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Vestiaires
On va en cours de sport. Faut traverser la cour, attendre devant le grillage que le prof vienne ouvrir le portail.
Je suis pas la dernière, pas la première.
Pour aller en sport j’ai un vieux survet bleu marine, adidas, avec les élastiques sous les pieds. Ma mère l’avait dantan.
On doit aussi aller dans les vestiaires. Je ne les aime pas, ils sont froids. Il y a ce couloir d’un côté les garçons de l’autre les filles. A gauche c’est pour les filles, un grand et un petit vestiaire séparé par les douches collectives.
Au collège, en sixième on ne se douche pas. On se met du déo fa, tahiti ou oé ou ushuaia, enfin je ne me souviens pas.
Je me souviens que moi, j’en avais pas. Et que personne ne voulait m’en prêter.
Le mardi, il y avait une heure de français après le sport. Et ils se moquaient de moi. Des morceaux de papier passaient dans la classe avec “tu pues” “payes toi un déo”.
Cette heure était atroce. Je me sentais seule. Et les profs ne voyaient jamais rien.
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Justine
Je croyais qu’on serait copine.
Elle venait d’arriver des Etats-Unis avec sa mère, son frère et son chien. Un espèce de caniche géant, pas super gentil.
Son père était mort. Nos mères se voyaient, se rendaient service et Justine venait souvent à la maison. Sauf qu’en fait, elle était méchante.
Ado capricieuse, précieuse, avec un mauvais fond. Je ne le savais pas. Elle racontait tout ce qu’elle voyait chez moi. Critiquer la voiture de mes parents, pas assez in pour elle. Critiquer mes vêtements. Elle c’était les marques, les grandes marques à la mode. Moi c’était pas ça, c’était carrefour et les soldes de carrefour.
Elle se moquait de moi, déjà complexée depuis la sixième avec mon poids. Elle se moquait de moi au travers de blague sur mon nom de famille.
C’était une peste, elle ne me lâchait pas, elle était dans ma classe. Elle me méprisait, je crois qu’elle méprisait aussi les autres.
Quand je passais devant chez elle. J’avais mal au ventre. Même le mercredi après-midi quand j’allais à la gym. En plus, elle venait aussi à la gym. Alors j’ai arrêté le sport. Je voulais plus y aller, je me faisais mal, c’était le plus simple pour ne pas aller au sport. Se faire mal. Et je me suis cassé le pied. Le genou.
Même dans les blessures elle s’est moquée. Elle avait souvent des béquilles, des entorses, des attelles. Toujours plus belle que moi, Toujours à se moquer de moi.
Et je répondais jamais
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Mal de bide
Ce matin, j’ai mal au ventre. Un peu comme tous les matins. J’arrive pas à faire “caca”, j’ai mal. Je veux pas aller à l’école non plus.
J’ai mal au ventre, je veux rester à la maison. Je me tors de douleur, mais ma mère ne me croit pas. Mon père le matin, il est déjà parti au travail, il n’y a que ma mère pour me croire, mais elle ne me croit pas.
Je dois quand même aller au collège à pied. Je passe devant la maison de Betty, on fait un bout de chemin ensemble. Très vite on passe devant la maison de Justine. Enfin des grands-parents de Justine.
J’ai encore plus mal au bide. Comme un coup de poing, un peu comme l’appendicite. Même si je n’ai jamais eu l’appendicite c’est pareil.
On continue à marcher. On arrive vite au collège. Au bout de la rue à gauche, puis à droite et on y est.
Dans la cour j’ai toujours quelques minutes à attendre, je cherche mes copines. Elles ne sont pas là ce matin.
J’ai vraiment mal au bide là.
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Le self
Il est 11h55, et c’est l’heure d’aller au self.
Quand tu es en sixième, tu es chez les petits et tu manges en premier. Il faut rentrer par classe. Tu manges avec ta classe, même si tes copains sont dans une autre.
5ème A, 5ème B, 5ème C... on égrène l’appel. Le pion vérifie bien ton nom, ta présence.
Et tu passes au self. Et tu manges avec ta classe. Même si dans ta classe tu n’as pas d’amis.
Dans la classe, dans ma classe, il y a Aurélie B. et Amélia E. Elles ne m’aiment pas, je le sais. Elles se moquent de moi en continue ; surtout à la cantine. Et là, c’est usant. “tu manges trop, normal que tu sois grosse”... et ça continue encore et encore. Tous les jours c’est pareil. Je mange vite, très vite pour m’échapper.
Mais ça marche pas facilement.
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1er jour au collège
Je suis dans la cour du collège. C’est le grand saut. Avant, j’étais dans une école de 30 élèves, et pas au fond de la campagne.
Je suis au collège, il y a 600 élèves. Je suis une petite sixième. Je suis pas super tranquille, et ma mère m’accompagne, ça me gène un peu quand même.
J’ai peur du regard des autres, de pourquoi on m’accompagne, j’ai l’impression que tous les autres sont seuls, sans un de leur parent.
Et puis je dois manger à la cantine. Je serai demi-pensionnaire.
Je connais personne sauf mon prof principal. De mon ancienne école, du CM2 nous ne seront que 4 dans le collège. Il y a les grands CM2 de l’an dernier, ceux des autres années.
Mais les grands d’avant ne me reconnaissent pas.
Mais je suis qu’avec un de mon ancienne école dans ma classe. Les autres, ils se connaissent déjà tous.
Je connais qu’un élève et le prof principal parce que c’était notre prof d’anglais à l’école primaire.
Au fond, je connais personne, et c’est le premier jour.
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Des mois, des années, je le lis,
Je le vois, je l’entends, je l’ai subi.
On n’en parlait pas dans les nineties.
On le niait dans les nineties.
C’était sourd, c’était fourbe, ça l’est toujours.
Putain de harcèlement scolaire
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