil

Ça va faire plus d’un mois que j’ai lu cet article. Et plus d’un mois donc que j’essaie d’écrire quelque chose dessus sans savoir exactement quoi.
Je crois que je viens de comprendre pourquoi : ce texte résume parfaitement tout ce que j’ai ressenti et essayé d’expliquer sans succès depuis, allez, au moins sept ans.
Cet article m’a bouleversée. Pas seulement pour sa position et son propos ultra féministe, ni parce que je le trouve très justement écrit, mais parce qu’il met le doigt sur quelque chose que j’ai vécu des dizaines de fois sans réussir à l’analyser après.
J’ai été avec un paquet de ce que l’auteure appelle des “damaged men” (j'aime aussi beaucoup le terme “manbaby”) qui m’ont traitée comme une commode, que l’on parle de petites histoires, de fuck buddies réguliers ou de relations qui ont duré plusieurs années. Je sais pourquoi j’étais avec ces hommes là, ou du moins, pourquoi ils m’ont attirée au départ - coucou mes petites névroses personnelles -, mais à chaque fois, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre pourquoi j’étais incapable de les tenir responsables des choses qu’ils m’ont faites ou même de les quitter avant d’être blessée alors que certaines de mes amies arrivaient à se libérer de ce genre de situations dès qu’elles comprenaient qu’elles en souffraient et à dire à ces hommes d’aller se faire foutre avant qu’il ne soit trop tard.
À chaque fois, je savais que je me foutais délibérément dans la merde. Et le pire, c’est que je le savais souvent depuis le début. Je voyais bien les signes. Cette manière qu’ils avaient de tenir à moi sans vraiment le montrer. La versatilité de leurs personnalités respectives, de leurs convictions, de leurs sentiments et de leurs idées. Leur manque de sensibilité aussi. L’absence de remise en question. Les fausses excuses. Ces “je ne m'en rappelle pas”, “je n'ai pas fait attention”, “tu as mal compris” et “je n'ai pas fait exprès”. Leur besoin d'attention constant. Leur besoin de plaire à tout le monde aussi, de séduire tout le monde tout le temps. Et celui d'avoir un certain pouvoir sur moi et de toujours tout contrôler, que l'on parle de sexe, d'informations ou de leurs propres émotions.
Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que ces hommes là pourraient un jour surmonter les difficultés qu'ils semblaient avoir à se lier à quelqu'un, à parler, à se laisser aller, à faire confiance ou à aimer quelqu'un, ni qu'ils ne me traitaient comme une merde ou me faisaient sentir complètement impuissante ou écrasée par l'angoisse et l'anxiété qu'involontairement : ils ne savaient simplement pas faire autrement et il fallait que je sois compréhensive, aimante et surtout, patiente avec eux.
C'était relativement dur à gérer parce qu'avec chacune de ces histoires, que j'aie été follement amoureuse ou simplement ressenti une forte connexion avec ces hommes, je passais plus de temps à me remettre en questions qu'à me demander si c'était normal qu'ils me traitent ou jouent avec moi de cette manière là (et non pas pourquoi ils le faisaient - notez l'énorme différence).
Je me posais des milliards de questions, je pensais que je n'étais pas assez ci ou trop ça, je sur-analysais tout, tout en me convaincant que quelque chose clochait chez moi. J'ai souvent mis ça sur le compte de mes névroses perso, de mon syndrome de l'infirmière, de l'abandon aussi. J'étais d'une patience à toute épreuve avec eux. J'essayais de devenir ce qu'ils attendaient de moi, de faire en sorte qu'ils se sentent à l'aise, et qu'ils aillent mieux. J'ai dépensé tellement d'énergie en faisant ça - de l'énergie que je ne mettais pas dans le fait d'aller bien moi-même.
