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Paranoïaque. Conspiration de la matière.
Peu à peu quelque chose se dérègle qui me permet d’ajuster les intentions que je prête aux autres. C’est très diffus, mais je sens tous les jours un peu plus la distance qui me sépare du visage de l’Autre. Je vois des yeux de rage dans les sourires. Des larmes dans les yeux de joie. Et une haine monumentale qui me toise quotidiennement. Je m’en accommoderais comme d’une mutilation si je ne perdais pas en même temps ce qui me permet de m’ajuster avec moi-même, de percer à jour mes propres intentions. Perdre la spontanéité de la rencontre, c’est une chose. L’artifice de la spéculation fait l’affaire. Un blanc suspect et tu désamorces la situation en disséquant un jeu de concepts ou bien tu pianotes dans l’inintelligible pour mettre en partage une sensation. Le monde commun, quoique vacillant, est toujours là. Et tu vois bien cependant un gouffre à l’horizon, tu vois bien que tu lui tournes le dos.
Mais les choses prennent une tournure tout à fait inquiétante. L’axe dévie. Une pente freine tes efforts pour fuir. L’Autre comme problème disparaît, lui qui pourtant, tenait ton unité en problème. Tu perds désormais ce qui permet de t’ajuster à toi-même. Tu te trompes sur tes propres intentions. Mais ce n’est pas grand chose encore. Le circuit du moi au moi est fonctionnel. Il y a toujours quelqu’un en toi pour te renvoyer à toi-même et t’effrayer de tes propres égarements.
Mais bientôt les objets prennent vie dans ton intérieur. Quel intérieur ? Tout le dehors se concentre sur le gouffre de ta personne. C'est la conspiration de la matière. Tu n’es pas en chute, tu es la chute. Une chute du monde qui s’écroule par la vision. Ferme les yeux : le défilé recommence sans repos. Il n’y a aucun rideaux à tirer sur ton propre désastre. L’image est toute-puissante. Il n’y a pas d’alternatives à l’image. Pas de fin à l’explosion de la profondeur : le spectacle s’impose en pure surface. Tu comprends pour la première fois que tu n’as jamais été qu’une image et tu surnages dans le réel parmi les objets qu’on attache et ceux qui servent à attacher. Car tu as perdu toute attache. Tu fais l'épreuve du mouvement perpétuel : plus rien ne s'arrête. La pureté sans sommeil est en roue libre dans ta chute.
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Accélérascensionnelle
Il fait nuit et de longues lumières silencieuses s’enroulent dans ma vision. J’approche les 200 km/h. Tout est plus calme au voisinage de la mort. Je surplombe le clignotement des choses. J’atteins le repos à pleine vitesse, au moment où je peux décider d’exploser dans mon cabriolet. Ca y est. J’ai fusionné avec le bolide projeté par le pouls d’un délire. Je ferme les yeux. Le carrosse soupir. Il faut aller plus loin, plus vite encore. Je cherche la perfection d’un frôlement sans retour : une chute à l’horizontal. Mais je m’arrondis. Je gonfle, je gonfle tandis que le cabriolet ronfle. Des courbes m’ôtent à la course. Plusieurs mètres me séparent désormais de l’asphalte. Des toilent tièdes s’ouvrent et m’emportent dans les airs. Plein phare sur les hauteurs, c’est l’ascension, le décollement de la vitesse. Et plus je m’élève, plus je m’étale. Je deviens planète-fusée, étoile filante. Et j’écris sur mon carnet : il n'y a décollement qu'au prix d’un aplatissement. Je suis enfin enveloppé dans ma montgolfière supersonique. Je suis une toile. Rideaux ! et linceul.
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Musique électronique
La grande ouverture sonore
Commence sur ta machine
Électronique.
Elle fait chanter le métal
Diabolique
Hurlement déchirant
De la matière musicale
Cet algorithme instrumental
À tes esgourdes épileptiques
Qui texture les aires cérébrales
Du sensoriel associatif.
