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Rencontre avec Nicolas Rooze, journaliste du Nord Ăclair
Ce dimanche 17 dĂ©cembre 2017, nous avons eu lâopportunitĂ© de rencontrer et dâinterviewer Nicolas Rooze, journaliste sâoccupant de la rubrique des faits divers de lâentitĂ© mouscronnoise dans le journal rĂ©gional Nord Eclair (Sudpresse).
-> BiographieÂ
Mouscronnois de source, il a toujours habitĂ© la ville et y est trĂšs attachĂ©. DĂšs son plus jeune Ăąge, il sâest dĂ©couvert une certaine passion pour lâĂ©criture et a su dĂ©veloppĂ© ses talents rĂ©dactionnels en Ă©crivant des petites histoires sur ses camarades de classe. Il fit partie de la toute premiĂšre promotion de la HELHO (aujourdâhui HELHa), Ă lâĂ©poque situĂ©e Ă Leuze. Le monde du journalisme lui a ouvert ses portes lors de premiers stages et câest Ă ce moment-lĂ quâil a rĂ©alisĂ© que câĂ©tait ce quâil voulait faire de sa vie. DĂšs la fin de son stage de deuxiĂšme annĂ©e, le Nord Eclair lâa engagĂ© en tant que correspondant le weekend. Il venait donc, comme il le dit lui-mĂȘme, « donnĂ© un coup de main de temps en temps » tout en continuant ses Ă©tudes. En 2002, aprĂšs avoir Ă©tĂ© diplĂŽmĂ©, il fut engagĂ© en tant que journaliste indĂ©pendant, travaillant six jours par semaine, 24 heures sur 24. Ne voyant aucune Ă©volution possible dans cette voie et ayant du mal Ă gĂ©rer les horaires, il a ensuite travaillĂ© en tant que collaborateur parlementaire de lâancienne dĂ©putĂ©e Annick Saudoyer. Cinq ans plus tard, madame Saudoyer nâayant pas Ă©tĂ© réélue, Nicolas Rooze perdit son travail. Il y a trois ans et « par la force des choses », comme il dit, il est retournĂ© Ă ses premiers amours en retrouvant le chemin du Nord Eclair, qui manquait Ă lâĂ©poque de personnel. En effet, il avait gardĂ© contact avec le quotidien grĂące Ă sa fonction dâattachĂ© de presse mais Ă©galement en ayant eu la chance de pouvoir continuer Ă gĂ©rer sa page internet sur les jeux vidĂ©o, quâil possĂšde depuis de nombreuses annĂ©es maintenant, dans les bureaux du journal.
-> Quâest-ce quâun fait dâactualitĂ© selon lui ?
Nous avons obtenu de sa part une rĂ©ponse trĂšs claire, je cite « il sâagit dâun fait, dâun Ă©vĂšnement qui se passe Ă lâinstant, au moment prĂ©sent et qui est susceptible dâintĂ©resser dâautres personnes, le plus grand nombre ». Il met Ă©galement en avant le fait que lâactualitĂ© peut ĂȘtre constituĂ©e de faits positifs, comme les actions dâassociations par exemple, mais il peut sâagir de mauvaises nouvelles comme des accidents, des incendiesâŠ
-> OĂč trouver des sources dâinformations pertinentes ?
En tant que journaliste, il dit disposer dâĂ©normĂ©ment de sources dâinformations. Ces sources peuvent ĂȘtre officielles (communiquĂ©s de presse, appels tĂ©lĂ©phoniques,âŠ), mais elles sont aussi susceptibles de provenir de leurs « concurrents », ainsi que des rĂ©seaux sociaux. Il qualifie ces derniĂšres de sources importantes mĂȘme sâil insiste sur le fait quâil est impĂ©ratif de se mĂ©fier et de vĂ©rifier ce qui est rapportĂ© sur internet avant de considĂ©rer ça comme fiable. Cependant, il considĂšre que depuis quelques annĂ©es, les rĂ©seaux sociaux font partie intĂ©grante de nos vies et que nous avons la chance de nous renseigner trĂšs rapidement. Mais en tant que « non-journalistes », oĂč devrions-nous nous informer ? DâaprĂšs ce dernier, il serait prĂ©fĂ©rable de sâinformer Ă lâaide de la presse Ă©crite plutĂŽt que la presse tĂ©lĂ©visuelle ou les informations dont on dispose sur internet, car normalement « si un journaliste a bien fait son travail, il ne devrait y avoir aucune erreur ».
