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Dans les territoires ultramarins, une population en colère exclue du progrès
La France a fortement bénéficié d’avoir conquis des territoires ultramarins. Les bénéfices majeurs sont la culture du sucre et la sécurisation des routes maritimes. En effet, la marine avait besoin de ports sûrs pour faire escale. Ces bénéfices se sont évaporés à la fin du XIXe siècle avec le développement du sucre à partir de betterave et l’arrivée des moteurs diesel qui font que les bateaux n’ont plus besoin de faire escale ainsi que l’abolition de l’esclavage. Ces territoires coûtent à la métropole depuis 1946.
La Nouvelle-Calédonie recèle 30% du Nickel mondial. Les Antilles et la Réunion et Mayotte apportent des minéraux et des fruits exotiques. Cela ne rapporte pas autant que cela coûte: 16,7 milliards d’euros par an.
Combien coûte l’Outre-Mer à la France – Les Echos: https://www.lesechos.fr/2009/03/combien-coute-loutre-mer-a-la-france-1081771
Depuis 1946, les autorités françaises ont proposé des évolutions réglementaires ou des référendum pour éloigner ou donner l’indépendance à ces territoires.
Évolution institutionnelle et statutaire outre-mer : chronologie – Vie Publique: https://www.vie-publique.fr/eclairage/19621-evolution-institutionnelle-et-statutaire-outre-mer-chronologie
L’Etat français a permis aux indépendantistes d’être sur-représentés en limitant le droit de vote des métropolitains qui se sont installés dans ces territoires avec les lois et les rois coutumiers. Mayotte n’avait pas d’état civil ni de cadastre.
Malgré cela, le choix de la population a toujours été d’aligner les territoires ultramarins sur les départements français.
Le racisme a une composante identitaire et une composante économique. Le racisme identitaire a surtout lieu en métropole. Le racisme économique servait à justifier le travail des Noirs avec de moindres salaires et de moindres conditions de travail.
Rester Français leur permet de bénéficier de la sécurité sociale, l’éducation et de bonnes conditions de travail.
Par exemple, la Papouasie Nouvelle-Guinée traite très mal ses employés.
Depuis le milieu des années 1970, s’est développée la violence. La création d’un Etat providence en France aide financièrement ceux qui en ont besoin. Les politiciens au pouvoir ont soutenu la création d’énormes monopoles économiques en Outre-mer. Ce sont des sociétés qui ont augmenté leurs prix ce qui leur a permis de racheter les plus petits. Leurs profits énormes leur ont permis de financer les partis politiques et des soudoyer les dirigeants en métropole pour obtenir l’octroi de mer. Cela empêche les citoyens de se fournir chez leurs voisins et les oblige à importer de la métropole via les sociétés qui ont le monopole et font les prix. Entre 1999 et 2009, les prix ont augmenté de 60% en Outre-mer. L’Etat Providence vient amener de l’argent public pour que les gens puissent suivre cette hausse artificielle des prix. C’est de l’argent public qui va dans ces monopoles. Il y a 40% de plus de fonctionnaires en Outre-Mer qu’en métropole. Ils sont payés 53% de plus qu’en métropole pour suivre les prix élevés. Cela crée une population où tout le monde veut devenir fonctionnaire pour éviter la pauvreté. Cela devient essentiel d’être fonctionnaire et les gens sont prêts à tout pour le devenir: cela favorise la corruption et les mauvaises conditions de travail. Créer une entreprise, payer un loyer ou acheter des biens est impossible car tout est trop cher. Cela crée beaucoup de pauvreté chez les non-fonctionnaires. Les collectivités locales d’Outre-mer n’ont pas de revenus (leurs revenus proviennent de fonctionnaires ou de pauvres). A Mayotte il y a eu 83 cas de choléra dûs au manque d’égouts et d’eau potable.
Les violences aux Antilles en 2009, les violences en Nouvelle-Calédonie en 2024 entre autres, correspondent à des situations insurrectionnelles. Ils ne réclament pas l’indépendance mais la fin de ces monopoles. Ils veulent du pouvoir d’achat. Ils sont exclus du progrès social: l’accès à l’eau, au logement, la santé. Envoyer les gendarmes et des véhicules blindés ne règle pas le problème. Il faut envoyer de l’eau et du progrès social.
Il faut détruire ces monopoles, abolir l’octroi de mer. Il faut instaurer le contrôle des prix. Il faut limiter la taille et la richesse des entreprises. Il faut arrêter l’Etat Providence qui permet leur enrichissement.