À chaque fois, j'ai fini dans un sale état : j'ai perdu une partie ou toute la confiance que j'avais en moi, je me suis si profondément remise en question que dans certains cas, j'ai fini par ne plus me supporter. Et une fois, les choses sont allées tellement loin, pendant tellement de temps, que j'ai pratiquement détruit tout ce que j'étais et dû passer plusieurs années à reconstruire l'épave que j'étais devenue.
Le pire, c'est que j'ai même essayé de verbaliser le moins possible la manière dont je me sentais dans ces histoires parce que je ne voulais pas rajouter un poids sur les épaules de ces hommes, je voulais les épargner. Je ne pouvais pas me résoudre à leur dire qu'ils se comportaient comme des gros cons parce que je ne voulais pas les faire souffrir plus qu'ils ne souffraient déjà. Je ne voulais pas non plus passer pour une connasse sans coeur ou une meuf hystérique. Et souvent, notre entourage commun jouait un rôle dans tout ça puisque nos potes passaient leur temps à me dire qu'il fallait que je sois compréhensive et que rien n'était de leur faute parce qu'ils allaient mal et qu'ils ne le faisaient pas exprès. “Il tient à toi, tu sais”.
J'ai toujours fini par les quitter ou m'en éloigner, dieu merci. Mais je l'ai souvent fait trop tard, ou une fois qu'ils m'avaient poussée si loin dans mes retranchements que je n'avais plus d'autres choix que de prendre des décisions radicales. Et la seule manière que j'avais d'expliquer pourquoi un tel bordel était arrivé une fois ces histoires terminées était de me dire que nous n'étions pas compatibles, qu'ils n'étaient pas la “bonne” personne pour moi.
Ils ne l'étaient pas, aucun doute là-dessus. Mais outre mes névroses perso encore une fois (je bosse dessus hein), je me suis rendue compte en lisant ce texte que la raison principale pour laquelle ces histoires ont pris une sale tournure tient en un mot : l'empathie.
J'ai une empathie excessive. Aucune flatterie personnelle en disant ça, je n'en suis pas particulièrement fière et je ne vois ni ça comme un super pouvoir ni comme un don très utile - honnêtement, si je pouvais me passer de chialer à chaque fois que le chien d'un ami d'une amie de ma cousine a le moindre bobo, je ne m'en porterais pas plus mal. J'ai simplement été élevée comme ça, et c'est aussi le double effet Kiss Kool dont les personnes extrêmement anxieuses comme moi héritent.
Mais c'est cette foutue empathie démesurée qui m'a, à chaque fois, empêchée de dire à ces hommes qu'ils n'avaient pas à me traiter comme ils le faisaient, à les tenir responsables de leurs actes, à leur dire d'aller se faire foutre et à les quitter avant de souffrir de ces situations sans raison. Avant de souffrir parce qu'eux souffraient.
J'ai fait beaucoup de mal à quelqu'un une fois. Quelqu'un qui ne le méritait pas du tout. J'étais dans une drôle de période de ma vie, un énorme égo trip insupportable et un moment où je n'allais clairement pas bien. Quand on s'est séparés, il n'a pas hésité à me dire que j'étais une sale conne égocentrique qui n'avait pas la moindre considération pour lui. Je me souviens que ça m'avait piqué. Mais je me rappelle surtout n'avoir eu d'autre choix que de reconnaitre qu'il avait raison, que j'étais désolée, que ça ne changeait rien à ce que j'avais fait, mais que c'était aussi pour ça que j'avais pris mes ovaires à deux mains pour prendre la décision de le quitter.
Qu'on s'entende bien : c'était dur de reconnaître ça. Ça aurait été bien plus facile de justifier mes actes et de mettre ça sur le compte du fait que je n'allais pas bien. Mais je savais déjà à l'époque que je lui avais fait du mal consciemment, parce que j'avais décidé de ne penser qu'à moi, parce que j'avais bloqué tout élan d'empathie envers lui. Je savais aussi qu'il n'y avait aucune raison que mon mal-être déteigne sur lui, et pourtant… C'était injuste. Il fallait au moins que je le reconnaisse - je lui devais bien ça.
