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bloc notes de clément
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blocnotesdeclement · 8 years ago
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Notes sur le cinématographe, Robert Bresson
Deux sortes de films : ceux qui emploient les moyens du théâtre (acteurs, mise en scène, etc) et se servent de la caméra afin de reproduire ; ceux qui emploient les moyens du cinématographe et se servent de la caméra pour créer.
Le cinématographe est une écriture avec des images en mouvement et des sons.
Rien n’est plus faux dans un film que ce ton naturel du théâtre recopiant la vie et calqué sur des sentiments étudiés.
Il faut qu’une image se transforme au contact d’autres images comme une couleur au contact d’autres couleurs. Un bleu n’est pas le même bleu à côté d’un vert, d’un jaune, d’un rouge. Pas d’art sans transformation.
De qui ? « Un seul regard déclenche une passion, un assasinat, une guerre ».
De deux morts et de trois naissances. Mon film naît une première fois dans ma tête, meurt sur papier ; est ressuscité par les personnes vivantes et les objets réels que j’emploie, qui sont tués sur pellicule mais qui, placés dans un certain ordre et projetés sur un écran, se raniment comme des fleurs dans l’eau.
Admettre que X soit tour à tour Attila, Mahomet, un employé de banque, un bucheron, c’est admettre que X joue. Admettre que X joue, c’est admettre que les films où il joue relève du théâtre. Ne pas admettre que X joue, c’est admettre que Attila = Mahomet = un employé de banque = un bucheron, et c’est absurde.
Créer n’est pas déformer ou inventer des personnes et des choses. C’est nouer entre des personnes et des choses qui existent et telles qu’elles existent, des rapports nouveau.
Tournage. Se mettre dans un état d’ignorance et de curiosité intenses, et quand même voir les choses avant.
Il faut que les bruits deviennent musique.
Tournage. Rien dans l’inattendu qui ne soit attendu secrètement par toi.
Comment se dissimuler que tout finit sur un rectangle de toile blanche suspendu à un mur ? (Vois ton film comme une surface à couvrir.)
Une image trop attendue (cliché) ne paraîtra jamais juste, même si elle l’est.
Ne cours pas après la poésie. Elle pénètre toute seule par les jointures (ellipses).
Que ce soit les sentiments qui amènent les événements. Non l’inverse.
Tournage. Merveilleux hasards ceux qui agissent avec précision. Façon d’écarter les mauvais, d’attirer les bons. Leur réserver d’avance une place dans ta composition.
Qui peut avec le moins peut avec le plus. Qui peut avec le plus ne peut pas forcément avec le moins.
Tournage. S’en tenir uniquement à des impressions, à des sensations. Pas d’intervention de l’intelligence étrangère à ces impressions et sensations.
Pouvoir qu’ont tes images (aplaties) d’être autres que ce qu’elles sont. La même image amenée par dix chemins différents sera dix fois une image différente.
Ni metteur en scène, ni cinéaste. Oublie que tu fais un film.
Ne pas tourner pour illustrer une thèse, ou pour montrer des hommes et des femmes arrêtés à leur aspect extérieur, mais pour découvrir la matière dont ils sont faits. Atteindre ce « coeur du coeur » qui ne se laisse prendre ni par la poésie, ni par la philosophie, ni par la dramaturgie.
Images et sons comme des gens qui font connaissance en route et ne peuvent plus se séparer.
Charme du film de X fait de bric et de broc.
Modèle. Ce que tu fais connaître de toi par coïncidence avec lui. Que chaque image, chaque son se pèse, non seulement à ton film et à tes modèles, mais à toi.
Un petit sujet peut donner prétexte à des combinaisons multiples et profondes. Évite les sujets trop vastes ou trop lointains où rien ne t’avertit quand tu t’égares. Ou bien n’en prends que ce qui pourrait être mêlé à ta vie et relève de ton expérience.
Des l’éclairage. Choses rendues visibles non par plus de lumière, mais par l’angle neuf sous lequel je les regarde.
Rapprocher les choses qui n’ont encore jamais été rapproché et ne semblaient pas prédisposées à l’être.
Une chose ratée, si tu la changes de place, peut être une chose réussie.