Outre-mer : des monopoles, encore et toujours – Entreprendre: https://www.entreprendre.fr/outre-mer-des-monopoles-encore-et-toujours/
Pourquoi la vie est si chère en Polynésie française – Ouest France: https://www.ouest-france.fr/economie/pourquoi-la-vie-est-si-chere-en-polynesie-francaise-c6189582-4182-11ee-98ae-b84efb2cf398
Nouvelle-Calédonie : plus de 600 gendarmes déployés à Nouméa pour reprendre le contrôle – France 24: https://youtu.be/kqVdq9DlXxI?si=stso9ZH_ihew6Un-
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En Nouvelle Calédonie, 10 000 personnes vivent dans des squats – France 24: https://youtu.be/55Kya2owdMU?si=T7B168rBdUEFAfY6
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Police, Armée: https://www.aurianneor.org/police-armee-manif-des-policiers-je-suis-gilet/
Le prix plafond et le prix plancher: https://www.aurianneor.org/le-prix-plafond-et-le-prix-plancher/
Limiter la richesse individuelle: https://www.aurianneor.org/limiter-la-richesse-individuelle/
#Antilles#aurianneor#colonie#département#domtom#économie#éducation#étatprovidence#fonctionnaires#français#gendarmes#giletsjaunes#identitaire#indépendantistes#insurrection#Mayotte#monopole#nouvellecaledonie#OctroiDeMer#outremer#monopoles#pauvreté#Polynésie#pouvoirdachat#prix#progressocial#racisme#richesse#sécuritésociale#sucre
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Je n’irai pas à la marche parisienne « Contre le racisme » du 22 mars
…fut-elle internationale, car j’estime qu’aucune « gauche » politique ne représente quoi que ce soit aujourd’hui en tant qu’organisation politique du prolétariat (même la CGT présente ne parvient plus à syndiquer grand monde depuis des dizaines d’années maintenant, c’est un record historique !), que ce soit au nom du réformisme ou prétendument d’idéaux plus « radicaux », et que se rabattre sur le champ de l’ « antifascisme » est malhônnête de leur part, et par ailleurs aura plus comme effet de radicaliser à droite qu’à unir le prolétariat et le salariat en général contre l’extrême droite et les idées réactionnaires montantes en Europe (ce qui urge)… mais pourquoi en est-il ainsi ? Précisément parce que ce qu’on appelle « la gauche » ne parvient plus à organiser du tout, et surtout à convaincre la classe ouvrière ! Et il faudrait marcher à ses côtés et par là l’appuyer dans cette logique opportuniste et son aveuglement apparent, de rattrapage in-extremis, qui n’aura comme effet que de la confirmer dans son “erreur”, pour qu’elle sombre toujours plus dans la politique-spectacle-politicienne et l’aventurisme à tendance clientéliste, espérant tirer de toute cette mascarade des positions… de quel genre ? La gauche PS-LFI-LE-NPA… ne tient plus en effet essentiellement que comme “bouclier” électoral depuis là fin des années 80, face à un FN-RN toujours plus menaçant, sans même se préoccuper de représenter un mouvement ouvrier presque mort.
Tout est à reconstruire pour et par une classe qui ne croit plus en sa puissance historique, ce dont tous ces politicards se moquent, et je ne crois pas que cela sera exprimé par de quelconques présents, qu’ils soient encartés ou pas, ce n’est malheureusement plus dans l’air du temps d’une époque d’abrutissement généralisé comme la nôtre...
Je souhaite cependant que cette manif ait un certain retentissement contre les idées d’extrême droite à travers l’Europe et au-delà, et même si ça peut sembler illogique, ce ne l’est pas vraiment à mon sens.
#manifestation 22 mars#racisme#xénophobie#réalité#politique#clientélisme#antisémitisme#intégrisme#religion#gauche#droite#classe ouvrière#illusion#hypnose#réaction#identitaire#néo-féminisme#mensonge#FN#RN#LFI#PS#LE#spectacle#simulacre#Marx#Lénine#Trotsky#Debord#Baudrillard
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Ça va sans dire que le « Front Populaire » peut aller se faire foutre.
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Invisible Man de Ralph Ellison : une critique sociale qui éclaire l'expérience noire américaine
Gordon Parks, Untitled (Harlem, New York), from the series “A Man Becomes Invisible”, 1952. Homme invisible, pour qui chantes-tu ? (Invisible Man, en version originale) de Ralph Ellison, publié en 1952, est un roman phare de la littérature afro-américaine du XXe siècle. Il a été salué dès sa parution pour sa richesse littéraire et sa force politique. Il a influencé une génération d’écrivains…
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🔥 Et si ce n’était pas la vie qui te bloquait, mais ce que tu crois sur toi-même ? Tu sais, ces petites phrases en boucle dans ta tête : « Je ne suis pas assez… » « Je dois tout gérer seule… » « Je n’y arriverai jamais… » 💥 Il est temps de les démasquer. De reprendre ton pouvoir. De dépasser tes limites. Dans cette interview vibrante avec Laëtitia Mathis, kinésiologue, on explore : ✨ Pourquoi ces blocages sont ancrés si profondément ✨ Comment le corps garde la mémoire de tes blessures ✨ Et surtout, comment t’en libérer concrètement (avec des outils validés !) ➡️ Clique ici pour lire l’article complet ! 🎧 + Bonus : la vidéo YouTube et le podcast sont dispos dans l’article si tu préfères écouter 🌿 #dépasserseslimites #kinésiologie #oserêtresoi #syndromedelimposteur #libérationémotionnelle #dépassersesblocages
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« Dzayar Tsamurt Umazigh » : Le Cri Amazigh de Takfarinas pour l'Algérie !
#youtube#🎤 « Dzayar Tsamurt Umazigh » – Takfarinas Une chanson qui transcende la musique pour devenir un cri de justice culturelle et identitaire. D
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L’Effacement de Karim Moussaoui : un film coup de poing sur l’héritage, le silence et la disparition de soi
Avec L’Effacement, Karim Moussaoui signe un drame aussi intime qu’implacable, portrait d’un homme littéralement dissous dans l’ombre de son père. Entre réalisme social et vertige fantastique, ce film hypnotique frappe fort et juste, porté par une mise en scène chirurgicale et un acteur habité. Continue reading L’Effacement de Karim Moussaoui : un film coup de poing sur l’héritage, le silence et…
#analyse du personnage de Reda dans L’Effacement#critique du film L’Effacement Karim Moussaoui#explication du miroir et de l’effacement dans le film L’Effacement#film franco-algérien L’Effacement critique complète#film sur les tensions père-fils et effacement identitaire#Karim Moussaoui patriarcat et transmission familiale#L&039;effacement avis#que signifie la disparition du reflet dans L’Effacement#Sammy Lechea acteur principal L’Effacement avis#scène militaire film L’Effacement plan-séquence#Zar Amir rôle Malika film L’Effacement
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L’Effacement de Karim Moussaoui : un film coup de poing sur l’héritage, le silence et la disparition de soi
Avec L’Effacement, Karim Moussaoui signe un drame aussi intime qu’implacable, portrait d’un homme littéralement dissous dans l’ombre de son père. Entre réalisme social et vertige fantastique, ce film hypnotique frappe fort et juste, porté par une mise en scène chirurgicale et un acteur habité. Continue reading L’Effacement de Karim Moussaoui : un film coup de poing sur l’héritage, le silence et…
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Corse : deux Nationalismes en concurrence. Le régional et le national
Le 30 Juin 2024, pour la 1ère fois, la Corse porte des candidats d’Extrême-Droite au second tour des Législatives. Le RN est en tête dans deux circonscriptions sur quatre. Un coup pour les « nationalistes » corses. Les « natios » nationaux chassent-ils sur les terres des « natios » régionaux ? Concurrence ou changement de paradigme politique ?
