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La Mythe
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cimhon: Littérature écriture tatouage musique cinéma etc
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cimhon · 16 days ago
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Chapitre 11: 20 = 2+0
L’absence de sol, l’absence de i. A une lettre près de l’absence de soi. L’absence… Bon… On aura compris que pris dans cette noire mélasse, ce monde à l’horizon avalé, ils ne pouvaient continuer à espérer retrouver Lorna. Dès le départ de toute façon, qu’avait-il espéré lui tout seul? Quelle idée saugrenue! Il s’était laisser allé à penser que… Pour le chien… Pour elle… Mais non… C’était pour lui avant tout, bien sûr…  Etait-ce un ultime essai de récupération, style le sauveur: blabla j’arrive, t’as vu je pense à toi, y’a toi y’a moi le chien et caetera?  A dégueuler alors. Si c’était ça. A dégueuler. Et cette projection sur le chien… Cet alibi dont on affuble le tiers aimé. Quelle horreur alors! ouais. On arrête ces délires.
Bref, en premier lieu… sortir de la mélasse. Peut-être, en continuant à progresser en sortiraient-ils… Et alors. Et alors encore. Les expressions élimées se répétaient… Aller à l’île de Ré? Oui. Ca paraissait être une meilleure idée que d’essayer de retrouver Lorna. Comment iraient-ils là-bas? Comment, avant d’envisager rejoindre l’île, pourrait-il, lui tout seul, retrouver un quelconque chemin? Pas de boussole, pas de rue, pas de direction. Mais le chien… Blues savait peut-être où il allait. Il n’y avait qu’à le suivre. Le mec était incapable de débusquer les friandises qu’il lui cachait lors de sortes de jeux d’éveil improvisés. Mais que faire de mieux de toute façon?
Dans sa tête, il entendait ses pensées s’amenuiser. Des phrases de plus en plus concises dans lesquelles manquaient les mots essentiels au sens. Les sons choquaient contre les parois de son crâne  et les mots périssaient en guirlandes: il se sentait comme un général qui compte les soldats tomber sous ses yeux sans pouvoir en nommer aucun. Des mots, ça et là aussi (tiens, deux fois fois ça et là) comme des cadavres, jonchaient la terre de ses pensées. D’autres, çà et là (tiens trois fois çà et là) tenaient encore debout, ne voulaient pas quitter la bataille malgré l’imminence de la défaite.
Alors, cahin caha, ils cheminèrent encore. Longtemps? On ne sait. Le chien devant, langue à l’air pour humer l’air. Et. Réguler sa température corporelle. Le chien. Et  lui, tout pris qu’il était, empêtré dans sa tête qui lui hurlait la folie de ce monde fantasmagorique. Il n’y avait qu’à suivre le chien car ses rêves d’amour ici se concrétisaient: dans cette petite forme poilue. Pas plus pas moins. Eux s’aimaient. C’était vrai. Il n’y avait plus qu’eux deux. Mais depuis le début, le vrai début après le début un peu faux quoi, n’étaient-ils pas que deux? Depuis qu’ils s’étaient retrouvés seuls au 20 rue Baudélique. 20, deux fois dix. Deux et zéro. Deux seuls dans l’appartement vidé de la moitié des meubles, ceux qui n’étaient pas à lui. Deux seuls dans ce vide infect et goulu qui lui avait semblé, chaque jour qui passait, se remplir, toujours plus et sans satiété, avide de l’absence de l’amour, s’en remplir et s’en remplir encore. S’en remplir de cette absence. Et rester vide de ce vide. Lui aussi était resté vide, à n’en plus pouvoir être triste. Vide à n’en plus vouloir crever. Vide à en rester là vide comme le vide autour de lui.
Non! Il fallait arrêter d’y penser. Il fallait se recentrer. Trouver de l’eau et des croquettes pour le chien! Il ne pouvait plus penser à mourir jamais, parce que sans lui le chien mourrait et que le chien ne pouvait pas mourir. Deux, c’est deux. Les poils blancs du petit cul de son chien formaient un coeur qui se dandinait de manière saccadée mais convaincue, devant lui, un coeur au milieu de sa robe feu et brune. Rien ne semblait pouvoir dévier Blues de sa marche. Il semblait avoir un objectif, ce coeur. Ou ce cul qui ressemblait à un coeur. Ou l’inverse. Bref. On y allait. Là. 
Là, dans la mélasse. C’était quoi cette mélasse? Il pensait cendre donc os donc chair donc corps donc les autres morts. La mélasse était-ce tout ce qu’il restait du corps de tous les autres? Mais alors, y avait-il Lorna dedans? Ses amis? Ses parents? Le reste des gens? Ca collait mais pas assez pour qu’ils ne puissent pas la traverser. Donc ils la traversèrent mais il n’y avait pas d’au delà. Après la mélasse toujours plus de mélasse. Encore et encore. Encore ils traversèrent. Petit cul-coeur dandinant devant et lui derrière. Eux deux et personne d'autre. 2+0.
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cimhon · 2 months ago
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CHAPITRE 10: 10 moins 1
« Mon pauvre ami! ».  Le général De Gaulle c’est « levons nous et marchez » . Les bras du tire bouchon en plus là! Ses mémés aux chapeaux chinois sur la vieille photo qui avait tournée sépia . Son aïeul qui s’appelait Amant. Son arrière grand-mère qui avait passé sa vie à faire de la couture pour les riches de Dordogne. De la couture? De la dentelle oui! Un vrai savoir-faire perdu! Ses gaufres elles étaient pareil: de la dentelle dure et fine et craquante! Et quand elle avait annoncé qu’elle allait être grand mère à ses patrons, de Dordogne, comme elle, et quand ils lui lui ont demandé: « comment va-t-elle s’appeller? » « Véronique » « c’est bien trop bourgeois pour vous, vous devriez l’appeler Niquette ». Légende familiale ou non, qui emploie le conditionnel à l’oral pour réduire les autres au silence? Son arrière grand père métayer mort saoul et que son âne avait remonté depuis le village de Saint-Cyprien jusqu’à sa cahutte. Vrai? Faux? L’autre, anarchiste, qui avait fui à pied la mobilisation de 14, se cachant dans les bois, pour être repris et se faire réformer grâce à une malformation de la hanche qui l’avait toujours fait boiter et qui avait été ouvrier à la poudrerie de Bergerac,  chef de gare, chef d’orchestre de cinéma muet… Son arrière grand-mère édentée qui mâchouillait des mouillettes de pain trempées de soupe épaisse et qui répétait « le plus beau métier du monde c’est rrrrrrrrentier » alors qu’elle aussi était anarchiste jusqu’au bout de ses gencives nues. Vous ne l’entendez pas la musique de l’accent? Vous n’entendez rien. Vous n’entendez que votre vie qui vous parait être un métier, ce dont vous avez besoin, le besoin que les autres vous imposent, vous croyez. A la fin, forcément, il n’y a plus de musique. Tous les sons doux ou bruts, le froissement du déplacement des autres, qui n’est parfois qu’un souffle, le commencement d’un son. Mais si tu ne l’entends pas? Alors, où est l’orchestre du monde? Si personne ne perçoit dans la discrète apnée de celui qui se laisse mourir sans rien dire, la conscience qu’il a de gêner les autres, même en se laissant crever, comment mais comment le monde peut compter jusqu’à dix? NONNONONONONONONON AD LIB enculé, je suis sûr que tu les as comptés pour savoir si y’en avait 10 des NON. 
Un livre dont vous êtes le héros. 
Sa grand-mère. 
Ce qui ressemblait à son grand-père spectral lui avait dit tout à l’heure: « il faudrait pas qu’elle traine trop. ». Sa grand-mère. 104 ans. Un bout de bois dur, comme le bois roulé par l’Atlantique, pour finir échoué dans un mouroir. Sa grand mère au corps rabougri et à la peau qui desquamait de vieillesse. 
Sa dernière carte postale: trois lignes. Trois lignes écrites d’une écriture fine aux lettres qu’une vie d’institutrice de la république avait rendues… hmmm… parfaites? Trois lignes:
« j’espère que tu vas bien.
Ca fait un petit moment que je n’ai pas de tes nouvelles.