-> A quelle fréquence devrions-nous nous informer ?
Pour les professionnels du mĂ©tier, notre interviewĂ© considĂšre quâil est prĂ©fĂ©rable de le faire au quotidien. Nicolas Rooze qualifie cela de « formation professionnelle » et prĂ©cise que le faire devient systĂ©matique. Effectivement, notre interviewĂ© nous confie que mĂȘme lorsquâil est en congĂ©, il lui arrive de vouloir Ă©tancher sa soif de curiositĂ© au moment oĂč il croise une voiture de police, par exemple, ou encore lorsquâil se balade dans les rues et que quelque chose en particulier attire son attention. Ătre journaliste, câest avant tout ĂȘtre curieux et cela de maniĂšre naturelle. Il faut « observer » au quotidien. En ce qui concerne les personnes Ă part entiĂšre, il met en lumiĂšre le fait que chacun est diffĂ©rent et quâon peut sâintĂ©resser Ă des domaines bien particuliers mais quâil est toutefois important de savoir sâintĂ©resser Ă tout.
-> Mais alors, combien de médias devrions-nous consulter ?
LĂ -dessus, son point de vue est Ă©galement trĂšs clair, il estime quâĂ moins quâon en ait un fĂ©tiche, il est prĂ©fĂ©rable de sâintĂ©resser Ă tous les mĂ©dias et tous les types de mĂ©dias, comme la radio, la tĂ©lĂ©vision, lâInternet et la presse Ă©crite. MalgrĂ© cela, il souligne le fait que chacun ait son point de vue et son propre avis sur les mĂ©dias Ă consulter. Monsieur Rooze reprend notamment lâexemple de la presse locale et du fait que celle-ci puisse sâinspirer dâautres mĂ©dias afin de complĂ©ter leurs informations. Egalement, le fait de sâinformer grĂące Ă la presse locale ou plutĂŽt internationale dĂ©pend du secteur dans lequel les journalistes travaillent. Fatalement, un journal local sâinformera au niveau national pour que cela reste ciblĂ©, mĂȘme sâil ne faut pas se restreindre pour autant. Pour les lecteurs, cela dĂ©pendra Ă nouveau de leurs envies, de leurs prĂ©fĂ©rences, mĂȘme sâil insiste lĂ©gĂšrement sur le fait que lâactualitĂ© « du coin » nous touchera plus personnellement.
-> Quels moyens utilisent-ils afin de retenir et dâobtenir le maximum dâinformations ?
Ce journaliste de la presse locale veille Ă prendre un maximum de notes. DĂšs quâil a une idĂ©e, elle est immĂ©diatement retranscrite dans un agenda, car il a peur de lâoublier. Il relĂšve encore le point des rĂ©seaux sociaux et de leur manque « dâordre », câest pour cela quâil prĂ©fĂšre Ă©crire de maniĂšre concise. Aussi, il possĂšde un grand carnet dâadresses quâil sâest mis Ă disposition sur son ordinateur, il conseille dâailleurs Ă tous ses collĂšgues et aux futurs journalistes de faire la mĂȘme chose. Il peut ainsi compter sur ces contacts pour faciliter ses recherches et ses rĂ©dactions.
-> Compte-t-il un jour changer de profession/ voie ?
A ce sujet, monsieur Rooze fut catĂ©gorique : il adore la presse locale et soutient le fait quâil est entourĂ© de gens quâil connaĂźt, quâil croise au quotidien, bien que cela reste un mĂ©tier difficile, surtout au niveau des horaires. En consĂ©quence Ă cela, il nous avoue mĂȘme « se demander comment ses enfants font pour le reconnaĂźtre parfois ». Ce nâest pas toujours facile Ă gĂ©rer mais il adore ce quâil fait, il nous dira que « chaque jour amĂšne son lot de nouveautĂ©s et de dĂ©couvertes ». Il affectionne particuliĂšrement le fait dâĂȘtre prĂȘt de chez lui et sâil pouvait poursuivre indĂ©finiment son parcours au Nord Eclair, il le ferait. Toutefois, il avoue avoir Ă©tĂ© parfois en dĂ©saccord avec certaines dĂ©cisions prises par le journal, ou encore ne pas pouvoir traiter certains sujets qui lui tiennent plus Ă cĆur que dâautres.
