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marieta fize
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mf-dsaa · 6 years ago
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Luigi Ghirri nous invite dans son pays(age) d’images
C’est un billet pour grand voyage dans l'Italie des annĂ©es 70 que j’ai pris au guichet du Jeu de Paume ce matin-lĂ . Pas un voyage touristique, non, un voyage au pays des images, lĂ  ou se jouent des frontiĂšres entre nature et culture : un voyage dans l’univers photographique de Luigi Ghirri.
Ce gĂ©omĂštre de profession, muni de son appareil photo, contemple. Il observe et rend compte, avec les moyens les plus simples, l’univers qui l’entoure. Cet univers, c’est une sociĂ©tĂ© qui oscille entre grands paysages et consommation. Mais loin d’une simple analyse de terrain ou au contraire d’une critique de cette sociĂ©tĂ© consumĂ©riste, Luigi Ghirri construit une Ɠuvre rĂȘveuse et amusĂ©e qui joue avec les frontiĂšres du rĂ©el.
Le voyage auquel le photographe nous fait participer passe Ă  travers des images imprimĂ©es, des publicitĂ©s, mais aussi des cartes, des atlas, qu’il associe avec malice aux Ă©lĂ©ments de la vie rĂ©elle. Lui-mĂȘme disait : « Il me semble que le seul voyage aujourd’hui possible se situe dans les signes, dans les images ». Cette phrase prend tout son sens lorsque nous contemplons ce diorama rĂ©alisĂ© Ă  Salzburg en 1977. À premiĂšre vue, nous observons un groupe de personnes contemplant des chaĂźnes montagneuse. Mais aprĂšs quelques instants, nous comprenons que les personnes sont face Ă  un grand atlas. Ce diorama rĂ©alisĂ© au Museum d’Histoire naturelle est en rĂ©alitĂ© une image d’image.
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Salzburg, 1977. Collection privée. Courtesy Matthew Marks Gallery © Succession Luigi Ghirri
De nombreux clichĂ©s se jouent de cette maniĂšre de la confusion entre le rĂ©el et la reprĂ©sentation du rĂ©el. Notamment sa grande et premiĂšre sĂ©rie intitulĂ©e Kodachrome qui regroupe des photographies de panneaux publicitaires, affiches et autres images trouvĂ©es dans les rues de ModĂšne. Cet ensemble inclut une seconde sĂ©rie, plus petite : les Paesaggi di cartone, montrant l’importance de ces images dans la vie quotidienne, dont les deux photographies qui suivent en sont tirĂ©es. Ces deux clichĂ©s sont ceux que je retiens de ce voyage. Émouvantes et captivantes, elles reflĂštent Ă  merveille l’imagination dont fait preuve Luigi Ghirri pour souligner les limites poreuses entre le dĂ©cor factice et le paysage naturel. Les deux rĂ©alitĂ©s s’enlacent et jouent de leurs significations, nous emmenant vers une fiction complice.
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Bologna, 1973. CSAC, Università di Parma © Succession Luigi Ghirri
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Modena, 1972. CSAC, Università di Parma © Succession Luigi Ghirri
Luigi Ghirri est un rĂȘveur. Son voyage photographique convoque notre imagination, nos songes, et nous invite Ă  partager les histoires qu’il crĂ©e de maniĂšre simple et humble, Ă  bord de son petit appareil photo couleur d’amateur.
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mf-dsaa · 6 years ago
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But 
 why "The Internet »?
Grooving, I move my body to the sound of funk music. In the Batcalan tonight, everyone is smiling and dancing to the rhythm of the Californian group on stage: The Internet. Syd, the singer, Jameel Bruner, the pianist, Patrick Paige, the bass player, Christopher A. Smith, the drummer, and Steve Lacy, the guitar player, fill the room with funk and soul in a relaxed atmosphere. If the name of the band had never questioned me, tonight their name seems to me to be in dissonance with the warm and embodied spirit of this concert. I wonder : but why « The Internet »?
Far from the electronic music With this band’s name, you would expect electronic music in the same spirit as Daft Punk, a music made with the help of sounds generated by the digital tool. Indeed, using the name of the global computer network, the group born in Los Angeles in 2007 (under the collective Odd Future) suggests a music of its time, created by machines. However, it is none of these things. From the beginning, the group has been committed to analog instruments. On stage, I see a real live band and I hear organic music: R&B and hip hop lyrics on jazz and funk music, thanks to a bass, guitar and drums that fill the speakers with good vibes.
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Photograph for the last album "Have Mind" (2018), where we see the band relaxed. © The Internet
A reaction to the "Internet" era? At a time when electro and pop music reign and when trap and autotune invade hip-hop, this Californian band creates a hip-hop soul music more old-school. They are adopting a philosophy of letting go against the Internet generation that thinks only by the number of followers and retweets we have on social networks. The Internet therefore seems to adopt a posture that favours pure music, created and played from real instruments, in response to the new musical genres and digital effects widely used nowadays. You can see this criticism in the video clip of Come Over, which starts on a shot where each member of the band is stunted to their mobile phone, while when they are playing, they are in a very old school garage, back in the 90’s.
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Video clip of Come Over (2018) : https://www.youtube.com/watch?v=NB3gWkhLkxM
So the name of the group might be a counterpoint to this "Internet" generation. But the band did not comment on the origins of the name, and I'm just making some guesses here. Indeed, it is difficult to say when we know that the two founders of the group met... on the internet. Is that the simple answer to my question?
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mf-dsaa · 6 years ago
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Lia Rodriguez nous donne ses nouvelles du monde
À la frontiĂšre du rite, de la danse, de la performance et de l’installation, la chorĂ©graphe brĂ©silienne Lia Rodriguez prĂ©sente sa nouvelle piĂšce Furia au Théùtre Chaillot, dont elle est artiste associĂ©e, cet hiver 2018. Avec neuf danseurs de quartiers des favelas du BrĂ©sil, elle dĂ©peint avec incarnation et sans complexes la violence des rapports humains dans ces lieux de pauvretĂ©. À travers cette danse engagĂ©e et au lourd message politique, elle nous donne des nouvelles d’un monde dĂ©chirĂ© qui appelle Ă  l’aide.