Moi j’ai failli mourir. »
Elle n’avait pas failli mourir, elle s’était cassé la gueule, en jardinant, sur un tuteur de pied de tomates et s’était écorché la joue. Mais il avait compris, bien sûr, la demande. Chez lui, c’est comme ça qu’on demandait. Et on restait attentif aux froissements subtils de ceux qui, comme eux, ne disaient pas ce qu’ils voulaient et aux autres, qui ne disaient même rien. Les lèvres serrées. Les visages bas. Les sourire à l’envers. Wesh! Comment ne pas les voir. 
Sa grand mère gardait les chiens de vieux mecs qui les laissaient dans leurs camions. Elle était allé les voir. Elle leur avait dit: « moi, je vous les garde. Pourquoi vous les laissez dans le camion? » Sans intérêt. Sans jugement. Elle était là. Les chiens étaient là. Les connos qui laissaient leurs chiens dans leurs camions pendant qu’ils bossaient étaient là. Le bruissement du monde. Le monde c’était simple. Il suffisait d’écouter. De parler. De donner. De rendre. Sans attendre la petite monnaie de la course. Tu te rappelles de la course? :« Dédé, va me chercher du saucisson à l’ail! » « t’en veux combien? » Qu’il répond l’autre, mètre jaune déplié à la main. Ma grand-mère le regarde en feignant d’être surprise et excédée. « Mon pauvre ami! ». Fin de l’histoire. Bien sûr qu’il y est pas allé le chercher le saucisson à l’ail, ça devait l’emmerder ce jour là d’y aller. Et il avait joué avec sa femme la comédie du couple qui s’arrange de tout en riant et qui s’aime je crois. Je sais ce que tu veux. Je sais ce que tu veux. Je sais que tu sais que ce qui est important c’est que tu sais que j’ai compris ce que tu voulais. On s’aime. Pour la vie! Pas une entourloupe à l’horizon. Pas un seul corbeau à noircir ce ciel blanc-bleu sans nuage. Non. Une entente. Comme si… Comme si le monde était entendu comme étant le monde. Et nous, je tu il elle mon cul, c’est après. Dedans. Dans le monde absorbé ensemble. Mais quel amour!
Kaya l’album entier en boucle au Walkman à cassette dans la vieille Ritmo qui sentait l’odeur du tabac froid qui le faisait dégueuler enfant Dans la bagnole. Faiblesse. Honte. 
« Oh mocking bird have you ever heard 
Words that I have never heard. ».
Putain l’amour perdu.
Sorti subitement de ce mesclun de souvenirs par son chien qui jappait contre le vide et les hypothétiques dangers qui l’habitaient, il regarda autour de lui. De la mélasse noire partout de la mélasse. Comme si son chien et lui erraient dans un paysage qu’un enfant aurait raturé rageusement à l’aide d’un vieux bic fatigué. Plus de rue, plus de bâtiments. D’encre gluante les alentours  recouverts. Il n’y avait plus d’amour perdu. Il n’y avait plus personne. Il n’y avait plus rien. Lui et son chien. Et l’encre épaisse qui les collait à l’absence de sol.
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cimhon · 2 months ago
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CHAPITRE 9 (ON EST PRESQU’A 10): presqu’à 10
J’en étais là avec mon chien. Du son plein la tête. Du son plein la tête, ce son qui m’avait libéré quand j’étais enfant en Dordogne. Cyril Gouyou, le grand frère de ma copine qui l’avait chargée à l’anniversaire de mes 10 ans de m’offrir trois cassettes enregistrées: AUTHENTIK, KING OF BONGO, DE LA PLANETE MARS. Ah! Tiens! J’étais passé de « il » à « je » pour le récit. Tout était tellement flou. Géraldine Gouyou. Sans le savoir elle avait changé ma vie. Oui, le son, ça change la vie. Ensuite j’avais volé pour la première fois de ma vie, au Leclerc de Sarlat. Je ne volais que des magazines de musique. Je lisais L’Affiche, Rage, des trucs de métal dont j’ai oublié le nom. L’Affiche, c’est des potes de Paris qui m’avaient fait connaitre. L’époque Big Cheese Records, Lazoo, les prémices du rap: Dee Nasty, Lionel D, Démocrates D… Putain. J’étais qui? Il était qui, lui, qui parlait là? 
A Sarlat, il n’y avait qu’un disquaire. Le mec on allait le voir pour lui demander un skeud de Minister AMER ou de Downset, il nous répondait qu’il avait une exclusivité avec EMI et qu’il était sûr que ça n’existait pas. Nique! On l’savait que ça existait nous! On avait lu les chroniques dans des magazines pointus. Du coup on envoyait des « grands », ceux qui montaient à Bordeaux échanger la rachacha et l’héro contre du shit, avec notre argent de poche pour qu’ils nous achètent des CD à la FNAC. A l’aveugle, enfin… en nous basant uniquement sur les dires d’articles écrits par des journalistes musicaux qui, et nous ne voulions que ça, n’avaient jamais foutu les pieds en Dordogne, mais qui nous semblaient tout connaître de ce qu’il fallait écouter. Pas REM, pas SIMPLY RED, pas PHIL COLLINS. Même pas SCORPION ou IRON MAIDEN. Si ça se trouve il gardaient une partie de notre fraiche pour de payer de la came…
Ainsi un des premiers CD qu’on m’avait ramené fut BESTIAL DEVASTATION/MORBID VISION de SEPULTURA. Deux EP sur un CD. Ben je te raconte pas comment j’ai pas aimé. Je me suis forcé pourtant! J’ai compris après. Avec BENEATH THE REMAIN, ARISE, CHAOS AD et ROOTS. J’ai compris que c’était juste pas le bon opus de ce groupe. Que c’était le premier. J’ai compris après ce que c’était qu’un groupe.
J’étais tout seul à écouter les DEAD KENNEDYS en cinquième. Et ensuite à écouter DOGGYSTYLE.  Et j’en retirais pour moi même une sorte de fierté. La fierté d’être à part. Pas d’être incompris. J’écoutais les Dead K, je ne me prenais pour un poète maudit, loin de là, ça aurait été ne rien comprendre au Punk américain. Le vrai hein! Black Flag, Bad Brains, Minor Threat, les Melvins… ET le punk, c’était comme le rap. Juste: je savais que ça me plaisait. Rien à foutre si les autres connaissaient pas. J’étais tout seul. J’avais raison!
Bon bon bon. Je te la fais pas 10 fois. On s’éloigne du sujet. On continuait à marcher avec le chien, et… Je me disais… Oui, le monde ici correspondait à mes fantasmes d’enfant: plus rien, plus personne. Mais je n’étais plus un enfant et… Je me disais… Mais putain, ok, ça ressemble à la Liberté. Mais tout seul? Ca n’a aucun sens la liberté tout seul! Plus je marchais vers chez Lorna… Ah. Ouais… En fait…  je me rappelais bien de son immeuble, de l’avenue en face de la fin de la rue des Rosiers qui n’était plus la rue des Rosiers. Mais je ne connaissais pas le numéro, ni le code, et comme il n’y avait même plus de rue des Rosiers… Alors le code…
« Allô mon amour, je suis dans votre cour
Donnez-moi le code du bâtiment, mon amour
J'te ferai la cour, oui tous les jours
J'te ferai l'amour, mon amour, mon amour
C'est compliqué
J'aimerais m'inviter mais je n'ai pas pris d'clé
J't'ai fais de la peine donc t'as pas insisté
Ça fait des mois entre elle et moi, ah yeah
Ouais, j'le connaissais, l'code était compliqué
J't'avais fait la promesse de n'pas l'oublier
A36B, c'est pas ça
On le sait, on ne sait plus, eh
Un pied dans l'love, l'autre pied dans l'hall
J'essaye d'm'en rappeler, d'mettre les chiffres dans l'ordre
Un pied dans l'love, l'autre pied dans l'hall
J'essaye d'm'en rappeler, d'mettre les chiffres dans l'ordre
Allô mon amour, je suis dans votre cour
Donnez-moi le code du bâtiment, mon amour
J'te ferai la cour oui, tous les jours
J'te ferai l'amour, mon amour, mon amour
Y a ceux qui sont lég', ceux qui sont lourds
Peut-on se toucher jusqu'à en devenir sourd
Y a ceux qui sont contre, ceux qui sont pour
Et ceux qui s'en sortent, c'est ceux qui sont sourds
Tu veux mon code, tu veux ma clé
Tu veux mon password, tu veux monter, hey
Cœur de pierre, j'ai perdu l'ouïe
Cœur de pierre, j'ai perdu l'ouïe
Allô mon amour, je suis dans votre cour
Donnez-moi le code du bâtiment, mon amour
J'te ferai la cour oui, tous les jours
J'te ferai l'amour, mon amour, mon amour
Allô mon amour, je suis dans votre cour
Donnez-moi le code du bâtiment, mon amour
J'te ferai la cour oui, tous les jours
J'te ferai l'amour, mon amour, mon amour
Laisse-moi rêver que tu meures
Afin que personne d'autre ne tombe sous tes charmes
Laisse-moi rêver que tu pleures
Pour que jamais personne ne danse sur ton corps
Toi et moi on s'aime, toi et moi on saigne
Toi et moi on s'aime, mais toi et moi on saigne
Perds-moi dans les airs, même si toi et moi on sait déjà que les fleurs fanent
Fais ta douce discrète, je promets de jamais me lasser de tes charmes
Toi et moi on s'aime, mais toi et moi on saigne
Toi et moi on s'aime, mais toi et moi on saigne
Tu vas réveiller mes voisins, baisse le ton
On s'est dit au revoir, pourtant pour de bon
C'est bizarre, quand je me penche
Ça coule mieux, c'est étrange
Allô mon amour, je suis dans votre cour
Donnez-moi le code du bâtiment, mon amour
J'te ferai la cour oui, tous les jours
J'te ferai l'amour, mon amour, mon amour
Allô mon amour, je suis dans votre cour
Donnez-moi le code du bâtiment, mon amour
J'te ferai la cour oui, tous les jours
J'te ferai l'amour, mon amour, mon amour
Tu me suis chaque nuit, tu ne sais qui je suis
Je te fuis chaque nuit, j'ai perdu l'ouïe
Tu me suis chaque nuit, tu ne sais qui je suis
Je te fuis chaque nuit ».