À chaque fois que j'ai été de l'autre côté de la barrière, avant ou après cette histoire, je n'ai jamais pu m'empêcher de me dire que peu importe ce que les “damaged men” avec qui j'avais été avaient fait - que l'on parle de simplement me rendre anxieuse et malheureuse ou de faire de ma vie un épisode hyper glauque de Beverly Hills -, ce n'était pas de leur faute. Qu'ils ne l'avaient pas fait exprès. Que je n'étais qu'un dommage collatéral de leur mal-être et que c'était normal.
Le plus dur - et c'est ce que ce texte explique à la perfection -, c'est qu'à ce jour, aucun de ces hommes n'a jamais reconnu qu'ils m'avaient fait du mal parce qu'ils ne pensaient qu'à eux et allaient mal eux-même. Qu'ils avaient - consciemment ou inconsciemment - compté sur ma trop grande empathie pour me faire avaler tout ça et pour que je ne les laisse jamais vraiment tomber.
Quand j'ai lu ce texte, j'ai enfin compris que je n'aurais jamais dû être un dommage collatéral. Qu'aucune femme ne devrait être un dommage collatéral du mal-être d'un homme. Et que mon empathie - celle des femmes en général - étaient conditionnée à encaisser les coups. Que nous étions inconsciemment prêtes à gérer et pardonner ce genre de comportements alors que le contraire est loin d'être vrai - je ne vais même pas prendre la peine de souligner qu'à chaque fois qu'une femme montre le moindre signe de mal-être, elle passe pour hystérique, déséquilibrée ou complètement folle.
C'est mon empathie qui m'a poussée à me remettre systématiquement en question, quelle que soit la situation, à me demander ce que j'avais mal fait, à disséquer chaque recoin de ma personnalité avant même de me dire que, aussi différents que ces hommes et histoires étaient, rien ne justifiait que j'encaisse le mal-être de quelqu'un d'autre de cette façon là.
Je déteste me dire qu'il faudrait que je me retienne d'avoir trop d'empathie pour ces hommes là. D'abord parce que je suis une éternelle optimiste, mais aussi parce qu'une fois encore, cela signifierait que c'est aux femmes de changer, d'adapter leur comportement. Mais tant que ces hommes là considéreront que les femmes qui les entourent doivent subir les conséquences de leurs névroses, que le chemin de leur construction personnelle - de leur guérison pour certains - passent par une autoroute où ils peuvent rouler à 180km/h et à contresens sans se soucier de blesser quelqu'un au passage, j'ai du mal à envisager d'autres solutions moins radicales et unilatérales. Et ça me rend triste.
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Thunderstorm girl

I’ve always been completely fascinated by thunderstorms. When lightnings strike, when heavy electricity fills the air, the short but incredibly exciting delay before the rumble comes in, the pouring rain flooding everything...
I remember when I was a kid, I’d stand outside during storms, smile on my face, watching everything - including myself - getting soaked up so violently. I was barely able to take my eyes off the thunderbolts tearing up the sky and absolutely incapable to resolve myself to get back inside. I wasn’t scared at all. Just blessed to feel my clothes and skin getting wet, to witness the universe loosing its shit in the most theatrical way, like I do sometimes. I’d rarely felt so alive and at peace at the same time.
Maybe it was because I was at the time already living in my head, directing the movie of my own life continuously behind the curtains of my twisted brain, and because storms are so cinematic that it felt like the movie in my head and real life were finally bonding for a short but relieving time.
Or maybe it was because I could see myself in this extreme display of fury. I’m generally a blue sky from the outside, even if I can get cloudy sometimes, but I also live in perpetual internal turmoil - that’s what you get when anxiety rules your world -, and on rare occasions, especially when I was younger, I would explode in the most epic, uncontrollable and enraged way. Oh, it never lasted, but it was quite often scary for my loved ones because nothing seemed to be able to stop it, and I, myself, never even tried to stop it because it was - and still is - my own fucked up way of clearing everything, go back to normal and move on. Purification by water, I guess.
