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tuleipai · 4 months ago
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lifepoweredbyai · 10 months ago
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zeniaicontent · 10 months ago
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ZeniAI - Công Cụ Viết Bài AI
Tên: ZeniAI
Địa chỉ: 44 Nguyễn Văn Dung, Phường 6, Quận Gò Vấp, Thành Phố Hồ Chí Minh
Điện thoại: 0935234896
Website: https://zeniai.net
Mô tả: ZeniAI là công cụ viết content AI chuyên nghiệp, giúp bạn sáng tạo nội dung thu hút và tăng tính chuyển đổi cho website của bạn.
Ngày sinh: 4/8/1996
Mã bưu chính: 700000
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aisakalegacy · 4 months ago
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Printemps 1937, Hylewood, Canada (16/27)
J’avais passé les deux heures précédentes à mon bureau, à essayer de déchiffrer la mystérieuse lettre que m’avais confiée Agathon. J’étais resté dubitatif devant cette lettre sans queue ni tête pendant au moins vingt minutes. Son signataire, « Luis », paraissait clairement identifiable. Son sujet, lui, beaucoup moins… Je relus les quelques lignes avec grand soin, me demandant si l’intuition d'Agathon quant au fait qu’elles recelaient quelques messages cachés n’était pas erronée. Personnellement, ce que m’évoquait cette lettre et le prénom signataire, c’est qu’elle avait été écrite par quelqu’un qui ne parlait pas très bien le français et qui peinait à s’exprimer. Il y avait bien des histoires de navires et de cargaisons, ce qui semblait corroborer l’histoire de cocaïne que m’avait partagée Agathon, mais cette histoire de cargaison noire pâle la faisait tomber à l’eau. Une autre inversion « j’espère […] que rien ou tout », me perturbait. Normalement, on écrit « tout ou rien »…
J’eus soudain une idée : peut-être fallait-il changer tous les mots de la lettre par ses antonymes ? Le cœur battant, je m’attelais à la première phrase. « Je désespère faussement mal que tout ou rien s’éloigne de l’ouest »…. Ou alors, il fallait garder le « en », et prendre la direction opposée à l’ouest - donc l’est ? Ce premier travail ne semblant me mener nulle part, je déchirai la page de mon calepin d’un geste rageur, la roulai en boule et la lançai dans ma corbeille.
Certains morceaux de la lettre me semblaient avoir un sens. J’observais des références religieuses, des prières… Ces affaires de « fric qui brûle » avaient des connotations menaçantes. Plus je relisais, plus je me disais qu’Agathon avait raison et que ces mots recelaient certainement une signification convenue, que Lorita, qui avait certainement la clé nécessaire pour la déchiffrer, aurait su comprendre. Mon esprit s’attarda sur elle un instant. C’était curieux de se dire que cette femme qui avait si discrètement partagé notre quotidien depuis sept ans était morte aujourd’hui… J’avais d’ailleurs du mal à me réconcilier avec l’idée que la douce et gentille Lorita était la même personne que celle qui recevait des messages codés et donnait de la cocaïne à ma petite sœur.
Je secouai la tête, interrompant mes pensées, et frappa mes joues du plat de mes mains. La nuit avançait, moi non. Il fallait que je me reconcentre. La solution devait bien être quelque part…
Un souvenir de pensionnat me revint. Lawrence, le plus ingénieux d’entre nous, avait mis au point un système pour nous permettre de communiquer de façon à ce que si jamais nos correspondances étaient interceptées, que ce soit par un professeur ou un de nos camarades, elles paraissent d’une banalité sans nom. Nous nous transmettions des feuilles trouées qu’il fallait ensuite superposer au message. Transparaissaient des mots qui, mis bouts à bouts, révélaient le véritable sens de nos communications. 
Je me levai, fis quelques moulinets avec mes bras pour étirer mes articulations engourdies, puis je partis à la recherche de ma femme. Si Lorita avait employé un procédé similaire, peut-être que dans cette fameuse boîte à chaussure se trouvait la clé de lecture… Une feuille trouée, ça n’aurait pas attiré l’attention.
Irène se trouvait toujours dans la nurserie, où elle s’était assoupie sur la chaise à bascule. Je n’eus pas le cœur à la déranger et je me contentai de la recouvrir d’un plaid pour qu’elle n’attrapât pas froid. Ce simple geste l’éveilla à moitié. Je m’excusai de l’avoir tirée de son sommeil et m’apprêtai à repartir, mais comme elle insistait, je finis par lui expliquer la raison de ma venue. Je lui demandai si, dans la boîte à chaussure d’où elle avait exhumé cette lettre, elle avait trouvé quoi que ce soit qui ressemble à une feuille percée. Irène s’était redressée et m’avait écouté avec attention, mais quand je lui formulai ma question, elle se contenta de secouer la tête. Non, elle n’avait rien trouvé de la sorte. La boîte ne contenait que la lettre, quelques boutons, une aiguille à coudre, un mouchoir - blanc uni et sans trous - plié, ainsi que ses économies. Si un tel document avait existé, Lorita s’en était certainement débarrassée après avoir pris connaissance du contenu de la lettre. Dépité (mais sans avoir oublié de déposer un baiser sur la tête de ma femme), je retournai à l’étage et m’avachis lourdement à mon bureau. Je repris la lettre et m’attelais de nouveau à la tâche.
Un mot avait attiré mon attention. « Jacari ». Un rapide coup d’œil à mon dictionnaire suffit à m’apprendre qu’il s’agissait d’un oiseau d’Amérique du sud. Et cette expression, « rien ou tout », me travaillait encore. J’essayai de lire la lettre à l’envers. « Serment tantôt prête et sainte sois Mère que »…. Cela ne m’avançait pas beaucoup davantage. En relisant la lettre, je remarquai un certain nombre de fautes d’orthographe ou de grammaire. « Il ne veux », « se raisin », « en rappelle », « dit fois », « pointe le doit », « ventes au détails »… D’ailleurs, en y pensant, cette lettre comportait beaucoup de subordonnées séparées par des « et » et non pas des virgules, comme cela aurait été naturel de le faire. Beaucoup d’emphases, marquée par des adverbes : « vraiment bien », « solidement terne », « mollement mais bien ». Souvent deux verbes : « il ne peut et veux », « tu perds tu joues », « qui pique et manque ». J’eus une nouvelle idée. J’essayai de supprimer un mot sur deux. « J’espère bien tout en est pas si ordre terne cette ton est en »… Non, cela ne voulait rien dire. Deux mots sur trois… « J’espère que tout est en ordre… ». Je sursautais. Relisais la phrase. « J'espère que tout est en ordre de ton côté ». Cela voulait dire quelque chose ! Je repris mon calepin et entrepris de reporter un mot sur trois.
« J'espère que tout est en ordre de ton côté. La dernière cargaison est bien arrivée, mais il manque du fric. Je ne veux pas croire que tu joues double jeu. Remets la main sur ce qui manque et fais en sorte que ça ne se reproduise plus.
Je te rappelle que ce que tu fais pour moi te protège. Sans moi, t’as rien. Reste discrète et fais ce qu’on te dit. Si quelqu’un te pose des questions, tu ne sais rien.
Une nouvelle livraison doit arriver bientôt. Je t’enverrai les détails. Sois prête.
Luis »
Je l’avais ! Deux heures s’étaient écoulées. Je me sentais extrêmement fier de moi. Je n’avais plus qu’à montrer cela à Agathon. 
[Transcription] Lucien LeBris : « J’espère bien tout en est pas si ordre terne cette ton est en »… Ça ne veut rien dire du tout. Lucien LeBris : « J’espère que tout est en ordre »… Oh !! Lucien LeBris : « La dernière cargaison est bien arrivée, mais il manque du fric. Je ne veux pas croire que tu joues double jeu. Remets la main sur ce qui manque et fais en sorte que ça ne se reproduise plus. » Ça marche !! [A FEW MOMENTS LATER] Agathon LeBris : Tu ne devineras jamais ce que je viens de trouver.  Lucien LeBris : Je suppose que ça a un rapport avec les cris de terreur que j’entends la pauvre Sonia pousser depuis tout à l’heure. Agathon LeBris : Euh… Oui. Lucien LeBris : Tu as conscience qu’Irène risque de m’assassiner à cause de toi ? Agathon LeBris : C’est un risque que je suis prêt à prendre. Tu as réussi à décoder le message ? Lucien LeBris : Osti j’ai eu de la misère à la déchiffrer, ta lettre, mais je crois que je tiens quelque chose. Tu m’en dois une. Agathon LeBris : Mais oui, c’est ça. Alors ? Lucien LeBris : Alors Lorita cachait bien son jeu. Lis ça.
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alexar60 · 2 years ago
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La lumière sous la porte
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Les livres ont une grande place dans mon cœur. J’aime les lire, les toucher, les sentir. J’aime les exposer, voir leur couverture même si je ne les ai pas encore lus. J’aime les livres mais à trop en acheter, ils prennent de la place. J’en ai stocké dans des cartons, qui à leur tour, se sont imposés dans mon petit appartement. Je ne savais plus quoi en faire. Pas question de m’en débarrasser.
