Text
17 juin 2020
L’autre soir, une amie m’a demandé, mais comment ça se fait que t’as aussi mal vécu le confinement ?
Bien sûr, les gens que j’aime et ceux que j’aime beaucoup et ceux que j’aime bien m’ont manqué. Bien sûr, j’étais inquiète, pour mes proches, pour les proches de mes proches, et au final, pour tout le monde. Mais ce qui m’anesthésiait complètement, c’était un truc plus vague que ça, un truc dont j’avais pas conscience avant parce que j’avais jamais eu à mettre de mot dessus.
Alors quand on me pose cette question, je réponds, « ce qui me manquait le plus, c’était la sensation du possible ».
Avant que tout ça nous tombe dessus, je me sentais, depuis quelques semaines ou quelques mois, à un carrefour, à tout un tas de niveaux. À ce carrefour, tout me semblait possible. Je connaissais pas la tournure qu’allaient prendre les événements, mais j’étais prête à emprunter les chemins qui me faisaient le plus peur, ou mieux encore, à couper à travers champ en créant mon propre sentier, un truc qui n’allait ressembler qu’à moi, en m’affranchissant des attentes qu’on pouvait avoir pour moi.
Et d’un coup, alors que les possibilités me semblaient multiples, plus rien. Blackout. Ça m’a stoppée dans mon élan comme si je m’apprêtais à courir et qu’on me retenait par l’élastique du slip.
La sensation du possible, ça concerne les grandes choses, renoncer à un truc pour sauter pied joint dans un autre et les bouleversements du quotidien, certes, mais c’est aussi des tout petits riens. Ce possible, c’est, liste non exhaustive,
se préparer à sortir sans savoir si on va rentrer à 20h30 ou 2 ou 7
aller acheter un truc et croiser quelqu’un qu’on aime bien, papoter, oublier d’aller acheter le truc pour lequel on était sorti•e
décider d’aller à la plage toute seule sur un coup de tête même si là où je vis, l’eau de la mer la plus proche, elle est marron. Et puis y a pas de train alors renoncer, mais y avoir pensé, c’était sympa
sauver une coccinelle
les conversations où tout est simple et tout sonne juste
arriver à une soirée sans avoir demandé qui étaient les autres invités
se perdre dans la gare du Nord tellement on n’a plus l’habitude d’y être
pas savoir qui on va rencontrer et quelles discussions on va avoir
courir maladroitement, le plus vite possible, sur un quai parce que le train annoncé avec un retard d’une demie heure part finalement dans 4 minutes et qu’on est encore en train d’attendre que son sandwich soit prêt. Sauter dans le tgv juste à temps en soufflant comme un boeuf, rigoler avec une dame
commander la tournée de shooters qu’on regrettera au réveil
discuter avec un inconnu qui a l’air déprimé sur le trottoir d’un bar pour lui remonter le moral et réaliser que c’est du cinéma pour faire le ténébreux
être toujours en retard
faire 7km à pied dans toute la ville pour trouver du pain à hotdogs, se perdre dans son propre quartier
s’énerver en terrasse en racontant un truc à la con tout en essayant de déclarer ses revenus sur le site des impôts
le premier câlin plein de ronronnements du chat après un week-end à plus de 100km
papoter avec sa mère jusque tard, partager un sandwich triangle avec son père sur un parking en rigolant
organiser les vacances
courir sans savoir où on va et pour combien de temps on en a
se dire, j’aurais dû mais en sachant que contrairement au printemps dernier, au moins, on aurait pu, alors y a du mieux
faire des détours pour rentrer chez soi parce que, vraiment, cette chanson, elle est encore meilleure quand on l’écoute en marchant
essayer de décrire à une amie la sensation de joie qui irradie tout ton sternum à des moments, mais il est 4h du matin la tisane est finie les oiseaux chantent dehors et décrire des trucs qui se passent dans ton sternum de toute façon c’est peine perdue franchement allez-y essayez je vous regarde faire
s’activer en cuisine en écoutant le bonheur de quelqu’un à qui on ne souhaite que ça
faire des sourires jusqu’à plus savoir qu’en foutre et tant pis si c’est derrière un masque ou si on baisse la tête pour les faire : les sourires, même quand on peut pas les voir, on les remarque dans les yeux et on les entend dans les voix
retravailler les nouvelles qu’on a écrites pendant le confinement en s’inspirant de ses propres angoisses et se marrer parce que quand même : ça va mieux.
Demain, ça a vachement moins de saveur quand on sait déjà de quoi il sera fait. Les angoisses sont toujours là, pour la situation actuelle du monde pour son avenir pour mon avenir, mais ces tout petites choses viennent mettre un peu de liquide de refroidissement dans le moteur de mon cerveau.
Vraiment, demain, je suis pas mécontente qu’il ait retrouvé du goût.
8 notes
·
View notes
Text
29 février 2020
Je me souviens de la première fois que j’ai mis un pied dans un cours de théâtre.
Enfin, je m’en souviens sans m’en souvenir, parce que j’avais 6 ans et que 6 ans c’est tout petit, mais je me souviens qu’il y avait un avant et un après, et que dans cet après, je ne voulais plus faire que ça. Je voulais que toute la vie ce soit mercredi après-midi, parce que le mercredi après-midi j’étais plus complètement moi : j’étais aussi une petite-fille dans une salle d’attente, une agricultrice, une vieille dame ou encore une souris.
Dans cet après j’ai compris que c’était ça que faisaient les gens dans les films, que c’était un métier, et que je voulais que ce soit le mien, et que je le fasse bien.
Je me souviens de la première fois que j’ai regardé les Césars, j’étais avec mes parents, attablée dans un petit appartement de vacances, et je m’imaginais, plus grande, avec une belle robe, recevoir un prix qui m’adouberait. Je me souviens m’être entraînée devant mon miroir à prononcer un discours de remerciements le plus larmoyant possible.
Maintenant j’en suis revenue, être adoubée je m’en fous, être la meilleure je m’en carre, mais aujourd’hui, c’est plus fort que moi
j’ai honte d’avoir rêvé de faire partie de ce milieu, j’ai honte d’avoir eu les étoiles dans les yeux en regardant ces gens prendre la pose sur le tapis rouge, maintenant que je sais tout ce qu’il se passe sous la surface. Pourtant je sais bien que moi j’ai rien fait de mal, techniquement, mais j’ai le sentiment d’avoir cautionné ce système abject en le portant naïvement au nu sans jamais le remettre en question, sans jamais gratter un peu pour voir ce qu’il y a sous le vernis alors qu’il suffit d’un coup d’ongles pour entrapercevoir toute la fange qu’il y a dessous.
C’est le cinéma mais c’est partout ailleurs que ça pue la merde de lendemain de soirée. Je pourrais m’en vouloir d’avoir voulu faire partie si fort de la grande famille du cénémé français pendant une bonne vingtaine d’années, mais le pire, c’est de se dire que n’importe quel rêve de gosse que j’aurais pu avoir à l’époque serait aujourd’hui entachée de mille scandales, parce que le scandale, c’est le système tout entier. Mais surtout
j’ai honte parce que depuis quelques années, j’ai mis le militantisme féministe de côté. Par peur des autres, en voyant d’autres femmes être harcelées après avoir dénoncé. Par peur de moi, aussi, parce que la colère que je ressens, quand je me penche sur le sujet, elle me fusille le bide. J’ai arrêté de cliquer sur les liens d’articles, de newsletters, de vidéos, qui dénonçaient les violences sexistes, les injustices les agressions les viols les meurtres, pour préserver ma petite paix intérieure à moi, mon petit confort. Alors militer, utiliser ma voix pour exprimer ma colère et participer à faire changer les choses, ouais : j’ai cessé. J’ai RT les paroles de femmes courageuses un peu façon « allez hop, zou, voilà, ça suffira, c’est ma participation, maintenant je vais faire un peu de yoga pour oublier que ça me brûle dans le plexus d’avoir été mise face à cette si violente réalité l’espace de dix minutes ». Je sais pas à quel moment j’ai arrêté de me préserver pour me baigner dans un océan de lâcheté, mais well : c’est arrivé.
