lasphinge
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'Lingua impetuosa'
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lasphinge · 7 years ago
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Esthétique.
“L’écriture est revenue, impérieuse.” 
J’ai fini ma première séance là-dessus. Après avoir évoqué Virginia, après avoir entendu qu’au-delà de ses oeuvres, ce sont des milliers et des milliers de pages, des correspondances, des carnets qu’elle a recouvert de son écriture, jour après jour, comme si l’écriture permettait de tenir en vie, comme si son existence tenait dans ses pages et qu’à ne pas y être, elle perdrait consistance. 
Elle s’est suicidée, quelques temps après avoir retrouvé sa chambre et ses notes, ses livres, ses papiers éparpillés, brûlant dans l’air, cendres comme autant de poussières, perdus, atomisés par les bombardements de 1940. Comme si ses mots disséminés renvoyaient à son propre corps sans plus de matière où se déposer.
  Effractée. 
Elle s’est d‘ailleurs suicidée, pierre en poche, arrimée au fond vaseux. Elle ne s’est pas jetée d’un pont, sous un train, sur un mur. Elle s’est lestée, sûre de son geste, lourde, lourde enfin. 
Que fait-on de cette souffrance, de ce trop-plein où il ne fait pas bon être, ou de ce vide qui remplit tout autant? 
Seule, il n’y a que mes mots qui me fassent tenir debout. Il n’y a qu’en écrivant que je me donne forme, que je brave la solitude et la tentation du vertige en dedans. Il n’y a qu’en écrivant que je me sens capable de rassembler tous mes morceaux. 
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lasphinge · 8 years ago
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Teaser - Lance-Pierre : Edith. Parce qu’il faut tâter l’eau du bout du pied et entrer dans le monde. Doucement
Sa grand-mère était déjà levée. L'odeur de café la précédait. Ici elle laissait Lou en boire un peu, noyé dans du lait – privilège d'adulte, adouci d'un reste de chaleur maternelle - ce lait, blanc comme un sein de femme ombragé, gardé intact, sous un drap, d'une propreté chaste. La cuisine sentait le pain grillé, le gras du beurre de ferme tout juste étalé, un peu fondu, celui qui laisse une pellicule sur la langue quand on vient mordre dans la tartine. L'odeur fugace et volatile,  aux coins du vaisselier, d'une pointe d'agrumes: chaque matin, qu'elle le boive ou non, sa grand-mère lui pressait deux oranges additionnées d'un filet de citron. Saison ou pas saison. Si Lou ne le buvait pas, elle s'en chargeait.
 Elle ne l'avait pas entendue arriver. Elle était légèrement penchée sur la gazinière, cherchant à craquer une allumette pour relancer du café, mais ses doigts déformés lui compliquaient la vie. Le mince brin de bois lui échappait, malgré la concentration, malgré toute la détermination contenue dans le bout de ses doigts aux ongles courts, que Lou n'avait jamais vus faits.
 Ces doigts-là, Lou les avaient toujours vus autour de quelque chose. Des mains, sans relâche, affairées à. Grippées autour d'un manche à balai, refermés sur la queue d'une casserole ou la laisse du chien. Le petit doigt enfoncé dans un dé à coudre, où l'index occupé à plonger dans une pâte à gâteau pour en vérifier la consistance, l'onctuosité. Des mains, munies d'une trempe. Solides. Les seules fois où Lou les voyaient s'alléger, s'embarquer dans une petite toccata légère, une petite promenade de membres tout enjoués, c'était lorsqu'elle sortait son accordéon. Petite faiblesse, réminiscence de jeune fille, qui avait appris dans sa lointaine jeunesse les morceaux des fêtes de village, des fêtes du quatorze juillet. Une époque que seules des expressions comme 'Jadis' ou 'de mon temps' convenaient. Les dimanches qu'elle avait pu passer chez ses grands-parents, à Paris, dans leur appartement qui sentait la cire d'abeille, la lessive et le chien en boule, sa grand-mère sortait de son écrin brillant son accordéon et se laissait aller à ce plaisir coupable, à ce petit reste de fierté devant Pascal Servan et sa Chance aux chansons. Il y avait quelques rares moments comme celui-là, où Lou voyait dans les yeux de sa grand-mère les restes d'un désir, d'une joie à explorer ce que le monde aurait pu lui apporter de fantaisies, de légèreté, de fantasmes oubliés et persistants. Quelques fois – et sa mère ne le savait pas – sa grand-mère lui demandait de lui faire une beauté. Elle s'installait dans son fauteuil en velours brun, avec les gros accoudoirs en noyer luisants où se cache le bouton permettant de relever le repose-pieds. Elle la laissait prendre dans le tiroir de la salle de bain le nécessaire à maquillage, et elle demandait à sa petite-fille si elle voulait bien s'occuper d'elle. Lou  sortait alors de son étui le petit bâtonnet couvert de mousse beige, et récupérait le fard à paupières mordoré, pour l'appliquer sur les minces paupières plissées de sa grand-mère. Elle peignait ses cils de noir, presque un à un, si rares. Puis c'était le coup de blush aux joues épaisses, le rouge corail aux lèvres fines, la bouche à peine entrouverte qui frémissait un peu. Elle finissait toujours par en avoir sur les dents de devant, malgré toute l'application avec laquelle Lou s'exécutait. Sa grand-mère soupirait, béate, un instant.
