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Faire reculer les déserts
187 posts
Aucune oasis ne saurait nous soustraire à la responsabilité de faire reculer les déserts. Pour une confédération de communes libres luttant contre la mise à distance.
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cramazouk · 4 months ago
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Dieu comme guide face aux voix qui nous habitent
Chaque être humain n'est pas Un mais est habité par la multiplicité.
L'enfant blessé reste dans l'égo de l'adulte comme une voix.
Le Mal sous toutes ses manifestations sociales habite l'égo de l'être et peut commander l'égaré, en profitant des failles de l'enfant blessé.
Dieu, comme manifestation écologique du Bien, descend jusqu'à l'être et peut lui permettre d'ordonner ces voix, et commander par le Bien cellui qui désir le servir.
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cramazouk · 4 months ago
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Le châtiment de Dieu
Tout mal est ignorance de la parole de Dieu en soi. Ou expérience de la pesanteur spirituelle terrestre. Souvent, les deux vont ensemble. Sauf si on obéit au bien. Dans ce cas, même de la pesanteur terrestre, on tire du bien. C'est la grâce.
Tout bien est obéissance à la parole de Dieu en soi. Ou expérience du bien en soi dans la contemplation. Ou observation du bien chez l'autre.
Le mal ne répond pas au bien, il n'est qu'égarement, absence de bien, absence de Dieu. Quand il s'agit juste de pesanteur terrestre, il ne s'agit pas d'égarement. La pesanteur terrestre ne punit rien. Elle Est juste.
Le bien est lui forcé de répondre au mal. C'est le commandement de Dieu.
Ainsi le mal a vocation à être punie ou guérie par Dieu, par le commandement qu'il opère sur celles et ceux qui l'embrassent un instant ou qui s'y soumettent de manière plus déterminée.
Le bien, pour la même raison, ne peut être récompensé que par le bien. Sauf par celui qui ignore Dieu. Mais même lui peut être touché par la grâce face au bien.
L'Humanité est appelée à construire le royaume du bien, le royaume de Dieu. Le monde terrestre sous le royaume de Dieu, c'est Eden.
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cramazouk · 4 months ago
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Dieu et l'amour propre
Beaucoup de gens luttent dans leur vie contre la colère et le mépris qu'elles ressentent envers elles-mêmes. Ce dialogue méchant intérieur (pouvant aussi être extériorisé violemment) épuise, paralyse.
Comment faire pour soi-même ou les autres si on se méprise ?
Cette colère peut avoir une cause extérieure (mises en échec due à des problèmes matériels). Dans ce cas, il faudra agir sur ces causes ou demander de l'aide sur un temps moyen ou long.
Dans l'immédiat, il faut contrebalancer ce manque d'amour.
Dieu est un allié dans ces cas-là. Car si Dieu est bien une voix en soi, donc n'est pas totalement séparé de soi (c'est comme cela qu'on sait que Dieu existe, il existe en soi), il a la particularité d'être aussi une extériorité (un lien écologique au monde et même au delà).
Dieu est une source d'amour inconditionnel. Il faut simplement apprendre à écouter et recevoir son amour.
Il aime à la façon d'un parent ou d'un partenaire dévoué.
Suite à cela, il peut recadrer les choses dans leur intégralité : nous sommes faillibles, nous avons des limites. Les entendre et les reconnaître est important. Et d'autant plus facile si l'on sait que soi qu'il arrive, Dieu nous aime.
Enfin, nous avons des responsabilités envers le monde et les autres, et nous les connaissons. Dieu peut nous aider à les remémorer. C'est plus simple face à quelqu'un qui jamais ne manque aux siennes envers nous.
Dieu nous apprend d'ailleurs que malgré les failles et limites des autres, la meilleure des choses serait d'être d'un amour et d'un pardon sans faille envers eux. Mais nous ne sommes pas Dieu, nous pouvons simplement essayer d'être sur ses pas. A nouveau, il nous engage à faire de notre mieux, tout en comprenant que nous avons des failles.
Bientôt, nous apprenons comment essayer d'être vis à vis de nous-mêmes : aimants, miséricordieux, tout en restant exigeants.
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cramazouk · 4 months ago
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Fil d'actualité de Cramazouk n°2
News de l'Immonde
23/02 Hongrie : Victor Orban utilise comme prétexte la "victoire" de D. Trump pour continuer d'enfoncer son pays dans le fascisme. Il a lancé des menaces contre ceux qui voudraient organiser la gay pride cette année, parlé d'une loi pour obliger à être "soit un homme, soit une femme", annonçant de nouvelles persécutions des personnes queer. Il va dans le sens du discours complotiste et fasciste de Trump en expliquant combattre une ingérence étrangère et libérale. Celle-ci menant une "dictature de l'opinion" en parlant des idées féministes et queer notamment.
27/02 Israël continue de bombarder les installations militaires du sud de la Syrie tout en essayant de nourrir le séparatisme en Syrie. Le nouveau gouvernement syrien ne répond pas militairement et utilise la voix de la diplomatie avec les pays alliés ou avec lesquels il souhaite s'allier pour faire pression sur Israël afin qu'il arrête ses agressions injustifiées.
2/03 La menace d'invasion de la Syrie par Israël augmente.
28/02 USA : Le Texas est tenté d'interdire la transition hormonale/sexuelle par les hormones et la chirurgie également pour les adultes, après l'avoir interdit pour les enfants et adolescents. Un projet de loi a été déposé.
03/03 USA : On demande à Zelensky à la maison blanche pourquoi il ne porte pas de costume, alors qu'il vient parler diplomatie pour son pays agressé depuis des années par l'impérialisme russe. Celui-ci répond, j'en porterai peut-être un quand la guerre aura pris fin.
Progrès de la lutte
Kurdistan/Syrie/Irak/Turquie : Occalan, le leader objet de culte pour les organisations kurdes apoistes autoritaires, a appelé à déposer les armes et à s'unifier à l'Etat syrien. Le PKK devrait être dissous.
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cramazouk · 4 months ago
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Un fil d'actualité compilé par Cramazouk
News de l'Immonde
19/02
Trump a émis des signes directs d'alliance avec Poutine, montrant au contrait de l'hostilité pour les pays démocratiques européens. Il compte lâcher l'Ukraine, renforçant le risque d'une victoire russe sur l'Ukraine et de l'extension de la guerre aux pays voisins.
21/02
Steve Bannon, populiste américain, a fait à son tour (après Ellon Musk), le salut nazi lors d'un congrès où était d'ailleurs présent Jordan Bardella. Il a appellé pendant son discours à ce que Trump devienne "président à vie".
C'est à mettre en lien avec l'offensive large contre les institutions états-uniennes en cours, dirigés par Elon Musk. Des purges de ces institutions ont lieu pour évincer les ennemis de Trump. Les budgets sont détruits. Des agents payés par la Russie sont mis à des postes clefs.
Progrès de la lutte
18/02
Lors d'une assemblée des Forces Démocratiques Syriennes, une réconciliation avec le nouvel Etat syrien semble avoir été envisagée.
Les FDS sont responsables de nombreux attentats contre les populations civiles, dont un terrible attentat ayant tué de très nombreuses femmes à Manbij il y a quelques semaines.
Cela pourrait amener le retrait des troupes soupçonnées d’œuvrer pour l'Etat Turc et la fin des attentats causés par l'organisation autoritaire kurde.
19/02
L'intersyndicale française publie un communiqué courageux pour affirmer la nécessité de la défense de l'Ukraine et de la nécessité de l'arrêt de l'agression russe. Un communiqué qui s'inscrit dans le contexte d'affirmations éhontées de Trump en faveur du récit fasciste Poutinien.
Lutte & Spiritualité
Le monothéisme abrahamique est surtout connu pour son instrumentalisation brutale par les pouvoir d'Etat et pouvoirs religieux et l'oppression que ces instrumentalisations ont produite. Mais l'origine prophétique du monothéisme et sa continuité dans la lutte pour l'émancipation des peuples et pour la défense de la liberté et de la vie a aussi son histoire.
Pacôme Thiellement raconte cette histoire (et d'autres) de l'ombre révolutionnaire dans L'Empire n'a jamais pris fin.
Et le collectif Anastasis vous explique le rôle que peut jouer le monothéisme abrahamique dans la lutte contre l'oppression religieuse et contre l'emprise du système religieux marchand et ses structures sur nos vies :
Je vous en parle aussi ici :
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cramazouk · 5 months ago
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Le monothéisme contre la déviance religieuse
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Le monothéisme abrahamique est fondé sur la lutte contre l’idolâtrie. C'est ainsi qu'il se développe comme un moyen anthropologique de juguler les déviance religieuses.
A l'époque de l'athéisme triomphant, l'essor des déviances de néo-religions nous indique quelque chose. Mais plus encore, des manifestations "laïques" de déviance religieuse par l’idolâtrie nous alertent, comme les cultes du chef ; la croyance morbide en une science de l'économie qui dés-historise des rapports sociaux extrêmement destructeurs ; ou encore le culte de soi où la satisfaction et le développement personnels deviennent la seule boussole de l'existence.
L’idolâtrie est l'isolement des responsabilités collectives d'individus ou de groupes d'individus par la focalisation sur des objets terrestres, adorés (pouvant être un prétexte suffisant à la violence envers autrui) ou non remis en question, échappant donc à la raison écologique et produisant des conséquences malfaisantes.
A l'intérieur même des monothéismes abrahamiques, la lutte contre l’idolâtrie tente avec plus ou moins de succès d'empêcher les déviances religieuses :
interdiction de la représentation de prophètes
interdiction du culte des saints
interdiction du culte des reliques et icônes
simplification des rituels fétichisés
critique d'une lecture figée des textes / théologie
Le propre de la relation sincère à Dieu est de construire un dialogue avec une autorité libre des vices de l'égo. Ego qui cherche dans sa faiblesse à se soumettre à un objet vecteur de puissance. Puissance tirée d'un sentiment de supériorité et de domination légitimée de l'autre, de la satisfaction que l'autorité de cet objet est respectée au point de punir des blasphémateurs ou autres coupables.
