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(D)ébauche lexicale
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Un simple mur pour partager les histoires qui ont lieu dans ma tête
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reiyel40-blog · 6 years ago
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Pause
Juste pour vous informer que je fais une pause dans l’écriture de ce roman. Je participe au Nanowrimo de novembre sur un autre roman (qui a le potentiel d’atteindre les 50000 mots). 
Je vous dit donc à décembre ;)
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reiyel40-blog · 6 years ago
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Chapitre 15 – Scandale
     Enervée, je tapais du poing sur la table en placo, usée et branlante. Je vis Assia retenir son souffle devant le suspens, ne sachant pas si le meuble antédiluvien allait céder ou résister.
 « - Ecoutez-moi bordel ! Je suis sûre que c’est le vampir qui a fait le coup ! C’est le même mode… »
« - Bon sang mademoiselle, calmez-vous ou je vous coffre pour trouble à l’ordre public. » s’énerva l’agent de police.
 « - Le même mode opératoire. J’ai entendu une voiture partir en direction du château. Je suis sûre qu’il y a des indices là-bas, vous devriez aller perquisitionner. » repris-je avec véhémence, sans m’émouvoir de ses menaces.
« - Le vampir est mort ! Et de toute façon, cette affaire ne regarde pas les civils ! » rétorqua le policier, de plus en plus rouge de colère.
« - Ca ne serait pas arrivé si vous faisiez votre boulot ! » criai-je, aussi écarlate que lui. J’avais bien conscience que le pauvre homme n’y était pour rien. C’était à l’institution que j’en voulais. Malheureusement, comme on ne peut pas gueuler contre une notion abstraite, je m’en prenais au premier de ses représentants que j’avais croisé.
« - Trop c’est trop ! Sortez d’ici ! » répliqua-t-il en se levant brusquement, faisant tomber la chaise sur laquelle il était assis. M’empoignant le bras, il me traina hors du commissariat. Assia suivait, silencieuse. Sans plus de façon, il me jeta dehors et me claqua la porte au nez.
Ivre de rage, je tapais du pied sur le bitume en pestant contre l’incompétence des fonctionnaires, sombre cliché dans lequel je me vautrais pour évacuer ma frustration. Assia me laissa débiter tout mon soul, sachant pertinemment combien il était vain de tenter de me raisonner quand je décidais de jouer les idiotes. Fatiguée d’avoir vidé mon sec, je m’écroulais sur le parvis d’une maison voisine. Mon amie s’assit à mes côtés, ne disant rien. Je lui savais gré de ne pas me juger alors même que je venais de me conduire comme une parfaite imbécile.
« - S’il ne veulent pas fouiller, alors allons-y ! » dis-je soudain.
Je vis Assia secouer la tête en signe de dénégation.
« - On y est déjà allé, souviens-toi, et on a rien trouvé. » répondit-elle, pragmatique.
« - Alors quoi ?! On va laisser les choses comme ça ?! » rétorquai-je, rouge comme une tomate, en me levant.
Elle me dévisagea d’un air dédaigneux, comme elle seule savait le faire. Cet air qui me remettait à ma place quand je dépassais les bornes.
« - Désolée. » soufflai-je, de mauvaise grâce, en me rasseyant à ses côtés.
« - Réfléchissons plutôt. » dit-elle en hochant légèrement la tête, signe qu’elle acceptait mes excuses. « Je sais qu’on a juré de retrouver le coupable, mais soyons réalistes, nous n’arrivons à rien. »
« - J’ai juré Assia, je ne renoncerais pas. Je tiens à mon karma. »
Elle se retint de justesse de lever les yeux au ciel, mais je vis l’amorce du geste. Je ne lui en tins pas rigueur.
« - Franchement, à part parler aux victimes, je ne vois pas comment nous pourrions… »
Elle s’interrompit en voyant mon air triomphant.
« - Non… Non… Très mauvaise idée ! » m’avertit-elle, prenant un air horrifié.
« - Et pourquoi pas ? C’est Dumitri qui nous a mis sur la piste, peut-être pourrait-il nous aider… Qu’a-t-on à perdre ? »
« - Euh… Notre dignité, notre crédibilité, des sous… Je continue ? » énonça-t-elle vivement.
Je balayai ses arguments d’un revers de la main.
« - Bah, tu n’es pas obligée de m’accompagner pour le rituel. Je peux m’en charger seule. »
Je vis l’hésitation traverser ses yeux, puis la résignation.
« - Tu vas le faire de tout façon hein ? Autant que je sois là. J’ai hâte de voir ton air déconfit quand rien ne se passera. » dit-elle en haussant les épaules.
« - Ce n’est pas très sympa ça ! Tu as bien avoué que j’avais vu son esprit quand je te l’ai décrit. »
De nouveau, un haussement d’épaule. Elle était plutôt rationnelle, et il lui en coutait d’admettre que les esprits existaient, même si la description de Dumitri que je lui avais faite collait parfaitement à la photo de l’adolescent publiée dans son oraison funéraire.
Je me levai, déterminée, ayant un nouveau but, et l’entraînai à la terrasse d’un café. Nous y serions mieux pour tenter de trouver un médium compétent, qui nous aiderait à entrer en contact avec l’esprit de la victime.
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reiyel40-blog · 6 years ago
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VetdL 14 - Réveil et témoignage
     Le lendemain, nous profitâmes de l’après-midi pour aller rendre visite à Liam et Kyle, toujours à l’hôpital. Nous achetâmes un paquet de m&m’s en passant devant une supérette, pour l’apporter au patient… ou à son ami s’il n’était pas réveillé.
Entrant dans la chambre, je ne pus m’empêcher de sourire devant le visage solaire de Liam. Parfaitement réveillé, il exhalait la joie de vivre… tant et si bien que c’en était déroutant. Prenant le paquet de chocolat de mes mains et commençant à se goinfrer, Kyle prit la parole :
« - Il est bizarre depuis qu’il est réveillé. Il sourit tout le temps. »
Je haussai les sourcils, décontenancée, quand Liam répondit.
« - C’est la morphine… Et le fait d’être en vie bordel ! »
Je souris doucement à ces paroles, et commençai à discuter avec lui. Je lui demandai si ça allait, avant de me trouver parfaitement idiote de poser une telle question. « Mais t’es teuteu ma Juju ! Comment ça pourrait aller alors qu’il vient de frôler la mort ? » Il me répondit d’un simple haussement d’épaules, avant de changer de sujet.
« - Euh… je sais pas si tu as envie d’en parler mais… est-ce que tu te souviens de quelque chose ? »
Silence lourd. « Bravo ! T’es géniale pour foutre l’ambiance ! Ah je te jure, si je pouvais m’arracher la langue et la bouffer, je… »
« - Vaguement… Je me souviens d’un grand type baraqué, juste une silhouette. Il m’a mis une cagoule sur la tête et je… Je sais pas trop… C’était vraiment flippant tu vois… Je me souviens juste d’avoir marché sur une pente, puis une pièce vraiment froide. Et… »
Il se tut. J’attendis qu’il poursuive son récit, en vain. Toute trace de joie avait déserté son visage et je m’en voulus d’avoir remué le couteau dans la plaie. J’avais l’impression de l’avoir assommé d’un grand coup de marteau. Las, il nous signifia qu’il voulait se reposer et essayer de dormir. Je le dis appuyer sur la pompe à morphine juste avant de quitter la chambre. J’espérais que la drogue ferait son effet et qu’il profiterait d’un sommeil sans cauchemars.
         Assis à une table en plastique de la cantine de l’hôpital, Kyle, Assia et moi remuons le contenu de nos tasses. Aucun de nous ne se décidait à y toucher… ni même à parler. Ruminant mille pensées, je fus finalement tiré des mes sombres humeurs par Assia.
« - J’espère vraiment que le coupable paiera. » assena-t-elle d’une voix d’où transparaissait sa colère.
Je hochais la tête si vivement que j’en eus mal à la nuque. J’espérais aussi de tout mon cœur que le coupable serait trouvé, et traduit en justice.
« - J’espère aussi. » répondit Kyle. Un bref silence s’ensuivit avant qu’il ne reprenne la parole. « Les flics sont venus ce matin, prendre sa déposition. J’ai pas eu le droit de rester dans la chambre mais… les murs sont fins et les portes aussi. Il… »
Je voyais combien il en coûtait à Kyle de parler de l’horreur vécue par son ami. Son cœur se sentait-il coupable de n’avoir pas été à ses côtés pour le protéger ? Et sa raison lui disait-elle qu’il était ridicule de penser cela, sans pouvoir toutefois étouffer la voix accusatrice ? Et la tristesse ? Et la colère ? « Moi je ressentirais tout ça à la fois… enfin je pense. J’espère que ça ne m’arrivera jamais… »
« - Il… Enfin, il a été drogué. Heureusement. Il n’a rien senti… Mais le docteur a dit qu’on l’avait quasiment vidé de son sang… C’est un putain de miracle qu’il soit en vie ! » finit-il, déglutissant avec peine. Il prit une gorgée de café pour se redonner contenance – infect à en juger par son rictus dégouté. A moins que ce n’étaient ses émotions qui le faisaient grimacer ?
Je réfléchissais à tout ça, horrifiée et terrifiée par tant de violence. Je repensai à Dumitri.
« - Ses pansements… Est-ce qu’il a été mordu au cou ? »
Je vis l’écossais blêmir à mes paroles, et il acquiesça faiblement.
« - Le vampir… » murmurai-je dans un souffle.
Kyle afficha une expression confuse. Assia s’empressa de l’informer :
« - Pas un vampire. Le vampir, c’est le nom d’un tueur en série qui se prend pour… Bref, il  est censé être mort il y a bien 5 ans. Mais… son mode opératoire… »
De la colère embrasa les yeux de Kyle, et je me sentis soulagée de ne pas en être l’objet.
« - Le vampir… » répéta-t-il. Et ce mot sonna comme une condamnation.
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reiyel40-blog · 7 years ago
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VedtL 13 - Visite de nuit
        Je tournai autour du château, cherchant une entrée. Peine perdue, l’endroit n’était pas un château-fort pour rien ! Soupirant, j’interpellai Assia pour lui dire de laisser tomber. Retournant vers les rues éclairées de la petite ville, nous décidâmes de traîner un peu. Nous avions passé la journée à dormir et aucune de nous n’avait envie d’aller se coucher.
Nous retournâmes au bar où nous avions l’habitude de boire des verres, en compagnie de nos connaissances roumaines. Ils n’étaient pas en vue ce soir-là, mais il était à peine 23h30. Peut-être viendraient-ils plus tard. Je commandais un Magnus cider et m’assis dans une banquette en coin. Assia me rejoignit avec un soft.
« - Pas d’alcool ce soir ? 
- Pas envie, pas le moral.
- Ah. Oui, je comprends. Je me demande si on ne ferait pas mieux de…
- On a déjà eu cette conversation. De toute façon, le billet retour n’est que dans 10 jours. » grommela-t-elle.