 C'était, à y repenser, dans ces seuls moments de coquetterie volée au quotidien que Lou avait jamais vu les mains de sa grand-mère occupées à rien. L'une sur l'autre,  reposant comme une grande expiration sur son ventre, immobiles comme les mains d'une défunte à une veillée. Des mains comme amenées dans cette pose par une tierce personne, une pose un peu trop belle, raide dans son maintien, trop esthétique, trop sympathique pour n'être pas chorégraphiée. Comme une ultime poignée pétrie de malaise, couvrant la maladresse à pouvoir enfin se reposer.
 Jamais sa grand-mère ne lui avait demandé d'apporter un miroir quand elle lui faisait une beauté, ou n'était allée s'admirer dans celui à l'armoire à pharmacie, dans la salle de bain.  D'ailleurs, elle se relevait vite, une fois la séance finie. Lou l'avait vu lorgner, quelques fois, aux albums de famille juste après, aux photographies tellement vieilles que leurs contours dentelés étaient jaunies, froissés, malgré le soin qu'Edith avait pris à les conserver. Pas dans une boîte en fer, stockées pêle-mêle, au gré des petits doigts qui viendraient piocher à l'envi, pêcher des retrouvailles. Non, chaque photographie, une à une, collée  sur la page épaisse d'un album relié, de ceux qui coûtent cher. Le bruit que faisait la feuille de calque. A chaque passage, on la sentait un peu plus craquer. Malgré le soin, malgré le cabinet fermé à clef, la feuille de calque devenait à chaque fois un peu moins souple, un peu plus sèche, érodée. Edith avait beau la manier avec une ultime délicatesse, la feuille finirait un jour par se déchirer. Aussi Edith remettait-elle vite en place l'album dans le cabinet, à l'abri de la poussière, de la lumière, du cours des vies. Et elle effaçait de son visage le petit sourire de côté, le sourire espiègle de sa jeunesse qui surgissait, comme un réflexe, à contempler ces vieux clichés de  femme fraîche aux yeux verts et aux pommettes saillantes. Elle nettoyait alors avec hâte, à l'aveugle, le sourire à ses lèvres. Sur le coton, ce sont ses rêves de jeunesse qu'une fois de plus, elle démaquillait.
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lasphinge · 8 years ago
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Repose en paix.
On appellerait cela ma spirométrie.
Il faudrait mesurer le poids de ce qui se crache, s’extirpe, s’exprime à grands coups de larmes et de cris, d’expirations sonnantes et trébuchantes. La vieille crasse qu’on racle au fond des poumons. J’ai l’impression de cracher la monnaie de toutes leurs pièces. Une vraie machine à souffle, d’un coup.
Je suis en deuil. J’ai perdu mes parents. J’ai nourri si longtemps cet espoir désespérant qu’ils étaient encore, quelque part, à la hauteur de tous leurs serments. A guetter, pauvre de moi à la fenêtre, l’arrivée de ceux qui ne viennent pas. Parce qu’à l’amour, on ne tient qu’à y croire. Parce qu’à vouloir y entendre quelque chose, on prend sur soi les abandons, les trahisons, on s’accoutume de l’effroyable. On excuse ce qui ne se pardonne pas, à n’avoir jamais été aimée que comme cela.  On veut croire aux mots dans ces yeux qui caressent alors que la main enfonce dans notre cœur le pieu qui jure.
Je suis en deuil de l’enfant en moi. Celui qui n’a jamais eu la place pour être. Leur fille qui a été faite convoitise, maternité, rivalité. J’ai appris récemment à la reconnaître, cette enfant à qui l’on a toujours refusé d’exister. Je l’entends sangloter, se cacher sous les draps, tout au fond de moi. Elle a rivalisé de subterfuges pour se protéger. Des murailles plus qu’il n’en faut, des chemins semés d’embûches. Un monstre, même, chargé de défendre la forteresse. Ce qui persifle, terrifie et se dresse pour offrir de quoi faire écran. Je sais lui dire, désormais, que je suis dorénavant suffisamment bonne mère pour elle aussi la protéger. C’est cette enfant que j’apaise en apprenant de mon fils à être la mère qui ne m’a jamais été donnée.
