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Anima - Wajdi Mouawad
“Je rêve / On fait quoi alors? / Parce que tout est tellement irréel, sans point de vue possible, une soûlerie qui n’en finit pas avec les murs qui tournent et se déplacent et un trottoir en coton sous les pieds. J’ai l’impression que ce n’est plus de moi qu’il s’agit, comme si la réalité avait perdu de son adhérence, de sa colle. Je veux dire par là que je commence à douter.” (p. 44)
“Le paysage nous traversait, lampadaires et lampadaires et lampadaires et lampadaires et lampadaires et lampadaires et lampadaires et lampadaires, effeuillant nos visages, alternant les couches d’ombre avec les couches de lumière. La nuit coloriait le reste.” (p. 56)
“Il tentait de colmater les brèches de son âme mais elles se fissuraient irrésistiblement.” (p. 81)
“Toutes les situations sont puissantes. Il faut les regarder sous la lumière crue. C’est seulement comme ça que tu donnes sa puissance à la situation.” (p. 83)
“On a retrouvé sur lui trente pièces de monnaie et, cousu à même la peau de sa poitrine, un papier où il avait écrit: ‘Je préfère être Judas et avoir quelque chose à trahir, plutôt que de me débattre dans la fange poisseuse de la tristesse de vos vies bien faites.’ C’était un poète.” (p. 90)
“Toutes les bestioles qui pullulent sur la terre ferme sont une horreur. On n’en mange pas.
Toutes ces bestioles qui pullulent sur la terre ferme, qu’elles se déplacent sur le ventre ou qu’elles se déplacent sur quatre pattes ou davantage, vous ne les mangerez pas, car elles sont une horreur.
Ne mettez donc pas l’interdit sur vous-mêmes avec toutes ces bestioles qui pullulent, vous ne vous rendrez pas impurs avec elles et ne serez jamais impurs à cause d’elles...” (p. 100-101)
“Le soleil est tombé dans la chambre, qui s’est ouverte comme une orange.” (p. 110)
“Il a vomi. La main en appui contre le mur, il a vomi et s’est enfui. Je ne peux pas dire quelle pensée l’a traversé, ni quel gouffre s’est ouvert sous ses pieds, ni vers quoi il a chuté. Je l’ai entendu se débattre dans l’entrée pour remettre ses chaussures, j’ai entendu le claquement de la porte, je l’ai entendu se jeter dans la rue et j’ai entendu le bruit de sa course sur les trottoirs enneigés de la ville. Je suis sorti de ma cachette. Deux portes étaient ouvertes. Le vent furieux éventrait le salon dans un va-et-vient incessant, plantant et plantant et replantant encore la lame de son souffle dans le sexe magnifique de ma maison, cette femme aux jambes splendides où j’aime tant me blottir. Partout où je posais mon regard, je ne voyais que du rouge. Aux rideaux et aux murs, sur le sol et au-dehors, dans la neige, sur mon pelage, sur les livres et sur les visages des photographies, le rouge, le rouge, le rouge. Rouge donc était le monde des humains. Rouge toujours. Rouge pour toujours.” (p. 114-115)
“Les humains sont doués pour l’absence : ils disent Untel est triste, mais Untel n’est pas là. Ils disent Un jour, j’aurai du temps, mais le temps n’est pas là. Ils présument de tout. Les humains disent Ma maison. Ils disent J’ai un jardin. Ils disent Ma famille, mes amis. Ils disent, Les gens, ils disent Le monde. Les humains disent Mon, ma, mes. [...] Les humains sont seuls. Malgré la pluie, malgré les animaux, malgré les fleuves et les arbres et le ciel et malgré le feu. Les humains restent au seuil. Ils ont reçu la pure verticalité en présent, et pourtant ils vont, leur existence durant, courbés sous un invisible poids. Quelque chose les affaisse. Il pleut : voilà qu’ils courent. Ils espèrent les dieux et cependant ne voient pas les yeux des bêtes tournés vers eux. Ils n’entendent pas notre silence qui les écoute. Enfermés dans leur raison, la plupart ne franchiront jamais le pas de la déraison, sinon au prix d’une illumination qui les laissera fous et exsangues. Ils sont absorbés par ce qu’ils ont sous la main, et quand leurs mains sont vides, ils les posent sur leur visage et pleurent. Ils sont comme ça.” (p.127)
“Alors oui : pourquoi allumer ? Pour contempler quelle illusion ?” (p. 134)