Le tableau dĂ©bute dans un silence pesant, dans le noir. Les danseurs sont cachĂ©s dans l’obscuritĂ©, recouverts de divers vĂȘtements et objets tous genre. Lentement, ils rampent sur la scĂšne. Ils glissent sur le sol, emportant avec eux leurs maigres affaires, leurs couvertures, leurs duvets, leurs bĂąches en plastique. Ils s’en emparent, amassent, empilent, mĂȘlent et emmĂȘlent leurs corps Ă  ces dĂ©chets de textiles. Cet Ă©trange tableau fait penser au Radeau de la MĂ©duse de ThĂ©odore GĂ©ricault. Les danseurs sont des naufragĂ©s, les naufragĂ©s de la dĂ©mocratie brĂ©silienne.
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© Sammi Landweer
Puis un tambour retentit, faisant bondit mon cƓur dans ma poitrine. Au son de ce rythme endiablĂ© les danseurs s’agitent, et comment Ă  former une procession qui avancera lentement jusqu’à la fin de la piĂšce. Loin d’ĂȘtre monotone, les danseurs s’abandonnent Ă  une folie de l’ordre de rites sombres. N’hĂ©sitant pas Ă  choquer, les danseurs se dĂ©nudent, se battent, se masturbent, formant diverses scĂšnes grotesques Ă  l’intĂ©rieur de cette procession qui ne s’arrĂȘte pas.
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© Sammi Landweer
Lia Rodrigues dresse le portrait des exclus de son pays : les noirs, les homosexuels, les transgenres, les pauvres. Tous se mĂȘlent Ă  cet Ă©trange ode Ă  la folie. La chorĂ©graphe nous explique : elle cherche Ă  nous montrer ce « monde hachĂ© par une multitude de questions sans rĂ©ponse, traversĂ© de sombres et fulgurantes images, de contrastes et de paradoxes ». Lors des saluts, ils brandissent des pancartes « Vive le BrĂ©sil pour tous », « La favela est vivante » et rĂ©clament des rĂ©ponses au meurtre inexpliquĂ© de Marielle Franco, une militante des droits de l’homme, conseillĂšre municipale Ă  la mairie de Rio de Janeiro, assassinĂ©e en mars 2018.
À travers Furia, la chorĂ©graphe brĂ©silienne nous donne des nouvelles de son monde dĂ©chirĂ© par les inĂ©galitĂ©s et la pauvretĂ©, qui sera dirigĂ© Ă  partir du 1er janvier 2019 par l’extrĂ©miste Jair Bolsonaro. Une maniĂšre pour nous de comprendre l’actualitĂ© de maniĂšre plus incarnĂ©e et humaine, nous prenant aux tripes, qui ne peut se saisir Ă  travers les mots d’un article de presse.
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mf-dsaa · 6 years ago
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The utopian world of Italo Calvino
"Cities like dreams are made up of desires and fears, even if the thread of their speeches is secret, their rules are absurd and their perspectives are misleading". Welcome to the novel Invisible Cities of Italo Calvino, an entire world published in 1973 and divided into 55 short stories, each describing a city fantasized by the traveller Marco Polo.
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The cities described by the Italian writer have no place on any map, we do not know which period in time these cities belong and all of them have the name of a woman. Melanie, Léandra, Ersilie, Maurillia, Zirma, all these cities seem to belong to a distant and imaginary country, which transports us to strange places made of luxurious palaces, taps, or earth. Gradually, the reader is led into the midst of cities that can only exist in dreams because they are so unreal.
The only thing that is certain is that these short stories of a dream world form a fragile and wonderful catalogue of symbols and morals that can be applied to our contemporary world. The dialogues between Marco Polo and Sultan Khan, to whom he describes these cities, close each chapter with philosophical dialogues. Between them they evoke themes such as memory, experience, or the subjective vision of the world.
Through this text, the author then tells us his vision of the contemporary world and tries to explain it in his own way thanks to the figure of the ideal city. Imagined cities are a recurring theme that has been the concern of many thinkers, writers, artists and architects who try to represent a utopian world that reflects their own convictions. On different scales and at different times, the utopian world is represented from the Renaissance with the painting La CittĂ  ideale, painted by Piero Della Francesca between 1475 and 1480, and is still present today with Oscar Neymeyer's incredible city Brazilia (1960) for example.
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Piero della Francesca, La Città ideale, Galleria Nazionale delle Marche Urbino
In Invisible Cities, Italo calvino then transports us in his ideas and visions of the world through the allegorical figure of the ideal city. This literary device allows us to travel completely in a thought as the traveller Marco Pollo does through cities. I was captivated by the destination of this novel, so I have only one advice: buy your tickets for this amazing trip too.
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mf-dsaa · 6 years ago
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Les Inrockuptibles, la course fatale au lectorat ?
La nouvelle maquette de 2017 des Inrockuptibles aux allures des nouveaux mĂ©dias comme Konbini traduit une angoisse : la perte progressive de son lectorat. Un grand lissage de l’image, perdant tout son caractĂšre, semble viser un public plus jeune et perdre son lectorat fidĂšle. Au DSAA Design Éditorial nous avons pu rencontrer les acteurs du journal et travailler sur une refonte de la maquette. Pour cette occasion, je propose aux Inrockuptibles de changer leur direction Ă©ditoriale actuelle pour la ramener aux valeurs historiques des premiers numĂ©ros : un magazine sĂ©rieux, prescripteur de contenu, dĂ©nicheur de talents. Si l’aspect fanzine ne parle plus aux jeunes lecteurs d’aujourd’hui, je souhaite tout de mĂȘme retrouver un de ses traits qui me paraĂźt important : l’effet « club », confidentiel, avec une identitĂ© forte et une communautĂ© de lecteurs plus actifs par l’effet d’appartenance Ă  un magazine exclusif. 
