cinostro
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Penumbra Nostra
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Un peuple qui refuse de payer est un peuple sans dignité
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cinostro · 5 years ago
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Penumbra Nostra 1 - Bravo Six, going dark
Chapitre 1
“- …
…hmmm… pas envie …”
Ça relève d’un effort presque surhumain, mais malgré 3 à 4 heures de sommeil que j’ai réussies à avoir, j’ouvre tout de même un oeil …
*5h40*
“- … allez, encore 5 minutes … Si je skippe le jus d’orange, je pourrai sûrement avoir le train.”
Je recontracte doucement ma paupière, pour retrouver ce cocon si chaud. Si doux. D’un mouvement de pied, je parviens à raffermir l’étreinte de cette si chaude couverture. Une couverture king-size pour soi-même … si vous voyez une autre définition du bonheur, j’en serais tout-ouïe de l’entendre.
Le tendre sentiment de sérénité que l’on éprouve le matin, tout en s’acquittant paisiblement des bras de Morphée sans pour autant contracter un seul muscle. L’esprit qui revient à lui, qui retrouve sa conscience petit à petit. Voici ce que l’on peut appeler la béatitude.
Retrouver la conscience que je ne suis ni riche, ni fils de, mais rien d’autre que quelqu’un qui a des rôles à remplir pour espérer un jour pouvoir me permettre de chérir plus longtemps ce si doux moment m’a fait rouvrir l’œil.
*5h54*
Merde.
Je lance cette couverture qui m’a si gentiment réchauffée pour … Aaaaah ! Le froid ! Bah oui ! Sauver la planète, c’est aussi vivre dans le froid l’hiver !
Direction la salle de bain.
Brosse à dent. La mouiller. Dentifrice.
Tout en me brossant les dents, je vais chercher mes serviettes, vêtements que j’avais eu l’intelligence de préparer la veille (je m’en suis auto-congratulé, d’ailleurs), je les pose sur le panier à linge qui sert aussi de valet.
… PEUH !
On rince la bouche. Rapide coup d’oeil vers l’horloge. 6h00.
Ok, il faut que je sorte à 6h07 si je veux avoir une chance d’avoir le train.
Je lance la douche … froide pendant 2 bonnes (et longues) minutes …
Sorti à 6h10. Meeerde.
Je me sèche, m’habille, coup de déo, pointe de parfum.
6h15. Rapide coup aux toilettes. Chaussures. Parka. J’ai toujours les cheveux un peu mouillés … Saletés de cheveux longs ! Pas grave, on refait un coup de serviette.
J’ai toutes mes cartes ? Oui ok. On y va. 6h19.
J’ouvre la porte. Je ferme la porte (péniblement ! Dans le noir !).
Ça va, finalement, il est 6h20, le train est à 28, et j’ai 6 minutes de marche, si je ne traîne pas les pieds.
J’entame ma petite marche rapide.
Je me sens léger aujourd’hui, j’ai tout sur m..
MERDE. LE REPAS DU MIDI.
De toute évidence, je n’allais pas manger à la cafétéria. Un jambon-beurre à 4€, avec une baguette à faire saigner les gencives, pas question !
Petit trottin jusqu’à la porte !
“- … c’est pas vrai … Mais ..? ELLE EST OÙ CETTE CLÉ ?! Là.”
Encore une fois, une GALÈRE pour ouvrir dans le noir. J’ouvre, je cours à l’intérieur, j’ouvre le frigo, hop, petit sac à bandoulière, on repart, on ferme, la clé est déjà sur la porte, on repart ! 6h24 !
MERDEUH !
C’est bon. Plus le temps pour la marche rapide, je lance un trot sur 700m.
L’air sec et gelé me glace les poumons, à force de respirer par la bouche.
C’EST BON ! La gare !
J’y suis. 6h28. J’ai du mal à reprendre une bonne respiration. J’ai froid. J’ai les yeux qui pleurent, contre ma volonté. Mais j’ai surtout l’impression d’être un chien qui a trop fait d’exercice à haleter comme ça. Cette pensée me déplaît. Je déteste être sur les rotules. J’aime quand les choses sont parfaitement maitrisées.
Mais … Voie 2 le train ? Pourquoi je ne le vois pas ? Rapide coup d’œil vers le panneau d’affichage : Lille Flandres, voie 2, retard estimé à 5 minutes.
MERCI LA SNCF.
J’emprunte donc le passage souterrain pour rejoindre le quai, la respiration toujours bruyante et irrégulière. Quelques gouttes de sueur commencent à perler sur mon cuir chevelu. Je commence à avoir chaud. C’est dégueulasse.
Je me positionne sur le quai. Chaque matin est un nouveau défi, un nouveau jeu, qui consiste à trouver l’emplacement exact où s’ouvriront les portes. Pour être honnête, ne l’ébruitez pas, mais pour mon train, dans ma gare, le meilleur spot semble être entre les deux escaliers qui rejoignent le tunnel. 8 fois sur 10, les portes s’ouvrent là. Quel bonheur quand ce stratagème fonctionne ! Tout l’enjeu là-dedans réside dans la place que je pourrai me dénicher dans le train. Une place dans un carré de 4 sièges ? Un siège solitaire dans le wagon ? Ou encore mieux, une place double vide (et pourquoi pas qui le restera tout le long du trajet ?! Mais ne fantasmons pas. Cela n’arrive jamais.) !
