Tumgik
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Coeur chavirant
J’ai travaillé à l’institut des coeurs brisés: poésie quotidienne hospitalière. 
Mon coeur s’est vite mis dans mes talons lorsqu’on a fait défiler la liste des patients. Micro-pourcentage de fonction cardiaque résiduelle, tempêtes arythmiques faisant fuir n’importe quel monteur de lignes d’Hydro, pathologie congénitale maintes fois opérée résultant en un échangeur Turcot anatomique ou procédure style ballon dirigeable jusque dans les lointaines valves. 
Sans tarder, on s’est mis le coeur à l’ouvrage, il y avait tant à faire et tout à apprendre. Les journées se sont succédées, sans se ressembler. 
Et puis, mon coeur a battu la chamade: patient blanc comme neige, à bout de souffle, tenant à un fil. On lui a arraché le coeur, il n’était plus très bien accroché, trop faible, trop friable, trop enclin au vertige. Le désordre désormais diffus dans tous ses organes. On lui a remis un coeur mécanique, coeur d’acier, de fonte et subissant un tournis sans fin. J’ai écouté, les bruits de Korotkoff disparus, il n’y restait qu’un clic-clic-clic-clic. Trame de fond d’une vie où on attendra qu’on lui offre un coeur. 
Soins intensifs | Sous sédatifs | Statiquement naïf
J’ai sauté bien des beat. J’ai eu le coeur au bord des lèvres quelques fois, courbée par les heures interminables. J’ai été privée du murmure même devant les cas tragiques; certains semblaient avoir le coeur qui les gênait quelque part. Mais dans dans tout ça, j’ai rencontré des figures héroïques éclatantes d’humilité, du personnel soignant aux yeux débordant de confettis et des collègues qui pétillaient de passion.
Si la scène est parfois à même le ciel, elle s’est jouée devant mes regards ébahis pendant ces quelques semaines. Mon coeur a tangué. La petite résidente conserve son coeur d’artichaut. 
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Nitrate d’argent pour fissure hospitalière
Et parfois, on craque, tout simplement. 
.cric
Cette semaine, je suis rentrée, les lunettes se remplissant de brume entre deux stations de métro, lézarde au coeur. Cette semaine, entre deux étages d'ascenseur, une collègue s’est fissurée devant moi. 
.crac
D’autres décrivent déjà mieux les heures interminables, le jet-lag, les attentes de performance, la lourdeur des cas et les yeux des familles. On sculpte l’intangibilité et on s’y fendille un peu. 
.croc
On a bloqué l'ascenseur. On a parlé.
J’ai pilé sur mon orgueil et avoué ma fatigue. Un ami m’a renvoyé des mots qui réchauffent illico. 
. <3
Et j’ai repensé à tout ça. Le prescriptions sont finalement peu nécessaires. Le bonheur c’est surtout les yeux passionnés de l’agente de sécurité dévorant son livre d'herboriste entre deux pagettes de code ou le fou rire partagé avec la commis devant mon incompétence à utiliser le pneumatique et même les biscuits social tea à 4h du matin. C’est toutes ces personnes que l’on croise: confettis de dévoués conditionnés à remplir ces fonctions de société
. boum
Comme quoi la sensibilité n’a pas encore fait science.
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Chroniques chlorhexidiennes
J’écris, je rature, je biffe, je signe, je surligne, je souligne -  à l’endroit, à l’envers - j’écris entre les lignes, je gribouille dans les marges; je n’ai jamais autant vidé d’encre. En pleine nuit: le crayon qui tremble, en vitesse, vite la pharmacie va fermer! : le crayon qui s’affole, en plein jour, devant le regard patronal: le crayon incertain. J’ai presque un abonnement à la Papeterie de l’Est, rue Ontario où l’on trouve aussi bien des stylos bille que de la soupe déshydratée.  J’use des mots tous les jours.  Et pourtant, je n’ai jamais été si peu charmée. C’est fait connu que le français m’enivre; je m’y noie lorsque je dérive, lorsque la baignoire qui me sert de coeur déborde. 
J’ai écrit sur le bleu tunisien, sur les couleurs d’Amman, sur l’ivresse de Sarajevo, j’ai mis des mots sur la tristesse de Belgrade, sur l’aridité de la mer morte; j’ai couché sur papier mes angoisses, mes incertitudes du lendemain et j’ai tenté d’expliquer les doux hasards qui ont bercé mes nuits insomniaques. J’avais tout arrêté. À quoi bon, je n’avais plus rien d’intéressant à célébrer. Et récemment, on m’a chuchoté de recommencer, de ramasser tous ces fous rires à peine dissimulés, ces petites phrases suspendues dans le temps, ceux que je partage comme des trésors, un à la fois.  
