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L’homme,
J'ai envie de regarder à travers toi, te transpercer, peut-être, je pourrais dire, te pénétrer. Je veux voir, sous toi, la femme en toi. La sœur qui se cache. Je veux vivre la sororité avec toi, l'homme. Je veux rencontrer celle qui est là-dessous. Celle qui veut apprendre la force de s'occuper d'enfants, celle qui veut goûter la terrifiante force de mettre au monde, la puissance maternelle. Celle en toi qui aimerait se blottir contre la douceur de son père, comme on se blottit contre sa mère. Celle en toi qui voudrait pleurer comme je pleure des fois. Celle qui aimerait chérir son corps : le célébrer, le parfumer, le décorer, le colorer...
J'aimerais que cette couche de crasse, cette couche noire, craquelle, et que tu écloses. Je voudrais que tu sortes du patriarcat avec moi, l'homme. J'aimerais que tu découvres ce que c'est de ressentir.
J'aimerais te voir, derrière ton mur. Mon amour, mon frère, mon père. Tu me manques... J'ai vu mes frères disparaître derrière un mur. Devenir durs et résignés. Silencieux. De garçons joyeux et vivants, se pétrifier, ternir, et mourir. Comme toi. Et dans leur mort, emporter jusqu'à la moindre vie, jusqu'à la moindre flamme avec eux. Puis autour d'eux, transformés en machines, massacrer, violer, et tuer.
J'aimerais que tu puisses voir, autour de toi, toutes nos sœurs défiées par ta violence. Que tu les voies avec mes yeux : leurs habits déchirés, cheveux décoiffés au vents, mais toujours debout, face à toi. Elles t'attendent, elles n'abandonnent jamais. Et vois leurs armes, elles les baisseront quand tu auras baissé les tiennes.
Je connais leur sort. Moi aussi, j'ai failli mourir, face à toi.
Mais je te défie, l'homme : je ne cesserai jamais. Je me battrai. Je détruirai jusqu'à la dernière de tes murailles. Je te désarmerai, et je retrouverai l'enfant perdu au fond de toi. Je le prendrai dans mes bras, entre mon sein et mon bouclier. Tu ne peux rien face à moi. Tes armes ne me font plus peur. Tu ne m'as pas asservie, tu m'as entraînée. Et aujourd'hui, je suis plus forte que toi.
Et l'enfant dans mes bras, nu et rose, se réchauffera.
Tu t'abandonneras.
Maintenant que tu es nu : lève-toi, écoute-moi, et suis-moi. Je ne te ferai pas de mal. On n'apprend pas avec la violence, chez moi. Et ton père est mort sous son armure.
Donne-moi la main, on va par là.
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Genre social
C'est la catégorie sociale dans laquelle le reste de la société te met. Si, sur ta carte d'identité, apparaît « sexe masculin », tu es reconnu·e par la société comme appartenant au groupe “homme”. Si tu ne portes jamais de robe, que tu portes une barbe, et plusieurs éléments qui concourent à ce que les personnes te placent majoritairement dans la case « homme » ou « garçon », tu es dans la catégorie sociale masculine.
Tu peux te sentir d'un autre genre, auquel cas tu vis probablement régulièrement une dysphorie de genre. Mais tu as accès à des privilèges ou tu vis des discriminations qui sont liées à ton genre social.
C'est donc différent de ton identité de genre, qui elle, est le genre auquel tu te sens appartenir. Le genre social n'est pas quelque chose que tu as choisi. Il s'agit de quelque chose que l'on t'a assigné à la naissance en fonction de l'apparence de tes parties génitales, de manière plus ou moins évidente, selon que tu es intersexe ou dyadique. Tu peux décider de changer de genre social en poussant les gens à t’assimiler à l’identité de genre à laquelle tu te sens réellement appartenir.
On peut changer de sexe sans changer de genre social, on peut changer de genre social sans changer de sexe (c’est plus ou moins difficile selon le caractère androgyne du corps que vous avez), on peut chercher à semer un trouble dans le genre en se situant esthétiquement dans un entre-deux féminin-masculin (c’est le parti-pris queer, notamment...).
Mais tu as un genre social attribué (femme OU homme), et les privilèges ou discriminations liées à ce genre. On peut se sentir non-binaire, mais on ne peut pas être reconnu·e (sauf dans des espaces très restreint) comme étant non-binaire. Et quand bien même, dans ces rares espaces où l’on arrive à considérer des genres non-binaires,, il faut garder en tête que tu es, tout le reste du temps, détenteurice de certains privilèges et certaines discriminations, et que nous avons tou·te·s des constructions/formatages inconscients qui nous poussent à agir différemment selon qu’on identifie la personne comme étant femme ou comme étant homme.
