le4etage
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Maxence Chevreau interroge les possibilités sculpturales. Ses œuvres, en prenant place dans des expositions ou des interventions minimales, intriguent ceux qui vont à leur rencontre. Elles jouent d’une certaine ambiguïté, entre fragilité et stabilité, mais aussi précarité et utilité. Autant de questionnements sur leur réalisation et sur leur fonction qui laissent entrevoir les recherches de l’artiste.
D’un côté, les formes. Elles naissent le plus souvent d’un dessin provisoire, d’un prélèvement qui entraîne l’apparition d’un motif ; à la fois une raison d’agir et sujet de peintre. De l’autre, les matériaux. Ils sont utilisés pour leurs spécificités. Ils sont travaillés pour concrétiser l’idée qui précède leurs réalisations. Le geste artistique est au service des caractéristiques physiques de ces derniers et les modalités d’appréhension des œuvres se veulent simples et précises. Elles se dévoilent avec une évidente clarté et mettent en lumière l’équilibre apprivoisé entre la forme et son matériau.
L’exposition « Lisière » se compose de trois éléments indépendants, une porte, un ensemble de deux monolithes de papier, et un cendrier. Leurs matériaux de fabrication les situent dans des familles différentes avec des propriétés spécifiques : bois, papier, métal ; malléables, fragiles, solides. Pour autant, comme sculpture autonome, elles ne s’isolent pas, au contraire, elles invitent à passer à la suivante. Elles se précédent et se succèdent, elles cloisonnent et décloisonnent, les empêchant de se figer dans cet espace restreint. Cette circulation donne à la fois l’impression d’une grande autonomie et d’une nécessaire complémentarité. Elles permettent à l’exposition de se mettre naturellement en mouvement et donc de révéler, une certaine vie des formes.
Vincent-Michaël Vallet
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Les oeuvres de Margaux Janisset s’inscrivent dans le contexte particulier d’un lieu ou d’une architecture. La couleur, dans tous ses possibles (peinture, craie, pigment), s’étale partout où elle peut avoir une emprise et entrer en résonance avec son support. Pour autant, le rendu reste subtil, évanescent, parfois même imperceptible puisqu’à l’inverse des modalités classiques de frontalité, la peinture de Margaux Janisset se découvre pleinement lorsque notre corps se déplace pour l’apprécier sous différents angles. Ainsi révélées par la lumière naturelle, qui dévoile autant qu’elle camoufle, les peintures murales sont sujettes aux aléas météorologiques et transforment la démarche en expérience sensible du temps. La couleur qui brille ou s’estompe est appliquée par strates successives de mélanges dilués. Cela permet à l’artiste de dessiner un territoire de pratique picturale qui se situe dans le champ de la recherche et de l’expérimentation ; les accidents, les surprises deviennent acteurs de la réalisation. L’exposition « Temps solaire » au 4ème étage est une démarche inédite en faveur du lieu, celle de le sublimer et d’en offrir aux spectateurs toute sa force vibratoire.
Vincent-Michaël Vallet
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Germain Marguillard élabore une pratique entre recherches et intuitions. Il s’aventure sur des terrains mystérieux comme l’alchimie et la magie pour mieux en étudier les processus de signes et les méthodes de communication. Cet intérêt pour le déchiffrage se retrouve dans le titre de l’exposition. Entre calembour et langage des oiseaux, le « mot dit vers où » devient le « maudit verrou », codage volontaire pour masquer une information. Le sens caché du titre invite à déchiffrer le sens caché des sculptures et des installations. Ces dernières devenant les réceptacles d’une énergie mystique, d’une spiritualité neuve où les grands mythes du passé et les questionnements numériques du présent fusionnent. L'utilisation de formes transformées et de matériaux empruntés à un contexte quotidien, palette, enjoliveurs, diffuseur d’huiles essentielles et câbles électriques, les éloigne de leurs fonctions habituelles pour se présenter à nous en énigme. L’hybridation des signes se multiplie dans un assemblage qui évoque autant un cabinet de curiosités, l’antre d’un prêtre vaudou que le laboratoire d’un alchimiste. Ainsi, chacune des œuvres éveille des histoires communes, des projections mentales qui sommeillent en nous comme autant de liens avec des mystères occultes presque communément partagés. Les maudits verrous déposés ci et là dans l’exposition sont ici pour nous le rappeler, du mot vient la forme et la forme retourne au mot. C’est finalement quand on ne cherche plus les phénomènes cachés et qu’on s’abandonne à eux, que le sens des choses et des lieux se dévoile.