Une chose vieille devient neuve si tu la détaches de ce qui l’entoure d’habitude.
Tournage. Ton film doit ressembler à celui que tu vois en fermant les yeux. (Tu dois être capable à tout instant de le voir et de l’entendre tout entier).
Bien savoir ce que ce son (ou cette image) vient faire là.
Si l’oeil est entièrement conquis, ne rien ou presque rien donner à l’oreille. On ne peut être à la fois tout oeil et tout oreille.
Un son ne doit jamais venir au secours d’une image, ni une image au secours d’un son.
Si un son est le complètement obligatoire d’une image, donner la prépondérance soit au son, soit à l’image. A l’égalité, ils se nuisent ou se tuent, comme on dit les couleurs.
Il ne faut pas qu’image et son se prêtent main-forte, mais qu’ils travaillent chacun à leur tour par une sorte de relais.
L’oeil sollicité seul rend l’oreille impatiente, l’oreille sollicitée seule rend l’oeil impatient. Utiliser ces impatiences. Puissance du cinématographe qui s’adresse à deux sens de façon réglable.
Changer à tout instant d’objectif photographique, c’est comme changer à tout instant de lunettes.
Ton film aura la beauté, ou la tristesse, ou etc, que l’on trouve à une ville, à une campagne, à une maison, et non la beauté, ou la tristesse, ou etc, que l’on trouve à la photographie d’une ville, d’une campagne, d’une maison.
Ressemblance, différence. Donner plus de ressemblance afin d’obtenir plus de différence. L’uniforme et l’unité de vie font ressortir la nature et le caractère des soldats. Dans le garde-à-vous, l’immobilité de tous fait apparaître les signes particuliers de chacun.
Le réel arrivé à l’esprit n’est déjà plus du réel. Notre oeil trop pensant, trop intelligent. Deux sortes de réel : 1) Le réel brut enregistré tel quel par la caméra. 2) Ce que nous appelons réel et que nous voyons déformé par notre mémoire et de faux calculs. Problème. Faire voir ce que tu vois, par l’entremise d’une machine qui ne le voit pas comme tu le vois.
Tournage avec les mêmes yeux et les mêmes oreilles aujourd’hui qu’hier. Unité, homogénéité.
N’embellis ni n’enlaidis. Ne dénature pas.
Émouvoir non pas avec des images émouvantes, mais avec des rapports d’images qui les rendent à la fois vivantes et émouvantes.
Films lents où tout le monde galope et gesticule ; films rapides où l’on bouge à peine.
Supprimer ce qui détournerait l’attention ailleurs.
Pas de la belle photo, pas de belles images, mais des images, de la photo nécessaires.
Ton film n’est pas fait pour une promenade des yeux, mais pour y pénétrer, y être absorbé tout entier.
Expression par compression. Mettre dans une image ce qu’un littérateur délaiterait en dix pages.
Provoquer l’inattendu. L’attendre.
Du choc de l’enchaînement des images et des sons doit naître une harmonie de rapports.
Créer des attentes pour les combler.
Sans abandonner la ligne, qui doit ne jamais être abandonnée, et sans rien lâcher de toi, laisse caméra et magnétophone attraper, l’espace d’un éclair, ce que t’offre de neuf et d’imprévu ton modèle.
Bien tracer les limites dans lesquelles tu cherches à te laisser surprendre par ton modèle. Surprises infinies dans un cadre fini.
Condamnés sont les films dont les lenteurs et les silences se confondent avec les lenteurs et les silences de la salle.
Sois aussi ignorant de ce que tu vas attraper qu’un pêcheur au bout de sa canne à pêche. (Le poisson qui surgit de nulle part).
Idée creuse de « cinéma d’art », de « films d’art ». Films d’art ceux qui en sont le plus dépourvus.
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blocnotesdeclement · 8 years ago
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AVIS / LES FIGURES DE L’OMBRES
Scénario (idée, rythme) : 1/2. Tiré d'une histoire vraie, bon rythme (à l'américaine).
Casting (choix, interprétation) : 2/2. Lumineux
Image (décor, lumière, prise de vue) : ★☆ Banale
Son : 0,5/2
Réalisation générale (montage, originalité) : 0/2
Moyenne : 5/10
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