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Mes cuisses sont peut-être bien comme ses poings à lui : douces et agréables jusqu'au moment où elles ne le sont plus, capables à la fois de nous rapprocher et de nous éloigner des autres parties du corps qui nous composent et nous sancti-fient.
Leila Mottley - Arpenter la nuit
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La seule chose à laquelle je pense, c'est mes ongles qui restent plantés dans ma peau même quand elle se déchire, même quand je me mets à saigner.
Quand tout tourne au chaos, quand je me retrouve assise dans une pièce remplie de visages que je n'arrive pas à distinguer, quand j'ai l'impression que mon corps n'est plus le mien, j'ai toujours mes ongles. J'ai toujours quelque chose pour me rappeler que je peux exister même si je suis toute cassée, comme Trevor et son visage couvert de son sang qui trouve malgré tout le moyen de faire entrer de l'air dans son corps. Pour me rappeler que ces ongles sont un miracle. Je n'ai besoin de personne pour les rendre jolis, pour les limer, les acérer. Il faut juste qu'ils restent ce qu'ils sont : à moi.
Leila Mottley - Arpenter la nuit
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Aussi loin que je me souvienne, le ciel a toujours été mon ami. Il s'étend à l'infini. Je crois que quoi qu'il y ait là-haut, ça nous rassure seulement quand il fait assez sombre pour qu'on puisse imaginer qu'il y a quelque chose au-delà.
Le plus souvent, je dis que je ne crois en rien.
Sauf que la façon dont la nuit met des couleurs sur tout me donne envie de croire. Pas à l'au-delà, ni au paradis, ni à aucune de ces conneries. Ça, c'est juste des trucs qui nous font nous sentir mieux par rapport à la mort et moi je n'ai aucune raison de craindre la mort.
Je crois simplement que les étoiles pourraient s'aligner et atteindre un autre monde.
Pas la peine que ce soit un monde meilleur parce que ça, ça n'existe sûrement pas. Je pense que c'est autre chose, un quelque part où les gens marchent un peu différemment. Si ça se trouve, ils parlent par vibrations. Ou alors ils ont tous le même visage, ou as de visage du tout. Quand j'ai le temps de fixer le iel, je m'imagine avoir assez de chance pour apercevoir ce quelque chose.
Leila Mottley - Arpenter la nuit
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Car lui et moi ne sommes pas du même côté du bureau, ni de l’ordonnance. C’est moi qui les avale, ces médicaments, et qui restent bien incapable de dire s’il me permettent de vivre, de survivre ou de ne pas mourir. C’est moi qui sait, aussi, à quel point l’idée d’une vie brève, occupe mon esprit, combien la mort, que je ne désire pas, ne me fais pas peur, loin de là.
Intérieur Nuit - Nicolas Demorand
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Tu es un animal, froeur Dex. Tu n'es pas autre. Tu n'es pas à part. Tu es un animal. Et les animaux n'ont pas de but. Rien n'a de but. Le monde existe, point final. Si tu veux accomplir des actes qui profitent à autrui, parfait ! Merveilleux ! Moi aussi ! Mais si je voulais m'enfoncer dans une grotte et regarder les stalagmites avec Grenouille pour le restant de mes jours, ce serait tout aussi parfait et merveilleux. Tu n'arrêtes pas de demander pourquoi ton travail ne suffit pas, et je ne sais pas quoi te répondre, parce qu'exister dans le monde et l'admirer, ça suffit. Tu n'as pas besoin de justifier ni de mériter ton existence. Tu as le droit de te laisser vivre. C'est ce que font la plupart des animaux.