Assia détestait ressasser. Elle était le genre de personne qui, une fois sa décision arrêtée, fonçait dans la direction décidée sans plus se poser de questions. Pour ma part, j’avais tendance à tourner et retourner les pour et les contre dans ma tête. Et je décidais une bonne fois pour toute au pied du mur, lorsque la pression menaçait de m’écraser.
« - Allo la lune Juliette ?! Ici la Terre. Tu me reçois ? » demanda Assia en agitant la main devant mon visage. Perdue dans mes pensées, je n’avais rien écouté de ce qu’elle venait de me dire. « - Donc, je te disais, c’est pas Elena là-bas ? »
Je me tournai dans la direction pointée par son index et aperçus la jolie femme brune que nous avions déjà croisé plusieurs fois. Je lui adressai un sourire et un coucou de la main. Elle arriva, en compagnie d’une amie, et s’installa à notre table.
« - Salut les filles ! Vous allez bien ?! Ça fait quelques soirs qu’on ne vous a pas vues !
- Bof, moyen, on a découvert une autre victime.
- Une autre victime du vampire ? » s’exclama son amie, qu’elle nous présenta comme étant Ana. Celle-ci se signa en prononçant le nom de la créature fantastique. Je vis du coin de l’œil Elena et Assia lever les yeux au ciel, de façon si synchrone que cela en était comique.
« - Ah, c’est donc vous qui avez trouvé le blessé ? On en a parlé dans la presse locale ce matin. Pas cool… Vous tenez le choc ?
- Après avoir dormi, ça va un peu mieux. Mais c’est sûr que c’était… euh…
- Bizarre ? Horrible ? Terriblement stressant ? » dis-je, finissant la phrase d’Assia. Elles hochèrent toutes la tête. Nous discutâmes ainsi de l’actualité locale, refaisant le monde, mais sans rien apprendre de nouveau.
« - Et vous comptez faire quoi maintenant ? Vous allez poursuivre votre route ? »
Nous nous regardâmes Assia et moi, gênées. Je me lançai à l’eau pour répondre.
« - Euh… on pensait rester dans le coin. Après tout c’est ici le berceau de Dracula et je veux explorer la région à fond ! » Prise d’une inspiration soudaine, je poursuivis. « D’ailleurs… j’aurais bien aimé visiter le château de nuit, ça doit être une autre ambiance ! 
- S’il y a que ça ! Je vous y fais rentrer quand vous voulez, mon copain est le gardien de nuit. » répondit Elena, un sourire coquin aux lèvres. « Pour tout vous dire, j’avais prévu de le rejoindre à la fermeture du bar. Je vous y emmène si vous voulez. »
J’acquiesçai vigoureusement, ravie de la tournure des évènements.
          Deux heures plus tard, nous toquions à la porte en bois du château. Le gardien vint nous ouvrir et embrassa la jolie roumaine. Effectivement, ils étaient bien ensemble… Elena lui expliqua la situation, et il nous fila le trousseau de clés sans poser davantage de questions. Un peu surprise, je pris les clés et regardai le couple enlacé se précipiter vers la loge. Apparemment, ils avaient un autre programme et je ne souhaitais pas rester là pour entendre ni voir quoi que ce soit.
Assia avisa mon air dégoûté et explosa de rire.
« - Sérieux ! Tu verrais ta tête ! Tu croyais qu’Elena allait faire quoi avec son copain à cette heure-ci ?
- Oh ça va, je n’ai pas réfléchi, c’est tout. » répondis-je, souriant malgré moi.
Nous tournant vers la cour intérieure, nous explorâmes le château à la lueur des lampes torches de nos téléphones. L’ambiance était glauque et glaçante à mourir, tout droit sortie d’un film d’horreur. Je sursautai au moindre bruit… Bruit souvent émis par Assia qui semblait prendre un malin plaisir à me faire tourner en bourrique.
« - Je n’arrive pas à ouvrir cette porte, aucune clé ne va. C’est la troisième… » soupirai-je bruyamment.
Assia haussa les épaules.
« - Ça doit être des archives ou des pièces renfermant des collections non exposées.
- Justement ! C’est encore plus frustrant de ne pas voir tous ces objets anciens… »
Après un long moment d’exploration infructueuse, nous laissâmes tomber et décidâmes de rentrer au camping. Laissant les clés sur la porte de la loge, nous regagnâmes notre tente.
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reiyel40-blog · 7 years ago
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VedtL 12 - L’interrogatoire
       D’un air hagard, je regardai l’ambulance s’éloigner dans la nuit, sirènes hurlantes et feux flamboyants. Moi, je restai là, immobile dans l’espace et le temps. J’entendis vaguement qu’on me parlait, mais le brouillard qui m’entourait rendait toute communication impossible.
« - Mademoiselle… Mademoiselle ! »
Je tournai un regard absent vers la provenance de cette voix, qui me parlait en anglais.
« - Mademoiselle, vous allez bien ? »
Cette question m’étonna. Je ne pus me résoudre à desserrer les lèvres pour lâcher un non. Les larmes menaçaient de s’écouler et eus-je fait un geste ou dit une parole, le barrage aurait cédé. Je secouais la tête de droite à gauche pour signifier mon état.
Tout se passa ensuite dans un flou aberrant, un psychologue nous prenant à charge Assia et moi. Les minutes me paraissaient des heures, mais quand je repris enfin conscience du monde qui m’entourait, l’aube pointait déjà.
« - Mademoiselle, il faut aller voir l’inspecteur. Vous pensez pouvoir tenir ? »
 Je cherchai Assia du regard, assise derrière une vitre dans la salle d’attente animée du commissariat. Elle m’adressa un sourire timide, et j’hochai la tête.
        Quelques minutes plus tard, nous étions donc toutes deux assises dans un bureau si petit qu’il en était étouffant. Les murs en placo, le vieil ordinateur tournant encore sur Windows XP, les meubles de mauvaise qualité… tout semblait fait pour déprimer davantage les personnes interrogées. Essayant de me caler dans le siège inconfortable, je soupirai, lasse de la nuit blanche et horrifiée par le spectacle macabre que nous avions découvert.
L’ouverture de la porte me sortit de mes ruminations. Un inspecteur d’âge moyen entra et s’installa face à nous. Il avait l’air immense dans cette pièce ridiculeusement minuscule. D’un ton fatigué, il nous interrogea avec un anglais quasi-parfait. Après avoir décliné nos identités - ça c’est la partie facile - les questions gênantes commencèrent à arriver.
« - Que faisiez-vous à cet endroit cette nuit ? »
Silence. « Que faisions-nous en effet ? Comment ai-je pu seulement croire qu’il serait facile de jouer les apprenties détectives ?! » Il réitéra sa question, plus lentement, se demandant sans doute si nous avions compris.
« - Euh… Eh bien… Euh… L’autre jour, notre ami Liam a été retrouvé dans une ruelle non loin et euh… eh bien, nous nous disions que peut-être le coupable… vous savez, on dit qu’ils reviennent toujours sur les lieux de leur crime et… » je m’arrêtai net, coupée dans ma phrase par le regard glacial que nous lança le policier. Je l’entendis ruminer en roumain, pestant sans doute contre notre irresponsabilité.
Le reste de l’interrogatoire me sembla inutile, puisqu’il nous fit décrire la scène mais nous n’avions rien d’autre à lui apprendre que ce que les secours avaient déjà décrit. Alors qu’il nous faisait signe de prendre congé, je ne pus m’empêcher de poser une question qui me taraudait.
« - Avez-vous une idée du coupable ? Ce n’est pas le tueur surnommé le vampire puisqu’il est mort en prison… »
« - Ces éléments sont confidentiels, mademoiselle. » répondit l’inspecteur, poliment mais fermement.
« - Mais quand même ! Vous devez bien avoir une piste ? Quelque chose ? »
Il réitéra son propos, une deuxième fois.
« - Vous devriez aller faire un tour du côté du château… C’est vers là que la voiture s’est dirigée quand elle est passée en trombe cette nuit. »
Il haussa les sourcils, et, balayant d’un revers de main ma remarque, nous pria une fois de plus de le laisser tranquille.
       Nous rentrâmes ensuite au camping et décidâmes de nous octroyer une petite sieste. Je tournais dans mon sac de couchage, incapable de trouver le sommeil. L’image de la victime semblait imprimée sur ma rétine. Dès que je fermais les yeux, elle ressurgissait dans mon esprit avec force. N’y tenant plus, je chuchotai : 
« ­- Assia… Tu dors ? »
« - Non, je n’y arrive pas.
- Moi non plus…
- Je n’arrive pas à arrêter de penser à… »
Elle ne finit pas sa phrase, mais je sus qu’elle était hantée comme moi par le souvenir de ce pauvre homme à terre.
« - Je sais… Je sais. Moi c’est pareil… Est-ce que tu crois qu’on… qu’on devrait en rester là ? » soufflai-je, me forçant à prononcer ces mots. Je m’étais engagée auprès de Kyle et de Liam.
« - Ce serait la chose la plus raisonnable à faire…
- Mais ?
- … Mais je ne pourrais plus dormir en ne sachant pas qu’il y a une justice. Il faut que le coupable aille derrière les barreaux… »
Je hochai la tête, acquiesçant. Je partageais ce point de vue. Et puis, il y avait aussi Dumitri. J’étais persuadée de deux choses : primo, c’était bien son esprit que j’avais vu au cimetière et deusio, il m’était apparu pour une raison. Alors même si ce n’était probablement pas l’idée du siècle de jouer les détectives amatrices, je sentais que c’était la bonne chose à faire.
« - Alors dormons. Et ce soir… allons faire un tour au château. »
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reiyel40-blog · 7 years ago
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VedtL 11 - Planques et au secours !
       C’est en silence que nous regagnâmes le camping. Je pensais aux implications de mon choix. « Je suis folle de penser que je vais élucider cette enquête. Au mieux, je réussirais à ne pas nous mettre en danger. » Je ruminais de sombres pensées, bien moins certaine qu’à l’hôpital.
« - Alors ? Par quoi on commence ? » demanda Assia, rompant le silence.
« Ai-je raison de l’entrainer là-dedans ? » Je réfléchissais à voix haute, sans m’en être rendue compte.
« - C’est mon choix. Comme tu as dit, il y a beaucoup trop de bizarreries qui nous sommes arrivées. Coïncidences ou non, j’en sais rien, mais je suis sûre de vouloir savoir le fin mot de l’histoire. » énonça-t-elle, d’un ton sans appel.
Je souris, amusée de voir resurgir son côté « je-veux-tout-savoir-et-je-checke-les-infos-quatre-fois-par-jour ». Finalement, cela ne m’étonnait pas que sa curiosité sans bornes la pousse à aller au bout. Pour ma part, je m’impliquais car je trouvais toute cette violence intolérable. Et je croyais fermement que toutes ces bizarreries, comme Assia l’avait dit, étaient des signes. Des signes envoyés par l’Univers pour me faire comprendre que je pouvais trouver le coupable. Rassérénée, je pris une brève inspiration et réfléchis à cent à l’heure.
« - OK. Alors je suggère de commencer l’enquête par la ruelle où Liam est quasi mort. Kyle nous a envoyé l’adresse par WhatsApp. On pourrait peut-être même essayer de faire une planche le soir, il paraît que les criminels reviennent toujours sur les lieux de leurs méfaits.