“La pluie s’était arrêtée. J’ai compris que je ne le reverrais plus. Sa vie allait s’évanouir au pas de ma porte comme elle a dû s’évanouir il y a longtemps au seuil de son enfance. Cela se voyait. C’est ainsi. Il lui fallait partir, se lancer dans une poursuite effrénée pour tenter de rattraper une ombre comme on tente de se rattraper soi-même.” (p. 140)
“L’humain est un corridor étroit, il faut s’y engager pour espérer le rencontrer. Il faut avancer dans le noir, sentir les odeurs de tous les animaux morts, entendre les cris, les grincements de dent et les pleurs. Il faut marcher, enfoncer les pattes dans une boue de sang et remonter le long d’un fil d’or abandonné là par l’humain lui-même, lorsqu’il n’était qu’enfance et que nul toit ne scellait son plafond. Animal parmi les animaux, il ne souffrait pas encore. L’humain est un corridor et tout humain pleure son ciel disparu. Un chien sait cela et c’est pour cela que son affection pour l’humain est infinie.
Lui a fini de pleurer depuis longtemps. Nul ne peut le rencontrer. C’est un corridor condamné. A travers le treillis de ses yeux, je perçois le visage fantôme d’un enfant terrassé par la frayeur. Je voudrais tant le délivrer.” (p. 149)
“Le monde est vaste, mais les humains s’entêtent à aller là où leur âme se déchire.” (p. 156)
“Depuis mon réduit, j’entends souvent les humains parler ensemble. Je les entends aussi se taire. Leur silence n’a pas toujours la même texture. Il y a des silences lourds et des silences vides. Le sien était plein de sa pensée.
- A quoi on tient ? a-t-il demandé.
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- A quoi tu décides de tenir ? Et pourquoi ? Tu n’en sais rien. L’enfant, lui, tient à un morceau de tissu. C’est rien, mais il y tient. Il dort avec, il sort avec. Il y tient. Un morceau de tissu, une chevelure, une peau. Une femme. Des yeux. Un regard. Une femme avec des mots et une façon de mettre tous ces mots-là ensemble. Une façon de se taire et d’hésiter puis de marcher, d’embrasser. Tu crois t’être habitué à la beauté de son visage, et puis, des années plus tard, en rentrant, ça te surprend. Dans le reflet d’un miroir, un profil en contre-jour et tout resurgit comme au premier instant quand ça t’est apparu la première fois et que ton cœur a chaviré et s’est mis à battre et que tu ne voulais plus que la vie soit différente de ce qu’elle était à ce moment-là. A quoi tu tiens et à quoi tu décides de tenir et ce que tu perds à la fraction de seconde où tu le perds. Je l’aimais. Elle était libre, brillante. Elle était belle, elle était drôle. Je l’aimais. Je ne sais pas pourquoi je ne ressens plus rien.” (p. 167)
“Il m’a entendu. Il s’est retourné. Il a d’abord cherché, puis, en se baissant, il m’a aperçu. Il s’est accroupi, il m’a regardé, je l’ai regardé, j’ai couiné, il a tendu sa main en ma direction et a dit Moi aussi ! Moi aussi ! sous terre, sous terre, et seul ! et il a éclaté en sanglots. Bouleversé par son amitié, par sa profond affection, gratuite et généreuse, je n’ai rien pu lui offrir en retour. Comment être à la hauteur d’un tel don qui me faisait entrevoir ce que le geste de tendre une main vers celle de son semblable a de sublime ? Il s’est relevé et je l’ai vu s’éloigner. [...] J’ai retrouvé mon souffle et mon attention. Les humains ne sont pas tous des pièges, ils ne sont pas tous des poisons, je veux dire par là qu’ils ne sont pas tous des humains, certains n’ont pas été atteints par la gangrène.” (p. 169)
“Les humains sont sous le joug d’une malédiction qui les exile sans cesse de leur bonheur.” (p. 194)
“La situation : le cauchemar des survivants.” (p. 201)
“Seules les bêtes seules savent vraiment ce dont elles ont besoin pour vivre.” (p. 211)
“Il n’y a plus grand-chose à faire. Sauf de poser des gestes qui sauront être assez héroïques pour inspirer les jeunes, ceux qui viendront plus tard et qui auront à se souvenir de nous afin de trouver le courage nécessaire de continuer à croire. Pour l’instant on a pas de quoi être fiers. Les gestes héroïques je ne les connais plus. Je ne sais pas ce qu’ils sont. Ce qu’ils devraient être. Toi, tu sais. Tu veux voir le visage de ton cauchemar. Tu veux pas le tuer, tu veux juste te tenir en face de lui et le regarder. C’est un geste héroïque. Il faut juste que tu saches que ces gestes-là, on finit par les payer très cher. Tu sais ça ?... Oui, tu le sais.