J’ai eu cette idée après avoir visité Amsterdam. A mon retour de voyage, j’ai réalisé qu’une pile de livres ressemblait beaucoup aux maisons hollandaises. Du coup, je me suis amusé à créer des rues, utilisant chaque bouquin pour faire une maison ou un petit immeuble de deux étages. Avec différents papiers, j’ai dessiné puis découpé des portes et des fenêtres. Je me suis appliqué à décorer de volets, des rideaux ainsi que des dormants et des impostes de portes. Je confectionnais des toits à l’aide de carton.
Chaque dos de livre devenait l’entrée d’une maison ou la devanture d’un vieux magasin Je me suis tellement appliqué que mes amis furent fascinés par mon travail. Ils parlaient d’œuvre d’art. Ils me proposèrent d’exposer car d’après eux, mon talent devrait être connu. Au début, trop méfiant et voulant éviter de participer à un diner de cons, je me contentais de donner une seconde vie à des livres que j’ai tant aimés lire. Cependant, j’eus un tel succès que je dus me résigner à accepter leur proposition. Dès lors, après avoir exposé dans une galerie, je me suis mis à vendre des piles de livres décorés et refaits en petites rues.
Je garde mes préférés dans une bibliothèque particulière. En effet, elle ne contient que des livres décorés. Chaque étagère représente une rue. J’ai même ajouté quelques petits pavés devant les livres pour donner un côté plus réaliste aux maisons. J’aime les observer le soir avant d’aller me coucher. Parce qu’elles ont une apparence féerique et j’imagine des habitants vivre dedans. Je les imagine en train de marcher, ouvrir les fenêtres ou les portes et vivre paisiblement ; une ménagère à la fenêtre étendant un drap, un homme rentrant du boulot.
Un jour, en les admirant de nouveau, je remarquais quelque-chose d’étrange. Sur le moment, je pensais à un reflet lié à la lumière de mon salon. Mais en approchant, je découvris de la lumière sous une porte. C’était une porte décorée et collée par mes soins, comment de la lumière pouvait apparaitre ? Je pris le livre, l’ouvris mais ne constatais rien de particulier entre les pages qui se dépliaient correctement. Dès lors, je replaçais le livre et retournais à mes occupations. En éteignant la lampe de la salle, je constatais un petit fil lumineux sous cette même porte. La lumière était réapparue !
Je ne savais son origine. Je pouvais prendre le bouquin, l’ouvrir, le secouer, tourner les pages. Rien n’y faisait, dès que je le rangeais, la lumière réapparaissait. Je cognais de l’index sur la porte ; bien entendu, personne ne répondit, personne n’ouvrit.
C’était étrange que de voir cette lumière sous cette porte fictive. Tous les soirs, je constatais qu’elle apparaissait pour disparaitre uniquement au lever du jour. Je passais les semaines suivantes à surveiller cette anomalie, d’autant qu’elle était la seule porte à laisser passer de la lumière. Même la fenêtre en plastique, collée au dos de ce livre ne montrait rien.
J’aurais pu me débarrasser du livre, le vendre ou simplement le donner. Néanmoins, ma curiosité insistait à surveiller ce phénomène. Je regardais donc ce livre, dont je ne me souvenais plus de l’histoire, laisser passer cet étrange trait de lumière. Et puis, je découvris de la lumière sous la porte d’un autre recueil. Hier soir, la lumière traversait la fenêtre, comme si quelqu’un habitait dans ce livre.
J’ai doucement frappé à la fenêtre et à la porte. Je n’ai vu personne, pas de petit bonhomme ou autre farfadet magique. Je suis resté bêtement à observer cette lumière qui scintillait dans le noir. Mais ce soir, je déposerai quelque-chose devant ce livre. Un petit morceau de pain ou, une demi-fraise, histoire de sympathiser. En espérant que la porte s’ouvre et qu’il y ait un habitant.
Alex@r60 – août 2023
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abridurif · 2 months ago
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Devenir autre chose qu'écrivain
Écrivain, si je me dis écrivain, si je me dis : ça y est, j’y suis, j’y suis arrivé, je suis à la place que je voulais. Eh bien, je ne suis pas sûr que cela m’engage davantage dans le travail d’écriture, je ne suis pas sûr d’adhérer davantage à ce nouveau statut, je vais aussitôt avoir besoin de me déplacer et d’aller voir ailleurs – ailleurs si –, en apposant sur la porte de mon abri le panneau Torno subito en guise de mot d’excuse. « Je reviens tout de suite », oui ! Parce que je ne me vois pas faire que ça, il ne m’est pas permis de m’approprier la réponse de Beckett : « Bon qu’à ça. » Il me faudrait plutôt me coltiner une autre réalité, plutôt me frotter à l’altérité qu’à ce qui m’est trop familier ; je ne pourrais alors qu’écrire à côté, de biais, à mes heures perdues, dans un temps compté. Ne pas avoir que ça à faire, me laisser traverser par des vents contraires. Si je veux m’en tenir au récit documentaire, je dois pouvoir me glisser dans la vie des autres, me rendre attentif à ce qui les préoccupe, les observer sans qu’ils se sentent observés, gagner leur confiance, leur amitié, travailler avec eux, m’ennuyer avec eux, sentir le temps passer à leurs côtés, voire fabriquer quelque chose ensemble.
Fabriquer quoi ? Un chapeau. Deux chapeaux. Trois chapeaux. Une ribambelle de formes en papier. Comme une guirlande de mots au-dessus de nos têtes, pour nous protéger des mauvais esprits, des pensées mauvaises. Lorsque ces formes se fossilisent, elles sont susceptibles de devenir ex-voto. Avec mes deux mains sur la tête, ça ne suffit pas, mais je leur fais confiance pour retrouver les gestes anciens : celui d’écrire comme celui de produire une forme à l’exacte mesure de ma tête. Une écriture minuscule, une attention aux plis, aux ronds, une écriture qui se résorberait en une nuée de confettis.
Deux mains reliées par un ruban de Moebius. J’ai commencé l’année avec cette image de Lygia Clark, en guise de vœu ; je l’ai publiée sur les réseaux sociaux, comme si je sentais la nécessité de l’adresser à d’autres, alors qu’à cet instant je n’avais que mes propres mains pour me tenir compagnie, elles se contentaient de caresser l’écran aux angles arrondis du smartphone pour distribuer une salve de vœux à qui voulait bien les recevoir au vol.
« Écrire comme forme de prière », oui, et certains jours, se contenter d’en recopier, des prières, recopier les phrases des autres en guise de prières. Pour tenir, retentir, s’entendre, se tourner vers quelque chose de plus grand que soi, tout en trouvant des forces en soi pour ne pas se laisser écrabouillé, car il est des jours où l’on a envie de se dérober, de foutre le camp.
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moafloribunda · 5 months ago
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sweetest melody ll jungsu
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pairing - jungsu x afab!reader
tw - fluff, douceur, leçon de piano, relation de couple
✧ inspirée par xymphony, cette masterclasse intergalactique (comment ne pas succomber à Jungthoven, je vous le demande)
Le salon était nimbé d’une douce lumière, de timides rayons cherchant à se frayer un  chemin à travers les rideaux. Mes pas sont étouffés par la moquette duveteuse sous mes pieds et je continue d’avancer, les yeux rivés sur l’instrument qui se dressait majestueusement dans un coin de la pièce. 
J’ai toujours aimé le piano. À défaut de savoir en jouer, je me contentais d’être emportée par la vibration puissante des notes qu’il était capable d’exprimer, submergée par une émotion impossible à décrire avec de simples mots. Il était capable d’inspirer la plus grande douceur, pareille à la caresse du soleil sur ma peau un beau jour d’été ou à une balade romantique en bord de mer. Mais il pouvait également se faire tempête, ouragan dévastant tout sur son passage et je sentais mon coeur battre à un rythme insoutenable lorsque les touches se succédaient à une vitesse folle. 
Il était une entité à part entière et il ne pouvait pourtant pas vivre sans son partenaire le plus précieux. Celui qui lui permettait de prendre vie et délivrer sa magie, celui qui pressait les noires et blanches, faisant vibrer les cordes dans sa poitrine au fur et à mesure de ses mouvements.
Et je n’avais jamais trouvé plus passionné qu’un pianiste. 
Il y avait une dualité en eux, une sorte de folie passagère qui ne se manifestait que lorsqu’ils s’asseyaient sur la banquette et se mettaient à l'œuvre. Comme s’ils étaient habités par quelque d’inexplicable, traversés par une onde surnaturelle dont ils étaient incapables de se détourner ne serait-ce qu’un court instant, les doigts filant à toute allure sur le bois verni. 
J’avais toujours le souffle coupé quand j’assistais à une représentation, le cerveau crépitant d’une émotion vive. Et je n’avais jamais réussi à expliquer avec précision l’effet renversant de cet instrument sur les molécules à l’intérieur de mon crâne. Mais il me transcendait comme aucune autre et je ne m’en étais jamais lassée, laissant ses mélodies  imprégner les parties les plus profondes de ma boîte crânienne.
Ma main glisse sur l’ébène luisant, saisissant les aspérités du bois sous la pulpe de mes doigts et je baisse les yeux sur le clavier, contraste saisissant entre les touches d’un blanc laiteux et leurs compagnes aussi noires que du charbon. 
Dévorée par la curiosité, j’approche avant de presser au hasard sur l’une d’entre elles, un son grave s’étirant dans la pièce. 