D’autres épatent déjà avec leurs aventures médicales, leurs anecdotes cocasses; je flirte trop avec l'ordinaire pour les suivre. J’aimerais mieux vous raconter ces petits moments de chance, ces fractions du quotidien, ces bonheurs inutiles. 
Comme ce patient collectionnant des vingtaines de printemps à qui j’avais demandé tout banalement: ‘’Qu’avez-vous fait dans la vie?’’  Et qui m’avait répondu spontanément, allègrement même: ‘’J’ai fait l’amour, ma petite dame.’’ Et cette patiente dont le coeur torsadait au moindre soupir et qui me hurlait que la vie est belle. Je ne sais pas s’ils ont remarqué, mais j’étais complètement en effusion à l’intérieur. 
Je voudrais vous parler du courage de mes collègues, s’abandonnant à cette carrière, se reconstruisant: blocs lego sur deux pattes, des encouragements qu’un infirmier m’a chuchotés alors que le chaos valsait et que je lâchais prise, du sourire de cette préposée qui étincelait l’urgence hostile ou des discussions littéraires avec la caissière de la cafétéria. Raconter le système pneumatique sorti d’une autre époque, mais si bien ancré dans notre quotidien, les murs aux couleurs fisher price, le bruit inimitable du rayon-x portatif ou les feuilles papier-carbone qu’on se faxe. 
Ce seront donc des chroniques à l’odeur iodée, d’un bleu de méthylène. Ma Paule avait raison; j’ai tant à dire, tant à célébrer. Je ne veux pas que le monde hospitalier soit que prescriptions futiles, abréviations frigides et ordonnances sans attrait. Je veux mettre des mots sur mes maux, des mots mercurochrome.
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Et pour 2017
L'année 2016 fut faste de maux
Des maux inconsolables
Des maux diplomatiques
Des maux démocratiques
Des montagnes russes d'émotions
Des décibels de commotions
2016 fut du chaos
Des voyages et du grand vide
Des pieds de nez au destin
Et des fous rires infinis
De quelques vieilles amitiés dépoussiérées
De quelques amitiés enterrées
De la richesse des autres
La chance contre le hasard
Le bonheur contre la vulnérabilité
Et comme dit Bazzo:
''Les mots tuent.
Les mots aident à vivre.
Certains redonnent espoir
D’autres vous trouent le cœur. ''
Souhaitons nous des mots d'espoir.
Des mots contre des maux
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Un dernier slow
Me voici de retour pour de bon à Montréal, installée dans un coin de ma nouvelle cuisine, la vue m’étant encore un peu étrangère, mais le cœur s’y reconnaissant. Mon année sabbatique vient de ranger la valise au fond de l’armoire et entame sa dernière danse, un slow tout en douceur.
Je suis rentrée du Mexique hier, portée par une vague de soulagement. Je participais à ma énième rencontre internationale d’IFMSA et le stress a atteint un paroxysme. Déjà, que la vie ne m’avait pas épargnée ces derniers mois, je me lançais avec peu de sérénité dans la gueule du loup. L’ascenseur émotif a été très achalandé. Du comité organisateur qui était tout sauf organisé, des négociations avec la gentille dame responsable de la nourriture pour 800 personnes, des pesos mal calculés, des euros envolés, des visites à la station de police mexicaine qui nous lançait ces drôles de regards – imaginez la scène, un Mexicain traduisant, un Suisse gesticulant à propos d’un téléphone volé et d’une Québécoise avec le rôle de soutien moral entassé dans un petit local.
Et de tout le reste : de ces amitiés retrouvées l’instant d’une fraction de temps, de ces fiertés de voir les gens que l’on aime élus, du cœur serré à recevoir des bouts de papier cachant des vérités que l’on ose s’admettre soi-même. De ceux qui sont et seront toujours le même filet de support, que même lorsqu’on tombe, ils seront toujours là.