- D’accord… Mais d’abord, dormir. » souffla Assia, épuisée par la journée que nous venions de passer à attendre. J’acquiesçai. Nous avions bien le temps d’une petite sieste.
       Après un repas frugal, nous avions décidé de repasser au bar, en attendant une heure décente pour faire la planque. J’ingurgitais un Coca light après l’autre, espérant que la caféine m’aiderait à tenir. Quand l’endroit ferma et que la rue commença à être déserte, nous estimâmes qu’il était temps. Parcourant le dédale de la ville, nous arrivâmes enfin dans la dite ruelle.
Rien d’anormal dans cette allée. Elle était calme, comme si rien de sordide n’était arrivé. Aucune trace du crime, si ce n’était le cordon policier encore tendu au milieu.
« - Ca fait froid dans le dos. » commenta Assia, avant de retomber dans le mutisme. J’acquiesçai, puis essayai de m’installer confortablement dans le renfoncement d’une porte. Une heure ne s’était pas écoulée avant que je ne sente plus mes jambes. J’étais si engourdie que je faillis m’étaler par terre lorsque je me levais. Je tentais de faire passer discrètement les fourmis dans mes membres. Si tant est que gesticuler en émettant des « hou ha bon sang, ça fait mal ! » soit discret. Et ainsi s’écoula cette longue, longue, première nuit de planque. Nous ne prîmes sur le fait personne, si ce n’est un chat qui passait par là. La deuxième nuit se révéla aussi infructueuse que la première.
      La mort dans l’âme, nous nous installâmes dans la ruelle pour la troisième fois. Nous ne disions mot, et subissions en silence l’attente interminable. Je commençais à perdre espoir, lassée. « En même temps s’il revenait là, alors qu’il y a encore le cordon policier, ce serait vraiment stupide. Je serais le tueur, je mettrais le prochain autre part, soyons réaliste ! C’est absurde de penser qu’il puisse… » Je fus violemment tirée de mes pensées par une voiture qui passait en trombe dans l’artère voisine. Mue par l’instinct, je bondis sur mes pieds et courais – tant bien que mal – dans la direction du vrombissement. Hélas ! Mes jambes ne font pas le poids face à une cylindrée de plusieurs dizaines de chevaux. Je fis chou blanc, ne voyant même pas le modèle de voiture. Je pus seulement deviner que le son s’éloignait en direction du château.
« - Qu’est-ce qu’il y a ? » interrogea Assia, arrivant tranquillement derrière moi.
« - La voiture qui est passée… C’est bizarre, non ? Qui aurait besoin, à 3h du matin, en pleine ville, de passer aussi vite ? 
- Hmm, je sais pas… C’est vrai que tout est fermé à cette heure ci, alors ça peut pas être une sortie de bar qui voudrait éviter les flics…
- Allons voir par là. J’ai un mauvais pressentiment… » murmurai-je, la peur au ventre.
Nous parcourûmes l’avenue principale, jetant des regards nerveux dans les artères sombres, à droite et à gauche. Je commençais à me dire que j’étais paranoïaque, quand soudain, Assia stoppa net. Elle blêmit tant, que son teint avoisinait le mien, ce qui n’est pas un mince exploit en termes de pâleur !
« - Qu’est-ce qu’il y a ? » demandai-je, regardant par-dessus son épaule pour tenter d’apercevoir ce qui la terrifiait. Quand mes yeux se posèrent sur une masse au sol, indistincte dans les ténèbres de l’allée, je me décomposai à mon tour. « - Oh.mon.Dieu. » articulai-je à grand peine.
Nous restâmes figées ainsi pendant un temps qui me parut durer des heures. Mes pensées se bousculaient, mais mon corps me refusait le moindre geste. « Bon sang, bouge-toi. Il faut appeler les flics, les pompiers. Si ça se trouve, sa survie se joue en seconde… Survie ?! Oh mon Dieu ! Et s’il était déjà mort ! Qu’est-ce que je… Suffit ! Ressaisis-toi ! Allez, détourne le regard pour commencer, oui comme ça. Bien. Maintenant. Attrape le bras d’Assia pour la retourner. Ensuite… Le portable. C’est quoi déjà le numéro ?? »
« - Bon sang, Assia, faut qu’on appelle les secours ! C’est quoi le numéro déjà ? » Murmurai-je dans un souffle. J’avais eu l’intention de parler fort, distinctement, mais je n’y parvenais pas.
« - … euh… le 112. » répondit-elle, sortant doucement de sa léthargie.
J’appelai, tremblante, et décrivis la situation du mieux que je le pouvais. Ni Assia ni moi n’osions nous approcher du corps. Nous avions peur de voir qu’il était trop tard… Nous attendîmes ensuite, comme paralysées, que les secours arrivent. Je priais de toutes mes forces pour qu’ils rappliquent à temps.
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reiyel40-blog · 7 years ago
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VedtL 10 - Emotion & Détermination
       Nous arrivâmes rapidement au Spitalul Clinicco de Brasov, et fûmes dirigées par une hôtesse peu amène vers l’immense salle d’attente. L’ambiance des lieux était d’une blancheur froide, aseptisée. A l’image de mes propres émotions… Je me sentais glacée jusqu’aux os, et presque rendue apathique par une peur sourde.
Avisant Kyle, Assia s’agenouilla devant lui et posa doucement les mains sur ses genoux, lui murmurant des paroles de réconfort. Je restai debout, penaude, et observai son expression. Il était pâle, si pâle ! Ses joues avaient été ravagées par les larmes. Ses yeux injectés de sang étaient une fenêtre criante sur sa rage et sa douleur. On aurait dit un zombie, plongé dans une léthargie infinie. La gorge serrée devant ce triste tableau, je parvins seulement à articuler :
« - I’m sorry. »
Il releva la tête à ces mots et ses yeux croisèrent les miens. Il hocha la tête, avant de croiser le regard d’Assia... et se mit soudainement à pleurer, serrant comme un forcené les mains de mon amie dans les siennes. Mal à l’aise, je détournai le regard et décidai d’aller chercher à boire pour tout le monde.
Quand je retrouvais le duo, Kyle avait séché ses larmes et Assia s’était assise à ses côtés, continuant de lui apporter du réconfort. Les bouteilles d’eau furent les bienvenues. Après avoir bu quelques gorgées, Kyle s’assoupit contre Assia.
Nous attendîmes en silence. Encore et encore. Les minutes s’égrenaient avec une lenteur insupportable. Le tic tac de l’horloge semblait marquer un temps qui jamais n’avançait, torture lancinante et infinie. Nous eûmes, cette journée là, une assez bonne impression de l’enfer, impuissantes que nous étions dans cette attente interminable. Je priais pour Liam, quand enfin un médecin interpella Kyle. Il nous apprit que Liam était sauf, et qu’il allait s’en remettre avec le temps. Il avait fallu lui transférer beaucoup de sang, car il en avait perdu beaucoup.
« - Would you like to see him ? He has not waken up yet though. » demanda le docteur, dans un anglais quasi parfait.
Nous opinâmes tous, et il nous emmena à une chambre individuelle, en nous recommandant de rester calmes et de ne pas nous énerver autour du patient.
         Liam était allongé sur un lit d’hôpital, l’air serein et détendu. Son visage, bien que pâle, ne portait aucune trace de sa mésaventure. Néanmoins, on pouvait voir qu’il avait été agressé sur son corps. De gros pansements blancs entouraient son cou, et je soupçonnais qu’il y en avait d’autre sous la blouse informe et les couvertures. Consternée qu’on puisse faire preuve de tant de violences, je le fixai sans pouvoir rien faire d’autre.
« - He… He almost died, you know… It’s a fucking miracle I found him… » murmura Kyle, de nouveau au bord des larmes.
Assia ne répondit rien, ses lèvres serrées en une mince ligne. Pour ma part, je tiquai à ces mots et ma langue se délia.
« - Wait. You were the one that found him ? Where ? What happened ?
- It was in an alley near the castle. He was… He was just lying there, with little blood around him. It’s like someone just dropped him there after emptying him of his blood…» énonça Kyle, difficilement.
Je fronçai les sourcils, révoltée. La colère montait, balayant tout sur son passage. Et tandis que ce tsunami de rage déferlait en moi, je décidai que j’allais enquêter. Je n’étais pas policière, je ne lisais même pas de thrillers… Mais trop de signes sur mon chemin, trop de bizarreries étaient arrivées pour que je passe à côté sans rien faire.
« - I will find who did it. Tell me everything that you know. » assenai-je d’un ton autoritaire.
Etonné, Kyle obtempéra néanmoins. Assia écoutait, un peu inquiète, mais elle avait l’air aussi déterminée que je l’étais. Il nous raconta donc comment il avait trouvé le corps de son ami, dans une ruelle près du château. Peu de sang autour de lui, mais des traces de morsure sur son cou, et d’arme blanche sur son flanc. C’étaient peu d’indices, mais c’était un début !
Quand les heures de visite furent passées, Assia et moi décidâmes de partir. Nous promîmes à Kyle de revenir, pour prendre des nouvelles. Revenant vers la voiture de location, Assia demanda :
« - Tu vas sérieusement chercher le coupable ?
- Oui. C’est dangereux, je sais. Et sans doute que je ne vais rien trouver. Mais… c’est trop de coïncidences pour que je ne me sente pas impliquée.
- Pas de hasard, que des synchronicités, hein ? » répondit Assia, citant une de mes phrases favorites. J’acquiesçai.
« - Je sais que c’est pas trop ce qu’on avait prévu pour ce voyage, alors si tu veux rentrer plus tôt ou continuer de te balader…
- Arrête. Quoiqu’il arrive, on reste ensemble… Moi aussi, je trouve cette histoire très étrange. Je veux savoir le fin mot de l’histoire. »
Et c’est ainsi que nous décidâmes, mi-déterminées, mi-apeurées, d’enquêter sur toutes les bizarreries que la Roumanie nous avait montré depuis notre arrivée.
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reiyel40-blog · 7 years ago
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VedtL 9 - Confusion et stupéfaction
       Je marchai dans le froid de la nuit, serrant mon fin gilet tout contre moi. Il faisait exceptionnellement frais pour la saison. Nous parlions de tout et de rien, Assia et moi, en nous dirigeant vers le camping. Nous nous éloignions donc du centre et de son agitation, un brouhaha diffus fait de discussions, de bruits de voiture et même d’une ambulance au loin. Et alors que je hatai le pas pour regagner au plus vite le confort relatif de mon sac de couchage, Assia me tira de mes pensées :
« - C’était bizarre de revoir Kyle et Liam non ?
- Hein ? … Ah oui, un peu. Dommage qu’ils n’aient pas pu rester. Enfin, on s’est quand même bien amusé.
- Oui c’est vrai. Plutôt sympas ces roumains ! » opina-t-elle alors que nous arrivions en vue de la tente.
Je rentrai dedans avec hâte et m’écroulai sans plus de façon, terrassée par la fatigue accumulée depuis le début du voyage.
