Don't wanna be here? Send us removal request.
Text
mes 23 ans (et demi aujourd'hui) dans ma maison métaphorique.
mon introspection a été chronophage, laborieuse et récemment plutôt éprouvante, et, me raconter mon moi en image m'est bien plus léger, bien plus clair. Ma vie, ma / mes maisons, et leurs descriptions.
J'étais reconnaissante de connaître le jour de mes 22 ans, en bruine.
Je dirais que couler ses propres fondations est assez inusuel, en général, nos parents le font pour nous à notre arrivée.
Les miennes, malgré la bienveillance et l'amour, ont été carrément moisies par les maladresses de mes deux parents pas très coordonnés à mon avis... Des fondations en béton paillé. Assez solides malgré tout pour que je commence à y poser mes propres briques. Des briques de toutes les couleurs, j'ai bâti mes murs en fantaisies, entourée de pies, de vers de terre et de sauterelles, et c'est merveilleux.
Puis le vent, on grandit, la maison avance, ce vent tous les jours, je m'en suis jamais vraiment rendue compte en fait, je n'ai connu que le vent. Chaud, froid, léger, fort, du vent toujours. Maison fragile, mais maison quand même!
on grandit un peu plus, puis je me fais des copains, je vais chez eux, et, c'est marrant elles sont différentes leurs maisons! Il y fait chaud et certaines d'entre elles sont même décorées!! C'est ravissant!
Petits bouts de vous que j'aime, que je vous aime, mes rencontres, mes livres, mes musiques, mes couleurs en dessin, mes poètes, quand vous êtes là on pourrait presque dire que le vent souffle plus... Que je vous aime, que je garde des grains de vous et les dispose tels des talismans qui repousseraient le fracassement que j'entends derrière mes parois. Le vrombissement du vide immensément lourd. Quand on y croit fort, ça marche vraiment.. mais vraiment vraiment! Puis vraiment plus qu'un temps.
Alors comme ça, une maison construite correctement est isolée du froid de l'hiver? Du trop chaud de l'été d'ici? Moi j'ai vite appris à cacher les trous, ca marche bien si personne farfouille trop.
On aurait dit que le vent avait fait affaire personnelle de mon pauvre logis charmant et rabougris.
Ma maison toujours assez charmante pour y recevoir ceux que j'aime, qu'ils s'y sentent bien, je les aime si fort, le temps passe et quand ils sont là le vent souffle plus vraiment. Puis c'est la pluie, les pluies, des torrents, le vent, le tonnerre, la tempête tout autour, les inondations, rien ne sèche plus, plus de soleil, plus de rien. Et tout mon amour, ma vie, je n'entends que les bourrasques à en avoir des acouphènes. C'est l'humidité de ma dépression qui a ramolli les murs maladroits que j'avais monté sans notice ou référence. Et il aura suffit d'un jour tranquille pour ma ballade. Tout devient poussière, la fuite en vacances vers un ailleurs moins trop? Mais tout, c'était pas grand chose... Ca tenait à rien... Je tenais qu'à vous. J'aurais fermé la boutique des années plus tôt sans Stella, sans toi mon mimi, sans mes ami(e)s, sans mes parents pour lesquels je m'efforçais d'au moins un coup de balais.
L'humidité m'a fait honte, je refusais l'accès à tout le monde, quelle honte d'être malheureuse. Tout le monde et tu étais devenu mon coloc. Que faire de ces moisissures? pas grand chose tu sais, ça grignote et c'est tout. C'est tout, c'est rien, tu sauras faire toi.
Plus personne, moi chez les autres souvent au début, puis de moins en moins. Tant que tout le monde va bien...
Puis un jour, tout le monde va bien! Personne toque, un mardi matin ensoleillé, j'avais abandonné il y a bien longtemps l'idée de sauver les meubles tu sais, ô mon coeur. Et c'est marrant parce que petite, je savais que ma maison partirait vite en fumée mais je pensais que ça serait par le feu. Et puis finalement ça a été le blanc immaculé de la neige qui m'a eu, ma peau froide peu importe les pulls d'amour qu'on a pu m'enfiler, et qu'est ce que vous m'en avez donné pourtant.