Earlier this week, I had to close something that had been destabilizing me for a while. It wasn’t fun, but it was necessary for me to stop the weird self-sabotage mood I was in since the beginning of the year. I needed to turn off the anxiety it created and to admit that it got me once again stuck in the stubborn area I get to when everything is too blurry for me to understand and I’d rather run through the wall than wait for it to smash my face. I guess I also needed to say it all, especially the fact that - whether I like it or not, whether he does or not -, I got hurt and he didn’t notice or was too self-absorbed to care.
Right after, when we were smoking a cigarette outside, a huge thunderstorm started. Rain, lightnings, rumbles - not necessarily in this order - exploded like a dramatic firework. Perfect timing, total chaos. It made me smile because I once again had this weird sensation of being completely aligned with how the sky was feeling that night, how it was washing away its own internal uproar before going back to normal - storm before calm.
We watched torrent of water pouring heavily, flooding everything around us in the most apocalyptic way for a while, and then ran into the metro where it was literally raining too, jumping in huge puddles feet first like kids.
“Let’s go”, he said when we got to the corridor where the metro lines split. “I’m actually going in the opposite direction”, I replied. I internally laughed because of how highly symbolic and how cliché this was, and kinda waited for a director to show up out of nowhere screaming “aaaaand cut”. We said goodbye and ended up facing each other on our respective deserted platforms while the stairs and metro rails turned into Niagara Falls as if this scene had been entirely choreographed by fucking Jean-Luc Godard. I prayed for my carriage to come first (it did), but while waiting, I couldn’t stop thinking about the woman I just saw outside.
While he went to the bathroom, a young woman dressed all in black like she just went to an emo wedding or a kinky funeral ran to hide under the bar’s porch next to me. Her dress was tight on the upper-part, and turning into a tutu around her waist. Her make up was elegant, her hair done in a classy way. She wasn’t gorgeous but she was totally captivating. She stopped for a minute, and eventually took her high heels off, put them in her bag and walked away alone under the storm. The rain was pouring down so heavily that she got soaked up in a split- second, but she didn’t seem to bother and went forward into the street slowly, barefoot, as if nothing and no one had a hold on her. It was such a bold, sexy, detached and beautiful move. She looked so free, so confident, both resigned and incredibly hopeful that it stayed with me until the metro arrived. I jumped inside the carriage and mentally washed away this non-sense nonstory feeling that I could now go back to being as fearless as the Thunderstorm Girl. The one I used to be.
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Ça fait une semaine que j’essaie de digérer
Oui, une semaine que j'essaie d’intégrer les déclarations de Deneuve et de ses 99 cosignataires de mes couilles. Une semaine que j’entends et lis des trucs ahurissants comme "Je regrette beaucoup de ne pas avoir été violée parce que je pourrais témoigner que du viol, on s'en sort" ou "Je pense qu’on doit apprendre aux filles qu’elles sont désirables et que ce désir peut être la cause de violences, et qu’il ne faut pas afficher non plus des provocations partout sans aucun égards pour ceux qui les regardent" sans arriver à former et sortir le moindre mot parce que mon cerveau est anesthésié devant tant de violence, de manque d'empathie et d'absurdité.