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À gauche, le premier numĂ©ro de 1986. À droite, le numĂ©ro 1156 du 24 janvier 2018
La maquette intĂ©rieure, traduire le ton prescripteur De par la mise en page du contenu, l’impĂ©ratif est de traduire Ă  nouveau une rigiditĂ© et une structure manifeste synonyme d’articles pointus et rĂ©flexifs ; la forte prĂ©sence de filets sĂ©parateurs et la justification du texte permettent cela. Le traitement de certaines photographies en noir et blanc fait aussi signe, en effet, il inverse l’attention du lecteur : le texte Ă  lire devient plus important que l’image. Dans cette maquette bien sobre, presque aseptisĂ©e, vient se glisser un clin d’Ɠil auquel seuls les abonnĂ©s seront habituĂ©s : tous les mots en italique ne sont pas de l’Akurat, caractĂšre sans empĂątements utilisĂ© dans tout le magazine, mais du Fleichmann Italique, un caractĂšre Ă  empĂątements au dessin trĂšs particulier. Une bizarrerie qui permet de faire l’identitĂ© des Inrockuptibles et d’éveiller l’attention du lecteur.
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La couverture, une fonction signalĂ©tique Au contraire de l’intĂ©rieur, la couverture a une tout autre fonction : celle de faire voir le magazine en kiosque, le rendre visible et le dĂ©marquer de ses concurrents. C’est pour cela que dans ma proposition je fais usage d’un systĂšme de bandes horizontales aux couleurs primaires et secondaires de maniĂšre Ă  obtenir les tons les plus vifs. Leur contraste avec la photographie en noir et blanc permet d’identifier le magazine, visible de loin. La mise en forme trĂšs simple, la sĂ©paration des informations, et surtout la proscription de superposer le texte et l’image sont des codes graphiques appartenant plutĂŽt aux couvertures de livres qu’aux magazines. Ce glissement des codes me permet d’affirmer visuellement un contenu sĂ©rieux, pointu et presque littĂ©raire d’un magazine qui aurait pu ĂȘtre livre.
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DĂ©veloppement web, augmenter la part d’implication des abonnĂ©s Pour fidĂ©liser le lectorat, la sensation d’une communautĂ© des abonnĂ©s Inrockuptibles sera plus prĂ©sente sur le dĂ©veloppement du site mobile. En effet, en plus de publier des articles, il sera une plateforme ouverte aux abonnĂ©s, leur permettant de participer Ă  des votes sur les meilleures sorties musique et cinĂ©ma de la semaine, de s’inscrire Ă  des tables rondes autour de sujets prĂ©cis, et d’obtenir des cadeaux exclusifs tels que des albums dĂ©dicacĂ©s ou des places pour Rock en Seine par exemple. Cela permettra d’accroĂźtre l’effet d’appartenance et l’envie aux non-abonnĂ©s de faire partie du club.
Au lieu de pratiquer la course au lectorat, et de risquer une trop grande dilution de leur contenu, je propose aux Inrockuptibles de se recentrer sur des articles et des sujets pointus et de qualitĂ©. Je les invite Ă©galement Ă  rĂ©affirmer leur autoritĂ©, tout en crĂ©ant un effet « club » : une communautĂ© de lecteurs plus actifs qui se reconnaĂźtront dans le journal et auront envie de s’y impliquer. Maintenant, c’est Ă  l’équipe des Inrockuptibles de jouer.
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mf-dsaa · 7 years ago
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Pierre Muckensturm uses the technique of engraving to reveal a flexible temporality
Pierre Muckensturm is a French painter and engraver. His abstract visual language is built around a black and white palette and complementary geometric shapes. Born in Strasbourg in 1970, he currently lives and works in Colmar. He discovered etching in 2010 during an artistic residency at the Boribana Museum in Dakar, and it is there that he discovered the notion of a flexible temporality, completely different from his relationship to European time. It is from this experience that, in parallel with his painted work, he develops an engraved work that allows him to talk about his new relationship with time. Let’s immerse ourselves in his world of calm and harmony.
Temporal Narrative Based on the Serial Device This temporality discovered in Africa is a suspended and calm time, less regular and more flexible; and the engraving process support this discovery thanks to the serial character of the print. Indeed, the notion of series introduced by the engraving technique allows a sequencing in time of the form. Pierre Muckensturm immediately understood this, and instead of reproducing identical shapes with each impression like a rigorously regular time, the artist play with the orientation of the support to allow the shapes to narrate a movement. The narrative exploration of the passing of time is quite evident in its “series 5” of 2018 where the multiplication of forms on the same support allows the mental mechanism of the reading of the comic strip. We can imagine a shape moving as much in space as in time. The fact of keeping the same shape but declined in space, allows to tell a very slow movement, in the same way as the long work of the manual printing.
“Series 5″ of 2018 © Pierre Muckensturm
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“Quiet Objects” or an Aspiration to a Suspended Time The cohabitation of and the temporal narration and a visual language made of simple and refined signs, reduced to their purest essence, allow Pierre Muckensturm to express a strong feeling of calm and a suspended temporality. Indeed, the artist essentially uses black and white and geometric shapes to form a balance between full and empty. These visual elements evoke the Japanese print and its primary function: meditation. This is particularly visible on the "series 3″ of 2016, where Pierre Muckensturm revisits the Japanese enso, a circle drawn with a brush by the monks during their meditation. Thus, the artist sets up a harmonious and balanced visual language, creating, as he calls them, “quiet objects”.
“Series 3″ of 2016 © Pierre Muckensturm
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In this way, this artistic residency in Africa allowed the artist Pierre Muckensturm to discover a new notion, a calm and natural temporality, at the same time as a technique, engraving. The coexistence of this subject and this technique has permitted Pierre Muckensturm to explore etching not as a simple technique, but as a way of thinking in its own right.