Je ne dois pas maudire ce qui me constitue : je dois en faire le deuil. Et pour cela je dois remercier. Remercier ce qui jusqu’alors m’a protégée. Remercier cette bête, ce monstre, ce gardien, de l’immense tâche accomplie. Va, va, repose en paix, je vais baiser une à une tes paupières pour les aider à se fermer. Je peux me départir de toi, je suis une grande fille, désormais. Je suis même devenue femme, apte à trier le bon grain de l’ivraie, apte à panser ses blessures, assez courageuse pour vouloir mettre en gage une partie d’elle-même sans avoir peur d‘être pourtant entamée. S’y essayer. 
L’amour qui ne marchande pas sa confiance. Elle n’y est pas affaire de propriété. Celui qui s’incarne, qui dit et fait d’une même voix, élève, transforme. Celui qui reste, quand bien même l’absence. Celui qu’un silence n’angoisse pas, celui qu’on ne se défend pas de réclamer et d’accueillir. Celui qui navigue sans entraves, heureux de revenir, comme le ressac qui s’éloigne et se gorge au large, à souhait, de pouvoir imprimer sur le sable son mouvement incessant de va-et-vient. Un corps joyeux pour s’écrire en choeur, par le corps, pour l’encore. 
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lasphinge · 8 years ago
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Conjurer le Sors!
Il parait que notre esprit ne nous donne jamais à voir que ce pour quoi nous sommes prêts. Que la clef du dépassement du trauma réside dans sa résurgence. Vivre - à nouveau - l’invivable. 
Il aura fallu plus de trente ans pour aller au bout de ce dont mon esprit me protégeait. Ce contre quoi je luttais de toutes mes forces, pieds et paupières liés.
Toutes ces années, à être l'hôte d'un corps étranger. Toutes ces années à héberger ce morceau qui n'était pas à moi: la haine et le dégoût d'un autre, d'un père, qui a déversé dans sa fille ce qu'il y avait de plus vil, de plus abject, de plus sale en lui.
Je l'ai sentie. Cette présence ignoble en moi. Cet effroi, à être envahie. Pénétrée. Possédée.
Ce dégoût, que je croyais être mien, dont je croyais être le fruit, et dont je n'étais que l'objet. Cette haine de moi-même. Cette souillure, ce que face au miroir fait que je ne me reconnais pas. Je cherchais en vain les morceaux de moi-même à l'extérieur de mon propre corps, là où j'étais pleine de ce qui ne m'appartient pas.
Je n'ai plus peur, père, je n'ai plus peur de toi. Tu as désormais en face de toi non seulement adversaire à ta taille, mais femme mille fois plus forte que toi. Forte de toute sa rage enfin dirigée contre qui de droit, de toute sa colère, de celle qui fait trembler les murs, de toute sa beauté -celle qui lui est propre. Je suis là pour défendre l'enfant en moi qui n'a pu se protéger. Tu ne la toucheras pas. Tu ne l'approcheras plus. Je la protége dorénavant de toi.
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lasphinge · 8 years ago
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L'Amer
Et le temps vint où celle qui chercha toujours en son enfant la mère, tua celle que la faute des époux érigea au statut de rivale à évincer. Tuer la fille, pour ne pas ternir l'image que la mère s'était faite d'elle-même: la vertu d'une sacrifiée qui se refusa à être, comme sa fille, ce qu'elle aurait toujours voulu être - une femme.
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lasphinge · 8 years ago
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La violence Fondamentale
"La tradition va considérer Oedipe comme un monstre pour avoir assassiné son père et fécondé sa mère. La tradition fait comme si elle ignorait que jamais Oedipe n'a eu connaissance de sa véritable identité donc de l'identité des personnages auxquels il s'est trouvé affronté sur la route de Thébès, comme dans la couche royale. De plus, dans le premier cas, c'est Laïos qui l'a provoqué et dans la seconde circonstance, c'est la cité elle-même qui l'a placé dans le lit de Jocaste. Le parricide et l'inceste ne constituent pas l'origine première du drame. La source la plus profonde et la plus primitive du drame se retrouve dans le premier oracle et dans l'attitude de violence préventive exercée par les parents à l'encontre d'Oedipe qui n'aurait pas du naître et qui ne saurait vivre". Jean Bergeret, La Violence fondamentale.
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lasphinge · 8 years ago
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Oeuvrer.
Je suis découragée.
Pas l'immensité de la tâche à accomplir.
Je fais diversion: je macule mes journées de balades, comme pour m'imprégner. Je m'imprègne, et pour de vrai, de sommeil, d'alcool, de gens. Je repousse la tâche, la seule qui ici compte, par rapport à ce que je suis en mesure de donner.
Et qu'ai-je à donner? Qu'est-ce que je peux apporter? C'est quoi, ma pierre, à cet édifice que serait la vie?
Ecrire. Là.
La vraie difficulté. Le vrai sens, où je peux oeuvrer.
