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chroniqueslesclones · 8 years ago
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Métro au bout de l'ennui: j'ai fait un rêve, sa mère
Le métro, c'est pratique, je le saigne depuis 10 ans. Mais franchement, ce qui s'y passe n'est pas normal. Ouais... à un moment donné, il faut en finir avec les analyses moelleuses à deux balles et les délires de bolosse cérébral. Trop, c'est trop. Il faut se dire les choses, ma couille, quitte à chroniquer quelques mères au passage. C’est pas le projet le plus classe qui soit dans l'absolu... j'en conviens, ma couille. Mais si t'aimes pas, "cliique sur la petiite croiix rouge en haut à droiite".
Toujours là? Cool...
Normalement, à ce moment du "récit", les moins fins (prisonniers du premier degré et autres trous d'balle sans plus-value) me soupçonnent de partir en couille, de tirer sur tout ce qui bouge telle une mitrailleuse allemande lors de la Bataille du Chemin des Dames, ou encore de me prendre pour la réincarnation version punchline de Pascal des Tontons Flingueurs ("la psychologie, y'en a qu'une: défourailler le premier"). En gros, de préparer un festival de seum divertissant, certes, mais trop violent pour être pertinent ("hors-sujet et stérile" commenteront ceux dont la scolarité a été une récolte ininterrompue d'éloges aux conseils de classe et de coups d'épaule aux abords de la classe / "tant de haine... c'est effrayant", les bien-pensants et les psy-zebi / "long et chiant", ceux qui ne jaugent les choses de la vie qu'à l'aune de leur vide intérieur / etc.). Que tout le monde se rassure, je ne vais pas faire de hagra gratuite. Je précise même à titre liminaire que: - sillonner de A à Z en 50 minutes la capitale de la 6e puissance mondiale, c'est frais... j'adore ; - j'ai près de 10 ans de métro quotidien à mon actif, facile 8 mois de fraude en cumulé et zéro contravention payée.
Ainsi, et à l'inverse de beaucoup de "brillants" esprits spécialisés dans la distribution de leçons de morale aux heures de "grande écoute", enraciné dans le fucking réel je suis. Ceci étant précisé, je peux -tel un musulman équipé d'un hachoir dernier cri le jour de l'Aïd al-Kabîr- en revenir à mon mouton du jour: le métro ; victime sacrificielle number three de ce monde de brutes sordides et hypocrites. Sa mère jacta est.
Sujet du jour: Le métropolitain
Une bête d'invention à la base: 1900, Fulgence Bienvenue, exposition universelle, transport de personnes, lutte contre les embouteillages, et caetera. Lourd baye. Vraiment. Mais près de cent vingt piges plus tard... un état des lieux s'impose (sur l'aspect "humain" de la chose, surtout). Déjà, avant tout, à quelle ligne décerner l'award de la pire?  Pas évident de trancher parce qu'à part la 7bis, la 3bis et la 10, chacune mériterait une place sur le podium pour l'ensemble de son oeuvre (la 1 parce que "ceci", la 13 parce que "cela", etc.). Forcément, ça dépend du vécu/des sensibilités de chacun et ce je vais dire est arbitraire, mais pour moi la 2 est en pôle position. Je m'explique... En fait, j'ai fait un rêve.
L'autre jour: week-end, milieu d'aprèm', Ipod-écouteurs-volume pas fort, place de Clichy direction Belleville, mon esprit flâne sur l'instru de La Nuit Je Mens que j'écoute en mode repeat one, adossé à un strapontin au milieu d'une faune hétéroclite. "J'ai dans les bottes des montagnes de questions...".
Jusqu'ici tout va bien, et puis, sans savoir le pourquoi du ye-ba, je me surprends à compter les ampoules qui défilent sous mes yeux, pour m'assoupir zarma. Délire bizarre... qui me ramène à cette époque de mon enfance où je passais mes trajets à faire ça parce que j'étais pas autorisé à sortir avec ma game-boy. Délire bizarre... qui m'arrache de l'espace-temps et m'égare dans la somnolence et les rues de ma mémoire, bercé par la voix d'Alain Bashung. "On m'a vu dans le Vercors, sauter à l'élastique..."
