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Vendredi Littérature

SUITE

Naguib Mahfoudh aimait sa ville, Le Caire.

 Impossible de la décrire en quelques lignes, Mahfoudh y a consacré l’essentiel de son oeuvre. Beaucoup de critiques littéraires s’accordent à dire que le personnage principal de ses romans c’est Elle. C’est son enfance, ses rues, les gens qu’il aime,l’architecture, le Nil,les cafés, le bruit et l’amour, encore et toujours. 

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Mardi SCULPTURE

Peu de gens le savent, mais la statue de Ibn khaldoun qui trône au milieu de la Place de l'indépendance dans la capitale tunisienne a été conçue par le plasticien tunisien Zoubeir Turki.

La légende raconte même que faute d'avoir une référence fiable sur le vrai visage du savant, le sculpteur fondateur de l'école de Tunis aurait pris son propre visage comme modèle pour façonner les traits de ce personnage historique. Zoubeir Turki avait comme point de départ les écrits décrivant les traits de Abderrahmen Ibn Khaldoun. Ces traces fragiles et rares donnaient comme indices les points suivants : un nez fin et de grands yeux perçants, ainsi qu'un visage allongé couvert d'une barbe proéminente.

La statue représente un hommage au sociologue tunisien qui a mis les bases de la sociologie moderne, et qui continue à inspirer jusqu'à aujourd'hui le monde entier par ses préceptes jugés précoces et révolutionnaires. Elle trône au milieu de la place, dominée à droite par la cathédrale Saint Vincent de Paul de Tunis, et à gauche par l'ambassade de France,ancien centre de gouvernance pendant la colonisation française.

Samedi 6 Mars 2021 , la place de l'indépendance a été le théâtre d'une manifestation  menée par les partis opposants de gauche et un groupe de jeunes et moins jeunes révoltés contre les arrestations injustifiées de militants des droits de l'homme, à la fin du mois de Février de la même année. Pendant ces manifestations, le monument a été vandalisé et tagué par des propos visant les forces de l'ordre, et la statue du défenseur de l’ordre socio politique s'est vue prise en otage par la foule assoiffée de justice.

Le symbole de la justice comme étant la base de l'urbanisme (voir les citations phares de Abderrahman ibn khaldoun) a été utilisée, consciemment ou pas, par les opposants démocrates qui dénonçaient l'injustice dans un geste jugé peu civilisé par la majorité des journalistes et des personnalités du paysage médiatique, politique et culturel.

Toutefois, certains y ont vu au contraire, une continuité et une fidélité aux préceptes de Ibn Khaldoun, qui n'a jamais cessé de revendiquer l'égalité entre les citoyens. Bien que le penseur faisait souvent l'éloge de l'ordre et l’établissement de celui ci par la force, ses écrits rappellent incessamment que l'injustice crée l'anarchie, et que le peuple ne peut être blâmé si il réagit à une injustice évidente et cruelle.

La symbolique est forte, les tags ont été vite effacés, et l'ordre rétablit dès le lendemain, ce qu'il en reste c'est la photo d'une statue à l'apparence saccagée, et quelques articles qui dénoncent ou défendent.

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Lundi Architecture

Lundi 08 Mars 2021

Devinette: mon personnage était végétarien et très lent dans l’exercice de la peinture...

Réponse: Léonard De Vinci.

Eh oui, le fameux! le seul l’unique,le peintre sculpteur architecte urbanisme mathématicien aviateur botaniste musicien metteur en scène poète philosophe et écrivain... et j’en oublie surement quelques spécialités. Heureusement que de son temps, les architectes n’avaient pas besoin d’être inscrits à l’ordre de Venise pour exercer leur art, sinon, il aurait été viré pour atteinte aux bonnes mœurs.

Ou alors, il aurait été attaqué par les diplômés en architecture, parce que c’est un vulgaire peintre qui ose construire des châteaux pour le roi de France sans avoir de cachet. Pire encore, il aurait été traité de décorateur, insulte ultime aujourd’hui en Tunisie , proférée par les architectes envers les architectes d’intérieurs, et on lui aurait demandé  d’aller dessiner ses fresques dans les églises et ne plus s’amuser à dessiner des plans. Drôle et pathétique à la fois.

Je crois que même l’académie des Beaux Arts l’aurait viré du tableau des artistes plasticiens de Tunis, parce-qu’il est lent dans l’exercice de la peinture. C’est à cause de ça que son fameux tableau”La Cène” s’effrite à vue d’ œil; puisqu’il s’est amusé à superposer des couches de peinture rendant l’ouvrage fragile.

Ce peintre néanmoins essayait des techniques hors du commun pour arriver à créer ses chefs d’ouvres.Quand l’église interdisait la dissection des cœurs des défunts,( car dans la croyance catholique celui ci est le cadeau divin qui contient l’âme dont les sujets ont encore besoin dans l’au delà) lui osa disséquer un cœur et découvre par hasard un détail anatomique qui se révélera être la cause de l’infarctus chez l’homme.

