Tumgik
coffee-place · 5 months
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Une respiration
Comprendre, je voudrais comprendre. En fait, comprendre je le sais déjà. Je sais d'où je viens, je vois ce qui s'est passé. Un brouillard épais et clair est derrière moi. Mais je sais de quoi se compose la forêt.
Je connais les souches en décomposition qui la forme, les branches cassées qui jonchent le sols, les flaques de boues et d'eau qui compose le chemin. Je vois aussi les mousses qui courrent doucement le long des troncs, les champignons qui viennent colorer le tapis de feuilles. Je connais le chant des oiseaux qui sifflent leur territoire, les cailloux qui éclaboussent de lumière. Je sens l'humus d'une terre humide et grouillante. J'entends le bruit constant de la vie qui rampe, qui marche, qui court, saute, respire et oeuvre autour de moi. Le brouillard est là. Je le sais. Je le connais.
Je prends de longue respiration dans l'espoir d'aspirer ce brouillard et revoir le ciel. Un bout de ciel, bleu. Même avec des nuages. Juste un bout de ciel. Chaque respiration est plus facile.
Chaque respiration me fatigue. A quoi bon lutter vers une fin qui est juste irrémédiable. Et pourtant, la forêt est encore là. Proche. Je la sens qui m'attire. Je la sens qui me guide. Qui m'emporte.
A chaque respiration, je vois le brouillard se levait légèrement. Je vois le renouveau du temps se poser devant moi.
J'essaye. Je vous jure que j'essaye. Je voudrais. Et en même temps je ne connais rien d'autre. Alors c'est dur. C'est comme si on me demandait de déconstruire le mur devant moi qui comporte des briques solides et des morceaux de verre à son sommet pour éviter que ne se pose les oiseaux nouveaux. On me demande, je me demande, je pense qu'il serait bon et pourtant je ne le pense pas non plus. Je suis une pièce à deux visages qui raisonnent et ne peut pas s'écouter. Parce que m'écouter ça veut dire sombrer. J'en ai un peu marre. Je voudrais revenir en arrière et vraiment ne pas naître. Parce que les moments de bonheur ne sont pas à aussi présent que mon moi. Mon moi hurlant qui me pousse sans cesse vers la souffrance. Et je sais. Et que je comprends que ce n'est pas une solution. Mais c'est si dur. C'est si dur que je ne sais pas. Si je sais quoi faire. Il faut que je reprenne ma respiration. Il faut que je retrouve le ciel. Que je puisse ressentir la forêt autour de moi. Cette forêt profonde. Cette forêt porteuse de vie, de lumière. Cette forêt qui constitue ta complexité et ton appartenance au monde.
Tu as aussi le droit de tomber dans le trou. Tu as le droit de tomber dedans et de demander à une main de t'en sortir.
Tu as le droit de tomber dedans et d'en ressortir en rampant, en pleurant et crachant du sang. En ayant les ongles qui sont ourdés de terre et d'excrément
Tu as le droit d'en ressortir en puant la mort, en puant la haine de soi.
Mais, tu vas t'en sortir du trou. Même si tu retombes dedans. Même si tu retombes dedans immédiatement. Au moins, tu auras vu le ciel.
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coffee-place · 1 year
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Ecraser
C’est comme un écrasement du souffle dans ma poitrine.
Comme le couvercle sur une casserole qui boue. Mes pensées retombent en petites gouttelettes en moi même. Sur moi même. Elles viennent brûler ma peau et faire apparaitre une chair à vif. Et quand je parviens à poser ma main pour apaiser la douleur aigüe, C’est un autre lieu, c’est en autre endroit qui s’écarte et se déchire. Mon corps me lâche progressivement tandis que je tente de suturer les plaies qui se forment.
C’est le constat d’un être fractionné qui n’arrive pas, plus à avancer. Le peu d’énergie lui sert à se relever et partir un peu plus loin. A soigner une blessure. Avant de constater qu’une autre s’est formée ailleurs. 
C’est l’envie de ne rien faire. Tout le temps. D’abandonner tout le temps. De ne pas avoir de joie. Tout le temps. 
C’est aussi un cercle vicieux où tu te nourris de ton désespoir. Une addiction à ta propre tristesse. Le moment où tu ne ressens plus de tristesse, tu t’interroges: Que suis je sensé faire ? Est ce que je peux penser à autre chose ? Est ce que je peux faire autre chose ? 
Une curieuse suspension en soi. Qui vient apporter un peu de douceur et de peur. Et se sentir inlassablement partir dans ce coeur qui bat trop fort. Cette angoisse qui surgit du fond d’un passé obscur. C’est lutter pour se faire du bien.