Il n'est absolument pas question de vanité. De questionner ce que je vaux, à ça.
C'est devenu la certitude que c'est ici, et uniquement ici, que je peux contribuer. Elle est trouvée, la voie d'accomplissement, au sens d'accomplir quelque chose qui soit plus grand. Que de fils à retordre. Quelle saloperie d'exigence, face à laquelle je me dérobe. Et pourtant, il est plus que temps.
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lasphinge · 8 years ago
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Le Petit Maire
Exercice d’écriture sur la base de Disuassion, Ascanio Celestini. 
ET
“Il faut créer un monde où la naissance donne droit à la vie” - Mai 68.
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Il lui avait fallu un temps incommensurable de quête pour retrouver le petit pays. Il lui avait fallu désenchevêtrer toute parole, un mythe cent fois conté, mais le descendant était revenu à l’origine. Là où le mal avait pris racine, comme une mauvaise graine semée par l’esprit d’un seul homme, un petit maire au cœur noir et rabougri – une mauvaise graine qui s’était étendue par-delà les murailles immenses du tout petit pays.
Personne n’avait jamais su pourquoi dans ce petit pays où tout le monde pouvait circuler, aller et venir chez l’autre, à sa guise, ce petit maire s’était mis en tête d’imaginer une telle chose – une porte – et pourquoi l’on avait besoin d’un tel objet. Personne n’avait jamais su que ce petit maire s’était retrouvé sans mère, pour s’être elle, un jour, comme une vieille eau évaporée.
Le petit maire l’avait vue passer le seuil de leur maison sans porte – puisqu’alors, personne ne l’avait encore inventée – et son ombre, grande et belle, se fondre au sol dans l’embrasure.  Et l’ombre s’était étirée, étirée en un mince ruban qui finit par se détacher du seuil, et de l’embrasure.
« Si je construis de quoi retenir cette ombre, y mêler assez de pénombre pour qu’elle ne se détache pas, s’était dit le petit maire, alors peut-être qu’elle n’ira pas se fondre au dehors avec le soleil. Si je construis de quoi retenir au dehors la lumière et les ombres qui là-bas me sont projetées, peut-être ne pourront-elles plus chez moi se faufiler et s’installer, pour un beau jour à nouveau s’é-tirer, et quitter ma demeure ».
C’est ainsi que le petit maire fit construire les portes et les serrures, qu’il en mit aux malles et aux entrées, et qu’il déposa son cœur dans un coffre et en fit un secret, à garder précieusement sous clef. C’est pour préserver son cœur, qu’il clôt ainsi les espaces et thésaurisa son humanité.
LE descendant mit pied à terre, dans cette ville abandonnée qui n’avait jamais pu être assiégée. Il laissa au portique, près des douves et des meurtrières, sa monture. Il marcha sous la lune, jusqu’au plus haut point des rues, où la cendre et la nuit et le froid recouvraient tout. Et là il vit la maison qu’on lui avait décrite, la maison du petit maire, comme un bouquet de lingots sales et bien alignés. Pas une lame ne passait entre les briques. Pas un souffle, aux fissures, pour s’époumoner.
Le descendait savait ce qu’il avait à faire, il avait été choisi parmi les plus braves pour cette épopée. Il savait que quelque part, ici, un cœur trop bien gardé gisait. Dans une malle, à la maison du maire, la vie intacte palpitait. Il entra dans la maison où les portes s’ouvraient, à n’être plus ni passées, ni gardées. Il monta les escaliers qui s’empruntaient sans peine, à n’être plus dévalés. Dans la chambre, la malle était là, au pied d’un grand psyché.
Il pensa à sa femme, il pensa à ses frères, à tous ces êtres qui hors du petit pays avaient juste eu le droit de naître, et d’être privés de ce trésor qui dans la malle reposait. Il pensa à tous ces êtres mis au monde dans l’espoir qu’en l’un d’eux dormirait la sagesse d’une clef oubliée. Il pensa à tous ces corps qui gisaient debout, sans vie, pour qu’il seul petit maire ait eu l’idée de la protéger dans une malle scellée, au sein d’une maison pleine de portes, dans une ville fortifiée.
 Le descendant savait ce qu’il avait à faire. Il porta la petite malle à son visage et doucement, tout doucement, il se mit à embrasser la serrure. Il sentit sous ses mains en coupe le bois se mettre à chauffer. Il sortit alors la langue, et doucement, tout doucement, il se mit à lécher la serrure. Quelque chose monta de la malle, comme un frisson, une respiration. Le descendant introduit la langue, et la malle dans un hoquet s’ouvrit.
Il lui fallut un temps incommensurable pour se résoudre à prendre en mains ce cœur, qui sous ses yeux, sanglotait.