J'ai eu la chance de grandir dans une famille où on ne m'a jamais dit que, parce que j'étais une femme, je devais me comporter de telle ou telle manière, dire ou ne pas dire telle ou telle chose, faire tel ou tel choix. Pendant très longtemps, je ne me suis pas sentie définie par mon sexe dans la manière dont je menais ma vie, donc je pars de très loin dans la compréhension des hommes qui pensent encore que les femmes sont à leur disposition. Et je pars d’encore plus loin dans la compréhension des femmes qui pensent que se faire attraper le cul dans le métro n'est pas si grave, voire une manière de complimenter leur beauté, celles qui refusent d'entendre que l'on peut ne pas avoir envie de se faire traiter de petite pute dans la rue mais adorer ça au pieu, celles pour qui l’empathie envers les hommes auteurs d’agressions sexuelles passe avant la souffrance de leurs victimes, celles qui se sentent obligées de publiquement déclarer que les histoires que l'on entend depuis des mois sont très exagérées et qui soutiennent que la libération de la parole des femmes serait finalement nocive. Non mais vraiment restons comme ça, vous avez raison, ça fait 17 milliards d’années que ça marche hyper bien. Brb, je pars brûler ma voisine parce qu’elle a un chat noir et me faire une saignée dans les côtes pour guérir du tétanos. (J'aimerais bien savoir quand Deneuve a pris le RER B pour la dernière fois au passage, mais c’est encore une autre histoire de vieille femme blanche, riche et privilégiée).
J'ai compris assez tard qu'en tant que femme, je me faisais niquer sur plein d'aspects de ma vie professionnelle, sentimentale et quotidienne, que je n’étais pas toujours traitée d’égale à égal, et que ma façon de me comporter n’était pas toujours perçue avec bienveillance ou respect. Depuis, j'essaie de parler le plus fort possible, d'être le plus claire possible sur le fait que certains comportements sont inacceptables, et de ne rien laisser passer - des plus petites remarques, différences de traitement et plus subtiles humiliations aux situations les plus extrêmes.
Or, de cette "lettre" du Monde aux articles parus hier pour défendre Aziz Ansari (et insulter la meuf en question hein), je me rends compte qu'en réalité, je me renferme, que non, ce n'est pas si évident de parler, de raconter, de souligner, de dénoncer (alors que soyons honnêtes, je suis moi-même dans une situation de putain de privilégiée). Que j'hésite trop souvent encore à prendre la parole, à dire ce que je pense profondément de peur de rentrer dans des débats infinis où on va m'expliquer quoi penser, où on va me dire que la meuf qui a accepté un rendez-vous avec Ansari n'avait qu'à se barrer, qu'elle s'est laissée faire ou qu'il ne s'agit que d'une bad date. Que ce que Deneuve & co voulaient dire c'est qu'on fait beaucoup de boucan pour pas grand-chose et que "siiii, regarde dans la nature, les mâles sont des prédateurs et les femelles élèvent les petits, c'est l'ordre naturel" (je te rappelle au passage que la mante religieuse dévore le mâle après l'accouplement aussi, tocarde).
Je ne pense pas trop m'avancer en disant qu'on a toutes vécu ce genre de situation où on nous a dit de ne pas faire tout un plat d'une main au cul ou d'un baiser volé, où on a été dépassées par les évènements lors d'un rencard, où on ne s'est pas sentie en position de réagir radicalement, où l'insistance d'un homme a été tellement forte qu'on a fini par céder, où on ne s'est pas sentie assez légitime ou en sécurité pour dire non de manière définitive alors qu'on ne voulait pas aller plus loin parce qu'on avait accepté un baiser ou un rendez-vous, tout ça parce qu'on a été conditionnée à négliger notre propre désir au profit de celui des hommes. Et je ne parle même pas du fait qu'une femme aussi insistante qu'Ansari dans le même contexte aurait été qualifiée de folle dingo en trente secondes (ni de ces 5 dernières années où le mec s'est construit une belle image de féministe dans sa série et toute la presse internationale).
Ce qui m'atterre, c'est la propension qu'ont ces articles, ces déclarations, ces attaques contre des femmes qui ont juste voulu être écoutées, a me faire inconsciemment taire, alors que tout ça devrait me pousser à encore plus l'ouvrir. Et pendant qu'on s'attaque entre femmes ou qu'on se retrouve à presque culpabiliser de ne pas parler plus fort ou plus régulièrement, le sexisme se portent hyper bien, merci.