C’est facile de faire l’autruche quand on évolue dans un milieu progressiste et qu’on est globalement du bon côté de la barrière. C’est plus tranquille, de rester dans la chaleur de ma bulle, celle que j’ai construite, les proches tous déconstruits, tous d’accord avec moi sur ces sujets, les débats qu’on fait semblant d’avoir alors que finalement, on sait bien qu’au fond, on fera trinquer nos pintes parce qu’on est tous du même avis.
J’ai honte parce que je fais encore une fois dans ce post tourner tout ça autour de ma petite personne mais promis c’est la dernière fois. Maintenant, tout ce qui comptera, ce sera trouver l’arme adéquate pour rejoindre l’armée de badass et apporter ma toute petite contribution à ce si grand combat.
Je sais pas encore comment je vais m’y prendre tant j’ai semble-t-il perdu le manuel, mais je vais réapprendre.
Depuis hier soir, depuis que l’institution qui me faisait tant rêver a gerbé au visage des victimes du système patriarcal, je décolère pas. Et j’ai plus envie de décolérer.
41 notes
·
View notes
Text
23 janvier 2020
Le matin c’est un peu la loterie, je sais jamais dans quel état je vais me réveiller, si je vais être drôlement productive et carrément active, ou si je vais écrivioter avec une boule dans le ventre chaque fois que le téléphone va sonner.
Hier je me suis endormie un peu ronchon et morte de rire à la fois alors j’étais persuadée qu’aujourd’hui j’allais bouffer la vie par les deux bouts.
Force est de constater qu’aujourd’hui, j’ai rien bouffé d’autre par les deux bouts que du chocolat Cadbury, mais ça compense parce qu’hier et avant-hier et lundi j’ai tout bouffé par au moins 5 bouts, le travail le cardio le yoga le hiit les mails les coups de fil les apéros le facetime les légumes frais cuisinés les relances le ménage le manuscrit - j’ai été sur tous les fronts. Alors, bon. Faudrait voir à pas déconner, c’est pas la startup nation ici.
Et donc aujourd’hui, la loterie, elle a décidé que c’était un jour sans, que ce serait mon dimanche vu que dimanche je bosse d’façon, mais comme on est jeudi, c’est un dimanche culpabilisant, un peu.
J’étais là, il était 17h12, je me réveillais de ma deuxième sieste de la journée il faisait déjà un peu noir (je crois : j’ai pas ouvert les volets). J’étais encore dans mon legging de sport sans avoir fait de sport et dans mon gros pull, deux paires de chaussettes aux pieds, un plaid sur moi. Aujourd’hui j’ai envoyé deux mails et organisé une interview, c’est tout, et commencé trois chapitres sans en terminer un seul et sans savoir où les foutre dans ce roman qui, si ça se trouve, sortira jamais, un peu comme ma série tiens : ça se trouve. Jamais. On sait pas.
J’avais le cheveu hirsute et l’oeil vide derrière mes lunettes sales, j’avais écouté en boucle pendant une demie-heure Sugar Baby Love de The Rubettes avant de me rendre compte que, justement, je l’écoutais en boucle, j’ai pleuré 5 fois dont une parce que la glace au chocolat était trop longue à ramollir, et une parce que j’avais mangé de la glace au chocolat.
Les trois autres fois c’est deux parce que mes écouteurs fonctionnent plus et un parce que je regardais This is us. Rien de dramatique, m’envoyez pas les pompiers. À tous les coups j’suis juste en PMS ou j’ai pas mangé assez hier.
J’étais là, 17h12, je m’étais même pas encore lavée ni le corps ni les dents, j’avais clairement été bonne à rien. Machinalement, j’ai attrapé mon téléphone : y avait des messages d’une amie qui demandait si elle pouvait parler de moi à quelqu’un sur comment j’avais pris mes projets à bras le corps.
Ça, a tous les coups, c’est un message de l’univers (je décide en tout cas que c’en est un, c’est mon cerveau, j’y fous bien ce que je veux). Après, reste à savoir si l’univers essaie de me booster et de me faire croire en moi, ou s’il souhaite me faire ressortir mon syndrome de l’imposteur et comprendre l’absurdité de mes ambitions. Mais dans tous les cas, ça m’a fait plaisir (j’aime bien quand mes amis me trouvent pro, que voulez-vous) et l’ironie du timing m’a arraché mon premier vrai rire de la journée, donc voilà quoi.
Tout ça pour dire.
Les copains c’est bien, ça fait toujours rigoler.
Et pour le reste : on verra demain.
15 notes
·
View notes
Text
20 décembre 2019
Je me souviens du dernier jour de 2018 et du passage à 2019. Le cerveau encore tout tourneboulé d’avoir eu le sac agressé au cutter devant chez moi deux jours plus tôt, le palpitant encore tout lourd d’un coupage de pont compliqué. Mais j’étais entourée et on a passé le cap de la nouvelle année en écoutant le générique de Fort Boyard alors ça vaaa, ça ne pouvait qu’être une année où, telle Passe-Partout, j’allais choper plein de clés. Et des clés, j’en ai rajoutées mille à mon trousseau. Enfin, peut-être pas mille, mais plein.
Je me souviens que j’avais posté sur Instagram un post emo le soir du réveillon, un post qui disait que j’avais passé une année de merde, ce qui n’était pas globalement faux (mais pas complètement vrai non plus).
Y aura pas de post emo la semaine prochaine.
C’était pas parfait, 2019, faut pas croire. Les choses ont pris du temps, les choses prennent trop de temps. Beaucoup trop pour l’impatiente que je suis mais ça aussi, j’apprends.
Y a eu énormément d’inquiétude, entre février et novembre, pour un pilier bien trop central pour que je m’en veuille d’avoir paniqué (mauvais point pour 2019). Mais finalement tout s’est bien terminé. Bon point pour 2019.
J’ai ri si souvent cette année, genre le vrai, gros rire qui déforme le visage : ça c’est bien. Je me suis surprise à ressentir des trucs que j’avais jamais ressentis, à ne plus en ressentir d’autres auxquels j’étais pourtant habituée. Et puis, des sensations connues, qui, à la lumière de tout cet apprentissage sur moi, ont foutu sur leur dos un petit je ne sais quoi de nouveau.
Y a aussi eu des émotions surprises qui m’ont fait me dire, « Toi, ici ? SÉRIEUX ? T’es sûre ? Bah attends j’te fais confiance et puis maintenant que tu le dis, c’est logique, mais on y va mollo steuplé j’ai plus 20 ans. »
J’ai définitivement plus 20 ans d’ailleurs, puisque j’en ai eu 30 ans en avril, le cul posé sur le plus fin des sables, les pieds pour la première fois de l’autre côté de l’Équateur. Pisser dans l’Océan Indien : une grande première. 2019, tu gagnes.
Qu’on se rassure, j’ai beau avoir plus évolué ces 12 derniers mois que ces dix dernières années, je suis restée la même personne maladroite qui vient, par exemple, de tremper la manche de son pull tout juste lavé dans une flaque de pho, la même meuf qui confond lingettes à la Javel et lingettes pour hygiène intime (blanchissement d’anus gratuit, on adore). J’ai pas fini d’être con.
Je sais pas ce que me réserve 2020, mais je sais au moins ce que j’ai fait de 2019 : j’ai préparé le terrain pour toutes les autres années. J’ai pris des armes, j’en ai baissé d’autres, j’ai posé des bases. Je me suis posée tout un tas de questions, j’ai répondu à quelques unes, j’en ai encore plein en suspens. C’est bien : ça m’occupera quand j’aurais décidé n’avoir rien d’autre à foutre que regarder le plafond.
En 2019, j’ai fait de mon mieux, mais j’ai surtout fait mieux. Qu’avant, je veux dire. C’était pas bien difficile, mais il n’y a pas de petites victoires et surtout, il n’y a pas de raison que j’agisse moins bien en 2020. Alors, avec mon pull qui sent le pho et mes yeux qui piquent d’avoir trop passé de temps sur l’ordi, je prends mon air le plus “affirmé” et je décrète qu’au fond,
Apapeur.