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mf-dsaa · 7 years ago
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Projet « Ferox » : Faut-il croire les archives ?
Lors de ma dĂ©ambulation Ă  travers les stands d’offprint ce week-end du 10 novembre, mon attention se concentre sur un livre plutĂŽt Ă©pais, portant le nom de « Ferox, les archives oubliĂ©es 1976-2010 ». Tout de suite attirĂ©e par l’idĂ©e de voir d’anciennes archives, je feuillette le livre. Je ne suis pas déçue, l’ouvrage entier expose de magnifiques photographies d’archives et de schĂ©mas scientifiques portant sur l’exploration de la troisiĂšme lune de Mars, Ferox. InspirĂ©e par cette thĂ©matique, je me plonge dans la lecture page Ă  page de cette mission incroyable, qui me cache bien des secrets.
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Un propos scientifique irrĂ©futable Cette mission « Ferox », dont j’ignorais tout, est dĂ©clenchĂ©e aprĂšs la dĂ©couverte d’un groupe de mĂ©tĂ©orites dans les Alpes suisses dans les annĂ©es 1940 venant de la troisiĂšme lune cachĂ©e de Mars. Avec le financement de l’IEMS, les scientifiques ont envoyĂ© les premiers Rovers Ă  Ferox, rĂ©alisant des expĂ©riences critiques et rassemblant des donnĂ©es sur les capacitĂ©s particuliĂšres des mĂ©tĂ©orites. Ces Ă©tudes se sont poursuivies pendant de nombreuses annĂ©es, jusqu’à ce que les recherches soient interrompues brutalement en raison de coupes budgĂ©taires malheureuses. Or l’énorme collection de donnĂ©es, d’images et de textes Ă©tait archivĂ©e mĂ©ticuleusement pendant des dĂ©cennies. Nicolas Polli, auteur de ce livre, Ă  la dĂ©couverte de toute cette documentation oubliĂ©e a donc dĂ©cidĂ© de la publier via un site Web Ă  code source ouvert accessible Ă  tous, et Ă©galement dans un vaste ouvrage de recherche — celui que je tiens entre mes mains — afin de faire connaĂźtre la troisiĂšme lune de Mars Ă  un plus grand public. L’histoire de Ferox est incroyablement fascinante, mais il n’y a qu’un seul inconvĂ©nient : « Everything in this book is fake. » me lance joyeusement l’artiste, qui m’observait depuis quelques minutes.
Fake News, Fake Archives Je le regarde dubitativement. Il m’explique. C’est un artiste, et pour son Master Direction Artistique Ă  l’ECAL, Nicolas Polli a constituĂ© l’ensemble des archives Ferox dans son propre studio, en crĂ©ant des images se rapprochant au plus prĂšs de l’esthĂ©tique des photographies de l’espace et de la documentation de laboratoire. Avec l’aide d’écrivains et de scientifiques, il a tout fait pour rendre la documentation la plus plausible possible. Cet univers, cette mission, ces archives créés de toutes piĂšces lui permettent de tenir un propos intĂ©ressant : il estime que de nos jours, Ă  l’heure de la Fake News, nous faisons paradoxalement trop confiance Ă  l’information scientifique — en particulier aux images — et cette adhĂ©sion doit ĂȘtre remise en question. En questionnant le pouvoir de persuasion des images par son projet « Ferox », il encourage les lecteurs Ă  faire confiance Ă  leur sens critique plutĂŽt que d’accepter aveuglĂ©ment les informations qui leur sont donnĂ©es. 
Ci-dessous : Le traitement des photographies et des données scientifiques permet une illusion totale. © Nicolas Polli
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En crĂ©ant ses propres archives pour une mission spatiale inventĂ©e, l’artiste Nicolas Polli nous encourage Ă  réévaluer notre acceptation de la photographie en tant que preuve scientifique. Cela a marchĂ©, car transportĂ©e par ce retournement de situation, je suis rentrĂ©e avec le livre sous le bras.
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mf-dsaa · 7 years ago
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“Ladies and gentlemen we are floating in space”, the example of a clever record cover
This week, I invite you to go back to 1997. It was the year of the release of the third album of the English group Spiritualized: Ladies and gentlemen we are floating in space. The album, written by Jason Andrew Pierce, is a masterpiece of gospel rock. The packaging of the disc designed by Mark Farrow is also noteworthy. The English designer created more than just a record cover: he deployed a whole concept that allowed the design to become an icon known around the world.
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© Farrow Design
A powerful concept that is applied to the full extent of the project The idea for this cover was born during the first meeting between Mark Farrow and Jason Pierce in London, while they were looking for ideas of original design. At the time, Pierce was in a dark pass, he used a lot of drugs. During their meeting, he says that music is his medicine for the soul. Mark Farrow immediately comes up with the idea of packaging similar to a medicine box. This strong concept is extended considerably throughout the project. Indeed, he designs a cardboard pouch made in the shape of a real medicine box with 12 mini CDs inside. The CD is opened through an aluminium foil, using the same procedure as opening a box of pills. In addition, there is a “patient product information” leaflet, where indications to users are included like  “What is Spiritualized used for?” Spiritualized is used to treat the heart and soul “What is the recommended dose? ‘Play once, twice daily or as recommended by your doctor or pharmacist. ’. The entire record cover includes the graphic codes of the medicine boxes. This concept, which has been considerably deployed, allows the album to have a very coherent image.
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Deployment of the concept on all supports
When packaging communicates by itself The problem with this unique packaging is that it is very expensive to manufacture. Mark Farrow insists: he wants these pill boxes to be manufactured in a pharmaceutical factory to make the concept strong and coherent. To be able to have the money to do so, he proposes that a large part of the marketing budget should be allocated to packaging. But it is not easy to convince producers to agree to this. Fortunately, a person from the BMG label, Juliet Howells, found the idea brilliant and supports the project. They bet that the packaging is so special that there is no need for a big communication campaign. A successful gamble: the album sold more than a million copies.