Samedi 06 Juillet 2024 Alain VERDI
Une progression, très forte, de l’Extrême-Droite
Comme sur l’ensemble de la France métropolitaine, les observateurs s’attendaient en Corse à une progression de l’Extrême-Droite, pour les élections législatives anticipées de Juin-Juillet 2024, consécutives à la dissolution décidée par le Président de la République, le 9 juin, suite au score du RN aux élections européennes ce même jour.
Pour ce scrutin européen, les électeurs français avaient placé la liste de Jordan Bardella (Rassemblement National) en pole position, avec 31, 36% des suffrages.
Le RN était arrivé en tête dans l’île, avec un score encore plus élevé, de 40,8%. S’il on ajoute les 8, 4% de l’autre liste d’Extrême-Droite Reconquête, les suffrages insulaires se sont portés pour moitié sur l’Extrême Droite.
Ce résultat, des européennes, vient confirmer la poussée de ce mouvement dans l’île. Au second tour des présidentielles (24/04/2022) Marine Le Pen arrivait en tête, en Corse, avec 58, 08% (41, 45% au niveau national).

L’ampleur des résultats surprend observateurs et monde politique. Les conséquences électorales sont fortes :
-Dans la 1ère circonscription de Corse du Sud, « une inconnue du public », Ariane Quarena (RN) arrive en tête (31,2%), devant le député sortant (Horizon) Laurent Marcangeli (30, 7%), avec 1466 voix d’avance. Romain Colonna, le candidat nationaliste (Femu a Corsica) est éliminé.
-2ème circonscription de C. du Sud : François Filoni (RN) vire en tête (35,1%), avec 3352 voix d’avance sur le député sortant, Paul-André Colombani (Partitu di a Nazione Corsa).
-1ère circonscription de Haute Corse : le député sortant Michel Castellani (Femu) est en tête (31,74%) devant un autre RN « inconnu du public », Jean-Michel Marchal (28,8%), avec 1107 voix d’avance.
-2ème circonscription de Hte Corse : le sortant Jean-Félix Acquaviva (Femu) est second (28,63%), derrière François-Xavier Ciccoli (DVD) qui obtient 34,05%, une autre « inconnue du public », Sylvie Jouart (RN) est qualifiée avec 25,42%.
Cette circonscription ne connaîtra pas, finalement, de triangulaire. S. Jouart se retire et apporte son soutien à F. X. Ciccoli. Les accusations « d’entente » fusent. Le candidat Divers Droite dément et dit vouloir siéger avec Les Républicains, en cas de victoire le 7 Juillet. Affaire à suivre.
Poussée de l’Extrême Droite en Corse, premiers enseignements
Au moins deux des trois députés « nationalistes » sortants sont en difficulté, à l’aube du second tour. Le Président de l’Exécutif de l’Assemblée de Corse, Gilles Simeoni, ne s’y trompe pas : « En tant que nationaliste et démocrate, c’est une défaite » (Corse Matin 1er Juillet). G. Simeoni ajoute : « En Corse (…) nous soutenons ceux qui se présentent contre le RN : Laurent Marcangeli et P. André Colombani ». A ma connaissance, c’est la première fois qu’une personnalité « nationaliste » soutient une personnalité candidate de la classe politique dite « traditionnelle ».
L’un des constats est que les « nationalistes » corses sont passés d’une position offensive, à une situation sur la défensive. Jusqu’au milieu des années 90, les observateurs politiques considéraient que les « natios » régionaux fixaient le vote d’Extrême-Droite et constituaient ainsi un barrage contre le Front National. Les scores de ce parti restaient limités, dans l’île, à l’exception des élections européennes. Les scrutins européens étaient souvent vus comme des votes « défouloirs ». Considérées, à tort ou à raison, comme sans enjeux locaux, les européennes voyaient une partie de l’électorat se « défouler », luxe qui lui était quasiment interdit dans des élections à enjeux importants au niveau insulaire (Législatives, Conseils Généraux, municipales et même Présidentielles).
Ainsi, en 1984, J. Marie Le Pen fait une percée aux européennes en frôlant les 11% au niveau national et atteint les 22% à Ajaccio, « record national ».
Le « barrage » des nationalistes corses, face au FN, est aussi constitué en amont. Ainsi, en 1992, J. M. Le Pen est quasiment interdit de territoire en Corse. Voir, plus-loin « De 1992 à 2012 : de l’interdiction du père, à la compréhension pour la fille ».

[1]Incidents 1992 contre la venue de J. Marie Le Pen - 1992
[2] Libération Marine Le Pen fait corps avec «l'âme corse »
On peut considérer qu’il existe un « tournant » dans la position du FN, face au thème de l’identité nationaliste corse, en 2007, sous l’impulsion d’un responsable de ce parti, Olivier Martinelli. Dans ses positions idéologiques, le FN passe d’un antinationalisme corse à une « fusion » entre identité nationale et identité locale. Le résultat est rapidement visible : un sondage, paru dans le magazine Corsica, le 4 Avril 2007, montre qu’un sympathisant nationaliste sur trois se déclare prêt à voter en faveur de J. M. Le Pen, au 1er tour des Présidentielles. Déjà les prémices des scrutins suivants.
La concurrence électorale, dans une région économiquement pauvre
Pour les observateurs, il existe plusieurs lectures à l’opposition entre « natios » régionaux et « natios » nationaux.
.D’abord, les attaques « contre le fascisme » émanent, principalement de la branche indépendantiste du « nationalisme » insulaire. Les indépendantistes sont souvent classés plus à gauche. Sur les subtilités au sein de la mouvance « nationaliste » insulaire, on peut lire « Le nationalisme dans la Corse contemporaine » de Thierry Dominici (enseignant université de Bordeaux. Revue Pôle Sud (2004).