Le mixage est un art visuel
La prédiction des particules
Qui
Grinchent dans les membranes
Ces ventouses aériennes
Pour variations du grésillement
Grinçant et
Atomique
De la
Matière microscopique
Qui contracte
La danse
Du bruxisme
Élémental.
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Piratage à l'eau douce
Les mots ivres saoulent,
C’est un peu pourquoi,
Je les
Pirate
À l’eau douce.
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Coussin-oursin
Ce peut être coussin-oursin.
Moins encore
Rien que ça, ou d'autres choses
Comme des sensations qui font mots,
Montent au cerveau,
Éclatent dans les choses
Puis font des
Hématomes
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Ardèche
Le caillou fait le dos rond au fond de la rivière. Il joue dans les remous. Plus haut, les fentes de pierre pissent l'eau clair, fraîche fontaine de plasma blanc étincelant. Sur les parois, de gros ventres durs dessinent d'ocres bouées. Mais l'on ne s'agrippe à rien qu'un pommeau minéral froidement bleuté.
Le mouillé, j'y viens. Vert, d'accord. Mais ça brille, c'est pailleté de mouvements, des vagues de miroirs s'enroulent le long des grosses roches rondes.
Tiens, tout au sud, le lézard cuit, inerte sur l'une d'entre elles. Le bougre ne gambade plus sur l’herbe drue. Un petit trou noir plus bas, l'écrevisse se carapate. D'abord elle glisse, tic entre les pierres, tic toujours, toc, puis tape très fort, râpe plus fort encore, gratte, la galère ! c'est quoi ce bordel, la goutte d'eau de trop ! Pourtant, que c'est bon de se lover dans une goutte, pareille à la coccinelle qui fait le têtard. Bon, la mousse se la coule douce. Le serpent serpente au creux d'un écrin d'argent, repère d'écailles marines.
Rupture.
Toi, tu es là. Tu prélèves l'air. Fragile squelette mal articulé au pied fêlé, la faim creuse l'angoisse en plein dans ton ventre mou. De la chair presse contre quelque chose. Non, c'est le vide, l'appel de la chute pour assouplir toutes tes petites brisures. Ton corps douillet bientôt repassé, suivant l'élongation de l'univers, formant enfin une étoile accrochée dans le ciel.
Lève la tête, regarde-moi :
Ici,
Dans l’horizon des événements
Droit en haut –
Oblongue et brisée,
Une singularité
Galactique.
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Trois niveaux
Il y a trois caractéristiques :
La première,
La deuxième,
La troisième.
Le reste :
Des points tirets.
Ce sont aussi les trois niveaux de l’incompréhension
…
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La mousse
J’aime les concepts intermédiaires
Et les concrétudes passagères.
La ventouse,
Ce ressort
Chewing-gum
Les choses qui font surface
Avant d’être remâchée
Pas longtemps
Une forme silencieuse
L’inconsciente pulsion
De la représentation
Plongée dans
Le coma
Comme la mousse
Pas tout à fait solide
Pas complétement liquide
Milieu de la matière emmêlée
Condensé complexe de l’intime
Pureté de l’entre-deux
Ouvert sur l’espace tordu. La mousse monte en colonnes
Couchées
Elle prend la forme qui la
Déforme
Un espace aux structures
Pliantes
Respiration de la sculpture
Débordement
Du territoire sensible.
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?
Sur la piste de la déglingue, je t'ai trouvée dans une épaisse mousse. Ton visage étiré à mes pieds s'ouvrait en béance dans l'eau. Tu as parlé. J'ai entendu un mot hurlé. Ce n'était qu'une hallucination sous la douche à mes pieds sous la mousse. C'est très étrange ce qui arrive à mes yeux, les longues caresses invisibles et tous ces mondes qui s'inventent autour de moi.
Ça en fait des choses à vous raconter.
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Ressources
Le poète se nourrit de sommeil.
Financièrement,
Il vole des mots. Matériellement,
Il vole des parfums.
Sexuellement,
Il vole des draps
Des draps où
Il construit
Un nid
Pour
Dormir.
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El Raval
Un pigeon délabré
Fume,
Clope au bec
Dans le quartier
Du Raval.