Ca veut dire dépenser de l’énergie dans le simple fait de ne pas être absorbé par ses pensées, par sa tristesse. Se faire du bien. Pour pouvoir retrouver une envie. 
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coffee-place · 1 year
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Lutter.
C'est extrêmement dur de faire comprendre la dépression.
C'est extrêmement dur de faire comprendre le plaisir de la douleur.
C'est extrêmement dur de faire comprendre les pensées suicidaires. La tentation d'en finir. Avec quoi ? La vie ? Nan. Avec sa souffrance. Avec notre être bouffé par le trop plein de choses qui nous hantent. Qui nous habitent sans que nous puissions plus nous loger. Je suis habité par un mauvais chef d'orchestre qui joue faux. Qui me joue des mélodies au combien harmonieuses mais au combien fausses dans leur exécution.
Une fois l'oreille habituée à ce tapage auditif. Tu n'entends plus rien d'autre que le crissement des instruments. Que le souffle âpre des musiciens. Que le chef d'orchestre qui joue avec cette mélodie pour te souffler vers la fin du concert. Pour abréger la performance.
Mais sache que je vois en toi chef d'orchestre. Je comprends que tu je connais rien d'autre. Mais tu peux laisser ta place et revenir par moment. A prendre trop de place tu ne vois pas tous ces instruments qui improvisent, qui s'entremêlent, qui dansent et profitent ensemble. Avec d'autres orchestres avec d'autres voix. Ecoute. Observe.
Tu as ta place dans l'orchestre parce que lorsque je commence à t'entendre je DOIS ralentir. Je DOIS me considérer. Comme un être à part entière. Je dirais même simplement comme un être vivant et qui à me droit de rendre au bonheur. Tu comprends petit être. Tu es légitime à être heureux. Même lorsque l'orchestre sonne faux. Même lorsque les voix commencent à s'harmoniser. Prends ton temps, prend corps. Prends Toi comme une puissance faisant partie du grand Vivant de notre Planète. Et au même titre que les bactéries ou bien les plantes. Tu as une existence qui est là. En soit et en puissance.
Tu sens ton corps ce soir soupirer. Soupirer de douleur. soupirer de plaisir. De peur aussi.
Ton esprit est vif et acéré. Le chef d'orchestre ne sera pas écouté ce soir. Parce que ce soir, tu as le droit de te sentir heureux en toi. Parce que ce soir tu as reçu beaucoup d'amour. Et que tu as aussi contribué à en donner. Même si tu ne le vois pas. Même si tu ne le comprends pas. Accepte le. Prends le. Change de chef d'orchestre.
Respire. Demain est en autre jour pleins de promesses.
La temporalité est importante. Ça va aller mieux. Je te le promets. C'est vraiment possible. Et ce que tu vis actuellement ne va pas simplement s'effacer comme un mauvais souvenir. Ce n'est pas quelque chose à oublier. Ce n'est pas quelque chose de honteux. C'est quelque chose dont tu avais besoin. Comme cette marque vivide que tu portes. Aux multiples couleurs et aux sensations diverses. Elle est belle dans son horreur. Elle est belle dans ce qu'elle représente. Tu es un homme incroyable. Et cette temporalité est incroyable. Alors fais moi confiance, ça va aller mieux mais ça ne sera pas perdu. Tu n'es pas en train de perdre des minutes, des semaines, des années de vie tu es en train de marquer différemment des moments du vivant. Ta chair imprimé différemment. Elle a besoin de plus de matière pour vraiment percuter.
Demain sera la promesse d'une belle douleur
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coffee-place · 1 year
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Avis de Tempête
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Il tendit son bras en vain. 
Ses doigts semblaient disparaitre dans le souffle de l’air. De la poussière volante qui s’envolait. Les cendre se déposant au grès du vent sur l’herbe environnante, sur les feuilles des pommiers, tranquilles; sur les bouses séchées par la chaleur et le soleil; sur les vêtements étendus au loin. 
Il était en train de disparaitre et cela se faisait de manière si subtile. Il se sentait légèrement glisser. Il pouvait sentir ses jambes en train de trembler, son coeur s’accélérait et cette envie pressante montée. Il commençait à voir trouble autour de lui. La lumière lui brulait les rétines et de petites larmes coulaient sur ses joues. Il se sentait presque pas mal. Il voyait juste son corps se désagréger progressivement. Ses muscles ne le soutenaient plus. Il allait s’effondrer. 
Les nuages s’accumulaient dans son ventre. Il résiste un peu. Il sait que le vent se lève, qu'il hurle et que son corps va bientôt s’effondrer. Il veut encore s’accrocher un peu. Il ressent une douleur masochiste à projeter le choc de l’éclair dans son corps. D'entendre le bruit au moment où il le frappera violemment. Le choc qui déferlera partout dans son organisme. Le vide après. Le silence qui s’en suit. Un plaisir de destruction, de libération des tension. Une impulsion presque incontrôlable. 