"Un psaume pour les recycler sauvages", Becky Chambers, L'Atalante, 2022, pp. 126-127
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Ce n'est qu'au moment de la mort qu'elles avouaient leur désespoir et elles coururent, rapides, vers les grandes portes sombres que je leur ouvrais, quittant sans se retourner la plaine stérile où leurs vies s'étaient égarées, s'élançant vers un ailleurs qui n'existait peut-être pas, mais elles préféraient le néant à l'inutile succession des jours vides, et je sais que, à ce moment-là, elles m'aimaient. Ma main ne trembla jamais. Nous devinmes d'étranges complices pendant ces dernières secondes de leur vie, ou je fus la compagne choisie, celle qui dénouerait l'incompréhensible destin, plus proche que les amants oubliés, morts dans les caves ou sous un autre ciel, plus proche que les amantes en larmes qui attendaient à la porte que je sorte, le couteau emballé dans une loque épaisse qui dissimulât toute goutte de sang, et que je baisse un instant la tête, confirmant que tout était achevé, que la souffrance de la maladie était finie, et que, au moins pour l'une d'entre nous, l'angoisse était apaisée Alors nous pouvions entonner le chant de mort. Après, nous nous regardions un moment en silence, puis elles allaient ensevelir la morte dans une couverture, la plus neuve et la plus belle que nous ayons. A la nuit tombée nous la portions au cimetière et nous la déposions doucement au fond de sa tombe. L'une après l'autre, elles furent enterrées sous ce ciel dont ni elles ni moi ne savions s'il était celui sous lequel nous étions nées. Il ne fut pas nécessaire que j'arrête le cœur de Théa, chaque mort l'avait un peu tuée. Il y avait eu tant d'espoir au sortir de la cave, et puis ce lent effritement, le renoncement progressif à toute attente, une défaite sans bataille qui avait tout éteint.
Jacqueline Harpman - Moi qui n'ai pas connu les hommes
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être son propre flambeau 🔥
Il y a pourtant un avantage à s'abandonner plus ou moins totalement à quelqu'un d'autre que soi. Celui de ne pas se heurter - ou pour le moins retarder le choc - à son propre vertige existentiel. Que faire de soi quand on ne s'occupe pas d'un autre ? Quand notre fonctionnement quotidien n'est pas rythmé par la logistique, les calendriers, les besoins et les privilèges considérés comme naturels de la ou des personnes avec qui on partage son appartement ? On commence par se prendre une grande claque. À douter de sa propre exis-tence, en l'absence de la validation par un regard extérieur qui atteste de votre présence et de votre utilité. À faire l'expérience de la fragilité et de l'absurdité d'une vie humaine.
À être bien obligé de se livrer à soi-même et de se demander toute la journée pourquoi on est là, quel est le but, où on se met dans tout ça. Parce que la surveillance et le partage de l'espace sont aussi une réassurance, un confort mental. Sous le regard de l'autre, je suis bien là puisque j'ai des attentes à combler, des tâches à effectuer, un rôle plus ou moins strict à tenir.
J'ai une direction, une mission à remplir et je peux me concentrer sur la réussite de cette mission, décrite comme un accomplissement de soi (réussir son couple, sa vie de famille, sa vie sexuelle, sa communication avec l'autre).
En vivant seule, je ne reçois aucune fiche d'objectifs. C'est comme avoir décroché un emploi fictif, dont j'ai sans cesse à me justifier. Échappant à toutes les contraintes vécues par mes pairs, je suis censée disposer d'un temps infini et toujours plus expansible et être a priori dis-ponible, puisque je ne subis aucun des aléas de la vie maternelle ou conjugale (grève de la crèche, retard du mari, visite des beaux-pa-rents, etc.). Je suis censée aussi être toujours en forme (je ne connais pas les nuits au sommeil haché des jeunes parents) et mener une vie de loisirs ininterrompus puisque, au fond, qu'est-ce que je pourrais faire d'autre de tout ce temps sans personne sur le dos à part profiter de ma liberté ?