This example is proof of the visual power of cover design: thanks to its strong concept, the packaging has replaced the advertising campaign. Mark Farrow has succeeded the challenge of making a unique and intelligent cover that combines graphic design and music. This album has since become an icon of record covers. Arte is dedicating an episode of his series ‘Total Records, le culte de la pochette’ to it, which I invite you to see!
https://www.arte.tv/fr/videos/075319-009-A/total-records-11-11/
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mf-dsaa · 7 years ago
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«The idiot» de Saburo Teshigawara : Lorsque la danse est un art élitiste
Nous sommes jeudi soir, j’ai rendez-vous avec la scĂšne du Théùtre Chaillot. Au programme, The Idiot, du chorĂ©graphe japonais Saburo Teshigawara. Je ne le connais pas : j’y vais les yeux fermĂ©s, faisant confiance Ă  la programmation de Chaillot qui ne m’a que rarement déçue. Il est 20h25, j’ai le temps de lire le petit livret que l’on m’a tendu Ă  l’entrĂ©e. Saburo Teshigawara est un chorĂ©graphe prĂ©sentĂ© dans le cadre du Festival Japonisme, il revenu au Théùtre de Chaillot pour une piĂšce créée il y a deux ans Ă  Tokyo : The Idiot. Il danse en en duo avec sa fidĂšle collaboratrice Rihoko Sato sur un collage musical qu’il a lui-mĂȘme sĂ©lectionnĂ©.
Rideau.
Une heure et demie d'inconfort AprĂšs ce court descriptif, la piĂšce commence. Noir total. Des violons langoureux remplissent les enceintes du théùtre. La lumiĂšre se diffuse de maniĂšre trĂšs lente et nous apercevons enfin les deux danseurs. L’homme est Ă  contretemps, il a des gestes saccadĂ©s, la tĂȘte penchĂ©e et semble embarrassĂ© par son corps. Tandis que la danseuse Ă  ses cĂŽtĂ©s est, au contraire, virevoltante, belle, dĂ©licate et gracieuse. Cette figure de l’homme me gĂšne, The Idiot, oui : un idiot, ou plutĂŽt la caricature d’un idiot. Je croise mes jambes d’inconfort. La musique devient dure et mĂ©canique. Des spectateurs se lĂšvent et sortent de la salle. Tout un coup, une valse. Puis un idiot encore plus idiot. Une femme encore plus sensuelle. L’idiot enlĂšve sa veste. La femme se pare d’une longue traĂźne. Une personne dĂ©guisĂ©e en souris grise traverse le plateau (?). La danse continue sur des violons mixĂ©s Ă  des bruits mĂ©talliques. La danseuse tombe au sol. L’homme semble souffrir. Attendez. Dois-je trouver un sens Ă  tout cela ? ‹ Cette heure et demie est remplie de questionnements, de volontĂ© de comprendre ce qu’il se passe. Ai-je ratĂ© quelque chose ou cette piĂšce est tout simplement mauvaise, comme en tĂ©moigneraient les spectateurs qui ont quittĂ© la salle ? Cette derniĂšre hypothĂšse s’évanouit lorsque la piĂšce se termine sur un tonnerre d’applaudissements. Mes voisins rĂ©pĂštent Ă  tout bout de champ : « Magnifique ! C’est magnifique ».
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The Idiot. Saburo Teshigawara et Ryoko Sato. © Sigrid ColomyÚs
La sensation de mise Ă  l’écart Encore sonnĂ©e par ce final, j’ai alors qu’une seule chose en tĂȘte : pourquoi ? J’ai l’énorme sensation de ne pas comprendre, d’ĂȘtre mise de cĂŽtĂ©. Cette frustration est grandissante lorsque j’entends des conversations improbables  sur le chemin de la sortie : « C’était incroyable la scĂšne de l’anniversaire ! » J’ai envie de rĂ©pondre : « Un anniversaire ? Comment ça ? Quand ? OĂč ça ? » Seule face Ă  mon ignorance, je dĂ©cide de m’éloigner des petits groupes dĂ©battant d’un Ă©niĂšme dĂ©tail de ceci ou de cela et me prĂ©cipite sur internet pour comprendre. Enfin, tout devient clair. The Idiot, c’est une piĂšce interprĂ©tant le roman du cĂ©lĂšbre DostoĂŻevski du mĂȘme nom. VoilĂ  la clĂ© de mon incomprĂ©hension. Il me manquait cet Ă©lĂ©ment de culture gĂ©nĂ©rale capital pour apprĂ©cier la piĂšce. Le voile se lĂšve sur ce mystĂšre, mettant en lumiĂšre ma bĂȘte ignorance, mais Ă©galement ma culpabilitĂ©  : je ne connais pas le roman non plus (alors que la page WikipĂ©dia prĂŽne le fait que c’est un classique). Je pense : The idiot, c’est moi.‹ Mais alors ? Cette piĂšce Ă©tait-elle rĂ©servĂ©e aux initiĂ©s ? Bien que l’heure soit Ă  la dĂ©mocratisation de la danse, soutenue par JĂ©rĂŽme Bel, Mourad Merzouki, et tant d’autres, la communication autour de The Idiot n’a pas Ă©tĂ© explicite. Les non-initiĂ©s ne demandaient pas grand-chose, juste quelques phrases pour situer le propos de la piĂšce. Et mĂȘme si elle avait l’air d’ĂȘtre une grande rĂ©ussite, l’image d’un art Ă©litiste lui collait Ă  la peau. 
Quelle Ă©trange sensation le fait de ne pas savoir. Être l’ignorant autour de ceux qui savent. De se retrouver incapable d’apprĂ©cier un art que l’on chĂ©rit par le simple fait de ne pas avoir su. LĂ -bas, sur le chemin du retour, je n’ai pas eu le rĂ©flexe de me dire « Ils auraient pu l’écrire quelque part ». Je me suis juste dit, en rĂ©pĂ©tant les mĂ©canismes de l’élitisme : « Il me faut absolument lire ce roman de DostoĂŻevski ».