       Je dormis mal, rêvant de vampires terrifiants, du genre film d’horreur plutôt que Twilight. Je me réveillai à l’aube, en sueur, le cœur palpitant et assailli d’une sensation persistante de malaise. Voyant qu’Assia était aussi debout, je lui proposais un petit-déjeuner en ville, histoire de me changer les idées. Nous nous partîmes donc en ville, en quête du restaurant idéal.
« - Et là, jus d’orange, viennoiserie et une boisson chaude ? » m’interpella Assia, lisant la carte d’un bar prometteur.
« - Ouais, pas mal, mais un peu cher quand même ! On peut trouver mieux je pense. Et j’aimerais bien des œufs brouillés en fait… »
Haussant les épaules, elle se tourna de nouveau vers la rue et nous continuâmes notre quête. Il n’y avait pas foule, mais quelques matinaux étaient déjà dans les rues. Des locaux pour la plupart, qui se rendaient sans doute à leur travail. Une vieille femme, chaudement habillée, les cheveux gris ramassés en un chignon strict, passa devant nous, manquant de me bousculer. « Oh mais… C’est la femme d’hier… Elle me dit quelque chose, pas moyen de remettre la main dessus... La main, bizarre, non ? Pourquoi pas la pensée plutôt, c’est trop bizarre ces expressions françaises, je… Oh ! C’est celle qu’on a vu au cimetière ! » Réfléchissant à cent à l’heure, je m’arrêtai net et me tournai vers la passante, qui avait déjà avancé de plusieurs mètres.
« - Wait ! Madam, please wait ! » criai-je en démarrant au quart de tour (encore une belle expression française tiens !) et me précipitai pour la rattraper.
Elle s’arrêta alors que je lui mettais la main sur l’épaule. Se tournant vers moi, je vis transparaître un éclair de compréhension dans son regard. Peut-être m’avait-elle reconnu…
« - Please, could you tell me about that… hum… vampire story ? You know, vampire ?  »
Un air de confusion s’inscrit sur son visage. Je la vis néanmoins tiquer lorsque je prononçai le nom de ces créatures suceuses de sang, et elle se signa, comme elle l’avait fait la veille. Après avoir marmonné ce que je supposais être une prière, elle débita une longue litanie de mots… en roumain. Je ne compris pas un traître mot, seulement « vampir » puisque la sonorité était proche du français. Voyant que nous ne parvenions pas à communiquer, elle chercha autour de nous quelqu’un qui pourrait nous servir d’interprète. Ne voyant personne, elle soupira et prononça une phrase qui sonna comme un avertissement en désignant le bar où nous avions passé la soirée. Elle pria de nouveau, puis partit.
Interloquée par cette rencontre, je fronçai les sourcils, essayant de démêler le peu d’information que j’avais.
« - Tu m’expliques ? » demanda Assia, qui était restée en retrait durant mon entretien avec la dame.
« - Euh… Ben, hier, euh… Cosmin, oui c’est ça, je crois qu’il s’appelle Cosmin.
- Celui qui te draguait ?
- Arrête, il me draguait pas. » rétorquai-je en rougissant légèrement. Assia ne répondit pas, clairement sceptique, et attendit que je reprenne. « Bref, donc Cosmin m’a dit que le bar où nous étions était connu pour être le QG des vampires locaux. Il m’a dit ça parce que la femme qui est passé là, ben hier soir elle a fait un signe de croix devant le bar. J’ai trouvé ça bizarre. »
Je la vis faire de gros efforts pour éviter de rouler des yeux à l’évocation des créatures surnaturelles. Elle marmonna quelque chose à propos de l’incroyable crédulité des roumains, et repartit à la recherche d’un petit-déjeuner bon et pas trop cher. 
       Posée en terrasse avec Assia, je dégustai des œufs brouillés au fromage avec appétit, profitant des premiers rayons de soleil après la nuit glaciale. Je savourai cet instant de calme. Fidèle à son habitude, mon amie était en train de surfer sur internet, pianotant sur son mobile plus rapidement que les données en fibre optique.
« - Des nouvelles intéressantes ? » demandai-je, car je savais qu’elle vérifiait toujours les informations le matin.
« - Mouais, toujours la même chose. Des meurtres, des catastrophes naturelles, des scandales politiques… » répondit-elle, faussement blasée, navigant entre les onglets des nouvelles internationales, françaises et mêmes locales.
« - Que des nouvelles joyeuses et réjouissantes quoi ! » tentai-je de plaisanter. Elle ne releva pas ma blague, fronçant soudainement les sourcils d’un air effaré. « Assia, ça va pas ? »
Elle me tendit le portable sans rien dire. Elle avait traduit la page des informations roumaines, et ouvert un article qui relatait un fait divers. Il était écrit qu’un jeune homme, de nationalité britannique, avait été retrouvé en sale état dans une ruelle. Et si j’en croyais la description qui en était fait, ce jeune homme ressemblait beaucoup à… Liam ?! Affolée, je braquai le regard dans celui d’Assia et y lut le même effroi. Luttant contre une bouffée de panique qui menaçait de m’envahir, je bondis de ma chaise. Jetant un coup d’œil, je lus que la victime avait été transportée à l’hôpital le plus proche, le Spitalul Clinicco de Brasov.
« - Il faut qu’on y aille ! » m’énervai-je en rassemblant mes affaires à la hâte. « Peut-être que je me trompe, mais s’il s’agit vraiment de Liam alors… On est pas proche, mais ça serait vraiment trop… Il faut que j’aille voir comment il va. Et Kyle ? J’espère qu’il va bien. » Mes pensées se bousculaient. Agir, il me fallait agir, sinon j’allais devenir folle ! Laissant un billet pour régler la note, Assia et moi repartîmes rapidement en direction du camping. Nous voulions récupérer la voiture pour nous rendre à l’hôpital au plus vite.
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reiyel40-blog · 7 years ago
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VedtL 8 - Réconciliation et frustration
       Je boudais encore, assise à la terrasse d’un bar bondé, une pinte de bière posée devant moi. Je répondais à Assia par monosyllabes, me contentant d’un oui ou d’un non. Je savais mon attitude détestable, mais la peur dictait ma conduite. Elle était encore là, insidieuse, et je n’arrivais pas à la taire. Soupirant, j’avalai une gorgée, ayant du mal à déglutir. « Ridicule ! Tu es ridicule, ma pauvre Juliette. Allez, dis que t’es désolée et on en parle plus » m’admonestai-je intérieurement, sans pourtant parvenir à formuler ces mots à voix haute.
« - Tiens, c’est pas Kyle et… euh… Liam, là-bas ? »
Surprise, je me retournai pour regarder et en oubliai d’avoir peur et de bouder.
«  Oh mais si, tu as raison ! Je me demande ce qu’ils font là ! » répondis-je en tentant d’attirer l’attention des deux écossais qui traversaient la rue. Peine perdue, ils avaient déjà tourné à l’angle quand je commençai à agiter la main.
« - Bah, ils font sans doute comme nous, un petit voyage sur les traces du comte. » raisonna Assia, un sourire aux lèvres, un poil ironique.
« - … Bon, je suis désolée… Mais quand même t’as exagéré ! » soufflai-je, mi-penaude, mi-agacée.
« - Faut savoir, tu t’excuses ou tu m’accuses ? »
Je la dévisageai, sourcils froncés.
« - Ok, ok… Moi aussi je suis désolée, j’aurais pas du insister, alors que clairement t’étais pas bien… Amies ? »
« - Amies ! » répondis-je en tendant la main. Elle fit notre check et nous nous sentîmes ridicules de faire ce geste, riant de ces pitreries. Conseil : si vous commencez à dire quelque chose ou faire un geste que vous trouvez ridicule pour vous moquer des petits jeunes… Ne le faites pas ! Le karma reviendra vous frapper, et vous vous retrouvez à dire ou faire ce que vous trouviez absurde sans même vous en rendre compte.
Je passais le reste de la soirée, l’esprit léger et insouciant. Des locaux nous abordèrent et nous papotâmes un bon moment avec le petit groupe, dialoguant dans un anglais approximatif… mais nous nous comprenions. Nous avions ainsi fait la connaissance d’Ana, Elena, Andrei, Victor et Cosmin, un groupe d’amis venus fêter les 30 ans du dernier. Nous promettant de nous retrouver le lendemain pour le quizz organisé par le bar, Assia et moi retournâmes au camping. Nous nous soutenions mutuellement, marchant pas toujours très droit et parlant fort.
         Le lendemain midi, pas très fraîches ni dispos, nous traînions nos carcasses sur la colline menant au château de Dracula. J’avais l’impression de fondre au soleil et engloutissais une bouteille d’eau après l’autre. Assia n’était pas en meilleur état… « Mais bon, on est venu pour visiter ! Alors c’est pas un petit lendemain de soirée difficile qui va nous arrêter ! » m’encourageai-je.
Cette fois-ci, nous étions arrivées suffisamment tôt pour entrer. Je me délectai de l’endroit, prenant mille photos, m’extasiant sur les armes et armoiries accrochées au mur, le cœur battant de parcourir le célèbre passage secret du château de Bran. Je sautillais de pièce en pièce, poussant des cris aigus surexcités à chaque nouvelle découverte… et soupirant bruyamment à chaque nouvelle pièce privée.
« - Il y a bien trop de pièces qui sont fermées si tu veux mon avis ! » déclarai-je, frustrée.
« - Bah oui, tu penses bien ! Les vampires ont besoin de leur intimité, comme dans le nanar – pardon le gros, l’énorme nanar que tu m’as forcée à regarder l’autre jour. » rétorqua Assia.
« - Bon, Vampires en tout intimité n’est peut être pas le meilleur film du siècle, mais avoue que ça se laisse regarder quand même ! »
Elle se retint de répondre, et je la vis se mordre doucement la lèvre inférieure.
« - Ok, c’est un nanar. Mais c’est distrayant ! »
De nouveau, absence de réponse. Je décidai de laisser tomber ma plaidoirie. « Après tout, chacun ses goûts ! » Sur ces pensées, je continuai mon exploration des lieux, en essayant de ne pas pouffer de rire alors que j’imaginai le brutal Geoffroy ou Aymeric le dandy dans ce lieu.
Plus tard, alors que nous sortions du château, je déplorai une nouvelle fois qu’une si grande partie ne soit pas accessible au public. Balayant ma frustration d’un revers de main, Assia m’emmena au musée médiéval, espérant sans doute me changer les idées. Et cela fonctionna !
      Nous flânâmes jusqu’à 20h, heure à laquelle nous devions retrouver la clique roumaine pour nous amuser. Ils étaient un peu plus âgés que nous, certains ayant dépassé la trentaine, mais nous avions bien accroché la veille. J’espérais que la soirée se passerait aussi bien, et que nous gagnerions le quizz organisé par le bar.
M’asseyant sur une chaise libre à la table réservée par les locaux, j’accueillis avec le sourire leurs effusions bruyantes et à peine compréhensibles. Sans que je comprenne comment, une pinte se retrouva devant moi et une autre devant Assia. La soirée commençait bien ! « Mais va falloir se calmer quand même. Après je passe au coca light, là j’ai vraiment trop abusé ces derniers jours. » pensai-je alors que j’avalai une gorgée de la boisson maltée.