[...] Il n’avait pas bougé. Sans doute était-il en train de contempler, au-delà du jardin et des chevaux, la limite grisâtre du ciel où se reflètent toutes les défaillances des Hommes lorsque leurs yeux, sans qu’ils puissent en comprendre la raison, se mettent à pleurer.” (p. 212)
“L’homme lui parlait tout bas : Pourquoi, nous qui voyons les animaux se presser à la tombée du soir pour retourner là où vivent leurs semblables, ne faisons-nous pas comme eux ? Pourquoi, tout au contraire, nous, les humains, fuyons-nous le plus loin possible de nos maisons ? Toi, une fois guérie, tu chercheras à retrouver au plus vite ta nuée à laquelle la tempête t’a arrachée. Moi, lorsque la tempête m’a arraché à ceux que j’aimais, je me suis enfui.” (p. 226)
“J’ai fixé l’étranger. Je l’ai vu se vider de son rose, de sa couleur intime comme si sa faille s’était élargie pour laisser passer, pour la première fois depuis longtemps, ce nom ancien.” (p. 234)
“- On n’entend rien.
- C’est normal, on a pas les oreilles faites pour. la plus banale des chauves-souris peut émettre plus de cent cris à la seconde. Chaque cri lui revient sous la forme d’un écho et chaque écho s’additionne à l’autre pour composer une échographie générale de l’espace qui lui permet de se repérer et de localiser dans l’obscurité n’importe quelle proie, n’importe quel prédateur.
- Pour voir... elles crient ?
- C’est en plein ça. Pour voir, elles crient. Alors, je te pose une question : si la vie est un perpétuel cri de douleur, comment faire pour entendre son écho et échographier le visage de ce qui nous fait souffrir?
- Si le cri est perpétuel, plus rien n’est visible.
- Bingo ! Chaque cri doit être suivi par un silence pour faire entendre son écho. Celui qui ne fais que hurler sa douleur n’en verra jamais le visage tout autant que celui qui s’obstine à la taire. C’est la leçon des chauves-souris : pour voir le visage de ce qui te fait souffrir, tu dois faire de ta douleur un collier qui enchaîne des perles de silence aux perles de tes cris.” (p. 236-237)
“La page émiettée de mon existence se tourne et va se refermer. Je le sens. Elle ne saurait tarder. Il me suffit d’attendre la fin. Chaque instant de vie est un instant de vie.” (p. 261)
“Je reste là à regarder l’homme se dissoudre de nouveau à l’intérieur du brouillard. Nous, les chiens, percevons les émanations colorées que les corps des vivants produisent lorsqu’ils sont en proie à une violente émotion. Souvent, les humains s’auréolent du vert de la peur ou du jaune du chagrin et quelquefois encore de teintes plus rares: le safran du bonheur ou le turquoise des extases. Celui-là, fatigué, épuisé, englouti par l’opacité opaline du chemin, exhale, depuis le centre de son dos, le noir de jais, couleur de la dérive et des naufrages, apanage des natures incapables de se départir de leur mémoire et de leur passé.” (p. 272)
“Nous sommes une multitude aux abords du chemin herbeux, blottis au creux des cailloux ou dans les feuillages des buissons pour choyer notre lumière. Nous luisons loin de l’éclat du jour, loin des villes et loin des humains. Nous sommes les poussières anciennes d’innocences oubliées. Nous existons encore. Il y aura éternellement des ténèbres où il nous sera possible de tracer nos lignes évanescentes et cela durera tant que dureront les nuits obscures.
