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CHEVALIER DU TEMPS
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“PARABOLE DU DÉSIR DÉCHU” mon premier essai le 29 novembre
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simulation050218 · 8 months ago
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PARABOLE DU DÉSIR DÉCHU
“Il y a des flammes innocentes que ni l’eau ni le temps ne peuvent éteindre.”
PROLOGUE : Le Feu et l’Ombre
Dans l’immensité d’un royaume oublié, calciné sous l’écrasante étreinte d’un soleil impitoyable, le vent souffle comme une litanie funèbre. Ce vent, chargé de poussière et de cendres, porte avec lui les murmures d’anciens amours brisés, de vies consumées par le désir interdit. C’est un pays où le ciel semble peser sur la terre, où chaque pas résonne comme une prière à un dieu absent où les âmes égarées s’abîment dans l’éternité d’une douleur muette. Sans un bruit.
C’est ici que je suis né. Ici que j’ai grandi, dans l’ombre d’un désir que je ne comprenais pas encore mais que je sentais déjà brûler, sournois, prêt à éclore comme une fleur vénéneuse sous un silence de plomb. La solitude, telle une compagne inexistante m’a tenue la main dès l’enfance, et le poids du regard des autres m’a toujours semblé insupportable. Pourtant, c’est dans cette solitude que s’est forgé mon destin, dans ce désert amoureux que j’ai appris à écouter la voix d’un feu intérieur.
Mais le feu consume tout. Il dévore les rêves, il embrase les espoirs, et il laisse derrière lui les restes d’une existence marquée par la douleur et l’exil. Tel est le récit que je vais livrer, celui d’une lutte inégale entre le désir et la peur, entre l’amour et la haine, entre la lumière et l’ombre. Ce récit n’a ni fin ni délivrance. Il est une spirale infinie, une chute sans fin dans les abysses de l’âme humaine.
Chapitre I : La Genèse des Tourments
Il est des enfances bénies par la douceur d’un foyer aimant, par la bienveillance d’un regard maternel, par la tendresse d’une caresse paternelle. La mienne n’en fut pas. Dès les premiers jours, j’ai compris que j’étais différent, et cette différence était une faute inexpiable, un crime non commis mais déjà puni. Dans les ruelles poussiéreuses de mon village, les enfants jouaient, riaient, se poursuivaient, mais je restais à l’écart, comme si une barrière invisible me séparait d’eux. Cette barrière, je ne la voyais pas, mais je la sentais, pesante, immuable, dressée comme un mur infranchissable.
Chaque matin, l’école devenait une arène où j’étais livré aux lions et aux créatures les plus ignobles. Les rires étaient des crocs acérés, les murmures des poisons distillés dans l’air. Ils devinaient ce que je ne savais pas encore, ils nommaient ce que je n’osais imaginer. Et moi, prisonnier d’un corps qui portait déjà les stigmates de l’exclusion, je ne pouvais que subir. La cruauté des enfants est peut-être la plus implacable, car elle est instinctive, dénuée de raison, et elle ne s’embarrasse pas de pitié. Que de malheur.
Je marchais dans ces couloirs comme un spectre, un jeune fantôme fuyant les regards, évitant les confrontations. Chaque sourire, chaque geste que je tentais de mimer était une imposture, une tentative désespérée d’entrer dans leur monde, mais tout était vain. Ils sentaient la singularité, ils la flairaient comme une meute traque sa proie. Alors je me réfugiais dans le silence, dans cette prison interne où je pouvais pleurer sans être vu, où je pouvais crier sans être entendu.
C’est dans cet instant sans son ni respirations que les premières graines du tourment ont germé. Je me débattais avec ce sentiment obscur qui grandissait en moi. Une émotion que je n’osais nommer, que je n’osais comprendre, mais qui s’insinuait dans chaque fibre de mon être. Je ne savais point mais eux, en était d’ores et déjà certains. Le monde m’enseignait que ce détail était une honte, une tare, et je le croyais. J’étais déjà damné, avant même de savoir pourquoi.