Nous nous donnâmes à fond pour le quizz, qui portait sur les Pokémon, mais malheureusement la Team Rocket (le nom que nous nous étions donné) ne finit que deuxième. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, nous accueillîmes avec force bruit le pichet représentant le deuxième prix. Je riais de tout ce vacarme, me demandant comment si peu de personnes pouvaient faire autant de bruit !
« - Oh my god, the people who live in this street must hate us right now ! » dis-je à l’homme le plus proche, à savoir Cosmin, en me penchant pour qu’il puisse entendre.
« - Oh well, that’s a given. But they should’nt have bought a house here. It’s totally their fault. » répondit-il, plaisantant.
« - Yeah, right. Their own fault. » pouffai-je. « Still, poor them. »
Je perdis le fil de la conversation en avisant Liam et son copain Kyle qui repassaient dans la rue. Je les interpellai avant qu’ils ne soient hors de portée, et ils vinrent nous saluer, Assia et moi. Nous leur proposâmes de passer le reste de la soirée avec nous, mais ils avaient déjà un rendez-vous ailleurs.
« - Friends ? » demanda Cosmin, tandis que les deux écossais repartaient.
« - Well, more like acquaintance. We just met at Sighisoara.  »
Et je me laissai aller sur le dossier de ma chaise, me sentant bien, contente du déroulement de ma journée. J’observai les gens passer dans la rue, et leur inventai des vies, me disant qu’une telle allait retrouver un amant plus jeune, qu’un autre rentrait chez lui nourrir son chat Hector, qu’un autre encore se dépêchait d’apporter une pizza pour faire une surprise à sa famille… Je souriais, suivant d’une oreille lointaine la conversation générale de la tablée, quand tout à coup, une vieille femme passa devant le bar et se signa. Elle se signa ! Eberluée, je la regardai hâter le pas pour s’éloigner le plus rapidement possible. Mes yeux la suivirent, jusqu’à ce que je rencontre de nouveau ceux de mon voisin. Un sourire aux lèvres, il n’avait rien perdu du manège de la dame. Avisant mon air ébahi, il jugea nécessaire de me fournir une explication :
« - Ah… Well. Something folk here. This place is known to be the HQ of local vampires. »
« - Are you kidding me ?! » croassai-je, incrédule mais voulant tout de même y croire.
« - Not in the least. I’m pretty serious. Well, that’s what people actually say. You know, it’s easy to believe in legends here, with all that mystical surroundings… »
Je digérai l’information, me demandant si tout cela était vrai ou non. « Des vampires locaux, hein ? »
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reiyel40-blog · 7 years ago
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VetdL 7 - Reine des godasses et des trouillardes
                J’observai les abords de Brasov sans les voir, perdue dans mes pensées. Assia contourna la ville pour nous emmener au prochain camping, près de Bran. L’après-midi était déjà bien entamé quand elle se gara sur le parking et que nous déchargeâmes nos affaires, en silence.
D’un accord tacite, nous avions peu reparlé de l’affaire FFGC ou « fantomatique flippante grave chelou », ainsi qu’Assia l’avait surnommée. Ces étrangetés avaient jeté un voile sur notre enthousiasme, le refroidissant aussi sûrement qu’un iceberg. Néanmoins, nous faisions bonne figure, et la plupart du temps Dumitri nous sortait de la tête. Enfin, de ma tête en tout cas (pour Assia, je ne sais pas trop). Fascinant comme l’esprit est capable de vivre malgré toutes les horreurs auxquelles il fait face. Il avance, invariablement, lentement ou rapidement selon les obstacles sur son chemin. Mais il avance. Toujours.
Et donc, nous avions poursuivi notre route, mettant le cap sur le fameux château du comte Dracula, à savoir le château de Bran. J’avais tellement hâte d’explorer ce lieu légendaire ! Des frissons d’excitation mêlés d’appréhension me parcouraient à chaque fois que j’y pensais.
        « - Allez, dépêche toi, vite ! Viiiite ! » criais-je avec l’enthousiasme d’une enfant. Assia me regardait avancer d’un bon pas, tandis qu’elle-même trainait pour admirer les collines boisées environnantes. Un sourire indulgent aux lèvres, elle supportait mes sommations sans se plaindre. « On va pas pouvoir rentrer si ça continue ! »
« - Bah… il est presque 15h30…
- Mais justement ! Ca ferme à 16h aujourd’hui !
- C’est déjà trop tard de toute façon. On va pas le visiter en une demi-heure. On reviendra demain. » rétorqua Assia, en haussant les épaules, flegmatique. « Profite plutôt de la région. Regarde cette magnifique forêt ! »
Tandis je trépignai à quelques mètres d’elle, je la vis étendre les bras comme pour englober les arbres centenaires qui nous entouraient. Se déchaussant, elle enfouit les pieds dans l’herbe bordant le chemin, et tourna plusieurs fois sur elle-même telle l’héroïne de la Mélodie du bonheur. En riant, elle vint vers moi et m’invita à la rejoindre pour profiter de cet instant. Jetant un dernier coup d’œil vers le château, je soupirai. « Bon tant pis, on verra ça plus tard. Et puis on peut toujours voir l’extérieur ! »
Et alors que j’ôtai rapidement mes sandales, sautillant maladroitement à cloche-pied, je manquai de me vautrer sur la pelouse.
« - C’est ça, marre-toi ! » dis-je tandis qu’Assia était prise d’un fou rire et que je lui lançais la chaussure que j’avais dans la main. Elle esquiva le tir, habile, et me fit une révérence moqueuse. 
« - Si je puis me permettre, votre majesté, reine des godasses, il va vous falloir viser mieux que cela si vous espérez pouvoir m’atteindre. 
Adroitement, elle évita le deuxième projectile en faisant une pirouette, suivie d’une danse de la victoire pour me narguer. Ne parvenant pas à garder mon sérieux, je me prêtai au jeu :
« - Prends garde, manante ! Cette insulte ne restera pas impunie ! »
Et je m’élançai à sa poursuite alors qu’elle détalait en riant.
          Nous exhalions bruyamment, étalées dans l’herbe, cherchant le souffle que nous avions perdu dans nos chamailleries.
« - Quelle heure il est ? » demandai-je à Assia. Je n’avais jamais de montre sur moi alors qu’elle ne sortait jamais sans. A croire qu’elle était vissée sur son poignet.
« - 16h passées.
- Ah. » répondis-je simplement. Le château était donc fermé. Me relevant, je tournai la tête vers l’édifice, masse imposante de pierres beiges qui luisait sous les rayons du soleil. « Tu veux pas qu’on aille voir, quand même ? »
Elle acquiesça et nous nous rechaussâmes avant de repartir sur le chemin du château, gravissant avec peine la petite pente qui menait au portail. L’endroit grouillait de visiteurs tardifs qui descendaient alors que nous montions. Arrivées devant la massive porte de bois, je m’autorisai un espoir et abaissai la poignée. Fermé. « C’est raté… Bon, et maintenant ? » pensai-je, dépitée.
          « - Non mais tout ferme à 16h ici ou quoi ?! » s’exclama Assia, agacée. Nous avions voulu aller au musée du village, puis au musée médiéval. Manque de chance ! Il semblait que toutes les choses à faire dans le coin avaient des horaires bien précis, et plutôt restreints aussi.
«  Enfin, au moins les Eglises sont toujours ouvertes ! » pensai-je en poussant la porte de la chapelle Inima Reginei Maria, située en face du musée fermé. Nous visitâmes le bel édifice de pierre, et j’évitai sciemment le secteur du cimetière. Assia en rit :
« - Tu veux pas aller voir si on trouve un autre Dumitri Kurt Cobain par là ?! »
Je lui fis les gros yeux alors qu’elle écorchait sciemment le nom du défunt, maugréant qu’on ne plaisantait pas avec ce genre de choses. Elle sourit, se dirigeant vers la porte latérale qui menait au cimetière. Elle l’ouvrit en grand et me regarda comme pour me lancer un défi.
« - Arrête ça ! Ca te fait peut être rire, mais moi non. Imagines je vois un autre esprit !
- Et imagines tu n’en vois pas ! Allez, on dit que le meilleur moyen de se remettre en selle après être tombé, c’est de se mettre en selle.
- Tu as bien conscience que ce que tu viens de dire n’a aucun sens ?! » rétorquai-je, rendue un tantinet agressive par la peur.
« - Bien sûr que si ça veut dire quelque chose. Tu risques d’avoir peur des cimetières à vie. Alors là, on y retourne et tu verras que y’a rien à craindre. »
Je soupirai. Connaissant Assia et sa tendance autoritaire, elle n’allait pas me lâcher avant que je fasse ce qu’elle voulait ! Trainant des pieds jusqu’à l’embrasure dans laquelle elle se tenait, je jetais un bref coup d’œil sur les tombes. Personne. « Ouf ! »
Je sentis Assia me pousser légèrement, m’incitant à entrer plus franchement dans le lieu. Je m’exécutai, toujours anxieuse. Et alors que je m’aventurais dans l’allée centrale, une silhouette surgit dans mon champ de vision. Je hurlai, prête à prendre mes jambes à mon cou, quand Assia m’empoigna le bras :
« - Hé, mais calme-toi. C’est qu’une vieille dame, une vraie. Je la vois aussi. »
La main sur le cœur, je tentai de reprendre le contrôle. C’était bien une femme, de chair et de sang. Elle passa devant nous pour se diriger vers une sépulture voisine, non sans m’avoir jeté un coup d’œil réprobateur.
« - C’est reine des trouillardes que j’aurais du t’appeler ! » chuchota Assia, plaisantant pour essayer de détendre l’atmosphère.
« - Oui. Et bien, toi, t’es la reine des emmerdeuses. Partons d’ici. » sifflai-je, énervée contre elle et contre moi-même.
Elle haussa un sourcil, vexée, et me signifia que je pouvais garder ma mauvaise humeur pour moi. Me retenant de répliquer, je me dirigeai dans un silence buté vers la place centrale du village.
Se détendre. Oui, il était l’heure de se détendre, et pour de bon ! Un petit apéro nous y aiderait sans doute. Et Dieu sait si nous avions besoin de décompresser !
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reiyel40-blog · 7 years ago
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VetdL 6 - Dumitri Cioban
       Le soleil était haut dans le ciel quand nous revînmes devant l’église de la Colline, jetant une lumière crue et impitoyable sur les bâtiments. Je frissonnai un peu et aurais détalé loin de là si Assia n’avait pas été à mes côtés, tentant de me rassurer du mieux qu’elle le pouvait. Comme elle l’avait prédit, il y avait du monde alentours, masse grouillante de touristes visitant les lieux. Cela me soulagea un peu. Après tout, que pouvait-il bien se passer en présence de tant de gens ?
Nous entrâmes silencieusement dans le cimetière, longeant les allées de tombes jusqu’à arriver devant celle où Assia était agenouillée la veille. Elle se pencha pour lire l’épitaphe tandis qu’une bouffée de terreur m’envahissait… De terreur et de… Je tentais de reconnaître le goût âpre de cette émotion… La colère ? … Non, mais presque. Alors quoi ?