Leur disparition signera notre disparition. [...]
Mais tant que la lumière aveuglante n’aura pas décimé le monde des ombres, nous pourrons égrainer nos lueurs.
Nous n’abandonnerons pas. Nous luirons.
La persistance des lucioles teintera les vallées, tout comme le chien sauvage sauvera l’homme évanoui. Il sera son ombre et lui sa lumière. [...] Ils iront, liant leur destin, jusqu’aux abords des confins et n’auront plus peur de la peur de la mort.” (p. 326-327)
“Il a incliné la tête, j’ai appuyé mon front contre son front et j’ai lié ma vie à la sienne.” (p. 332)
“Nous allons côte à côte à la surface de la terre. Sous la terre, il y a d’autres terres et derrière les noms il y a d’autres noms. Cela aussi il me le dira.” (p. 338)
“[...] et puis ça ne cesse de s’ouvrir. Je m’ouvre, quelque chose s’écartèle, et plus ça avance, plus ça me dissèque, plus je me disloque.” (p. 348)
“Pas d’amour possible, qu’une vie rude et l’alcool et la bêtise des chemins asservis tracés d’avance.” (p. 351)
“On croit être sauvé, mais on se trompe sur la logique, le modèle à suivre, l’équation. Aux Jeux Olympiques, des hommes lancent le javelot. D’autres vont le ramasser et le ramènent et le voilà à nouveau lancé. Ça ne se termine jamais. Toujours quelqu’un ou quelque chose pour ramener le javelot des terreurs et toujours quelqu’un pour le relancer.” (p. 353)
“Chaque fois que tu l’appelleras par son nom, chaque fois que tu criers Mason-Dixon Line, il faudra que ton coeur bondisse hors de ta poitrine ! Promets-le-moi !
- Je te le promets !
- Qu’il bondisse de trop d’âme et de trop de soif, parce qu’on n’a pas su avoir l’âme que nous rêvions d’avoir ni étancher la soif que nous cherchions à étancher !” (p. 358)
“La disparition des êtres est un coquillage vide. Tu le colles à ton oreille et dans ce vide quelque chose bruit. Dans la mienne, quelque chose d’horrible continue à bruire, mais je ne sais pas quoi.” (p. 361)
“Il s’est accroupi, il m’a enlacé, il a pris mon cou entre ses bras, collant son front contre mon front, et il a pleuré. J’ai avalé la chaleur de son haleine, j’ai goûté le sel de ses yeux. Sa peine est devenue ma peine. Un gouffre me sépare de la parole. Comment consoler un humain. Je lui ai offert mon silence, tiens, il est à toi, écoute-le et dis-moi qui devrais-je dévorer, quel mal, quelle peine. Dans les sanglots qui sortent de ta gorge, j’entends les sanglots de ton enfance paniquée et comme c’est de toi qu’il s’agit, toi en qui j’ai choisi de placer mon amitié à l’instant même où je t’ai vu étendu dans les eaux froides du ruisseau, je sens naître en moi le désir de tuer ceux qui sont responsables de ton malheur. Non seulement je ne voudrais pas qu’un mal t’arrive, mais je ne veux pas non plus qu’un mal te soit déjà arrivé. Mais il est trop tard. Trop tard ! Révélation brûlante de l’irréversible événement du temps. Ce qui est advenu qui pourrait faire que ce ne se soit pas produit ? J’aurais voulu être là il y a longtemps pour te défendre, j’aurais voulu être à tes côtés et subir à ta place ce que l’on t’a fait subir. Nulle crainte ne m’aurait fait reculer puisque je n’aurais eu qu’à songer que ce que je subis, je l’épargne à Wahhch, que ce que l’on me fait endurer, je l’épargne à Wahhch, rien ne m’aurait fait trembler. J’aurais voulu, j’aurais aimé te donner force et insouciance mais je n’étais pas là, pas encore, pas encore.” (p. 372)