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2017

JANVIER Se défoncer les genoux sur Sia. La mononucléose sans déconner. Jouer les figurantes dans un film instit de la Fondation Vuitton. Avoir une épiphanie devant un Monet. Pute de genou sérieux, tu vas pas recommencer ? Ne pas pouvoir aller manifester. Réécouter Of Montreal jusqu’à en avoir la tête qui tourne. S'habituer à ses nouveaux tatouages jusqu’à ne même plus les voir. Fêter 29 ans d’amitié. L'overdose de galette comme chaque année. L'overdose de pasteis de nata aussi. Se faire voler son sac et son miroir Mickey FÉVRIER Découvrir ce qu'était un calchemise. Tourner un Concert à Emporter dans une cuve à bière. Regretter une nuit pour la première fois de sa vie. Repenser à ce sentiment de liberté absolue, seule, sur les routes d’Australie l'an passé. Ne jamais oublier l'état dans lequel j'étais trois ans auparavant. C'était il y a trois ans ? Ouais, ok. Ma nouvelle phrase préférée est signée Jonathan Tropper. Prince me manque, mais c'est pas comme si je le connaissais. Comprendre que ton estomac est ton deuxième cerveau. Quelqu’un a pris une photo de John John Florence avec un koala dans les bras et je ne le remercierai jamais assez. Créer un groupe imaginaire qui s’appelle Le Crust. Dire à quel point ma mère et ma grand-mère sont badass dans une interview pour un magazine féministe. MARS Écouter le nouveau alt-J en boucle. Célébrer les 20 ans de Buffy et repenser à l’impact que cette série a eu sur ma vie. Ne s'être jamais sentie aussi adulte qu’en passant un weekend entier en pyjama licorne. Chuck Berry est mort et ça me bien fait chier. Dire à Father John Misty qu’il ressemble à mon père et estimer que c'est ok. Faire une tarte aux poires. Prendre une énorme claque au concert de Moses Sumney. AVRIL Pouvoir encore entendre son rire dans ma tête dix ans après. Bosser comme des tarés. Faire des câlins à Jarvis Cocker. Se réveiller avec un ananas. Aller voter. Avoir 33 ans le jour du premier tour. Entendre des "ouaiiis" puis des "putain", et ce gros silence quand la tête de Marine Le Pen s'est dessinée. J'ai tellement embrassée la truffe de mon chien, c'est abusé. Un calcul de la taille d'une balle de ping pong. Room 29 et tellement de clés. Boris Vian, l'Arrache-Coeur et un mec hyper bourré. MAI Amener son cousin de 6 ans à son premier concert. C'était François & The Atlas Mountains, mais il a twerké. Se dire qu'on pourrait rester des heures dans la Grande Galerie de l'Évolution. J'aurais jamais du boire autant de gin mais au moins on a bien rigolé. Encore un Great Escape de passé. Revoir son petit frère de coeur trois ans après et se sentir tellement soulagée. Chialer au concert d'Isaac Gracie. Couper 15 ans de cheveux sur un coup de tête à Londres. Se sentir si légère après. Voir des squelettes de dino. Faire du manège à Montmartre. JUIN Tinder m'a saoulée. Jouer au Throwy. J'étais jamais allée à Rouen je crois. Prendre sa dose de Nicolas Jaar. Se sentir invincible. Se sentir si petite. Dormir au pied d'un volcan en activité. Les yeux de mon père quand il a compris où on était. Tellement de feux d'artifices. Boire des bières sur le toit de la Philharmonie. Finir en soutif parce qu'il fait 40 degrés. JUILLET J'aurais jamais pensé fêter le 14 juillet en Amérique. Le sentiment que tout est enfin aligné. Hey salut la confiance, où t'étais passée ? Faire un feu avec Matt Berninger dans un coin isolé. La chaleur moite de New York en été. Je sais qu'on ira nulle part mais c'est quand même fou comme on est connectés. Voir l'électricité habiter Feist et se dire