Tout à coup, une petite pression sur mon pied droit me ramène à la réalité. Debout, bras croisés, dans un wagon entre Anvers et Barbès. Reprenant conscience de ce qui m'entoure, je baisse la tête pour voir ce qu'il se passe. Et, je découvre quoi? Oh sa mère!... Une Stan Smith blanche piétine ma chelsea boot et y laisse une trace de semelle couleur gris-poussière. Putain... c’est du nubuck, en plus.
Début de parenthèse. Il y a un truc que je comprends pas. En fait, je suis complètement perdu. C'est quoi cette malédiction qui fait qu'à chaque fois que tu te dis "hey, aujourd'hui je mets une p'tite paire mleh", un “être humain” sorti d'on ne sait où vient te marcher sur les pieds... alors que chez toutes les espèces de mammifères terrestres, regarder où on met les pattes est LA règle fondamentale? Quelqu'un peut m'éclairer? Sérieux... c'est quand même hallucinant que ce soit ces sous-merdes qui fassent la pluie et le beau temps dans les transports en commun sous prétexte qu'assimiler le b.a.-ba de la sélection naturelle et de l'empathie est au-delà de leurs capacités ("faire attention où l'on met les pieds"... la condition sine qua non à la survie une fois sorti du ventre de sa mère, c'est pas compliqué putain). Milieu de la parenthèse. Finalement, tu sais quoi? Laisse tomber. Ok? Je retire ce que j'ai dit, gros. J'ai tort de faire ça, péter des bleca, en appeler au respect des lois de la nature pour si peu, blablabla... J'avoue. C'est honteux de monter en pression comme ça... Mea culpa, my bad, ainsi soit-il, toussa, comme d'hab. Se faire marcher sur le pied dans le métro, c'est juste anodin, en fait ; juste un malentendu, un "mauvais concours de circonstances"... Merci la loi de Murphy, tout simplement. Merci beaucoup... salope. Fin de la parenthèse.
De retour dans la story, on est à cet instant où mes pupilles sont rivées sur mes pieds, une Stan Smith blanche a piétiné ma chelsea boot. Physiologiquement, je suis envahi par un tsunami de seum, un tumulte de sensations négatives. Pour la faire simple, je suis vénère de chez vénère (accélération du rythme cardiaque, joues qui s'empourprent, mains qui commencent à trembler, etc.) et mon cerveau reptilien résume la situation en quatre syllabes: "Moi pas content". Autant dire que, sur le moment, le concept de self-control me semble être quelque chose d'assez abstrait. Mais, grâce à un réflexe venu je-ne-sais-d'où je ne pars pas immédiatement en couille, et clos les paupières, le temps de prendre une inspiration digne d'un chinois qui fait du taïchi. Pour autant, tendre l'autre shoe n'est pas à l'ordre du jour, et je ne considère pas cette affaire comme classée. Loin s'en faut, ma gueule. Breliqué de ces considérations pacifiques, je lève lentement les yeux vers le bourreau de mon iep'. Très lentement, presqu'en slow-motion. Ambiance western dans ma tête (tah Le Bon, la Brute et le Truand). En découdre fait partie du champ des possibles. Verdict imminent... 
Bon, de vous à moi, pas la peine de faire durer le suspens plus longtemps ou de m'acharner outre mesure sur l'ambulance: c'est une meuf voûtée de ma génération que je situerais dans la mouvance vêtements Sandro noirs / Stan Smith blanches / soquettes noires (aura-allure 0,75/10, goût-style personnel 1,25/10), et qui, non contente de son package "je-suis-cheum-je-tire-la-gueule", ne semble pas prendre conscience de la dinguerie qu'elle vient de faire... Autrement dit, elle ne s'excuse pas. Dont acte. Mon langage corporel est limpide ("Excuse-toi très vite, grosse merde")... Je suis chaud patate, mais vraaiment chaud-chaud patate pour régler ça à l'ancienne, façon ju-jitsu parisien ; je me dis meuf ou pas... quand soudain, la fautive se retourne, me toise avec mépris... et me tchipe ; interrompant mon speech de motivation. Hein?! Elle... elle me vient de me placer un tchip archi strident... comme ça, sans ambages. Waw... 
