la-pepite
la-pepite
LA PÉPITE
1 post
Découvrait la pépite qui se cache dans vos œuvres audiovisuels préférés !
Don't wanna be here? Send us removal request.
la-pepite · 8 years ago
Text
La pépite n°1 : True détective
Tumblr media
Apparu en janvier 2014 sur la chaîne câblée américaine HBO, True detective est une révolution dans le monde du petit écran. Elle se pose notamment comme un renouveau sériel du « film noir » -qui emprunte très largement les codes du « polar » en littérature- tant adoré par le Hollywood des années 60/70. La série se compose à ce jour de deux saisons bien distinctes puisqu’elle se présente comme une anthologie, chaque saison est unique et n’évoque aucun lien avec la précédente, arborant de nouveaux acteurs ainsi qu’une intrigue différente à chaque fois.
La première est composée de huit épisodes prenants lieu en Louisiane du Sud au milieu des années 1990 lors d’une sordide affaire de meurtre, avec comme protagonistes deux personnages énigmatiques, Rust Cohle et Marty Hart, rappelé en 2012 après avoir résolu l’affaire depuis longtemps, à propos d’une nouvelle affaire de meurtre ayant des similitudes troublantes avec celle de 1995.
Et la seconde, se composant également de huit épisodes, aborde quant �� elle l’enquête autour de la mort suspecte d’un gérant municipal, Ben Caspere dans la ville fictive de Vinci et ayant pour personnages principales Ray Velcoro, un policier corrompu au service d'un mafieux local, Frank Semyon, cherchant à se repentir mais ayant perdu tout son argent avec la mort de Caspere, Antigone Bezzerides, une femme policier hantée par son passé, et Paul Woodrugh, un policier à moto, vétéran de guerre pris dans un scandale sexuel.
Une réelle évolution dans le style
Son renouveau passe tout d’abord par son côté très littéraire et très philosophique. Porté par son créateur, Nic Pizzolatto, écrivain de métier avec déjà deux romans à son compteur dont un récompensé en France, par le prix du meilleur premier roman étranger en 2011. Nic Pizzolatto cisaille dans la série la condition humaine comme aucun autre auteur de série télévisée. À travers l’écriture de ses protagonistes, le créateur de la série dissèque les peurs humaines, leurs vices et leurs faiblesses. Le scénario est également très inspiré d’un classique de la littérature d’horreur, « Le roi en jaune » de Robert W. Chambers qui transparaît notamment dans l’élaboration de l’antagoniste de l’histoire.
Mais l’évolution passe également par un style visuel très marqué et très sombre, encore trop peu abordé dans une série de cette ampleur, et qui vient rappeler de grands films comme le « Chinatown » de Roman Polanski ou encore « No country for old men » des frères Coen. Mais surtout essentiellement par son traitement de la place qu’occupe l’humain au sein de la nature et de sa place dans la civilisation humaine, dans le grand vide que représentent la vie et toutes les questions qui apparaissent autour d’elle.
Ce traitement métaphorique s’applique dans une des fondations de la série bien souvent ignorée et oubliée mais pourtant non moins intéressante que ses autres aspects : la place de la ville et du paysage dans son intrigue et l’influence qu’elle porte sur la construction de l’arc narratif ainsi que des protagonistes de l’histoire.
La Louisiane du sud, décors des âmes perdues
Au cœur même de l’écriture de la première saison se trouve un paysage de Louisiane du Sud singulier, qui paraît, effacé, lointain, déserté. Mais pourtant il est bel et bien là. Il est là, tout le temps, omniprésent, posant un cadre de ruines, avec sa végétation luxuriante, ses grands espaces comme s’en allant vers l’infini, ses marécages. Le créateur de la série le connaît bien, il a vécu son enfance au milieu de celui-ci, il a ressentie psychologiquement toute sa complexité ce qui lui a permis de développer son imaginaire et ses pensées.
Tumblr media
Ce paysage sert de métaphore pour le récit. Les étangs, le jonchant, reflètent la bassesse de l’humanité dont traite la série. La végétation, semble transparaître comme un ennemi rampant dont on ne prend pas conscience, avec laquelle les détectives doivent faire affaire pour qu'elles ne reprennent pas ses droits, faisant le lien métaphorique avec le mal qu’ils essaient de combattre. La nature est présente en permanence : dès le tout début du premier épisode de la saison, lorsque les deux enquêteurs trouvent le corps -correspondant au début de leur enquête- accroché à un arbre, comme faisant partie de celui-ci, tout en semblant en être sa continuité. Lorsque Rust Cohle traverse l’antre du tueur ayant a priori perpétré ce meurtre des années auparavant, au milieu de branches et des écorces d’arbres. En passant par la découverte du « monstre à la fin du rêve », comme le dit Rust lors de son interrogatoire, perdue au beau milieu des jungles du bayou, auxquelles ils vont devoir faire face lors de son arrestation et qui vont se révéler aussi dangereuse qu’impitoyable.
Deuxième élément de ce paysage, la ville qui prend une place appart entière, avec ces usines en arrière-plan, elle est présente dans tous les épisodes à travers le générique de début ou les usines se fondent dans le visage des protagonistes de l’histoire à travers un jeu de doubles expositions, comme s’ils ne pouvaient s’en détacher, comme si elle s'entremêler avec leurs âmes.
« Ici, c’est comme avoir le souvenir de la ville qui s’efface. Comme s’il n’y avait que la jungle. »
Ainsi, les enquêteurs, mais également les personnes se succédant tout au long du récit, paraissent comme piégé au milieu d’une ville gangrenée par des usines menaçantes ainsi que d’une nature omniprésente et oppressante, donnant un sentiment de désolation et de perditions.
La ville comme peinture de l’enfer
La première saison nous présenté une ville reculée qui planait comme une ombre sur les personnages, la deuxième saison à quant à elle pour vocations de nous plonger a l’intérieur de celle-ci. Nous sommes alors plongés au milieu de l’enfer d’une ville corrompue, que personne n’ose dénoncer de peur de finir comme le gérant municipal Ben Caspere.
L’action se passe, non plus en Louisiane du Sud comme la première saison, mais en Californie, à Vinci, une ville aux apparences fictives mais ayant tout de même de nombreuses similitudes avec la réelle ville de Vernon. La mort de ce gérant municipal nous met en garde dès le début, rien ne va plus à l’intérieur même de la ville.
Tumblr media
Vinci, est peint comme le fossé du capitalisme, le lieu de la disparition de l’âme humaine dans les briques des maisons délabrées, là où les idéaux et les promesses du capitalisme sont enterrés. Elle semble tirée d’une fable, ressemblant à un monstre de par son étrangeté, son implantations semble s’étendre à l’infini. Ses routes s’entremêlent et se croisent comme les tentacules d’un monstre marins… Son essence même semble la rendre immuable, comme si rien ne pouvait jamais changer.
On retrouve tout de même, comme dans la première saison, des usines menaçantes, avec leurs émanations semblant s’abattre sur la population comme un nuage recouvrant la ville et à travers lequel aucune échappatoire ne semble réalisable. Les plans d’ensemble de la ville sont filmés vue du ciel, la caméra prend du recul par rapport à elle pour pouvoir mieux nous en montrer sa complexité. Avec ses autoroutes tentaculaires et son mélange entre parcelles industrielles et habitation parfois vétuste ou parfois démesurée, la réalisation nous permet de poser un regard critique sur une ville et une société en déclin.
Tumblr media
0 notes