Chapitre II : La Tyrannie du Silence
Le silence est une arme à double tranchant. Il protège autant qu’il enferme, il apaise autant qu’il ronge. Durant ces années d’ignorance imposée, j’ai appris à me taire. Chaque parole que je taisais était une victoire sur moi-même, chaque sourire forcé était une preuve de ma survie. Mais ce non-bruit je le portais comme un fardeau.
Je tentais d’aimer comme ils aimaient, de désirer comme ils désiraient. Je fixais ces filles aux sourires éclatants, je leur adressais des regards emprunts d’une tendresse factice. Mais mon cœur restait de pierre. Il n’y avait rien dans ces regards, rien dans ces sourires, que la peur de ce que je ressentais vraiment. Chaque jour, je m’efforçais de nier l’évidence, de refouler ce feu qui me dévorait. Mais le silence, ce geôlier implacable, me rappelait sans cesse que je vivais une vie qui n’était pas la mienne.
Chaque nuit, dans le secret de ma chambre, je m’interrogeais. Pourquoi étais-je ainsi ? Pourquoi ces envies me poursuivaient ? Pourquoi devais-je me cacher, me mentir, m’effacer ? Le vide en moi répondait par un écho sans nom. Il n’y avait pas de réponse, seulement le poids de ma propre solitude qui se nourrissaient de mes peines et mes peurs les plus profondes.
Chapitre III : La Révélation de l’Été
L’été fut toujours la saison de l’éveil et de la douleur. C’est sous le soleil brûlant, dans l’éclat aveuglant de cette lumière cruelle, que je l’ai vu. Un regard. Un simple regard, et tout a changé. Ce n’était pas un regard comme les autres. Il était chargé d’une promesse, d’un secret partagé, d’une lueur d’espoir. Mais aussi d’une menace. Une vision nouvelle qui réveillait en moi une euphorie jamais ressentit, une seconde qui s’est écoulée et mon cœur s’est arrêté, dorénavant écroulé.
Dans le secret des ombres et de la nuit, loin des regards indiscrets, nous échangions des sourires timides, des paroles murmurées. Chaque instant passé à ses côtés était une bénédiction et une malédiction. Je découvrais enfin ce que signifiait aimer. Mais cet amour, je savais qu’il était condamné. Il portait en lui le poids de toutes les damnations anciennes, de tous les amours brisés qui avaient précédé le nôtre. Une temporalité d’antan qui influence le présent à son tour.
Chaque geste était une transgression, chaque baiser un défi lancé à un monde qui nous rejetait. Et pourtant, je ne pouvais m’arrêter. J’étais enchaîné à cet amour, et ces chaînes étaient les seules qui me donnaient l’illusion de la liberté. L’union était bien trop puissante.
Chapitre IV : La Malédiction Ancestrale
Des légendes existent que personne ne pourrait partager, qu’aucun être n’aurait le courage de vaincre. En face d’une lueur brûlante bien que mourante, des récits qui se nichent au creux des nuits étouffées de silence. Il s’agit de ce feu tamisé qui est le coupable de cet amour que je doit cacher à tout prix. Ce sont des histoires de sorciers, de ceux qui ont aimé contre le vent, les récits de ceux contre les lois tacites de la société. Leurs diverses mémoires habitent les pierres, règnent dans les ruines qui flottent dans l’air comme un parfum fétide d’interdit. Ces mémoires sont les ombres que l’on croise sans le savoir, les figures tragiques qu’on évoque à voix basse, comme si la seule évocation risquait de faire vaciller l’ordre établi. Mais moi je dois vivre dans le chaos.
Je sentais, dès que nos regards se croisaient, que nous étions les héritiers de ces punitions immémoriales. Cet amour naissant portait en lui la trace indélébile de ceux qui avaient aimé avant nous. Ceux qui subissent et qui vont continuer à subir. Il y avait dans chaque mouvement une précaution maladive, une peur latente. Des doutes qui se sentaient. Nous vivions dans la clandestinité de nos propres âmes, sachant que le monde qui s’étendait au-delà de nos instants volés ne pardonnerait jamais notre audace.