Il se répercute un instant dans ma poitrine avant que celle-ci ne se fige, mes doigts crispés flottant au-dessus du clavier. 
— Tu veux jouer un morceau ? 
Une voix profonde, aussi soyeuse qu’un filet de miel s’élève dans mon dos et je sursaute, mon dos cognant contre un torse ferme. Je retire ma main avec la sensation d’avoir été prise en faute, mais des doigts s’enroulent au même moment autour de mon poignet pour la maintenir à sa place.
— Su ? je murmure, le ventre noué par un mélange de surprise et d’inquiétude. 
Je savais que Jungsu n’aimait pas particulièrement que l’on touche son piano en son absence, mais je n’avais pas pu m’empêcher, hypnotisée par son aspect élégant. Cependant son emprise se desserre légèrement, presque caressante. 
— Shhh. Tout va bien, répond-il sur le même ton, se pressant de toute sa longueur derrière moi. 
Il enroule un bras autour de ma taille et je laisse échapper un soupir à la sensation de sa main posée sagement sur mon ventre, répandant une chaleur agréable contre ma peau.
— Je peux te montrer, si tu veux, reprend-il dans un souffle, le bout de son nez effleurant délibérément la peau sensible juste sous mon oreille. 
Je ferme les yeux un instant, étourdie par sa proximité et la sensualité de cet instant. Je savais à quel point il était grand sans même avoir besoin de me retourner, à quel point il était capable de m’engloutir toute entière d’une seule étreinte s’il le voulait, à quel point il se faisait délicat et mesuré pour me tenir entre ses bras alors qu’il aurait pu me briser en deux s’il en avait eu la moindre envie. 
Mais Jungsu n’était qu’un amalgame de douceur et de gaieté, d’un dévouement presque douloureux tant il était désintéressé. D’une passion vive et débordante qui se reflétait dans ses yeux brillants, dans ses sourires chaleureux, dans son enthousiasme singulier à chaque fois qu’il se retrouvait derrière un piano. 
Pourtant, il y avait quelque chose de brut chez lui et il me faisait penser à un diamant qui n’avait pas encore été poli par les doigts de l’homme. Parfois, la candeur dans son regard laissait place à une lueur prédatrice, celle qui faisait dévaler des frissons le long de ma colonne vertébrale et j’avais appris à décoder ses gestes, ses murmures et les intentions cachées derrière les mouvements presque imperceptibles de son corps contre le mien.
À cet instant, je ne décelais qu’une envie de proximité, mixée à une profonde curiosité quant à ma présence dans son salon aussi tôt le matin.
Et je brûlais d’envie de découvrir son monde, celui qui me tendait les bras et que j’étais réduite à contempler de loin, depuis un siège parmi le reste du public. Alors je cède à la tentation, le laissant m’inviter dans sa bulle.  
— Montre-moi, je susurre alors en penchant la tête sur le côté pour lui laisser plus d’espace. 
Sa bouche se pose sur mon épaule, pressant un baiser avant de se frayer un chemin plus haut, remontant jusqu’à mon cou. Il inspire, me tirant un nouveau frisson. Et je me sens vaciller quand son souffle échoue à nouveau contre moi, m’appuyant contre lui pour garder l’équilibre.
Il me guide encore plus près de l’instrument, se décalant sur le côté pour aller s’asseoir sur la banquette en velours noir. Ses doigts tirent sur mon poignet avec une infinie précaution, dans une invitation à le rejoindre et je passe ma langue sur mes lèvres avant de me laisser choir sur sa cuisse. 
Il y avait quelque chose de terriblement intime dans cette position. Dans la manière dont son bras s’était à nouveau refermé autour de moi, pour me presser contre lui. Comme si c’était un moyen pour lui de s’assurer que je n’allais pas m’en aller, une garantie de ma présence à ses côtés. 
Je tourne la tête dans sa direction, la rougeur de mes pommettes atténuée par la pénombre matinale. Son visage s’était orné d’un doux sourire, celui qui plissait joliment ses yeux et celui-ci m’arrache un battement de cœur. Il approche, caressant ma joue du bout des lèvres et la tendresse contenue dans ce simple geste faisait crépiter le feu de joie qui brûlait dans ma poitrine en sa présence. 
Puis sa main se détache de mon poignet pour survoler le dos de la mienne, manipulant celle-ci comme une marionnette. Et je me laisse guider, observant la manière dont il actionnait délicatement mes doigts sur les touches, faisant résonner des notes les unes après les autres dans la quiétude de la pièce. Son menton s’était trouvé une place de choix dans le creux de mon cou et ses cheveux soyeux effleuraient parfois mes tempes quand il tendait le bras pour atteindre des touches aux extrémités du clavier, son torse nu ployant contre mon dos. 
J’aurais donné n’importe quoi pour que ce moment ne s’arrête jamais, pour conserver la sérénité qui me traversait dans le creux de mes mains et la chérir jusqu’à la fin de temps. Il me faisait l’effet d’un rêve éveillé. Un songe dont je ne voulais pas me réveiller parce qu’il était doux, paisible et d’une fragilité pareille à l’aile d’un papillon, son existence menacée à chaque instant. 
Il fredonne un air à voix basse, l’écho de celle-ci rampant sur la chair tendre de ma nuque et je frissonne, fronçant néanmoins les sourcils quand sa main libère la mienne de son étreinte. Elle reste à côté, immobile sur les touches du clavier et je jette un regard à Jungsu, les lèvres plissées. 
— À ton tour, déclare-t-il, les yeux teintés de malice. 
Je fais la moue, observant la succession de noires et de blanches étalées devant moi avant de presser fébrilement l’une d’entre elles. Jungsu me montre un exemple du bout des doigts et je mords ma lèvre inférieure avant de copier ses gestes, un sourire fleurissant aussitôt sur mon visage à cette victoire. Il recommence, avec un autre accord et je fronce les sourcils, concentrée avant de reproduire la succession de notes dans le même ordre. 
— Continue. Tu te débrouilles très bien, commente-t-il dans un souffle et je fonds à nouveau devant l’onctuosité de sa voix. 
Il poursuit sa démonstration, toujours un peu plus poussée à mesure des essais et je m’applique à reproduire ses mouvements de mon côté. 
L’atmosphère était légère et la complicité partagée avec lui me remplissait d’une joie indescriptible. Alors je savoure la moindre seconde qui s’écoule à ses côtés, enveloppée par la vibration délicieuse de l’instrument sous nos doigts, son âme et la mienne semblant battre sur la même mélodie.
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cristotudoemtodos · 7 months ago
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"5 Seja a vossa vida sem avareza. Contentai-vos com as coisas que tendes; porque ele tem dito: De maneira alguma te deixarei, nunca jamais te abandonarei. 6 Assim, afirmemos confiantemente: O Senhor é o meu auxílio, não temerei; que me poderá fazer o homem?" - Hebreus 13:5-6 (ARA) @cristotudoemtodos www.blogcristotudoemtodos.blogspot.com
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swedesinstockholm · 7 months ago
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26 août
après la performance je suis passée voir l'expo d'ida l. dans une galerie pas loin de l'appart. je devais aller à son artist talk samedi mais il faisait mille degrés et j'attendais que j. revienne du sport pour éventuellement l'accompagner au lac avec son ami mark qui dans ma tête est s. le bassiste ami de r. mais finalement je suis allée ni au lac ni à la galerie et j'ai travaillé sur ma série de poèmes-berlin. quand je suis arrivée devant la galerie y avait des gens assis devant qui discutaient en prenant le thé et j'étais tellement intimidée que j'ai failli passer mon chemin. ida m'a tout de suite reconnue alors que je m'attendais à ce qu'elle se rappelle pas de moi, étant donné qu'on s'est vues une fois il y a cinq ans quand j'étais allée voir caitlin à la cité des arts à paris. on a fait des photos devant un de ses tableaux pour les envoyer à caitlin puis elle m'a fait un thé et elle m'a présentée aux quelques personnes assises dehors et tout d'un coup je faisais partie des gens qui sont assis sur le trottoir devant les galeries.
j'écoutais un type syrien ou turc je sais plus qui discutait du livre de l'intranquilité de pessoa avec un portugais qui passait par là. il me regardait pour m'inclure à la conversation et j'avais une tonne de choses à dire sur ce livre mais je me contentais de les écouter en silence en mâchant mes mots coincés dans ma bouche. j'ai discuté avec un musicien qui me disait qu'il aimait entendre les troncs d'arbre épaissir en automne. j'ai dit ah bon ça s'entend? il m'a proposé de passer à son studio pour essayer son synthé et avoir accès à un micro pour enregistrer des trucs et dans ma tête ça disait ohlala it's happening it's happening it's happening mais une fois rentrée je me suis rendu compte que j'avais aucun moyen de le contacter, je me rappelais même plus de son prénom. j'ai demandé à ida dans l'espoir qu'elle me donne son contact mais elle m'a juste donné son prénom et je le trouve pas sur ig. ça me fait un peu chier. en plus elle part en australie jusqu'en décembre donc zéro chance de le revoir.