Le descendant savait ce qu’il avait à faire. Ce cœur, il irait le mettre en bière, pour qu’alors son sang comme une vieille peur, comme d’immenses pleurs, se répande et soigne les blessures qui naissent aux embrasures. Et le sang de l’ancêtre se répandrait pour nourrir cette terre devenue cendre, et faire naître aux bords des murs la promesse d’une nouvelle ville où revenir, la promesse d’une nouvelle vie têtue et entêtante, comme une plante vivace sortie des débris.
Lierre, lierre, pour aujourd’hui, la vie.
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lasphinge · 8 years ago
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La La Land.
On m’a parlé de joie. On m’a dit « même qu’ils font des claquettes à un moment ».
Alors voilà, la scène s’ouvre sur le soleil à son zénith. Le grand bleu, californien. Le chant, les sourires, les cheveux lustrés, sans prévenir. L’autoroute américaine, et en route vers le succès, dès 6h du matin. La comédie musicale, en plan séquence, on ne s’y trompe pas. L’espace d’un instant, moi, un « qu’est-ce que je fous là ? »
Et ça continue, les chants et les pas chorégraphiés qui me démangent, mais me laissent sur mon siège, sans vibrer. C’est léger, c’est coloré, c’est l’histoire toute tracée du rêve américain et de la course à la renommée : ribambelles de colocataires sur des talons hauts perchées, caricature de la smart girl de province, un peu décalée. Je te vois venir, avec tes gros sabots. J ‘y gagnerai un hommage aux grands du cinéma, et basta.
Et puis et puis…c’est moins le rêve américain qui se fissure que la mélancolie qui s’immisce en nos cœurs. Cette histoire d’amour. Et d‘amour-propre. Et d’éthique. Qui résonne si fort.
Lui, qui fait pâlir les guirlandes de Noël quand il répond à l’appel de ce qui le meut, l’émeut, le transporte jusqu’à frapper, frapper, frapper encore les touches de ce piano. Au détriment de tout ce qui est opportun, de tout ce qui est raisonnable. Cette absence de compromis. L’éclat intense dans les yeux blessés de celui qui se félicite et se maudit de ne réussir à transiger – parce qu’après tout, il le faudrait, tout le monde le fait, et lui, qu’y a-t-il gagné, à part cher le payer ? Les autres s’en accommodent, et réussissent. Ce regard blessé, qui n’était pas pour elle, et qu’elle attrape au vol, et qui touche au cœur.
Elle, qui collectionne les couloirs d’auditions où s’entassent des rousses plus rousses qu’elle, des rôles qui ne sont pas faits pour elle. Qui, d’amour et de regard, finit par écrire sa propre partition, celle de la femme qu’elle est, avec le monde entier conté, depuis sa fenêtre. Avec le monde entier dans cette pièce où elle trouve assez de courage pour œuvrer.
Il aura suffi d’un plan sur un plafond et son auréole. La métonymie – et le parallèle, s’il en est – d’une tache au recoin, qui vient assombrir le tableau. Il n’est pas assez bien. Elle mérite mieux. Il doit y avoir plus, à offrir, à la mesure de la grandeur et de la beauté dont il a le loisir et l’honneur, en sa présence, de jouir. C’est bien d’amour, qu’il se trompe de chemise et remise sa veste de pianiste sérieux. C’est d’amour, qu’il transige et abdique de tout ce qu’il aimait pour choisir la  douloureuse facilité, le confort urticant d’un chèque qu’on encaisse, d’un groupe qu’on déteste, d’un art  et d’un soi travesti.  C’est d’amour, qu’il fait basculer les saisons dans la narration.
Il y a cette scène, au concert. Il ouvre le morceau, tout à son piano, plus soudain, le miroir qui se brise au moment où le beat moderne et son lot de révolutions nécessaires – pour faire avec son temps – prennent le devant de la scène. La foule en délire, et elle, au milieu, le sourire qui se crispe. Elle ne comprend pas. Ce n’est pas ça. Ce n’est pas lui. C’est un pastiche, le pâle reflet de ce qu’il est et qu’elle connait. Et même, qu’il feint d’y prendre du plaisir, et même que l’idée de commencer à mériter lui fait venir, presque, un vrai sourire.
Alors la gêne s’installe. Elle n’ose pas. Les mots se font discrets. L‘absence s’invite et ne coûte plus autant. Les vrais rêves s’amenuisent. Il est moins là, mais c’est pour son bien. Il prend sur lui, responsable. Il en vient même à le lui reprocher son ingratitude, lors d’un dîner qui n’offre la surprise que de voir une porte claquée et un repas brûlé.
C’est à louper sa Première à elle, dans un théâtre de seconde zone, où trois mouches se battent en duel et où fusent les commentaires dénigrants, qu’il renoue avec ce qui fait sens pour lui, et la voie qu’il avait perdue en chemin. C’est à la voir, dévastée, découragée à l’idée que définitivement, rien ne sert d’aller au bout du courage de (se) dire, qu’il reprend la balle au bond et porte pour elle les restes minces de son enchantement.