(Un peu quand même) (Mais un tout petit peu) (Alors ça va)
10 notes
·
View notes
Text
27 novembre 2019
La faim qui tire dans le ventre mais la nausée à l’idée de manger. Le poids qui diminue sur la balance et rejoint celui d’avant la puberté, et ce corps qui, pourtant, nous paraît si gros. Le retard sur le travail qui s’accumule mais la chape de plomb sur le crâne qui empêche de s’y coller tant le cerveau semble pétrifié. Les mails pro auxquels on n’arrive pas à répondre, et peut-être qu’on y répondra quand ça ira mieux, mais on sait pas quand ça ira mieux ; là, c’est l’attente de nouvelle qui prime, et l’espoir qu’elle soit bonne. Les copains qu’on veut pas embêter, et puis de toute façon, c’est le seul échappatoire réellement efficace alors s’ils savent qu’il faut demander avec insistance si ça va, on les laisse comment, les bulles de la bière et les rires, assommer l’angoisse deux ou trois soirs dans la semaine ?
Les pensées effervescentes qui font un peu palpiter dont on se laisse submerger par vague avant que la réalité ne vienne nous rappeler que c’est bien mignon, mais c’est impossible, alors fais-en un court-métrage un jour, plutôt. Les lettres qu’on écrit et qu’on n’enverra jamais, parce qu’on veut pas être preum’s, parce qu’on veut pas être plus vulnérable qu’on ne l’est déjà. Ce projet de roman sur lequel on n’a pas le temps de bosser à temps, et par à temps j’entends, « avant qu’on en ait suffisamment pour le regarder en face, pour le décortiquer, pour se dire que finalement, c’est une mauvaise idée ». L’impression d’être tellement focalisée sur un sujet qu’on en oublie de s’occuper du reste de son propre monde, qu’on en fait mal, peut-être, aux gens qui comptent, ou qui pourraient compter. N’écrire, encore une fois, qu’en énumération. Je ne sais plus faire que ça.
Savoir que même si la nouvelle est bonne, l’angoisse sera remplacée par le stress : maintenant, plus d’excuses pour ne pas redevenir productive, pour ne pas rattraper le retard. Pour se dépêcher de finir vite et honorer, alors qu’on ne rêve que de son lit et de silence, la promesse sociale qu’on a faite pour ce soir. On aura eu la tête dans un étau pendant des heures, et des heures, et des jours et en vrai, des mois, mais si tu te remets pas sur pied instantanément, c’est que t’es pas pro, alors en selle et fais comme si de rien n’était.
On est toujours tout seul face à l’angoisse, la vraie, celle qui concerne plus gros que soi. Dans une heure, ou peut-être deux, quand j’en aurais la force, le corps encore tremblant, le coeur encore lourd, le cerveau encore mou, un ridicule pull de Noël sur le dos et du rouge sur les lèvres, j’allumerai la caméra et je ferai des jeux de mots à la con et des sourires jusqu’à plus soif en croisant les doigts pour que mes nouveaux voisins ne m’entendent pas. C’est la vie que j’ai choisie un jour de printemps, et tant pis si aujourd’hui, tout me semble insurmontable.
Et tant pis si aujourd’hui, dans ma tête, on est en plein coeur de l’hiver.
9 notes
·
View notes
Text
24 octobre 2019
J’aime écouter une chanson en boucle, même si c’est de la merde, le premier café du matin et ce moment de l’automne. J’aime quand on complimente mon travail et que j’en sens presque mon dos dodeliner de fierté.
J’aime brainstormer et sentir, avant même de la dire, que j’ai une bonne idée. J’aime éclater de rire quand je viens de sortir une idée de merde, là où avant, j’en aurais rougi de honte.
J’aime bien la sensation quand je m’endors, j’aime encore plus quand j’en suis arrachée par la voix rassurante de quelqu’un que j’estime qui a encore quelque chose à dire. Parce que j’aime bien ça, les conversations qui durent et qui durent tellement qu’on s’endort sans se dire bonne nuit.
J’aime bien danser debout en chaussettes sur un canapé. J’aime bien quand le mode aléatoire de Deezer me balance le générique de Fort Boyard alors que je suis en train de faire un truc tout sauf épique (comme écosser des haricots ou traverser quand le petit bonhomme est vert).
J’aime les déclarations qui pétillent après deux coupes du Champagne acheté pour fêter un truc que j’aurais jamais cru pouvoir fêter un jour. J’aime bien aussi, aller voir un film qui fait écho avec ce que je viens de vivre. J’aime quand mes parents m’appellent pour rien, pour tout ce que ça veut dire derrière, et parce que j’aime bien les entendre.
J’aime quand on attrape la main que je tends timidement, et qu’on sait que je suis là, en backup.
J’aime avoir aimé si fort à cette période de l’année, il y a maintenant bien longtemps. J’aime pouffer en me souvenant d’un truc qui avait été hilarant au sein de cette intimité-là, et qui ne le sera jamais pour personne d’autre. J’aime me dire que, si j’aimerais à nouveau si fort, un jour, ce sera jamais pareil, tant j’ai changé depuis. C’est ancré quelque part pour toujours dedans moi sans aucune comparaison possible, et c’est très bien comme ça.
J’aime, alors que je suis en train de travailler sur tout autre chose, ressentir l’envie de travailler sur un autre truc. Ça m’irradie le ventre et la tête et les doigts.
J’aime les déclarations amicales houblonnées ou avinées (ou les deux).
J’aime être enlacée, parce que je sais jamais le faire de moi-même. Alors à la place, j’essaie de prendre les gens dans mes bras avec mes yeux - anatomiquement, c’est technique.
J’aime bien me retenir d’uriner jusqu’à ce que le soulagement soit presque douloureux (bah quoi ? (d’ailleurs, j’ai les 3 rooibos qui toquent))
J’aime sentir une paire de bras me chercher dans un lit trop grand au milieu de la nuit, et tant pis si c’est peut-être la dernière fois.
(J’aime bien les énumérations, si jamais vous aviez pas encore remarqué.)
J’aime bien arracher des grands sourires francs à l’aide de mon grand sourire franc qui fait plein de plis de vieux autour de mes trop petits yeux. J’aime encore plus faire rire et j’adore faire pleurer joyeusement. J’aime par-dessus tout mettre ma toute petite pierre à l’édifice qui redonnera, j’espère, confiance aux gens en qui je crois.
J’aime bien quand les gens m’aiment bien ; j’aime bien à quel point j’aime bien des gens.
16 notes
·
View notes
Text
15 octobre 2019
J’ai bien conscience que cette période est charnière pour moi. Qu’il y a des vérités à dire à qui mérite de les entendre et des projets à retravailler pour pouvoir espérer les concrétiser. Un petit appartement - un minuscule cocon tout pété qui m’a aidé à me remplumer et auquel il va m’être si difficile de dire au revoir - à vider, pour en remplir un autre, plus grand, pour accueillir plus de gens et créer plus de souvenirs. Des fringues à jeter dans des sacs et des livres à empiler dans des cartons.
Mais en attendant, y a déjà pas mal de choses que j’ai réussi à ranger ces derniers mois. Mes tripes sont dans des scripts, mes brainsto dans des carnets, mes secrets dans un journal. Et c’est bien le plus important parce que tout tourne autour de l’écriture, depuis que je suis si petite. Depuis les journaux intimes, les débuts de roman, le magazine sur des feuilles à grands carreaux et la pièce de théâtre que je faisais jouer aux gens de ma classe en CE2 sur le terrain de basket, dans la cour de récré (mais ça a pas duré longtemps parce qu’après y a eu une partie de balle au prisonnier).
Je sais pas si vous vous souvenez, mais le sujet de mon premier post ici, c’était mon regret d’avoir fait de cette passion mon métier et d’en avoir oublié le côté récréatif (et, ne nous mentons pas, on est entre nous, tout le monde va aux toilettes etc : son côté thérapeutique, aussi). Bah je crois que j’ai un peu retrouvé comment faire : partir d’une idée, sans imaginer en faire quelque chose de sérieux, se laisser aller et puis on verra bien. Retrouver, un peu, la façon de créer qu’on a quand on est petits : on se fout de savoir si on dessine bien, on dessine. On se fout de savoir si on danse bien : on danse. On se fout de savoir si l’histoire tient debout : on la raconte.