-> Quel est donc le plus grand dĂ©fi auquel il doit faire face dans ce mĂ©tier ? Â
La rĂ©ponse est simple, selon lui, il nây a pas de « grand dĂ©fi » Ă proprement parler, mais chaque matin, un nouveau dĂ©fi commence : remplir les pages blanches. Il nâa jamais la mĂȘme journĂ©e, câest un renouvellement quotidien, agrĂ©mentĂ© de dĂ©couvertes plus surprenantes les unes que les autres. Il se corrige cependant en disant quâil y a toutefois un challenge Ă relever en presse locale : trouver le sujet qui fera la diffĂ©rence, qui apportera ce petit « truc » en plus. Câest grĂące Ă cela quâil trouve la motivation dâĂ©crire diffĂ©remment, de laisser Ă©chapper sa crĂ©ativitĂ© et son originalitĂ© et câest cela qui, selon lui, attire le lecteur. En bref, il se considĂšre comme quelquâun qui Ă©crit des histoires, de faits rĂ©els Ă©videment, dont le but est dâintĂ©resser les lecteurs un maximum. On ajoutera quâil insiste sur le cĂŽtĂ© polyvalent et le temps consĂ©quent dont les journalistes doivent disposer, surtout depuis la mise Ă disposition de la presse sur Internet. Â
     Cette rencontre fut riche en apprentissage et en partage. Ce fut intĂ©ressant de pouvoir Ă©couter un professionnel aussi passionnĂ© par le travail quâil a toujours rĂȘvĂ© dâexercer. En sâexprimant, il nous donne envie de trouver, nous aussi, notre voie et de nous Ă©panouir dans la future profession que nous aurons choisi. Â
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Reflet des illusions perdues, et miroir de nos idĂ©aux, lâart nous fait avancer
« Avant que Galilée ne tourne son télescope vers le ciel, on croyait que la lune était un miroir poli dont les sombres cicatrices et contours mystérieux étaient en fait le reflet des montagnes et mers de la Terre. »
A la mort de sa mĂšre, Philippe, ayant Ă©chouĂ© pour la seconde fois sa soutenance de thĂšse de doctorat sur les programmes spatiaux soviĂ©tiques et amĂ©ricains, se voit exposĂ© par Robert Lepage sur la sombre scĂšne de La Face CachĂ©e de la Lune. Sous nos yeux se dĂ©roulent les jours tourmentĂ©s dâun homme qui par sa contemplation des Ă©toiles serra plongĂ© dans ses propres souvenirs, ses plus intimes traumatismes : que faire du passĂ©, des chagrins, des souvenirs, des ridicules moments de vie perdus Ă jamais ? Que faire du prĂ©sent, dâun frĂšre hautain et insensible, pourtant dernier vestige de la famille ? Que nous rĂ©serve lâavenir, tout un quotidien dĂ©jĂ morne et amputé ? Câest par la rĂ©alisation dâune vidĂ©o pour le SETI que Philippe, voulant illustrer toute la poĂ©sie du quotidien terrien aux potentiels futurs visiteurs de notre planĂšte, trouvera finalement son rĂ©confort et son issu ; câest en sâenvoyant littĂ©ralement en lâair quâil se tiendra in fine plus droit que jamais sur terre, prĂȘt Ă surmonter ses Ă©preuves. La Face CachĂ©e de la Lune met ainsi en parallĂšle le considĂ©rablement petit, ce qui constitue le quotidien de tout ĂȘtre humain, et le visiblement plus grand, la conquĂȘte des Ă©toiles et les conflits politiques qui marquent lâHistoire.