Conté de fée doux-amer, oui. On reste encore à Hollywood, et évidemment, elle finit par briller. Quelqu’un a cru en elle ; et quelqu’un l’a vue. Lui finit par ouvrir sa boîte de jazz, avec ses clients grabataires, sa musique, son cœur qui bat, la vie qui jaillit.
Mais l’un sans l’autre. Son rêve à lui était ici, dans cette ville. Il l’avait dit, une réplique, depuis le début : il faut, il faut que ce soit là. A Los Angeles. Ce lieu-là. Ce club-là, celui de l’âge d’or du Free Jazz. Avec ce tabouret qui a reçu le séant des plus grands. Celui qui a été saccagé, celui qu’on a transformé en club Tapas-Samba, celui qui a été déshonoré et dont il faut redorer le blason.
Son rêve à elle l’appelle là-bas. On le note en creux. Au loin. Rogner à l’un ou l’autre rêve, c’est la faillite assurée, et l’amour-fait-éthique, là, c’est celui qui fait dire que la seule voie juste, est celle de l’accomplissement. Ne pas céder sur son désir. Jamais. A croire y sauver l’amour, on l’ampute de ce qui gardait entiers ceux qui à l’origine, s’aimaient. Il fallait qu’il en soit ainsi. 
Et là,
ces vingt dernières minutes, de l’ordre du génie.
Fantasmes, et réalités. Certitudes, atomisées. Une grande lampée sur la peur, une grande inspiration, au trou noir, aux instants clivants. Justesse, et mélancolie.
Je m’attendais vraiment à enfoncer le clou, dans cette idée de fatalité. Prise à mon propre piège, à ma propre grille de lecture, à mes propres leviers.
Nous sommes avant tout - j’y travaille beaucoup en ce moment - l’histoire que nous nous racontons, le récit que nous construisons, à posteriori, de nos vies. Nous avons cette capacité de résilience, inscrite en nous, qui nous invite à aller de l’avant, en nous confortant dans l’idée que les choix que nous avons pris étaient les seuls bons à prendre, ou tout du moins à notre portée. 
Nous sommes  la somme des choix que nous faisons. Cela ne veut pas dire qu’il sont les seuls choix à notre portée. Ne pas les regretter : les assumer. Cela tient à ce hochement de tête à la fin, un acquiescement muet : ç’aurait pu être autrement, mais c’est ainsi que c’est.
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lasphinge · 8 years ago
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Ta langue fouille ma Langue #Un fantasme fait souvenir
L'été est passé. Mes talons chassent l'air froid, claquent sur le sol carrelé. La nuit est tombée. La galerie est déserte.Petits coupons à l'ancienne. Des pièces, de ta poche au guichet. 
Sourire timide, celui d'un jeune galant, d'un premier cavalier. Perspective de toutes mes fleurs à ta boutonnière. Ta main frôle ma hanche, pression légère, rideau qui s'ouvre, je te précède pour entrer. 
Tu remarques le pli fragile de la robe sur la cambrure. Tu vois jouer le tissu, le balancement de ma croupe, à mesure que j'avance, mes pas feutrés sur la moquette élimée. Danse silencieuse du bassin qui s'ancre. Je me noies dans le siège, velours moelleux, regard profond. Un escarpin glisse - une décharge électrique vient chatouiller le bas de tes reins. Nous sommes ici. Ici, nous sommes. Tout au fond. Notre désir domine la salle. Notre désir, vingt quatre images indécentes par seconde. 
Le film commence. Nous ne nous touchons pas. Tu m'écoutes respirer. Tu guettes les mouvements dans ma respiration. Je suis concentrée sur l'écran. Une mèche, sur la nuque, la poussière de l'air soudain éclairée par la lumière du projecteur. Je tourne la tête vers toi. Lentement. Consciemment. Belladone. Regard de plante sauvage. Battements de ton coeur, plus intenses. Le sang bat fou à tes tempes, et dans ton sexe, au même rythme que ma bouche qui s'ouvre, se referme, murmure en silence toute l'étendue de ma luxure. A genoux, à genoux te dis-je sans un mot. Tu glisses, ivre de couleurs, à mes pieds. Ta main remonte, comme une brise au printemps, du mollet au genou. S'engouffre sous le tissu. Cuisses soyeuses, fraîches. Grimper, plus haut. Encore quelques centimètres carrés de peau. La chaleur t'appelle. L'épicentre gronde. Déjà, nous sommes à la source de toute chose. 