Et puis, j’ai revu défiler mon année sabbatique sous mes yeux, j’ai revu ceux qui ont fait vibrer cette année et maintiennent en vie les pays que j’ai visités. Une funambule accrochée à ces moments de bonheur. Petra, ma complice, celle qui  a été là lorsque je me suis jetée dans cette aventure d’un an, le bleu de la Tunisie et l’immensité du désert jordanien. Nofal qui m’a rappelé les soirées à vider des bières dans les bars de Amman, discutant de politique et de démocratie. Les copains polonais et la richesse de leur pays. Ces Danoises, Marie l’inspirante, Monica au cœur grand comme la vie, Torsten qui a toujours le mot juste de réconfort. Naomi celle qui aime sincèrement et  qui m’a montré la beauté de l’Allemagne. Ces Suisses, Fede pour la complicité et Dominic pour l’amitié. Jozo et Zagreb qui a su consoler un peu ma mère et moi. Skander qui m’a fait redécouvrir mon pays l’instant de vacances volées au destin. Et tous les autres qui auront bercé mon année de liberté. Ceux qui l’auront définie.
Une année dans une vie, c’est un clignement de regard, une parcelle de temps, mais cette année de liberté où j’aurais rangé ma vie un peu frigide pour des acrobaties et des vrilles m’aura apporté beaucoup. D’humanité, de sincérité et de courage.
Pendant des mois j’ai communiqué au moyen de cartes postales avec celles que je vais retrouver dans quelques heures. Celles qui savent lire entre les lignes de ces fragments de papier et qui connaissent toute ma vulnérabilité. Je suis déjà émue. On a beau parcourir des milles, à chercher l’impossible au fond de contrées lointaines, à essayer de réécrire l’Histoire, à danser sous la musique d’orient et à déboucher des bouteilles dans des cafés slaves, il y a ceux et celles qui rendent tout coin de cuisine familière.  Ce sera donc le dernier slow de cette année sabbatique.
Le hasard aura été le meilleur complice. Merci.  
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Je n’ai jamais autant vécu qu’en voyage.
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Le dernier voyage
Cette fois-ci cette langue française que j’aime tant ne me permet pas d’exprimer l’inexprimable. Comment énoncer l’inconcevable? Comment consoler l’inconsolable? Il faudrait des marrées de mots pour éponger les baignoires que mon cœur pleure. Une tristesse issue d’une ivresse tellement intense.
Cette fois-ci, je vais vous parler d’un voyage encore plus loin que le désert jordanien, encore plus complexe que les ruelles sinueuses de Venise et encore plus aride que la mer morte. De cette personne qui sans vouloir déranger trop a pris son envol, dans une fraction de temps. Le sablier n’avait même pas eu le temps de tourner et il était parti. Parti sans faire de vrilles, sans chahuter et sans tambourines. Doucement comme pour nous épargner la douleur de la maladie qui s’éternise, discrètement sans nous avertir trop fort.
Cet homme; un père merveilleux, le copain de ma mère, mon beau-père exceptionnel. Il nous aura offert son amour inconditionnel alors que j’y croyais plus. Quelle chance de l’avoir connu. J’aurais trop souvent oublié de célébrer le hasard qui nous aura amené à nous connaître. Un pilier vient de tomber à nouveau.
Alors, il faudra se reconstruire, sortir du péril des profondeurs et faire souffler le vent dans les voiles. Darder le bonheur et profiter de la vie. Mais pour l’instant,  il faut arrêter de remettre en question l’inéluctable; le monde, le mien du moins, aura perdu un cœur en or.
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De Zurich à Sarajevo
J’ai passé trois jours à Zurich à la mi-avril. C’est une belle ville; entre les vitrines exposant des montres à 45 000 francs et les fontaines publiques toutes plus originales les unes que les autres, on y sent flotter une certaine sincérité. Les épiceries ferment tôt, mais les Suisses ne semblent pas pressés. C’est un peu paradoxal alors qu’on les connait réglés au quart de tour, comme s’ils nous faisaient un pied de nez et nous disait qu’il faut vraiment prendre le temps d’apprécier la vie. On s’est hissé sur le toit de l’hôpital et j’ai admiré les montagnes couvertes de blanc, le lac si clair et l’architecture des maisons comme sur les emballages de chocolat. La Suisse, elle est devenue synonyme d’amitiés pour moi; de cet ancien collègue du secondaire qui m’a accueilli les bras ouverts à Genève et m’a fait goûter aux milles-et-uns plaisirs gourmands de son nouveau pays à ses étudiant.e.s en médecine qui ont suspendu leur vie si chargée pour m’offrir de leur temps et me faire sentir chez-moi. Entre les secrets livrés entre quelques verres de vin, les fous rires en cuisinant des gnocchis et le pique-nique au soleil promis depuis mon temps en Pologne, c’est bien plus qu’une image parfaite de carte postale que je garderais de ce pays. Je ne sais pas s’ils ont remarqué, mais j’étais complétement en effusion à l’intérieur.  