.Ensuite, il y a la question de la concurrence politique dans un même « panel » sociologique. La Corse est petite et sa population limitée, autour de 350 000 habitants. L’analyse de la population (démographie, économie…), aide à comprendre les comportements électoraux.
-L’observation de la démographie est significative. « La population augmente en moyenne de 1,0 % par an, soit la croissance la plus dynamique des régions métropolitaines (+0,3 % en moyenne nationale) » [INSEE données 2015-2021].
Cette évolution est due exclusivement au solde migratoire, le solde naturel étant très légèrement négatif sur l’île entre 2015 et 2021. En Corse, la fécondité est la plus faible de France métropolitaine (1,37 enfant par femme en 2022) et la population est la plus vieillissante (117 personnes de 65 ans ou plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans en 2020), 3 hab. sur 10 ont 60 ans ou plus. Le vieillissement rejoint une autre donnée, la pauvreté : en Corse, « un tiers des revenus des ménages pauvres est composé des pensions et des retraites » [INSEE].
Le niveau de vie insulaire présente un certain nombre de particularités : l’île est la région la plus pauvre de France métropolitaine. C’est également une région où se trouvent les revenus parmi les plus faibles. A cela, il faut ajouter un haut niveau d’inégalité de revenus et d’inégalités selon les régions de l’île.

L’observation de ces données socio-économiques peut expliquer la nature de la concurrence politique sur une population faible démographiquement et socialement. Ces données peuvent aussi aider à comprendre un certain « glissement » d’une partie de la population vers l’offre politique d’Extrême-Droite, par peur d’un déclassement. Nous reviendrons, en fin d’article, sur cette notion de « déclassement » qui semble avoir une importance plus grande que celle accordée par les médias.
De l’identité au racisme, il n’y a qu’un pas
Les actions et incidents racistes qui touchent la Corse, comme d’autres régions de France métropolitaine, sont-ils à mettre en lien avec l’identité exprimée par le « nationalisme » corse ? La sociologue Marie Peretti-Ndiaye de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) répond par une autre question : « Le racisme présent en Corse peut-il être perçu comme découlant en grande partie d’une histoire socio-politique tourmentée, très liée aux évolutions contemporaines de la nation française et aux discours portés par ses institutions ?».
En 2003, la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme présente un chapitre sévère sur les actes racistes, commis en Corse, dans son rapport national : « La lutte contre le racisme et la xénophobie. 2002 ». In Rapport de la commission nationale consultative des droits de l’homme. Chapitre « Les actions en Corse » P. 42 à P. 49. Ce rapport déclenche une levée de boucliers dans l’île. Pour sa part, la sociologue Marie Peretti-Ndiaye estime que : « Un certain nombre d’acteurs politiques de l’île, évoqués dans le débat public sous le qualificatif « nationalistes », ont été cités, nous l’avons vu, par différents rapports de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Hommes. Mais le racisme présent en Corse ne peut pas être imputé de façon aussi systématique à l’idéologie véhiculée par ces acteurs ». Pour réfléchir aux thèmes : racisme en Corse et nationalisme, nous pouvons nous référer au travail de la sociologue Marie Peretti-Ndiaye, intitulé « La Corse, une figure rhétorique du racisme ».

Sans rentrer dans des exemples, il faut comprendre ici le terme racisme comme un rejet des personnes « exogènes », quelles que soient leurs provenances. L’île est la 3ème région de France métropolitaine accueillant le plus d’immigrés (33 600), soit 9,9% de la population globale (INSSE 2018). La communauté marocaine demeure majoritaire (29,1%), chez les immigrés, soit environ 10 000 personnes. Une part qui régresse, elle était de 42% en 1999. Aujourd’hui les nouveaux flux d’immigration sont, majoritairement, d’origine européenne. Principalement du Portugal (23%) et d’Italie (12%), pour ce qui concerne les personnes d’origine étrangère.
La majorité des personnes arrivant en Corse, sont d’origine française. Les données 2020 du recensement, nous apprennent que 12% des personnes arrivées sont étrangères. Parmi elles, 3,5% vivaient sur le continent français, 4,5% dans l’UE et 4% hors UE. Donc 88% des nouveaux arrivants, en 2020, sont de nationalité française.
Nous avons vu, dans un chapitre plus haut, «la concurrence électorale dans une région économiquement pauvre » que la progression de la population de l’île tient au solde migratoire positif. Marie Peretti-Ndiaye peut affirmer, sans crainte de se tromper : « L’idée selon laquelle le départ des Corses et l’arrivée de nouveaux venus engendre une perte en termes de culture et d’identité est ici d’importance ».
La mise en avant permanente de l’identité par les « natios » régionaux, peut-elle expliquer un glissement vers les « natios » nationaux et leur thème de « l’immigration zéro » omniprésent?
"Le nationalisme corse revendique une forme identitaire" c’est ce qu’explique le géographe Joseph Martinetti, suite au score de Marine Le Pen, aux Présidentielles en Corse. In Challenges 26/04/2022. Ce journal en déduit que le nationalisme corse : « (…) partage donc parfois des références avec l'extrême-droite ».
Plusieurs fois, les responsables des partis « nationalistes » insulaires se sont expliqués sur ce thème. Notamment lors des manifestations racistes qui ont touché l’île en Décembre 2015. « Le nationalisme corse est totalement aux antipodes de tous les phénomènes de racisme, de xénophobie ou d'exclusion » (Le Point 28/12/2015).
Un écart semble se dessiner entre les positions des leaders « nationalistes » insulaires et une partie de l’électorat des « natios » régionaux. A la lecture des résultats de différents scrutins, commune par commune, il est évident qu’une partie de l’électorat « natios » régional, vote Extrême-Droite, lors de scrutins nationaux. Suite aux scores élevés du RN aux Présidentielles de 2022, Le site Le Grand Continent s’interroge : « D’où vient le vote Le Pen en Corse » (15 Mai 2022), mais aucune réponse définitive n’émerge.
