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Tape Bar (Paris 11ème)

On pourrait croire que le Tape Bar est un mec rétro, avec sa fixette sur les cassettes, à qui il doit d’ailleurs son blaze. Si ses waters ont bien un petit air des nineties, il serait pourtant à chercher plutôt du côté du ghetto amical, bombes de peintures et tags à gogo.

Les toilettes du Tape Bar, c’est l’antre du graffeur amateur à la vessie pleine, qui peut s’en donner à coeur vaillant de la libre expression du bout de ses feutres. Ici, on vient comme on naît et on pose sa marque, entre les couches d’arabesques spontanées et les autocollants siglés.

Le papier est un type sans histoires, présent et généreux sans faire le malin dans un dévidoir. De mémoire de poète, le savon avait un flow tranquille, qui, s’il n’a pas changé le cours des choses, était tout à fait honnête.

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L'Épicerie (Lyon 2ème)

Il n’y a jamais eu de tour aux toilettes que quelques minutes de lecture n’aient enjaillé : voilà ce que pourrait être la devise de L’Épicerie. Ici, dans le petit coin du fond du placard sous l’escalier, ce n’est pas la Gazette du sorcier mais bien le Petit Écho de la mode qu’on peut lire dans le texte sur du papier jauni.

Silhouettes désuètes, nouvelles fraîches pour estomac garni, les lettres au délicat charme de l’ancien côtoient les calligraphies sauvages urbaines. Oui, c’est à la mode du siècle dernier, mais ce n’est pas une raison pour retapisser les murs.

Et bonne nouvelle dans ce flash info, il n’y a pas que des papiers de presse à disposition, car le papelard destiné à conter les dernières tendances à votre fessier est lui aussi en quantité. Le savon n’a pas particulièrement marqué la rubrique faits divers, c’est donc sur cette brève que se conclut le canard du jour.

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Lavomatic (Paris 10ème)

Passer notre alcool à la machine, faire revenir, pour voir si les arômes de légumes, peuvent revenir, c’est un peu l’objectif lorsqu’on pousse le tambour du Lavomatic. D’autres vous conteraient fleurette sur les balançoires, mais l’idée la plus lumineuse est bien à retrouver dans les toilettes.

Malgré les apparences, la décoration n’est pas ampoulée. Il est en revanche tentant de se prendre pour quelqu’un de brillant devant cette coiffeuse digne d’une star de cinéma qui fait un caprice parce que son champagne est réchauffé. 

Pourtant, ce sont bien les illuminés qui trouvent la lumière, là où les murs n’ont pas d’oreille mais sont tous disponibles à faire des free-hugs aux mines de stylos. Des mots doux, des mots sales, pas de bif’ mais que du kiff.

Dans cette ambiance immaculée, le savon sait se faire discret, le papier n’a rien d’autre que sa présence à signaler, et la lumière fut quand on se tient à carreau.

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Super Duper Burger (San Francisco, Castro)

En voilà un petit coin qu’il est vache, ou qu’il est vachement bien, c’est selon si tu penses avoir les cornes ou non. Au Super Duper Burger, tout est prévu pour susciter l’intérêt de l’estomac et des papilles, jusque dans les toilettes.

Comme dirait Valérie la reine de la marouflette, le secret, c’est des touches de couleur, et des cadres per-son-na-li-sés. On pourrait croire qu’il s’agit de vieux vinyles façon vingt-âges, mais que nenni, ce sont les posters du miam.

Du savon, on ne sait guère plus ce qu’il est advenu), peut-être était-il allé chercher l’amour dans le pré ou siffler là-haut sur la colline. Le papier, en revanche, est venu chanter l’hymne de nos campagnes en deux couleurs, blanc ou craft, faites vos troupeaux.

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Bisou (San Francisco, Castro)

J’ai demandé à la lune si Edward aux Mains d’Argent était pote avec Nicolas Sirkis, mais en fait ils étaient tous sortis de la cuisse des toilettes de Bisou. Trois nuits par semaine ou à convenance, le petit coin de ce restaurant invite directement ses utilisateurs dans un clip de Jeanne Mas en rouge et noir.

La cuvette est à l’aise, quelque part entre une forêt d’ombres chinoises et une envolée de cubes et de papillons. Faut-il y chercher un sens poétique ou mathématique, une incitation à déféquer dans la joie et les odeurs de paillettes de licorne ? Expecto perineum. 

Ah, la magie des toilettes. Il était une fois, on raconte qu’elle aurait même touché le papier, lové tel la Belle au bois cuvant dans son panier, à proximité d’un savon tout aussi disponible à la rêverie. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup de chasses d’eau.

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The Porterhouse (Dublin) Gracieusement envoyé par Marine B.

Dans notre imaginaire collectif, la fonction primaire des toilettes est de servir de réceptacle au résultat de l’ingestion généreuse de bière. Las, quelques utopistes résistent encore et toujours à la dictature de la vessie et rêvent de faire des waters un lieu de convivialité, d’échange entre les peuples et de réhabilitation du bigoudi. C’est la seule explication que l’on peut envisager à la découverte du petit coin de The Porter House.