Ce n’est pas par amour des cadavres que celui ci entreprenait ces pratiques, mais dans un souci de perfectionnement pour son art. Il voulait observer les veines, les muscles, les tissus pour pouvoir en sculptant communiquer à l’humanité des œuvres vibrantes de vie..

Ce génie universel intrigue tellement que les légendes et les petites histoires fusent autour de sa vie et de son art.

Légende numéro 1: Son maître Verrochio, dans l’atelier duquel il était entré en stage dirons nous aujourd’hui, aurait cessé de peindre en voyant le génie de Léonardo évoluer sous ses yeux.

Légende numéro 2 :

A SUIVRE

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Vendredi Littérature

Le seul Nobel de littérature d’origine arabe c’est lui. 

Les mauvaises langues continuent à prétendre que c’est grâce à sa position favorable aux accords de paix entre l’Egypte et Israël en 1979. Mais c’est bien la preuve que ces personnes n’ont pas lu ne serait ce q’une ligne des œuvres de cet homme de lettres hors du commun.

Naguib Mahfoudh dans son bureau avec sa bibliothèque autour, Le Caire.

Son mode de vie très hors du commun pour un écrivain fait de lui une exception dans le monde farfelu des artistes et poètes marginaux que l’on s’est habitué à imaginer et dont l’image nous fait rêver.

Naguib en égyptien, Najib en arabe,  veut dire assidu. Coïncidence ou prémonition, c’est peut être le seul écrivain, dans l’histoire de la littérature, qui ose faire l’éloge de la fonction publique, et qui répète dans toutes ses interviews que si il avait eu un autre métier, comme médecin avocat ou ingénieur, il n’aurait pas pu mener à bien son œuvre. “Je disposais d’un emploi du temps relativement léger qui me permettait de consacrer du temps à l’écriture, et mon salaire me garantissait un niveau de vie confortable, tout en étant capable de m’offrir la bibliothèque dont je rêvais,  ainsi qu’un accès au cinéma, au théâtre, aux expositions d’art et à la vie culturelle d’une manière générale.”

De gauche à droite : Oum Kalthoum, Naguib Mahfoudh et Tawfik Al Hakim

Quarante ans de travail continu sans jamais s’ennuyer, sans cesser d’y croire. Quel est le secret?

“Durant toutes mes années actives, je me levait à cinq heures du matin, j’allais au café vers six heures ou six heures trente pour lire les journaux, puis j’allais prendre mon poste de fonctionnaire de l’état que j’appréciais particulièrement malgré la routine qu’on peut imaginer. Les après-midi sont consacrés à l’écriture si j’ai un livre en cours, ou à la lecture  jusqu’à  neuf heures du soir, heure à laquelle je m’installe dans mon canapé pour regarder la télévision.”

“L’inspiration est un leurre, écrire est un engagement. C’est une erreur pour un écrivain que d’attendre l’inspiration”

Un jour, il avoue s’être forcé à se rendormir, alors que l’inspiration l’avait réveillé à trois heures du matin, et ce dans le seul but de ne pas perturber son réveil du lendemain. Il s’était ainsi forcé à mettre les idées sur papier plus tard, dans l’après-midi, parce que écrire, “c’est entre seize heures et dix-neuf heures, c’est comme ça et pas autrement”.

Le génie de littérature ose même comparer l’inspiration à la sensation de faim, soumise à notre horloge biologique. Habituer son corps à une heure précise pour déjeuner prend quelques jours, et la sensation de faim ne viendra plus qu’à l’heure à laquelle elle est prévue. L’écriture pour Mahfoudh doit être soumise à la même habitude. Il arrive ainsi à dompter l’inspiration, ou d’une manière plus poétique, il lui donne rendez-vous chaque après-midi, entre seize heures et dix-neuf heures, pas avant.

Finalement, il finit par révéler que sa rigueur légendaire n’est en aucun cas contradictoire avec la spontanéité. Car en y réfléchissant longuement, l’écriture n’est rien d’autre qu’une multitude de petits moments de réflexion spontanés, qui ont pris le temps de mûrir, dans la terrasse d’un café, lors d’une promenade ou d’un déjeuner...

Parmi ses secrets bien gardés, il jouait quotidiennement du “qanun”, instrument à cordes d'origine orientale. Peut-être que ces moments de solitude qu’il consacrait à jouer de la musique représentaient une échappatoire vers des rêveries agréables, ou des réflexions spirituelles?

Autre détail attachant dans la personnalité de Naguib Mahfoudh, son sourire qui ne le quitte presque jamais. Ses photos le prouvent, mais également ses interviews, au cours desquelles il éclate de rire sans gêne au tournant d’une réflexion.

Ainsi, pour le grand écrivain qu’il était, rigueur ne voulait pas dire morosité.

Son amour pour la vie est clairement exprimé dans ses écrits, même dans ses romans les plus pessimistes où cet écrivain de génie décrivait la pauvreté, le régime politique totalitaire ou les bouleversements sociaux de sa ville adorée: le Caire. Et comment ne pas tomber amoureux de cette ville?

A SUIVRE