Alors que Dieu suggère dans ce dialogue sincère qu'on doit construire avec lui, inspiré de la connaissance du Bien, le respect de l'autre à l'égal de soi (tu aimeras ton prochain comme toi-même).
Dieu est une construction spirituelle issue de la connaissance du Bien. L'expérience du Bien comme pouvoir en dedans (et non pouvoir sur) peut être perceptible à de nombreux endroits, en chaque chose quand le Mal ne le masque pas, et peut donc être dépersonnifié de chaque objet ou être terrestre, pour être personnifié comme provenant d'une source au delà du monde matériel.
L'obéissance à cette connaissance du Bien oblige alors à lutter contre l'idolâtre producteur du Mal et à reproduire le Bien connu. La prière est le moyen permettant par une forme d'introspection qu'est le dialogue avec Dieu, de questionner ses actes.
Le Bien se ressent universellement, notamment à partir de la contemplation de phénomènes terrestres, mais trouve sa nécessité la plus évidente dans les relations avec les autres humains.
La maltraitance sociale étant la source la plus évidente de reproduction du Mal.
edit : Pour aller plus loin : https://collectif-anastasis.org/2025/02/13/dieu-dans-les-choses-et-les-personnes-le-fetichisme-de-la-marchandise-et-leucharistie/
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cramazouk · 6 months ago
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Qu'est-ce que Dieu.e
Dieu.e.
J'ai dit deux choses contradictoires à son sujet.
Ma façon la plus raisonnable de penser Dieu, très contradictoire avec l'omnipotence, et qu'iel ne peut agir dans le monde que par notre biais. Ainsi, iel guide les bonnes actions suivies volontairement, en résistance à d'autres actions attrayantes pour d'autres raisons (égotiques).
Une autre qui m'est pourtant apparue importante pour comprendre la façon de comprendre Dieu.e majoritairement admise, c'est qu'iel est juste une façon de penser d'un même coté de sa pensée tout ce qui est bon (au sens de définitivement bon à nouveau, pas juste bon pour son égo) dans nos Univers.
En fait cette seconde façon de voir est très importante, car tout ce qui est bon, c'est de là qu'on tire notre force d'agir. Par exemple, l'idée du bon agir en soi, le bon agir des autres, mais aussi simplement le bon (beauté d'une vision, d'une expérience, beauté d'une expression de l'amour)... Par exemple, la beauté d'une scène sauvage, sans même qu'on ait besoin de s'imaginer des bêtes ou des créatures non animales guidées consciemment par Dieu.e.
Maintenant voyons le tableau complet.
Tout ce qui arrive de bon : une belle naissance, une belle rencontre, la beauté d'une œuvre, la beauté d'une relation, la conclusion juste d'une lutte, ce qui se crée de beau au sein d'une lutte même vaincue par l'oppresseur. Tout cela est Dieu.e et sa création. Tout cela nous inspire le bon, nous éduque au beau et au bon.
Mais on peut aussi parler du Mal, de l'Immonde.
On dit qu'une personne qui n'a vécu que maltraitances et absence de soin et d'amour n'est capable que de violence...
Tout cela est absence de Dieu donc. Absence de soin, de beauté, de justice, d'amour.
C'est là où se situe la difficulté de Dieu.e. On le dit omnipotent, donc pourquoi est-il absent parfois ? C'est là le mystère et toute tentative d'y répondre, voulant donner une raison à l'Immonde ("c'est pour nous tester", "c'est pour nous...") est voué à l'échec.
Dieu est parce que le Bon, le Beau et le Juste sont possibles. Notre responsabilité est de le pratiquer, de le développer, de se battre en nous et autour de nous (sens du Djihad).
L'Univers dans sa physicalité, c'est la Pesanteur, là où Dieu est absent et ne nous atteint que par la Grâce. Notre responsabilité est pleine et entière de faire quelque chose de la grâce et de ne pas nous laisser abandonner à la Pesanteur. C'est la seule réponse qui vaille au Mal. Nous sommes obligés d'agir dans cette guidance ou de laisser faire le Mal, de laisser Dieu être absent. C'est notre responsabilité dans le faire advenir du Royaume.
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cramazouk · 6 months ago
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Monothéisme Politique
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Islam politique… Djihad… Des expressions qui ont imposé un regard sur le monothéisme. Largement aidé par un rejet général des formes oppressives prises par la religion et combattues a priori par la laïcité originelle. Si on regarde l’histoire de France et sa domination par une forme dévoyée de chrétienté au service du contrôle des populations par le biais de l’État – ou l’histoire récente de l’État Islamique et son état répressif d’une cruauté singulière… On a du mal à donner totalement tort à tout cela.
Ce qu’on constate aussi en tant qu’antiracistes, c’est que ce regard sur l’Islam est aussi lié à un contexte plus global d’islamophobie.
Le livre Djihad et Révolution de l’anthropologue Montassir Sahki, à propos de la révolution syrienne, aborde intelligemment ces questions en proposant de réinvestir ces concepts à partir de deux exemples d’organisations sociales antagonistes dans le contexte de l’opposition au régime de Bachar Al Assad, tyran innommable enfin déchu, mais aussi dans le contexte post invasion de l’Irak.
S’impose alors deux qualificatifs opposants deux usages politiques de l’islam : djihad révolutionnaire et djihad Etatiste. Le premier concerne un Islam investi par des révolutionnaires s’organisant contre un régime qui tue son peuple, pour faire triompher la paix, la liberté et la démocratie (pas forcément au sens des sociétés modernes, sujet de critique). Pour l’autre la construction d’un Etat proprement terroriste : faisant usage du terrorisme pour dresser un peuple sous sa coupe, ainsi que contre les Etats jugés ennemis par son gouvernement tyrannique.
L’Islam ainsi que le Christianisme ou le Judaïsme, que je réunirais sous le nom de Monothéisme, est considéré par les croyants un tant soit peu sérieux, comme nécessairement politique. La dépolitisation du monothéisme, c’est laisser des idolâtries politiser la société : l’argent et les relations économiques, le culte du chef, le productivisme, etc.
Avertissement
Pour la suite de cet article, je vais parler selon les termes de la croyante que je suis. Mais pour une personne non croyante, les pires images suggérées par notre culture collective et historique vont être convoquées. Il faudra donc se concentrer pour les non croyants, sur le résultat possible de la politique menée, en faisant l’effort de l’imaginer sous une forme d’organisation civile laïque. En soi, l’usage des termes religieux est optionnel. Pour moi une société peut être laïque et réaliser le Royaume de Dieu. La question n’est pas tant de nommer Dieu que d’agir selon son ordre. L’objectif de ma politique est avant tout l’Unité d’action de forces collectives souhaitant l’émancipation, la sécurité sociale (au sens littéral, c’est à dire de sécurité offerte aux individus par l’organisation sociale) et la justice sociale. Si je me permets de parler, notamment aux croyants, en termes de croyants, c’est que je pense que la multiplicité ne passe pas par la censure de singularités, mais par la rencontre et la disparation*. Et parce que dans la solitude qu’impose ce monde, il m’importe aujourd’hui de m’organiser avec les autres croyants.
Organisation sociale et Royaume de Dieu
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Sous le règne d’Allah, chacun et chacune sert le Seigneur sans obéir à aucun intermédiaire, ce qui serait l’associer.
L’organisation du Royaume de Dieu n’exclut pas, c’est même le contraire, l’organisation des êtres humains entre eux. Par contre, elle peut exclure d’emblée la forme État moderne (dont font partie tous les Etats que nous connaissons, dont feu l’État islamique), qui implique un gouvernement décidant à la place du peuple, et donc devenant un intermédiaire entre Dieu et l’Humain, un associant.
Les êtres humains pour faciliter le Royaume de Dieu doivent mettre en place les conditions permettant à chacun, par leur action conjointe, d’obéir à Dieu. Car le Royaume de Dieu ne résulte pas de l’obéissance individuelle seule mais du résultat de l’obéissance simultanée des individus parvenant à créer une organisation sociale. L’individu seul n’a pas le pouvoir d’obéir à Dieu, le premier ordre de Dieu est l’organisation avec d’autres humains. L’organisation avec d’autres humains permet in fine d’obéir de manière plus complète à Dieu, par la politique suivante.
Pour que chaque être humain puisse s’abriter, se nourrir, se soigner, se vêtir, se former, en bref recevoir sécurité et paix, il faut que les autres êtres humains puissent réaliser l’ordre de Dieu qui les oblige envers leur prochain.
L’intermédiaire de l’économie capitaliste qui oblige chacun à produire pour son bénéfice ou pour le bénéfice de propriétaires de la valeur économique, au prix de la consommation et de la dégradation du monde, est en fait un détournement de Dieu.
Royaume de Dieu et Provision Commune**
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Il importe que chacun expérimente, pour commencer, une organisation sociale permettant à chacun de contribuer, à offrir ce à quoi la grâce de Dieu oblige et de rendre l’expérience du Royaume de Dieu tangible. J’expérimente à titre personnel dans mon territoire une organisation sociale 100 % laïque*** (mais qui pourrait être investie par d’autres croyants que moi), qui à mon sens réalise cet objectif d’expérimentation du Royaume de Dieu.
Dans cette expérience sociale, tous les individus qui la rejoignent deviennent après une formation à cette organisation sociale, contributeurs ou contributrices de celle-ci. Chaque contributeur ou contributrice intègre un groupe d’activité (ces groupes étant comme tout le reste, évolutifs via la démocratie de l’organisation) qui est mandaté par l’ensemble de la Provision Commune (PC) pour poursuivre des objectifs politiques fixés aussi par une boussole politique (évolutive comme le reste). Parmi ces objectifs figurent en premier lieu, garantir de répondre pour l’ensemble de la Provision Commune à des besoins sociaux exprimés collectivement, de manière non marchande (c’est à dire qu’on s’organise pour répondre directement aux besoins sans intermédiaire monétaire au sein de la PC, et que cela constitue un droit ouvert pour tous dès lors qu’un groupe opère). Et plus généralement, l’objectif est la transformation des relations pour sortir du fétichisme économiste, productiviste : les relations entre humains et avec l’environnement deviennent la principale source de soin (égalitaire) et d’occupation, au lieu d’être une éventuelle externalité comme dans le monde économique (avec en parallèle dans celui-ci, la destruction de l’environnement et des relations entre humains : la destruction de la Création). Assurer donc la sécurité mais aussi la justice devient directement le souci collectif, à travers une démocratie qui permet à chacun d’œuvrer comme Allah lui commande (car tout part de l’initiative personnelle et de l’obligation que l’on se permet) et de sentir considéré, membre reconnu d’une organisation collective.