Et allez… Un son de plus venu du fond de son cerveau malade. Comment allait-il pouvoir la retrouver. Sans le code. Sans la rue des Rosiers qui n’était plus… Bref, vous avez compris depuis. Et, tiens… On était revenu à la narration à la troisième personne. Qui était-il en fait? Il regarda son chien. Intensément. Son chien le regarda. Avec son regard de chien. Avec un air qui semblait lui dire: « mon pauvre ami… ».
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cimhon · 2 months ago
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CHAPITRE 8:
TU CONNAIS LE RAP FILS DE PUTE?
Plus ils avançaient moins la rue ressemblait à de la rue. C’était compliqué à bien dire. Tout continuait à noircir. Non. Tout se mélangeait. Non. Le sol, les murs, le ciel formaient comme un tunnel uniforme. Wahhhh. C’était chaud là un peu. Il sentait que les filaments se visquosaient de plus en plus et sans le coller au non-sol, ralentissaient son allure. Il s’attendait à tout moment à voir son chien se faire recouvrir de tentacules gluantes comme Nago. Bon, en plus petit et en moins véloce. Mais t’auras compris l’image si tu connais. Il attendait. A gauche il tourna la tête.  Lady Oscar tout à coup à côté de lui. Et madame du Barry. Mais putain. Qui les connaissait? A part lui les historiens, les fans de Lady Oscar? Non Non non non!  On allait pas aller jusque’à 10. Nique sa mère le 10 . Nique tout. Le but: retrouver Lorna , se perdait dans cet immonde bordel. Alors Oscar, ça fait quoi d’etre obligée d’être un mec parce que ton père il veut pas pas de fille? Elle ne lui répondit pas. Et genre… Marie-Antoinette, vraiment t’as hésité entre elle  et le peuple? Non non non non. Ca partait grave en couille dans sa tête. Mon esprit part en couiilllllle
Mon esprit est déjà parti en yecou 
Ils disent de moi que je suis devenu fou ! 
Le K.I double S n'est pas du tout comme tu le crois 
Malgré les apparences ; le 3/4 le Kostla, la caillera 
Mon cerveau a déjà élaborer des plans de chara 
Doté d'une avidité intarissable de 
connaissances 
Kertra c'est moi, t'emmène dans l'autre sens 
Je n'ai plus aucune chance de crever de mort naturelle 
Il court, il court, toujours de plus belle 
Suivi à la trace et activement recherché 
Toujours sur ma trace, tans pis je veux quand même des nechieys 
Des tchebis, des tchebis , toujours plus, oh oui ! 
Le deal et le gun ! C'est notre dernier nessbi 
Je ne veux plu tenir les murs de notre téci 
Ne crois pas que je veuille faire un stage à Bois d'Arcy 
Trop bête de beton pour un vulgaire larcin 
Je ne veux béton que pour quelque chose 
Qui vale bel et bien la peine ! 
Béton pour avoir tué trois ou quatre personnes à peine 
Qui auraient voulu du mal à ma première mifa à ma seconde mifa Tintin,Weedy, Delta 
Mais n'oublie pas ce qui fait la différence entre toi et moi 
C'est qu'il y aura tout le temps derrière 
Moi ma smala 
Oui mon esprit part en couilles 
Le T.I.N le sacré sacré phénomène a vécu comme un kiss 
Un K.I double S fils du vice impliqué dans le biz' 
Quand j'étais jeune dans la rue , j'ai su que dans la banlieue 
Pour s'en sortir mieux vaut être vicieux 
C'est la vie facile : Nessbi et Deal 
Tu deviens une menace pour toute la ville 
Un gangta style où je me montre habile 
Le païen flippe quand je tripe 
Il a peur que je lui rotka son shit 
Quoi qu'il en soit c'est l'heure du business 
Pas de promesses, paie-moi en cash, en espèces car j'aime la tune 
Hey ! Hey ! Je veux faire fortune 
Sans travailler comme un iench et subir le stress 
Les kissdés m'ont peut-être à l'œil 
En tout cas ils ne sont jamais venus à mon seuil 
Pas de preuve mec ! 
Non pas que je sois honnête 
Mais Le T.I.N est vicieux et malin 
Pourtant le quartier en a baisé plus d'un en va et viens, en va et viens entre la maison 
Et la zonzon 
Putain j'y ai pensé aucune envie de plonger 
Surtout que ma mère me disait : 
« le quartier pourrait aussi l'aspirer, te 
tromper, te leurrer » 
Un quotidien malsain sur les bancs de cette cité 
Le Val fourré tu en a sûrement entendu parler 
Dans la soirée quand les halls d'entrée sont bondés 
Aux heures de pointe impossible de respirer 
« Wesh qui est dans la zef les mecs et qui tape du business ici là ? » 
moi ! Et j'ai longtemps opté pour ce choix qui de surcroît m'apporte la yasca 
3/4 Kostla caillera, qu'est-c' qu' y a ? 
Serrant les poings . Baise ça ! 
Nessbi, nessbi, nessbi 
A mantes la jolie, jolie, jolie 
Le deal et le gun, gangsta style, style, style 
Babylone veille, Babylone veille 
Jamais Express D ne paye 
Delta le deal de la sens ? ça se pourrait 
Peser le pour , le contre , le pour, le contre 
Pour me rendre compte qu'en fait mon esprit part en couilles 
Ar ptfou ! de la trouille ? Il n'en faut pas devant , derrière , à droite , à gauche 
Regarde si on ne te voit pas 
Cool, sûr de toi fais tes affaires 
Tape tes feintes du style : 
C'est bien vissère 
S'il insiste , tu insistes , tape le vice 
« Il est bien compressé » Joue-la à la 
Kiss joue-la à la Kiss 
« Ouais mais c'est un peu lège... » 
ouais mais la prochaine fois je te servirai 
mieux OK ? 
« Hey ! Hey ! Ba ki noun ba palé com ça ? » 
Moin ? Enkabané ! Pa lé moin énervé ! 
Ba tout moun ta pensé cé couillon ki fé 
Nou neg 
Nèg' soubarou je le suis depuis 
Que je suis tou petit 
Hem, nechiey Hem, Tchebi. Hmm, place 
Pour le funky style 
L'homme qui vient de la Martinique, 3/4 Kostla, racaille ! 
Rien dans la vie ne vole plus haut que le grand banditisme 
De l'argent plein les chepos j'atteins le paroxysme 
Pas de souci, Weedy des Express Di 
Pense à tous genres de Nessbi, pour devenir très cheuri 
Je sais que je ne suis pas un onc. Donc ! 