j'étais un peu triste quand on s'est rendu compte qu'on pourrait pas se revoir avant l'hiver dammit timing de merde toujours et encore. je me suis prise en photo avec un grand sourire dans le miroir de la salle de bain de la galerie avec les paroles de beautiful de christina aguilera gravées dans le coin pour me rappeler que parfois il suffit de pas grand chose pour me ramener à la surface. qu'elle est parfois à portée de doigt. j'ai l'impression d'être trop à la merci des circonstances. par exemple à la galerie, comme j'étais en confiance parce que ida m'avait reconnue et me témoignait manifestement de l'intérêt, mon anglais était très fluide, j'avais aucun mal à tenir la conversation avec des inconnus, j'avais pas l'impression d'être chiante ni d'être un boulet, tout allait bien. j'ai même parlé allemand avec la fille portugaise qui m'a demandé comment ça se faisait que je parle si bien allemand. quand je leur ai dit au revoir et que je me suis retrouvée seule j'avais pas envie de me racler la tête contre le mur ni rien.
très bonne journée aujourd'hui à part ça, je me suis levée à huit heures j'ai déjeuné devant h2o comme si c'était les grandes vacances dans les années 2000 et après le millième épisode je suis partie au cimetière de stralau pour écrire et alors que je regardais l'eau de la spree se refléter sur les feuilles des saules pleureurs j'ai de nouveau pris conscience de ma chance.
samedi soir je discutais avec j. dans le couloir qui se préparait pour aller à une fête pendant que moi je brossais mes cheveux mouillés prête à aller au lit après ma douche, on parlait de ses dates et il me disait que sa motivation numéro un dans la vie c'était les grands garçons maigres, ou les poireaux comme il les appelle (lauch mit dem schlauch) je lui ai dit que moi je les appelais les asperges mais je lui ai pas parlé de l'asperge en question. de toute façon y a rien à dire. quand il m'a demandé ce qui me motivait à me lever moi le matin je l'ai pris au premier degré et j'ai dit rien. il a dit que si rien ne me motivait je resterais au lit toute la journée alors j'ai réfléchi très fort mais j'ai rien trouvé, donc j'ai dit breakfast. déjeuner devant h2o puis aller écrire au cimetière et regarder les canards secouer leurs plumes dans l'eau à grand fracas être assise tout devant dans le bus et être charriée à travers les rues-surprises de berlin rencontrer des musiciens dans des galeries d'art sentir de la chaleur dans le coeur en parlant avec des gens aller voir des performances mettre des mots sur les choses regarder en boucle adrianne lenker chanter incomprehensible au way out west et la chanter dans ma tête 24/24 pour remplacer spotify quand je marche dans la rue (ça marche) et téléphoner avec maman qui me demande ce que je veux manger demain soir.
28 août
incroyable comme en 24 heures j'ai complètement réintégré mon mode de vie de la maison, comme si berlin n'avait jamais existé. comme si hier matin encore j'étais pas en train d'attendre la u bahn à rathaus neukölln avec les détraqués du quartier et de manger un roulé à la cannelle de chez edeka à südkreuz en attendant mon train parce que j'étais tellement stressée que j'avais 45 minutes d'avance.
hier maman m'a demandé si j'avais des regrets, si je regrettais d'être partie, ça me rend folle qu'elle me pose cette question toujours alors que je lui ai expliqué mille fois que j'avais décidé de jamais rien regretter. j'ai éradiqué la notion de regret de ma vision de l'existence parce que si je commençais à avoir des regrets ma vie serait pas tenable, ce serait impossible de penser à ma vingtaine bousillée par la dépression sans vouloir me foutre en l'air. ne jamais avoir de regrets est une technique de survie. évidemment que je regrette pas. ce soir dans la cuisine en éteignant la lumière je me suis même surprise à penser à mon retour à berlin avec une petite pointe d'enthousiasme. il me reste tellement de choses à découvrir.
en attendant, hier soir quand je me suis mise au lit j'ai déclenché le plus gros feu d'artifice au dessus de la maison que le quartier ait jamais vu, mon corps entier irradiait de plaisir en me glissant sous ma couette. quand je suis arrivée j'ai embrassé la porte et j'ai posé ma joue contre le canapé en lui disant coucou bébé. j'ai passé la journée à sourire comme une frappadingue dans le train, douze heures de voyage de porte à porte mais j'ai bien aimé, c'est plus intéressant que l'avion, y a plus de péripéties et c'était rigolo de voir les accents et les langues changer. à koblenz j'ai commencé à entendre du luxembourgeois, puis à trier le conducteur du train est devenu français et on comprenait plus un mot des annonces, et puis à partir de la frontière il a commencé à parler français et j'étais presqu'à la maison. j'écoutais la conversation d'une dame qui racontait sa croisière au groenland à deux filles qui revenaient de dubaï, ce qui confirmait que j'étais bien de retour au luxembourg, et puis j'ai rencontré tonia de la chorale qui revenait de son voyage interrail en croatie et j'ai attendu le tram avec elle. elle m'avait probablement encore jamais vue aussi heureuse.
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lesgensdeslivreslisent · 8 months ago
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La bibliothèque du collège regorgeait de livres. Il en arrivait sans arrêt, par caisses entières. Quelqu’un là-bas dans leur pays mettait un point d’honneur à ce que les Africains soient des êtres de culture. Peu de gens s’y intéressaient, les élèves se contentaient des ouvrages obligatoires inscrits dans le programme scolaire, les bonnes sœurs de leur bible et de leur missel. Les livres s’entassaient sur des rayonnages et je veillais à ce qu’ils ne prennent pas la poussière. Les religieux finirent par s’apercevoir de mon goût immodéré pour la lecture. Cela commença par « Ah Anna, tu aimes lire, c’est très bien ça ! », évolua en « Tu comprends tout ce que tu lis ? » et, pour finir, je les entendis parler entre eux : « Il faudrait surveiller ses lectures, quand même, certains textes ne peuvent pas être mis à la disposition d’un esprit si fruste. » Mon salut vint du jeune religieux en charge des activités périscolaires au collège : « Cela ne peut pas lui faire de mal sœur Brigitte, il n’est pas dit qu’elle comprenne tout, mais ces livres sont là pour être lus non ? » Je soupçonne que l’affaire en resta là, moins parce qu’il avait réussi à les convaincre que j’accomplissais en les lisant la destinée de ces ouvrages qu’en raison de la certitude des religieux que je n’avais pas les aptitudes pour saisir la subtilité de la littérature dont je me goinfrais. Personne ne m’apprit à analyser un livre, à garder le recul nécessaire, à ne pas perdre de vue le contexte, à saisir les informulés, les courants intellectuels voire idéologiques censés donner de l’épaisseur à l’histoire nue. Personne ne me fit une leçon sur l’esthétique, la langue… Cela, je le découvrirais au lycée lorsque j’y ferais mes humanités et l’approfondirais à l’École normale supérieure de Yaoundé où je passerais mon diplôme de professeur de français, mais le pli serait pris. Toute ma vie je lirais comme j’ai commencé, de façon intense, émotionnelle, primaire, et des phrases éparses s’imprimeraient dans mon âme : Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson… Les livres m’ont apaisée, enflammée, raffermie, ils m’ont fait rire et pleurer. Ils m’ont encouragée à analyser l’existence à l’aune de ma propre intelligence, à faire confiance à mon intuition, à tendre mon esprit pour percevoir, derrière les gens, la nature et les évènements, la concordance de temps intime qui éclaire notre être au monde. Enfant je lisais et je me sentais moins seule, moins insignifiante, moins vulnérable. Adulte j’acquis assez de discernement pour comprendre que si la lecture n’avait pas fait de moi une meilleure personne, elle m’avait rendue plus lucide quant à mes propres motivations, plus libre aussi. Louis, qui deviendrait mon époux, tenait à la main un exemplaire de Discours sur le colonialisme à notre première rencontre : à quoi tient une vie ?
Hemley Boum, Les jours viennent et passent
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whencyclopedfr · 10 months ago
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Poterie Nazca
La poterie de la civilisation Nazca, qui s'épanouit dans l'ancien Pérou entre 200 avant notre ère et 600 après notre ère, est l'une des œuvres d'art les plus distinctives produites par une civilisation de l'Antiquité. Inventive à l'infini, tant dans la forme que dans l'utilisation de couleurs vives et de motifs décoratifs audacieux, la céramique de Nazca est immédiatement reconnaissable. Cette facilité d'identification s'explique sans doute par le fait que, dans une culture dépourvue d'écriture, les dessins sur les récipients en poterie constituaient un moyen important de communiquer des idées communes et des pratiques religieuses. Les Nazcas ne se contentaient donc pas d'un usage quotidien, ils créaient des récipients destinés à un usage rituel, à des offrandes funéraires et à la décoration pure. Les potiers nazcas, bien qu'employant des techniques très simples, étaient techniquement accomplis et leurs céramiques présentent la plus large gamme de couleurs que l'on puisse trouver dans les anciennes poteries des Amériques.
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luma-az · 2 years ago
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Mon renard
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 2 août 
Thème : Apprivoiser/ce que cache un masque
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Peut-on apprivoiser un renard ?
Imaginons que j’en ai envie. Juste pour l’idée. Mettons que, par exemple, j’ai rencontré ce renard, et que j’ai envie de l’apprivoiser. Comment est-ce que je devrais m’y prendre ?