Chaque étreinte était une prière aux anciens martyrs, à ces amants déchus dont les noms ont disparu mais dont la douleur demeure gravée dans la trame du temps. Ils nous avaient précédés sur ce sentier sombre, ils avaient marché dans les mêmes ombres, porté les mêmes chaînes, avant que l’histoire ne les efface dans un linceul d’oubli. Et à cause de cette part de nuit je me demandais : est-ce là notre destin ? Serons-nous, nous aussi, broyés par cette machine implacable qu’est la vision d’autrui ? Est ce nous allons devenir miettes, des êtres réduits à des chuchotements, à des spectres errants entre deux mondes ?
Il y avait pourtant en moi une lueur, un espoir fragile mais tenace. Une flamme vacillante qui refusait de s’éteindre, rien n’est jamais finit. Car si nous partagions le sort des amants punis, alors notre amour, même éphémère, avait une valeur infinie. Il était une insulte lancée au monde, un cri de défi contre l’indifférence glaciale de ceux qui nous jugeraient sans comprendre. Ces sentiments, maudits ou non sont peut-être les seules choses qui nous donnent un sens.
Chapitre V : La Peur et l’Errance
La peur, insidieuse, s’infiltrait partout. Elle était dans chaque recoin, dans chaque prolongement de la vie, dans chaque regard croisé trop longtemps ou détourné trop vite. Elle se tapissait sous la peau, remontait dans les veines comme un lent venin. Ce n’était pas un unique effroi mais une multitude de petites peurs entremêlées, chacune s’enroulant autour de l’autre, formant une corde invisible qui m’étranglait un peu plus à chaque instant.
Il y avait tout d’abord la peur primaire, viscérale, de la découverte. La crainte d’être surpris, d’être vu pour ce que j’étais, un être dont le désir seul constituait une faute. Chaque geste d’affection, chaque murmure tendre, chaque éclat de rire partagé était empreint de cette angoisse latente. Dans le secret de nos rencontres, l’amour semblait toujours sur le point de se rompre, suspendu au bord de l’abîme, prêt à basculer à la moindre étincelle. nous étions sur la corde, perdus au dessus du vide qui n’attendait qu’une seule chose, notre perte, notre tombée.
Mais il y avait une peur plus sourde, plus insidieuse encore : celle de moi-même. J’avais peur de ce que je devenais, peur de ce que cet amour révélait en moi. N’étais-je pas, comme ils le disaient, marqué par une tare originelle ? Un monstre déguisé en homme, incapable de se conformer à la norme, voué à l’exil intérieur ? Chaque moment de bonheur était parasité par cette interrogation lancinante : étais-je en train de me condamner moi-même à un destin de solitude et de désespoir ?
Alors je fuyais. Je fuyais les autres, mais j’étais également en fuite de mon propre être. Je marchais seul, errant dans les rues désertes aux heures où la ville dormait, comme si l’obscurité pouvait m’offrir un répit que le jour me refusait. Mais l’ombre ne m’apportait pas de réponse, seulement le poids insupportable de mon errance. Je n’étais nulle part chez moi, ni dans la lumière ni dans la nuit. J’étais condamné à arpenter un monde où chaque pas m’éloignait un peu plus de la paix.
Chapitre VI : La Solitude du Paria
Il n’existe pas de solitude plus profonde que celle que l’on partage avec les autres. Ceux qui portaient en eux le même secret, je les redoutais autant que je les désirais. Nous étions liés par une douleur commune, mais aussi par une méfiance instinctive. Car reconnaître l’autre, c’était se reconnaître soi-même. Et se reconnaître, c’était courir le risque d’être vu, d’être trahi.
Je les observais de loin, ces silhouettes furtives, ces regards baissés qui trahissaient une peur identique à la mienne. Nous nous évitions avec soin, comme si notre proximité pouvait réveiller une force obscure, comme si le simple fait de croiser nos chemins risquait de briser le fragile équilibre que nous avions réussi à maintenir. Ils étaient mes semblables, mes frères d’ombre, mais je ne pouvais les approcher.