« - Tiens, tu vois, 2009. C’est là que j’ai du lire 2009 quand tu m’as entendu hier… » énonça Assia.
Mais je ne l’écoutais pas, mon attention toute entière focalisée sur un préadolescent qui se tenait debout, juste derrière la pierre tombale. La peau légèrement halée, les cheveux bruns coupés courts, il nous dévisageait de ses grands yeux verts. Je sentis plus que je ne vis qu’il n’était pas… comme moi. Il était là, paraissant tangible et pourtant… pourtant je savais que si j’avais voulu le toucher, ma main n’aurait rien trouvé d’autre que l’air.
« - Juliette ?! Ca va ? Tu es blanche comme un linge… » s’inquiéta Assia en m’empoignant le bras. Elle avisa mon regard toujours fixé sur le fantôme et tourna ses yeux dans cette direction. « Qu’est-ce que tu fixes comme ça ? »
« - Tu ne le vois pas ? » soufflai-je, dans un murmure. « - Un… ado, juste là, derrière la pierre. Brun, yeux verts, une cicatrice sur la tempe droite. Et… »
Je m’interrompis alors que l’odeur métallique du sang m’assaillait de nouveau, plus fortement encore que la veille. Le liquide vital se mit à suinter de blessures au cou du fantôme. Terrifiée, je scrutai le spectacle sans pouvoir détourner les yeux. Le cœur battant, la bouche sèche, je le vis désigner du doigt la sépulture. Je lus ce qu’il me désignait : « Dumitri Cioban – 14.05.1997 – 01.01.2009 »
« - Oh mon Dieu… » m’entendis-je chuchoter, tandis que j’identifiais désormais cette émotion acerbe qui m’envahissait depuis que j’avais foulé les pavés du cimetière. C’était une terrible soif de vengeance. La sienne… Je compris aussi que toute cette horreur qui m’infestait n’était pas – du moins pas entièrement – mienne.
Et alors que l’air entrait avec force dans mes poumons, je me rendis compte que j’avais cessé de respirer. L’apparition disparut, et je pus détourner le regard. Je rivai mes yeux à ceux d’Assia et vit l’inquiétude poindre dans les siens.
« - Il y avait un… euh… un esprit ? Juste là. C’était un ado, à peine sorti de l’enfance. Je crois que c’est sa tombe. Il est en colère, il a peur et une terrible envie de vengeance. »
Son visage se décomposa et ses traits se teintèrent d’une incrédulité croissante à mesure que j’énonçais ces mots. Je lui laissai le temps d’assimiler une telle information. Elle ferma les yeux et se passa la main dessus avec un soupir théâtral.
« - Bon… Je ne sais pas trop… Pour commencer, voyons si on trouve des infos sur ce Dimutri ou Dimitri… 
- Dumitri.
- Oui, c’est ça. Bref, si tu me dis qu’il a soif de vengeance et des blessures au cou, sans doute a-t-il été victime d’un meurtre. On doit pouvoir trouver sa photo quelque part dans un journal ou autre. Et si ta description colle, alors je serais forcée de te croire… Allons nous poser dans un bar pour la wifi et voyons si on trouve quelque chose. On tentera les archives de la mairie, si jamais… »
Je hochai la tête. J’avais toujours admiré la froide logique d’Assia ainsi que ses incroyables capacités d’organisation. Pour moi qui me laissais davantage guider par l’affect et avec ma forte tendance à la procrastination, elle était un idéal des qualités que j’aurais voulu avoir. « Enfin bon, à ma bonne habitude, je serais jalouse… demain ! » pensai-je, un sourire me venant aux lèvres, soulagée. Soulagée de n’avoir pas été attaquée par l’esprit du garçon. Soulagée de n’avoir pas rêvé. Soulagée que mon amie me laisse une chance de prouver que je n’étais pas folle – du moins pas complètement.
        Je sirotai un thé glacé tandis qu’Assia pianotait frénétiquement sur son vieux smartphone. Elle m’avait fait répéter le nom et les dates, puis avait lancé une recherche, non sans avoir remarqué :
 « - Amusant. Il est né exactement le même jour que toi ! »
 « - Amusant n’est pas le mot que j’aurais employé. Personnellement je trouve ça plutôt glauque. »
Elle me jeta un bref coup d’œil à ces mots.
« - En tout cas, ça a l’air d’aller mieux ! Pour une fille qui a vu un fantôme… » rétorqua-t-elle, un sourire timide aux lèvres.
« - Oui, ça va même carrément mieux ! J’ai toujours un peu les jetons, mais bon… Ces émotions, c’étaient les siennes. »
Elle hocha la tête, l’air abstrait. De nouveau concentrée sur son téléphone, elle pesta sur la lenteur de la connexion.
« - Hum, tu disais qu’il était comment ? Brun, yeux verts, c’est ça ?
- Oui ! Avec une cicatrice sur la tempe droite, comme une griffure de chat. Et des blessures au cou. »
Je la vis blêmir au fur et à mesure de ma description. « - Bon, d’accord. Ca, c’est vraiment bizarre. » dit-elle en insistant bien sur ce dernier mot.
Elle me donna le téléphone et je vis apparaître la photo du fantôme que j’avais vu. Exactement le même, à part qu’il souriait, bien vivant et en pleine santé. Je lus le reste de la publication en diagonale, mais elle était écrite en roumain. Néanmoins, un mot me sauta au visage : « vampir ».
« - Y’a écrit vampire…
- Ah non ! Les esprits, passe encore, ok. Mais les vampires ?! Non ! Donne-moi ça. » s’énerva-t-elle en reprenant le téléphone de mes mains. Elle copia-colla l’article et essaya de le traduire sur Google. Déchiffrant avec peine la traduction improbable, elle arbora une expression triomphante. « C’est bien ce que je pensais. Pas de surnaturel ! En fait, c’était la première victime d’un tueur en série qui a été surnommé ’’le vampire’’, car il mord le cou de ses victimes et boit leur sang. Enfin, buvait… Il est mort il y a 5 ans, dans une fusillade quand les flics ont essayé de l’arrêter... Mais il aura quand même fait 13 victimes avant d’être arrêté… »
Son visage s’assombrit à la lecture de l’article, tout comme le mien. Je digérai les informations, mais ça ne collait pas. Quelque chose ne collait pas.
 « - Mais alors ? Pourquoi Dumitri n’a pas trouvé la paix ? »
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reiyel40-blog · 7 years ago
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VetdL 5 - Croyances et incroyances
       Assise dans le bus, je tentais de calmer mon cœur et mon esprit, encore emballés par les évènements du cimetière. J’observai d’un air hagard les lampadaires et la route défiler sous les roues du véhicule.
 « - Alors, tu vas m’expliquer ce qui s’est passé ? » demanda Assia, me tirant de mon hébétude.
Je me tournai vers elle, incertaine. Nous n’avions jamais vraiment parlé de religions ou de croyances. Oh je savais qu’elle était musulmane et elle savait que j’étais chrétienne. Mais cela s’arrêtait là. Nous n’avions parlé de rien de plus… intime. Peut-être n’avions nous jamais osé poser ces questions, sur les esprits par exemple…
« - Est-ce que… est-ce que tu es croyante ? » demandai-je, hésitante. Elle haussa un sourcil avant de me répondre, intriguée.
« - Eh bien, on va dire que oui. Je… Je pense qu’il y a une… hum, disons une puissance supérieure. Pour le reste, je ne suis pas sûre d’y croire. Je respecte les traditions de mes parents parce que… ben, c’est comme ça à la maison. Mais pour le reste, pas tellement. » répondit-elle, prudente. « Et toi ? »
« - Hmm. La Bible, pas sûre, ça parait tellement humain… Mais Dieu, les anges, les fantômes, ça oui ! Oui, j’y crois.
 - Et si tu me poses la question, je suppose que cela a à voir avec toute cette histoire ? » raisonna-t-elle.
 « - Je crois que… tu… tu étais possédée. »
Le silence s’étira entre nous tandis que j’observai son visage afficher successivement l’incrédulité, la colère puis le scepticisme.
« - Attends, attends. Reprenons depuis le début. A partir de quand c’est devenu bizarre ce soir ? »
Je m’agitai sur mon siège en repensant à la succession de faits invraisemblables. Avais-je rêvé ? Je l’espérais de tout mon être… mais je savais que c’était réel.
« - Tu as disparu. Dans l’église je veux dire. Je me suis tournée et tu n’étais plus là… Je t’ai cherché partout, puis je suis allée au cimetière en dernier. Je… Ca me fait peur, tu sais ? Je crois aux esprits alors… Ca me fait peur. »
Elle hocha la tête, l’air grave, m’incitant à continuer.
« - J’ai avancé, et puis je t’ai vue penchée sur une tombe. Je t’ai appelé, mais tu n’as pas entendu. Alors je t’ai retourné vers moi et tu… tu avais le blanc des yeux visibles et pas l’iris. Et tu as dit d’une voix d’enfant ’’2009’’… C’était pas ta voix je te jure ! Pas ta voix du tout…
- Alors c’était pour ça la gifle ?!
- Oui… D’ailleurs, désolée. J’ai pas réfléchi.
- Bah… Evite de recommencer s’il te plaît. Ma joue s’en souvient encore. » dit-elle en se massant le visage, avec un sourire, probablement dans l’espoir de me dérider. Mes lèvres demeurèrent closes, en une mince ligne tendue. « Hé, calme-toi ok ? Je suis là, tu es là, tout va bien. J’étais tellement dans les vapes aujourd’hui, j’ai pu me lever toute seule et aller me promener. Si ça se trouve, j’ai lu cette date sur une tombe, ça n’a rien d’improbable. » avança-t-elle, dans une vaine mais louable tentative pour me rassurer.
« - Tu ne me crois pas alors ? Quand je dis que tu étais possédée.
- Non, je… » Elle soupira bruyamment avant de poursuivre. « Je crois que tu as vraiment eu peur ce soir. Quant à savoir pour le reste, je ne sais pas, je n’y crois pas trop… Morale de cette histoire : ne jamais aller dans un cimetière la nuit, même pour s’amuser ! » Encore une fois son effort pour faire de l’humour glissa sur moi comme une plume sur de la soie.
« - Il y avait… des ombres tout autour de nous. Et une odeur de sang, forte, entêtante.
 - Tu as pu l’imaginer. Ton imagination est débordante et tu étais terrifiée. Ton esprit a pu te jouer des tours. »
Je me murai dans le silence, luttant contre les larmes envahissant mes yeux et menaçant d’attaquer mes joues. Elle ne me croyait pas. C’était mon amie, et pourtant, elle ne me croyait pas. « Bon aussi, ça a l’air complètement fou ce que tu dis ! » me morigénai-je intérieurement.
« - Ecoute, je vois bien que ça te fait de la peine que je ne te crois pas. Alors ce que je te propose, c’est qu’on y retourne demain. »
Elle m’intima au silence alors que je m’apprêtai à protester.