Sur le « double vote » d’une partie de l’électorat « natios » régional, l’universitaire André Fazi pense que : « Quelques milliers usent de ce double vote parce qu’ils ont des préoccupations identitaires très fortes, qui pensent que ces préoccupations sont mieux défendues par les nationalistes au niveau local et plus par la Droite radicale au niveau national ». (RCFM 11 Juin 2024). Oui, seulement voilà, les Législatives anticipées ont confirmé et renforcé les résultats des Présidentielles (2022) et des Européennes (Juin 2024). Des candidats RN, inconnus, ont dépassé des élus sortants. Est-ce un « coup de chaud » conjoncturel où un glissement structurel d’une partie importante du corps électoral ? L’île semble n’avoir jamais connu un tel scénario. Il est encore trop tôt pour répondre avec certitude. Cependant, d’autres éléments de réponse apparaissent. Notamment, avec l’arrivée d’une nouvelle donne dans le paysage politique côté nationalistes insulaires, le mouvement Palatinu, dont le dirigeant Nicolas Battini estime que : « Les nationalistes corses arrivent à la fin d’un cycle ». De fait, Palatinu, qui se veut une association portée sur « l’Histoire et « l’identitaire », a présenté des candidats au Législatives, dans trois circonscriptions. Ce nouveau mouvement fait, indéniablement, le lien entre les « natios » régionaux et les « natios » nationaux du moins au niveau de certaines déclarations. A propos du vote RN de Juin dernier et des consignes de vote pour le second tour, N. Battini n’a pas de tabous : « Nous laissons ainsi nos électeurs libres de leur choix et dénonçons vivement les discours totalitaires qui tendent à culpabiliser les Corses en raison de leur comportement électoral. Nos compatriotes qui ont décidé de soutenir le Rassemblement National n'ont pas à être criminalisés ou vilipendés, mais compris et considérés. ». In site Corse Net Info (4 Juillet 2024). Toujours l’obsession identitaire, au niveau régional et national. Et pourtant.
Le poids de l’identitaire dans le discours politique national et régional
« D’où vient l’obsession identitaire de la politique française ? » C’est la question que pose l’historien Mathias Bernard (Université de Clermont Auvergne) ? InThe conversation en ligne (31 Janv. 2022). Il observe que la Gauche n’échappe pas à l’attraction de l’identité même si, ces derniers temps, c’est un thème qui est presque entièrement pris en compte par les partis d’Extrême-Droite. Cette dimension identitaire du débat politique peut expliquer, en partie, les résultats du scrutin du 30 Juin 2024.
Visiblement, la Corse n’échappe pas à cette « obsession identitaire ». Mais, dans ce cas, on peut parler de double identité.
Ce qui est notable, c’est la contradiction apparente, entre un vote «natio » national aux législatives et aux Présidentielles et un vote « natio » régional aux élections territoriales et dans certaines municipales. L’attitude de l’électorat, au prochain scrutin territorial nous dira si ce dédoublement se confirme ou bien si nous assistons à une « fusion ». C’est la grande question des prochains mois.

Comment comprendre cette fusion/confusion entre « natios » régionaux et nationaux ? Thierry Dominici, chercheur à l’université de Bordeaux estime que : « Le nationalisme corse pendant des années a été le moteur de la mobilisation sur l’île. Et depuis qu’il est aux manettes du pouvoir -c'est-à-dire depuis qu’il est passé dans le nationalisme majoritaire- il ne pouvait pas occuper l’espace public ». Toujours selon T. Dominici : ce constat a permis au « nationalisme banal français (…), de s’insérer dans le jeu politique ». Entretien à RCFM (Radio France) 3 Juillet 2024.
Du coup, quid du processus de discussion, avec l’État, autour du thème de l’autonomie de la Corse ? T. Dominici ne croit pas que ces résultats des Législatives puissent stopper le processus de décentralisation. « Sauf si le RN obtient une majorité absolue à l’Assemblé Nationale », entretien avec l’auteur le 5 Juillet 2024. L’universitaire poursuit : « En fait, l’obstacle c’est la politisation d’un problème qui est autant administratif qu’institutionnel (le débat sur le « processus » NDLR). Le gouvernement peut faire que la Corse ait plus d’autonomie, sans reconnaître le peuple et la langue ou la culture corse. Ce serait un échec du nationalisme, mais ce peut être une réussite du processus de décentralisation ».
Une forte décentralisation sans obsession identitaire. Est-ce vraiment possible ? Pour l’instant cette solution émane d’un certain nombre d’intellectuels, mais il ne se trouve aucun mouvement politique pour la mettre en avant. Le climat politique actuel semble plutôt tourné vers l’exacerbation des identités.
Un dernier aspect et non des moindres, occupe les esprits. Il s’agit de la peur des déclassements sociaux, économiques, géographiques… Ces différentes craintes sont soudées par un ciment : l’identité. Du coup, il est plus facile pour les observateurs (médias, universitaires…) et pour les acteurs (politiques, et entrepreneurs) de parler du concept d’identité que d’aborder le contenu de ces peurs.
Le ciment : la peur du déclassement. La Corse, une région… périphérique
Que ce soit dans l’ensemble de la France ou bien en Corse, un sentiment semble dominer dans une partie de la population : la peur d’être « largué ».
Au niveau national, les articles, recherches et autres rapports se multiplient autour du thème des « zones périphériques ». Cette « périphérie » peut être géographique et/ou sociale. (Zones rurales, quartiers « défavorisés »…). Les débats sur les « clivages » se multiplient : villes contre campagnes, quartiers « riches », contre banlieues pauvres, métropoles riches contre territoires oubliés.