Pas un sèche-mains, pas un sèche-cheveu, pas une gorge sèche mais bien un véritable fer à lisser est à disposition. Pour vos crinières, vos grillades ou vos poils de culture, son usage ne coûte que quelques piécettes. 

Hormis cette incongruité, le mystère plane sur ces toilettes. Concernant la présence du savon et du papier, le rêve hippie n’a point été poussé à son paroxysme puisque la photographe n’en avait cure de sébum.

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Le Comptoir rugby bar (Paris 15ème)

Qui aurait imaginé, en poussant la porte (des WC) du Comptoir rugby bar, bistrot de tiéquar comme on en voit en grappes le long des trottoirs parisiens, qu’on prenait le Tardis direction les réclames du temps de grand-mère ?

Les couleurs pétaradent comme une vieille mobylette, les plaques en fer au look vintage se cognent joyeusement dans une explosion zim-boum-shebam avec une dominante de rouge et jaune. Bref, il ne manque plus qu’une bière et les cris des maraîchers pour prendre ses aises au petit coin. 

Après cette page de publicité, retour à la réalité. Le papier est encore présent et vous souhaite une bonne soirée. Le savon est déjà parti vérifier si le ciel est le plus bel endroit de la Terre, comme le prétend Air France. Autrement dit, aucun souvenir.

Et n’oubliez pas : life is a beach. La vie est une plage de galets sur laquelle nos existences se grillent la couenne telle une tranche de bacon qui l’a dans l’oeuf.

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Lori's Diner (San Francisco, Union Street)

Sur les WC noirs de ma cuvette blanche (n’y voyez là aucune évocation de saleté), moi je me fais du cinéma. C’est un peu ce que pourrait susurrer la chasse d’eau des waters du Lori’s aux heureux utilisateurs qui lui toucheraient le bouton avec un peu trop de ferveur.

Marie ou Marylin, peu m’importe ton nom ou que tu chantes comme Damien Saez, puisque le tout Hollywood est imprimé à moindre frais et encadré en noir et blanc sur les murs. C’est un peu comme avoir un home cinéma sans l’écran et des lunettes (de toilettes) sans l’option RVB.

À part ça, le papier a bien appris son rôle, même s’il n’est qu’un figurant de ce décor. Pour le savon, on n’a pas noté son nom sur le script, mais de mémoire d’acteur, il a assuré les arrières techniques. Coupez (la feuille de papier pour s’essuyer).

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Le Tasse-Livre (Lyon 1er)

Les toilettes du Tasse-livre sont aux WC ce qu’Arthur Rimbaud est à la culture française : un monument de poésie folle, qui se cherche entre la rébellion punk sans chien et l’idée de fouler l’herbe menue picoté par les blés par les soirs bleus d’été.

L’herbe en question est toujours plus verte parce que fausse et accueille des sculptures d’artistes incompris, dont l’authentique change-bébé que l’on pourrait attribuer à un certain Pampers, méconnu contributeur de l’art d’en remettre une couche.

Point d’alexandrins aux murs, mais des indices pratiques afin que la cuvette ne boive pas la tasse, des affiches alternatives qui n’ont plus la fraîcheur de l’eucalyptus mais la patine du DIY. Sans oublier une impressionnante collection d’autocollants à te donner l’envie de ressortir ton sac ado, ton acné et ta passion pour les rockeurs morts.

La distribution de savon n’a pas le charme kitsch de l’ensemble mais fait le job. Côté papier, ça pousse en grappe de manière aléatoire dans le creux du panier dans lequel il ne faut pas mettre tous ses oeufs.

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Café Paul-Bert (Saint-Ouen) Gracieusement envoyé par un ami de Lyse D.

Papa était un Rolling Stone jusque dans la pissotière, un grand classique de l’originalité, car ce n’est pas incompatible, que l’être humain qui rentre par la porte sans jupe croisera au Café Paul-Bert.

Epargnons-nous ici les métaphores vaseuses que pourraient inspirer cette cuvette à d’autres qui font de la subtilité leur mise en bouche. Si ces toilettes pouvaient prendre la parole, ils en auraient des vannes au poids de carrelage à raconter, pour sûr.

Du papier et du savon, l’expéditeur de cette missive n’a rien dit, motus et bouche cousue, vous n’aurez donc que ces mots à vous mettre sous la dent.

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Chow (San Francisco, Castro)

Dandy du lavabo, tel est le l’esprit du Chow, moins bar que resto, ou du moins, de son petit coin. Tout est réuni pour que le chaland prenne ses aises là où le roi va à pied, des moulures au parquet, en passant par la plante en plastique qui ne prend point racine (quoique), le porte-manteau arborescent et le miroir pour gentlewo(man) adepte du cabinet.

Côté cuvette, l’allure est distinguée et nette, les réserves de PQ patientent au placard comme des premiers de la classe qui suent pour des bons points, et les essuies-mains vous tendent les bras (tu l’as ?). 

Bref, ni faux pas ni maladresses, et plus de poubelles qu’il n’en faut, comme diraient à peu presque Pascal et Natasha.