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mf-dsaa · 7 years ago
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First Man, When the Sensory of Reality Replaces the Weight of History
First Man, directed by Damien Chazelle, will be released on October 17. In his third film, the American director immerses the viewer in the era of Space Age. The film does not deal exclusively with the famous Apollo 11 mission but above all retraces its preparation through the eyes of Neil Armstrong (performed by Ryan Gosling). The well-know subject of this biopic is shown in a more realistic way. Chazelle makes us rediscover a page of history that we thought we knew everything about.
A well-known subject Neil Armstrong's story is no secret to anyone. He was the first man to go to the moon in 1969, he said the words "That's one small step for man, one giant leap for mankind", and he came back to earth in one piece. We have seen this story time and time again through many reports and films like Moonwalk One, 2001: A Space Odyssey, In the Shadow of the Moon, and many others. This event was so important that we now see it as very serious, almost devoid of sensitivity so much it has been idealized. The images we have of this event are often images taken from the television news that made the take off and the moon landing very spectacular. To differentiate himself from his predecessors, Damien Chazelle did not want to reproduce this glorified and spectacular effect.
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Neil Amstrong performed by Ryan Goslin © Universal Pictures International France
A sensible approach Chazelle wanted to pit his scenario against the usual ones and show sensory of the reality of these missions. Indeed, instead of seeing the story through the news of the time, we adopt the personal point of view of astronaut Neil Amstrong. We follow him through his family life with his friends in his joys and his sorrows, and his hard training at the NASA. This personal point of view allows us to understand that these missions were not as safe as they seemed: we do not see here indestructible pilots and a strong NASA, but on the contrary fragile shuttles and big accidents. The film shows a psychological fragility too: pilots has complicated family lives and psychological torments. All attests a permanent danger as technological as phycological that testifies to a time when everything was yet to be discovered. Moreover, the way of filming the space is different from the images we are used to seeing: the film is concentred on Neil Amstrong's feelings. We are always very close to him, we see throught his eyes, we do not observe rocket launches from the outside but from the inside for example. In the rocket cockpit, noises  are mechanical, we hear the tremor of the steel sheet and we feel the danger. We're light years away from all the usual sience-fiction little noises of space movies.
Whereas First Man could have been lost in the middle of all the films on space age, Damien Chazelle managed to bring this historical fact, the most followed in history, more personal. And he succeeded.
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mf-dsaa · 7 years ago
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Une beauté déstabilisante, photographies de Ron Amir
Quelque part dans le dĂ©sert c’est l’exposition Ă©tonnante du photographe israĂ©lien Ron Amir qui se dĂ©roule en ce moment au MusĂ©e d’Art Moderne de la Ville de Paris jusqu’au 2 dĂ©cembre. Sa photographie aux couleurs douces et au style maĂźtrisĂ© est socialement engagĂ©e : l’exposition regroupe une sĂ©rie de trente clichĂ©s qu’il a rĂ©alisĂ©s lors de sĂ©jours dans un camp de rĂ©fugiĂ©s soudanais en IsraĂ«l. Un contraste entre esthĂ©tique et sujet qui met volontairement le spectateur dans une position inconfortable.
Une dĂ©marche engagĂ©e Ron Amir documente les activitĂ©s quotidiennes des rĂ©fugiĂ©s d’un camp isolĂ©. Les exilĂ©s qui ont fui la terreur n’ont pas le droit de vivre ou de travailler lĂ©galement en IsraĂ«l et sont contraints de rester au centre de demandeurs d’asile. MĂȘme s’ils peuvent circuler en journĂ©e, ils sont dans l’obligation de rentrer le soir. Le photographe s’est impliquĂ© dans cette communautĂ©, leur rendant visite sans but dĂ©fini. Il a pu se lier d’amitiĂ© avec les rĂ©fugiĂ©s et comprendre leur mode de vie, photographier leurs activitĂ©s quotidiennes, hors du centre, en plein dĂ©sert. C’est dans ce dĂ©sert que les exilĂ©s y ont recréé un semblant de foyer : des abris de fortune, des salons de thĂ©, des mosquĂ©es, des bancs, des fours en utilisant des pierres, des bĂątons, et autres objets trouvĂ©s. Mais Ron Amir ne photographie pas les rĂ©fugiĂ©s eux-mĂȘmes comme nous aurions pu nous y attendre. Il dresse au contraire leur portrait Ă  travers leurs constructions, leurs foyers de fortune.
Une esthĂ©tique de la photo de paysage En Ă©vinçant toute figure humaine de ses Ɠuvres, Ron Amir tend vers l’esthĂ©tique de la photographie de paysage. Son propos engagĂ© contraste donc avec des paysages dĂ©sertiques capturĂ©s au petit matin, Ă  la lumiĂšre douce, aux couleurs tendres et Ă  l’horizon lointain. Le spectateur pourrait se tromper face au romantisme de ces scĂšnes jusqu’à ce que les titres de ces gigantesques photographies lui rappellent la rĂ©alitĂ© : c’est en fait « La cuisine de Khamis ». Ce retour brutal Ă  une misĂšre sociale en est presque culpabilisant pour le spectateur, tiraillĂ© entre sentiment de beautĂ© plastique et devoir solidaire. Est-il ici pour se documenter sur une atteinte prĂ©occupante aux droits de l’homme ou pour contempler des photographies romantiques Ă  l’apparence attrayante ?
Ci dessous : La salle de sport d'Ibarhim Tuayisha, 2015 © Ron Amir
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Ce contraste entre une esthĂ©tique sĂ©duisante et le sujet Ă  l’engagement social marquĂ© met le spectateur dans une position sensible, voire taboue : difficile de trouver la misĂšre belle. Ron Amir Ă  travers cette sĂ©rie de photographies a rĂ©ussi un admirable tour de force : rĂ©nover l’esthĂ©tique de la photo solidaire et engagĂ©e, mais Ă©galement de dĂ©stabiliser le spectateur et le faire rĂ©flĂ©chir sur sa propre position dans l’exposition. Troublant.