N’étant pas la reine de la gestion des émotions, ça m’arrange quand même pas mal de m’être rapprochée de ça. Pour trouver l’idée d’une histoire dans une épreuve qu’on sait imminente, réparer les trauma, m’excuser de mes erreurs, celles que j’ai faites et celles auxquelles j’ai pensé, dénouer les noeuds du passé, déjouer les pièges, déclarer mes amours familiales-amicales-amoureuses d’aujourd’hui ou d’hier, digérer les trahisons, anticiper mes réussites et mes guérisons, rire des faux espoirs, m’ouvrir la voie. « Ouvrir-la-voie-tout-court », aussi, un peu (un tout petit peu). Laisser une trace des beaux moments vécus. Expérimenter par procuration ceux que j’aurais eu envie de vivre. Décortiquer les émotions. Écrire le trouble plutôt que le laisser m’envahir.
Parce que j’ai d’autres choses à raconter autrement, ma chaîne est encore en pause estivale alors que dehors, les feuilles ont déjà la même couleur que mon verre de Bourgueil de samedi soir. Mais ça revient, ça arrive.
Et je croise les doigts pour que ce ne soit pas le seul moyen d’expression qui me demandera discipline et productivité sous peu. Mais dans tous les cas, le soulagement est là : que ce soit quatre lignes que personne ne lira et dont personne ne saura rien griffonnées sur un post-it en rentrant de soir��e ou une idée de long-métrage qui ne verra peut-être jamais l’encre d’une imprimante Canon,
je n’ai plus peur de rien, puisque j’écris de tout.
25 notes
·
View notes
Text
21 août 2019
Dans mon top 50 des choses que je préfère, quelque part entre l’odeur des pâtes au beurre et la chaleur du soleil sur ma peau protégée par une crème qui sent la pina colada, y a la minute juste avant.
La minute juste avant l’impact, la minute juste avant le premier baiser, la minute juste avant qu’on soit fixé. La minute juste avant qu’on sache si on va ressentir une petite chaleur dans le ventre au contact de l’autre, si on va avoir envie de lela revoir, ou si, finalement, l’alchimie ne se fait pas, et on ne ressent rien. Plus rarement, cet emballement du rythme cardiaque, ce raz-de-marée dans les tripes, ces cheveux qui se dressent au-dessus d’un crâne en train de bouillir et l’envie de reproduire l’expérience jusqu’à plus soif, et tant pis si ça implique d’être hospitalisée pour déshydratation.
Elles sont magiques, ces secondes-là. D’ailleurs, j’appelle ça « la minute », mais parfois c’est beaucoup plus, parfois c’est un peu moins. C’est l’espace-temps entre, d’un côté, un déclic mutuel, un regard qui s’attarde, un sourire qui s’échange, un silence qui s’installe ou des corps qui se rapprochent de façon faussement anodine, et l’impact de deux bouches qui ne se connaissaient pas jusque-là, ou qui ne s’étaient pas croisées depuis longtemps.
Certaines arrivent après des mois à se renifler, certaines après quelques heures de discussion, ou des plombes à ne pas savoir dans quel cadre on se sourit.
Elles marquent souvent, chacune à leur façon, se rappelant à notre bon souvenir par des biais divers — les décorations de Noël bien après Noël l’odeur de la bière l’herbe humide la fraîcheur du soir une radio qu’on entend au loin le Paris que j’aime les pavés lillois le serveur qui attend de pouvoir fermer son bar le gras d’un kebab pour arrêter de faire tourner la tête engourdie par la Chouffe le grincement d’une chaise un plateau de charcuterie le champagne qui pétille George Michael la nuit l’été mon balcon la neige sur des cils deux yeux noirs qui sourient et cette peau légèrement dorée dont tu apprendras dans 4, 3, 2, 1, qu’elle est plus douce que de la mousse de canard. Y a des minutes auxquelles on pensera encore avec un sourire nostalgique après des années, d’autres qui feront culpabiliser pendant des mois, d’autres qui n’auront lieu que pour tenter d’oublier celle(s) qu’on n’aura jamais, ou celles qu’on n’aura plus.
C’est une sorte de bulle coincée entre l’incertitude qui la précède (celle qui fait se demander, est-ce que je lui plais, parce que moi oui, enfin je crois, enfin je sais pas, peut-être qu’en vrai je suis trop petite, et merde au fait, je me suis lavée les dents avant de venir ?), et l’incertitude qui la suivra (est-ce que cette personne aura envie de me revoir, est-ce que j’aurais envie de revoir cette personne, est-ce qu’on en aura mutuellement rien à foutre, est-ce que je lui plais dans ma totalité ou est-ce que c’est l’idée qu’il/elle se fait de moi, est-ce que j’ai envie de renoncer à toutes les minutes juste avant pour cette personne, est-ce que cette personne a envie de renoncer à toutes les minutes juste avant pour moi, est-ce que ce parfum sirupeux deviendra mon odeur préféré dans quelques mois, est-ce que le mien marquera suffisamment son cerveau pour que le souvenir de cette minute lui revienne chaque fois qu’il croisera une femme qui le porte dans la rue, est-ce que je vais y laisser des plumes, est-ce que je vais lui faire y laisser des plumes, est-ce qu’après quelques semaines, je passerai mon temps à jeter un coup d’oeil à mon téléphone, à le mettre en mode avion, à désactiver le mode avion, à le retourner pour ne pas fixer l’écran en attendant un message, est-ce que je vais encore perdre du poids parce que sans déconner j’ai plus de jus depuis la dernière fonte de l’automne dernier, est-ce que je vais être partagée entre des moments de joie légère et d’envies d’arrêter les frais pour pas être celle qui sera quittée quand elle ne s’y attendra pas, ou est-ce que, par miracle, et quand je dis miracle je déconne même pas tellement c’est rare, est-ce que par miracle, donc, les tripes joueront sur le même thème intense pendant quelques temps ?)
Faut dire ce qui est : le reste, c’est pas pareil. Le reste, il finit souvent par décevoir, que ce soit trente secondes trente heures ou trente mois plus tard. Le reste, il est parfois rempli de grandes joies, c’est vrai, mais il nous rend vulnérable au risque de potentiellement morfler sa mère un jour (et à ce que je sache, il est rare qu’on se prenne une réflexion parce qu’on a oublié d’acheter du pécu pendant la minute juste avant). Mais sur le coup, on l’ignore encore, on sait pas encore si ça mènera à la perte d’appétit et au sourire niais ou juste à une anecdote à raconter aux copains. Pendant ces quelques secondes, le reste n’existe pas.
Et si cette minute juste avant se transforme en jolie histoire, c’est elle qui restera ancrée dans la mémoire. C’est son souvenir qui rendra amère quand l’amour s’émoussera et qui fera pleurer les plus grosses larmes juste après la rupture.
La minute juste avant, c’est le vertige. Le moment où tout, encore, est possible.
À cette minute, on est sûrs de rien, à un détail près : on se plaît, on va s’embrasser. Toute la suite reste à écrire ou à oublier.
20 notes
·
View notes
Text
9 juillet 2019
Je me sens particulièrement sereine, depuis quelques temps. Je sais pas trop pourquoi. Alors j’ai envie de garder la marque de ce qui me fait me sentir bien.
Manger un padthai en 10 fois, sur toute la journée du dimanche (la première partie tout chaud, en regardant une série au fond de mon lit, les 9 autres à la main, debout en slip, à côté du frigo, sans prendre la peine de le réchauffer parce qu’il faut que je retourne écrire.)
S’arrêter devant le miroir parce que là, dans cette pose PRÉCISE, on voit que les efforts, le sport, le ré-équilibrage alimentaire et le travail sur les TCA ont payé. Alors j’essaie d’imprimer cette image dans ma tête, pour toutes les fois où je me sentirai comme un putain de troll ou un tonneau aux yeux gentils. Genre, dix minutes plus tard, quand j’aurais bu un verre d’eau et que mon ventre aura gonflé, ou un truc du style. Mais n’empêche : cette surprise, chaque fois que ça m’arrive. Elle est dingue. Je reviens de si loin en terme d’amour de mon corps.
Je vis partiellement de ce que j’aime faire. Parfois j’ai des crises d’angoisse et des pannes d’inspiration, mais les quelques jours par mois pendant lesquels j’écris jusque 2, 3, 5h du matin, ça, ça me remplit tellement de joie, de joie et de satisfaction et d’espoir, que ça efface tout le reste.