Soudain, le son, puissant, ouvre la salle en deux alors que tu déchires mon sous-vêtement. Un sourire immense sur ton visage, et tu  plonges. J'hoquette. Guette un mouvement aux premiers rangs. Ta langue. Cette langue, qui ne joue jamais, ou qu'avec la forme. Mes formes. Je t'entends gémir là où j'adresse des prières muettes. Je l'entends, ta chanson de geste, ces mots avides s'imprimer sur ma chair, conjuguer tous les cris qui s'échouent sur mon périnée. Grammaire salée, saveurs composées: ta langue fouille ma Langue. Ici, tu lèches pourpre. Là, tu mordilles l'expression désuète. Les papilles à plat, avant, arrière, tour à tour taquin, râpeux, avide, consciencieux. Tu me bois, tu viens puiser de quoi livrer tous tes combats. Ici, tu es majestueux, et je suis Reine pour t'adouber.
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lasphinge · 8 years ago
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Le rêve.
Il y a des rêves qui sont comme des rites de passage. Négociés avec plus ou moins de succès.
Des messages, qui cristallisent - à les marquer au fer rouge - un certain type d’entrée dans le monde, et de regard sur nous-mêmes et nos interactions. S’ils nous restent, ce doit être pour une raison. Si nous ne parvenons pas à les décoder, c’est que leur message doit sans cesse attirer notre attention. 
Le dernier en date m’est remonté, pas tant pour ce qu’il avait à me montrer – scène assez sordide, par ailleurs.  J’étais prise, enfant, alors par mon frère adulte (ce qu’il n’a jamais été à ce moment-là, n’ayant que 2 ans et demi de plus que moi) dans la salle de bain de notre enfance. Je peux encore ressentir, à y penser les yeux fermés, toutes les sensations alors vécues par mon esprit – avec une grande acuité. Une empreinte fantôme, sur mes méninges.
Ce rêve m’est revenu pour que je puisse en dire, poser des mots dessus, et me rendre compte, à le verbaliser et uniquement parce que je le verbalisais, le sens que j’avais à en tirer. Un fait de structure : un rêve n’est pas un souvenir, et mon cerveau est capable de faire la distinction. 
Ils ne s’articulent pas de la même façon. Si l’inconscient est structuré comme un langage, les rêves s’apparentent pour moi à la poésie – succession de signifiants qui s’imposent nus, crus, indécents à nous et jouent les uns avec les autres, retroussent leurs plis, se cachent, se défroissent. Frénésie de sons qui glissent, râpent ou s’entortillent, d’images qui s’affichent sans vergogne, et sans que nous ayons alors la capacité de les envelopper et agir sur elles avec ce qui fait, fondamentalement, de nous des sujets : mettre en récit. Cette capacité de rassembler tous les morceaux pour être, au centre, cette histoire qu’on se raconte en permanence.  Un rêve, à en faire la narration, on en a toujours le hoquet.
Combien de fois en rêve, sommes-nous catapultés dans une scène, sans le souvenir d’y être entrés ? Combien de fois les repères temporels y sont-ils saccagés sans qu’on n’y prête attention? Combien de fois, n’est-ce qu’au sortir du rêve qu’on réalise à quel point tout y était complètement aberrant, impossible, alors qu’un ciel gros de vagues rouges et des singes volants nous y apparaissaient pourtant comme évident ?
Le rêve, lieu de tous les possibles, et pourtant là où tout, touche à l’essentiel de ce qui est. La réalité, effractée, dans toute sa complexité, sans lien, lieu ou temps pour la borner proprement.  Là où notre esprit a la capacité d’agencer nos symboles différemment, pour faire saillir ce qui ne saillirait pas autrement. Ce que nos modes perceptifs ne nous permettent pas d’appréhender normalement. Connexions synaptiques inouïes. Condensation. Déplacement. Révolutions.
Raconter ses rêves, c’est se heurter à l’apprentissage d’une langue. C’est là que nos mots, ceux qui tentent de conter le rêve comme on traduirait le texte d’une langue étrangère, sont à étudier d’abord pour la structure qu’ils tentent de décrire. Il faut les découdre, déplacer, compter, assembler avant même de chercher à les comprendre. Au -delà du sens qu’ils recouvrent – et sur lequel on peut débattre à l’infini – les éléments de nos rêves portent dans leur agencement des occurrences, des manques, liens, répétitions, la structure d’une grammaire. Un code. Personne, personne ne peut comprendre le sens d’une phrase sans avoir appris la syntaxe d’une langue, ni son alphabet.
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lasphinge · 8 years ago
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Je m’en souviens, maintenant.
Un jour, on a utilisé ce mot, à mon égard.
Numineuse. 
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lasphinge · 8 years ago
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Les souliers rouges.
Je ne m'enfermerai plus.
J'ai trop vécu de trous de serrure, de passe-murailles, d'embrasures.
J'ai trop oeuvré pour mes fenêtres, pour quitter mes cages dorées, les clefs de bras, les mots qu'on ne dit pas. On me l'a dit: chaque jour, je grandis – à faire céder ce coffrage sous toute la force de ma démesure.