Toute une novlangue se développe autour d’un thème pourtant ancien : favorisés contre défavorisés. Une redécouverte des fractures sociales à l’intérieur des fractures territoriales. Ce regard entre un « centre » développé et une « périphérie » délaissée par des choix étatiques est présenté par le géographe Christophe Guilly, dans son livre « La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires » 2014 (Flammarion). Cette façon de présenter les déséquilibres sociaux/géographiques est remise en question par Laurent Davezies, spécialiste de l’économie et du développement des territoires au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), dans son ouvrage « L’État a toujours soutenu ses territoires » 2021 (Seuil).
Un tel débat mérite une enquête faisant la synthèse entre les réalités « périphériques » et le travail de l’État. Pour notre part, il serait déjà bien de comprendre si la Corse est une « périphérie » ou bien encore une « banlieue défavorisée », avec les symptômes, connus, de ce genre de zone.
Une série d’éléments, en Corse, nous entraine vers la théorie de la « banlieue » : pauvreté, faible niveau de formation, zone de « non droit », isolement géographique à l’interne et vers l’extérieur… liste non exhaustive. Pour Stéphane Guilly « la question qui obsède les Corses est celle qui hante la France périphérique ». In Le Figaro 14 Décembre 2017. Cette peur d’un déclassement explique-t-elle la prégnance d’un vote « nationaliste » ? Pour C. Guilly la « question identitaire » est réelle, mais il ne faut pas oublier « les fondamentaux démographiques ». Le géographe poursuit, en estimant : « qu’il y a aujourd’hui, partout dans le monde occidental, un problème de représentation politique. Les électeurs se servent des indépendantismes (…) pour dire autre chose ».
La Corse, une « périphérie » économique et sociale, les indicateurs nous le rappellent depuis très longtemps. L’île est-elle en train de devenir une « périphérie » politique ? Il est trop tôt pour répondre avec certitude. En tout cas les états-majors des partis politiques, notamment chez les « natios » régionaux, se la posent.
Désormais, « La société corse s’est alignée sur la France » c’était l’avis du sociologue insulaire, Georges Ravis-Giordani (Corse Matin 30 Janvier 2017). Il s’interrogeait sur les revendications identitaires : « «Elles sont cependant plus idéologiques que sociologiques. Parce que sur le plan des mœurs, de l'alimentation, de l'éducation, il n'y a finalement pas tellement de différences ». Encore faut-il que l’accès à cette « sociologie » soit accessible au plus grand nombre. Au niveau national et international, l’avenir est à un monde plus inégalitaire, c’est un ancien banquier d’origine corse, Charles Henri Filippi, qui le dit. Il a siégé à la première assemblée de Corse, en 1982 et son père a été sénateur (MRG) de la Corse (1955-1958).
La Corse colle bien au tableau, c’est une des régions les plus inégalitaires sur le plan des revenus. Cette inégalité est également géographique, entre différentes micro-régions de l’île.
Le 30 Juin dernier, les électeurs insulaires ont-ils exprimé la volonté de défendre une identité ou bien une demande de mise à niveau ? Ces deux points peuvent-ils « fusionner » ou bien sont-ils incompatibles ? Les hommes politiques insulaires et l’État ont eu des décennies pour trouver la réponse, pour l’instant en vain.
Les électeurs ont, désormais, peu de temps pour répondre à des questions aussi difficiles.
Ajaccio le 6 Juillet 2024
Liens vers articles et revues
"Absolument fou de penser que tous les nationalistes corses votent pour le RN aux élections nationales", André Fazi. RCFM (Radio France) 11 Juin 2024
La Corse, une figure rhétorique du racisme. Marie Peretti-Ndiaye. .Revue Terra-HN (Mai 2008)
Entretien Christophe Guilly, géographe : « La question qui obsède les corses est celle qui hante la France périphérique » . Le Figaro 14 Dec. 2017
Corse: quelle économie pour une autonomie? Alain Verdi Blog Mediapart (5 Avril 2022)
Corse : données INSEE « l’essentiel »
Le même article peut être lu sur le blog de mediapart
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Des boulettes…
Le comédien Nicolas Michon et la poétesse Joséphine Bacon réinventent le pâté chinois traditionnel à leur façon. Ils en profitent aussi pour discuter des problèmes identitaires auxquelles ils ont dû faire face au courant de leur vie et de leur cheminement respectif. Nicolas Michon et Joséphine Bacon discutent d’identité | Aux petits oignons
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Depuis des années je dénonce le néo-féminisme, l’identitaire tous azimuth, et la facticité totale du politique aujourd’hui et voilà le résultat :
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#démocratie#loi#discrimination#nicolas sarkozy#néo-féminisme#antisémitisme#LFI#PS#fascisme#multiforme#identitaire#classe#division#spectacle#simulacre#iran#femmes#Hamas#viol#mensonge#Polanski#Strauss-Kahn#sélectivité#façade#religion
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Je veux pas faire mon militant d'extrême-gauche mais ça serait déjà super si la police parisienne arrêtait de se comporter comme une milice de skins armée et sanctionnée par le ministère de l'intérieur et par le président...
Purée j’en peux plus des images d’émeutes mais ce pays est très sérieusement en train de partir en vrille
#sans mettre de côté ce que font les mecs de banlieue#Mais je fais pas confiance à génération identitaire en uniforme pour régler quoi que ce soit#ils adorent cette situation
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🏴☠️ Le 21 mai 2013, à 16 heures, un coup de feu retentit au cœur de Paris et résonna dans toute l’Europe.
Alors que tant d’hommes se font les esclaves de leur vie, mon geste incarne une éthique de la volonté…
Je m’insurge contre la fatalité. Je m’insurge contre les poisons de l’âme et contre les désirs individuels envahissants qui détruisent nos ancrages identitaires et notamment la famille, socle intime de notre civilisation multimillénaire.
Alors que je défends l’identité de tous les peuples chez eux, je m’insurge aussi contre le crime visant au remplacement de nos populations.
Dominique Venner 1935 - 2013.
