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UGLY
Il faut que je vous parle de ma peau qui pique tout le temps, de l’odeur qui me rend ivre, des poils qui me tapissent, mais avant tout de ma viande qui pourri. Il faut que je vous parle des hommes qui me forcent à vomir, des femmes qui pleurent dans leurs bras et des enfants qui ne naîtront jamais. Quand tu regardes mes cheveux, des poux éclatent … mais tu es déjà ici alors « might as well » y prendre plaisir. Aucune opinion ne m’aime et c’est bien comme ça. Tout ce que j’aime, c’est le goût de la pisse, l’odeur des fleurs que tu m’as amenées ce matin et le doux parfum de toi qui quittes les toilettes sans te laver les mains.
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J’aime beaucoup de choses, mais plus particulièrement ce que tu aimes. Oh – Pas comme ça, pas quand tu me regardes comme ça. Non, je suis un fromage jaune, ma peau est huileuse et mes yeux forment une croûte. Le soleil réchauffe mes pores quand les rideaux sont fermés. L’après-midi, je me réveille -souvent en sursaut- et le premier homme frappe à ma porte.
Le premier -celui dont je me souviens- me parle de suicide et d’une sœur pendue dans la garde-robe. Il parle de son fils aux cheveux noirs qui porte des bottes de cuir et des gants bruns. L’homme est gros et sent la lavande : il est un professeur de piano à la retraire. Il m’a trouvé sur internet, juste à côté des femmes qui s’échangent du sperme avec leur bouche et des affiches criardes promouvant les autres sites pornographiques. Mais mes services ne sont pas sexuels, du moins pour la plupart. Cet homme -le premier de tous- venant d’apprendre la mort de sa sœur. Il se présente à ma porte le regard vide, mais avec deux fleurs (car c’est ce que je demande), des roses blanches ou rouges, mais j’accepte aussi n’importe quoi d’autre. Sans s’excuser, il entre et s’assoit sur mon lit défait. Oh- j’ai oublié de m’habiller.
- Je ne crois pas aller aux funérailles. De toute façon, il faut que j’aille travailler à seize heures.
- Et les funérailles sont à quelle heure?
- Vingt heures ce soir. Et je n’ai même pas de quoi à porter.
- Et qui sera là?
- Mon fils probablement. Il l’aimait beaucoup, mais il aime pas mal n’importe qui. Quel drame!
Je demande toujours qu’on m’envoie un court message résumant la raison de la visite. Pour éviter les mauvaises surprises, comme la mort.
- Il annonce chaud ce soir (je dis ça). Ce sera facile d’enterrer ta sœur : la chaleur rend la terre molle et aisément maniable. Dis-toi qu’elle aurait pu mourir en novembre, là c’est pénible!
- Peut-importe. Elle se fait incinérer.
Quand on désir une chose, on fait une liste dans notre tête de diverses façons d’y arriver. L’argent en est une, mais je ne me noie pas dans les autres filles aux seins presque parfaits. Moi, je choisie presque au hasard les hommes qui entrent. Le plus spécifique, le mieux.
Il ne pleure pas, mais ne cesse de fixer le sol. C’est bien qu’il ne contemple pas ma nudité : je déteste ça. Trêve d’immobilité, son regard doit aller ailleurs, vers mes yeux peut-être, et oublier la pendaison. Il m’avait écrit :
« Il y a de cela bien longtemps, mes doigts se sont cassés dans un accident de voiture. Voici : un matin glacé, une vanne m’a foncé dessus et les doigts de ma main gauche se sont tordus entre le volant et le tableau de bord. Plus jamais je n’ai retouché aux notes et aux feuilles de musique, bien que mon cœur en pleure toujours aujourd’hui. Ma main est croche comme les branches d’un arbre, comme le tronc défait et nu prit dans la glace. Je les contemple chaque jour et me demande à quelle vitesse ma main est-elle devenue aussi belle et délicate. Mon petit doigt tend vers l’arrière, l’auriculaire n’a maintenant qu’une seule jointure et plus d’ongle, le majeur n’a plus d’ongle non plus et une longue cicatrice qui tatoue le dessus de ma main et pour finir, mon pouce qui fait un angle de quatre-vingt-dix degrés vers l’arrière. C’est grotesque, mais c’est comme ça. Bien que les chirurgiens s’acharnent sur mon cas, mon handicape me rend des hommes les plus fiers et je ne veux en aucun cas abimer quoique ce soit – ou améliorer comme ils disent.