Mes vacances, je les ai prises quand j'ai cru que plus personne n'avait besoin de moi, et quel soulagement ce fut.
Ma mère a eu sa foi,
Mon père sa copine,
Stella toujours aussi occupée et elle avait de frais souvenirs de moi joyeuse, les derniers que cette maison fragile ait connu tout comptes faits
Toi tu trouvais un nouveau travail, une nouvelle ancienne amie, puis pour être sûre, j'essayais te préparais à mon départ... Je ne t'aime plus my dear, ne te retourne pas...
Je vous considérais et vous admire toujours, vous êtes forts et largement assez pour me laisser partir sans peine. C'est ce que je pensais.
Nico tu as pleuré de m'avoir tué, je pleure aujourd'hui encore d'avoir vu mon maudit vent tout briser, puis éparpiller le monde que tu avais réussi à te bâtir. C'est pas de la culpabilité, j'ai toujours fait de mon mieux et malgré la force que j'ai toujours eu pour combler tous les trous de mes murs pour les invités, je ne pouvais le faire avec toi, toi, seul dans le pli de mon coeur. Pour ça, c'est l'empathie qui me secoue encore, parce qu'on peut pas sauver ce genre de meubles, ni moi, ni toi, j'aurais aimé pouvoir d'offrir un endroit plus secure.
Plus grand chose à faire avec ces ruines maintenant, elles sont là, belles quand même. Témoins de rires, de regards, de pensées, de gens. Que faire de ces fondations après? Je la voulais ma maison. Une maison petite, une maison chaleureuse, humble. C'était en été, et la météo allait indéniablement tourner. Alors je me suis empressée de me mettre au boulot : MES fondations. Celles dont je te parlais. J'ai, on! a commencé les travaux, et toi aussi t'étais là au tout début; puis il y avait tous les copains, fondations ancrées dans les choses merveilleuses de la vie que j'avais fini par oublier, et qui m'ont secoué plus fort que jamais quand je suis revenue de mes vacances (écourtées dieu merci) : l'herbe sous les pieds nus, le petit, le grand, les histoires, les passions, la vie, les vôtres, la mienne, celles qui se croisent. Le léger, mais aussi le lourd. Bon j'avoue je préfère toujours le léger mais qu'est-il sans pesanteur? Beaucoup de choses ont été très différentes, très vite. Je savais que ce serait long, qu'il allait me falloir du temps à moi aussi, et du courage. J'en avais un peu, et vous m'en avez donné beaucoup.
Les travaux, ca vascille, parfois l'eau revenait, mais j'ai tout a apprendre. Et j'ai tellement appris. J'ai appris à m'aimer, à me critiquer à raison, ton absence m'a tellement appris aussi et j'en apprends encore. J'ai appris a mettre des mots sur mes maux (facile celle là mdr dsl).
Et puis c'était très prenant et le temps passait, sans que je m'y attende, ma nouvelle maison devenue habitable. Peu de déco so far, j'ai gardé les morceaux de souvenirs que je chéris toujours, tu y es parfois, parmi les autres, sans piédestal, pas besoin. Maintenant que le temps m'a permis de me mettre à l'abris du vent qui soufflera toujours dehors de temps en temps (tant mieux), je peux enfin le consacrer à profiter du tiède, du soleil ardent qui tapera mes cheveux noirs sans casquette cette fois si j'en veux, ou d'aller jouer dans les flaques de pluie, puis aussi à étudier les ruines de mon passé. Depuis mon départ, j'ai ramassé la plupart des morceaux éparpillés de mon moi malade, et me sens prête à les recoller, à comprendre petit à petit. Puis c'est marrant parce que
[mon passé, mes ruines, mes fleurs]
mon tatouage effacé qui dit
[pas de pluie, pas de fleurs]
prend tout son sens.
Je t'invite à ma crémaillère si tu sens que le temps t'a réussi aussi...
1 note
·
View note