Je me construisais un monde silencieux et de distance, où l’amour ne pouvait exister que dans l’absence, où la tendresse ne survivait que dans l’imaginaire. La solitude était mon refuge, mais aussi ma prison. Elle m’enveloppait de son étreinte glaciale, me protégeant du monde extérieur tout en m’étouffant lentement. Chaque jour, je me perdais un peu plus dans cette forteresse, hanté par les spectres de ceux qui avaient aimé avant moi et qui avaient disparu sans laisser de trace.
Chapitre VII : La Braise sous la Cendre
Pourtant, malgré tout, le désir persistait. Comme une flamme sous la cendre, il refusait de mourir. Il survivait aux tempêtes, à la peur, à la honte. Il brillait faiblement, mais il brillait encore, obstiné, insoumis. Une rébellion du corps, il se bat, il est en bataille depuis bien trop de temps.
Il y avait des jours où je songeais à fuir, à renier ce que j’étais, à me fondre dans la masse pour échapper à ce destin de paria. Mais la braise continuait de brûler, me rappelant que vivre sans désir, c’était mourir lentement. Peut-être étais-je destiné à errer à jamais dans les marges, à n’être qu’une ombre parmi les ombres. Mais au fond de moi, je savais que cette flamme, si petite soit-elle, était ma seule lumière. Je voulais rester fidèle à mon âme, être le petit que j’étais, rester la personne que j’ai toujours été et que j’étais à mon tour en train de devenir, être coincé dans la perte de cette personne n’était pas mon premier choix, je voulais m’enchaîner dans l’honnêteté et l’authenticité.
Dans ce monde qui juge et condamne, aimer reste un acte de rébellion. Et si je devais périr dans cette lutte, alors au moins j’aurai eu la chance d’aimé. Aimer encore, aimer toujours, malgré la peur, malgré la haine. Car c’est là la seule vérité que je connaisse : le désir, même maudit, ne peut être éteint.
ÉPILOGUE : L’Amour comme Résistance
Dans les replis de la nuit, lorsque le monde entier semble s’être tu, une pensée demeure. Peut-être ne suis-je qu’un chapitre supplémentaire dans une histoire millénaire de souffrance et d’exil. Mais ce récit, si douloureux soit-il, est aussi celui d’une flamme qui ne s’éteint jamais. Et tant qu’il brûlera, je serai libre, même dans la nuit la plus profonde.
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PARABOLE DU DÉSIR DÉCHU
“Il y a des flammes innocentes que ni l’eau ni le temps ne peuvent éteindre.”
PROLOGUE : Le Feu et l’Ombre
Dans l’immensité d’un royaume oublié, calciné sous l’écrasante étreinte d’un soleil impitoyable, le vent souffle comme une litanie funèbre. Ce vent, chargé de poussière et de cendres, porte avec lui les murmures d’anciens amours brisés, de vies consumées par le désir interdit. C’est un pays où le ciel semble peser sur la terre, où chaque pas résonne comme une prière à un dieu absent où les âmes égarées s’abîment dans l’éternité d’une douleur muette. Sans un bruit.
C’est ici que je suis né. Ici que j’ai grandi, dans l’ombre d’un désir que je ne comprenais pas encore mais que je sentais déjà brûler, sournois, prêt à éclore comme une fleur vénéneuse sous un silence de plomb. La solitude, telle une compagne inexistante m’a tenue la main dès l’enfance, et le poids du regard des autres m’a toujours semblé insupportable. Pourtant, c’est dans cette solitude que s’est forgé mon destin, dans ce désert amoureux que j’ai appris à écouter la voix d’un feu intérieur.
Mais le feu consume tout. Il dévore les rêves, il embrase les espoirs, et il laisse derrière lui les restes d’une existence marquée par la douleur et l’exil. Tel est le récit que je vais livrer, celui d’une lutte inégale entre le désir et la peur, entre l’amour et la haine, entre la lumière et l’ombre. Ce récit n’a ni fin ni délivrance. Il est une spirale infinie, une chute sans fin dans les abysses de l’âme humaine.
