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oiseauxforestiersqc · 4 years ago

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Quand les oiseaux goûtent aux épidémies de tordeuse des bourgeons de l’épinette

Anne-Charlie Robert

Dans les forêts boréales du Québec, la tordeuse des bourgeons de l’épinette ravage sapins et épinettes, mais sert également de repas à ses prédateurs : les oiseaux insectivores. En temps normal, les oiseaux réussissent à contrôler les populations de l’insecte en se nourrissant des larves, mais en période d’épidémie, comme c’est le cas au Québec depuis une quinzaine d’années, c’est plutôt la tordeuse qui influence les populations d’oiseaux...

Les oiseaux insectivores jouent un rôle important dans leur écosystème en se nourrissant parfois abondamment de certaines populations d’insectes. Pendant de longues périodes, la prédation de la tordeuse des bourgeons d’épinettes (TBE) par les oiseaux est suffisante pour garder les populations de tordeuses à des niveaux suffisamment bas. Cependant, les populations de tordeuses se mettent parfois à se développer trop rapidement et échappent au contrôle des oiseaux... Ce sont les épidémies !

Les épidémies de la tordeuse des bourgeons d’épinettes sont créées par une multiplication extrême de l’insecte sur les sapins et les épinettes dont il se nourrit. Ces épidémies sont cycliques, comme une saison qui reviendrait aux 30 ans et qui pourrait perdurer pendant une dizaine, voire une vingtaine d’années ! Les épidémies de la TBE ont un impact important sur les populations d’oiseaux en devenant une nourriture très abondante.

L’augmentation de la disponibilité de la nourriture peut avoir plusieurs effets positifs sur les populations d’oiseaux. Les chercheurs Lisa Venier et S.B. Holmes du Service canadien des forêts publient un article dans la revue Environmental Reviews qui met en commun tous les résultats de recherches faites sur le sujet depuis le début du 20e siècle. L’article publié en 2010 décrit comment la densité de certaines populations d’oiseaux augmente de 4 à 12 fois lors d’une épidémie de TBE. Cette augmentation peut être expliquée par une augmentation de la disponibilité de la nourriture (ici, les larves de tordeuses) qui accélère la reproduction des espèces d’oiseaux insectivores. C’est le cas, par exemple, pour plusieurs espèces de parulines, entre autres les parulines tigrées, obscures et à flancs marron (voir le tableau ci-dessous).

Source : Les données de ce tableau ont été prises dans l’article « A review of the interaction between forest birds and eastern spruce budworm » (Venier et Holmes 2010).

Les épidémies affectent aussi les comportements des oiseaux. « Il y a des espèces d’oiseaux, comme la paruline tigrée, qui vont migrer vers les zones d’épidémies pour profiter de la [nourriture], » a mentionné André Desrochers, professeur titulaire et directeur de maîtrises et de doctorats en sciences forestières à l’Université Laval. Cette paruline est une espèce nomade et opportuniste, qui suit les épidémies de TBE pour aller s’y nourrir.

Malgré la forte attirance des oiseaux envers les larves des tordeuses, lors des épidémies, les populations de tordeuses ne sont plus du tout affectées par les oiseaux. Les tordeuses sont trop nombreuses; les oiseaux ne fournissent plus.

« On ne peut voir les oiseaux prédateurs de la tordeuse comme on voit les insectes prédateurs dans le cas du contrôle biologique dans le milieu agricole, » précise André Desrochers. Les oiseaux ne sont pas une solution pour prévenir les épidémies de TBE. « Même si c’était possible, ça ne serait certainement pas une bonne idée. [...] Cela voudrait dire d’augmenter les populations d’oiseaux à un niveau tel que cela pourrait devenir en soi un problème, » commente André Desrochers par rapport à cet enjeu.

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