Vincent-Michaël Vallet
LIRE LE TEXTE DE PIERRE RUAULT, COMMISAIRE INVITE
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L’approche picturale de Manoela Prates interroge les dynamiques du dessin, du collage et de la peinture. Le style est précis, délicat, il se marie aux couleurs vives pendant que les références s’étirent du dessin animé aux arts populaires, de la bande dessinée à la peinture naïve, de la littérature à l’univers des jouets d’enfants. La palette de l’artiste nous accompagne dans cette plongée vertigineuse, on la dirait sortie d’une trousse d’écolier entre paillettes, blanco et autocollants. Finalement ne fait-on pas de l’art comme on part découvrir le monde ? Au détour d’un livre, au verso d’une feuille, les univers restent multiples et infinis, offerts à qui s’y rend disponible.
À la fois fragile, tragique et politique, le dessin de Manoela Prates s’inscrit parfaitement dans les aspects du réalisme magique - une analyse du monde à travers une représentation du quotidien qui le rend alors inhabituel et surprenant. Il reste le it, l’instant. Celui qui donne son nom à l’exposition, mais aussi une direction puisque le it, c’est ce moment d’alchimie ou d’euphorie parfaite atteint par un musicien. Dans les dessins qui se dévoilent ici, l’art visuel poursuit les rythmes de sa sœur musicale. Le it n’est plus une simple question d’écoute ou de vue, il reste une question de cœur sauvage.
Vincent-Michaël Vallet
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Korai est le pluriel de Koré, un terme qui signifie jeune fille en grec, mais désigne également un style de représentation statuaire. La koré est réalisée en terre, en pierre ou en marbre. C’est une jeune femme debout qui effectue un léger mouvement comme porter un objet, recevoir une offrande, tenir le pli de son vêtement. Autant de gestes qui nous rappellent que le travail de Léa Balvay est avant tout performatif. Qu’il prend forme par le mouvement. De fait, le principal médium est organique, vivant et c’est par le truchement de l’objet inanimé qu’il révèle son potentiel.
Les sculptures que l’artiste réalise, le sont dans le but de servir le corps ou de le contraindre. Lorsque ce dernier s’absente et que la chorégraphie s’arrête, laissant les oeuvres seules au regard du spectateur, les formes continuent de l’évoquer. Elles se meuvent dans des temporalités parallèles, se comprennent et s’apprécient sous des angles multiples. Que l’on regarde l’action, que l’on réfléchisse aux sens qui s’en dégage, que l’on se projette dans le potentiel d’activation qu’elle offre instinctivement au regard.
Réalisées à la main, moulées sur un corps, modelées par un corps, on comprend que ce dernier réagit parfaitement dans ce qu’il est capable de faire lui même. Faut-il rappeler que les Korai sont destinés à la déesse Athéna, et que cette dernière est également la déesse des artistes.
Texte de Vincent-Michaël Vallet
LIRE LE TEXTE DE PIERRE RUAULT, COMMISSAIRE INVITE
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Le parquet et les moulures caractérisent l’appartement bourgeois ; que ce dernier soit rutilant ou légèrement décrépi, on y projette rapidement des situations et des fantasmes personnels. Pour « paup. » Thomas Gaugain a souhaité donner une présence quasi-usuelle à ses œuvres. Les sculptures présentes évoquent les vies qu’elles auraient pu avoir si la main de l’artiste ne les avait pas faite œuvres. Un coffre, meuble essentiel et polyvalent de l’habitat européen occupe une partie de l’espace ; une tunique en feuille OCB cristallise la tenue de soirée. Un sac dont la multiplication ironique des sangles et des mains rappellent l’usage répété que l’on en a autant que l’accumulation que l’on fait de ces objets promotionnels. Une trottinette ou une solowheel, réalisées en carton n’amèneront jamais nulle part ceux qui montent dessus. Ces sculptures nous renvoient surtout l’image d’une société qui dans son paradoxe souhaite de moins en moins prendre son temps. Ce même temps, nécessaire à Thomas Gaugain pour la réalisation de nombreuses de ses œuvres. L’artiste se situe entre l’artisan - celui qui exerce une technique traditionnelle et le bricoleur levistraussien - celui qui ajuste son geste aux objets. Il utilise les matériaux appropriés pour construire un récit et nous le présenter tout en laissant ouvert les interprétations. Le langage formel, poétique et métaphorique ne tombe ni dans le décor ni dans l’illustration. Les pièces de l’exposition en rappelant des temps si différents, du moyen-âge à aujourd’hui, permettent aux contrastes entre signifiant et signifié de dialoguer et d’évoquer une archéologie contemporaine. Tout est donc faux ici ; et tout est autant l’image du vrai et de ces multiples visages.
Texte de Vincent-Michaël Vallet
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