Quand un gars m’a prise dans ses bras samedi parce que j’avais mis son téléphone qu’il croyait perdu ou volé en sécurité et que j’ai eu l’impression que je venais de lui annoncer que j’avais mis un terme à la faim dans le monde tellement il était heureux. Bon, il avait une casquette gavroche alors j’ai failli l’engueuler, mais il avait l’air si purement content, j’me suis sentie désarmée.
Quand j’ai compris, tout récemment, qu’un truc pour lequel je culpabilisais depuis des mois n’avait pas du tout eu de conséquences négatives, et ce soulagement, bordel, ce soulagement est tel que c’est comme si j’avais pris de la MDMA depuis. Comme si l’univers me disait, « c’est bon maintenant, la boucle est définitivement bouclée, tu peux arrêter de manger ton pain noir ». Parce que le pain noir, en plus, c’est vraiment dégueu. J’sais pas si le pain de seigle c’est considéré comme un pain noir, mais j’en ai acheté cette semaine et je vais le finir parce que j’aime pas gâcher mais c’est dégueu. D-É-G-U-E-U. Dégueudégueudégueu. Vous auriez pu prévenir. Et ce qui est dingo dans cette histoire, c’est qu’elle me fait prendre conscience d’à quel point j’ai changé. Parce que là, je décide d’y voir le signe que tout va bien. Si c’était arrivé avant tout mon putain de travail sur moi-même, j’aurais fait la ouin-ouin en mode ma vie c’est de la merde et vous, vous osez être contents, bande de bâtards. La vie c’est tellement ce qu’on décide d’en faire.
Retomber sur les messages de trêve que j’ai écrit en brouillon et que je n’enverrai jamais. J’ai pas besoin. Je pense que ça se voit sur ma gueule que je sais plus tellement ce que c’est, la colère.
Plus personne n’a d’emprise sur moi. À aucun niveau. C’est le sentiment le plus libérateur que j’ai jamais connu. J’ai beau checker partout dans ma tête et dans mon corps, ma bonne humeur ou ma mauvaise ne dépendent de personne : c’est moi qui décide. Et ce qui est fou, c’est de se dire que ce n’est que le début.
« La mer est calme, je la regarde », et j’attends plus du tout les remous. C’est pas une mer, c’est un lac, un étang sur lequel je mène tranquillement ma barque, toute seule comme une grande. Et ça me va.
Ça me va vraiment très bien.
12 notes
·
View notes
Text
18 juin 2019
Depuis ce matin, c’est bizarre. Pas bizarre BIZARRE, pas dans le sens négatif du terme, c’est juste que, bon, déjà il fait beau. Quand tu vis au nord de la Loire, c’est pas banal. En plus c’est jour de grève, et les jours de grève à la radio, c’est rigolo. Sur France Inter, que j’arrête pourtant d’habitude à 11h (j’ai mes petites habitudes de freelance), ça fout de la musique cool, puis déprimante, puis complètement has been. On passe d’un morceau de rock indé, à Hervé Vilard ; ça pourrait clairement être ma playlist pour les apéros sur mon balcon.
En vrai c’est pas ça, qu’est bizarre. J’sais pas, depuis quelques jours, j’ai tout un tas de souvenir de débuts d’été du passé qui s’entrechoquent dans ma tête. J’suis là, je bosse, et pouf, un jour de juin, quand j’étais à l’école primaire, où il faisait très chaud et qu’on était allés voir un cheval faire changer ses fers (la campagne, les gars). Je portais une robe bleue marine à grosses fleurs blanches, comment je peux me souvenir que je portais une robe bleue marine à grosses fleurs blanches ? Puis un festival, la poussière dans le nez et les cheveux, le shot de whisky à la cannelle que j’avais à moitié renversé sur mon t-shirt CBGB. Puis mon arrivée à un date, en terrasse, dans ce quartier lillois que j’aime pas trop, le saucisson acheté à un vendeur ambulant et les lunettes de soleil que j’arrête pas de piquer à cet inconnu rencontré sur une appli. Puis l’enfance à nouveau, quand on était allés au cinéma avec la classe. Je sais plus quel film on était allés voir, je me souviens juste de la sortie du bus, vers 10h du matin, avec cette joie de savoir que l’année scolaire était bientôt finie. Puis le concours d’anglais que j’avais remporté à la toute fin de la 6ème à ma grande surprise, et grâce auquel j’avais gagné un CD-Rom pour apprendre l’anglais et un parfum qui pue.
Des souvenirs sans réelle importance, des trucs random. Il s’est pourtant passé plein de choses plus impactantes que ça - le bac les partiels les premières vacances d’adulte signer le bail de mon premier appart mon retour à Lille. Mais non. C’est des petites bribes de rien du tout qui viennent réveiller ma mémoire sensorielle.
J’sais pas trop quels souvenirs ressortiront de ce mois de juin-là, celui de 2019. Lesquels viendront me tapoter le cerveau pendant que je tapote moi-même sur l’ordi. La grille de mon barbecue que j’ai oublié de nettoyer ? L’otite que je me tape depuis deux semaines ? L’odeur de mon gel douche ? Le fait que j’ai acheté du café décaféiné pour la première fois ?
Quitte à prendre le plus superficiel de chaque début d’été, allons-y gaiement. Même si je trouverai ça un peu dommage. Parce que ce mois de juin-là, je l’aime vraiment bien.
8 notes
·
View notes
Text
6 juin 2019
4h16, un bol de bouillon de volaille dangereusement posée à côté de moi dans le lit, Always on my mind dans les oreilles, je dors pas depuis une heure et j’ai faim parce que j’ai oublié de manger autre chose que les cacahuètes de l’apéro hier.
En même temps j’oublie tout, si j’ai mangé ou pas, j’oublie de passer à la pharmacie, de racheter du pécu, de recharger ma cigarette électronique, j’oublie si j’ai déjà lu ou pas le bouquin que je suis en train de lire, si j’ai dit bonjour en arrivant en soirée, et où j’ai bien pu foutre mon putain de chéquier.
Par contre, j’ai pas oublié de me commander cent boules de fringues dont j’ai pas besoin. Ça, pas d’souc’.
Les anniversaires aussi, j’oublie. Ou plutôt, non, j’oublie pas les anniversaires, mais j’oublie si la personne qui fête son anniversaire m’a souhaitée le mien alors dans le doute... Pas sûre que ma psy plisserait pas les yeux si je lui sortais cette phrase à la prochaine séance en notant dans sa tête, « bien penser à revenir sur ses problèmes d’égo ».
Mais j’suis comme ça quoi, je réagis toujours en fonction des autres. À part dans le milieu pro, y a pas grand chose que je sais faire moi-même sans jouer au jeu du miroir. Je sais pas faire le premier pas, je sais pas rompre, je sais pas décidé ce qu’on bouffe de peur de frustrer l’autre, je sais pas où j’ai envie qu’on aille se balader de peur d’ennuyer l’autre, et j'apprends seulement depuis peu à dire non quand autrui veut quelque chose que je suis pas certaine de vouloir. Alors que c’est vachement bien, de savoir dire non, je m’en rends compte maintenant : ça donne plus d’intensité aux « oui » convaincus.
Nan mais c’est vrai, y a qu’à voir comment je fais le tri dans mes potes. Par exemple, j’ai une règle très simple : si je propose deux fois d’affilée qu’on se voit et qu’on me dit ne pas pouvoir sans proposer une date ultérieure, hop, c’est que je suis moins importante pour eux que l’inverse, et j’arrête de proposer quoique ce soit. La version officielle, c’est « je suis pas un putain de clébard ». La version officieuse, c’est « ah pardon, j’avais mal compris, je croyais qu’on s’aimait bien, mais comme visiblement toi, bof, bah je vais faire pareil ».
Et de manière générale, si quelqu’un est inconstant, ou si je sens le moiiiiindre risque de me faire prendre pour une burne, je mets une distance émotionnelle longue comme un mètre de shots entre la personne et moi en un temps record (ça fait une distance émotionnelle d’un mètre, maintenant que j’y pense. C’est pas dingue, un mètre, mais avec les shots, j’imagine qu’on rentre dans une toute autre dimension, alors la métaphore marche quand même un peu).