Mettre mon intelligence au service du crime n'est pas quelconque 
Ainsi j'élabore des plans de kajbra, de seuka 
Sous l'œil médusé des tarbas 
Le Neg'Soubarou devient fou, veut des Sous ,fait des coups . 
Et le tout vient du fait que je l'avoue mon esprit part en yecou 
Danse sur mon gangsta style, nechiey ! 
Pas de timinik face à mr fonky, tebey ! 
Ecoute plutôt ma philosophie 
Elle me vient de nombreuses observations 
Que j'ai fait sur Mantes la Jolie 
Celui qui fait de longues et hautes études 
Réussi tant bien que mal à se payer une villa dans le sud 
Celui qui n'aime pas l'école et préfère le nessbi 
En fait de même et kène les chiennes des dombis 
Or, je n'ai pas fait d'études , mec ! 
Et j'aimerai avoir des bonnes provisions pour faire mes chèques 
Un bon garci, Une Mercedes 
Des nechieys plein de mon duplex pour que je leur tape les fesses 
Mmh frère , il faut que j'y arrive 
Par tous les moyens car mon esprit part à la dérive 
Mon esprit part en couilles .
Tu sais que c’est une citation. J’ai besoin de le dire? Express D pour les tchebi alors. C’est pas moi qui l’ai écrit mais lady Oscar à côté de moi, je l’ai vue, j’ai vu bouger sa tête.
Je plonge dans mes souvenirs pour voir mon devenir
Sors dans l'année d'où tant de choses allaient partir
Je rentrais de l'école un soir, dégoûté
En pensant à tous les devoirs qui m'attendaient
J'entre et je tombe sur la télé, qu'est-ce que c'est
Que ces mecs qui tournent sur la main et font des roulés-boulés
Pour moi, c'était nouveau pourtant c'est sûr
Mes deux pieds et ma tête battaient déjà la mesure
On dit que tout se joue sur un coup de dés
Mais c'est sur un coup de grosse caisse que mon destin s'est tracé
Collé au rythme, j'ai oublié mes livres
D'école, avec la danse c'était incompatible
J'étais voué à faire de la musique
Condamné à placer le son au-delà d'une rhétorique
Ainsi, j'ai envers lui une éternelle dette
Dont je m'acquitte à chaque fois que je fais bouger les têtes
Envoie donc le rythme que je swingue les gadjis gadjos
Check 1, 2, pour le microphone
Place au MC qui torchait les partys au tempo des profiles
Kamikazé verbal, wildstyle
2 pour la basse, 1 pour les aigus, putain je suis le vrai, Gus
Si ce style est en apéritif, je suis Monsieur Plus
Bastonne mon son sur les ondes, le matin
Pimpant, j'injecte un funky clap dans vos tympans
Lyriciste grimpant, les compétiteurs saignent
Car j'absorbe plus de trucs que la sphaigne daigne écouter
L'oscillateur de tête, le boss, le pivot
Chill est le Suprême, poto, y'a pas de rivaux
Réfractaires au son de Mars et que ce flot de rimes brime
Flippez mais dites pourquoi vos bobines dodelinent
C'est intrinsèque, mais le sec en baskets et casquette
N'a pas d'équivalent pour faire bouger la tête
Depuis les Flash Breakers, l'eau a coulé sous les ponts
Tout a changé sauf le volume de mon walkman, à fond
Pourtant je regrette parfois ces entraînements
Interminables où l'on créait de nouveaux pas
Aujourd'hui on recherche des échantillons
Chaque fois meilleurs, mais toujours pour les mêmes raisons
C'est comme ça que je m'éclate
Faire bouger la tête des mecs sur un swing soul qui claque
Wou ! Terrible, c'est ça, enchaîne
Une basse bien grasse mon sang bout dans mes veines
Le coeur est un métronome
L'homme ne peut que s'incliner quand le hip-hop impose son dogme
Au nom de ceux qui avec moi usèrent leurs survêtements
Et ceux qui nous ont supporté jusqu'à présent
Je me dois de tenir mon poste, j'ai envers eux une dette
Dont je m'acquitte quand je fais bouger les têtes
Les sons qui me portent sont brutaux, je l'ai dit plus tôt
Je transmute la nature de l'être humain en culbuto
Frappe comme une batte, nommé Batman constate
Que le frère Chill flippe sur le mic comme un acrobate
Le grand Pope du côté obscur
Méthodique, trempé dans le rap jusqu'à l'os cure
Le mal par la malice, le swing mon Graal, mon calice
Au pays de Marseille, ça file, fils on t'appelle Alice
Indépendante la tête, elle s'agite
Brise un aspect statique, chute vers le bas comme une blague tragiqu
Sous les basses viibre la toiture
Et les types sont des bandes de clebs sur la plage arrière des voitures
Le sens et la technique sont hardcore
L'essentiel est là comme une compilation de chanteur mort
Mixette, DAT cassette
Microphone check, tout est prêt pour agiter la fête
Mon pote. Lady Oscar elle a bougé sa tête vénère. Mon chien il nous matait genre: vous êtes des débiles? Vous pensez que je connais pas? Vous pensez m’apprendre un truc? Allez les fils de rien, on avance  un peu ou bien? On sait le reste : le monde . Des hommes de l’ombre on en était là.
Si ça marche pas j'arrête, écris sur mes pages à la barrette
J'viens d'dehors tout ce que touche devient d'l'or
Et puis c'est re-lou d's'épuiser pour rien
Vous comprenez pas ou quoi, j'ai pas que ça à faire re-noi
Des vols et tout ça j'ai lâché, préfère des tournées
Mais si t'achètes pas mes skeuds frère, j'devrais y retourner
J'ai pas envie et puis ça me prend la tête, ça m'gonfle
J'veux des lingots et puis une pute à coté de moi quand je ronfle
Bouger à New York City, quitter les Hauts-d'Seine
Dispositif bifton dans l'objectif fils
Six millions d'dollars ou d'francs
Je m'en fous pour être franc, tu sais, du moment où j'ai du cash monnaie
Et à l'école ils m'disaient d'lire, voulaient m'enseigner qu'j'étais libre
Va t'faire niquer toi et tes livres
On s'débrouille des négros des crouilles
Des couilles, des embrouilles et trop de numéros d'écrous, écoute
On m'a détruit, déporté d'Gorée
Pendant qu'les truies font des portées d'porcs
D'or et d'argent, mon crew, mon clan, mes agents
Le froid du chrome sur la jambe
Chouf le monde est flingué
J'm'en bats la race car, j'sais qu'ça va sauter jusqu'en Alaska
Je suis un d'ces hommes de l'ombre
Aux pensées sombres, 92 artisanale bombe
Nique, je veux plus écrire. T’as pas compris je suis où. J’ai pas compris non plus. C’est pour les têtes brulées qui boxent avec les mots.
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cimhon · 2 months ago
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CHAPITRE 7:
JE VOIS DES GENS DE DESSINS ANIMES QUI SONT MORTS
Putain de bordel de dieu.
L’ouvert, il était bien bien ouvert là. Il n’était pas Ulysse ni Dante, il n’y avait pas eu de Circé pour lui indiquer le chemin vers les enfers ni de Béatrice pour lui indiquer celui qui menait au purgatoire. Il n’y avait rien eu d’autre que le 10 et l’éveil dans ce mou monde presque monde dans lequel il avait erré seul avec son chien retrouvé jusque’à croiser le fantôme de son grand-père mort. Son fantôme ou autre chose qui avait ressemblé à son grand père quoi… A cet instant le souvenir d’une série d’animation qu’il regardait petit sur récré A2 lui revint. « Le sourire du dragon », ou « Donjons et dragon ». Peu importait le titre. 
Un groupe de six adolescents se retrouve projeté dans un univers d'heroic fantasy après avoir participé à une attraction de fête foraine. Coincés dans ce nouvel univers, ils deviennent chacun un individu doté de pouvoirs spécifiques (chevalier, magicien, acrobate, barbare, etc.).
Guidés par le « Grand maître », un étrange magicien, les six adolescents devront affronter un être diabolique nommé Vengeur ainsi que de nombreux autres dangers, tout en essayant de revenir chez eux. (Source wikipedia).