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Ninkasi - L'Etoile (Lyon 3ème)

Le lieu s'est refait un blaze de noblesse en devenant Ninkasi, pourtant les toilettes de l'Etoile ne changent pas, ils n'ont même pas mis les costumes d'autres et voilà.

Il est donc inutile (et fort peu urbain) de mettre la tête dans la cuvette pour profiter du plongeon direct dans le top 50 des années 1990 qui vous attend dès l'entrée du petit coin (Harry Potter, on t'a pécho). Barbie vit sa life en plastique dans l'encadrement de la porte côté féminin, en teenie weenie bikini et avec une brosse à cheveux dont la taille semble légèrement surestimée pour une si petite personne.

Si ça peut rassurer nos amis du djender, on raconte que côté masculin, c'est Ken qui se colle la poignée.

Du trio savon-aqua-papier, on ne se souvient plus, pas plus que de la carrière des 2be3, du coup ça devait être sympa pour les fins de soirée. 

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Dar Bar (San Francisco, Civic center)

C'est cosy, c'est tapisserie, c'est les waters du Dar-Bar ma chérie. Pour éclairer la lanterne des clients, on en a fixé une à l'intérieur, et la lumière afflue.

On a beau manger indien, il faut reconnaître que la D&co des waters a plus à voir avec Lapeyre qu'avec Bollywood. Valérie Damidot semble être passée maroufler les coins de l'encadrement de porte avec de l'amour et un pot de peinture dont la famille a probablement été vendue couleur de l'année 1999 pour un voyage sans retour.

Remercions enfin le savon d'être présent en quantité irréprochable. En lui souhaitant un bon rétablissement au passage, rapport à sa petite mine rose fluo qui n'a pas l'air tout à fait à son naturel dans ce cadre et vous fait passer la consigne.

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Shannon Arms (San Francisco, Sunset)

En franchissant la porte du bon vieux pub irlandais born in the U.S.A qu'est le Shannon Arms, on s'attendait à tout sauf à visiter une salle de bains de grand-mère kitschouille derrière l'entrée du petit coin.

C'est donc entre fleurs séchées, carrelage pastel, vases de (probablement fausse) porcelaine et miroirs encadrés que l'on démoule son cake avec plus ou moins de délicatesse (et toutes excuses confondues aux représentants du 3e âge qui liront ces lignes).

Mamie fleur-te avec la police, puisque vos pieds sont visibles sous la porte et qu'on ordonne gentiment de vous laver les mains avant de repasser à table. Comme elle, les toilettes du Shannon Arms perdent un peu la boule des bulles : si le papier était sagement rangé, le savon a dû infuser trop longtemps et s'est égaré.

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Cha-Cha-Cha (San Francisco, Haight-Ashbury)

Toute visite aux toilettes est l'assurance de défricher une contrée inconnue, mais les cabinets du Cha-Cha-Cha ont cette part de kitsch supplémentaire qui fleure l'exotisme du gel douche Tahiti (uniquement pour la métaphore, n'oublions point qu'il est toujours question de cuvette).

Nous sommes dans un resto-bar latino, la décoration murale se la joue donc muy caliente du pauvre, avec cocotiers, plages dorées et gros câlins sous les palmiers (c'est vous qui voyez).

On regrette presque que le siège ne soit pas recouvert de fourrure de tigre pour une immersion totale en nuit chaude et sauvage.

Niveau papier, c'est la jungle, il y en a un peu partout, mais on peut encore trouver son bonheur. Concernant le savon, les souvenirs se voilent, ça fait comme une éclipse.

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Hobson's Choice (San Francisco, Haight-Ashbury)

Quand on le croise, au premier abord, le Hobson's Choice n'a pas l'air d'un mec ghetto. C'est un pub du genre gendre idéal, sans trop de personnalité, il est même recommandé par le Routard.

En sous-sol, ses waters révèlent pourtant le sale gosse qui sommeille en lui. Des graffitis de cour d'école, des autocollants défoncés, le Hobson's Choice a tout de l'ado en crise existentielle qui écoute du grunge et détient un sac Eastpack avec un patch Slipknot. Ce qui ne le rend pas antipathique, finalement.

Le savon est fidèle au poste sans être zélé. Le papier, lui, a semble-t-il décidé de se faire une rave partie en dispersant ses feuilles un peu partout. La rebelle attitude.

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The Smoking Dog (Lyon 5ème)

Si vous cherchez des toilettes avec du mordant, des waters du chien, qui sont au poil même si vous n'avez pas de queue, c'est au Smoking Dog qu'il faut faire sa niche. L'équation marche aussi si vous n'adhérez pas aux jeux de mots vaseux et aux cuvettes publiques, bien évidemment.

Le petit coin de ce bar aux étagères bien fournies est entièrement consacré aux énergumènes à quatre pattes, bien que l'on puisse s'y asseoir sans se mettre dans une position désobligeante. Tout juste faut-il serrer un peu les genoux contre la porte. 

Rien à redire sur le savon qui était là couché, et le papier, qui a répondu présent sans aboyer. S'ils sont absents, on est d'ailleurs priés de le signaler afin qu'ils ne soient pas privés de sortie.