Chapitre I : La Genèse des Tourments
Il est des enfances bénies par la douceur d’un foyer aimant, par la bienveillance d’un regard maternel, par la tendresse d’une caresse paternelle. La mienne n’en fut pas. Dès les premiers jours, j’ai compris que j’étais différent, et cette différence était une faute inexpiable, un crime non commis mais déjà puni. Dans les ruelles poussiéreuses de mon village, les enfants jouaient, riaient, se poursuivaient, mais je restais à l’écart, comme si une barrière invisible me séparait d’eux. Cette barrière, je ne la voyais pas, mais je la sentais, pesante, immuable, dressée comme un mur infranchissable.
Chaque matin, l’école devenait une arène où j’étais livré aux lions et aux créatures les plus ignobles. Les rires étaient des crocs acérés, les murmures des poisons distillés dans l’air. Ils devinaient ce que je ne savais pas encore, ils nommaient ce que je n’osais imaginer. Et moi, prisonnier d’un corps qui portait déjà les stigmates de l’exclusion, je ne pouvais que subir. La cruauté des enfants est peut-être la plus implacable, car elle est instinctive, dénuée de raison, et elle ne s’embarrasse pas de pitié. Que de malheur.
Je marchais dans ces couloirs comme un spectre, un jeune fantôme fuyant les regards, évitant les confrontations. Chaque sourire, chaque geste que je tentais de mimer était une imposture, une tentative désespérée d’entrer dans leur monde, mais tout était vain. Ils sentaient la singularité, ils la flairaient comme une meute traque sa proie. Alors je me réfugiais dans le silence, dans cette prison interne où je pouvais pleurer sans être vu, où je pouvais crier sans être entendu.
C’est dans cet instant sans son ni respirations que les premières graines du tourment ont germé. Je me débattais avec ce sentiment obscur qui grandissait en moi. Une émotion que je n’osais nommer, que je n’osais comprendre, mais qui s’insinuait dans chaque fibre de mon être. Je ne savais point mais eux, en était d’ores et déjà certains. Le monde m’enseignait que ce détail était une honte, une tare, et je le croyais. J’étais déjà damné, avant même de savoir pourquoi.
Chapitre II : La Tyrannie du Silence
Le silence est une arme à double tranchant. Il protège autant qu’il enferme, il apaise autant qu’il ronge. Durant ces années d’ignorance imposée, j’ai appris à me taire. Chaque parole que je taisais était une victoire sur moi-même, chaque sourire forcé était une preuve de ma survie. Mais ce non-bruit je le portais comme un fardeau.
Je tentais d’aimer comme ils aimaient, de désirer comme ils désiraient. Je fixais ces filles aux sourires éclatants, je leur adressais des regards emprunts d’une tendresse factice. Mais mon cœur restait de pierre. Il n’y avait rien dans ces regards, rien dans ces sourires, que la peur de ce que je ressentais vraiment. Chaque jour, je m’efforçais de nier l’évidence, de refouler ce feu qui me dévorait. Mais le silence, ce geôlier implacable, me rappelait sans cesse que je vivais une vie qui n’était pas la mienne.
Chaque nuit, dans le secret de ma chambre, je m’interrogeais. Pourquoi étais-je ainsi ? Pourquoi ces envies me poursuivaient ? Pourquoi devais-je me cacher, me mentir, m’effacer ? Le vide en moi répondait par un écho sans nom. Il n’y avait pas de réponse, seulement le poids de ma propre solitude qui se nourrissaient de mes peines et mes peurs les plus profondes.
Chapitre III : La Révélation de l’Été
L’été fut toujours la saison de l’éveil et de la douleur. C’est sous le soleil brûlant, dans l’éclat aveuglant de cette lumière cruelle, que je l’ai vu. Un regard. Un simple regard, et tout a changé. Ce n’était pas un regard comme les autres. Il était chargé d’une promesse, d’un secret partagé, d’une lueur d’espoir. Mais aussi d’une menace. Une vision nouvelle qui réveillait en moi une euphorie jamais ressentit, une seconde qui s’est écoulée et mon cœur s’est arrêté, dorénavant écroulé.
Dans le secret des ombres et de la nuit, loin des regards indiscrets, nous échangions des sourires timides, des paroles murmurées. Chaque instant passé à ses côtés était une bénédiction et une malédiction. Je découvrais enfin ce que signifiait aimer. Mais cet amour, je savais qu’il était condamné. Il portait en lui le poids de toutes les damnations anciennes, de tous les amours brisés qui avaient précédé le nôtre. Une temporalité d’antan qui influence le présent à son tour.