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mf-dsaa · 7 years ago
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How to Liberate Us of the Technical Constraints With Rodin
Rodin and dance is a big story. It was the subject of a impressive exhibition at the Auguste Rodin museum in Paris from April to July. Throughout his career, Rodin focused much of his artistic research on how to convey the movement, energy and expressiveness of the human body. While historically and technically, sculpture has always pretended to depict fixed models. A story of a motionless movement.
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“Rodin et la danse” exhibition © Jean-Pierre DalbĂ©ra
Rodin, Renewal in Sculpture Auguste Rodin wanted to innovate the sculpture like dance. Indeed the 1890s certain key figures like Loïe Fuller or Irosadora Ducan brought about choreographic revolutions: the aspirations of these dancers was to liberate the body of the controlled classic dance. Rodin’s art and his collection of photos, correspondence and books, testifies to his profound interest in these radical innovations. Thanks to a precise design and a complete textual information, this exhibition proves us the link the sculptor made between the dance revolution and the art of representing the human body.
A Natural Movement, a Natural Sculpture Rodin aimed to capture the reality and energy of the movement as closely as possible, as well as the relationship between the body and the space around it. His work with dancers showed him new possibilities in the sculpture art, and he learned a lot on the natural movement. Rodin was fascinated by the dancer’s leaping which seemed to defy gravity. But to depict it, he used the bronze, a rigid and durable material. So a tension was created between a material which supposes a static sculpture and the movement of the body floating in the air. That created a work defying the laws of gravity, materials and technique.
In our discipline, we always try to push the limits imposed by the old figures and techniques.Auguste Rodin, thanks his researches on dance, liberates himself from the technical constraint of classic sculpture to explore the body language through new gestures and poses. Maybe can we draw a link with editorial design and its desire to push the constraints of printed books thanks to the digital tool?
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mf-dsaa · 7 years ago
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Mademoiselle de JonquiÚres, une fleur manquant d'épines
Emmanuel Mouret signe son 9e long mĂ©trage, « Mademoiselle de JonquiĂšres », sorti en salle ce 12 septembre. Un drame en costumes, inspirĂ© de l’Ɠuvre de Denis Diderot, « Jacques le Fataliste ». Le rĂ©alisateur met en scĂšne CĂ©cile de France comme Madame de la Pommeraye, une jeune veuve retirĂ©e du monde, quittĂ©e par son amant, le marquis des Arcis (Édouard Baer). Terriblement blessĂ©e, celle-ci complote alors une vengeance avec l’aide de Mademoiselle de JoncquiĂšres (Alice Isaaz). Ce trio amoureux, thĂšme trĂšs apprĂ©ciĂ© d’Emmanuel Mouret, est entourĂ© de fleurs Ă  forte valeur symbolique tout au long du film.
Ce sont des fleurs que l’on voit apparaĂźtre en premier Ă  l’écran, dĂšs le gĂ©nĂ©rique entrant : un amoncellement de silhouettes florales sur un fond rouge s’épaississant au fur et Ă  mesure de l’accumulation. GrĂące Ă  ces symboles formels et colorĂ©s, le thĂšme du film est prĂ©sentĂ© : l’Amour (avec un grand A). De plus, cette accumulation donne le ton de la premiĂšre partie, portĂ©e sur l’idĂ©ologie libertine du Marquis, mais aussi sur la sĂ©duction puis l’amour sans faille des deux amants dans lequel Mme de la Pommeraye s’abandonnera. La fleur, inĂ©vitable figure de charme, d’amour, de tendresse, sera prĂ©sente sous toutes les formes : sauvage dans les jardins comme coupĂ©e dans les magnifiques bouquets de Mme de la Pommeraye, remplissant complĂštement son rĂŽle symbolique. Le mĂȘme que dans le gĂ©nĂ©rique de « Le Temps de l’innocence » de Martin Scorsese et ses fleurs Ă©closant sur fond noir, rĂ©alisĂ© avec Saul Bass. Le premier tableau du film serait donc une rose rouge, aux valeurs de l’amour passionnel et sincĂšre.
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Fleur rouge, l’amour. Fleur jaune, la trahison. © Mademoiselle de JonquiĂšres, E.Mouret
Mais gare aux dĂ©sillusions. Lors du second tableau, la rose rouge devient jaune et exprime la trahison, l’infidĂ©litĂ© voire la rupture. C’est en effet le point de basculement du film : Mme de la Pommeray se rend compte que le Marquis n’éprouve plus de sentiments envers elle, que son amour s’est fanĂ©. Dans une robe jaune vif, Mme de la Pommeraye accueille alors Mlle de JonquiĂšres avec qui elle souhaite se venger. Au fur et Ă  mesure que sa vengeance se dĂ©roulera, elle sera de plus en plus reprĂ©sentĂ©e composant des bouquets, telle une fleuriste composant lentement sa victoire grĂące Ă  la manipulation des sentiments.
« Mademoiselle de JonquiĂšres » est un film Ă  l’odeur des fleurs fraĂźches, drapĂ©es de beaux dialogues en langue du XVIIIe, de costumes colorĂ©s et de dĂ©cors naturels superbes. Cependant, le long mĂ©trage au schĂ©ma amour/vengeance sera difficilement comparable Ă  un bouquet de roses, manquant peut-ĂȘtre de piquant, de rythme, et d’un scĂ©nario plus novateur, faisant trop souvent penser aux « Liaisons dangereuses » adaptĂ© par Stephen Frears.
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mf-dsaa · 7 years ago
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Innovate on the Way of Presenting Books
This Tuesday, September 11th took place the private view of the Most Beautiful Swiss Books 2018 at the Centre Culturel Suisse in Paris. For this occasion Jonas Voegeli of the studio Hubertus Design (based in Munich) could present his editorial work during a conference, and especially talk about the catalog of the Most Beautiful Swiss Books he designed last year. This interesting exercise is in fact a big challenge for graphic designers: how to present books into a book?