Après, je me dis qu’il y a quand même du mieux. Quand je pense à moi y a quelques années, à caresser tout le monde dans le sens du poil jusqu’à craquer mon slip parce que j’étais aussi insecure qu’un rappeur qui rappelle son prénom au début de son intervention dans chaque featuring (frr : on sait comment tu t’appelles. C’est littéralement écrit à côté du titre), et que j’avais donc envie d’être aimée par le plus grand nombre, et quand je me vois aujourd’hui, entourée d’une poignée de gens trop cool à qui je pourrais confier mon chat, ma coupe menstruelle et 10000 boules et qui me les rendraient intacts, bon.
Y a pas photo.
48 notes
·
View notes
Text
15 mai 2019
Un coup de soleil sur le nez et le torse, un reste de pho d’hier en guise de petit-déjeuner, les yeux encore un peu bouffis par le sommeil et le corps endolori par la séance de sport d’hier. Il est 7h34 et je me souviens que je m’étais promis d’écrire quotidiennement ici.
Bon.
C’est pas que j’ai perdu la motivation d’écrire tous les jours depuis, c’est juste que tout ce que j’ai envie de raconter ces derniers temps, ce sont des choses qu’il vaut mieux que je garde pour moi. Alors je noircis des pages et des pages de mon écriture de petit porc, dans des carnets que j’attrape au pif avec quand même toujours un peu peur de les perdre et qu’un inconnu tombe dessus, les ouvre, les lise. Je me liquéfierais sur place. Tout comme je me suis liquéfiée sur place quand une feuille de brouillon d’un article que j’écrivais, à l’époque où j’étais bénévole pour un magazine, s’était échappé de mon classeur et avait atterri aux pieds d’une fille de ma classe en plein cours.
Elle ne l’avait probablement pas lu avant de me le rendre. Elle me l’avait rendu avec absolument aucune moquerie dans le regard. Un simple geste de « j’ai vu cette feuille tomber de ton classeur, je sais donc qu’elle est à toi, je te la rends ». Point barre. Y avait absolument rien de honteux, aucune révélation sur ma personne dans ces quelques lignes. Mais je me souviens comme si c’était hier de mon coeur qui battait la chamade et de ma respiration coupée. Elle avait forcément compris que j’écrivais, parfois, et pour une raison que je comprends toujours pas, j’en ai eu honte. Elle avait peut-être lu malgré elle une de mes pirouettes plus ou moins réussies pour passer du « rire » à « l’émotion », et moi j’avais pas envie que la classe sache que j’étais capable de ressentir des émotions.
Le paradoxe du machin, d’ailleurs : je paniquais à l’idée qu’on ait une idée un peu plus précise de la personne que j’étais, tout en espérant qu’on s’intéresse à moi, qu’on voit que j’étais pas que l’adolescente timide avec un humour de merde.
Parfois, j’aimerais bien savoir m’exprimer autrement que ça, parce que je trouve ça hyper intime, de savoir comment écrit quelqu’un qui aime écrire. Dans le fond et dans la forme, j’ai l’impression qu’on en dit beaucoup sur soi — qu’on écrive sur nous ou sur d’autres ou sur des gens qui n’existent pas. Tout est journal intime, même ce qui n’est ni journal ni intime.
Si j’ai envie de me défouler en écrivant (et quand on aime ça, ça marche vraiment super), je mets des mots dessus. Pour dire ma colère, ma joie, ma peur, ma constipation. C’est transparent, quoi. Quelqu’un qui le lit sait ma colère ma joie ma peur ma constipation, je crois même si j’utilise d’autres mots pour le dire, vu les gros sabots que j’ai au bout des doigts.
C’est probablement complètement con, ce que je dis ; c’est juste que j’ai trop peu pratiqué les moyens d’expressions artistiques pour savoir que c’est tout pareil.
19 notes
·
View notes
Text
6 mai 2019
Quand j’arrivais dans la maison de mes grands-parents pour le déjeuner. La petite porte sur laquelle je m’étais blessée, une fois, le muret sur lequel j’adorais monter parce qu’il était à 1m50 du sol et qu’à 1m50 du sol c’est l’aventure, la Ford Fiesta dans l’allée, l’odeur du repas qui mijote, le sous-sol qui, même à 20 piges, continuait de me faire flipper.
Le geste vexé de ma grand-mère quand je riais parce qu’elle coupait mon pain en tout petits morceaux comme quand je l’étais moi-même, toute petite. Sa façon de couper les pommes pendant qu’elle me demandait mon présent ou me racontait son passé. Son rire léger, les gâteaux qu’elle préparait toujours avec trois fois rien.
Plus tard, quand il ne restait plus que mon grand-père pour faire vivre cette maison, le bruit de ses pas dans le couloir, son léger sursaut quand j’apparaissais dans son champ de vision alors qu’il ne m’avait pas entendue rentrer, la complicité intergénérationnelle et cette maison qui ne fait partie de la famille que dans nos souvenirs, le saumon avec du riz blanc et de la sauce hollandaise, tous cuits dans le même bouillon. On croirait pas comme ça, mais c’est resté un de mes plats préférés. J’en ai pas mangé depuis qu’il est parti à l’hôpital sans jamais en revenir, certes, mais dans l’idée, c’est resté un de mes plats préférés.
Le générique de Père Castor avant l’école, le théâtre les mercredis après-midis, les vacances à Paris, quand je trouvais encore le métro super et que je lisais en marchant dans ses couloirs pour faire sérieuse, TSF, la découverte du féminisme, l’officiel du spectacle, mes premières expos.
Les oies, Croc-Blanc, le gros chien tout fluffy, aller au théâtre mais cette fois pour le voir, pas pour le jouer, les chats qui ouvrent eux-même leur boîte à croquettes, les grandes tablées les cousins, et, pour une raison qui m’échappe un peu, une chanson sur Speedy Gonzales.
L’anniversaire, à mes 7 ou 8 ans, où le gâteau était une pizza, le cadeau une cabane au fond du jardin avec mes initiales peintes en doré au-dessus de la porte et le temps, suffisamment ensoleillé pour passer la soirée sur la terrasse. Noël quand il y avait encore un sapin à Noël, être réveillée le dimanche par l’odeur du repas du midi qui s’infiltre sous les portes et monte les escaliers pour venir me chatouiller les narines, les courants d’air, les après-midis d’été à lire sous le pommier, la fraîcheur du salon, le chat puis le chien puis les chats, la pelouse toujours tondue, le feu d’artifices improvisé, The Platters, s’endormir au milieu de tous les invités pendant le dîner et se réveiller par magie dans son lit le lendemain, la bougie à la citronnelle pour éloigner les moustiques, la guitare acoustique, les balades pour aller voir les moutons dans les pâtures.
Y a des matins, c’est pas que je sois particulièrement de mauvaise humeur ou patraque ou que sais-je, mais il fait un peu froid et j’ai pas très envie de travailler et j’aime pas du tout cette date et j’ai pas assez dormi et quand je mets France Inter, c’est une chronique humoristico-politique, et les chroniques humoristico-politiques moi j’aime pas ça. Alors je trouve refuge dans des moments légers et joyeux d’un passé plus ou moins lointain, même pas avec tristesse ou nostalgie. Parce que leur souvenir me fait sourire et pour me rappeler que, les moments légers et joyeux, cette famille, elle a su faire. Elle sait faire. Elle saura faire.
13 notes
·
View notes
Text
25 avril 2019
Bon.
Après 6 jours de vacances, je crois qu’il est temps d’un peu ressortir le stylo. Histoire que la reprise soit un peu moins compliquée, que j’évite de rester rouillée de la tournure de phrase façon vieux clou.
Ça faisait très longtemps que j’étais pas partie en vraies vacances, alors pour ça aussi j’étais un peu rouillée. Mais me forcer à ne pas prendre de carte SIM pour avoir la 4G ici, ça m’a donné un coup de pouce.