Chaque geste était une transgression, chaque baiser un défi lancé à un monde qui nous rejetait. Et pourtant, je ne pouvais m’arrêter. J’étais enchaîné à cet amour, et ces chaînes étaient les seules qui me donnaient l’illusion de la liberté. L’union était bien trop puissante.
Chapitre IV : La Malédiction Ancestrale
Des légendes existent que personne ne pourrait partager, qu’aucun être n’aurait le courage de vaincre. En face d’une lueur brûlante bien que mourante, des récits qui se nichent au creux des nuits étouffées de silence. Il s’agit de ce feu tamisé qui est le coupable de cet amour que je doit cacher à tout prix. Ce sont des histoires de sorciers, de ceux qui ont aimé contre le vent, les récits de ceux contre les lois tacites de la société. Leurs diverses mémoires habitent les pierres, règnent dans les ruines qui flottent dans l’air comme un parfum fétide d’interdit. Ces mémoires sont les ombres que l’on croise sans le savoir, les figures tragiques qu’on évoque à voix basse, comme si la seule évocation risquait de faire vaciller l’ordre établi. Mais moi je dois vivre dans le chaos.
Je sentais, dès que nos regards se croisaient, que nous étions les héritiers de ces punitions immémoriales. Cet amour naissant portait en lui la trace indélébile de ceux qui avaient aimé avant nous. Ceux qui subissent et qui vont continuer à subir. Il y avait dans chaque mouvement une précaution maladive, une peur latente. Des doutes qui se sentaient. Nous vivions dans la clandestinité de nos propres âmes, sachant que le monde qui s’étendait au-delà de nos instants volés ne pardonnerait jamais notre audace.
Chaque étreinte était une prière aux anciens martyrs, à ces amants déchus dont les noms ont disparu mais dont la douleur demeure gravée dans la trame du temps. Ils nous avaient précédés sur ce sentier sombre, ils avaient marché dans les mêmes ombres, porté les mêmes chaînes, avant que l’histoire ne les efface dans un linceul d’oubli. Et à cause de cette part de nuit je me demandais : est-ce là notre destin ? Serons-nous, nous aussi, broyés par cette machine implacable qu’est la vision d’autrui ? Est ce nous allons devenir miettes, des êtres réduits à des chuchotements, à des spectres errants entre deux mondes ?
Il y avait pourtant en moi une lueur, un espoir fragile mais tenace. Une flamme vacillante qui refusait de s’éteindre, rien n’est jamais finit. Car si nous partagions le sort des amants punis, alors notre amour, même éphémère, avait une valeur infinie. Il était une insulte lancée au monde, un cri de défi contre l’indifférence glaciale de ceux qui nous jugeraient sans comprendre. Ces sentiments, maudits ou non sont peut-être les seules choses qui nous donnent un sens.
Chapitre V : La Peur et l’Errance
La peur, insidieuse, s’infiltrait partout. Elle était dans chaque recoin, dans chaque prolongement de la vie, dans chaque regard croisé trop longtemps ou détourné trop vite. Elle se tapissait sous la peau, remontait dans les veines comme un lent venin. Ce n’était pas un unique effroi mais une multitude de petites peurs entremêlées, chacune s’enroulant autour de l’autre, formant une corde invisible qui m’étranglait un peu plus à chaque instant.
Il y avait tout d’abord la peur primaire, viscérale, de la découverte. La crainte d’être surpris, d’être vu pour ce que j’étais, un être dont le désir seul constituait une faute. Chaque geste d’affection, chaque murmure tendre, chaque éclat de rire partagé était empreint de cette angoisse latente. Dans le secret de nos rencontres, l’amour semblait toujours sur le point de se rompre, suspendu au bord de l’abîme, prêt à basculer à la moindre étincelle. nous étions sur la corde, perdus au dessus du vide qui n’attendait qu’une seule chose, notre perte, notre tombée.