Je me suis retrouvée il y a quelques jours encore dans un train interminable entre Thessaloniki et Athènes. Il n’y a pas que l’économie qui tourne au ralenti dans ce pays, les transports aussi. J’ai assisté mi-amusée, mi-surprise, à l’arrestation d’un mec en leggings qui n’avait pas voulu payer son billet; course effrénée entre les wagons entre lui et le contrôleur bedonnant. La fatigue m’a empêchée de rigoler- quelle chance! Arrivée dans la capitale, les transports en commun avaient déclaré une grève surprise. Oh misère! Je me suis offert le luxe d’une chambre privée à 22 euros pour compenser la fatigue. C’était le 30 avril, alors je suis allée allumer quatre cierges en l’honneur de cet ami qui s’est envolé, beaucoup trop tôt, qui a quitté la salle d’attente de la jeunesse avant nous tous et qui nous pousse encore à ne pas attendre que la vie passe, mais à l’attraper au vol. Quatre ans, c’est tout un monde en soi qui aura changé, tout compte fait.
Je suis sortie finalement de la zone Schengen avec cet espèce de document blanc sans intérêt qui me sert maintenant de passeport (l’autre-le normal- a été volé à Venise, vous m’offrirez une bière et je vous raconterais toute l’histoire, il y a de quoi rire). J’ai débarqué à Belgrade, ville décalquée de tristesse, affaiblie par les derniers conflits et qui peine à se remettre debout. Des trams offerts gracieusement par Basel et Prague sillonnent les rues, la rivière est bordée de petits cafés qu’une jeunesse un peu friquée fréquente et le centre-ville bourdonnait en cette fête de Pâques orthodoxe. Il pleuvait sur Belgrade et les fleurs étaient rares. Et pourtant, pour moi, Belgrade rimera toujours avec générosité. Ces personnes rencontrées dans une assemblée d’IFMSA qui m’ont hébergée le cœur ouvert, ne m’ont pas laissé toucher à mon portefeuille malgré mes hautes protestations et qui m’ont partagé leur joie de me recevoir chez eux; c’est un peu à cause de tout ça que me voilà à retenir mes larmes dans cet autobus reliant Belgrade à Sarajevo. Relier Belgrade à Sarajevo; ça veut tout dire. Je les ai écoutés me parler de ces guerres, des trois différents drapeaux qu’il ont vu passer l’espace d’une vie (le même nombre d’années que la mienne), de leur ancien passeport yougoslave, du nouveau passeport serbe, de leur constitution ne reconnaissant pas le Kosovo encore, de l’indépendance de Monténégro , des difficultés économiques, des pays arabes qui n’ont pas besoin de visa pour venir- répercussion de la guerre froide, de l’empire ottoman, de la guerre en Lybie, de l’inflation, de l’importance d’apprendre alphabet cyrillique et de la joie de voir des Bosniaques en visite. Une autre leçon d’humanité pour la petite Camille.
Recroquevillée sur mon banc d’autobus, je regarde les champs passer et je suis émue devant la chance que j’aie. Bonheur et chance, c’est similaire en fait de compte.
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Parce que Camille, c'est ça: de la folie dans la droiture. On croit qu'elle est frigide mais c'est le contraire. C'est de la lave, cette fille... De la lave en effusion... Elle aime l'amour à la folie et c'est ça qui fait tout sa vulnérabilité. Et toute sa beauté, aussi...
Anna Gavalda
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Voyager comme le dictionnaire
Voilà, pour la première fois de ma vie, je voyage pour voyager, comme la définition du dictionnaire semble l’expliquer. Pas question ici d’enseigner l’anglais dans un camp de jour pour enfants russes, de désherber le bord d’une rivière croate, d’effectuer des PCR afin de détecter des thalassémies ou d’écouter des cœurs de vieux patients polonais. Voyager pour voyager; pour visiter des musées (d’art contemporain bien sûr), découvrir des petites ruelles, goûter aux plats typiques, jouer à la touriste idiote dans les trams et profiter des free walking tours des grandes villes. Et mes amis qui me disent que je suis chanceuse et que je l’ai mérité. N’empêche, il persiste un sentiment égoïste d’avoir le luxe de goûter à tout ça. Alors, on s’empêche de se plaindre un peu : des lits inconfortables dans les auberges de jeunesse, du vol de son portefeuille par cette vieille gitane, de la bureaucratie interminable de l’ambassade canadienne à Berlin, de la pluie verglaçante qui rend les souliers tout détrempés ou de cette fatigue à se promener autant dans une langue qu’on ne comprend pas. La chance de passer d’un pays à l’autre sans craindre les contrôles frontaliers, de prendre un train, un avion, un bus ou un ferry pour découvrir l’Italie, l’Allemagne puis le Danemark; la Jordanie, oasis de calme en zone de chaos permanent, m’a permis de mieux apprécier cette liberté.