Je sais pas si je m’attendais à une énorme différence dans mon état d’esprit mais faut dire ce qui est, rien n’a vraiment changé. Là par exemple, je suis mal installée à la table de la terrasse, son pied (a la table), exerçant une pression sur ma cuisse brûlée par le soleil et je tape dans un paquet de clopes sans bien savoir si c’est effectivement le mien. Je n’arrive pas à éteindre la lumière quand je me réveille en pleine nuit - et je me réveille quand même toujours en pleine nuit. Je fais toujours du sport quasi-quotidiennement, sinon je suis chiante. J’ai quand même plusieurs fois regardé mes mails et en ai même envoyé quelques uns, pro. MAIS ! Je n’ai vérifié mon compte qu’une seule fois. Les relances pour me faire payer attendront mon retour.
Et puis le soleil qui mord la peau, la chaleur qui écrase, mais pas de façon désagréable, le turquoise de l’eau, le vent dans les cheveux tout salés, la fraîcheur de la piscine le soir pour calmer les coups de soleil, l’odeur de la biafine, le goût de l’ananas, les taches de rousseur qui ressortent sur mon nez tout rouge, le poulet grillé, le piment, les doigts qui piquent d’en avoir trop coupé, la bouche écarlate d’en avoir trop mangé, la salamandre qui nous protège des moustiques, papoter tard le soir avec les copains, et puis des fois, rien dire, et c’est très bien aussi, les appels en FaceTime quand tout le monde est couché dans la maison, alors on chuchote un peu et on a l’œil qui frise, « c’est le rhum c’est pour ça ».
(C’est peut-être pas tout à fait complètement le rhum.)
Ça va, quoi. Ça va très très bien.
7 notes
·
View notes
Text
18 avril 2019
Ça y est, j’y suis, c’est le jourjie : ce matin, 11h, je commande mon uber et ce soir, 22h, je décolle pour un autre fuseau horaire. Je suis jouasse. À fond. Pleine balle. MAIS !
Mais j’avoue, n’ayant pas encore décroché de tout, j’ai toute une flopée de pensées négatives.
Et si j’oubliais de répondre aux derniers mails avant de partir ?
Et si mon avion s’écraser ?
Et si mon vol était annulé ?
Et si je perdais mon passeport ?
Et si je tombais malade ?
Et si je ratais mon train ?
Et si j’étais insupportable ?
Et si je me faisais bouffer par un requin ?
Mais au-delà de tout cela, les vacances au soleil, c’est aussi l’occasion de renouer avec une de mes pires angoisses : les quelques mètres qui séparent la serviette de bain (la mienne étant à l’effigie de Johnny Hallyday, parce que j’ai oublié d’en racheter une cette année), et la mer. En l’occurrence, ici, l’océan. L’étendue d’eau dans laquelle je me jette toujours un peu vite, plus pour cacher mon enveloppe corporelle que par hâte d’être dedans.
Depuis que je suis pubère, je déteste ce moment. Ce moment de vulnérabilité où j’imagine que tout un tas d’inconnus voient leur cornée gifler par la vision de mon corps presque nu. J’imagine ce qu’ils pensent, « pourtant j’étais persuadée de l’avoir vue courir tous les jours, tout ça pour ça », ou « ah bah je me plains mais j’ai quand même moins de cellulite », ou « au moins celle-là, Jean-Mi la mattera pas », « comment elle ose s’habiller comme ça avec le corps qu’elle a ? », ou encore, plus simplement, « nan mais c’est quoi ce tonneau ? »
Et c’est fou, parce que je pensais avoir dépassé ça, je pensais être au-dessus, entre le sport, la perte de poids, la prise de maturité, tous les trucs bodypositive que je lis et auxquels j’adhère à 8000%, toutes les convictions féministes que j’aies. C’est comme si y avait deux parties dans mon cerveau : la première sait. La première sait qu’il faut s’en foutre, qu’on s’en fout. Que les gens à la plage ne passent pas leur temps à scruter les corps des autres, que la plupart s’en balek. Qu’on est comme on est, qu’on est tous beaux à notre façon. Cette partie-là sait qu’avec un IMC à 20, tout va bien. Que la cellulite, c’est normal. Que non, je n’ai pas de poids à reperdre. Que oui, si je reprends un kilo, je le perdrais vite. Et que si je les perds pas vite, c’est pas bien grave. Qui se dit, mais dors au lieu d’aller courir putain, tu te casserais moins les couilles si t’étais moins fatiguée.
Et puis, y a l’autre partie de mon cerveau qu’est complètement pétée. Qui se pèse 8 fois par jour katleumatain katleusoar, qui a une peur panique de regrossir, qui a une angoisse terrible, quand elle a fait moins de 5 séances de sport dans la semaine, de perdre tout son tonus musculaire, ou même juste un peu, qui passe des heures devant sa glace, que la balance doit avoir un problème parce que clairement, impossible de peser aussi peu pour ressembler à ça, que les standards de taille des marques doivent avoir sacrément changé parce que comment des cuisses aussi énormes peuvent rentrer dans cette taille que je fais et qui me faisait tellement rêver y a encore un an ?
Le fait est que quoique je fasse, je me trouve presque toujours trop grosse (je dis presque parce qu’il y a des moments où je n’y pense pas, et c’est dommage que je n’y pense pas, parce que j’aimerais bien pouvoir profiter de ce moment de balèkerie. Mais si j’y pensais, bah ce serait pas un moment de balèkerie, donc c’est complètement con). Et je devrais ni le dire ni le penser. Je devrais pas le dire parce que, pour avoir été plus ronde, je sais à quel point c’est douloureux quand une femme plus fine se dit trop grosse, parce qu’on se compare. Personnellement, je le vivais comme une gifle, à chaque fois. « Si elle se trouve grosse, alors comment me voit-elle ? » Sauf qu’on se voit rarement avec le même filtre qu’on voit les autres. Sauf qu’on est nombreuses et nombreux à avoir des troubles de la dysmorphie corporelle, à des degrés plus ou moins élevés. Et je devrais pas le penser parce que, merde à la fin quoi.
J’ajoute que, si vous lisez ma diarrhée verbale tout en suivant ma chaîne, vous êtes en droit de pas bien comprendre : pourquoi répéter à longueur de temps qu’il faut s’aimer comme on est, quand soi-même on a une vision de son corps un peu pétée. En vrai, c’est pas antinomique, j’irai même jusqu’à dire, au contraire : avoir des troubles de la dysmorphie corporelle, et surtout, en être consciente, ça rend peut-être un peu plus au fait de l’impact que ça peut avoir. Et c’est probablement ça qui m’empêchera de passer par la case chirurgie esthétique avant des décennies, mais c’est presque accessoire. Tout est dans la tête, et c’est là qu’il faut faire le plus gros du travail pour essayer d’être le plus en paix possible avec soi-même.
Un pas en avant, quarante-sept saltos arrière. Mais paraît qu’être conscient du problème, c’est un bon début pour s’en affranchir un jour alors en avant Guinguamp. Jicroihamor.
20 notes
·
View notes
Text
17 avril 2019
En vrai on va pas se mentir, je vais aussi profiter de mes vacances pour prendre du recul et me poser deux ou trois questions. La première, celle qui va m’occuper pendant pas mal d’heures le cul dans le sable, étant « Est-ce que j’ai vraiment envie de continuer ce métier ? »
La deuxième, « est-ce que j’ai vraiment les capacités pour ? »
Ça fait des semaines que je suis sur ma prochaine vidéo, et je me rends bien compte qu’à chaque étape de sa production, j’ai peiné à me mettre au travail. J’avais même, j’avoue, zéro envie. Une fois que je suis lancée, ça va. Mais pour m’y mettre, pire tanasse. Pas parce que je n’aime pas ce que je fais, mais parce que je sais toutes les contraintes qu’il y a autour — des petits trucs à la con.