Pendant longtemps, j'ai été complexée par Alexandra David-Néel, la célèbre exploratrice qui avait décidé de ne pas faire d'enfants et de laisser son mari derrière elle pour devenir la première femme occidentale à atteindre la capitale du Tibet, Lhassa. Comme s'il fallait lait bien remplacer ces non-accomplissements personnels par une aventure grandiose. Je n'ai planté nulle part mon drapeau. Rien accompli d'extraordinaire. Mais j'ai appris à connaître la mesure de mes rêves. J'ai connu beaucoup de couples, avec ou sans enfant, qui, au bout de quelques années de félicité, ont commencé à formuler des regrets. Si je n'avais pas dû travailler pour que mon compagnon finisse ses études, j'aurais pu faire cela. Si je n'avais pas eu d'enfants, j'aurais pu faire ceci. Si je n'avais pas eu à déménager pour suivre mon conjoint/à arrêter de travailler pour m'occuper du bébé/à prendre le relais à la mai-son, etc., j'aurais pu apprendre le piano/écrire un livre/faire le voyage dont j'avais toujours rêvé/changer de vie et devenir avocate, hôtesse de l'air ou ouvrir un café au bord de la nationale 7, aller vivre à Berlin ou au Costa Rica, tout plaquer pour tenter de vivre de ma musique. Sauf que, en vivant seule suffisamment longtemps, en n'ayant personne à suivre, aucun désir autre que le mien à satisfaire, j'ai vu disparaître pour moi la possibilité du « et si ». J'ai vu des rêves, ou ce que je croyais être des rêves, ne pas s'accomplir parce que je trouvais d'autres excuses pour ne pas les mettre en branle. Le travail, le temps qui me manquait, l'argent. Mais aussi la rétrograde de Mercure, le rendez-vous que j'avais pris chez l'ophtalmo et que je ne pouvais vraiment pas déplacer, l'anniversaire de ma mère, du magazine dans lequel je travaillais ou celui d'une pote que je ne voyais presque plus, le prix des billets qui avait trop grimpé pendant que j'hésitais. Je n'ai fait ni plus ni moins que ce que j'aurais fait en étant moins libre.
Ne pas pouvoir m'appuyer sur les excuses les plus communément admises pour se justifier de ne pas faire ce que l'on croyait et disait vouloir faire a été une grande libération (une fois passé le sentiment de n'être bonne à rien). Non pas parce que cela m'autorisait justement à ne rien faire ou, à l'inverse, me poussait à dépasser mes limites ou à forcer la concrétisation de vagues désirs. Mais parce que cela m'a d'abord libérée du regret, mais aussi de la frustration et du ressentiment envers une personne autre que moi-même. Seule, libre de mes mouvements, je suis pleinement responsable de mes désirs et de mes échecs. Et c'est ainsi que j'ai pu admettre que mes rêves étaient modestes.
Mes accomplissements aussi. Mon célibat n'a pas donné lieu à un destin exceptionnel ou une incroyable aventure qui ferait rêver dans les chaumières où l'on soupire de ne pouvoir, décidément, faire ce que l'on veut. Je ne ferai pas une carrière hors du commun, je ne découvrirai pas une molécule qui sauvera le monde, je ne remplirai pas le stade de France pour trois dates à ne manquer sous aucun prétexte, je ne sauverai pas les ours polaires.
J'ai et j'aurai une vie normale, banale, ordinaire. Mais dont j'ai choisi le plus possible les termes et que je ne pourrai reprocher à personne. Une vie dans laquelle je peux être ma propre et unique gardienne.
Marie Kock - Vieille Fille
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💛s’aimer soi-même ça veut dire : devenir des corps de plaisir, de notre propre plaisir; que nos sensations corporelles soient notre première boussole ; à travers nos sens, nous reconnecter à la jouissance d’être vivantes. Manger parce que c’est bon, être massée, s’habiller pour le confort dans des vêtements qui nous laissent enfin respirer, s’habiller pour la sensation des étoffes sur sa peau, la sensualité de la laine, de la couleur vive, des vêtements amples, se masturber faire du sport pour éprouver ses muscles se baigner au soleil pour le plaisir de sentir sa peau chauffer et pas parce qu’on veut bronzer, danser sans imaginer de quoi on a l’air.
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SenLinYu’s Dramione Rec List
I’ve been meaning to put this together for a while, so I’m finally sitting down and doing it. Asterisks indicate it’s a story I’ve reread at least a half-dozen times.
One Shots
T Rated
He Becomes by @abromaposts. Rated: T. Draco fosters bunnies in the hopes that it will impress Hermione. It is the cutest, funniest concept. Just delightful to read.