J’ai visité l’exposition de Toulouse Lautrec à Rome, j’ai fait la sieste dans les jardins de la ville Borghèse, j’ai ouvert une bouteille avec Katharina, ma voisine de Jordanie, et son copain, dans leur appartement en banlieue romaine où on a discuté de politique du Moyen-Orient. Puis, je suis tombée amoureuse du romantisme à Venise; ville irréelle où un simple coin de canal est une carte postale en soi. Le dernier soir, j’ai soupé avec cette étudiante française en échange; elle venait de voir son vol annulé et moi, je venais de me faire voler. On s’est échappées dans l’univers d’Anna Gavalda et de littérature islandaise; la beauté des rencontres inattendues. Puis, je suis montée à Milan découvrir le gigantisme de Duomo et à passer des heures au musée Novecento pour m’extasier devant les œuvres des génies d’art contemporain. J’ai fait alors la connaissance de ce type travaillant à l’auberge de jeunesse; un Italien ayant appris le russe pour des raisons économiques, c’était avant la chute du rouble, je suppose.
Je suis partie pour l’Allemagne avec l’ambassade canadienne de Berlin dans ma ligne de mire. Je me suis réfugiée chez Julius, cet ancien collègue de Jordanie, où cet ami québécois m’a rejoint. Berlin, grande sœur de Montréal, mélange de couleurs et de saveurs, le mur, la chute du mur, l’Histoire présente, ville d’artistes et d’intellos. On a pédalé ses rues et admiré ses trams, ses bus, ses trains, son système d’aqueduc et ses grands parcs. Il faut dire que voyager avec un urbaniste, ça offre une autre vision de la vie citadine!
Puis, quelque part entre le Danemark et l’Allemagne, sur ce ferry où le ciel et la mer se fusionnaient pour ne faire qu’un, j’ai eu le cœur serré à quitter le pays des vikings et des vélos, où je m’étais sentie chez-moi à proximité de ces amitiés sincères et vraies. Ces amitiés qui nous poussent vers l’avant et qu’on oublie trop souvent de célébrer. Une gratitude immense.
Le ronronnement du bus m’endort et  je file vers le Sud de l’Allemagne et la Suisse, revoir ces amis, le cœur ému déjà à l’idée de passer quelques jours dans leur quotidien.
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Mariage parfait entre ciel et mer
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«Parce que le soleil parvient toujours à darder ses rayons à travers la buée du monde»
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L’éparpillement
Me voilà à Venise où je tente de réaligner les mots en place, où je tortille les lettres  afin qu’elles expriment ce que je ressens. Ça fait un moment que j’ai commencé ce texte, mais les mots se buttent. Et pourtant!
Je viens de passer un mois entre la Pologne et Malte, à vivre à une allure folle et à savourer la vie. C’est rendu un sentiment biannuel depuis trois ans; une douce mélancolie teintée par des adieux que l’on n’ose plus murmurer. Un chaos bien organisé pendant une semaine nous poussant à vivre à grande vitesse et à se découvrir encore un peu plus, une assemblée générale d’IFMSA, un GA. Ce petit monde qui est le nôtre, le temps d’une rencontre de quelques jours, celui-là où on baragouine plusieurs langues, avec qui on partage la même passion pour la santé mondiale, ce petit monde qui après des années, nous connait bien plus que des fréquentations quotidiennes. Des amitiés inconciliables seulement en apparence, tout compte fait.
Je suis donc à Venise, après un court séjour où j’ai revu, certes, Rome, mais aussi ma voisine autrichienne de Jordanie; la chance sublime d’avoir été hébergée chez-elle. Venise, petit hôtel miteux près de la gare de trains : des cadres encore emballés dans leur papier IKEA trainent sur les murs, des gerbes de fleurs d’enterrement agrémentent la réception et un type a l’air niais, mais gentil tient le registre écrit dans un mélange d’indou, de mandarin, d’arabe et d’italien. Le prix est modeste, il faut dire, et les chambres sont propres. Hôtel Giovaninna pour les intéressés! Pour ajouter au charme, j’ai décidé de m’offrir un pique-nique dans ma chambre couronné prosecco. Je suis bien.