Lui se rappelait de paysages arides traversés sans but. De poussière et de volcans. De bannissement sans raison. D’armes absurdes symboles de pouvoirs tout aussi débiles. Le chapeau cornu dont sortait n’importe quoi dont héritait le miskino de la bande, maigrelet à lunettes affublé d’une robe de druide bleue. Bien sûr que c’était lui le magicien et pas le blondin musclé qui fut doté d’un arc et de flèches démesurées couleur or. Etaient-elles enflammées de qui plus est? Il ne s’en souvenait plus. Il se rappelait que même s’ils avaient beau obéir à l’espèce de nain censé les ramener et remplir chacune des missions auxquelles il les assignait, jamais ils ne rentrèrent chez eux. Peut-être la série n’avait-elle pas été achevée, peut qu’il n’avait pas vu le dernier épisode? Peu importait. Il n’y avait pas de retour quand on changeait de monde. 
Il se dit qu’il était devenu fou. Ce genre de réflexions qui mimaient le raisonnement logique en  s’appuyant sur des exemples saugrenus pour expliquer… Putain, c’était chiant cette phrase. Il se saoulait lui-même à trop réfléchir. Et certes, s’il avait pensé aux dessins-animés de son enfance, il ne s’attendait pas pour autant à voir débarquer devant lui Lady Oscar sein nu épée à la main, Rémi sans famille mais avec son singe qui avait dansé jusqu’à mourir pour des piécettes, Ranma un demi qui était un mec, une meuf, un mec, une meuf, sa meuf qui était une meuf, un panda, une meuf… Ulysse 31 qui jamais ne rentrait chez lui et n’avait jamais l’idée de se poser aux Baléares pour arrêter de se fatiguer, les Monstroplantes, les Cosmocats…
Bon. Mais tout de même, il avait vu quelque chose qui restait de son grand-père. « Pressé comme un lavement ». Il n’avait jamais entendu cette expression autre part que dans sa famille. Et cet éternuement… 
Putain de bordel de dieu. On était où là Blues? Le chien ne répondit pas. Ils continuèrent à avancer.
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cimhon · 2 months ago
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CHAPITRE 6
Le Papé 
L’ouvert, il le savait, son chien le voyait. Mais qu’était-ce? Il lui semblait que le 10 les avait « envoyés » dans l’ouvert, et comme pris dedans, il peinait à bien en saisir les bornes qui auraient pu l’aider à définir cet état. Il en était sûr, d’être dans l’ouvert. Il en était sûr que c’était un état d’être. Son chien ne semblait pas se poser la question et continuait à cheminer dans ce paysage dont les contours s’amenuisaient au fur et à mesure qu’ils avançaient. Il avait l’impression de marcher dans une maquette de ville construite à peu de choses près à l’échelle 1:1 et déposée dans la ville elle-même. Pas la ville. Presque la ville dans la ville. L’air devenait de plus en plus épais. D’une épaisseur qui léchait la peau et qui lui fit instantanément penser aux filaments sortis du non-sol qu’il avait observé juste avant. Oui. L’air aussi était filamenteux. Il put le vérifier sur ses bras. C’était encore en léger mais il les vit ces fines tentacules noires gluantes. Princesse Mononoké ma gueule. Non 10 fois, il ne put se résoudre à croire à ce qu’il voyait pourtant. Simplement, il arrêta de regarder ses bras. Et…
Ce fut comme une déchirure.
L’air sembla s’effondrer par pans entiers autour d’eux, et, comme après la pluie d’orage, il se sentit libéré du poids de la pègue. Un vacarme avait transpercé l’atmosphère du microcosme 3 fois de suite. Et pas 10. Du coin de son oeil, il lui avait semblé apercevoir des ombres fuir. Du coin droit, du coin gauche. Comme des bouloches de poussières s’envolent dans n’importe quel sens quand la porte du grenier claque.
Il connaissait cette détonation tripétée. Il la connaissait si bien qu’il l’avait faite sienne sans avoir à y penser jamais. Elle produisait les même effets: l’étonnement toujours, et les rires, le plus souvent. Un éternuement douloureux et libérateur. L’éternument de son grand-père qu’il avait fait sien. Il tourna la tête incrédule car cela ne pouvait être et en même temps en étant sûr de ce qu’il verrait. Son grand-père, le Papé, André AKA Dédé ou Louis… Se tenait bien là derrière lui. Petit short en jeans ras des couilles, plastiques bleues transparentes aux pieds, teintées par endroit de la rouille des attaches en métal qui avaient trop pris l’eau de mer - chaussures que d’autres auraient nommées méduses - tricot de peau sans manches et ajouré comme un vieux filet, casquette bleu-gris-sale, faite d’un coton serré comme l’est le tissu des vareuses, fichée sur sa tête avenante et rigolarde. Il le savait avant de se retourner que c’était lui. Personne d’autre qu’eux deux n’éternuait aussi fort.
Jusqu’à ses 80 ans peut-être, il rentrait dans l’eau de la plage de la Grange en saut périlleux arrière depuis la digue. Pour faire le malin, pour se prouver à lui-même qu’il en était encore capable, pour défier la vieillesse? Et qui s’en foutait? Il était content. Presqu’aveugle il avait continué à conduire longtemps, jusqu’à s’emplafonner à 40 km heures dans sa propre boîte aux lettres après 6 heures de route. « Ben la Mamé elle dormait, ça m’a donné envie de dormir. Eh! j'ai tenu longtemps! ». Le mec lui avait toujours semblé savoir tout faire mais il était infoutu de trouver ses chaussettes dans sa chambre sans l’aide de sa femme. En fait, ça devait tellement l’emmerder de chercher ses chaussettes qu’il ne faisait aucun effort. « Dédé, va me chercher du saucisson à l’ail chez le charcutier ». Le Dédé ne disait pas non. Il portait la main à la poche arrière de son mini short, en sortait son mètre jaune rigide, le dépliait… « T’en veux combien? » « Mon pauvre ami ». Il s’en sortait comme ça: en montrant que ça le faisait chier quand ça le faisait chier, mais jamais sans le dire vraiment. Sans violence. Et devant tant de désinvolture, l’ennui lui même abdiquait. On lui foutait la paix au Dédé. Il avait trouvé la formule pour.
Le Papé était bien là. Il était mort depuis quand? 2018? Bon… Déjà cela ne faisait pas encore 10 ans. Et L’étrangeté de la situation lui parut moins étrange, étrangement. 
Ils se faisaient face. Le Papé continua à marcher. Aucun filament noir sous ses pieds.
Il ouvrit les bras pour étreindre son grand père qui continua à marcher droit devant et qui le traversa sans paraître le voir en chantant le refrain qu’il lui avait si souvent entendu fredonner: 
« Heure exquise 
Qui nous grise Lentement
La caresse
La promesse
Du moment
L'ineffable étreinte De nos désirs fous Tout dit: 
Gardez-moi Puisque je suis à vous.
Sanglots profonds et longs Des tendres violons
Mon cœur chante avec vous
À casse-cœur, à casse-cou Brebis prends bien garde au loup 
Le gazon glisse et l'air est doux 
Et la brebis vous dit: Je t'aime loup.
L'ineffable étreinte
De nos désirs fous Tout dit: 
Gardez-moi Puisque je suis à vous. ». 
Il le traversa sans le voir, sans répondre à la demande de ses bras ouverts. Il le traversa: ectoplasme de son grand-père. Pas le Papé. Quelque chose comme. Mais pas le Papé. 
Incrédule toujours autant, pourtant, il le héla. Le Papé se retourna. Il lui sembla  alors qu’il le vit car il lui dit: « Je suis pas pressé comme un lavement, mais il faudrait pas qu’elle traine trop ».
Il disparut. Il ne disparut pas en s’effaçant, ni en volutes… Il disparut. Comme s’il n’avait jamais était là. Sous aucune forme.