“Mais jusqu’à l’aurore, jusqu’au soleil, il a cherché le sommeil, ne trouvant que la glu de lui-même, sassant et ressassant tourments et inquiétudes au carrousel de son âme.” (p. 379)
“Pardon pour le sang de tes compagnons. Pardon. Les hécatombes toujours m’interpellent et je n’entends rien, je ne comprends rien. Pardon. Il y a un gouffre. Je ne le fuirai plus. Je te le promets. Je ne t’abandonnerai plus, je te le promets. Nous irons ensemble chercher les mots qui manquent. Nous les mettrons côte à côte et nous sortirons enfin de cette fosse dans laquelle on m’a jeté et de laquelle, je le comprends aujourd’hui, je l’ai compris en te voyant te battre, je ne suis jamais sorti.” (p. 397)
“Léonie. L’aimer, c’était l’aimer plus. Lui dire son amour était impossible puisqu’à l’instant où il voulait lui dire Je t’aime, déjà il l’aimait davantage et il lui aurait fallu le lui redire et le lui répéter pour être à la hauteur de cette enivrante addition. Ce n’était pas que les mots n’étaient pas assez grands, ils n’étaient tout simplement pas assez rapides. Est-ce que cela avait existé ? Comment répondre quand on se sent comme ce fou qui tente de saisir à pleines mains le verbe être conjugué au présent concassé ? Que faire des fragments éclatés de son histoire ?" (p.410)
“Il y a un mot en anglais que j’aime beaucoup. To shed. To rid oneself of something not wanted or needed. Je veux me défaire de mes peaux... Mais je ne veux pas aller trop vite. Je ne veux pas raconter n’importe comment, même si ma main tremble. Les images, les métaphores, la poésie, je les laisse pour plus tard, une fois la chaleur du soleil et les colères des grands oiseaux entrées en piste.” (p. 473)
“On a toujours besoin d’incarner l’incompréhensible, l’inenvisageable. Comment vivre sinon dans l’abstraction des corps disparus, si cette disparition en revêt aucune forme ?” (p. 474)
“J’ai déposé le manuscrit sur la table et j’ai entendu le grand silence qu’il a produit en moi d’où ont émergé, comme le dirait un de ces animaux, cheval, mouche ou cochon, les cris de tous ceux qui sont morts dans le silence et l’oubli, enfants, femmes, hommes, bêtes et dieux, qui tapissent par couches épaisses les siècles et les ciels. C’était la nuit.” (p. 492)
“Que jetteront-ils dans le tumulte des vagues ? Que voudront-ils confier aux abysses ? Quelle douleur ? Quel chagrin ? Il existe, tout au fond des mers, des poissons monstrueux doués de parole, gardiens d’une langue ancienne, oubliée, parlée jadis par les humains et par les bêtes aux rivages des paradis perdus. Qui osera jamais plonger pour les rejoindre et apprendre auprès d’eux à reparler et à déchiffrer ce langage ? Quel animal ? Quel homme ? Quelle femme ? Quel être ? Celui-là, s’il remontait à la surface, aurait à l’intérieur de sa bouche bleuie par le froid les fragments d’une langue disparue dont nous cherchons inlassablement et depuis toujours l’alphabet. Nous réapprendrions à parler. Nous inventerions des mots nouveaux. Wahhch retrouverait son nom. Tout ne serait pas perdu.” (p. 494)
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Sense8 - Citations
“I have no room in my heart for hate.”
“In every fight, mistakes are made.”