Il écoute palabrer
Les libertaires,
Qui préparent
Derrière le cache-œil
Malicieux
Le bris de la misère.
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Barcelone
Un soir à Barcelone,
Je suis entré de tout mon saoul,
Sang de sangria
En manitou
Dans la Sagrada Familia.
Au chevet du Christ
Je suis venu
J’ai levé la terre
Et mon verre nu
À sa tête
Suspendue à l’envers
J’ai déposé l’univers
À sa langue
L’hostie
Sidérant et
Dérivant
Un feu follet un peu triste
Est apparu
Suscitant
Comme de l’eau dans l’imagination
Des archétypes marins,
Coulantes arabesques
Glisses inconscientes
Pour un rêve gluant
Grande rave sur l’océan
Vague
Et des visions visqueuses
Pour le paralytique,
Danseur de tecktonik.
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Adélaïde
Sans trop savoir pourquoi,
Jésus,
Fils d’Abraham
Et d’Adélaïde,
Est monté dans le métro.
Il est parti à l’aventure,
Porte des Lilas.
À la rencontre du miroir
Magique,
Irréelle devanture.
Enfourchant son tricycle,
Pliable miniature,
Quelque peu électrique,
Il s’est égaré
À Ménilmontant,
Sans vraiment savoir pourquoi.
Adélaïde
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Mot-chose
Dans ta bouche, je suis la langue d'une pensée,
Je mets des idées sous tes paupières,
Et tu t'endors.
Les mochoses marchent ou coulent dans ma bouche
La bouche tête jusqu'à mâcher des mots-chairs
Un mot, c'est de l'air en pression dans la gorge
Il vient glisser sur la langue plâtrée
Les lèvres forment des angles
Ici, il faut s'adresser
Alors :
J'abandonne
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Redescente
Voilà un après-midi sans bouger Rien que du temps horizontal à râper
Fourré dans mon poids,
Au centre d’un corps crispé,
Quelque part à l’intérieur,
Je tremble en accéléré
Ça prend la gorge,
Les os,
Les bras
C’est dur
Dans mon crâne-aquarium,
J’attends une évaporation Mais,
Cette nuit viendra
Encore
La grande détente joyeuse
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DXM
Je flotte encore entre des coussins d'air,
Dissocié des angles lisses,
Des plates verticalités éteintes,
Des coupes droites et dures
Dissous dessus dessous,
Je n'appuie sur rien
Le point de résistance est un fantôme,
Juste un nuage de brume,
De la fumée qui trouble tout
La terre est parfaitement élastique
Un peu de mouvements,
Un rien furtif comme un glissement perpétuel
Je me suis réveillé éparpillé aux quatre coins de la ville
Là-bas l'œil tournait à la recherche d'un nez
N'importe lequel aurait fait l'affaire
Unifié, désarticulé
L'invisible attirance aimante la multiplicité disjointe
C'est un planement sans surface,
Un planement parfaitement sauvage
Où surgissent des rires que je n'entends pas
Ils sont pourtant bien là,
Comme toi, à un pas
Non, je suis seul
J'ouvre un œil, l'autre
Deux images superposées
Sans unité visible
Dans le miroir : une dent surmonte un nez
Maintenant je suis enfin fluide
Dans ce désordre
Danse du chaos
Un tremblement intégral
Fait vibrer les murs à travers lesquels
Je passe comme un oiseau les nuages
Sous la lune je marche sur l'eau
Et caresse surtout
Un tapis
La nuit durant.
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Joe le Tatou
Joe le Tatou est maintenant sur les starting-block en aluminium ! Shooté aux coccinelles bien dodues, Joe le Tatou prépare son deuxième confinement. La petite réserve de cafards sous la patte, il part rouler sa bosse et son groin à la recherche d'un humus frais où laper deux trois chenilles bien plissées.
Joe le Tatou passe furtivement. C'est un petit terrible qui vibre à l'appel de l'oiseau. Mais à un moment, paf ! Joe le Tatou sabote son histoire : il soliloque comme un troufion, ratiocine à vau-l'eau, puis se pose sur sa coquille en chantant la Marseillaise.
Vive la France, Vive la République.
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