que rien ne peut l'arrêter, m'arrêter. Être entourée de mes meilleurs potes et ne plus rien avoir à cacher. C'est tellement émouvant de tenir un gamin profondément endormi dans ses bras. Le soleil qui chauffe la peau, l'odeur de l'océan. Je sais pas si c'est mon prénom qui veut ça mais faudra un jour qu'on m'explique pourquoi je me sens si bien dans l'eau. A-t-on vraiment passé les vacances à trimballer partout une carafe-toucan rebaptisée Gogo ? La réponse est oui. AOÛT Si je rebois un verre, je vomis. Ok, c'était pas très malin de baiser sur la plage mais avoue que c'était marrant. Oui, j'ai complètement ramené une bouée licorne géante. Téma les fdp. Le t-shirt-anti cauchemars de Kendrick Lamar. Je sais pas si je suis un peu exhibitionniste mais je finis à poil beaucoup trop souvent. Tu te rappelles quand on était rentré dans le jacuzzi du Hilton par effraction ? Une bronchite un 9 août. Shame! Shame! Shame! J'aime bien les bébés. Je sais pas pourquoi je les avais gardé mais j'ai retrouvé ma collec de CD gravés. Être dans mon endroit préféré avec ma personne préférée. Le souffle du vent dans mes cheveux et mon chien qui court dans les prés. Non mais sérieux, faut vraiment que j'arrête de me jeter par terre à chaque fois que quelqu'un met Chandelier. SEPTEMBRE Un an après, il est arrivé. Je pense qu'il m'a fallu douze secondes pour succomber. LCD. Signer un compromis. Ah ouais et j'ai peut-être montré mes seins à Cork, mais on va faire genre j'ai oublié. The System Only Dreams in Total Darkness mais je continue de rêver éveillée. Ça faisait si longtemps que j'étais pas allée à Versailles. Ça y est, j'ai trouvé la nouvelle lampe de ma vie. Bercy. On l'a fait. "Et toi, c'est quoi ton prénom ?". La bite de Vincent Dedienne. OCTOBRE Nicolas Jaar encore. Cigarettes After Sex toujours. L'été indien. Les papillons dans le ventre quand il franchit la porte. Qu'est-ce qu'il est agaçant, mais qu'est-ce que je l'aime aussi. Je pensais pas avoir envie de faire de gosses mais avec lui, si. Lires les centaines de témoignages jusqu'à en avoir la nausée. J'arrive même pas à me rappeler toutes les fois où on m'a traité de pute ou touchée. NOVEMBRE Les hectolitres de larmes à Barcelone. On ne pleure pas pareil dans les aéroports. Revoir Willis Earl Beal et se rappeler que la dernière fois était le jour où on avait commencé à craquer. L'épuisement comme jamais. Retour à New York. Se demander si la montagne l'a pas avalé. Des vagues d'angoisse, heureusement que je sais les gérer. Le premier coup de fil après des semaines séparés et l'entendre me dire que je lui ai manqué. DÉCEMBRE Los Angeles. Un jour de décalage horaire. "Tu sais que tu m'appelles du futur en fait ?". Le tournage le plus taré de ma vie. J'ai mangé beaucoup trop de donuts mais je l'avais prédit. Les nuits blanches dans le noir. Rentrer et signer, c'est fait. Se projeter. Se prendre un mur. En détruire un. Un concert de Damien Rice le jour où tu te fais plaquer, c'est un canular cosmique non ? Ne plus savoir si je pleure pour celui qui m'a quitté ou celui qui a décidé de nous quitté, ou les deux. Je ne sais pas si je suis The Blower's Daughter mais je suis clairement celle qui les fait le plus chier. En même temps je suis fille unique donc c'est pas hyper compliqué. Des cartons. Plein de cartons. Trop de cartons. Dix ans de ma vie derrière moi. Se pécho dans les escaliers comme des ados. La première nuit chez moi, j'ai dormi comme un bébé. Si quelqu'un prononce de nouveau le mot champagne, je vais tomber. Défaite de famille. Il est beau ton parquet. Quelle drôle d'année.