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Quand je me sens déraciné, je monte au sommet des arbres. De là-haut, je vois la mort. Faut être prêt si elle approche. La vie c'est apprécier la vue; après, scier la branche
Nekfeu
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Moi je crois qu'on ne réussis qu'une seule chose: on réussit ses rêves. on a un rêve et on essaie de bâtir, de structurer ce rêve. [...] On raconte ce qu'on rate. On raconte ce qu'on n'arrive pas à faire. C'est un phénomène de compensation. [...] Je suis convaincu d'une chose: le talent, ça n'existe pas. Le talent c'est d'avoir l'envie de faire quelque chose. Et je crois qu'avoir envie de réaliser un rêve, c'est le talent. Et tout le restant, c'est de la sueur, c'est de la transpiration, c'est de la discipline. Je suis sûr de ça. L'art moi je ne sais pas ce que c'est. Les artistes je connais pas. Je crois qu'il y a des gens qui travaillent à quelque chose, qui travaillent avec une grande énergie finalement. Et l'accident de la nature je n'y crois pas, pratiquement pas. [...] Un homme passe sa vie à compenser son enfance. Je m'explique. Je crois qu'un homme se termine vers 16-17 ans. [...] Vers 16-17 ans, un homme a eu tous ses rêves. Il les connaît pas, mais ils sont passés, ils sont passés en lui. Il sait s'il a envie de brillance ou de sécurité ou d'aventure, il sait. Il ne le sait pas bien mais il a ressenti le goût des choses. [...] Et il passe sa vie à vouloir réaliser ces rêves-là. Et à 16-17 ans l'homme est mort ou il peut mourir. Et après, je sais en tout cas que moi, j'essaie de réaliser les étonnements plutôt que les rêves. J'essaie de réaliser les étonnements que j'ai eus jusqu'à 20 ans. Et à 40 ans, on s'en aperçoit. [...] Je crois que l'homme est foncièrement un nomade, l'homme n'est pas un sédentaire. [...] J'aime trop l'amour pour aimer les femmes. [...] Moi je crois que [...] quand on a envie de faire un truc il faut plonger comme un fou et le faire. Quitte à se tromper. Je préfère me tromper et je préfère plonger. Et je plonge. [...] J'ai très peur, ceci dit un homme qui n'a pas peur n'est pas un homme. L'important c'est d'assumer sa peur. [...] Bien sûr qu'il y a des différences, mais il y a une espèce de, comme un dénominateur de tendresse, qui est la grande qualité de l'Homme. Un Homme qui n'est pas tendre, c'est pas un Homme. Un Homme dur, ça n'existe pas, un Homme qui ne pleure pas, ça n'existe pas, ça me terrorise. [...] La bêtise... Ah la bêtise c'est terrible. C'est la mauvaise fille du monde, c'est la sorcière du monde. C'est la bêtise. Y a pas de gens méchants. Y a des gens bêtes. C'est pas leur faute hein. Y a des gens qui ont peur. Ça c'est de leur faute. Des gens qui ont peur et qui n'assument pas leur peur. Je pense que tout commence un peu comme ça. [...] Mais j'aime pas les gens bêtes parce que la bêtise c'est de la paresse. La bêtise c'est un type qui vit et il se dit "ça me suffit. ça me suffit, je vis, je vais bien, ça me suffit". Et il ne se botte pas le cul tous les matins en disant "c'est pas assez. Tu ne sais pas assez de choses, tu ne vois pas assez de choses, tu ne fais pas assez de choses". C'est de la paresse pour moi la bêtise. Cette espèce de graisse autour du cœur, de graisse autour du cerveau. [...] De la passion, de la patience et des remords.