***Brave Little Gryffindor by scifichick774. Rated T. Fred and George dare Hermione to kiss Draco.
The Intricacies of Marriage by kirsant. Rated: T. I don’t usually like marriage laws, but this one is all about Draco and Hermione trying to kill each other. It’s quite funny.
Amateur Cartography by worksofstone. Rated T. Hermione has reoccurring one-night stands with Draco while trying to convince herself they don’t mean anything.
Out of Order by worksofstone. Rated T. Pining Draco trapped in the lift with Hermione.
Angst
Bird’s Eye View by Optimise. Rated T. Told from Scorpius’ perspective as his parents’ marriage falls apart. Its so sad! I still hurt from this. So I’m sharing my pain.
Kiss Me, Haunt Me, Kill Me by @lovesbitca8. Rated: T. Hermione dies during the battle of Hogwarts, Draco returns to Hogwarts post-war as a professor.
So by Shiv5468. Rated T. Immediately follows the Battle of Hogwarts. Very poetic and insightful.
All I Want by blue movies. Rated T. Hermione dies in the Battle of Hogwarts. Draco grieves the only way he knows how to.
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Sortir du ventre de ma mère a été mon premier acte de disparition.
Apprendre à rapetisser pour une famille qui aime ses filles invisibles, fut le second.
- rupi kaur
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Tu me dis de me taire parce que mes opinions me rendent moins belle mais je n’ai pas été faite avec un feu au creux du ventre pour être éteinte. Je n’ai pas été faire avec une légèreté sur la langue pour être facile à avaler. J’ai été faire lourde. Moitié lame moitié soie. Difficile à oublier et pas facile à comprendre.
- rupi kaur
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Pensais-tu que j’étais une ville assez grande pour une escapade du week-end
Je suis la petite ville qui l’entoure
celle dont tu n’as jamais entendu parler mais que tu traverse toujours
il n’y a pas de néon dans cette ville, pas de gratte-ciel ni de statue
mais il y a le tonnerre
car je fais trembler les ponts
je ne suis pas une pute, je suis de la confiture maison
suffisamment consistante
la chose la plus douce que tes lèvres vont toucher.
Je ne suis pas des sirènes de police, je suis crépitement d’une cheminée.
je te brûlerais, mais tu ne pourrai pas détacher tes yeux de moi car je serai si belle en le faisant
tu rougirais
Je ne suis pas une chambre d’hôtel
je suis la maison
je suis pas le whisky que tu veux
je suis l’eau dont tu as besoin.
ne vient pas ici avec des attentes en essayant de faire de moi des vacances
celui qui arrivera après toi me rappelleras que l’amour est censé être doux
il aura le goût de la poésie que j’aimerais écrire.
- rupi kaur
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Daisy : C’est drôle. Au début, je pense qu’on commence à se défoncer pour anesthésier nos émotions, pour leur échapper. Mais au bout d’un moment, on se rend compte que ce sont les drogues qui rendent notre vie intenable et qui amplifient la moindre de nos émotions, justement. Ce sont les drogues qui nous brisent le cœur plus violemment, qui rendent les bons moments encore meilleurs. Alors quand on redescend, on a vraiment l’impression de retrouver la raison. Et quand on retrouve la raison, ce n’est qu’une question de temps avant qu’on ait un aperçu de ce pourquoi on voulait la perdre au départ.
Daisy Jones and the Six
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Billy : Mais c’étaient les cartes que le destin lui avait distribuées. C’est la main qu’on a reçue. Alors on a joué avec ce qu’on avait.
Daisy Jones and the Six
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Billy : Ça avait un goût de réconfort et de liberté. C’est comme ça qu’on tombe dans le panneau : parce que l’alcool donne le sentiment opposé aux effets qu’il produit.
Daisy Jones and the Six
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Camila : Les choses n’ont pas besoin d’être parfaites pour être solides.
Daisy Jones and the Six
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Daisy : Le déni est comme une bonne vieille couverture.
Daisy Jones and the Six
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