Décider que l’on est “au-dessus” de ça (au-dessus du fait de classer les personnes en “femme” ou “homme” et de leur attribuer spontanément des caractéristiques intellectuelles, des envies, des goûts, etc.), c’est un peu comme si moi, femme blanche, dès lors que j’ai décidé que je ne suis pas raciste, parce que mes valeurs sont évidemment ok avec ça, je considérais que je n’avais aucune vigilance à avoir... D’accord, j’ai ENVIE de ne pas être raciste, mais j’ai été construite dans une société qui donne une légitimité bien plus importante aux femmes blanches qu’aux femmes noires. Je suis blanche. Et ce n’est pas la même chose que d’être noire. On m’a appris subtilement à considérer les personnes noires avec une attitude de colon. A moi de garder ça en tête. Et lorsque je m’observe, je vois bien tout le venin que l’on m’a transmis. La lutte n’est pas terminée.
On ne gomme pas les différences de catégories sociales.
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A propos de la paternité de la WHAT ?
Voilà. Ma petite private joke à moi, ma petite tranche de rigolade du dimanche matin tartinée de féminisme, c’est ça:
C’est d’avoir lu LA RELATIVITÉ DE LA PATERNITÉ à la place de “la paternité de la relativité”. Comment ça ça fait rire que moi ? Ah. Bon. C’est qu’en vrai, en ce moment, je suis en grand deuil. Oui. A tel point que je suis en dépression. Oui. En deuil parce que j’ai tenté, pendant des années, de respecter le vœu de paternité d’une personne qui n’avait d’autre qualité que d’avoir pondu ses spermatozoides. Cela fait donc de lui le géniteur de ma deuxième fille. Est-ce que ça fait de lui un père ? Non. Voilà. Un père, ou une mère, un parent, en définitive, cellui qu’on appelle “papa” ou “maman”, c’est une personne avec qui on a une relation très particulière. Un·e géniteurice n’est pas systématiquement une personne avec qui on a une relation. Avec un·e gestateurice, oui. Une personne qui passe 9 mois de votre vie avec vous, fût-elle dans un utérus, développe une sorte de relation avec vous. Potentiellement toxique, ça... je ne dis pas... Mais a contrario, la personne qui a un pénis ne développe pas systématiquement une relation avec l’enfant. Et vous savez quoi ? Je m’en tapais. Je m’en tapais royalement. Je m’en tapais d’ailleurs aussi bien pour ma première fille que pour ma deuxième. Le mec (en l’occurence, les deux personnes avec qui j’ai conçu mes filles sont des personnes à pénis cis-genre), je m’en tapais. J’avais dans mon bide une bestiole que j’avais souhaitée et dont je tombais amoureuse. L’autre, dans les deux cas, s’il n’en voulait pas, il avait le droit de se barrer. Je ne lui demandais rien. Je ne suis pas allée chercher ces personnes pour créer une famille. Dans les deux cas, ces mecs n’ont pas voulu me lâcher, et ce, à ma grande joie, parce que, plus on est de fo·u·lles, plus on rit ! Le premier mec a créé une réelle relation avec “sa” fille, puis quelques années plus tard, avec ma deuxième fille aussi, ce qui faisait de lui son père... Et le second mec, géniteur de ma deuxième, n’a juste pas su comment se placer. Il est vrai que je ne l’ai pas placé dans le rôle habituel. Je ne l’ai pas béni en tant que géniteur, et je ne lui ai pas réservé une place exclusive auprès de l’enfant que je portais. Je l’ai invité à participer à la parentalité parce qu’il a partagé qu’il se sentait concerné. Mais il n’avait pas ce rôle tout prémâché à prendre dans la cellule papa-maman-enfant (où se joue encore souvent tant de sexisme). Oui... Il y avait déjà un papa et une autre enfant... Ah, là ça coince... Et pire encore, il n’y avait pas de “certitude scientifique” sur le fait qu’il était ou non géniteur du globule quand j’avais dans le bidon. La paternité, dans notre société, est exclusive. Puisque, évidemment, il ne peut y avoir qu’un géniteur (beh oui, ya qu’un zozo qui est admis dans