Dès l’ouverture des portes, chose inhabituelle, un contrôleur du train sort du SAS pile devant moi. Oui. Il m’a donc écrasé un pied et forcé le passage en emportant avec lui ma main et le bras qui lui était collé.
“- Euh, excusez-moi ?!”
Il n’a pas bronché. Je l’avais perdu de vue dans la foule avant d’avoir pu finir ma phrase.
“Il a un problème celui-là ? Il veut jouer au héro ou quoi ? Il cherche à impressionner qui ? Gogole, va … Ou peut-être qu’il devait faire pipi. Mais bon, c’est pas une raison pour agresser les voyageurs qui prennent place à bord du TER Hauts-de-France à destination de Lille Flandres. Pfff …”
Tant pis. J’ai pris sur moi, et je suis monté à bord.
“Yes !”
Rééquilibrage des karmas ! J’ai pu trouver une place double, vide, qui plus est !
Je m’y assois et ouf. Je relâche mes sacs, je les dispose correctement dans l’espace qui m’est dédié et j’évacue la pression.
Je me sens léger. Je respire doucement, comme un chat qui se carpette sur un canapé. Je me cale bien dans mon siège, comme jamais, tête posée contre la vitre. Je suis bien. Chaque muscle de mon corps me le fait sentir en se relâchant un par un. Chacun trouve sa complémentarité dans ce siège si moelleux. Le train repart. Personne ne s’était mis à côté de moi … Quel bonheur. J’essaie de fermer les yeux … Mon Dieu, qui aurait cru que ne plus stimuler sa vision pouvait procurer un sentiment de confort si intense … et mou à la fois … J’ai besoin de redormir. Ma conscience s’en va petit à petit. Je ne peux rien y faire, c’est si doux, angélique. Je sens que mon esprit divague …
Allez … On me réveillera bien au terminus …
Chapitre 2 - Le terminus
… wow … J’ai l’impression d’avoir la bouche un peu pâteuse. Pourquoi je … Mais je n’étais pas censé être dans le train, moi ?
Pris de panique, je rouvre brutalement les deux yeux.
La lumière blanche enflamme ma rétine.
Aveuglé, je referme la bouche, qui était alors grande ouverte. Un peu de tenue, voyons.
Je ne tiens plus. Je referme les paupières, baisse la tête. Je me frotte les y… Tiens ?
Je ne peux plus bouger les bras ? Qu’est-ce qui m’arrive ? Je les sens un peu léthargique.
Petit à petit, j’entrouvre un œil.
Un sol blanc ? Quoi ? Je rêve là ou quoi ? Le sol des trains n’est pas blanc, il est dégueulasse.
Attends … Nan, c’est bizarre là … C’est pas ça, Lille Flandres, je suis où là ?! Je suis très clairement dans un rêve … C’est pas possible autrement. Je sens même le teint de ma peau qui rougit, mon cœur qui bat jusque dans mes oreilles, les tambours dans ma poitrine !
Je redonne un coup de bras. Ça ne marche pas. Je me cogne dans quelque chose. Ok. Là, c’est la grosse panique.
Je tourne la tête, avec toujours un œil qui essaie de retrouver sa vision. J’ai bien mes bras, toujours endormi mais … Des menottes ? Oui ! Maintenant que je vois ça, c’est vraiment que mes poignets me serrent ! Nom d’un chien, ce que ça fait mal !
D’instinct, j’essaie de me lever. Mais là encore, rien à faire. Les chevilles attachées par une corde aux pieds de la chaise ?!
Quoi ? Non, là, franchement, c’est bizarre. Mes tempes battent la chamade à leur tour. C’est beaucoup trop réaliste pour n’être qu’un rêve.
Ok. Mes deux yeux sont ouverts à présent. Rapide observation de là où je suis :
Du blanc.
Une pièce. Intégralement blanche. Le sol semble être fait d’un béton bien épais, peint en blanc. Un éclairage de chantier bien puissant, pointé sur moi, à peine quelques mètres de là où j’étais assis. Le mur en face devait être à une dizaine de mètres. Le mur de derrière, je ne sais pas trop. Mais sur ce mur de devant, on avait comme ces plaques en mousse anti-bruits, mais toutes de couleur blanche. On y voyait aussi une porte noire. Ok très bien. C’est très simple. Le plafond, aussi, blanc. Aucune ventilation apparente, aucun détecteur de fumée, rien. Un vide profond et peu rassurant.
Sur ma gauche, par contre, on retrouvait ce même type de mur, mais avec une vitre incrustée dedans, et quelqu’un qui tapait sur celle-ci.
Quelqu’un. Il est un peu loin, je ne peux voir que sa silhouette un peu paniquée qui donne de grands coups dessus, de toutes ses forces.
En me concentrant quelques secondes, ce personnage me dit quelque chose … Il est un peu jeune, avec des lunettes … Il ressemble un peu à …
… Samuel ?
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