Venise, je me suis perdue dans ses ruelles avec le soleil qui s’éteignait lentement. J’ai divagué sans vraiment savoir où j’étais et j’ai pris des photos comme une vraie touriste (sans la perche à égoportraits quand même!). Demain, je suivrais le guide de voyage afin d’explorer cette ville, unique, irréelle, carrefour étrangement homogène de différentes langues, ethnies et cultures.
Je ne sais pas si je suis encore dans un état post-GA d’IFMSA ou c’est le bonheur de voyager à nouveau seule qui me rend si amoureuse. Comme si la vie au pluriel devait être la norme.
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C'est un endroit, ici, où tu prends congé de toi-même. Ce que tu es se détache doucement de toi, peu à peu
Baricco
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«Mais, dites-moi, que sommes-nous en train d’attendre?
-Silence
Qu’il soit trop tard, Madame.»
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Parce qu'il faut tenir compte du hasard, du chaos et du vide dans tous les domaines de l'existence.
Audur Ava Olafsdottir
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Tak, tak! La Pologne
Tak, c’est oui en Polonais. À chaque fois que je réponds oui à quelqu’un, j’ai envie de rigoler! C’est juste la petite pointe de cette nouvelle aventure qui me charme. Être de retour en Europe de l’Est me rend vraiment heureuse. Nombreux sont ceux qui ont sourcillé lorsque j’ai annoncé que je partais un mois en Pologne, en plein février. Oui, c’est gris et la température oscille entre 5 et 10 degrés celcius, mais pour moi, je suis vraiment bien.
La Pologne me surprend tous les jours. Je suis installée dans la petite ville de Poznan, près de la frontière allemande. Je passe mon temps entre l’hôpital où je tente de faire un peu de cardiologie avec mon vocabulaire d’une dizaine de mots et divaguer dans les petites ruelles de la vieille ville. Le Polonais, c’est comme l’arabe pour moi! Je n’arrive juste pas à prononcer cet amalgame de w, z, y, k et j. Alors ma colocataire du Panama et moi, on habite sur la rue «waw…ski» au coin de la rue «dubro…ski» et on marche sur la rue «kusku…ski» ou couscous pour aller à l’épicerie! C’est du charabia, mais on se comprend!
La Pologne, c’est aussi mon portefeuille qui se bidonne de bonheur : du pain à 70 sous, des bières à 2$, des desserts pour 1$... Mon foie travaille fort, mais je n’ai pas le choix. Comme l’autre jour, ce docteur  qui m’a raconté entre deux coronographies : «C’est pas vrai le cliché que l’on boit que de la vodka en Pologne, on boit aussi du vin et de la bière!» Rien à ajouter sur ça.
La Pologne, c’est opiner du chef pendant de longues minutes lorsque les dames âgées vous racontent leur vie dans le tram. C’est ne pas oser leur mentionner que tu ne comprends pas un mot, parce que les étincelles dans leur sourire sont trop précieuses. La Pologne, ce n’est pas la Jordanie ou le Mexique, c’est pour une fois, un avantage d’��tre petite et blonde.
Un pays où à chaque coin de rue, l’Histoire se dresse comme un roc; des blocs gris qui cachent des souvenirs douloureux, des églises catholiques bien fières, des ruelles serpentines et des grandes places carrés où des personnes souvent sombres ont tenu des discours écrits dans mes cahiers du secondaire.
C’est aussi la visite surprise de cet ami suisse qui a débarqué dans ce nouveau chez-moi et s’est moulé parfaitement à ce drôle de trio d’étudiants étrangers que nous étions : un Serbe, une fille du Panama et une Québécoise.
Mais avant tout, pour moi, la Pologne, ce sont trois personnes spéciales, trois amitiés développées entre une plage de sable et un appartement un peu branlant de Malte, il y a deux ans. Trois personnes qui m’accueillent à bras ouverts et me font sentir chez-moi.
Ça fait plusieurs mois que j’ai mis mon quotidien en cavale, que je vis dans mon sac de voyage, que mon passeport me sert de carte d’identité et que je dois réexpliquer qui je suis au rythme de ces amitiés de passage. Se retrouver chez-soi dans un terrain inconnu; c’est une belle définition de liberté, tout compte fait. 
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