Mais il y avait une peur plus sourde, plus insidieuse encore : celle de moi-même. J’avais peur de ce que je devenais, peur de ce que cet amour révélait en moi. N’étais-je pas, comme ils le disaient, marqué par une tare originelle ? Un monstre déguisé en homme, incapable de se conformer à la norme, voué à l’exil intérieur ? Chaque moment de bonheur était parasité par cette interrogation lancinante : étais-je en train de me condamner moi-même à un destin de solitude et de désespoir ?
Alors je fuyais. Je fuyais les autres, mais j’étais également en fuite de mon propre être. Je marchais seul, errant dans les rues désertes aux heures où la ville dormait, comme si l’obscurité pouvait m’offrir un répit que le jour me refusait. Mais l’ombre ne m’apportait pas de réponse, seulement le poids insupportable de mon errance. Je n’étais nulle part chez moi, ni dans la lumière ni dans la nuit. J’étais condamné à arpenter un monde où chaque pas m’éloignait un peu plus de la paix.
Chapitre VI : La Solitude du Paria
Il n’existe pas de solitude plus profonde que celle que l’on partage avec les autres. Ceux qui portaient en eux le même secret, je les redoutais autant que je les désirais. Nous étions liés par une douleur commune, mais aussi par une méfiance instinctive. Car reconnaître l’autre, c’était se reconnaître soi-même. Et se reconnaître, c’était courir le risque d’être vu, d’être trahi.
Je les observais de loin, ces silhouettes furtives, ces regards baissés qui trahissaient une peur identique à la mienne. Nous nous évitions avec soin, comme si notre proximité pouvait réveiller une force obscure, comme si le simple fait de croiser nos chemins risquait de briser le fragile équilibre que nous avions réussi à maintenir. Ils étaient mes semblables, mes frères d’ombre, mais je ne pouvais les approcher.
Je me construisais un monde silencieux et de distance, où l’amour ne pouvait exister que dans l’absence, où la tendresse ne survivait que dans l’imaginaire. La solitude était mon refuge, mais aussi ma prison. Elle m’enveloppait de son étreinte glaciale, me protégeant du monde extérieur tout en m’étouffant lentement. Chaque jour, je me perdais un peu plus dans cette forteresse, hanté par les spectres de ceux qui avaient aimé avant moi et qui avaient disparu sans laisser de trace.
Chapitre VII : La Braise sous la Cendre
Pourtant, malgré tout, le désir persistait. Comme une flamme sous la cendre, il refusait de mourir. Il survivait aux tempêtes, à la peur, à la honte. Il brillait faiblement, mais il brillait encore, obstiné, insoumis. Une rébellion du corps, il se bat, il est en bataille depuis bien trop de temps.
Il y avait des jours où je songeais à fuir, à renier ce que j’étais, à me fondre dans la masse pour échapper à ce destin de paria. Mais la braise continuait de brûler, me rappelant que vivre sans désir, c’était mourir lentement. Peut-être étais-je destiné à errer à jamais dans les marges, à n’être qu’une ombre parmi les ombres. Mais au fond de moi, je savais que cette flamme, si petite soit-elle, était ma seule lumière. Je voulais rester fidèle à mon âme, être le petit que j’étais, rester la personne que j’ai toujours été et que j’étais à mon tour en train de devenir, être coincé dans la perte de cette personne n’était pas mon premier choix, je voulais m’enchaîner dans l’honnêteté et l’authenticité.
Dans ce monde qui juge et condamne, aimer reste un acte de rébellion. Et si je devais périr dans cette lutte, alors au moins j’aurai eu la chance d’aimé. Aimer encore, aimer toujours, malgré la peur, malgré la haine. Car c’est là la seule vérité que je connaisse : le désir, même maudit, ne peut être éteint.
ÉPILOGUE : L’Amour comme Résistance
Dans les replis de la nuit, lorsque le monde entier semble s’être tu, une pensée demeure. Peut-être ne suis-je qu’un chapitre supplémentaire dans une histoire millénaire de souffrance et d’exil. Mais ce récit, si douloureux soit-il, est aussi celui d’une flamme qui ne s’éteint jamais. Et tant qu’il brûlera, je serai libre, même dans la nuit la plus profonde.
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