« - On y retourne demain, en plein jour, sous le soleil de plomb de la mi-journée. Il y aura du monde un peu partout, ça devrait aller. Comme ça, tu… enfin on verra ce qu’il en est. D’accord ? »
J’opinai tout en déglutissant pour faire passer le sanglot qui m’assaillait. Peine perdue, le nœud resta aussi serré qu’avant.
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reiyel40-blog · 7 years ago
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VetdL 4 - Mieux aurait valu rester couchées
        « - Allez, ça suffit la belle au bois dormant ! On ne va pas gâcher ce séjour à cause d’une petite cuite de rien du tout. » assenai-je en tirant le sac de couchage d’Assia pour la sortir de là.
 « - Mmm, doucement… Tu parles trop fort. » répondit-elle d’un ton embrumé, en tentant de ramener la couverture sur elle.
 Je grommelai en la tirant hors de la tente par les pieds. Nous étions rentrées au camping de bonne heure, après avoir quitté nos conquêtes de la veille. Nous étions dans un bien sale état. Incapables de faire quoi que ce soit, nous nous étions recouchées en nous octroyant la matinée pour récupérer. Or, il était déjà midi passé.
 « - Allez, debout. Le soleil est haut dans le ciel, les oiseaux chantent… »
 Nouveau grognement de sa part.
 « - Bon, Assia, tu me fais quoi là ?! En plus je croyais que t’avais pas le droit de boire de l’alcool…
 - Hum, l’alcool ça va. C’est l’ivresse qui est interdite. »
 Je me tus, souriant à la pensée que nous avions été bel et bien ivres la veille. Enfin, au moins nous étions nous amusées !
 « - Allez, va prendre une douche, je te prépare des cachets. Dépêche-toi. Ca va te faire du bien. »
 Et tandis qu’elle obtempérait avec lenteur, je fouillai sa trousse à pharmacie pour trouver le sésame. Que dis-je ?! Le graal, souverain et salvateur, contre les tambours battants dont ce sauvageon d’éthanol jouait à nos tempes. Ceux que j’avais pris une demi-heure plus tôt avaient eu un effet royal et je pouvais presque aller danser la java. Presque.
        L’heure du dîner était passée quand je traînai Assia dans la magnifique église gothique Biserica din Deal que je voulais visiter. Depuis le milieu de l’après-midi, je l’avais trimballé de monuments en monuments. Chaque fois, elle s’était assise sur un banc, les yeux vitreux, et m’avait laissé regarder tout mon soûl avant de se lever péniblement pour partir vers un autre lieu. Encore et encore, ce schéma s’était répété. « Je me demande si je n’aurais pas mieux fait de la laisser dormir… »
 Nous pénétrâmes dans le bel ouvrage du XVIe siècle et je la laissai s’installer sur un siège. Je déambulai dans la nef, admirant les sculptures et œuvres d’art. Le crépuscule parait les vitraux de couleurs inédites. Les reflets sur les murs semblaient des joyaux flamboyants, ajoutant à la majesté des lieux.
 « - Regarde Assia, comme c’est beau ! »
 Pas de réponse. Je me retournai en fronçant les sourcils, prête à la réprimander… Elle n’était plus là…
 « - Assia ?! » demandai-je, inquiète. Je fouillai du regard la zone où je l’avais vue assise. « Assia, où es-tu ? C’est pas drôle si c’est une blague. »
Je passai en revue toute l’église, et même le parvis au dehors, allant jusqu’à explorer les sombres ruelles alentours. Personne… Il me restait le cimetière. La peur m’envahit. J’étais plutôt superstitieuse, croyant volontiers aux esprits et autres êtres surnaturels. Le dernier endroit où je voulais être, surtout à la nuit tombée, c’était bien un cimetière !
        Les mains moites, j’allumai la lampe torche de mon téléphone. Il faisait encore suffisamment jour pour y voir sans mais… prudence est mère de sûreté. « Mince alors ! J’aurais vraiment du mettre un pieu dans ma valise… » pensai-je en inspirant fortement pour me donner du courage.
Doucement, je poussai la petite grille qui menait au monde des morts. Un long frisson parcourut mon échine en même temps que le portail grinçait. « Comme c’est cliché. Une grille en fer forgé et qui grince évidemment. » J’essayai de faire de l’humour pour me donner du courage, mais je n’en menais pas large.
 « - Assia ? » chuchotai-je, dans un murmure presque imperceptible. Je ne voulais pas troubler le repos de… quoi qu’il y ait dans cet endroit lugubre. Je m’avançai dans les allées, lentement, jetant de fréquents coups d’œil vers la sortie. Je faillis crier en avisant une silhouette penchée sur une tombe mais… Ouf, c’était Assia !
 « - Assia, qu’est-ce que tu fais ? Tu m’as fichu une de ces trouilles ! » dis-je en lui posant la main sur l’épaule. Elle ne bougea pas. « - Assia ? » répétai-je, la voix blanche, luttant pour maîtriser mon angoisse. Et tandis que je la tournai de force vers moi, je vis qu’elle avait les yeux révulsés. Je la lâchai avec un hurlement de terreur et tombai à terre devant elle.
 « - 2… 2009 ! » assena-t-elle d’une voix enfantine qui n’était assurément pas la sienne. Hurlant toujours et aveuglée par mes larmes, je la giflai avec force. « - Mais ça va pas non ! Qu’est-ce qui te prend ? » rétorqua-t-elle, prête à m’en coller une en retour. Je me jetai dans ses bras en pleurant et répétant son prénom, mes nerfs me lâchant. « Eh mais, qu… Tu m’étouffes ! » dit-elle en me repoussant doucement, l’inquiétude transparaissant dans sa voix. « Qu’est-ce qui te prend ? Et où on est d’abord ? »
 « - Filons d’ici avant que cette chose ne revienne. Vite ! » je lui criai dessus en me levant. Je vis des ombres flotter à la périphérie de mon champ de vision, mais n’osai pas tourner la tête. Une odeur de sang vint me chatouiller les narines et mon cœur se mit à battre de plus belle. Je ne savais pas lequel de mon cerveau ou de mon cœur allait exploser le premier. Les jambes tremblantes, je fis quelques pas hésitants avant de prendre la main d’Assia pour la tirer hors de ces terres maudites.
 « - Mais… 
   - On y va ! »
 Et je courus vers la sortie, priant tous les dieux que je connaissais. Elle me suivit, se résignant à poser les questions plus tard.
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reiyel40-blog · 7 years ago
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VetdL 3 - Alcool, éphèbes et allez hop !
        « - Here are your keys. Have a nice trip ! » nous dit le réceptionniste de la concession à l’aéroport, avec un fort accent. Il nous laissa devant une Opel corsa fatiguée, mais que je trouvai absolument ravissante. Assia et moi nous regardâmes, surexcitées, avant de crier d’une voix aigue.
« - Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii »
Les autres clients se retournèrent pour nous regarder en haussant les sourcils, certains amusés, d’autres passablement agacés. Mais qu’importe, nous avions une voiture, notre voiture ! Un vrai luxe, quand on considère que ni elle ni moi n’en avions en France.
« - J’y crois pas, j’y crois pas, on a une voiture. » dit Assia, comme abasourdie.
« - De location, mais on a une voiture ! » répondis-je en sautillant sur place avec elle, la prenant dans mes bras. Ce séjour démarrait sous les meilleurs auspices possibles.
« - C’est moi qui conduis ! » annonça-t-elle en se dégageant de mon étreinte et en se précipitant vers le véhicule.
« - Ah non ! On avait dit que c’était moi la première… » je la suivis… trop tard ! Dépitée, je la regardai tapoter le siège passager en m’adressant un grand sourire. Soupirant bruyamment, je chargeai nos sacs dans le coffre et m’affalai à l’avant, boudeuse. De son poing, elle m’assena un petit coup dans l’épaule, taquine.
« - Allez, fais pas la gueule ! On est en Transylvanie ! »
Malgré moi, je souris à ses paroles et me redressai, me sentant un peu mieux. Elle démarra et fila vers la ville la plus proche, à savoir Targu Mures.
        Nous profitâmes de ce premier jour en dégustant un repas roumain, avides que nous étions de spécialités locales – ce qui s’est avéré assez difficile pour Assia étant donné l’omniprésence de porc dans les menus. Puis nous flânâmes quelques heures dans les jolies rues pavées, visitâmes le palais de la Culture, mangeâmes une glace sur la place des Roses, fîmes des selfies à peu près devant tous les lieux d’intérêt…
        De retour sur la route, en direction de Sighisoara où nous avions réservé un camping pour la nuit. Nous arrivâmes en fin d’après-midi, et après avoir bataillé avec les gérants qui parlaient à peine anglais, nous déchargeâmes tout notre fatras sur l’emplacement.
 « - Allez hop ! » dit Assia en dépliant la tente 3 secondes.
 « - Allez hop ? » m’esclaffai-je.
 « - Précisément jeune fille ! Regardez comment qu’on monte une tente en même pas une minute. Ah ça, de mon temps, on savait y faire. Pas comme votre génération de milléniaux douillets ! » répondit-elle en essayant d’imiter la voix chevrotante d’une personne âgée.
 J’explosai de rire, et les larmes me montèrent bientôt aux yeux.
 « - Assia ! Je te signale que tu es une presque milléniale ! » rétorquai-je entre deux éclats de rire.
 « - Oh que non ! Je suis née en 1997, donc non. » dit-elle en reniflant avec dédain, néanmoins amusée.
 « - Allez, la ’’non milléniale’’. Montre-moi comment tu finis le boulot, à l’ancienne ! » lançai-je en lui donnant les sardines.
        Une fois notre installation finie, nous prîmes une navette qui menait en plein centre ville. Nous étions bien décidées à goûter ce fameux alcool de prune, le tuica. Nous dénichâmes un pub au nom prometteur, le Vlad Dracul – sans doute un piège à touriste mais trop alléchant pour laisser passer cette chance. L’intérieur était sombre et tapissé de bois ancien, donnant au lieu une ambiance un peu glauque et étouffante. Assia laissa échapper un ricanement, puis haussa les épaules en voyant des paillettes briller dans mes yeux. Nous nous installâmes au bar et commandâmes les boissons. Je regardais les autres personnes présentes. Il y avait un peu de tout, des jeunes, des plus âgés, des hommes, des femmes, des couples, des célibataires… Oh et même de très beaux célibataires. Mon amie faisait déjà les yeux doux à deux magnifiques éphèbes assis à une table voisine. Saisissant l’invitation, le plus grand se leva et s’approcha de nous.
« - Hi Ladies ! Beautiful night, isn’t it ? … Would you like to share a drink ? » nous dragua-t-il ouvertement, un sourire avenant aux lèvres, en désignant la table qu’il venait de quitter.
« - Well… yeah, sure… Why not ?! » répondit Assia, d’un ton faussement désintéressé, avant de se tourner vers moi pour obtenir mon assentiment.
« - Nothing better to do anyway… » rétorquai-je d’un ton cinglant. Elle fronça les sourcils, me trouvant sans doute désagréable. « Eh bien quoi ?! On est pas venu pour ça que je sache ! » pensai-je fortement, espérant lui transmettre ces mots par voie mentale.