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cimhon · 2 months ago
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CHAPITRE 5
LE BIEN
Blues c’était fait. Bien sûr que la suite était évidente. Il ne s’était jamais accordé la permission de penser à cela avant…Il avait choisi de s’effacer. Mais là… Oui, il pensait à Lorna. Le Blues était sorti de chez elle. Et, lui, il l’aimait encore. Peu importait de quelle façon. Et peu lui importait comment, elle, l’aimait ou ne l’aimait plus. On n’en était vraiment plus là. Mais s’il y avait dans le 18eme étendu jusqu’à Saint-Ouen quelqu’un qui aurait mérité d’être sauvé du 10, c’était bien elle! Il continua donc, en désespoir d’autre cause, d’interroger son chien. « Wesh Bluesy-Blues, elle est où Lorna? » « t’es sorti comment de l’appartement? » « Vous étiez en train de promener avec Lorna? » « Pourquoi tu réponds pas? »
A chaque fois que le chien entendait « Lorna » il remuait la queue frénétiquement. Mais il ne répondait pas. Bien sûr. Et. Misère! Il n’était que ce qu’il était d’habitude. Un chien. Son chien. Leur chien. Rescapé lui aussi. Son être n’avait pas changé. Il ne se transformerait ni en Mélusine ni en Pégase, ni ne se mettrait à parler. Et c’était bien ainsi. Il le fixait en jappant et en frétillant fort à chaque « Lorna » prononcé. 
Jamais elle ne l’aurait laissé sortir seul. Il se rappela ses recommandations exigeantes et répétées qui traduisaient l’amour qu’elle portait à leur animal: « pas trop de poulet, il a grossi. » « vous êtes allés en forêt? Regarde bien s’il n’a pas de tique » « je crois qu’il s’ennuie, il faudrait lui acheter un tapis de jeu » « il fait chaud, il faudrait lui acheter un tapis réfrigéré »… Jamais jamaisjamaisjamaisjamaisjamaisjamaisjamaisjamaisjamais elle n’aurait laissé Blues errer seul. Elle se serait foutu le sang à l’envers de le savoir seul dans la rue, et lui aussi. Ce ne serait arrivé même. Quelque chose avait du se passer. Comme tout ce qui se passait depuis qu’il s’était réveillé. Quelque chose.
Il avait pris son chien sur l’épaule comme il faisait souvent, ce qui faisait ressembler Blues à l’engeance d’un ragondin et d’un perroquet, et ce qui le faisait, lui, ressembler à une ramasse beaucoup plus qu’au noble pirate de roman d’aventure. Il se dit alors que tout était tellement absurde, que de toute façon, il n’avait effectivement qu’à chercher Lorna. Et ne pas chercher autre chose. Surtout pas de sens. Il se rassura et reposa le chien à terre. Allez, allez Blues! Lorna! Elle est où Lorna? Et le chien parti au trot convaincu, droit devant. 
Il remarqua que ses pattes non plus ne touchaient pas le sol. Cependant, des filaments noirs fins, longs et élastiques, s’étiraient entre le bitume et ses coussinets. Sous ses pieds… Il regarda. Pareil. Même constat. Par instinct, il ne voulut pas toucher cette matière collante qui ne les collait pas au sol puisqu’ils ne touchaient pas le sol. Cette matière collante qui ne sortait de rien, ne les collait à rien. Mais les reliait… A quoi? On verrait ça plus tard.
Il suivait son chien, comme son ombre. Non. Nouvelle observation: il n’y avait plus d’ombre. Ni pour lui, ni pour son chien, ni pour… Les bâtiments avaient disparus eux aussi. Il ne s’en était pas rendu compte avant, tant les retrouvailles avec son chien l’avaient absorbé! Ils n’avaient pas totalement disparu mais, c’était comme s’ils s’étaient aplatis,  comme si les volumes s’étaient tassés sur eux-même. Il se souvint de la représentation des fausses usines dans « Tintin chez les soviets ». Qu’avait-il fait hier soir? Etait-il sorti boire un verre? Un verre laissé sur le bar que quelqu’un aurait pu droguer à son insu? Mais alors… Quel trip! Il ne connaissait aucune substance qui aurait pu lui procurer de telles visions. Après-tout, c’était sans doute possible: le génie humain lui avait toujours paru exceller particulièrement dans les domaines de la chimie récréative et de la torture. Bon…Il fallait rester concentré sur l’objectif. Au diable ces vaines interrogations, il ne trouverait pas de réponse, là, immédiatement. Donc en avant Guingamp! Il régla son pas sur le balancement du petit cul de son chien trottinant devant lui. Droite. Gauche. 
Quelques semaines auparavant il s’était « écrasé un nerf », il ne le savait et ne le répétait ici que parce que c’était  le diagnostic de l’orthopédiste, ce qui avait  entrainé un steppage de la jambe droite. Ce récent handicap qui l’empêchait donc de relever le pied et affectait grandement sa démarche avait disparu lui aussi. Il lui faudrait faire la liste plus tard de tout ce que le 10 avait fait disparaitre. A peine cette pensée lui vint-elle à  l’esprit qu’il se rendit compte de sa folle formulation. « Sous le signe du 10 » « le jour du 10 » « le 10 ». Un putain de mauvais film sans budget aux décors cartons et aux acteurs … Ben… il n’y avait que lui et son chien.
Il « nageait en plein délire ». Et cette dernière expression élimée, tant de fois lue et entendue, finit de lui présenter cette situation « délirante » comme n’étant peut-être que  l’ubac de la réalité. Son versant sombre et humide, moins exposé au soleil, moins randonné, peu fréquenté mais qui néanmoins constituait tout de même la moitié de la vallée. Plus il avançait plus il sentait que son esprit s’égarait dans de telles ineptes circonvolutions. Il n’aurait voulu pouvoir que marcher. Sans penser. Marcher comme son chien. Dandinant droit devant. Vers l’ouvert. A quatre pattes et deux pieds ils allèrent vers le but qu’ils s’étaient fixés: Lorna. Blues et lui, déjà c'était bien.
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cimhon · 3 months ago
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CHAPITRE 4
LE CHIEN
Le chien le chien le chien le chien le chien le chien le chien le chien le chien le chien. Sous le ciel qui regardait l’absence de tout sauf de lui. Il fallait, à tout prix, qu’il retrouve son chien. Il ne s’arrêta pas une seconde, encore moins 10, pour penser cette urgence. Il pensa en marchant.
Il pensa que c’était pour le protéger, si lui n’avait pas encore disparu avec tout le reste, peut-être pourrait-il le protéger vu qu’il n’aurait pas disparu. Ah! Mais de quoi le nourrirait-il? Peut-être que dans les supermarchés, les denrées alimentaires n’auraient pas disparu… Les croquettes bien sûr, ce n’était pas l’idéal: il faisait lui même à manger pour son chien - oh, des choses simples: riz poulet carottes ou courgettes — mais les croquettes, au moins, c’était moins périssable. Il s’occuperait de ce problème plus tard.  Il ne pensa pas à comment lui allait se nourrir. Il pensait mal d'ailleurs, de plus en plus.
Tout commençait à devenir de plus en plus confus. Il se sentait se mélanger au reste du paysage. Le vide sous ses pieds lui collait comme mélasse petit à petit, et sans le retenir vraiment, puisqu’un reste d'impression aérienne continuait à lui assurer qu’il résidait encore un infime espace entre le sol et son corps. Pourtant, pourtant, quelque chose péguait. Future glue il en était sûr! Dans peu de temps, dans 10 minutes, 10 heures, 10 jours, la colle encore légère du vide deviendrait mazout, bitume, matière dense assez pour l’empêcher de …. Mais oui. Pour l’empêcher de quoi? De retrouver son chien! Mission! Blues le bluesy Blues. Petit chien le petit chien. Il se repassait en boucle toutes le chanson débiles qu’il lui chantait quand il en avait la garde. Non! Qu’il se chantait à lui-même pour fêter son retour.  Qu’il chantait pour célébrer l’amour simple et pur que lui manifestait ce renascli de chien à chaque fois qu’ils se retrouvaient. Lui chantait, le chien tournait sur lui même, se levait sur ses pattes arrières, haletant, jappait de joie.
Et cette putain de rue des Rosiers sans rose et sans plus de nom qui n’en finissait pas. On aurait dit le tapis roulant de la gare Montparnasse. Bonne idée ça! Quand il aurait retrouvé son chien, ils iraient ensemble dans une gare, n’importe laquelle, pour vérifier si vraiment les Hommes avaient disparu. Et si oui, ils essaieraient de mettre en branle une locomotive. Comment? Ça on verrait plus tard.  Une fois de plus on verrait plus tard. Un problème à la fois. Où iraient-ils? Vers l’île de Ré? Vers Sarlat? Vers Sarlat, pour voir si ses parents et son frère étaient encore là, eux. Et si sa famille avait été la seule à avoir été épargnée par cette oblitération. Et pourquoi alors? Il faudrait répondre à cette énigme en temps voulu. Il se refusait à y penser pour l’instant et pourtant, et bien évidemment, toutes ses lectures mystiques qui évoquaient des êtres choisis, seuls rescapés de châtiments divins, lui revinrent en tête. Mais non. Pas lui, pas eux. Jamais il n’avait cru, ni sa famille non plus. 