Contribuer à la Provision Commune oblige à aménager sa vie pour lui donner de la place. Pour beaucoup, cela consiste à libérer au moins une journée de sa semaine du travail marchandise (travail salarié, entreprenariat) pour œuvrer dans son ou ses groupes d’activité. Cet alignement de notre vie personnelle sur la vie collective rappelle ce que doit être la vie d’un ou d’une croyante. Une vie non entièrement dirigée, à défaut d’être libérée, des idolâtries dominant le monde.
Cette expérience radicale donne un certain élan dans l’objectif que nous fixe Allah : Cette expérience et le soin occasionné doit être accessible à tous et toutes. Comment rendre cela possible ? Peut-on également réformer l’économie (par la sécurité sociale intégrale et le salaire à vie) et aboutir à la même chose ? Cela permet d’avoir un axe. Pour moi, l’objectif aujourd’hui est non seulement de propager cette expérience, mais aussi de lutter pour que le Royaume de Dieu se réalise, et grâce à notre intelligence. Ce qui importe ne sont pas les mots qui dominent dans la présentation dudit système, bien que l’on ne doive pas cacher notre culture singulière parce qu’elle renferme des clefs du Royaume, mais œuvrer pour que les objectifs concrets soient reconnus comme la seule priorité par les différentes organisations sociales progressistes existantes. Afin que leur coopération aboutisse à cette guérison des relations de l’être humain au monde.
* On appelle disparation le fait de rendre la contradiction pleinement constituante du collectif. Dans une société qui recherche l'autonomie, le doute quant au bien fondé d'une institution doit perdurer pour que celle-ci puisse être modifiée quand cela est nécessaire, et qu'elle ne devienne pas tyrannique. Ce même doute, cette lucidité sur la faillibilité des individus et des groupes qui façonnent les institutions, est au fondement du caractère disparatif. La disparation peut être aussi décrite comme le fait qu’une organisation sociale soit fondée par la singularité de ses membres et des différents collectifs qui la composent.
** Il faudrait que je précise de quelle Provision Commune je parle, car en fait il en existe plusieurs avec leurs réalités particulières, leur façon de s'y adapter selon la vision qu'ils construisent du commun dans ce contexte présent. La présentation qui suit n'est donc fidèle qu'à la PC que j'expérimente sur mon territoire. Chaque PC nous apprend la diversité des voies en fonction des personnes, du territoire, des conditions.
*** J’écris ce texte de ma propre initiative, qui aurait sans doute rencontré méfiance à cause des conséquences notamment de l’islamophobie et de l’usage perverti de la laïcité dominant actuellement la société.
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cramazouk · 8 months ago
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L'Unité (4)
Est-ce que dans un certain dialogue en nous, nous n'en venons pas à exiger de nous-mêmes d'être aussi conséquents que possible pour faire progresser nos possibilités collectives, des plus petites aux plus grandes échelles.
Nos limites actuelles sont complètement dessinées par l'absence d'unité, et c'est le reflet de notre richesse, une diversité de formes d'organisation et d'action.
Pour contrer cela, partout où nous le pouvons, nous devrions lutter pour développer l'unité. Cela consiste à un travail collectif, sur soi et les autres, pour ne pas se laisser dévorer par la culture du clivage, dont au lieu de sortir par le progrès, nous sortons par l'isolement.
Après avoir développé autant de cultures nouvelles que possibles, nous devons aussi raccrocher aux anciennes, dont nous restons souvent à l'écart par facilité.
Au lieu d'imaginer qu'étant pointu sur certaines questions, il revient à nous et non à des organisations passéistes, d'initier, tels des démiurges, l'unité de demain à partir de nos pratiques.
Mon point de vue est qu'au contraire, nous devons nous faire violence pour rejoindre les lieux historiques de l'unité, et dans un geste d'amour, œuvrer pour que nos idées atteignent réellement le maximum de monde, et s'ouvrir dans le même temps à tout ce qu'on n'a jamais encore réellement rencontré. Nos devons aller vers l'altérité et permettre aux autres de rencontrer l'altérité. Trouver le point d'équilibre entre authenticité et respect.
Assumer et mettre en œuvre un projet de société émancipateur, ce n'est pas se contenter de l'expérience sociale et des moyens habituels de la résistance au capital. Telles sont les limites de ce qui se vit aujourd'hui.
Si nous croyons que nous pouvons ignorer la nécessité d'être réellement ensemble face à l'économie, autant oublier tout de suite la possibilité de la déconstruire à l'échelle réelle des rapports sociaux.
Nous avons encore du chemin avant de comprendre ce que pourrait impliquer le socialisme de classe, à travers une démocratie de classe à vocation d'abolition des classes, si nous n'allons pas au bout de la question du salaire à vie/de la garantie économique générale. Et nous ne pourrons clairement assumer ses limites et la nécessité de la critique radicale de l'économie, sans prétendre à participer à la formation de nos pairs, si ce n'est simplement nous mélanger à eux.
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cramazouk · 10 months ago
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La coopération révolutionnaire
Constat social et impuissance
Si aujourd'hui beaucoup de gens peuvent avoir reçu une éducation aux problématiques sociales et avoir un avis éclairé et bienveillant sur la situation des migrants, des prisonniers, des musulmans, juifs, toutes les minorités plus sujettes à l'exclusion sociale et économique, les hommes et d'autant plus les femmes, mais aussi la situation écologique avec la destruction énorme de la biodiversité et le dérèglement du climat et des écosystèmes, peu à mon avis peuvent se déclarer confiants dans leur action face à ces défis qui réclament une révolution globale.
Ne pas sombrer dans le nihilisme, se sentir désarmé écrasé par cette masse de violence et de destruction est une gageure surtout dans un contexte de toute puissance de l'Etat et de la marchandise.
Fétichisme économique
Le point souvent faible dans l'éducation politique peut se trouver sur la compréhension du fétichisme de la marchandise car l'illusion d'une régulation économique semble bien ancrée.
Le fétichisme économique est une appréhension religieuse inconsciente du monde qui a naturalisé l'existence de l'économie et des relations marchandes.
Dans ce contexte, on a du mal à imaginer une "révolution" qui ne se contente pas de régulation sévère par l'Etat des entreprises alors que les travailleurs eux-mêmes sont pris dans cet étau de croyances.
L'une des choses les plus évidentes à dénouer, c'est que quand bien même nous ne pouvions pas échapper à une tentative de rapport collectif à l’Économie capitaliste, il faut toujours garder à l'esprit que refuser ses logiques, comme la nécessité d'une balance économique, est primordial. Cela peut paraître bête comme ça, mais quand bien même une force autonome syndicale parviendrait par le rapport de force à collectiviser en dehors de l'Etat comme elle a déjà su le faire au sortir de la guerre, supposons de façon plus puissante (ce qui nécessiterait déjà une grande victoire culturelle du syndicalisme révolutionnaire et unitaire), il ne faudrait pas grand chose pour que ses appareillages, s'ils sont un poil trop frileux sur ces questions, se laisse dévorer par le fétichisme économique et conduise lui même la tâche mortuaire du sujet automate décrit par Marx lui-même.
Spiritualité révolutionnaire VS fétichisme religieux
Ce que j'essaie de construire dans ce blog, c'est une vision du spirituel qui soit faite à la fois d'une compréhension du fétichisme pour collectivement savoir y résister, et aussi d'une foi, d'un espoir dans un changement collectif par la coopération de différentes formes de lutte. C'est quelque chose que j'assume assez et qui est aussi tiré d'une critique du confusionnisme politique qui va rejeter des pans entiers de la population parce qu'il serait, par l'essentialisme induit par ce mode de pensée, problématique par essence parce que monothéiste, syndicaliste ou toute catégorie que n'importe quelle partie du camp progressiste vient à rejeter.
Ce que je souhaite partager, c'est que CHACUN peut effectivement contribuer à un élan révolutionnaire pour peu qu'il ne sombre pas dans des illusions vis à vis d'un mode d'action et donc qu'il ne perd pas de vue le fait que ces modes d'action et d'organisation doivent franchir un pas dans la capacité à l'Unité et la capacité d'organisation confédérale. Nous n'irons nulle part sans cet esprit unitaire et cet esprit unitaire ne me semble pas atteignable sans une bonne dose de foi.
Les différents pans de l'action révolutionnaire
Cette liste ne sera certainement pas exhaustive tant les singularités des situations engendre des différences dans les modes d'action accessibles ou nécessaires. Je vais néanmoins essayer de brosser un tableau assez large des modes d'action accessibles dans l'imaginaire collectif.
L'action directe en opposition avec le cadre légal
Mode d'action préféré des anarchistes, il se confronte directement avec les formes de contrôle les plus sophistiquées pour affirmer les nécessités réelles et immédiates de la vie.
Ouvrir un squat pour loger des gens à la rue, voler dans les magasins pour organiser une cantine populaire, attaquer un local fasciste autorisé à s'implanter en ville, empêcher la construction d'un édifice néfaste pour l'environnement, hacker les réseaux d'entreprises ou de gouvernements criminels pour révéler ou paralyser leurs pratiques, etc.
L'action directe affirme le respect de la dignité et de la vie humaine ou non humaine. Et que cela exige parfois de briser les règles qui fétichisent au contraire des abstractions terrestres.