J'ai dit je veux le lien – pas la ligature. J'ai dit: je veux oeuvrer.
Je connais trop l'inertie, fusse au sein même du mouvement. La fatigue du jeu qui s'épuise à tirer sur les mêmes ficelles, la chorégraphie descendue jusque dans la moindre des fibres, au talon, à l'occiput. Celle qui se répète et se lasse, à répéter si souvent les mêmes enchainements. Je refuse de connaître par coeur.
Je conchie cour et jardin – je veux le monde et l'autre pour scène. J'ai cette exigence. J'ai et veux cet engagement: celui de l'espace, du renouveau, de l'attention portée à ce qui doit constamment surprendre et émerveiller.
On se trompe, à vouloir brouter l'herbe de son voisin. Ici, les boutures sont vertes, on soigne ses plants. On met en jachère, en verrière, on plante. Semer, récolter, hybrider, porter ses fruits. Pourrir, s'assécher, hiberner et retrouver de quoi fleurir. Arbre centenaire. Au diable le chat et ses sept vies, je veux sans cesse renaître et mourir. Transmuter. Mon sacerdoce – ma plus grande fidélité.
Je le sais, dorénavant. Je me connais. Patience infinie, jusqu'à plus, jusqu'à ce que mon besoin de défricher rompe avec ce qui hésite, garde ses fous, sa foi, sa volonté. Ma soif déchire à ne plus pouvoir qu'écarteler. Patience, puis violence, du qui m'aime me suive. Pas de justice, autre qu'à l'éthique, dans cet élan.
Je n'arrêterai pas le mouvement, celui roide, de la découverte, du pas en avant, hors du cercle. L'Ouroboros vient même s'immiscer dans ce qui ne promet pourtant que tension, intensité. J'ai des souliers rouges qui brûlent à mes pieds.
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lasphinge · 8 years ago
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Condescendre. Amenuiser.
Exercice abject, s'il en est.
Comment se résoudre à empiéter? Comment se résoudre à l'idée de rogner sur ce qui tient de l'état de grâce, de l'absolu, de l'au-delà de ce qui à la jonction des mondes est si exigeant pour subsister?
On tire, on dépasse, on se dépasse dans l'idée que tendre aux extrémités pèsera face à la machinerie implacable du familier.
Je fais ma part. J'appelle la fantaisie. Je transfigure. J'invite la métamorphose. Je fais de corvées des moments de félicité. Au devoir des banalités, j'offre une lame pour me raser. Aux comptes à faire au guichet, le partage d'une course aux travers les rayons d'un supermarché. A la nécessité de se nourrir, l'idée d'un plat parfait par le jeu de créativités.
Ça ne suffit pas. Je, ne suffit pas. Je ne suis pas autant chérie que le mécanisme dont je suis une partie.
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lasphinge · 8 years ago
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conjugaisons.
Quand être avec l'autre, c'est le cadeau inestimable de mieux savoir grâce à vous deux ce que tu es, qui tu veux être et pouvoir devenir. Sans avoir à choisir.
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lasphinge · 8 years ago
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Qui l’eût crue.
Je compte les éclats, les ébréchures. 
Mon espoir est un petit oiseau de porcelaine, un fil à la patte, dans une cage rouge qui prend l’eau. Il a trop bu la tasse. Il rogne le coin des ailes, des anses, de grands lambeaux de peinture pour passer à travers le trou de la serrure. On lui a caché toute la lumière.  Les galets, au fond de ce ruisseau, amassent ses plumes -  protègent d'un nid trop lointain, d'une couvée gluante comme une nappe de goudron, d'une filiation faite d'égoïsme, de lâcheté, d'abandon. 
Mon espoir est frêle, menu. Il est, dorénavant, orphelin - sans nom. 
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lasphinge · 8 years ago
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J'écris blanc et le papier noir n'est qu'un tapis de honte. Le soir, tout est soir. Arbres, bêtes et extra-terrestres éventuels traçant des dessins du ciel. Et nous, nous nous sommes plutôt plantés. Parce qu'on nous a plantés. Il n'y a plus de chlorophylle pour les mourants. Il y a des menaces comme on en trouve dans toutes les maisons. Des lendemains qui s'endorment, le coeur dans du vin. -- Tu viens me manger des clous dans la main. A la nuit tombée, je te ronge le dos. Je n'ai rien contre tes vertèbres, j'écoute et ta chair palpite. Les trous de la pluie sont là, je ne peux pas les colmater. Petits nous glissions sur des ardoises vers le fleuve. Depuis, notre bouche s'est brisée, on a des dents dans la langue. Quand débarquerons-nous? Les berges sont froides, les galets dans l'eau.
Exercices de chute - Alexis Alvarez Barbosa
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