Et pendant qu’il balayait de son esprit ces idées saugrenues, apparut devant lui le Bluesy. Il n’y voyait rien à deux mètres depuis longtemps et ne s’en était jamais soucié, mais il le reconnut du plus loin qu’il le vit. Son petit corps qui se dandinait saccadé et qui le faisait  ressembler à un tout petit cheval au pas qui se latéralise, ses moustaches d’oeil fournies qui lui donnaient un air de vieux Lord anglais et qui lui avaient valu le surnom de « Mr l’élégant », sa truffe toujours trop près du sol qui cassait la ligne verticale de son dos presqu'en angle droit et ne le faisait ressembler qu’à lui… oui! C’était Blues!!!! Il était vivant et devant lui. Comme d’habitude quand il l’appela, le chien eut l‘air hébété. Et, enfin, après un laps de temps qui dura sûrement encore ces putain de 10 secondes,  il courut vers lui. Oui! C’était bien Blues. Et oui il l’avait reconnu. Il le serra plus fort que de raison pour s’assurer qu’il n’était pas qu’une image de chien. Non! c’était son chien. Il lui lécha la trogne. Et il reconnut l’odeur de carcasse pourrie qui avait toujours émané de sa gueule. Putain! C’était son chien! En vrai! Lui était là. Et, même s’il l’avait déjà expérimenté un nombre incalculable de fois, il se rendit compte à quel point l’amour d’un animal est fondamental et, cette fois ci plus que les autres, à quel point ça ne sert à rien de lui demander des trucs: « Elle est où Lorna? » « Toi, pourquoi t’es là? » « Comment tu t’es retrouvé dans la rue des Rosiers non-Rosiers? ». Bien sûr qu’il n’allait pas répondre. Et en même temps… Tout était si fou et si normal que si son chien avait subitement parlé portugais, cela ne l’aurait pas étonné outre mesure. Mais il ne répondit pas. Même pas en Espéranto. Il jappa de joie. Et quelle joie ressentit-il alors lui aussi! Oui! Mission accomplie! Le bluesy était là, vivant, fait de cette même matière poilue qu’il lui avait toujours connue. Ils étaient deux. Moins que 10. Mais ils étaient ensemble.
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cimhon · 3 months ago
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CHAPITRE 3
ITERATION
Un pas après l’autre. Il s’obligeait à ne pas compter 10, mais son corps le lui refusait. Tout les 10 pas, il trébuchait, heurtait un pavé un peu plus haut que les autres. Le pavé de Venise, quelle prétention! Le pavé de Lisbonne? Celui qu’il avait ramené à 18 ans de son premier voyage autonome d ‘adolescent. Lorna aussi il l’avait rencontrée à Lisbonne, 25 ans après. ça n’avait pas pu être un hasard. Toujours du pied droit il trébuchait. Toujours du droit, tous les 10 pas. Putain de merde. Il cherchait. Dans sa mémoire récente, dans sa mémoire ancienne. Pourquoi 10? Pourquoi ce matin là, et, était-on vraiment sûr que ce fut le matin? Pourquoi 10? 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0. 10 sans raison. Sans personne dans la rue l’ombre des branches des quelques arbres de l’avenue ressemblait à des chiens. Oui! Son but était de retrouver Blues pour l’instant.  Lorna, il l’avait perdue depuis longtemps. Blues. Blues. Putain.  Deux fois cinq lettres. 10. Et merde. C’était quoi ce truc? Ce truc de 10 là. Si ça se trouvait, ses pieds qui ne touchaient toujours pas le sol n’en étaient séparés que par 10 millimètres. Difficile à mesurer. Mais ça lui semblait d’une absurde évidence maintenant. Attends…. Lorna Simon. Putain de 5 lettres deux fois. Putain de 10! 10 fois maudit le 10. Le mot 10 sa mère. 
Un pas après l’autre. Pourquoi les rues n’avaient plus de nom. Le plan de la ville paraissait heureusement ne pas avoir changé. Il passa porte de Clignancourt. Personne. Pas un vendeur de clopes frelatées, pas un pigeon, personne n’entrait ni ne sortait du métro. Il traversa le boulevard Ney, pas une voiture, pas un tram. En route toujours vers la rue des Rosiers. Putain, mais quel nom de rue…. Comme aurait dit l’autre « ils donnent aux cités des noms de fleurs pourries ». Pas un rosier en vue rue des Rosiers. Bien sûr. Pourquoi ça aurait changé? Pas plus de gens que sur le boulevard Ornano par contre. Personne. Et oui…Tiens… Pas une fleur. Pas un seul être à peu près vivant, pas un vieux papier en mouvement. Pas de vent. Tout immobile. Et chaque pas était par 10. Là, vraiment, il commença à flipper. Il se souvint d’un film. Pas très bon. Un truc avec Will Smith, un chien et des Zombies. Il commença à épier les alentours à la recherche de possibles mort-vivants. Non. Rien. Rien n’était visiblement vivant à part lui. Pire: rien n’était en mouvement. Encore, il fallait mettre 10 pas devant les autres. Encore. Jusqu’à arriver rue des Rosiers. Rue sans nom encore une fois. Mais ils en était sûr. Rue des Rosiers. Mais comment allait-il pouvoir contacter Lorna pour récupérer le chien? Si personne n’était plus là, comment aurait-elle pu avoir survécu à la disparition elle-même? Ah! Il avait enfin formulé comme ce qui pourtant était l’évidence depuis son levé: la disparition. Tout avait disparu sauf lui qui se trouvait à marcher au dessus du sol. Au dessus du sol si peu. Au dessus du sol dans le 10. Encore. Tous les 10 pas au dessus du sol. Tout avait disparu et encore disparaissait sous ses yeux. Depuis qu’il marchait hors de chez lui sans toucher le sol, il n’avait pas bien regardé sous ses pieds. Il le fit alors. Le sol lui aussi avait disparu, et il ne laissait place à rien. Le vide sous ses pieds n’était pas d’un noir profond comme on s’imagine le vide. Il n’était pas du blanc pâle étincelant des expériences de récits de mort imminente. Il n’était pas. Sous ses pieds: rien. Rien rue des Rosiers sans nom sans vent sans roses sans personne.
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cimhon · 3 months ago
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CHAPITRE 2:
PARS.
Enfant il avait désiré longtemps pouvoir parcourir.  Parcourir  un monde au temps arrêté, aux individus statufiés, dont  on pourrait aisément traverser les frontières pourtant figées. Pourquoi? Pour explorer sans risque peut-être, faire de sa solitude au milieu des autres une solitude réelle, libérée des autres. Se libérer du temps qui tue quand on est seul,  qui n’a de sens que si on est à deux. Pour étudier l’être sans qu’il ne bouge ni ne se soustraie. Pour éviter de souffrir. Il se tenait donc là et maintenant, projeté  dans son fantasme d’enfant qui avait remplacé la réalité. Pars donc! Maintenant pourquoi rester? Mais oui! Et avant? Pourquoi être resté? L’espoir d’un récupération? La force de l’habitude? Oui, les deux mon neveu, double aveu de faiblesse et de lâcheté. Nique! Et il le savait: l’espoir, l’habitude, l’attente…. EHA. Un virus. PARS, le vaccin? WAR FOR TERRITORY. Sans ennemi, sans armes. 
Il marchait en direction de Saint-Ouen, comme par habitude, c’est rue des rosiers qu’ils échangeaient le chien comme un objet précieux. Lorna habitait au bout de la rue. Au bout de la rue mon pote, au bout de le rue. Au bout de la rue. 10 fois au bout de la rue. Ils étaient
 restés sept ans ensemble. Cela faisait 3 ans qu’ils étaient séparés. 10 ans. 11 coups de cloches il n’en entendit que 10. Il avançait il continuait d’avancer. Vers où?