l’ovule...) ! Alors s’il n’y a qu’un géniteur, il n’y a qu’un père ? Dans notre culture, oui (sauf exception comme l’adoption,par exemple). Mais dans ma vie à moi, non. Puisque d’après moi, le père n’est pas le géniteur. Le·s père·s, est/sont la/les personne·s de genre masculin qui accompagne·nt moi et mon enfant, qui tissent la relation. C’est du boulot. Il suffit pas d’avoir pondu ses zozos, hein... Trop facile... Voilà pourquoi pour moi, la paternité, c’est tout relatif... La maternité aussi, hein... C’est pas parce qu’un enfant t’est passé au travers du corps qu’il t’identifie comme mère... Faut-il encore avoir cette relation très spécifique, de confiance, d’aide, d’accueil, qui est propre (à mon goût) à la parentalité. Ce n’est pas non plus parce qu’un enfant t’est passé au travers du corps que tu l’identifies comme ton enfant, que tu as envie de créer une relation avec ellui, et que donc, tu t’identifies toi-même comme parent·e... Une relation implique deux personnes et l’enthousiasme/consentement des deux personnes impliquées... Oui, comme toute relation... Alors voilà, l’histoire, c’est que ce gars-là, qui n’a pas su trouver sa place, qui n’a pas pu vérifier la certitude scientifique de sa géniteuricité (je viens d’inventer le terme... quoi c’est moche ?), ce mec-là, disais-je, a finalement décidé que le meilleur endroit c’est là où il n’a pas besoin de réfléchir (et donc en gros il est parti, enfin, de toute façon il n’était pas vraiment rentré). Et ça, ça me heurte. Parce que moi, j’ai passé, comme une conne, six années de ma vie à essayer de l’inclure, sur la base idiote d’un pauvre truc qu’il m’avait dit: “oh mais je me sens tellement concerné par cet enfant!”. Et pendant qu’il se tâtait et qu’il se sentait très concerné, on s’est tapé toute la charge parentale + toute la gestion humaine de cette situation particulière... Et aujourd’hui, il se barre officiellement. Chiottes. Donc on l’aura compris, pour moi, la parentalité est toute relative... Bon voilà, c’est pour ça que je me marre. Et que je postillonne. Et tu me laisses finir ma tartine maintenant ?! ... au lieu de me poser des questions chiantes.
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Quand la maternité nous était dictée par le patriarcat
Quand la maternité nous était dictée par le patriarcat, caca
Moi je regrette pas d'être mère, je crache à ta gueule, patriarcat,
et je serai la mère que tu n'aurais pas voulu,
celle dont tu aurais honte,
celle que tu aurais voulu brûler sur un bûcher,
et celle
contre laquelle
tu ne peux rien.
et moi et mes sœurs, on va te tuer
on va te dés-enfanter
on va te dés-accoucher
absorber par nos vagins
avaler par nos cols flétris et pourris par ta merde,
ta merde que tu traînes partout,
avaler, tu dis, t’as peur, les dents, la bouche, ton corps crasseux avalé,
le remettre à sa place
d’où il n’aurait jamais dû sortir
et on va t’avorter avec des aiguilles
on va te percer, transpercer
et tu nous la rendras notre maternité
TU NOUS LE RENDRAS NOTRE UTERUS !
DEGAGE !
https://www.letemps.ch/societe/meres-regrettent-davoir-enfante?utm_campaign=article_traffic&utm_content=1580152441&utm_medium=social&utm_source=facebook&fbclid=IwAR0irGnSwJvIZpZ-jXZol9qRfRTnb2r0fdMcKsG7PED_f9JKnWjcX1RgcIc
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Tu m’emmerdes.
Fils de beurre doux ! Teckel en mousse ! Raclure d’fond d’chiottes ! Fils de ta mère ! Fond d’bac à plonge ! Balais à chiottes ! Ouverture facile de paquet d’bouffe ! Tête de clou ! Fils de pub ! Brosse à caca ! Côté bleu d’la gomme ! Tais-toi quand tu parles ! Fils de poutre ! Opercule de yaourt ! Bougie d’anniversaire musicale ! Chaussette mouillée ! Pisse de fute ! Rouleau d’PQ mouillé ! Raclure de bidet ! Fond d’benne ! Rideau de douche qui colle aux fesses ! Fond d’pédiluve ! Ben ouais quoi. (idées collectées ne venant pas de moi, merci pour les fou rires).