Non, non, ce n’est pas un renard à quatre pattes qui vient creuser sous les poulaillers pour se faire un banquet de volaille. Je ne vous parle pas de ce genre de renard. Non, la question était plutôt à propos des renards à deux pattes. Vous savez. Ceux qui ont l’air humain, très aimables, rusés mais sympathiques, ceux qui ont toujours un petit mot amusant à vous murmurer à l’oreille pour médire discrètement du reste de la société… Ceux qui connaissent très bien les conventions et s’en amusent, ceux qui savent faire danser les autres à leur rythme, pas après pas, jusqu’à ce qu’ils les aient amené exactement là où ils le souhaitaient. Et ensuite les dévorent, j’imagine. Après tout, un renard est un renard.
Ils portent tous des masques, ces renards-là, de beaux masques dont on ne voit pas les ficelles – la seule chose qui les trahit, au final, est de voir leur queue touffue cachée sous leurs vêtements d’humain. Vous savez de quoi je veux parler. Vous connaissez les signes, vous aussi. Comment je le sais ? Oh, disons que ça se sait. J’ai demandé à gauche, à droite, et me voilà. De toutes manières, quelle importance ? Je n’ai pas l’intention de vous faire du tort.
Non, c’est d’un tout autre renard que je viens vous parler – je ne suppose absolument pas que vous êtes un renard vous-même, bien entendu, jamais je n’oserais dire une chose pareille, vous pensez bien. Non, je vous parle d’un autre renard. Un très, très beau renard. Séduisant, amusant, captivant. Je sais très bien comment attirer son attention, il suffirait d’être une jolie proie. Mais je veux plus. Je veux l’apprivoiser. Je veux qu’il devienne mien. Comment pourrais-je m’y prendre ?
Allons. Vous pouvez me le dire. Nous sommes entre nous. Quel risque y a-t-il ?
De la nourriture, peut-être ? De la viande crue, ou au contraire des plats délicats ? De l’extraordinaire ou du réconfortant ? Qu’est-ce qui pourrait détendre mon renard toujours sur ses gardes ?
Du charme, alors ? C’est lui le maitre charmeur, mais peut-être a-t-il envie d’être courtisé à son tour. Tenue experte ou naturel désarmant, qu’est-ce qui peut faire mouche et faire tomber le masque ?
Et si je me contentais d’être honnête, après tout ? J’ai deviné ce qui se cache derrière son masque, mais peut-être sera-t-il touché que j’enlève le mien. J’hésite. J’ai peur de lui faire peur. Vous, depuis que je suis là, je vois bien que vous n’êtes pas du tout à l’aise. Je le sens, même. Alors que tout de même, nous ne sommes plus au moyen-age. Soyez moderne et cessez de trembler, que diable.
De nos jours, qui a encore peur du loup ?
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alain-keler · 1 year ago
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Paris, novembre 1992.
 Comme vous le savez je n'ai jamais cherché à faire une carrière photographique en photographiant les vedettes de cinéma ou de l'univers musical. Mais ce jour-là, il y a donc fort longtemps, j'ai eu une commande du magazine allemand "Der Spiegel", Mery Streep en personne, dans sa chambre, ou suite, dans un grand hôtel place de la Concorde où j'accompagnais leur correspondant à Paris. Tout se passa merveilleusement bien. Elle fut charmante et j'en garde un excellent souvenir, un excellent modèle, enfin façon de parler, car j'aurais été bien incapable de la guider dans des poses ou situations différentes. Je me contentais de sa gentillesse et de son sourire. Je ne vous dis pas que je l'ai toujours appréciée dans ses rôles au cinéma, avant et après ce jour.
Le Spiegel me fit photographier une autre fois une vedette, toujours dans une chambre du même grand hôtel, Jack Nicholson, grand acteur devant l'éternel. Pensant que j'allais utiliser un flash, un instrument que je n'ai jamais su bien utiliser parce qu'il ne m'intéressait pas, Nicholson décida de se la jouer grande vedette, ce qu'il est, et décida de mettre une paire de lunettes de soleil. Grand timide que j'étais je n'osais pas lui demander de les retirer. Inutile de vous dire que je crois que ce fut ma dernière commande pour ce magazine.
En photographie, la vie peut être très courte !
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kenovele · 2 years ago
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Bog's blog 41
Bog’s Blog    On est reparti pour un tour. Cette semaine a suivi son cours comme une autre l’aurait fait avant elle. Il y a quand même eu quelques évènements notables qui sont sortis de notre routine habituelle.  
J’ai profité de la bonne météo de ce début de semaine pour travailler sur les “home improvements” extérieur.   Notre système d’eau grise est officiellement fonctionnel avec des améliorations potentielles qui peuvent encore y être apportée à l’avenir. On espère que les plantes filtrantes y trouvent leur compte et enfoncent leurs racines profondément dans la scorie. J’ai également installé des pavés pour pouvoir se déplacer jusqu’au composte sans trop se mouiller dans les hautes herbes et également devant l’escalier principal de la maison. Pour ce qui est de l’intérieur, on a fini la cage moustiquaire autour de notre lit samedi. Elle requière également quelques finitions mais dans l’ensemble elle est fonctionnelle. On a très bien dormi dedans. Lundi au réveil on a découvert qu’il y avait 3 moustiques à l’intérieur qui n’avaient pas eu l’opportunité de nous embêter. En plus ce n’était pas très bon pour mon Karma de perpétrer de génocide de moustique tous les soirs et souvent, au plein milieu de la nuit.   J’ai aussi fait des trous dans le contreplaqué derrière le frigo pour que celui-ci puisse un peu respirer. On a des problèmes de bruits qu’on associe à une surchauffe. Je pense qu’on a passé un point de non-retour et qu’il va nous rappeler sa présence pour toujours. Il y a également la possibilité qu’il ait toujours été bruyant mais qu’on y payait moins attention. Il a tendance à obséder mes pensées le matin pendant ma méditation. Maintenant que je sais que j’ai agi pour régler la situation ça va soulager ma conscience.   Ma liste de chose à faire a donc bien diminué ces derniers jours et heureusement étant donné que cette longue période de liberté (presque 2 ans) arrive à sa conclusion. En effet, la semaine prochaine, je suis censé recommencer à contribuer à la société. Je vais m’habiller correctement, interagir avec des inconnus, participer à l’effort économique de mon ménage et payer des taxes à mon pays adoptif. Ce changement de dynamique est le bienvenu. D’une certaine manière j’aimerai bien me resynchroniser avec le reste du groupe.   Je n’ai pas encore reçu mon horaire pour mon travail dans les élections mais ça devrait être plutôt chill. C’est censé durer environ un mois puis je commence chez les Wilcox début novembre. Je suis allé voir Blair Wilcox (mon frère d’accueil) sur le terrain vendredi aprem pour qu’il me donne un peu les ficelles du métier. Pour me préparer à l’entretient, j’ai nagé 1h15 afin d’être dans les meilleurs dispositions mental possible et me montrer sous mon meilleur jour (de façon naturel). C'était chouette de le revoir après tant d’années. Il a l’air d’aller vraiment bien. Ça se ressent qu’il a une bonne énergie. Il a un enfant et un deuxième en chemin.  
Je compte me déplacer en vélo électrique jusqu’au travail donc j’ai fait pas mal de recherches récemment et je pense avoir trouver ce qu’il me faut une batterie de 625KWh, assistance jusqu’à 45km/h pour 1800 euro. Le vélo a une chouette esthétique. C’est une marque Néo-Zélandaise. Je vais aller au magasin demain pour poser quelques questions.   
Après ma visite chez Wilcox, je suis retourné au boulot de Kate pour boire un verre (ce qui est commun le vendredi aprem) avec ses collègues et Cathy. Cathy était là parce qu’elle avait besoin d’un peu de compagnie après une longue semaine. La bière a bien tapé à jeun après une heure de natation. On est allé faire une dégustation de Gin dans la foulée au “liquor shop” du coin. Je n’avais pas intégré le fait que tester un gin impliquait l'écoute d’une pléthore d’explication inutilement compliqué d’œnologue en herbe/fleur. Kate et Cathy ont assuré les interactions et je me contentais d’acquiescer et sourire docilement. Kate avait l’intention d’acheter une bouteille pour mettre en réserve pour les occasions ce qu’elle a fait.  
Le soir on avait des invités particuliers à la maison. On a reçu trois vétérinaires belges de notre âge qui étaient arrivé quelques jours plus tôt. Robin Delrez, le frère de Natasha (la copine de Vinz), m’a demandé si je pouvais m’occuper un peu de ses amis/collègues. On les a donc conviés à la maison pour un curry. Ils étaient très sympas. Ils ont un working holiday visa mais compte ne rester que 3 mois bizarrement. Il y en a un qui a une promesse d’emploi et qui doit rentrer. Une autre qui a une offre et la dernière qui n’a rien de prévu et qui se voit bien rester plus longtemps. Mais bon, c’est le début de leur voyage et je ne voulais pas trop les embêter avec le fait de penser à la fin. Ils ont tous les trois un boulot rémunéré à 1H30 vers le sud dans une ferme qui commence le mois prochain. On les recroisera peut-être à l’avenir.  
Dimanche, Jamie est rentré une semaine plus tôt que prévu pour l’anniversaire de Mark. Je pense que sa famille et sa copine lui manquait de trop. Un anniversaire représente à la fois la cause du manque et l’opportunité de rentrer en grande pompe. On a fait des pâtes fraiches au pesto et des pisco en apéro. Les grands-parents étaient bien entendu de la partie. C’était chouette d’avoir les différentes histoires du voyageur. On compte l’inviter avec Bea (sa copine) à la tiny house dans la semaine et peut être aller grimper ensemble. Ils comptent aller skier deux semaines début octobre.  