La conquête sociale du rapport collectif au monstre économique
Mode d'action préféré des syndicats de classe mais aussi potentiellement défendable par les politiciens dans l'assemblée nationale. Il postule dans le cadre de l'interdépendance économique la nécessité de construire un cadre pour une condition générale des travailleurs, une propriété collective par les travailleurs-es des moyens de production, une décorrélation du salaire et de l'investissement vis à vis de la réussite économique.
Cette tactique ne remet pas en cause profondément ce qui fonde le capitalisme, à savoir le rapport économique au monde et la soumission des relations au monde aux logiques économiques. Mais elle propose au moins l'expérience d'une démocratie concrètement anarchiste (non étatique - décentralisée) pour abolir les classes sociales et mettre en place des solutions matérielles à la misère du monde dans l'économie.
On peut citer les historiques CAF et Sécurité Sociale, et aujourd'hui le projet de Garantie Économique Générale ou Salaire à Vie.
Le développement d'institutions de la sortie de la marchandise
Probablement un champ d'action qui découle de courants comme la critique de la valeur, l'éco-féminisme et le communalisme libertaire, il postule par l'action directe la construction de structures qui peuvent mettre en relation les êtres humains entre eux et avec leur monde en rupture avec la logique marchande. Ces institutions doivent permettre de réduire la dépendance des personnes qui les construisent et donc en bénéficient du travail au sein de l'économie, autrement que par la débrouille individuelle et le réseau personnel. Il cumule la non violence et la radicalité.
Les entre deux
Entre les deux précédentes, on peut placer toutes les formes d'institutions autonomes ancrées ou non dans un lien avec les institutions traditionnelles, qui mettent en place des solutions directes aux problématiques sociales (Réduction des Risques dans le monde de la fête, de la prostitution, Planning Familial). Elles sont autonomes car pensées et mises en place par les personnes subissant les violences sociales, avant d'entrer dans les carcans de l'institution traditionnelle.
Les associations de charité, etc plutôt issus de la bourgeoisie "sociale" qui ne sont pas autonomes car pensées et mises en place par d'autres que ceux qui subissent les problématiques.
Les deux peuvent finir en béquille du capitalisme mais essaient dans une approche matérialiste de régler des problèmes concrets ici et maintenant.
La reconnaissance mutuelle de l'existence des formes d'action, et la bataille culturelle pour construire une coopération révolutionnaire
A venir.
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cramazouk · 1 year ago
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cramazouk · 1 year ago
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Unité (3) Unité et Communion
L'Unité implique le sentiment de faire partie d'un ensemble, d'accepter ses contradictions, contradictions qui seront objet de lutte, mais autant que possible sans menacer l'Unité, sans laquelle la séparation ramène à la solitude et l'impotence face à la domination.
Étrange lien qui se forge entre Unité et Communion. La communion est le moment suspendu où les liens d'amour sont ressentis entre les membres d'une communauté humaine. La conflictualité, les avatars de la domination n'ont pas disparu, mais pendant un instant, pendant une cérémonie, pendant une résistance collective, nous ressentons la force de ne faire qu'un.
La séparation est une des choses les plus réelles du monde capitaliste tardif. On a des raisons de rester loin de tout le monde, et on se retrouve dans des microcosmes où l'on espère être d'accord avec tout le monde sur tout (ou ne se sentir menacé-e par personne). Il y a beaucoup d'imaginaire qui commande en nous, et nous maintient dans la séparation.
Soit la conflictualité est tue (au sein d'un groupe dont on fait partie), soit elle est évitée (en restant dans son groupe affinitaire).
L'universalisme revendiqué d'organisations comme la CGT ou du monothéisme m'attire car j'ai le sentiment d'avoir recherché cette communion et cette unité longtemps, et je pense qu'on la recherche sans cesse, on l'espère dans nos petites organisations autonomes d'extrême gauche, et on s'estime les plus éthiques, les plus progressistes, les plus accueillants, et on a raison de construire ce qu'on construit. Mais je crois que je recherche l'appartenance à des organisations à vocation universalistes et héritières d'une tradition d'unité, même en sachant qu'il y aura peut-être des batailles à mener. J'essaie aussi de me départir du préjugé que les gens dans ces communautés seront réactionnaires, parce qu'on m'a appris qu'elles devaient l'être. J'y arrive en pleine affirmation de mon existence, sans pour l'instant être rejetée par quiconque. Je pense qu'on voit plus l'amour que j'irradie que ma non normativité. Je pense que derrière la réaction qui habite mes contemporains, il y a aussi cette blessure de la séparation, et la communion est réelle quand on fait partie d'une organisation unitaire.
Aimer son prochain à la façon de Dieu est aimer comme des parents envers leur enfant, c'est à dire en voulant assurer sa sécurité et son bien-être. Derrière toutes les fausses notes, il y a ces lois divines, auxquelles on obéit ou qu'on transgresse. J'ai l'intention d'être celle qui rappelle ces lois et les porte au plus juste. Et à ce prix, je veux vivre la Communion et dans l'Unité.
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cramazouk · 1 year ago
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Extraits de L’Enracinement, Simone Weil, 1949
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Première Partie : Les besoins de l’âme
« Un droit n’est pas efficace par lui-même, mais seulement par l’obligation à laquelle il correspond ; l’accomplissement effectif d’un droit provient non pas de celui qui le possède, mais des autres hommes qui se reconnaissent obligés à quelque chose envers lui. [...]
Cela n’a pas de sens de dire que les hommes ont, d’une part des droits, d’autre part des devoirs. Ces mots n’expriment que des différences de point de vue.[...]
L’obligation n’est accomplie que si le respect est effectivement exprimé, d’une manière réelle et non fictive; il ne peut l’être que par l’intermédiaire des besoins terrestres de l’homme. [...]
Parmi ces besoins, certains sont physiques, comme la faim elle-même. Ils sont assez faciles à énumérer. Ils concernent la protection contre la violence, le logement, les vêtements, la chaleur, l’hygiène, les soins en cas de maladie.
D’autres parmi ces besoins, n’ont pas rapport avec la vie physique, mais avec la vie morale. […]
Ce sont, comme les besoins physiques, des nécessités de la vie d’ici-bas. C’est à dire que s’ils ne sont pas satisfaits, l’homme tombe peu à peu dans un état plus ou moins analogue à la mort, plus ou moins proche d’une vie purement végétative.[…]
Tout le monde a conscience qu’il y a des cruautés qui portent atteinte à la vie de l’homme sans porter atteinte à son corps. Ce sont celles qui privent l’homme d’une certaine nourriture nécessaire à la vie de l’âme. »
« L’ORDRE
LA LIBERTÉ – l’obéissance
LA RESPONSABILITÉ
L’ÉGALITÉ - LA HIÉRARCHIE
L’HONNEUR - LE CHÂTIMENT
LA LIBERTÉ D’OPINION
LA SÉCURITÉ – LE RISQUE
LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE – LA PROPRIÉTÉ COLLECTIVE
LA VÉRITÉ »
L’ordre
Le premier besoin de l’âme […], c’est l’ordre, c’est à dire un tissu de relations sociales tel que nul ne soit contraint de violer des obligations rigoureuses pour exécuter d’autres obligations. […] Celui qui est seulement arrêté dans l’exécution d’une obligation par la menace de la mort ou de la souffrance peut passer outre, et ne sera blessé que dans son corps. Mais celui pour qui les circonstances rendent en fait incompatibles les actes ordonnés par plusieurs obligations strictes, celui-là, sans qu’il puisse s’en défendre, est blessé dans son amour du bien.
Aujourd’hui, il y a un degré très élevé de désordre et d’incompatibilité entre les obligations.
Quiconque agit de manière augmenter cette incompatibilité est un fauteur de désordre. Quiconque agit de manière à la diminuer est un facteur d’ordre. Quiconque, pour simplifier les problèmes, nie certaines obligations, a conclu en son cœur une alliance avec le crime.
On n’a malheureusement pas de méthode pour diminuer cette incompatibilité. On n’a même pas de méthode pour diminuer cette incompatibilité. On n’a même pas la certitude que l’idée d’un ordre où toutes les obligations seraient compatibles ne soit pas une fiction. Quand le devoir descend au niveau des faits, un si grand nombre de relations indépendantes entrent en jeu que l’incompatibilité semble bien plus probable que la compatibilité.
Mais nous avons tous les jours sous les yeux l’exemple de l’univers, où une infinité d’actions mécaniques indépendantes concourent pour constituer un ordre qui, à travers les variations, reste fixe. Aussi aimons-nous la beauté du monde, parce que nous sentons derrière elle la présence de quelque chose d’analogue à la sagesse que nous voudrions posséder pour assouvir notre désir du bien. [...]
En regardant le monde [...], nous trouverons un encouragement plus grand, si nous considérons comment les forces aveugles innombrables sont limitées, combinées en un équilibre, amenées à concourir à une unité, par quelque chose que nous ne comprenons pas, mais que nous aimons et que nous nommons la beauté.
Si nous gardons sans cesse présente à l'esprit la pensée d'un ordre humain véritable, si nous y pensons comme à un objet auquel on doit le sacrifice total quand l'occasion s'en présente, nous serons dans la situation d'un homme qui marche dans la nuit, sans guide, mais en pensant sans cesse à la direction qu'il veut suivre. Pour un tel voyageur, il y a une grande espérance.
Cet ordre est le premier des besoins, il est même au-dessus des besoins proprement dits. Pour pouvoir le penser, il faut une connaissance des autres besoins.
Le premier caractère qui distingue les besoins des désirs, des fantaisies ou des vices, et les nourritures des gourmandises ou des poisons, c'est que les besoins sont limités, ainsi que les nourritures qui leur correspondent. Un avare n'a jamais assez d'or, mais pour tout homme, si on lui donne du pain à discrétion, il viendra un moment où il en aura assez. La nourriture apporte le rassasiement. Il en est de même des nourritures de l'âme.
Le second caractère, lié au premier, c'est que les besoins s'ordonnent par couples de contraires, et doivent se combiner en un équilibre. L'homme a besoin de nourriture, mais aussi d'un intervalle entre les repas ; il a besoin de chaleur et de fraîcheur, de repos et d'exercice. De même pour les besoins de l'âme.