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Adelphée
Alors voilà, tu te retrouves ici parce que je suis chiante (sisi, c'est la seule raison).
Et je suis chiante parce que pour moi, les mots ça compte.
Je suis de ces féministes relou qui bataillent pour l'écriture inclusive et qui te reprennent quand tu dis « auteures » à la place de « autrices ».
Moi et la langue, on s'aime. C'est que j'aime utiliser le mot juste! Et par « mot juste », bien sûr, je n'entends pas qu'il y aurait une vérité, une justesse, ou même une justice, mais bien qu'il y a, POUR MOI, un mot qui a le bon goût pour te dire ce que j'ai dans ma bouche.
Et le mot du jour, c'est ADELPHIE.
Je suis maman (tu le savais pas...). De deux filles. Et quand je dis « fratrie » pour désigner l'ensemble de ma progéniture, ça me hérisse le poil des aisselles. Parce que « fratrie », ça vient de frater, et ça veut dire ? Voilà. Donc tu as compris, encore un coup de ce connard de patriarcat qui dit que le masculin l'emporte sur le féminin (même quand il n'est pas là! Ben oui, il n’y a même pas de garçon, là!).
Alors moi, (MOI ! Dans ma grande mégalomanie de non-académicienne pas du tout légitime), j'ai décidé de ne plus appeler un groupe de sœurs une fratrie. MOI, j'ai décidé d'appeler l’ensemble de ma progéniture une adelphie. Parce que, si on prend le grec ancien (moi j'avais fait latin, au collège, mais bon...) « adelphos » (au mascullin) et « adelphé » (au féminin), ça veut dire littéralement « né·e·s du même utérus ».
(Au passage, Mater sempra serta est, hein. Donc euh... la fratrie telle qu'on l'entend aujourd'hui, il n'y a bien que parce qu'il y a la pratique de la patrilinéarité dogmatique que ça a du sens... Mais on y reviendra...)
On aurait pu me dire « mais pourquoi pas sororie ? ».
Eh bien parce que c'est moche (<-- Raaah) ... parce que, disais-je, c'est l'équivalent de « fratrie », et que “fratrie”, ça désigne des enfants (dont la part féminine est invisibilisée) né·e·s du même père et de la même mère. Et ça ne veut pas DU TOUT dire la même chose que des enfants né·e·s d'un même utérus ! Ben non. Ben réfléchis. Ben voilà. Merci.
Moi, je m’en fous des géniteurs (aille je vais me faire défoncer...). JE M’EN FOUS DES GENITEURS !!! ...de mes filles (notez, je parle en “je”, je suis intouchable... bisque bisque rageuh!). Moi, ce qui m’importe, ce sont les pères. Et les pères, il y en a bien moins que des géniteurs ! (je reviendrai sur MA définition de “père”).
M’enfin... Ce que je voulais dire, c’est que mes filles sont adelphées. Elles ont en commun d’être nées du même utérus, pas du tout d’avoir le même père et la même mère. Même si c’est un peu vrai dans un sens, elles ont en partie les mêmes parents. Donc mes filles sont adelphées et elles forment une adelphie. Voilà. Maintenant on parle la même langue.
Allez, yolo.
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Et si le polyamour c'était si dur parce qu'on a (presque) tou·te·s eu des frères et sœurs ?
Je vois mes filles cohabiter. Je me suis demandé : tiens pourquoi cohabitent-elles ?
Bon, parce qu'elles n'ont pas le choix, ça c'est vrai.
(non vous ne me ferez pas gober que c'est parce qu'elles s'aiment : vous voulez voir?)
La volonté d’harmonie (entre elles) qu'elles n'ont pas me perturbe. J'ai réalisé depuis quelques temps déjà qu'elles sont forcées de vivre ensemble, que c'est indépendant de leur choix.
Vous savez que je m'intéresse à l'anti-agisme (je ne peux pas dire « je suis anti agiste, parce que je ne supporte pas qu'un homme me dise qu'il est féministe → ah ouais ? Tu veux dire que ton éjaculation ne rythme pas de manière outrancièrement dominante, tes ébats sexuels hétéro? Laisse-moi rire. Haha. Bon, maintenant, laisse-moi lutter et va jouer avec ton doudou..).