Je pense que ce sera Kate qui vous écrira la semaine prochaine. Ce sera rafraichissant d’avoir un peu son point de vue. Passez une bonne semaine, bisous.  
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alexar60 · 2 years ago
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Après la fin du monde
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Lorsqu’elle se réveilla, elle ne se souvint pas s’être endormie dans un sarcophage de verre. Sa longue chevelure, ses ongles longs ainsi que son pubis touffu montraient qu’elle était ici depuis pas mal de temps. Toutefois, elle ne ressentit pas le besoin de manger.
Au milieu de cette immense salle éclairée artificiellement, elle se sentait comme la Belle au bois-dormant mais sans prince-charmant ni château. Elle respira à pleins poumons une atmosphère absolument seine.  Elle se leva et traversa avec maladresse la pièce contemplant les milliers de sarcophages, tombes ou lits ? Elle se sentait vivante.
Elle observa les autres passagers, hommes et femmes inconnus encore endormis. Elle ne savait pas combien ils étaient, tellement les couchettes étaient nombreuses. Elle remarqua quelques enfants. Leurs visages aux traits doux indiquaient qu’ils étaient heureux de dormir. En fait, chaque passager ne montrait aucun signe de stress. Ils dormaient juste…peut-être rêvaient-ils ?
Sa première réflexion fut sur son prénom, elle s’en souvenait. Elle quitta la salle en passant par deux portes qui s’écartèrent devant elle. Un long couloir aux murs blancs et lisses, se présenta. Dès lors, elle marcha ressentant une certaine chaleur imprégner la plante de ses pieds. Elle atteignit une seconde salle. Seules quelques tables et chaises blanches décoraient l’endroit. Elle s’assit et chercha à retrouver ses esprits. Elle ne se sentait pas vaseuse pour autant. Cependant, la perte de mémoire n’aidait en rien à trouver ses repères.
Après une courte pause, elle sortit par une autre porte automatique pourtant difficile à voir, à cause de sa blancheur. Elle marcha dans un nouveau corridor éclairé par des lampes invisibles. Elle atteignit enfin une nouvelle salle, occupée…cette fois-ci.
Certains faisaient du sport en courant sur des tapis roulants, d’autres se contentaient d’activité cérébrale et jouaient aux échecs ou lisaient tranquillement. Personne ne se soucia de la présence d’une nouvelle entièrement nue, en dehors d’un homme aux cheveux poivres et sels. Il posa une tablette sur la table, se leva et approcha de la jeune femme.
C’est déjà la relève ? interrogea-t-il.
Elle salua les sourires de bienvenue. Sa nudité ne dérangeait personne. Tout le monde continuait leur occupation. Néanmoins, une jeune femme aux cheveux courts l’invita à la rejoindre dans une sorte de vestibule où elle trouverait des vêtements adéquats.
La chambre blanche cachait en ses murs de nombreux placards et tiroirs rangeant une multitude de fringues. La fille aux cheveux courts proposa de l’aider. Elle accepta mais demanda avant quelques explications. Dès lors, sa future collègue se lança dans une tirade qui raviva sa mémoire.
Et la terre a finalement disparu ?
Oui, mais on peut encore la voir.
Elle observa le mur à tiroir qui se transforma en hublot ; procédé lié aux caméras filmant l’extérieur du vaisseau-station. Ses yeux obnubilés admirèrent les profondeurs de l’univers. Des milliers d’étoiles brillaient dans un noir absolu, comme des poussières sur une toile noire. Elle approcha, caressa du bout des doigts la fenêtre. L’autre fille indiqua un petit point à faible luminosité.
C’est notre soleil. Et bientôt, il va grossir comme celle-ci. Dit-elle en montrant un gros point brillant. Puis, il va s’éteindre et il ne sera plus visible d’ici une centaine d’année.
Et nous ? Où allons-nous ? demanda la réveillée.
La femme aux cheveux courts se pinça les lèvres tout en haussant les épaules. Elle poussa la vision du hublot pour ouvrir un tiroir et sortit une tenue identique à la sienne. Puis, elle l’invita à utiliser une douche dans la salle d’entretien.
Créer un nouveau monde, répondit-elle.
Alex@r60 – août 2023 – 30 jours pour écrire.
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lifextime · 24 days ago
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Chapitre #08
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SALT LAKE - STUDIO DU CENTRE VILLE
| POV Reisalin |
Je me réveillai lentement, engourdie par la chaleur laissée sur les draps. Ma main glissa sur le matelas à la recherche d’un corps familier… mais rien. Juste le vide, tiède encore, preuve qu’il n’était pas parti depuis longtemps.
Un soupir m’échappa alors que je m’étirais dans le lit, le cœur battant un peu plus vite que je ne l’aurais voulu. Une part de moi, la plus brisée, la plus méfiante, s’était attendue à se réveiller seule. Comme si tout ça n’avait été qu’un mirage, un refuge volé dans un désert de méfiance et de douleur. Pourtant, l’odeur du café qui flottait dans l’air me confirma que Luca était bien là.
J’enfilai un long t-shirt, l’un de ceux qu’il m’avait déjà vu porter mille fois et que j’avais fini par garder parce qu’ils me rassuraient. Pieds nus, je traversai le couloir en silence, redoutant encore un peu le face-à-face du lendemain. Et je le vis.
Installé dans le fauteuil du salon, tablette en main, ses doigts pianotaient d’un geste méthodique, concentré, presque froid. Il travaillait, l’air de rien, comme si la nuit passée n’avait pas bouleversé l’équilibre précaire que je m’étais efforcée de maintenir entre nous.
Et pourtant, il était là.
— «T’es matinal,» murmurai-je, la voix encore rauque de sommeil.
Il leva à peine les yeux vers moi. Un sourire léger étira ses lèvres avant qu’il ne reporte son attention sur son écran.
— «T’as dormi, c’est l’essentiel.»
J’haussai les épaules, un peu honteuse. J’aurais voulu trouver une façon élégante de lui dire ce que je ressentais. À défaut, je me contentai de soupirer en attrapant la tasse de café qu’il m’avait laissée sur la table basse.
— «Écoute… Pour hier soir… Je suis désolée. D’avoir… balancé tout ça, comme une grenade sans goupille.»
— «T’as rien à te faire pardonner, »souffla-t-il sans lever les yeux. «Je préfère mille fois ta colère que ton silence.»
Je le regardai un instant, la tasse calée entre mes mains, et je sentis quelque chose en moi se détendre. Juste un peu. Je pris une gorgée, puis une autre. Le goût du café me ramenait à quelque chose de familier. D’ancré.
—« Et donc… Hier. Après que je sois partie… Qu’est-ce que vous avez raconté ?»
Je tentais de garder un ton neutre, léger, mais il capta la tension sous mes mots. Il posa enfin sa tablette sur l’accoudoir, les yeux plongés dans les miens.
—«Rien d’explosif. Emily parlait des jumeaux, elle se plaignait gentiment de leur énergie incontrôlable. Kieran s’est moqué d’elle, comme toujours. Isée parlait bébé, encore et encore. Knox est resté calme, pour une fois. Rien que tu n’aurais pas pu gérer.»
Je hochai la tête, pensive. Il avait pris soin de ne rien dire de compromettant. Rien qui puisse me faire me sentir de trop. Et je l’en remerciai intérieurement. Mais une part de moi sentait encore cette distance. Cette barrière invisible entre moi et eux.
— «J’ai du mal, tu sais… À me sentir à nouveau à ma place. Comme si… comme si j’essayais de réapprendre à respirer dans un endroit qui n’a plus la même atmosphère.»
Il me regarda, attentif. Pas de pitié dans son regard. Juste… de la présence. De la patience.
— «Alors réapprends à ton rythme. C’est pas une course. On sera là. Moi le premier. Même quand t’auras envie de me frapper. Ou de me fuir.
Un sourire s’invita malgré moi. Léger. Fragile.
— «Tu crois que je vais redevenir comme avant ?»
Il se leva, s’approcha, prit ma tasse des mains et la posa à côté. Puis il glissa ses doigts contre ma joue, ses yeux ancrés dans les miens.
— «J’espère pas. Parce que t’es pas morte, Rei. T’as changé. Et c’est pas un mal. Ce qui compte, c’est que tu sois encore là. Que t’aies pas laissé ce qu’ils t’ont fait définir qui tu es.»
Je n’ai rien répondu. Pas tout de suite. Je n’avais pas les mots. Mais ce matin-là, quelque chose s’est fissuré. Pas dans le mauvais sens. Non. Quelque chose s’est ouvert.
Peut-être qu’au fond, malgré la peur, malgré les doutes, j’étais en train d’apprendre à revenir. Pas à ce que j’étais.
Mais à celle que je devenais.
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| POV Luca |
Je tapais les dernières lignes de mes observations sur la tablette, peaufinant une note que je comptais partager avec Kieran plus tard dans la journée. L’analyse de la carte, les points rouges des anciennes planques croisées avec les derniers mouvements suspects… on tenait une piste sérieuse. Mais il fallait la jouer fine. Ne pas griller nos chances avec une intervention précipitée.