Ce qu'on appelle le juste milieu consiste en réalité à ne satisfaire ni l'un ni l'autre des besoins contraires. C'est une caricature du véritable équilibre par lequel les besoins contraires sont satisfaits l'un et l'autre dans leur plénitude.
La Liberté
Une nourriture indispensable à l'âme humaine est la liberté. La liberté, au sens concret du mot, consiste dans une possibilité de choix. Il s'agit, bien entendu, d'une possibilité réelle. Partout où il y a vie commune, il est inévitable que des règles, imposées par l'utilité commune, limitent le choix.
Mais la liberté n'est pas plus ou moins grande selon que les limites sont plus étroites ou plus larges. Elle a sa plénitude à des conditions moins facilement mesurables.
Il faut que les règles soient assez raisonnables et assez simples pour que quiconque le désire et dispose d'une faculté moyenne d'attention puisse comprendre, d'une part l'utilité à laquelle elles correspondent, d'autre part les nécessités de fait qui les ont imposées. Il faut qu'elles émanent d'une autorité qui ne soit pas regardée comme étrangère ou ennemie, qui soit aimée comme appartenant à ceux qu'elle dirige. Il faut qu'elles soient assez stables, assez peu nombreuses, assez générales, pour que la pensée puisse se les assimiler une fois pour toutes, et non pas se heurter contre elles toutes les fois qu'il y a une décision à prendre.
À ces conditions, la liberté des hommes de bonne volonté, quoique limitée dans les faits, est totale dans la conscience. Car les règles s'étant incorporées à leur être même, les possibilités interdites ne se présentent pas à leur pensée et n'ont pas à être repoussées. De même l'habitude, imprimée par l'éducation, de ne pas manger les choses repoussantes ou dangereuses n'est pas ressentie par un homme normal comme une limite à la liberté dans le domaine de l'alimentation. Seul l'enfant sent la limite.
Ceux qui manquent de bonne volonté ou restent puérils ne sont jamais libres dans aucun état de la société.
Quand les possibilités de choix sont larges au point de nuire à l'utilité commune, les hommes n'ont pas la jouissance de la liberté. Car il leur faut, soit avoir recours au refuge de l'irresponsabilité, de la puérilité, de l'indifférence, refuge où ils ne peuvent trouver que l'ennui, soit se sentir accablés de responsabilité en toute circonstance par la crainte de nuire à autrui. En pareil cas les hommes, croyant à tort qu'ils possèdent la liberté et sentant qu'ils n'en jouissent pas, en arrivent à penser que la liberté n'est pas un bien.
L’Obéissance
L'obéissance est un besoin vital de l'âme humaine. Elle est de deux espèces : obéissance à des règles établies et obéissance à des êtres humains regardés comme des chefs. Elle suppose le consentement, non pas à l'égard de chacun des ordres reçus, mais un consentement accordé une fois pour toutes, sous la seule réserve, le cas échéant, des exigences de la conscience. Il est nécessaire qu'il soit généralement reconnu, et avant tout par les chefs, que le consentement et non pas la crainte du châtiment ou l'appât de la récompense constitue en fait le ressort principal de l'obéissance, de manière que la soumission ne soit jamais suspecte de servilité. Il faut qu'il soit connu aussi que ceux qui commandent obéissent de leur côté ; et il faut que toute la hiérarchie soit orientée vers un but dont la valeur et même la grandeur soit sentie par tous, du plus haut au plus bas.
L'obéissance étant une nourriture nécessaire à l'âme, quiconque en est définitivement privé est malade. Ainsi toute collectivité régie par un chef souverain qui n'est comptable à personne se trouve entre les mains d'un malade.
C'est pourquoi, là où un homme est placé pour la vie à la tête de l'organisation sociale, il faut qu'il soit un symbole et non un chef, comme c'est le cas pour le roi d'Angleterre ; il faut aussi que les convenances limitent sa liberté plus étroitement que celle d'aucun homme du peuple. De cette manière, les chefs effectifs, quoique chefs, ont quelqu'un au-dessus d'eux ; d'autre part ils peuvent, sans que la continuité soit rompue, se remplacer, et par suite recevoir chacun sa part indispensable d'obéissance.
Ceux qui soumettent des masses humaines par la contrainte et la cruauté les privent à la fois de deux nourritures vitales, liberté et obéissance ; car il n'est plus au pouvoir de ces masses d'accorder leur consentement intérieur à l'autorité qu'elles subissent. Ceux qui favorisent un état de choses où l'appât du gain soit le principal mobile enlèvent aux hommes l'obéissance, car le consentement qui en est le principe n'est pas une chose qui puisse se vendre.
Mille signes montrent que les hommes de notre époque étaient depuis longtemps affamés d'obéissance. Mais on en a profité pour leur donner l'esclavage.
La Responsabilité
L'initiative et la responsabilité, le sentiment d'être utile et même indispensable, sont des besoins vitaux de l'âme humaine.
La privation complète à cet égard est le cas du chômeur, même s'il est secouru de manière à pouvoir manger, s'habiller et se loger. Il n'est rien dans la vie économique, et le bulletin de vote qui constitue sa part dans la vie politique n'a pas de sens pour lui.
Le manœuvre est dans une situation à peine meilleure.
La satisfaction de ce besoin exige qu'un homme ait à prendre souvent des décisions dans des problèmes, grands ou petits, affectant des intérêts étrangers aux siens propres, mais envers lesquels il se sent engagé. Il faut aussi qu'il ait à fournir continuellement des efforts. Il faut enfin qu'il puisse s'approprier par la pensée l'œuvre tout entière de la collectivité dont il est membre, y compris les domaines où il n'a jamais ni décision à prendre ni avis à donner. Pour cela, il faut qu'on la lui fasse connaître, qu'on lui demande d'y porter intérêt, qu'on lui en rende sensible la valeur, l'utilité, et s'il y a lieu la grandeur, et qu'on lui fasse clairement saisir la part qu'il y prend.
Toute collectivité, de quelque espèce qu'elle soit, qui ne fournit pas ces satisfactions à ses membres, est tarée et doit être transformée.
Chez toute personnalité un peu forte, le besoin d'initiative va jusqu'au besoin de commandement. Une vie locale et régionale intense, une multitude d'œuvres éducatives et de mouvements de jeunesse, doivent donner à quiconque n'en est pas incapable, l'occasion de commander pendant certaines périodes de sa vie.
[A suivre]
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cramazouk · 1 year ago
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L’Unité (2)
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La CGT ne se vit pas comme « une organisation » mais comme « L’Organisation » : de classe, confédérale, autonome et disparate.
Elle a vocation à rassembler toutes les organisations derrière une ligne confédérale : des principes communs pour lesquels on lutte tous mais de différentes manières, d’un endroit différent et avec de multiples centres de décision démocratiques.
On a malheureusement trop l’habitude de fonctionner en organisations séparées – et donc de juger la CGT chaque fois qu’un organe de la CGT agit différemment qu’on l’aurait fait, au mépris de l’esprit unitaire et autonome qui fait que c’est fatalement le cas. Être à la CGT, c’est accepter et aimer ces difficultés démocratiques comme essentielles et enrichissantes. Une page raturée et non blanche dans laquelle il faut lutter pour un idéal révolutionnaire en dépit et avec tous les échecs et obstacles du Temps qui est le nôtre.
Tout ce que je déteste est à la CGT, et tout ce que j’aime.
La peur ou le refus de la CGT me fait penser à la peur et au refus de la religion : la peur d’une organisation et de principes à vocation d’universalité, à laquelle il faut rendre des comptes, obéir de manière consentie via des principes d’obligation plus grands que l’organisation elle-même, qui implique donc qu’on doive combattre au sein de l’institution elle-même contre la paresse ou le dévoiement.
Il est plus facile de rejeter l’organisation que d’endosser la responsabilité impliquée par une telle appartenance.
« C’est quand l’organisation est trop grande qu’il y a des problèmes ». Ce poncif exprime beaucoup de choses de notre abandon face à la mise à distance. On préfère la défaite à l’affrontement. L’universalisme n’est plus défendu comme une nécessité matérielle, uniquement comme une idée philosophique.
La philosophie ne peut pas remplacer la religion car seule l’organisation et la religion ont des implications matérielles collectives.
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cramazouk · 2 years ago
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Dieu matérialiste contre Dieu Providence
N'ayant aucune connaissance théologique ou sur l'Histoire des religions, je ne sais pas situer les différents courants opposant leur idée de Dieu.
J'ai néanmoins trouvé en quelques minutes quelques termes permettant de différencier des approches radicalement différentes. Elles peuvent trouver leur justification dans une lecture littérale des textes sacrés (vieux de milliers d'années). Mais il faut se rendre compte que cette approche est loin d'être la seule, ce qui est logique vu qu'on a une conception du monde aujourd'hui très différente avec notamment l'approche scientifique de la compréhension de la matérialité.
Un aspect qui m'intéresse le plus de critiquer, c'est la question du Dieu créateur et omnipotent. Et ce qui en découle et qui s'appellerait la "théologie de la providence".
C'est vraiment une façon d'aborder Dieu qui est peut-être la plus représentée culturellement.
Tout cela découle d'un mythe du Dieu créateur. Dieu serait le créateur du monde. Je trouve que ça joue pour beaucoup dans l'idée d'un Dieu personnifié, doté d'une intention personnelle, d'une conscience. La théologie de la providence, que je trouve vraiment tout autant absurde, c'est celle qui dit que Dieu serait derrière chaque chose qui se produit. Donc évidemment, même derrière les malheurs qui nous touchent, il y aurait une intention cachée de Dieu, un mystère qui donnerait sens à ces horreurs.
Personnellement, et je pense qu'on sera nombreux à être d'accord, je trouve que cela ne fait au contraire AUCUN SENS. Dans les œuvres cinématographiques ou les séries, on voit justement souvent des personnages rejeter Dieu pour cette raison, voire se tourner vers Satan, car ils trouvent parfaitement indigne d'amour un tel Dieu. Et bien souvent, on les comprend. Quel sens y aurait-il à faire subir ces atrocités aux gens ? Elles se produisent souvent par accident, mais aussi et bien souvent à cause de l'organisation sociale des êtres humains. Aucune sagesse cachée ne saurait donner sens à cela.