Quand l'aînée de l'adelphie m'a dit qu'elle n'avait jamais voulu avoir de petite sœur, je me suis dit « tiens, c'est vrai. Nous avons choisi, de manière unilatéralement adulte, qu'un nouvel enfant serait bienvenu dans cette maison. Nous n'avons même pas pensé à demander à notre première fille si elle était d'accord de changer littéralement de vie pour le simple plaisir d'avoir un petit frère ou une petite sœur... ». Si moi et mon compagnon avions eu un·e coloc à cette époque, il ne fait aucun doute que nous aurions totalement compris que ce chamboulement pouvait lui faire réviser son engagement avec nous. Si j'avais eu un·e employeu·r·se, j'aurais pris des pincettes pour lui énoncer ce changement. Même si la loi me couvre. Même ! J'aurais pris des pincettes avec mes collègues. Mais ma fille, non. Ma fille, sa vie a été changée pour toujours. Notre exclusivité à trois a été, pour toujours, anéantie...
Ce genre de deuil douloureux (notre exclusivité à trois toute chaudoudoux coeurcoeurcoeur), on le fait bien plus facilement, voire volontiers quand on est (justement) volontaire. En gros, quand on a eu, a minima, la place d'un libre-arbitre. De dire ce qu'on en pensait ! Puis on fait le pour et le contre. On décide que c'est peut-être trop douloureux. Ou au contraire, on décide que c'est peut-être pas assez douloureux pour tous les bénéfices qui pourraient en découler... On choisit, quoi.
Ma fille, elle n'a pas choisi. Elle a dû partager ses amours de toujours, son papa et sa maman, seules relations de véritable confiance à cette époque, avec une nouvelle personne.
Alors là, ça me fait bien rire quand je parle de polyamour et qu'on me dit « haaaan mais moi je pourrais pas !! ». Parce qu'en fait, vous l'avez (presque) tou·te·s fait. Seulement, je comprends bien que vous n'ayez plus jamais envie de le faire... Tu m'étonnes...
D'aucun·e·s me diront « mais c'est pas pareil, c'est un·e enfant », et le relation parentale n'a rien à voir avec la relation amoureuse.
Au risque de te choquer, pour moi c'est très ressemblant. Grande confiance, grandes dépendances affective et matérielle (bien plus que d'un·e amoureu·se·x)...
Alors quoi, on se ménage des temps exclusifs ? Comme ces poly qui se font un agenda minutieusement organisé ? On fait attention à, lorsqu'on fait entrer quelqu'un·e dans le polycule (la famille, dans ce cas-là), vérifier que chaque personne se sente en sécurité ? T'as vu le nombre de manuels qui décrivent comment ouvrir une relation ? T'as vu le boulot que t'as si tu veux insérer un nouvel enfant dans ta famille ? Bon courage !
Mais pire encore : tu sais que ton rapport au consentement est biaisé ! Tu es parent, et tu as face à toi un·e enfant. Cette personne n'a AUCUN pouvoir, dans notre société, si ce n'est celui de te briser les couilles alors que tu veux dormir, et encore, ça c'est seulement quand t'es un parent qui s'est mis comme limite de ne pas frapper ses gosses, leur faire de chantage affectif, ou les terroriser pour qu'ils te foutent la paix.
Et si... tu respectais ton amoureu·se·x seulement parce que cette personne a le pouvoir de dire librement oui ou non à la relation ? Et si ton enfant pouvait te dire « désolée mais si t'as un enfant de plus, je ne pourrais pas le supporter, je préfère que tu ne sois plus ma mère... » ? En gros, et si tu respectais les gens uniquement quand iels ont du pouvoir sur toi ?
Ah, tu viens de prendre conscience d'un privilège. Bravo.
Bon voilà. Tu sais quoi ? La prochaine fois que je tombe enceinte, je l'imposerai à tout le monde, parce que je suis une grosse emmerdeuse et fière de l'être. Il n'y a qu'à mes filles, je crois, que je demanderai ce qu'elles en pensent... Je crois que c'est les seules de qui je pourrais supporter un « han, mais tu crois pas que tu devrais avorter ? On n'est pas prêtes ! T'es au RSA quand même, et on habite dans un appart pourri (et surtout ce gosse va me piquer tous mes becs!) ». Même si, de la même manière que je ne crois pas qu'il soit bon de sacrifier un amour naissant quand on est avec un·e partenaire insécure, je ne sacrifierai sans doute pas cette nouvelle grossesse parce que mes filles n'en veulent pas. On trouvera une solution gagnantes-gagnantes (merci Thomas Gordon et la cnv) !
YO-LO.
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