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good article about the new immigration law project in france. tldr: it would emphasize primacy of national french law over international law, reference an undefined "French identity" and guarantee a "national priority" which would uphold french (understand white and catholic) citizens over everyone else.
don't think I agree with the framework of the fifth republic being in shambles and under threat as if this was a new, unpredicted development, but anyway.
behind paywall but full article under the cut:
C’est un texte trop peu remarqué et commenté. Il a été déposé à la présidence de l’Assemblée nationale par Marine Le Pen et les député·es du Rassemblement national (RN) le 25 janvier 2024, soit le jour même de la censure par le Conseil constitutionnel de 35 des 86 articles de la dernière loi sur l’immigration. Intitulée « Citoyenneté-Identité-Immigration », cette proposition de loi constitutionnelle est la formulation la plus complète et la plus explicite du projet politique de l’extrême droite en cas de victoire à une future élection présidentielle.
On doit à un haut fonctionnaire, Pierre-Yves Bocquet, actuellement directeur adjoint de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, une alerte aussi pertinente qu’inquiétante sur sa portée et sa dangerosité. En cas d’adoption par référendum de ces dispositions, explique-t-il, ce ne serait pas un changement de politique, mais un changement de régime, « une nouvelle Révolution nationale, autoritaire, plébiscitaire et xénophobe. La VIe République du RN ».
Développée de façon fort pédagogique dans une récente livraison de la collection « Tracts / Gallimard », cette démonstration surgit au moment même où deux figures éminentes du gouvernement de François Bayrou, le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau et le ministre de la justice Gérald Darmanin, plaident pour un référendum sur l’immigration. Au-delà de l’enjeu invoqué, dans la foulée de sa remise en cause à Mayotte, qui est la fin du droit du sol, leurs plaidoyers légitiment par avance la voie choisie par le RN pour son coup de force institutionnel.
Reprenant et développant un projet de loi référendaire présenté lors de la campagne présidentielle de 2022, le texte déposé en 2024 par le RN montre combien la question obsessionnelle de l’immigration, et donc des droits des étrangers et des étrangères, est le cheval de Troie d’une remise en cause de l’État de droit, et donc des droits des citoyen·nes.
Son premier objectif est l’affirmation de « la primauté du droit national », c’est-à-dire le rejet radical de tout droit supranational veillant au respect par un État des droits humains fondamentaux. Exactement ce que met en œuvre Donald Trump depuis qu’il a pris ses fonctions de président des États-Unis, mais aussi ce que revendiquent la Russie de Vladimir Poutine et la Hongrie de Viktor Orbán, explicitement mentionnées par le RN dans l’exposé des motifs.
Cette inversion de la hiérarchie des normes entre le droit interne et le droit international, que partagent tous les régimes autoritaires et identitaires, se traduit dans le texte du RN par une modification radicale de l’article 1er de la Constitution : « La Constitution est la norme suprême de l’ordre juridique français. Elle s’impose aux pouvoirs publics et aux autorités administratives et juridictionnelles. Aucun engagement international de la France, aucune règle du droit international public ou de la coutume internationale ni aucune décision d’une juridiction internationale ne peut avoir pour effet de remettre en cause la Constitution. Toute juridiction doit, le cas échéant, laisser inappliquées de telles stipulations, règles ou décisions. »
L’instauration de ce « bouclier constitutionnel », selon la formulation du RN, signifierait que la France ne serait plus tenue de se conformer au droit international et européen qui protège les libertés fondamentales. Le droit des étrangers sert ici de levier pour un coup de force antidémocratique, instaurant, écrit Pierre-Yves Bocquet, « une prison juridique à la taille de la France, qui prive tous ses habitants, français comme étrangers, de la faculté qu’ils ont aujourd’hui de saisir les juridictions internationales pour faire reconnaître leurs droits fondamentaux ».
Le deuxième bouleversement introduit par ce projet référendaire est l’instauration de la « priorité nationale », autrement dit d’une xénophobie légale. Ce nouveau principe constitutionnel est ainsi formulé : « Afin de garantir aux Français, en toutes circonstances, une priorité dans l’accès à l’emploi, à égalité de mérites, dans le secteur privé et, le cas échéant, dans le secteur public, ainsi que dans le bénéfice de l’action des services publics et des politiques publiques, y compris le logement, la loi y limite l’accès des étrangers. »
Cette xénophobie d’État accompagne toute une série de dispositions qui constitutionnalisent le rejet des étrangers et des étrangères – suppression du droit du sol, discrimination des binationaux et des binationales, limitation des politiques de lutte contre les discriminations.
Enfin, le projet du RN instaure explicitement une République identitaire en faisant entrer dans la Constitution plusieurs références à « l’identité de la France » sans prendre la peine de la définir, sinon par le refrain sous-jacent qu’elle est menacée par les migrant·es et les étrangers et étrangères.
« La République assure la sauvegarde de l’identité de la France et la protection de son patrimoine historique, culturel et linguistique et de ses paysages, en métropole et en outre-mer », énonce l’article 2 révisé, tandis qu’un amendement à l’article 5 de la Constitution confie au président la République la responsabilité de veiller « à la sauvegarde de l’identité et du patrimoine matériel et immatériel, historique et culturel de la France ».
« Pistolet braqué sur la Constitution »
Continuant de faire la courte échelle à l’extrême droite, les apprentis sorciers du gouvernement Bayrou légitiment donc, en revendiquant eux aussi un référendum sur les questions migratoires, la voie institutionnelle choisie par le RN pour son coup de force contre une République garante des droits fondamentaux.
L’esprit bonapartiste de la Constitution de la Ve République, qui permet la confiscation de la volonté de toutes et tous par le pouvoir d’un·e seul·e, offre au présidentialisme cette arme redoutable : le référendum. « En proposant aux électeurs de trancher des problèmes compliqués avec une réponse simple (oui ou non),écrit Pierre-Yves Bocquet, le référendum ne leur donne la parole que pour les empêcher de délibérer. »
C’est en fait la perpétuation du plébiscite dont Napoléon Bonaparte fut l’inventeur – de l’instauration du Consulat à celle de l’Empire héréditaire – et son neveu Napoléon III le perpétuateur – pas moins de cinq durant son long règne, dont celui qui a rétabli l’Empire sur les décombres de la Deuxième République.