Le silence dans le salon était confortable. Reisalin avait fini son café et elle s’était remise à feuilleter un carnet à dessin. Je l’observai du coin de l’œil, notant sans un mot les petits signes qui trahissaient un retour à une forme de normalité : sa jambe qui bougeait doucement en rythme, son air concentré quand elle pinçait ses lèvres.
Mon téléphone vibra doucement contre la table. Un message d’Isée.
« Elle va bien ? »
Je souris en coin avant de répondre :
« Fidèle à elle-même. »
Ce qui, dans notre langage, voulait tout dire. Forte. Sauvage. Imprévisible.
Un second message suivit immédiatement :
« Dis-lui que j’ai besoin d’elle pour faire les magasins cet aprem. Tu peux lui demander ? Je veux pas y aller seule. 😭 »
Je levai les yeux vers Reisalin, toujours concentrée, puis me levai lentement en m’étirant.
— «Ma sœur veut te traîner faire les magasins cet après-midi,» dis-je en posant ma main sur le dossier du canapé, juste derrière elle.
Elle leva les yeux, surprise, avant qu’un petit sourire moqueur ne vienne détendre ses traits.
—« C’est une punition pour tout ce que j’ai fait, c’est ça ?»
— «J’crois qu’elle a juste besoin de ta franchise pour l’empêcher d’acheter des horreurs, »répondis-je avec un haussement d’épaules. «Et puis… elle compte sur toi. Ça devrait te faire plaisir, non ?»
Elle haussa un sourcil, mi-amusée, mi-sceptique. Mais je voyais bien qu’elle n’était pas contre l’idée. Pas totalement.
— «J’ai jamais dit que j’aimais faire les boutiques.»
— «J’ai jamais dit que t’avais le choix.»
Elle me lança un coussin, que j’esquivai avec un sourire en coin.
— «Je dois me rendre au QG cet aprèm,» ajoutai-je. «Je rentrerai tard. Tu risques de m’avoir sur le dos qu’à la nuit tombée.»
Elle ne répondit pas, mais je perçus le changement dans son regard. Cette retenue soudaine. Cette déception camouflée qu’elle ne voulait pas me montrer.
Je m’approchai d’elle, posai une main sur sa nuque et caressai doucement la ligne de sa mâchoire.
— «Ce que je fais là-bas… c’est pas que pour moi. Tu le sais.»
Elle hocha lentement la tête. Pas besoin d’en dire plus. Pas besoin de tout déballer.
La vérité, c’est qu’on touchait enfin du doigt quelque chose de concret. Kieran avait mis la main sur une info qui faisait sens : une ancienne cargaison appartenant à Andrew, le père de Kieran, et bras droit des HELL's, avait été interceptée. Pas un hasard. Pas un coup de chance. C’était ciblé, méthodique. Et ça voulait dire que les Reapers, ou ce qu’il en restait, n’avaient pas totalement disparu.
Certains rôdaient encore dans l’ombre. Attendant leur heure. Et si on ne les dénichait pas avant… ce serait nous, la cible.
Alors oui, j’allais rentrer tard. Peut-être crevé. Peut-être avec de nouvelles cicatrices, mais tant que Reisalin pouvait sortir avec Isée pour choisir des robes ou râler contre les vitrines trop flashy, je pouvais vivre avec ça.
Parce que ça voulait dire qu’elle était encore debout.
Et ça, pour moi, c’était tout ce qui comptait.
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SALT LAKE - CENTRE VILLE
| POV Isée |
Le soleil de fin d’après-midi filtrait à travers les vitrines des magasins de la rue commerçante de Salt Lake, caressant les mannequins figés derrière le verre et les passants affairés. Moi, fidèle à mes lubies; et peut-être un peu trop optimiste; j’avais décidé de faire ce que je faisais toujours dans les moments où le monde semblait bancal : entraîner les gens que j’aimais dans un marathon de shopping.
Et aujourd’hui, c’était au tour de Reisalin.
Elle avait accepté, presque à contrecœur, mais j’avais vu l’éclair dans son regard quand elle avait refermé la porte de son studio. Ce mélange ��trange entre lassitude et soulagement. Une excuse pour s’éloigner, pour respirer, et peut-être… pour se retrouver un peu.
Je l’observais du coin de l’œil alors qu’elle passait timidement ses doigts sur les ceintres d’une enseigne à la mode. Elle portait encore ce sweat trop grand, celui qui portait la marque de Luca dans chaque couture, et des pantalons élimés qui flottaient autour de ses hanches. Elle nageait littéralement dans ses vêtements, et même si elle prétendait que c’était confortable, je n’étais pas dupe.
— «T’as perdu au moins deux tailles,» soufflai-je tout en examinant une robe fluide à bretelles.
Elle haussa les épaules, évitant soigneusement mon regard.
—« J’en ai pas besoin. J’suis très bien comme ça.»
Je fis claquer ma langue, faussement désapprobatrice.
— «On a toujours besoin de nouvelles fringues. C’est thérapeutique. Et puis… Luca m’a dit de te faire plaisir. Il paie tout, t’as pas à t’inquiéter de ça.»
Elle s’arrêta net, les yeux fixés sur l’étiquette d’un pull trop cher.
—« Il… il t’a dit ça ?»
Je hochai la tête avec un sourire espiègle.
—« Il m’a dit textuellement : “Dis-lui de se faire plaisir. Elle en a besoin. Je réglerai tout.”»
Je vis la méfiance passer dans ses yeux, cette petite étincelle de doute qui se débattait contre la possibilité que, peut-être, quelqu’un pense à elle gratuitement. Sans arrière-pensée. Je posai une main sur son épaule, légère mais ferme.
— «Et entre nous, »ajoutai-je avec un clin d’œil,« tu crois que je paie mes propres fringues ? J’ai littéralement la carte de Belz' dans mon sac. Il sait même pas ce que j’ai acheté le mois dernier. On négociera ça plus tard.»
Elle sourit. Un vrai sourire, timide mais sincère. Et j’en profitai pour glisser une jupe dans ses bras.
— «Allez, on va essayer ça. Et si t’es sage, je te laisse choisir une robe à paillettes pour mon accouchement.»
Elle éclata de rire. Un éclat discret, fragile, mais qui m’arracha un soulagement silencieux. Elle respirait encore. C’était tout ce qui comptait.
Après un rapide passage en caisse, où j’insistai lourdement pour que personne ne regarde le montant, on fit une halte dans le dernier magasin de la rue. Plus petit, plus intime. Le genre de boutique qui sentait le coton neuf et les rêves à peine éclos.
Le rayon bébé m’appela immédiatement. Mon ventre commençait à tirer, mes chevilles protestaient, mais rien ne pouvait m’empêcher de fouiller entre les petits bodies et les combinaisons ridicules avec des oreilles de lapin. J’en pris un au hasard, jaune moutarde, et le tendis à Reisalin avec un sourire.
— «Tu crois qu’il va aimer ?»
Elle le prit entre ses doigts, l’air étrangement ému.
—« Il va être gâté, ce petit.»
Je me tus un instant. Puis, naturellement, le sujet glissa.
— «Tu y penses, toi, aux enfants ?»
Elle releva la tête vers moi, ses yeux s’assombrissant d’un voile difficile à lire.
— «J’ai jamais vraiment eu le temps d’y penser… ou le luxe.»
Je hochai doucement la tête. Je comprenais. Elle n’avait jamais eu droit à la normalité. Pas même une trêve pour rêver à ce genre de choses.
—« Mais si un jour t’avais ce choix… t’y renoncerais ?»
Elle garda le silence un moment, ses doigts jouant avec la couture du petit vêtement.
— «Je sais pas si je serais capable d’aimer quelque chose comme ça… sans l’abîmer.»
J’eus le souffle coupé une seconde, avant de m’approcher et de prendre sa main dans la mienne.
—« Tu le fais déjà. T’abîmes rien. Tu te répares. Et ça, c’est déjà énorme.»
Elle acquiesça à peine, l’air ailleurs, mais je sentis qu’elle m’avait entendue.
Et pour l’instant, c’était suffisant.
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| POV Reisalin |
Je ne m’attendais pas à ce que la question me frappe avec autant de force. Elle était sortie de la bouche d’Isée comme une évidence, glissée entre deux bodies et une grenouillère trop mignonne pour être honnête.
— «Et toi, t’y penses, aux enfants ?»
J’avais hésité. Pas une de ces hésitations mignonnes, genre “je vais dire non par pudeur”, non. Une vraie. Une qui piquait. Parce que non, je n’y avais jamais pensé. Pas sérieusement. Et encore moins en me projetant avec Luca.
C’était comme si mon esprit avait refusé de poser l’image. Comme si c’était trop dangereux d’espérer, de croire qu’un futur pouvait exister. Un futur simple. Calme. Avec une table, des cris de bébé, peut-être une tache de peinture sur le mur et… nous.
J’avais inspiré doucement, espérant gagner quelques secondes. Mais Isée, elle, ne m’en laissa pas le temps. Une fois lancée, elle était impossible à arrêter.
—« Moi, j’te jure, si c’est un garçon, je veux qu’il ait les yeux de Belz'. Mais sans le regard de tueur, hein. Juste les yeux. Et s’il fait les mêmes conneries que son père, je jure que je l’enferme dans un couvent.»