Brel parle
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There is power in a factory, power in the land Power in the hands of a worker But it all amounts to nothing if together we don't stand There is power in a union Now the lessons of the past were all learned with workers' blood The mistakes of the bosses we must pay for From the cities and the farmlands to trenches full of mud War has always been the bosses' way, sir The Union forever defending our rights Down with the blackleg, all workers unite With our brothers and our sisters from many far off lands There is power in a union Now I long for the morning that they realise Brutality and unjust laws can not defeat us But who'll defend the workers who cannot organise When the bosses send their lackeys out to cheat us? Money speaks for money, the Devil for his own Who comes to speak for the skin and the bone What a comfort to the widow, a light to the child There is power in a union The Union forever defending our rights Down with the blackleg, all workers unite With our brothers and our sisters from many far off lands There is power in a union
Billy Bragg
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“…parce que cela brouille tout lorsque ça va trop loin, je connais une femme qui est morte de ce que ça allait si loin, cela me sape le moral le nombre qui en mourrait si c'était plus facile, le nombre qui irait loin s'il y avait la manière, si on n'avait pas peur de la manière, qu'on ne soit jamais sûr d'y passer, ça peut durer longtemps, et que le jour où l'on aurait inventé une sacrée manière douce, et donnée à tout le monde, ce serait le massacre pour des histoires comme cela qui vont toujours trop loin, le sacré massacre, sûr, comme cette femme-là qui y est bien passée d'avoir avalé de la terre, elle va dans le cimetière, elle creuse à côté des tombes, elle prend de la terre dans ses mains, la terre la plus profonde, et l'avale — ces histoires-là, si on s'écoute, si on se laisse aller, cela vous rend cinglé —, parce que la terre des cimetières, celle qui touche les cercueils : toi qui refroidis les morts, toi qui as la sacrée habitude de tout rendre bien froid jusque tout au fond et sans qu'on y revienne, refroidis une bonne fois la cinglée que je suis !…”
– La nuit juste avant les forêts, Bernard-Marie Koltès
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Yallah underground. 23 sept 2016
Etre incomplet mais les parties de soi non lisses, même pas elles complètes. Comprendre. Leur analyse non pas exhaustive mais importante dans sa domaine de compréhension probablement. L'Autre en soi. Quelle place à moi là-bas. Plusieurs manière de l'être, en rébellion. Leur propension d'exhaustivité, leur rejet, mon mur. L'adolescence et mes 5 ans. Mais aujourd'hui. Avec toi.
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29/08. 16.
Qu'est ce que je veux trouver en elle pour la chercher ainsi tout le temps ? Pourquoi est-ce que j'auto-entretiens ce démon ? Pourquoi lui sourire alors qu'on ne sourit en soi à personne d'autre ? Pourquoi encore plus distinguer ? Est-ce qu'il est préférable d'avoir créé des pronoms reliés à un sexe (ou à son absence) ou d'en avoir attribué un arbitrairement là où il n'y en aurait pas matériellement ? Comment vivre le temps ? Doit-on décorer sa peau, ou est-ce soi, ou l'en-soi ? Est-ce que l'on décore en intégrant ou est-ce que l'on projette en extériorisant ?
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– On ignore ! dit Soliman en s'échauffant. On ignore avec patience et persévérance. On passe des paquets d'heures à ignorer. Et toute la nuit qui vient sera une longue nuit d'ignorance.
L'Homme à L'envers. Fred Vargas.
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2 juillet. 2016.
Un repli vers quelque chose de moisi (lassitude, silence, pesanteur, désenchantement, horizontalité. Ennui) mais même cette moisissure est une supercherie. Dehors c'est l'éclat et ce puits n'est pas nécessaire –indispensable. De fait c'est de la supercherie. D'autres déjà eux bon. Vicieux. Mise en abîme de soi mais nulle part, en gros. Pas un effacement au profit d'autre chose. Une parenthèse d'enfantillage et d'immobilisme que l'on s'impose. Mais tout le temps.
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21 juin. 2016.
Chef d'équipe - lunettes humour fessées âge nuit talkie sms Equipe - covoiturage copine 14 / mûre / Chypre bleu Repas - frites pluie match cigarette / goûters compote Divers - soleil pluie grêle Police - brigadiers alcool circu talkie Sécurité - noeud rouge et blanc ? Ou rien Supporters - colis piégé anglais perdus rocade zénith méons fourgonnette Divers - Ardéchois Divers - eye liner
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15 juin. 2016. Expérience.
Pieds (droit) en feu. Bain chaud (Habillé.e. Déshabillé.e). Musique (guerre). Cendres. Soi. Et ailleurs. Par ville ?
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5 juin. 2016.
Pas tant un problème de distraction par manque d'attention mais plutôt de sur-attention. D'où les clés. Et le sexe ? C'est bien d'être loin de la ville, loin de chez soi. Peut-être qu'inconsciemment je le voulais aussi.
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