Rue des rosiers. Lorna, son chien. Loin devant tout le reste. Une urgence maintenant. Il était sûr d’être seul dans la rue. Peu importait. Mais il fallait que eux soient encore là. Loin de lui, d’accord, peut-être, pourquoi pas. Mais Lorna devait être heureuse. Son chien, devait la rendre heureuse. Et elle devait le rendre heureux. Son petit chien, con comme une branche, ne méritait pas d’avoir disparu dans le 10. Il se rendait compte que cette expression validait la réalité du moment. Non, le 10, le hasard de la solitude et de la rue déserte. Non… Il allait retrouver Blues. L’échange avec Lorna serait toujours aussi couvert de l’âpreté de la protection qu’il s’imposait à ne plus l’aimer. Oui. 
Il marcha.
Aucune rue ne menait plus à la rue des Rosiers. Les rues n’avaient plus de nom. 
Un soir, peu après son déménagement, un soir où il avait bu, mais pas plus que d’habitude, au lieu de rentrer à ChâteauRouge, son nouvel appartement, il avait pris machinalement la route de la rue de Crimée, son ancienne adresse. Il faisait nuit noire. Il avait erré. Il s’était retrouvé porte d’Aubervilliers. Loin de l’ancien appartement. Loin du nouveau. Sans angoisse. Il ne voyait rien. Il avait pris en photo le nom des rues avec son vieux téléphone et avait agrandi l’image pour pouvoir lire les noms des rues. Longtemps qu’il n’y voyait rien. Mais les noms des rues ne lui disaient rien. Il marcha cette nuit là longtemps. Jusqu’à trouver une station de métro. Il attendit qu’elle ouvre. Il rentra chez lui. 
C’était là la même impression de relâchement nocturne hormis le fait qu’on était en journée, sans avoir bu, qu’il était quelque chose comme 11H10 ou 12H10, enfin, une heure quelconque de la journée du jour plus 10 . Subitement sans avertissement et sûrement sans constance, enfin le ciel lui apparut ouvert et la rue disponible à autre chose qu’à la rencontre. Rien ne marchait, rien ne volait, rien n’était obstacle ni occasion. Il était seul.
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cimhon · 3 months ago
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CHAPITRE 1
10
Et soudain le temps arrêta de passer. Comment s’en rendit-il compte? C’était une impression légère et complexe comme peut l'être l’odeur du jasmin. Les choses alentours semblaient couvertes d’un gel fin mais que l’on décelait à l’oeil nu grâce à l’effet de loupe que produisait cette texture semi-liquide, et bulleuse par endroit. Il n’avait pas son chien, Blues,  cette semaine. Cela faisait déjà trois ans qu’ils pratiquaient, avec Lorna, une sorte de garde partagée. Sa présence aurait pu l’assurer que le mouvement des choses n’était pas ralenti. Le Blues lui aurait fait la fête en agitant son petit corps comme un poisson sorti de l’eau et jeté sur la digue. Frrrt frrrrt. Le bruit du mouvement.  Mais il n’était entouré que d’objets. Il lui semblait avoir un peu disparu comme aussi. Cette expression. Pourquoi comme aussi? Comme aussi. 
Il compta jusqu’à 10 avant de se lever du lit dans lequel il s’était couché mais sans dormir une fois de plus. 3 jours sans dormir pensait-il se souvenir, c’était pas sûr. Un peu plus peut être.. Mais le temps… Le temps ne passait plus, il en était sûr maintenant. Il voulut s’allumer une cigarette et bizarrement, ce qu’il ne faisait jamais, il compta les clopes dans le paquet. 10. Il tourna la tête vers son vieux radio-réveil acheté à GIFI en 2008 et qui fonctionnait encore sur les mêmes piles, comme pour vérifier ce qu’il savait déjà. Il était 10H10. Depuis combien de temps était-il 10H10? Il alla se doucher. L’eau était gluante en sortie de pommeau. Cependant elle glissait sur sa peau sans lui laisser aucune impression de ce  gras dont elle était pourtant très visiblement alourdie. Douche donc. Finie. A part se sentir délassé, quelque peu, rien ne changea. Il aimait depuis tout petit garder son dos humide, ne pas s’essuyer consciencieusement, pour conserver cette fraicheur sur sa peau. Il enfila son t-shirt. Il ne colla pas à sa peau mouillée. Il y avait comme de l’air entre le vêtement et son corps. Il regarda ses pieds. Ils ne touchaient pas le sol. Pas de beaucoup. Quelques millimètres. Il marcha. Au dessus du sol. La peau sous la plante de ses pieds ne sentait rien car elle ne foulait ni le carrelage blanc-sale de la salle de bain, ni le faux parquet de la chambre. 10. 10 pas. Comment le sut-il? Il n’avait pas eu besoin de compter. Il avait senti le 10 des 10 pas qu’il avait fait au ras du sol et  10 clignotassait dans sa tête comme l'enseigne fatiguée d'un vieux peep-show à Pigalle. 10 10 10 10.  Il se prépara pour sortir, vérifier que le monde était monde encore en mouvement dehors. 10 minutes plus tard il était dehors. Il n’y avait personne. Nulle brise ne soufflait sur les déchets qui jonchaient, comme tous les jours, la rue Baudélique. Rien ne bougeait visiblement. Les commerces semblaient ouverts mais il étaient vides. La porte automatique du Super U ne s’ouvrit pas devant lui. Il attendit 10 secondes. Elle ne s’ouvrit pas plus. Du plus loin qu’il pouvait voir: personne aux caisses, ni employés, ni clients. Dans la rue, il s’en aperçut alors, personne non plus. Ce que qui aurait pu n’être qu’un hasard de l’heure était la manifestation d’un nouveau monde. Un monde de choses enkystées, un monde aux êtres vivants absents. Il marcha un peu, leva les yeux: 10 boulevard Ornano.
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cimhon · 3 months ago
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Errer dans la forêt sans forme
Que le chasseur n’occupe pas encore
Rien je n’écoute que ce qui parle de ma mort 
Spasmes indistincts
De tempêtes anciennes
Traces
D’immenses 
Sans oeuvre
où les amours et la guerre sont absentes.
et la reprise car aucun texte n'est jamais fini:
Du son-souvenir d’errer dans la forêt sans forme
Que le chasseur n’occupe pas encore
Rien je n’écoute que ce qui parle de ma mort 
Spasmes indistincts
De tempêtes anciennes
Traces
D’immenses espaces
Vierges d’oeuvre
Dans lesquels les amours 
Et la guerre sont absentes.
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cimhon · 4 months ago
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Mes mains perdues dans tes cheveux bouclés
Meurent le mot je le sais l’ordre.
Je sais 
refuser le temps 
Le temps qui s’écoule à tout crin refusé
Sommeil maintenu lointain
Je sais
Comment on fait
Le rêve est la boue du monde boueux 
Je veux me baigner dans l’éveil
 Dans l’eau claire des secondes abolies
Ce n’est pas la poésie qui fait longs les jours
C’est toi dans le poème qui nie le monde
Et tisse, autour des secondes, des chrysalides
(Tes cheveux) (mes mains)
Épaisses et stériles d’où ne sortiront aucune minutes.
Je vais m‘en assurer.
Mes mains échappent à tes cheveux certes
Mais j’ai eu le choix d’emprisonner le temps
Dans l’espace d’une courte vie.
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cimhon · 4 months ago
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youtube
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cimhon · 4 months ago
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La bouche jadis douce des mots deux,
Mots étranges que nous seuls comprenions,
Nommait les sols sans les limiter. 
Lisbonne Dieppe Le Havre Rome Berlin
Paris, partout je me sentais chez moi.
 Quelques sons subsistent lointains
Figés comme pierres granuleuses , ruines 
Du monde qui seul méritait le nom de patrie.
La bouche s’est tue et le corps a déserté.
Redevenu à la vie un étranger,
A quoi bon cartographier les terres incendiées?
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cimhon · 4 months ago
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Toutes les images que je pourrais employer me paraissent ridicules
« Unocéanmedéborde » 
« Ouinouinouin »
Lesmotsmedébectent
« Ahcestdurlavieputaindesarace » 
Je peux bien aller me faire foutre
J’ai regarder l’or tomber lentement de mes mains
Jamais je n’ai su fermer les poings
Intense fils de rien
FDR
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cimhon · 4 months ago
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Le vide que recouvre ma peau coûte cher
Quand je me mettrai nu
Sous le signe il n’y aura rien
Mon nom comme le nom de l’arbre
Un autre nom
Ton nom
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