Mon optique est plutôt de voir Dieu comme une conséquence du monde. Un tel monde, capable de produire de telles horreurs, notamment celles engendrées par les systèmes d'organisation humains, nécessite un rapport transcendant au monde pour trouver la force de l'affronter. A ce compte, Dieu devient un soutien des victimes et des opprimés, et n'est plus leur bourreau.
Dieu qui n'est plus créateur n'a plus non plus à se justifier par des preuves scientifiques impossibles à trouver. Dieu comme conséquence du monde peut en revanche, en quelque sorte, s'observer dans le cerveau lors des expériences mystiques.
Dieu est aussi selon moi une conception humaine du monde et de la conscience, une façon d'aborder la multiplicité de la conscience et de trouver des repères moraux.
Il parait aussi plausible de s'imaginer que le caractère universel de certaines expérience sur Terre produit la possibilité universelle de Dieu dans la conscience.
1-) Dieu, dans notre boussole intérieure, est cellui qui en nous donnant l'opportunité de ressentir l'amour, nous invite à le répandre. Iel nous invite donc au soin, que ce soit des autres mais aussi de soi-même, loin de l'idée réactionnaire du Dieu culpabilisant. Dieu aime toutes les singularités de la nature, tout ce qui est vecteur d'amour sous toutes ses formes, et ne saurait jamais nous conseiller de nous désaimer, de nous faire du mal, de se négliger. Iel invite donc aussi à la miséricorde. C'est d'une logique implacable quand on sait que ne pas se négliger ou se désaimer est parfaitement nécessaire pour trouver la force de faire tout ce qui suit. Dans cette même logique d'amour, Dieu invite à la reconnaissance envers ce qui génère l'amour : nos actes guidés par l'amour, les bonheurs produits par les actions des autres, les bonheurs surgis de la magie de ces amours multipliés.
2-) Dieu, dans notre boussole intérieure, est cellui qui inspire de se comporter positivement même face aux épreuves les plus dures, de ne pas répandre l'injustice et la violence envers les innocents, voire même envers ceux qui nous ont fait offense, car eux-mêmes pourraient changer si l'on rompt le cycle. Ce dialogue en soi-même est nécessaire car nous sommes aussi souffrant.es et donc capables d'injustices et de violences.
Dieu est cette partie de nous qui est conscient.e de cela est nous invite à ne pas nourrir la violence, à lutter pour arrêter son cycle.
3-) Dieu, dans notre boussole intérieure, est cellui qui nous invite à la responsabilité, questionnant nos actes ou notre absence d'actes tandis qu'on sait la violence qui se produit autour de nous. Iel sait que nous capables de jouer un rôle pour la résolution des choses. Non pas un rôle simple et individuel d'ailleurs, mais un rôle qui s'inscrit dans un ensemble plus grand, relié aux autres, donc jouer un rôle social dans la transformation globale.
On voit bien dans tout cela, que Dieu est un guide intérieur, une partie de la conscience, une façon de se concevoir, qui n'implique aucune chose "extraordinaire", au delà de l'extraordinaire que revêt la vie de beau et d'éprouvant à la fois.
Même de cette manière, Dieu peut-être vu comme créateur ou omnipotent, dans la mesure où il conseille des actes aux Hommes et que ces actes peuvent transformer le monde.
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cramazouk · 2 years ago
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Monothéisme Révolutionnaire (ébauche)
Introduction
Il n’y a qu’un.e seul.e Dieu.e des juif.ves aux musulman.es en passant par les chrétien.nes et les non déclaré.es. Chaque itération de réforme religieuse ne constitue qu’une continuation et un rappel de son Message. L’interprétation du Message et l’instrumentalisation qui le trahit ne sont que l’illustration des limites et des errements humains. Par ce texte, nous tentons à notre tour de rappeler la réalité du Message pour rappeler au service qu’il impose.
Si le Dieu unique n’apparaît que si tard dans leur globalité aux Humains, c’est que la seule vénération de la Nature leur a suffi tant que la Mise à Distance n’avait rempli le monde. A cause du chemin de domination emprunté par les Hommes et les injustices associées, un sentiment de responsabilité est peu à peu descendu de Très Haut sur les épaules humaines pour guider de meilleures actions. Une prise de position nécessairement collective passant par le biais de nombreu.ses message.res. Ils ouvrirent l’oreille et le cœur à la voix de Dieu.e et surent qu’ils se devaient dès lors de répandre le Message pour lutter contre l’oppression. L’adoration de quoi que ce soit de terrestre ne pouvait plus que nourrir la soumission et l’écartement de la responsabilité collective. L’émancipation passait par le fait de ne plus accepter aucun maître si ce n’est la voix au fond de Soi nous poussant à lutter pour la Réunion, l’inverse de la Mise à Distance.
Les conséquences de l’Immonde dominaient de plus en plus le monde par le biais des rapports sociaux Humains. Et elles furent bientôt telles que tous les groupes sociaux étaient à la fois contaminés par l’oppression, et à la fois responsables de son renversement. Nos proches, les étrangers de qui on se sent malgré tout frères et sœurs et même notre Maison Commune sont encore aujourd’hui la proie de l’Immonde.
Essence de Dieu.e par rapport à l’Intelligence de la vie et la nature du Monde
1
La nature du Monde est un constat froid et absolu, en partie violent et effrayant et parfois dégoûtant et qui nous met au défi. Parce qu’il permet toutes les horreurs du monde physique : maladie et violence. C’est tout autant la possibilité du reste, de l’essor de la vie dans l’Amour et la beauté, l’affrontement des épreuves et la solidarité. La nature du Monde n’est donc pas le bien ou le mal mais la permission du bien et du mal, le terreau de leur affrontement. Aucun sentiment de justice ou de sens ne peut venir de la nature du Monde, tant sa violence peut être insensée.
2
La Vie est un chemin autant individuel que collectif et historique de la naissance vers la mort fait de bonheurs et de malheurs, de progrès et de régressions. L’étincelle née du silex, son chemin jusqu’à l’extinction. Et L’intelligence de la Vie est ce qui la pousse à se mouvoir, à explorer des chemins, à réessayer, reproduire des échecs jusqu’à parvenir à quelque chose. L’évolution serait-elle son illustration ? La création de relations entre les Êtres vivants et des êtres vivants avec le Monde est une autre de ses démonstrations. Mais la nature de ces chemins et de ces relations est à nouveau neutre, même si l’évolution nous montre que les relations de partenariat, de coopération et de renforcement mutuel font partie des voies les plus porteuses de pérennité et de paix.
3
Dieu.e est né d'un Monde aux lois et à la nature difficiles. Il n'est pas responsable des malheurs du Monde. Iel ne vient que soutenir celleux qui veulent se montrer droits face à ces malheurs. Dieu.e est cellui qui parle au fond de soi, qui lorsque notre individualité n’a pas mis à distance notre être profond et relié, nous permet de savoir différencier ce qui est juste et bon de ce qui est mauvais. Ce qui nous permet de trouver la force et l’amour lorsque les lois du Monde nous ont mis à l’épreuve. Dieu.e nous donne, si tant est qu'on dialogue avec ellui, une direction autant individuelle que collective, à suivre s’il on veut pouvoir donner un sens positif à la Vie et à notre chemin vers son extinction inévitable. Il guide vers la lutte pour la liberté et la résistance à l'Immonde.
4
L'immonde est le fruit de nos faiblesses dans ce monde difficile. Il pousse vers l'exploitation, la domination, la mise à distance des autres et du monde. Il est ce qui fait qu'on ne reconnaît pas notre prochain dans l'autre, et qu'on en fait un objet pour son bénéfice égoïste et immédiat. Il fait qu'on n'est pas sincère avec nous-mêmes et les autres. Qu'on se ment et s'isole malgré notre interdépendance inévitable.
Nature de Dieu.e
Dieu.e n’est pas une personne, ni un homme ni une femme, ni jeune, ni vieux ou alors tout ça à la fois. Personnifier Dieu.e reviendrait à le mettre à distance de nous, à en faire un maître dont on serait esclave. Dans une relation où on le sert comme une partie de nous-même avec laquelle on dialogue, iel devient notre allié, guide, soutien. Iel fait partie de chacun.e parmi les êtres humains au moins. Iel est tout ce qui amène le bon en ce monde dans l'aboutissement de nos actes. Iel n'a donc aucun pouvoir sur le monde au delà de ce qu'iel nous permet de faire.
Représenter Dieu.e est une erreur tant cela concourt à donner une image faussée de son essence et de son message. Seuls ses ennemis peuvent volontairement donner une image figée de lui et de son message, une forme distante de nous à laquelle se soumettre et obéir de manière distante. Les pêcheurs qui font cela le font pour nous soumettre au profit du Patriarcat notamment, même si toute secte dont veulent bénéficier des gourous pourrait réutiliser les mêmes procédés. Ils nous éloignent de nous-mêmes et donc de Dieu.e.
Dieu.e est libération et non asservissement, car iel nous offre de sortir de la prison de l'individualité pour entrer en mission pour le compte de ce que nous sommes tous ensemble, afin d'améliorer notre condition sur Terre. Se mettre au service de Dieu.e est en vérité se mettre au service de la Liberté au sens le plus noble : commune, partagée, agrandie respectivement. Asservir, exploiter les autres est pêcher envers Dieu.e et son message. C’est l’abaissement aux pires horreurs permises par le Monde.
Dieu n'est pas la nature ou la vie. Mais la grâce divine nous touche par le biais de la beauté que nous voyons dans le monde, ou de la beauté de notre relation au monde ou au milieu. C'est la Création. L'inspiration érotique de Dieu.e qui nous pousse vers le bien.