A Challenge Takes Up by a Different Designer Every Year The Most Beautiful Swiss Books is an annual competition created in Jan Tschichold’s initiative and organized by the Swiss Federal Office of Culture. It aims to highlight publications with particularly significant contemporary graphics. The jury evaluates the design and typography, the quality of printing and binding, as well as the materials used, focusing in particular on innovation and originality. The award-winning books are then presented in a catalog published by the competition. The design of the catalog is entrusted to a different designer every year. Without any constraint of format, of paper, designers have carte blanche on the way to represent the books. So since 1998, catalogs took different forms according to their typographer, most significant being the one designed by Maximage or by Teo Shiferli, for example. But how to present books in a different way each time? How to innovate?
Hubertus Design’s Proposition To answer this question, Hubertus Design asked the jury on what the specificities of the books that year. These interviews led to design the catalog like a research laboratory. Indeed, the award-winning books are not represented in a conventional way, but examined very precisely and compared to each other according to specific criteria: the size of the margins, the quality of the paper, the depth of the blacks, and so on. More of that, the navigation into the catalog is completely new: Hubertus Design shows the details of the books before showing their general form. The studio teaches to the reader not to judge a book by its general visual appearance but to pay attention to the details as the jury does.
Below: Comparison of the depth of the award-winning books © Hubertus Design
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The way Hubertus Design has taken up the challenge of innovation in the way of presenting books is complete. Indeed, in addition to having worked a completely new iconography for the book—the zoom—, the designers have managed to change the reader’s look on the way of judging books. The navigation system of the catalog, the layout, allowed Hubertus Design to draw a smart book, interesting and above all visually appealing! Ironically, they could not participate to next year’s contest with this catalog. Let’s hope that winning the second prize of Walter-Tiemann-Preis 2018 satisfied them!
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mf-dsaa · 7 years ago
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Danse : « il n’y a de libertĂ© que dans la structure »
Du 10 septembre au 31 dĂ©cembre, la 47e Ă©dition du Festival d’Automne dĂ©die son portrait Ă  la chorĂ©graphe Anne Teresa De Keersmaeker Ă  travers les reprĂ©sentations d’une douzaine de ses piĂšces. Une occasion de voir ou de revoir A Love Supreme, Ă©crite en 2005 avec Salva Sanchis sur la musique mythique de John Coltrane. Une Ɠuvre qui marque un tournant dans le style trĂšs structurĂ©, maĂźtrisĂ©, presque industriel, de la chorĂ©graphe belge.
Un dĂ©fi pour la chorĂ©graphe
 Elle-mĂȘme habituĂ©e des chorĂ©graphies systĂ©matiques, des phrases exĂ©cutĂ©es Ă  rĂ©pĂ©tition, des formes gĂ©omĂ©triques et de la musique de Steve Reich, se confronter au jazz de Coltrane devait ĂȘtre un dĂ©fi de taille pour Anne Teresa De Keersmaeker. Le jazz, genre aux sonoritĂ©s diverses et Ă  l’écriture improvisĂ©e, Ă©tait alors plutĂŽt le terrain de jeu de Salva Sanchis, chorĂ©graphe et Ă©lĂšve de De Keersmaeker. Et c’est pourquoi la piĂšce intrigue et suscite de l’intĂ©rĂȘt. La tension entre l’instantanĂ©itĂ© de l’improvisation de Sanchis et la rigiditĂ© de l’écriture systĂ©matique de De Keersmaeker promettait d’ĂȘtre un cocktail sĂ©duisant. Mais encore fallait-il que celle-ci puisse accorder de la souplesse Ă  ses chorĂ©graphies trĂšs verrouillĂ©es de maniĂšre Ă  laisser les danseurs prendre des dĂ©cisions spontanĂ©es.
.. relevĂ© de maniĂšre subtile Sur scĂšne, aprĂšs quelques minutes de danse maĂźtrisĂ©e, exĂ©cutĂ©e Ă  la perfection, les danseurs nous rĂ©vĂšlent peu Ă  peu la maniĂšre dont l’improvisation a Ă©tĂ© incorporĂ©e Ă  la structure. En effet, Ă  chaque solo d’instrument, un danseur prend tout Ă  coup plus d’espace, de libertĂ©, complĂštement en osmose avec l’instrument jouĂ©, et se retrouve en confrontation avec les autres. Une logique de composition apparaĂźt alors : chaque danseur incarne un instrument. La musique dicte les temps de structure — refrains — et les temps de libertĂ© — solos. Et un vocabulaire formel de mouvements est Ă©tabli, pour qu’ensuite chaque danseur se laisse emporter par les notes, jonglant avec les formes et la structure acquise, transformant le vocabulaire initial par des choix spontanĂ©s. Ainsi, chorĂ©graphie Ă©crite et danse improvisĂ©e s’entrelacent de maniĂšre Ă©tonnante, Ă  l’image de la musique de Coltrane.
Ci dessous : deux groupes distincts de danseurs. Au premier plan, le saxophone et la batterie (José Paulo dos Santos et Bilal El Had) ; au second plan la basse et le piano (Jason Respilieux et Thomas Vantuycom). © Anne Van Aerschot
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À travers A love Supreme, Anne Teresa de Keersmeaker a su prouver qu’elle maĂźtrisait parfaitement la recette d’une danse Ă  la fois Ă©crite et improvisĂ©e. En imposant un cadre strict, l’improvisation Ă©tait d’autant plus riche car elle se jouait de ces rĂšgles imposĂ©es. Anne Teresa De Keersmaeker est donc restĂ©e fidĂšle Ă  elle-mĂȘme tout en s’essayant Ă  un nouveau genre de danse : « il n’y a de libertĂ© que dans la structure ».
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