Si par ces quelques lignes la piĂšce vous parait dĂ©jĂ riche en contenu, câest par le jeu dâacteur et la scĂ©nographie quâelle se rĂ©vĂšle pourtant ĂȘtre une vĂ©ritable mine dâor. Cette derniĂšre, Ă premiĂšre vue, nâa pas grand intĂ©rĂȘt : des palissades noires trouĂ©es dâun seul hublot, quelques siĂšges, une planche Ă repasser, ⊠Mais dĂšs les premiĂšres secondes, avant mĂȘme que le comĂ©dien ne puisse prononcer le moindre mot, câest le théùtre tout entier qui commence Ă prendre vie. Les murs du fond se dĂ©placent et se parsĂšment de portes et de placards, et ce qui semble ĂȘtre le ciel du personnage se retourne et nous aveugle dâĂ©clairages avant de nous confronter au pire des spectacle, notre propre reflet de spectateur blafard. Cette transformation du dĂ©cor se retrouve Ă©galement dans les accessoires : ainsi un simple hublot devient celui dâune machine Ă laver, la lucarne dâun avion ou la fenĂȘtre sur un univers encore immaculĂ©, et la planche Ă repasser dâune vieille dame dĂ©cĂ©dĂ©e passe inaperçue en bicyclette au milieu des champs ou en banc de musculation. Câest ici que lâon perçoit lâinfluence considĂ©rable sur le théùtre quĂ©bĂ©cois -et sur Robert Lepage- quâa eu Alain Knapp qui veut alors que lâhistoire et les personnages soient intimement liĂ©s aux lieux et aux objets qui les entourent, que la banalitĂ© sâestompe sous lâattention prĂȘtĂ©e aux dĂ©tails. Et du dĂ©tail ce nâest pas ce qui manque : la scĂšne est constamment accompagnĂ©e de musique et/ou dĂ©corĂ©e de projections qui participent, Ă nouveau, Ă une immersion totale dans lâatmosphĂšre interstellaire de la piĂšce. La mise en scĂšne joue donc avec nos cinq sens, ou presque, elle nous immerge dans lâunivers interchangeable dâun spectacle hors du commun oĂč Yves Jacques interprĂšte tous les personnages (Ă lâexception de quelques marionnettes).
Assister Ă La Face CachĂ©e de la Lune Ă©tait Ă©galement lâoccasion de visiter lâExposition Via qui se tenait juste Ă cĂŽtĂ©, et qui proposait une sĂ©lection dâĆuvres elles aussi hors du commun nous montrant que lâart nâest pas encore figĂ©, que lâart Ă©volue aussi avec le monde et les technologies contemporaines: la semi-senseless-drawing machine, grande fresque murale dessinĂ©e par des robots mis en mouvement par lâafflux de visiteurs quotidien ; ADA, Ă©norme sphĂšre flottante hĂ©rissĂ©e de fusains qui, avec la participation des visiteurs et du hasard, griffonne sur son passage et noircit les murs qui lâentourent ; Public Painting Machine, qui, comme son nom lâindique, permet Ă nâimporte quel visiteur de participer Ă la rĂ©alisation dâun tableau ; Brass -ou lâorchestre fantĂŽme- qui, Ă lâinverse des autres installations, ses trois sousaphones suspendus dans le vide, joue des fragments de musique sans aucune intervention humaine. Fascinante sous chacun de ses angles, câest cependant aprĂšs les soliloques de Robert Lepage que lâexposition prit tout son sens Ă mes yeux, et que me vient Ă lâesprit un questionnement bien plus important : lâexpression artistique est-elle la reproduction contemplative dâun Ăąge dâor perdu, le miroir de notre monde ou son reflet futur ?
 A la maniĂšre dont on imaginait autrefois la Lune ĂȘtre le triste reflet de la Terre, lâart ne peut ĂȘtre aujourdâhui la pĂąle imitation dâun idĂ©al déçu. Bien Ă©videmment, lâart reproduit la vie, il la retranscrit parfois Ă lâidentique dans ses moindres banals dĂ©tails, dans le quotidien perturbĂ© dâun doctorant ratĂ© par exemple. Mais câest Ă travers lâadmiration de telles Ćuvres que lâon peut alors dĂ©couvrir la poĂ©sie profonde qui se cache dans nos vies, et câest de cette Ă©piphanie que la vie devient soudain Ă©galement la projection sublimĂ©e dâelle-mĂȘme. Câest avec de telles Ćuvres que lâart prend tout son sens : quand il nous fait nous rendre compte du nĂŽtre.
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