Guidance de Dieu.e
Souveraineté
Parce que Dieu.e est la voix de la souveraineté, il n’y a pas d’autre souverain sur Terre qui puisse nous dire ce qui doit être fait. Aucune personne prétendant parler en son nom ne peut faire plus que nous mettre sur son chemin. Abuser de l’autorité et faire passer sa domination pour le message de Dieu.e est pêché. Écouter Dieu.e en soi peut signifier se rebeller contre des législateurs ou dominateurs qui prétendent parler au nom d’une autorité supérieure. Dieu est différent du simple soi égoïste car iel transmet une forme de responsabilité envers le monde, les autres, nous-mêmes. Aucune église, aucun clergé ne peut donc imposer un message régressif et figé de Dieu.e sans le trahir. En nous libérant du soi égoïste et des chefs qui prétendent imposer une autorité, qu’elle soit celle d’une église, d’une nation, d’une idéologie ou tout autre phénomène religieux régressif, Dieu.e s’impose en soi comme le réel souverain légitime. Iel n'a aucun intérêt dans nos actes car iel est au delà de ce monde. L'intérêt de suivre ses ordres est le bien commun.
« Si j’interroge Dieu.e en moi, je trouve ces lois intolérables et donc je me refuse à leur obéir. »
Responsabilité
Dieu.e impose une forme de droiture. C'est l'exigence de la responsabilité. Nous ne vivons pas que pour nous-mêmes, mais face à un monde capable de beautés mais aussi responsables de malheurs. Une bonne part de ces malheurs liés à la nature du Monde pourrait être rendue supportable par une société d’Amour. La grande majorité des malheurs effectivement subis sont alors liés à l'emprise de structures fétichisantes (donnant du pouvoir divin à des objets terrestres) faisant de la violence sociale directe ou indirecte, la normalité. Ces structures et les êtres qui s'y sont abandonnées mettent le reste de l'Humanité face à la responsabilité de faire face à leur pouvoir asservissant. Et Dieu.e nous ramène à cette responsabilité.
Cette responsabilité impose de construire un chemin de l'Immanence, c'est à dire un chemin de régénération du lien des êtres humains à eux-mêmes, à leurs pairs qui ne sont qu'une autre version d'eux-mêmes, et au monde dont ils dépendent pour vivre.
La régénération du lien et l'action conséquente face à l'Immonde, qui est le fruit des malheurs imputables aux êtres humains, impose grande ambition et rigueur sans limites, dans la conscience des malheurs passés, présents et futurs.
Dieu.e impose de ne pas se cacher, de ne pas s'oublier dans la jouissance de ses privilèges. La responsabilité implique le fait de dédier nos vies à construire et régénérer l'immanence qui est à venir, quelle que soit l'issue de la vie, la forme de son extinction. Il faut sans cesse questionner la portée de notre ambition face au défi imposé par l’histoire. C'est un poids collectif donc jamais porté seul et qu'on n'a pas à porter si on doit construire ses propres appuis ou reposer sur ceux d'autres. Mais ne pas se dérober à soi-même, se dire ensemble et se le faire sentir donne du pouvoir à tous les autres.
« Parce que ces lois sont injustes. Je pense que personne ne devrait y être soumis. Je vais donc me battre pour que l’ordre soit transformé. »
Immanence
L’immanence, conscience et réalité écologique des liens des êtres vivants dans leurs éco-systèmes, permet aux êtres humains la transformation positive de leur rapport au monde. Elle permet la solidarité, la régénération des milieux, la culture de l’autonomie et celle de la résistance face au « pouvoir sur ». Elle cultive le pouvoir-en-dedans, et permet la complexification des relations écologique et la résilience face aux malheurs du monde. Elle est menacée sans cesse par l’Immonde, qui sépare les êtres humains entre eux et d’avec le monde, par le biais de la mise à distance, permettant l’exploitation, la domination, la destruction d’autrui et du monde.
Reconnaissance
La régénération ou la construction de l'immanence accompagnée par Dieu.e requiert l'Amour. La Vie est un chemin difficile et Dieu.e nous y accompagne si nous le désirons. Pour cela, la Reconnaissance envers soi d’être sur le chemin de Dieu.e, d’être une partie de Dieu.e et de reconnaître Dieu.e dans la singularité des autres sont des pierres essentielles de l’Amour, rempart contre l'Immonde. Dieu.e ne nous punit pas ou ne demande pas que nous nous punissions ou nous sentions coupable. Il demande responsabilité, transformation positive et reconnaissance envers tout ce qu'il y a de bon en soi, les autres et tout ce qui arrive de bon.
Disparation
Chacun comporte par sa singularité une réponse, une contribution à l'immanence. Iel doit l'écouter, en prendre connaissance, la respecter et faire preuve de responsabilité vis à vis d'elle. Personne ne saura à sa place quelle est cette contribution singulière à soutenir l'immanence.
Les structures sociales révolutionnaires doivent s'enrichir de la singularité des réponses tant que la responsabilité est de mise. C'est une marque de compréhension de l'intelligence de la vie et de l'évolution.
Structures de l'Immonde
Fétichisation
La fétichisation est un des instruments de l'immonde. La valeur économique et les catégories qui l'accompagnent (propriété lucrative, argent, travail) forment l'une des constructions sociales fétichisées religieusement les plus perverses qui soient. Elles permettent l'acceptation de la hiérarchie sociale et de la compétition, la mise à mort d'autrui par les décisions sociales, etc. Elles permettent aussi l’accumulation de pouvoir matériel à partir d’un fétiche reconnu socialement (l'argent). Enfin, leur hégémonie met le monde entier sous leur pouvoir.
La fétichisation d'objets ou de parties du monde déifiées peut faire partie d'une forme de dévoiement pervers, où l'éloignement de la matérialité au profit de l'adoration mystifiante permet la fuite de la réalité et donc de la responsabilité. Les rituels spirituels doivent être au service de la guérison des âmes mais aussi de la construction de la puissance révolutionnaire, pas de la vénération qui détourne.
"Nous ne faisons qu'un" à condition de dépasser un simple ressenti pour faire grandir la matérialité de ce constat.
Conclusion
Tout ceci n'est qu'une tentative inachevée de rendre fidèlement le message de Dieu.e tel que je le reçois et le comprend au fil de mes échanges, de mes lectures, de mes prières et introspections. L'imperfection vient du fait que je suis humaine. Mais ensemble, nous pouvons cultiver le message de Dieu.e et accomplir sa volonté, s'entraider, grandir ensemble, installer son royaume d'Amour sur Terre. Il n'y aurait même pas forcément besoin de le nommer, même si cela permet de désigner des choses dont on parle trop peu. Ce n'est qu'une autre manière de conceptualiser et de discuter de ce que nous vivons ensemble et à l'intérieur de nous-mêmes.
Ressources
Rêver l'obscur (Starhawk), La Pesanteur et la Grâce (Simone Weil), Eros, résolution et révolution (Benoît Bohy Bunel), Les aventures de la marchandise (Anselme Jappe), Bolo'Bolo (P.M.), La Morale Anarchiste (Pierre Kropotkine), Marie Peltier, Burning Country (Leila al-Shami et Robin Yassin-Kassab), Au bord de l'eau (Shi Nai-an), Collectif Attariq, Le syndicat de la montagne limousine, La Coopération Intégrale du Haut Berry
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cramazouk · 2 years ago
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Spiritualité révolutionnaire – 5
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Historique des trucs écrits sur le sujet depuis 2017.
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Introduction
Des énièmes débats sur « LA RELIGION » ressassant les lieux communs habituels sur le sujet, m’ont motivée à écrire un truc plus personnel encore que d’habitude, afin d’offrir avec la plus grande sincérité un argumentaire pour soutenir la nécessité de représentations positives d’une organisation sociale religieuse possible.
Cela n’entre donc pas dans un débat sur le bilan du fait religieux dans l’histoire. Au préalable il faut dire que ma position ne va pas le moins du monde en niant les risques du fait religieux, les effets négatifs du fait religieux à travers l’histoire, les éléments à charge souvent mobilisés contre les religions existantes. Non, l’idée n’est pas de réhabiliter ce qui est ou ce qui fut en général, comme si on pouvait dépeindre une chose monolithique ou en tirer une moyenne, ce qui est souvent fait pour attaquer toute idée de fait religieux, pour l’opposer au matérialisme scientifique, à une idée déspiritualisée de la philosophie ou d’autres concepts.
On cherchera notamment, dans cet essai, à lever la confusion sur la catégorie dite du religieux, montrer son ambivalence et surtout son impossible cloisonnement.
État des choses et rapport personnel au sujet
On part globalement du constat que des forces de domination ont mené le combat, souvent avec succès, contre des forces d’émancipation à travers l’histoire. Et que le fait religieux a été mobilisé parmi d’autres faits sociaux, pour soutenir les forces de domination. Mon propos consiste à dire que ce qui va le plus mal dans le religieux patriarcal ou d’extrême droite, c’est bien le patriarcat et l’extrême droite. Et qu’on ne peut pas nier le religieux émancipateur juste parce qu’il a été vaincu, ou que ce type de réflexion peut alors être mobilisé contre tout un tas de choses que l’on défend.
Pour expliciter sincèrement mon besoin personnel de religion, je commencerais par dire comme on a coutume de dire, que je suis une personne faible (sujet à la dépression, à l’anxiété). Ou alors que je suis une personne forte, mais qui s’attaque à des sujets si difficiles que ma seule force ne suffit pas. Et que dans un contexte de forte désocialisation globale (décomposition sociale), et de forte adversité, la pratique spirituelle est source de renforcement et de régénération. Plus encore lorsqu’elle se pratique collectivement que seul.e.
Ayant connaissance des forces de domination qui ont été au cœur de l’histoire terrestre et humaine, et de la décomposition sociale et écologique qui frappe l’humanité au sein du capitalisme, j’essaie d’œuvrer, autant que mes forces me le permettent, à une recomposition sociale et écologique, consistant à trouver toutes les personnes de bonne volonté, souhaitant contribuer activement au changement, et mettant cette énergie dans des centaines de directions différentes et isolées, et à œuvrer pour leur coopération, leur réunification. Trouver ce qui les réunit et les motiver à œuvrer eux aussi pour cela, plutôt que nourrir ce qui les sépare. Les mots, la culture, les pratiques de toutes ces personnes sont très variées. Cette variété est d’ailleurs parfaitement nécessaire, et mon désir n’est pas de nuire à ces singularités, mais de faire en sorte qu’elles se conjuguent, qu’elles œuvrent d’autant plus fort dans la connaissance de leurs spécificités, de leurs « disparités », pour se renforcer mutuellement, combler les vides qui se créent autour de leurs modes d’action ou de pensée isolés.