On est dans la réalité, là? Je ne parle pas d’un soupir un peu hostile ou d’un signe d'insatisfaction relevant du schéma "enculé va!... hein?... euh non, rien, tout va bien" (réactions de base du caucasien dit “fragile"), mais d’une white lambda qui *out of the blue* me lâche un bruit de babines tout droit sorti des entrailles du berceau de l'humanité. Son gimmick est juste ma-gi-stral: sourcils impitoyablement froncés, narines dilatées, bouche à mi-chemin entre duck face et cul de poule, vibrato retentissant, décontraction des épaules ; tout est maîtrisé, on en oublie même la finesse de ses lèvres, la pâleur de sa peau et son absence de tarpé... Magistral. Pour sa prestation, un jury impartial de "mamas" de France et de Navarre lui accorderait les félicitations à l'unanimité (mention: "bienvenue parmi les nôtres, ma fille!"), tête de oim'! 
N'était l'existence d'une inconnue quant à ses skills pour préparer tout ce qui est thieb, saka-saka, aloko, etc., je dirais qu'elle a l'étoffe d'une matriarche dans un foyer cainf'. Wallah. Elle, si elle a les skills susmentionnés et que son métabolisme s'adapte à la hass et l'insalubrité, elle assure la Champion's League à n'importe quel yef' d’Île-de-France. (NdT: yef’ = foyer)
Après ce geste technique autoritaire, elle tourne la tête avec nonchalance et vaque à ses notifications ; totalement sereine, en mode "hagra accomplie"... Me laissant rouge de honte devant une assistance dont l'écarquillement des yeux semble vouloir dire "Miskine le kharlouche"... A la recherche de ma fierté disparue, je fixe le sol stoïquement. "Nicely done, bouffonne" me dis-je intérieurement... "Je suis fair play, c'est mon côté Coubertin...", surenchéris-je (intérieurement, toujours). Lucide, j'ai toutefois conscience de pouvoir me carrer dans le ionf’ ledit "côté Coubertin" puisque, sur le coup, mon charisme est, toutes choses égales par ailleurs, équivalent à celui d'un étudiant de la BU (genre fils à papa / abonné GQ / inconditionnel de Games of Thrones / orientation sexuelle ambiguë) qui balbutie "euh non... si, si, ça va" quand tu lui demandes avec une intonation un peu thug: "toi, là... t'as un problème?" ; question que tu lui poses parce que trois secondes plus tôt le type lâchait à voix haute "pfff ça a changé, les gens sont devenus vénères, ici" en guise de réponse au discret et respectueux "chut, svp" que tu avais adressé à lui et ses copines pas fraîches ("chut, svp" destiné à leur rappeler gentiment l'existence tacite d'une frontière entre lieux de révisions et lieux pour se taper des barres entre bolosses ; frontière tacite appelée respect, civisme, empathie... Note à moi-même -> rédiger un article sur les  chiens faibles qui se la jouent "loup pour l'homme" -et les bienfaits qu'il y a pour l'Humanité à leur mettre occasionnellement des coups de pression-).
Bref, gros moment de solitude. Le trajet s'annonce long, très long... Dans l'espoir de donner une petite dimension poétique à la situation, j'entonne Lonely d'Akon. Mais ça ne change rien. Pire, la rame s'arrête entre deux station. Gros blanc... Il était écrit que ce trajet serait un voyage au bout de mes peines.
Subitement, tout s'interrompt... La sonnerie du métro retentit façon générique de fin, éclipsant la voix off de narrateur désabusé que j'ai dans la tête. Mes sentiments de solitude et de honte se dissipent. En trame de fond, un pressentiment étrange et familier s'empare de moi. Impression de déjà vu. Dans un vertige vaporeux la foule et la fille s'évanouissent lentement... Et j'entends: "(...) un jour au cirque, un autre à chercher à te plaire. Dresseur de loulous, dynamiteur d'aqueducs." Hein?... Un frisson me parcourt les épaules. Furtivement ma tête vacille et, un peu stone, prenant conscience que la musique provient de mes écouteurs, j'ouvre les yeux. Retour à la réalité...
La tête dans le cul, retrouvant progressivement mes esprits, je cligne des cils, avec un pincement au cœur comme seul vestige de ce voyage au pays des rêves, stigmate fugace de cette immersion dans les brumes de mon subconscient.  It was all a dream... Sa mère.
Épilogue #ToBeContinued : - je suis entre Barbès et La Chapelle, - il y a bel et bien une trace gris-poussière sur ma chelsea boot,  - et, Stan Smith aux pieds ou pas, le coupable court toujours.
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