Je me massai les tempes, sentant poindre un mal de tête, tandis que je suivais mon amie qui se collait déjà au beau brun. « Châsse gardée » semblait-elle me dire. Je me tournai vers le blond et grognai une vague salutation avant de prendre place. Il sourit, amusé par mon comportement asocial.
« - Liam.
   - Juliette.
   - French ?
   - Yes. English ?
   - Scottish.
   - Oh, sorry.
   - What are you sorry for ? Me being a scot ?
   - No. Had you been an english, I would have… but a scot… It’s fine. »
Il rit de ma réponse, enchaînant sur ce que les français pouvaient bien trouver de désagréable aux anglais. Eux, les écossais, avaient de vraies raisons d’aimer les détester – leur histoire en était émaillée – me dit-il. Mais nous, little frogs, qu’avions-nous donc à leur reprocher ? Je ne pus m’empêcher de sourire tandis que Liam me lançait sur un de mes sujets de conversation préféré, dont je faisais d’ailleurs mes études – l’Histoire. Et tandis que nous papotions gaiement, je me déridai tout à fait et haussai les épaules en croisant le regard triomphant d’Assia. « Oui, bon, il est mignon, intelligent et marrant. Et alors ? » pensai-je en me retenant de lui tirer la langue.
La soirée s’écoula rapidement tandis que nous nous amusions tous les quatre. Nous avions enchaîné les verres de tuica, criant ’’Noroc !’’ à chaque fois, sous les regards ironiques des barmen roumains. Et même si nous n’étions pas venues par ça… nous passâmes la nuit dans le BNB de ces virils écossais. « Dieu que je suis faible ! Incapable de résister à de grands yeux noirs, une phrase intelligente et deux – trois blagues… Enfin bon, au moins on dormira dans un lit cette nuit. » pensai-je en me laissant glisser dans le sommeil, la tête confortablement installée sur l’épaule de Liam.
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reiyel40-blog · 7 years ago
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VetdL 2 - Le vol
        « - Grouille-toi, mais grouille-toi ! » hurlait Assia, à bout de souffle. Nous courrions comme des dératées, slalomant avec une aisance digne d’un athlète entre les passagers à peine éveillés et leurs valises disséminées comme autant d’obstacles. Nos sacs à dos bringuebalant, nous arrivâmes enfin en vue de ce maudit terminal !
Je grommelai en tentant de reprendre mon souffle, sous les regards réprobateurs des hôtesses. Assia se confondit en excuses alors que je tentais encore d’apaiser ma respiration et mon cœur affolés. Avec froideur, le personnel de l’aéroport balaya nos excuses d’un revers de la main et nous fit embarquer, précisant :
« - Seriez-vous arrivées deux minutes plus tard que nous n’aurions pas pu vous laisser monter. Pensez à arriver suffisamment à l’avance mesdemoiselles, la prochaine fois. » lança une de ces femmes impeccablement tirée à quatre épingles. Son ton dédaigneux me fit pincer les lèvres alors que je me retenais de lui balancer à la figure que nous étions bel et bien parties en avance. « Oui, trois belles heures d’avance… Et ces tocards du service public et de Uber se sont donnés le mot pour nous saboter ! » pensai-je en me dirigeant vers ma place, insultant silencieusement toutes ces personnes et maudissant les aléas qui nous avaient mises en retard.
Je m’affalai sur le siège 5B, tandis qu’Assia prenait place contre le hublot. Nous tentions encore de récupérer, et le silence s’étira entre nous tandis que l’avion commençait à bouger. Et alors qu’il décollait doucement, je regardai d’un air absent les hôtesses et stewards dévider leur boniment, mille fois et mille fois répété.
Soudain, Assia éclata de rire. Je la regardai, étonnée de cet éclat impromptu. Les yeux brillants, elle se tourna vers moi :
« - Désolée, c’est nerveux. » dit-elle entre deux pouffements. « J’ai bien cru qu’on allait jamais l’avoir ! »
Un sourire gagna mes lèvres tandis que je songeais au ridicule de cette folle course dans Paris. Nous avions du faire face à un métro en panne, suivi d’une longue marche alors que nous cherchions désespérément la navette de substitution. S’en était suivi une petite dispute, pour savoir si nous devions appeler un Uber ou non. Nous avions perdu de précieuses minutes, mais étant donné notre budget serré… Finalement, nous nous étions décidées. Le temps de télécharger l’application, s’inscrire et commander une voiture, une bonne vingtaine de minutes s’était écoulée. Puis nous avions attendu, encore et encore. Un premier changement de chauffeur annoncé sur l’écran. Un deuxième. Nous avions juré toutes deux comme des charretières, fulminant contre ce service qui était censé être sûr et pratique. Et quand on avait enfin daigné nous prendre en charge, il avait fallu faire un détour pour chercher d’autres clients – ce qui était tout à fait normal d’après Romain (le chauffeur) puisque nous avions choisi la formule Pool, la plus économique. J’avais passé le reste du trajet dans un silence buté, le stress m’envahissant à mesure que les minutes s’égrenaient. Rapidement. Trop rapidement... Enfin, l’aéroport ! Une fois à Paris Beauvais, nous avions filé et je crois pouvoir dire sans mentir que je n’avais jamais couru aussi vite de toute ma vie !
«  - Oh, ça, on va en avoir des choses à raconter ! J’espère quand même qu’on ne revivra pas la même chose à Bucarest… »
« - Ca devrait aller. On a une heure pour faire la correspondance pour l’avion qui va jusqu’à Târgu Mures. » répondit Assia, son fou rire calmé.
Nous discutâmes encore quelques instants, puis elle se tourna vers la vitre et observa le paysage tandis que nous nous élevions en cercles vers le haut de la troposphère. Je pris mon livre, tentai de trouver une position confortable sur le siège rigide et me plongeai dans la romance pour le reste du trajet.
        Trois heures plus tard, une nouvelle course commença. Moins stressante, moins effrénée, mais une course quand même. Descendre de l’avion, récupérer nos bagages, courir vers le prochain terminal, embarquer à bord du petit avion pour la Transylvanie.
Un grand sourire plaqué au visage, je bouclai la ceinture de mon siège. Je me tournai vers Assia et ses lèvres étaient un miroir des miennes.
« - Dans moins d’une heure, nous y serons. » souffla-t-elle.
« - Dans moins d’une heure. » je répétai, béate.
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reiyel40-blog · 7 years ago
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VetdL 1 - La valise
      Trainant en t-shirt sur mon lit, je m’étirai comme un chat, plongée avec plaisir dans le dernier livre de ma série bit-lit préférée. Le ventilateur faisait entendre son doux ronronnement dans le studio, brassant l’air chaud et lourd. Je m’en accommodais néanmoins, concentrant toute mon attention sur le récit de romance vampirique dans lequel je m’étais abîmée.
Mon téléphone se mit à vibrer, et j’hésitai un court instant, me demandant si cela valait bien la peine de faire l’effort de tendre le bras. En soupirant bruyamment, je décrochai.
« - Salut Juliette ! Alors, prête pour demain ?! » s’enthousiasma Assia, d’une voix si surexcitée que j’éloignai le combiné de mon oreille un instant. Je grommelai une vague réponse, trop accablée par la chaleur et son énergie débordante, qui menaçait de me donner le vertige. « - Ma valise est enfin prête. J’ai pris un peu de tout, mais j’ai entendu dire qu’il faisait chaud aussi en Roumanie. Oh, et pas la peine de prendre du gel douche – shampooing – dentifrice, j’ai des grands formats. On partagera. J’ai aussi pris une trousse à pharmacie… »
Mes lèvres s’étirèrent en un sourire tandis que j’écoutais sa litanie ininterrompue. C’est à peine si elle reprenait sa respiration. Taquine, je l’interrompis :
« - Tu as bien pensé au pieu, j’espère ? »
« - Evidemment, qu’est-ce que tu crois ? J’ai même pris de l’ail en poudre figure-toi ! » Persiffla-t-elle, d’un ton qui se voulait condescendant mais qui laissait transparaître son amusement. « Enfin bref, j’appelais surtout pour te dire de décoller tes jolies fesses de ton matelas et de faire ta valise. » insista-t-elle en détachant chaque mot.
« - Et qu’est-ce qui te dit qu’elle n’est pas fin prête ? »
« - La valise. Maintenant. » assena-t-elle.
« - Pff, tu me connais trop bien ! Mais j’ai encore le temps je te signale. Plusieurs heures même ! » répondis-je d’un ton faussement contrarié, jetant un œil vers le sac à dos qu’elle m’avait offert à mon anniversaire. Un chouette sac à dos, avec une bonne contenance, pratique et neuf. Neuf… et vide.
Je l’entendis renifler avec mépris à l’autre bout du fil.
« - Ne compte pas sur moi pour te prêter mes culottes si tu as oublié les tiennes. »
« - Hmm… Bon, c’est pas tout ça mais j’ai une valise à faire. » rétorquai-je, un franc sourire aux lèvres.
« - … Toi alors ! »
Et elle raccrocha la première, tandis que je riais doucement.
       Reposant le portable, j’observais mon backpack abandonné depuis mai dans un coin de la pièce. Avec un soupir théâtral, je décollai mon corps du lit. « Oui, il va être temps de faire la valise… Bon... » Et tandis que j’ouvrais l’unique placard du studio à la volée et entassais son contenu sur le lit pour trier, je repensai aux circonstances qui nous avaient amenées à faire ce voyage.
       Je venais tout juste de finir ma licence d’histoire, et avais envie de m’offrir un voyage pour la fêter. Fan comme je l’étais de vampires – mes goûts littéraires et cinématiques en attestaient – la Transylvanie m’était apparue comme la destination évidente. J’en avais parlé un peu autour de moi, mais seule Assia avait paru enthousiaste à l’idée de ce périple. Loin d’être une amoureuse des suceurs de sang, elle était surtout éprise de voyages. Nous nous connaissions depuis le lycée, et je savais qu’elle rêvait – véritablement rêvait – de partir loin de cette ville étouffante qui l’avait vue naître. Ses parents n’avaient pas les moyens de lui offrir cette évasion. Aussi avait-t-elle sauté sur l’occasion quand je lui avais proposé de m’accompagner.
       Nous avions économisé toutes deux depuis décembre, sur les bourses et le job à mi-temps. J’avais un petit budget moi aussi, alors nous avions décidé de partir à l’aventure, nos sacs à dos et la tente pour seuls bagages.
       Et alors que je finissais la valise, qui ne contenait rien d’autre que quelques vêtements, deux paires de chaussures, des affaires de toilettes et une romance de vampires, je me surpris à sourire de toutes mes dents. Comme si je réalisais seulement à cet instant que j’allais visiter cette terre de légende qui me faisait tant fantasmer. « Que cette folle aventure commence ! »
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reiyel40-blog · 7 years ago
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Voyage en terre de Légendes - Résumé
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Embarquez avec Juliette et Assia, direction la Transylvanie. L’une fan de vampires et l’autre avide de voyages, elles attendaient avec impatience ce voyage. Mais tout ne va pas se passer comme prévu... Entre mystères et légendes, que va-t-il advenir de ces deux amies ?
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