Dans ma fragilité, liée au constat de la puissance nécessaire collectivement pour lutter contre le mal et la pesanteur qui nous accable et qui fait des dégâts quotidiennement, j’ai eu besoin de trouver d’une part, la source de mon pouvoir en-dedans, et d’un dénominateur commun qui pourrait nourrir notre pouvoir en-dedans.
De tout ce qui nous rend faillibles, la pesanteur à laquelle nous n’échappons pas et qui nous ôte parfois toute force, il y a toutes ces choses provoquées par les règles du terrestre et de l’individualité. Nos peurs, nos faiblesses face aux systèmes de domination qui nous ont construit nous aussi, nos égos blessés, pas que les figures que nous diabolisons pour mieux excuser notre échec collectif. De tout ce qui nous rend fort, il y a cette grâce venue de l’amour, cette chose inexplicable ou alors de manière bien trop incomplète.
Les religieux disent que cette grâce vient de Dieu.e donc, un « être » « supérieur » dans le sens où il n’est pas soumis au terrestre, et qui nous habite tous. Tout cela n’est bien qu’une tentative d’explication, une manière de donner un nom aux choses, de les philosopher en effet. Tout l’enjeu d’une transformation écologique va dans le sens de renouer avec notre multiplicité, une vision anthropologiquement différente de celle qui nous a construits en tant que sujets capitalistes. Des êtres avec une part individuelle et terrestre, une part collective sociale (et terrestre), une part collective écologique (et terrestre), une part collective divine (gracieuse).
Le fait religieux
Le propos anti-religieux montre tout l’aspect négatif du fait religieux, combattu pourtant par les religieux progressistes également. Le fait religieux négatif consiste en la négation de la singularité de l’être, pour en faire un sujet du pouvoir sur. En l’instrumentalisation d’un verbe mort pour donner du « pouvoir sur » à des figures et surtout à leurs représentants humains. Le clerc, le gourou, le théologue qui vous disent ce qui est bon ou mauvais au bénéfice de leur propre pouvoir. En vérité, ce type de fait religieux, et cela échappe totalement à bien des chantres de l’anti-religion, existe bien en dehors des religions déclarées. Les cloisonner aux religions déclarées participe même de l’existence du fait religieux dans toutes les autres sphères. L’économiste, le nationaliste, le politicien, le chef de famille, de village manient tous le fait religieux (déclarer une loi naturalisée, contre laquelle on ne pourrait rien et à laquelle il faut se soumettre) sans que cela soit nommé, au bénéfice de leur pouvoir, quand bien même il en existera qui croient œuvrer pour le bien commun alors que c’est leur égo malade (leur pesanteur) qui les pilote.
Prenons l’exemple des milieux anarchistes, anti-autoritaires, antifascistes, communistes, où des personnalités profitent des faiblesses de l’organisation sociale pur combler la leur plus personnelle, pour instaurer des logiques de « pouvoir sur » à leur bénéfice. Tout collectif anarchiste ou communiste encore vivant peut vous parler de ces faits religieux / patriarcaux où l’idée qui rassemble (l’idéal) est mobilisée pour forcer sur les autres des idées, des pratiques et réprimer les autres directions qu’on voudrait emprunter.
Le religieux progressiste réinstaure l’absolue impériosité du rapport personnel à Dieu.e. La nature supérieure de Dieu.e est utilisée dans ce cas pour montrer la nécessité de n’obéir qu’à cette partie de soi, portée par la grâce, et de ne pas obéir sans accord avec elle, à toute figure terrestre du pouvoir. Cette vision des choses met au second plan la loi, le pouvoir du clerc, du père, du gourou, du théologue, du nationaliste, de l’économiste, du politicien, si dans son rapport personnel avec la source d’amour, nous sentons, nous décelons que le fait religieux est utilisé pour obtenir du pouvoir sur les autres pour le bénéfice personnel et au détriment du bénéfice commun.
Monothéisme
Maintenant, pourquoi je tiens autant, comme une partie de mes contemporains, au monothéisme, alors qu’il a si mauvaise presse, comparée aux religions païennes exotisées et idéalisées ? Le monothéisme, en situant le divin au-delà du monde, situe aussi la responsabilité au-delà du milieu. Le sujet n’est pas le rapport à l’environnement direct par le biais d’un « prêtre » sachant magiquement communiquer avec la forêt, l’eau, le soleil, bien que cette relation plus mesurée, autonome et consciente peut se révéler très importante pour le bien être. Le sujet est votre relation personnelle au monde entier, et votre responsabilité à ce sujet. Prier le soleil, la rivière ou la forêt, choses matérielles, est jugé un dévoiement du divin. Vous adorez ou communiquez avec quelque chose d’extérieur à vous, dans une adoration futile car à sens unique, qui vous soumet, quand le rapport au Dieu unique extérieur au terrestre est un rapport à soi-même et au monde dans la sincérité. C’est pour des raisons très matérialistes que des religieux ont voulu combattre des religions passant essentiellement par la soumission à des figures d’autorité vivantes ou inanimées. Et c’est le même dévoiement qui a malheureusement fait du monothéisme la victime du même fait religieux, la soumission dans un éloignement de soi à des figures d’autorité ou le prêtre n’est plus un facilitateur du lien personnel à Dieu.e, mais un usurpateur qui se fait la voix de Dieu.e. J’aime à voir l’histoire du monothéisme comme un combat sans fin, de multiples fois perdu, contre le fait religieux négatif, et une tentative régulière de réformer pour reprendre le « pouvoir en dedans » sur le « pouvoir sur ». Il n’empêche qu’à nouveau, je vois cette histoire du fait religieux dans les religions nommées comme telles, mais aussi dans les organisations sociales à prétention non religieuse.
Je situe donc mon besoin dans une nécessité de lutter pour un lien puissant des êtres humains entre eux et avec la grâce, renforcée les uns les autres dans un pouvoir en dedans fort contre le « pouvoir sur », capable de déjouer ses tentatives « naturelles » (terrestres) permanentes. Une lutte pour construire la révolution et sortir d’une analyse, une observation du spectacle du monde. Une lutte pour construire le réflexe culturel d’une écologie anti-autoritaire.
Textes sacrés et prophètes
Les prophètes sont sans nulle doute des personnes qui ont eu un accès particulier à la grâce et ont réussi à le partager. Leur travail est repris par les apôtres et autres personnes qui consignent à l’écrit ou transmettent le message, voire le mettent en pratique les premiers, pavant le chemin. Le message est celui de Dieu.e, auquel tout le monde peut avoir accès et peut vérifier la validité ou expérimenter ce qu’il lui inspire. Le.a prophète, bien qu’ayant accès à la grâce d’une manière éclatante, reste une personne terrestre et peut faillir à des endroits. La sainteté est l’expression consacrée pour désigner une vie vierge de pesanteur, mais n’ayant connu aucun.e saint.e, j’avoue avoir du mal avec ce concept qui me semble surtout un prétexte à adoration / fétichisme du terrestre propice à éloigner du rapport personnel et authentique à Dieu.e. Même si je peux aussi y voir une forme d’amour très grand, pouvant déraper, envers des personnes ou figures qui nous ont ouvert une voie personnelle à l’amour.
Les textes saints ont vocation, eux aussi, à faciliter le lien avec Dieu.e, en inspirant quelque chose de personnel au lecteur.
Toute personne qui fige un propos pour asseoir une parole au bénéfice de la domination, la sienne notamment, mais aussi celle des personnes séduites en leur pesanteur par ces dérives, participe de l’éloignement du message réel.
Je lis donc un texte sacré comme je regarde une œuvre de fiction d’un.e auteur.ice, pas pour accéder seulement à ce que veut dire la personne terrestre qui l’a produite, mais aussi et peut-être surtout, pour me connecter à ce que ce propos déclenche chez moi de personnel dans mon rapport à la grâce.
Le propre de la mystique est souvent d’être sujette à de nombreuses interprétations, qu’intéresse moins une lecture décontextualisée et qui ne vise qu’à asseoir nos propres croyances, ce qui nous rassure. Si l’on veut essentialiser la religion en quelque chose de négatif, on trouvera en effet pléthore d’argument dans les textes sacrés ou la vie des prophètes. Si l’on est soi-même quelqu’un qui veut dominer les autres et instrumentaliser le sacré pour cela, on pourra le faire de la même façon que des gens le font avec la politique ou tout autre courant de pensée fétichisable et retournable contre son propos initial.
Conclusion
Je n’arrive pas au bout de ma réflexion sur le sujet, que je cherche à défendre puisqu’il me nourrit, nourrit des gens avec qui je voudrais construire du commun, qu’ils soient porteurs déclarés d’une volonté de construction progressiste emprunte de religiosité ou qu’ils fassent cela avec des mots politiques uniquement. J’ai l’impression qu’on essaie d’essentialiser le fait religieux, par peur légitime de tous les dégâts qu’il a commis, alors que je le vois comme parfaitement ambivalent. Il peut être très conscient, offrir tous les outils pour être garant d’autonomie et d’empuissantement collectif, ou être instrumentalisé contre les individus pour un ordre social injuste et pour le pouvoir terrestre de catégories de la population sur d’autres. J’y vois donc un sujet politique, pouvant aller vers le progrès ou la réaction. Il y a des religieux d’extrême gauche et d’extrême droite, et les courants très progressistes ont eu dans l’histoire tendance à toujours être présents pour lutter, mais à avoir du mal à juguler la source du mal en son propre sein, ou développer des outils de prévention et d’autodéfense contre la domination. Sujet pourtant primordial contre des systèmes de domination qui comme leur nom l’indique, dominent ou sont dominés par d’autres systèmes.
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