Avec une grande cohérence, le projet référendaire du RN s’empare de cette arme redoutable en revendiquant l’usage discrétionnaire qu’en fit, à deux reprises, le fondateur de la Ve République. « La voie la plus démocratique qui soit » : ces mots de Charles de Gaulle sont cités dès les premières lignes de son exposé des motifs par le RN.
Par deux fois – en 1962 avec succès pour imposer l’élection du président au suffrage universel et en 1969 en vain pour réduire les pouvoirs du Sénat –, le général de Gaulle s’est appuyé sur l’article 11 de la Constitution pour contourner les assemblées, opposées à des réformes qui affaiblissaient le pouvoir législatif au bénéfice du pouvoir présidentiel.
« Pistolet braqué sur la Constitution », cet article 11, qui donne au président de la République le pouvoir de soumettre un référendum, est au cœur d’un débat entre constitutionnalistes. À l’instar de Laurent Fabius en 2022, alors président du Conseil constitutionnel, ils lui opposent l’article 89 qui à la fois contraint tout référendum au préalable d’un vote identique des deux assemblées et en limite le champ, précisant notamment que « la forme républicaine du gouvernement ne peut faire l’objet d’une révision ».
Un scénario à la Donald Trump
Au-delà de l’alarme sur le projet politique de l’extrême droite, l’intérêt du « tract » de Pierre-Yves Bocquet est de démontrer que cette parade est bien fragile face à l’absolutisme présidentiel dont on ne cesse de constater combien il peut allègrement malmener les principes démocratiques les plus élémentaires.
Outre le général de Gaulle, qui en 1962 fut accusé par ses opposants de violer la Constitution, le RN peut même convoquer l’un d’entre eux, et non des moindres, qui se convertit avec zèle au présidentialisme alors même qu’il était supposé le défaire. En 1988, François Mitterrand, président de la République depuis 1981, n’hésita pas à déclarer que « l’usage de l’article 11 établi et approuvé par le peuple peut désormais être considéré comme l’une des voies de la révision concurremment à l’article 89 ».
En cas de victoire de l’extrême droite à la prochaine élection présidentielle, le scénario d’un coup de force institutionnel est donc écrit, à l’image de celui que met en pratique Donald Trump depuis qu’il est à la Maison-Blanche, ne se privant d’aucun des leviers de l’abus de pouvoir présidentiel. Forte de l’effet de souffle qui lui conférerait sa légitimité électorale, Marine Le Pen, s’il s’agit d’elle, invoquera l’article 11 pour imposer ce référendum dans un délai que Pierre-Yves Bocquet estime à 70 jours après le deuxième tour de l’élection présidentielle.
Et si le « oui » l’emporte, la xénophobie d’État aura valeur constitutionnelle, « ointe de la légitimité que donne l’expression directe de la volonté populaire ». Dès lors, poursuit Pierre-Yves Bocquet, la devise de la France sera transformée en : « Liberté – seulement pour les Français –, Égalité – seulement entre les Français – et Fraternité – seulement des Français entre eux ».
Il n’y a d’autre parade que de tenir bon, politiquement, sur le refus de cette perdition politique. Elle n’a d’autre but que de détourner notre pays des urgences démocratiques, sociales, écologiques…
Pour éviter cette catastrophe, le haut fonctionnaire suggère aux responsables politiques de ne pas trop tarder à la rendre impossible par l’instauration d’un simple alinéa à l’article 89 de la Constitution, énonçant que celle-ci « ne peut être révisée que selon les procédures prévues par le présent article ».
Mais cette parade constitutionnelle, qui entend désamorcer la machine infernale de l’article 11, semble bien fragile quand les digues politiques ne cessent de céder. C’est ainsi que François Bayrou, devenu premier ministre, propose de relancer un débat sur l’identité française alors même qu’en 2009, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, il fit partie des opposants à cette diversion xénophobe autour de « l’identité nationale ». Aujourd’hui, il n’hésite pas à convoquer un imaginaire que ne renierait pas l’extrême droite, après avoir utilisé ses mots de « submersion migratoire » : « C’est une remise en cause de ce que nous sommes, nous, Occidentaux », a-t-il déclaré le 8 février au Parisien.
Comme Mediapart l’avait défendu en 2009, dans un appel intitulé « Nous ne débattrons pas » dont les signataires allaient de Dominique de Villepin à Olivier Besancenot, en passant par François Hollande, il n’y a d’autre parade que de tenir bon, politiquement, sur le refus de cette perdition politique. Elle n’a d’autre but que de détourner notre pays des urgences démocratiques, sociales, écologiques, etc., qui permettent de construire du commun, dans la diversité de notre peuple.
Depuis 1945, la France a connu 118 textes majeurs sur l’immigration (lire ici et là leur inventaire), à un rythme qui s’est accéléré depuis 1980, avec 49 lois et ordonnances en quatre décennies, soit plus d’une par an. Cette frénésie n’a rien réglé des problèmes vécus au quotidien par toutes celles et tous ceux qui vivent dans ce pays. Bien au contraire, elle n’a fait que donner crédit aux adversaires historiques de la promesse démocratique d’une égalité des droits, sans distinction d’origine, de condition, d’apparence, de croyance, de sexe ou de genre.
Renvoyée aux marges politiques par la défaite du nazisme, puis par la décolonisation, l’extrême droite, dont la haine de l’égalité est le socle idéologique, n’est revenue en force dans le débat public qu’avec ce refrain du bouc émissaire, l’immigration. Tous les élus et gouvernants, de quelque bord qu’ils soient, qui acceptent de l’entonner à leur tour lui ouvrent grand la route du pouvoir.
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Elle me sourit, de ce même sourire doux et facétieux qui n’a jamais changé depuis son enfance. Un sourire est une preuve identitaire bien plus forte que les traits d’un visage.
Yanis Al-Taïr- (Jardins d'exil)
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