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Je me souviendrai toute ma vie de mon incrédulité quand je suis entrée chez le disquaire de la petite ville italienne dans laquelle j’habitais à l’époque, et quand j’ai vu que Chuck Berry allait jouer à Rome quelques semaines plus tard. J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un cover band ou d’une banale erreur, mais dans le doute et devant l’insistance dudit disquaire, j’ai pris des places pour mes potes et moi "au cas où". Le jour J, on a donc défié les drôles de lois de la conduite italienne, et on s’est retrouvé, non sans mal, devant le Theatro Sistina. Les chances que Dieu Chuck Berry joue dans une salle de 1500 personnes s’élevaient à environ 0,8% mais enfin, on ne sait jamais. La première partie était ennuyeuse au possible, et quand le groupe a fini par remballer ses instruments et que les lumières se sont rallumées, on nous a annoncé que Chuck avait raté son avion, qu’il serait en retard, qu’on nous tiendrait au courant, hein. "Et voilà" je me suis dit, "il ne viendra pas, bien tenté Benetier". On est sortis fumer une clope dehors, on a attendu, attendu. Beaucoup de gens sont partis. On a hésité à se casser nous aussi, mais c’était le début de l’été, on avait à boire et on rigolait bien. Et puis une énorme BMW s’est engagée dans la minuscule rue pavée, avant de se garer comme une merde sur un bout de trottoir. Les flics se sont précipités dessus, mais avant qu’ils n’aient le temps de faire quoi que ce soit, le conducteur en est descendu, casquette de marin vissée sur le crâne : Chuck Berry. Chuck a souri, il a fendu la foule juste devant moi (je l’ai touché) (J’AI TOUCHÉ DIEU), il est entré dans le théâtre suivi de nous tous, et il est monté sur scène comme si de rien était. On était 400, 500 peut-être dans le théâtre, beaucoup étaient descendus se masser au pied de la scène, et du haut de ses 79 ans, Chuck Berry, le pionnier du rock, le mec qui a bercé mon enfance, le musicien connu pour ses gros coups de colère aussi, a tout simplement pris sa guitare, et nous a offert, avec son groupe, plus d’une heure de concert comme je n’en ai jamais vécu depuis, à part peut-être avec Prince à La Cigale. Il a joué tous ses tubes bien sûr, il nous a fait une démonstration de rock incroyable, il m’a décrochée la mâchoire avec son jeu de guitare, mais il a surtout fait tout ça avec l’humilité d’un mec qui vient jouer ses morceaux au bar du coin pour une poignée de potes : il riait, dansait, discutait avec les premiers rangs, s’essuyait le visage en nage avec le rouleau de PQ qu’on lui avait fait passer, nous demandait ce qu’on voulait entendre… J’avais 21 ans, et je me rappelle avoir réalisé la chance qu’on avait d’être témoins de ça, que ça n’arriverait plus jamais. Ce concert restera pour toujours gravé dans ma mémoire. Gros bisous Chuck, tu vas me manquer. PS : un jour, je vous raconterai comment ce gros tocardos de Jean-Louis Aubert a ruiné un autre concert de Chuck Berry où j’avais emmené ma maman, et pourquoi je veux qu’il meurt dans un feu.
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I had just moved to Paris when "Hissing Fauna, Are You the Destroyer?" by Of Montreal was released, exactly 10 years ago today. I've spent the last decade listening to it whether I was happy, lost, euphoric or deeply depressed. This album saved me many many times, and it means so much to me that I even got some of the lyrics of my favourite song of all time, "The Past is a Grotesque Animal", inked onto my body. It is, to that day, one of the most epic, pure, profound, beautiful, overwhelming and well written records I've listened to and for that, I've got to thank Kevin Barnes' twisted brain.
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#you look like a sad painting on both sides of the sky#money#take away show#blogotheque#st merry#suicide songs
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Premier jour de l'année où je me mets en jupe & débardeur : un monsieur vient de m'applaudir dans la rue en disant "c'est très beau ça"
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