L’argent manque, et je reste assis devant la télé. Je n’ai pas changé mes bas depuis une semaine et ça sent le fromage. Mais je suis seul alors rien ne me dérange. Ah – il y a Étienne qui vient prendre de mes nouvelles de temps à autres, mais je lui dis souvent de partir après une heure ou deux. Je n’aime pas beaucoup que les gens restent pour souper, ça me gêne de faire la conversation aux jeunes qui ne m’apprennent pas plus de chose sur le monde que je n’en sais déjà. Lui a vingt-trois ans : comme il est laid! Je ne puis croire avoir donné vie à une créature plus laide et gentille, une tendresse qui lui vient de sa mère je suppose, mais une apparence qui lui vient de nulle part. Bref, il vient quelques fois avec de l’argent et de la pitié : je le renvoi rapidement quand il pleurs ou qu’il chigne. Avec l’argent, je vois des prostitués et je mange au restaurant. La vie, sans blague, n’a jamais été aussi bonne.
L’argent manque, mais l’aide manque encore plus. Mon autre main me donne la nausée et si je ne suis pas aidé bientôt, je l’arracherai! Si parfaite et si laide! Comme l’autre je la veux! Bien que je n’ai pas grand-chose à offrir, j’aimerais bien qu’on me mutile la main qui me reste pour qu’elle retrouve sa jumelle. Je ne ferai aucune manière sur tout le « pourquoi », mais si je peux fournir les outils, les pioches et les pinces, pourriez-vous me donner votre cruauté pour que mon corps ressemble à ce que je veux? ».
Je ne demande jamais d’argent, ça victimise mes clients.
L’homme est surpris que je ne me cache pas le visage, ou qu’aucune pellicule de plastique ne couvre mon plancher. Le sang ira ou il veut, mais j’aime son odeur et je prends plaisir à arracher les croûtes, comme les enfants avec la colle.
- Je peux te caresser le visage?
Oui. Je veux aussi placer tes doigts boursoufflés sous la patte de mon lit, jouir au son du craquement des os et peux être tout enregistrer pour le voir à nouveau. La patte de mon lit fera l’affaire. La fourchette encore piqué dans mon déjeuner fera aussi. Et tu seras debout pour que je puisse bien sentir l’urine, produit de ta douleur. Tu me frappe et j’appelle la police. Ils liront la lettre et sauront que je n’y suis pour rien. Clair? Comme l’eau. Pas la mienne parce qu’elle est toute brune. Ah oui, c’est l’eau de la toilette. On commence? J’ai hâte : tu es mon premier. Tu le savais? Ça devait paraître dans mes messages, la hâte et la gentillesse sont des choses qui se perdent avec le temps. Moi je sais que ce n’est qu’une question de temps, car tu es le premier d’une série de mille hommes.
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14/12/2017
Je danse-danse avec mes anges!
Pendant que toi tu me payes pour bouger
Et je sautillerai jusqu'à ta perte
Pour te voir enfin regarder le monde
Comme du monde
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Your guide to CIA torture and it's sick, sad amercian apologies
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Petite soirée d’inspiration macabre, je me livre aux écritures malsaines et effrontées que ma tête conservait il y a de cela bien longtemps. En cette soirée pluvieuse, Érik se fait bouffer par les corbeaux et un autre gémit au fond d’une fosse à déchets macérés: voilà comment je sirote mon thé quand personne ne peut me regarder d’un oeil perturbé
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Où l’amour ne peut être qu’une violence enivrante, celle qui naÎt de la peur que l’autre ne sache pas qu’il nous possède.
Mais après tout - nous sommes parfaits.
Jusqu’à ce qu’un étranger tue l’autre. Nous donnant l’envie incontrôlable du sang et de la peine.
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