Je ris malgré moi, un éclat léger, fragile, mais sincère. — «Un garçon, hein ? Et si c’est une fille ?»
Elle plissa les yeux avec un air faussement dramatique. —« Une fille, je fais un pacte avec toi. On l' élève ensemble. Elle fera les 400 coups et Belz divorcera aussi vite qu'il m'a demandé en mariage.»
Cette fois, je ne pus m’empêcher d’éclater de rire. Et étrangement… c’était agréable de l’imaginer. D’imaginer une autre version de nous, ailleurs, plus loin, là où les fantômes se tairaient enfin.
— «Je t’avoue un truc, »dis-je, un peu gênée. — «Mmm ?»
Je fixai les étagères devant moi, sans vraiment les voir. — «J’en ai jamais parlé avec Luca. J’sais même pas s’il veut des enfants, un jour. J’ai toujours cru que… ce genre de trucs, c’était pour les gens normaux.»
Isée reposa doucement une peluche dans le panier, puis tourna son visage vers moi. Son regard, clair et tranquille, me coupa le souffle.
—« Reisalin… Luca n’a d’yeux que pour toi. Tu crois qu’il te regarde comme ça juste pour le fun ? Il ferait tout pour toi. Peut-être qu’il attend que tu sois prête pour en parler. Peut-être qu’il se dit que c’est trop tôt, ou que tu vas prendre peur. Mais crois-moi, s’il t’aime, et c’est le cas, à en juger par le regard qu’il te lance même quand t’es en train d’insulter le monde, alors il voudra tout vivre avec toi. Le bon, le mauvais… et même les nuits blanches.»
Je sentis un pincement au cœur. Parce qu’au fond, je le savais. Qu’il était là, encore. Après tout. Après moi. Et que moi, malgré ma peur, malgré mes doutes, je le regardais comme on regarde la seule lumière encore allumée dans une pièce noire.
— «J’ai franchi un cap avec lui, »soufflai-je, presque à regret. «C’était… différent. Plus vrai. Mais c’est encore fragile. J’ai peur que ça casse si je respire trop fort.»
Isée sourit doucement. — «Laisse-le t’aider à le construire, ce truc entre vous. Tu n’as pas à porter tout ça seule. Et puis… t’as survécu à bien pire qu’un mec amoureux. Tu as même survécu à l'entrainement de Belzébuth, et ça c'est pas donné à tout le monde.»
Je hochai la tête. Le cœur plus lourd… et un peu plus léger, paradoxalement.
Peut-être qu’un jour, je pourrais vraiment lui parler de ça. De l’après. Du reste. Et peut-être que ce jour-là, je n’aurais plus peur de casser ce qu’on essaye, lui et moi, de réparer.
En attendant, je pris la peluche dans le panier, et je la serrai contre moi. Juste pour voir ce que ça faisait. Et je l'ai adoptée.
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EXTERIEUR DE SALT LAKE - ZONE ABANDONNEE
| POV Luca |
Le vent était sec, chargé de poussière et de tension. On avançait lentement dans cette zone industrielle désaffectée, à l’extérieur de Salt Lake. Les lieux n’étaient plus que des ruines métalliques et des silos éventrés, parfaits pour planquer quelque chose qu’on ne veut pas qu’on retrouve. Et c’était précisément notre objectif : retrouver la cargaison volée. Pas n’importe laquelle. Une livraison appartenant au père de Kieran, donc, une affaire qui ne pouvait pas être prise à la légère.
Je marchais en tête, les yeux rivés sur l’application de suivi que j’avais bricolée avec Knox. Rien de précis, rien de fiable. Mais c’était mieux que de marcher à l’aveugle.
Kieran était juste derrière moi, silencieux depuis un moment, concentré lui aussi. Jusqu’à ce qu’il finisse par ouvrir la bouche, comme s’il ne pouvait plus se retenir. — «Elle m’ignore.»
Je ne m’arrêtai pas, mais mes épaules se tendirent légèrement. —« T’as qu’à être moins con avec elle.»
Il grogna à moitié. — «Tu sais très bien pourquoi je l’étais. On n’a pas le luxe d’épargner qui que ce soit en ce moment, surtout si elle sait des choses.»
— «Elle a parlé, Kieran. Elle a craché tout ce qu’elle avait sur le cœur. Tu l’as poussée à bout, et elle a quand même tenu bon. Si ça te pose un problème qu’elle t’en veuille, t’avais qu’à réfléchir avant de la traiter comme une traîtresse.»
Je m’étais arrêté cette fois. Mon ton était calme, mais ciselé, tranchant. Il m’observa, les bras croisés, puis haussa les épaules. —« J’dis pas qu’elle a pas raison. Je veux juste savoir si elle va bien.»
Je le fixai un instant. Il avait ce regard que je lui connaissais bien, entre la fierté mal placée et la réelle inquiétude. — «Elle va bien. Elle survit comme elle peut. C’est déjà pas mal, vu ce qu’elle a traversé.»
—« Elle te parle au moins ? »insista-t-il.
Je détournai le regard, puis relançai mes pas vers l’un des containers entrouverts plus loin. — «Parfois. Quand elle a envie. Et quand elle ne me pousse pas contre un mur avec des piques acérées.»
Il eut un petit ricanement. —« Au moins, elle est fidèle à elle-même.»
— «Ouais. Sauf que maintenant, elle commence à baisser la garde. Et ça me fait plus peur que quand elle me menaçait avec une lame.»
— «T’as peur qu’elle t’échappe ?»
Je me tournai vers lui, plantant mes yeux dans les siens. —« Non. J’ai peur qu’elle arrête d’essayer. Qu’elle laisse tomber. Elle revient de loin, Kieran. Et j’ai pas envie qu’on la perde maintenant.»
Il hocha lentement la tête. Pas de sarcasme cette fois, juste un respect silencieux. — «On la perdra pas.»
Un bruit métallique attira notre attention. L’un de nos gars venait de signaler un container suspect. On se précipita vers lui, la conversation interrompue.
Mais pendant que Kieran appelait du renfort et que je vérifiais la cargaison potentielle, son regard glissa à nouveau vers moi. Je le sentais, même sans le voir. Et je savais qu’il ne pensait plus aux drogues, ni aux reapers. Il pensait à elle. À Reisalin. Comme nous tous.
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| POV Kieran |
Je continuais d’examiner les numéros de série comme si j’avais pas une foutue migraine à force de fixer cette putain de tablette depuis deux heures. Mais je tenais bon. Il fallait bien qu’un de nous garde la tête froide pendant que Luca jouait les types concentrés à moitié ailleurs. Son regard s’attardait trop souvent dans le vide, et pas le genre de vide utile, non. Celui qui te fait cogiter sur autre chose. Sur quelqu’un.
Je lâchai un soupir et m’approchai de lui, l’air faussement innocent, comme d’habitude.
— «Dis, t’as pensé à ta promesse ?»
Il leva à peine un sourcil. — «Quelle promesse ?»
— «Celle où tu jures, la main sur le cœur, que si tu la ramenais à Salt Lake, t’irais jusqu’au bout. Que t’épouserais cette foutue tête brûlée et que tu ferais pas juste "officialiser" comme un ado qui se découvre amoureux.»
Il me jeta un regard noir, mais je le connaissais. Ce regard-là, c’était pas de la colère. C’était du déni, pur et simple. Du type qui ne sait pas s’il doit fuir ou foncer.
— «T’as vraiment rien de mieux à faire que de me faire chier, Kieran ?»
— «C’est ma façon de t’aimer, frérot,» soufflai-je avec un sourire narquois. «Puis sérieux, tu veux quoi ? Qu’elle reste avec toi dans ton coin sombre, sans rien de concret ? Tu sais qu’elle est foutue pour tout ce qui est normal. Si tu veux qu’elle t’appartienne pour de vrai, tu vas devoir la convaincre qu’elle en vaut la peine. Et tu sais ce que ça demande ? Du courage. Pas juste coucher avec elle ou lui dire qu’elle est à toi.»
Il allait répondre, sûrement avec une pique bien sentie, quand un de nos gars nous interpella depuis l’entrée d’un container qu’on n’avait pas encore vérifié. Il tenait sa tablette à la main, l’écran affichant un détail que je n’avais pas vu venir.
Luca s’approcha, fronça les sourcils. — «C’est quoi ça ?»
Le gars tendit la tablette. — «Regardez le bordereau. Le nom de l’expéditeur, c’est... Warde.»
Je m’approchai à mon tour, relisant l’info.
Warde.
Un frisson me traversa la colonne.
— «Warde, genre... comme Reisalin Warde ?»
Luca se figea. Son visage changea. Lentement. Presque imperceptiblement, mais je le vis. Son regard se durcit, ses mâchoires se crispèrent. Il prit la tablette, l’examina à nouveau.
— «C’est pas possible...»
Je ne dis rien, mais intérieurement, je savais qu’on venait d’ouvrir une autre porte. Un truc plus vieux. Plus profond. Plus dangereux. Parce que si ce nom-là était associé à la cargaison... alors il ne s’agissait plus seulement de drogue volée.
Il s’agissait de son passé. De son histoire. Et, potentiellement, de tout ce qu’elle n’avait jamais osé nous dire.
Je lançai un regard à Luca. — «T’as pas encore épousé un putain de paquet de problèmes. Mais là, mon gars… t’as peut-être ouvert une boîte de Pandore.»
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