Le travail de recherche, de questionnement sur l’angle et d’écriture, je l’aime beaucoup ; là y a pas de négatif, si ce n’est que je finis toujours, à la fin de la journée, par crever d’envie d’écrire de la fiction. Tourner, j’adore ça, mais installer le matériel seule, c’est chiant, et long, et c’est pas ce que j’aime. Et devoir se stopper dès que j’entends des voisins dans le couloir, clairement, ça casse l’ambiance, le rythme et — j’ai honte d’utiliser un terme aussi galvaudé pour ce que je fais sur ma chaîne mais allons-y j’en trouve pas d’autres — le jeu. Monter, c’est rigolo, mais voir ma gueule en gros plan pendant des heures relève du cauchemar et penser à toutes les blagues que j’aurais dû faire et remettre en question à chaque seconde le sujet l’angle le fond la forme, c’est épuisant. Sans parler des petits trucs à côté. Là, ça fait une heure que je perds un temps précieux à retravailler un schéma de vulve alors que j’ai autant de facilité à faire du graphisme qu’à me torcher le cul avec une paille. Je complexe toujours beaucoup du niveau technique de ce que je produis. Syndrome de l’imposteur ou pas, j’en sais rien, mais je sais que ça pourrait être vraiment mieux, probablement si je vivais à Paris et que je pouvais profiter de l’aide technique qu’on m’y met à dispo. J’aimerais, mais trouver un appart à Paris quand t’es freelance, j’ai même pas envie de finir cette phrase. Mettre en ligne, recevoir ce petit torrent d’amour à chaque fois, c’est incroyable. Chaque fois, je n’en reviens pas de la chance que j’ai. Angoisser à l’idée de se farcir une bonne dose d’insultes grasses et crasses parce qu’on a le malheur de parler de sexualité librement, bon. Et savoir que les vidéos qui traitent des corps des femmes et de sexualité seront quasiment toutes démonétisées et perdront donc en visibilité, bon (bis). Ça m’empêche pas de faire ce que je fais et de dire ce que je dis, mais ça me fout quand même une petite boule dans le gosier.
Avoir plusieurs projets, c’est galvanisant, mais parfois, à la fin d’une mauvaise journée, quand t’es un peu patraque et fatiguée, au lieu de te réjouir de l’avancement que tu as fait sur l’un d’entre eux, t’as l’impression qu’il empiète sur tous les autres. Au lieu de voir ce que tu as fait, tu ne vois que ce que tu n’as pas fait. J’avoue, je suis un peu trop crevée et inquiète pour l’avenir pour voir le bon côté des choses, mais je reste au fond suffisamment lucide pour savoir qu’avec deux, trois changements, ça va le faire. Tsé c’est le genre de mauvaises passes pendant lesquelles, au lieu de t’autocongratuler de ton indépendance, de là où tu viens et de là où tu es, au lieu de te réjouir de cette liberté dingo de pouvoir bosser quand tu veux où tu veux, de pas avoir de patron d’avoir un accès illimité à tes toilettes, bah tu vois tout en noir. Tu penses aux factures à envoyer à celles à payer, aux démarches à faire pour déclarer quelqu’un que t’as embauché, tu penses aux mails à écrire aux appels à passer aux formations à faire pour t’améliorer et ça parasite tout ce que tu fais.
Techniquement, et financièrement, je pourrais embaucher quelqu’un pour m’aider, mais le métier étant teeeellement instable, j’ai aucune visibilité ne serait-ce que sur le mois prochain. J’en ai UN PEU, mais je peux pas prendre le risque de faire dépendre quelqu’un du salaire que je lui verse si jamais je ne suis pas payée à temps pour le payer lui.
Parfois j’aimerais être embauchée à temps plein, avoir des horaires cadrées, des chèques-déjeuner, des collègues avec qui rigoler ou avec qui faire front, mais j’ai du mal à voir quel métier de bureau pourrait me foutre le feu au ventre quand je me réveille le matin. En plus y aurait trop de réunions. Moi les réunions, j’aime vraiment pas ça du tout. Du tout du tout du tout.
Là j’ai les yeux tellement bouffis de fatigue que je sais pertinemment que je serais bien incapable de prendre une décision raisonnée : j’y verrais pas assez clair.
Je me sens complètement ingrate et nulle à chier de me plaindre de la sorte, mais j’ai eu envie d’écrire mes 15 minutes aujourd’hui pour dire de faire une pause et c’est tout ce qui m’est venu en tête, alors j’imagine que ça fait partie du jeu. Mais sinon être freelance c’est super. C’est mieux quand on a les épaules pour et c’est mon cas 70% du temps (source : IFAP) Ce qui, en soi, est déjà pas mal.
12 notes
·
View notes
Text
10 avril 2019
Dans huit jours, je suis dans l’avion pour des vacances, des vraies vacances, reposantes, sans le tumulte de la ville ou le bruit constant d’un festival. Alors attention : j’ai adoré les vacances dans le tumulte des villes et le bruit constant des festivals. C’est juste que tout en moi réclame du soleil et du repos, et c’est pile poil ce qui m’attend.
Ce sera mes premières depuis, mazette. Deux ans et neuf mois ? Deux ans et neuf mois ! Mais tu m’étonnes que je tienne plus debout.
Huit jours, c’est sept dodos. Dans sept dodos, je déconnecte. Je déconnecte suffisamment pour laisser mon mac et mon appareil photo chez des copains. Je déconnecte suffisamment pour NE PAS avoir acheté un iPad et son clavier Bluetooth pour travailler à distance en toute légèreté. Au dernier moment, j’ai vidé mon panier. Je vais, rien, branler. Du sport, ok, mais des trucs tranquilles, parce que là où je pars, il fera trente degrés alors courir, ça risque d’être coton. De l’écriture ok, mais sur des carnets et de manière purement ludique. Quelques minutes par jour sur mon téléphone, ok, mais pour prendre des photos et en poster quelques unes sur les réseaux sans flipper pour mon taux d’engagement derrière. (Deux ans et neuf mois, les gars. DEUZAN. É. NEUFMOA. J’ai le droit de poster des photos qui feront serrer les dents de jalousie de quelques personnes. Je m’en excuse par avance MAIS J’AI LE DROIT).
Pas un mail. Pas un message pro. Pas une seule palpitation liée à la crainte d’avoir loupé une deadline. J’ai même payé l’Urssaf avec vingt jours d’avance pour être tranquille.
Deux ans et neuf mois quoi. C’est vrai hein, j’ai la chance de faire un métier que j’aime, que je peux exercer en slip la majeure partie du temps, et d’être maîtresse de mon emploi du temps et de mes horaires. En termes de pénibilité du travail, rien, rien, rien à voir avec travailler à l’usine ou être prof ou manutentionnaire ou hôtesse de caisse. Rien. Je me plains zéro.
Mais deux ans et neuf mois, c’est un peu long. Je dirai qu’à partir du moment où tu t’es pas reposé•e pour de vrai depuis plus de la durée de gestation d’un éléphant, bon : il est temps de se barrer dix jours.
J’sais pas trop comment expliquer la fatigue que je ressens vachement fort ces dernières semaines. Je pourrais dire les yeux qui brûlent, la tête qui tourne, les membres un peu mous les mains qui tremblent. L’incapacité de se concentrer sur quoique ce soit plus de dix minutes, pas même une discussion entre amis : je suis là mais je suis pas là, j’ai le cerveau qui pense à des trucs, même des trucs débiles, comment je vais m’habiller demain, est-ce que ma poêlée de légumes est encore bonne pour ce soir, j’ai bien éteint le four ou pas, ah mais il s’arrête tout seul de toute façon y a une minuterie, haha, j’suis con c’est quoi déjà mon groupe sanguin ? Tenir soudain l’alcool comme un enfant de 8 ans (ne faites pas picoler un enfant de 8 ans pour voir à quoi ça ressemble, j’crois que c’est moyen légal). Les jours où je me mets à bosser à 11h, les jours où je ne bosse pas du tout, où je reste devant l’ordi mais sans rien pouvoir faire, molle, quoi, au moins comme une testiboule. Mes cernes, bordel, mes cernes, vous pourriez ranger vos mères et vos pères dedans (mais merci de ne pas essayer et de vous contenter de me croire sur parole). Tomber malade trois jours tous les deux jours, avoir la flemme d’envoyer un message pourtant personnel, avoir la flemme d’ouvrir des messages pourtant personnels. Vouloir faire mon lit et plutôt me recoucher dedans, pour rêvasser en regardant le plafond. Courir plus lentement, perdre patience plus vite.
Dans 8 jours, je pars en vacances, et je vais vous dire, en vrai, EN VRAI DE VRAI, j’ai déjà hâte de bosser comme une acharnée avec mon énergie retrouvée dix jours plus tard.
11 notes
·
View notes