Il a installé des paratonnerres. Il les a construit progressivement, doucement. Il en place à différent endroits afin de couvrir le plus de territoire possible. Quand une tempête approche, il peut les regarder le protéger.
Parfois, cependant, il voit la terre se fissurer autour de ses paratonnerres. Ils se mettent à vaciller imperceptiblement. La pluie vient se gorger autour des poteaux et laisse de longues trainées de boue intense qui altèrent la stabilité des installations.
Dans ces moments, il doit alors se déplacer lui même et venir au pied du paratonnerre pour le soutenir. Torse nu, son dos se bloque à la sensation du bois lourd et humide le long de sa colonne vertébral. Il lutte contre la boue, contre le vent, contre le poids du bois qui se gonfle d’eau.
Alors la perceptive de se laisser glisser dans la boue, de sentir la terre sur son visage semble plus agréable que les échardes dans le dos, la douleur du sang qui coule et le froid de la pluie, le vent qui hurle dans son oreille. Les arbres semblent si paisibles en comparaison. Il se sent comme acculé face à un spectacle de clarté. La tempête fait rage, mais elle n'affecte personne d'autre. Ou plutôt, la tempête fait rage, elle se déchaîne mais les arbres l'ignorent et continuent en harmonie leur vie. Se nourrissant de la pluie, en profitant du vent pour se débarrasser des feuilles mortes. Lui, il doit porter son paratonnerre. Ne pas glisser. Ne pas s'effondrer. Ne pas faillir.
L'orage va frapper.  
Mais, en tombant. En tombant dans la boue.
Dans la boue, il peut panser ses plaies. Dans la boue, ses os craquent mais ne bougent plus. Il est seul mais protégé par la croûte de l’humilité. 
Quand l'orage approche, et que la pluie s'intensifie.
Parfois, il se laisse glisser, épuisé. Le paratonnerre s'effondre misérablement suivi par son corps dans la boue. Des écumes des boues viennent s'écraser contre lui. Il est broyé. Il tente vainement de respirer en recrachant la boue qui tente de remplir ses poumons. Son corps se convulse et il se repli comme il peut. Et puis enfin, l'éclair frappe son corps et son esprit. Un intense blanc. Une suspension entre douleur et plaisir. Entre chaos et vitalité morbide. Et l'effondrement.
Parfois, il tient bon. Ses jambes bien ancrées, il parvient à se maintenir droit. Son esprit lui adressant des mots d'amour et d'encouragement. Des mots de réussites, des mots qui font voler et qui font du bien. Alors l'éclair frappe le paratonnerre. Et l'espace d'un moment il a senti le courant passer dans le bois. Loin de lui et si prêt. Il peut se relever doucement et repartir.
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coffee-place · 2 years
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Tic Tac
Une bombe à retardement qui ne cesse de sonner dans le fond de ma tête. Un petit bruit de mécanique permanent. Qui provoque un ensemble de cliquetis.
Parfois la bombe explose. Détruit tout dans mon esprit pour ne plus voir que l’horreur de moi même. Un mal indescriptible et une envie d’abandon total. Plus rien n’a de sens. Je sens encore la présence des gens, je vois encore leur amour mais il me semble si loin, si incompréhensible. Et je voudrais ouvrir la bouche pour leur crier de me rejoindre, au lieu de cela l’eau s’engouffre dans mes poumons. Du moins, j’ai peur que l’eau s’engouffre, du coup je ne fais rien.
J’attends dans mes larmes que les dégâts se réparent. Essayent de se réparer. J’ai si peur de les voir partir que j’essaye de gérer ça dans mon coin. Mais sur un champ brûlé, il faut pas mal de temps avant de voir renaître des choses. Alors que si le vent apporte des graines, le champs pour refleurir.
Moi je suis l’incendie et la pluie. Je brûle d’amour pour les autres et je me brûle de désir. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi je termine désolé, dans ce champs alors même que je vois le feu se répandre. Et lorsque j’essaye de l’endiguer, je ne fais que donner de l’air aux flammes qui grandissent. J’assiste alors impuissant à ma propre destruction.
Biensûr, ceci n’est qu’une image d’une sensation. Cela représente quoi à l’échelle de ma vie ? quelques minutes ? Mais elles finissent par s’accumuler. Elles finissent par devenir une réalité plus importante que le moment de la pluie.
Parfois, je me ressource si fort que je sens la puissance des plantes grandir par mon eau. Je peux sentir les racines prendre vie en moi. Je sens la fraicheur bienveillante. Et je sens bien que la pluie est puissante aussi. Qu’elle peut éteindre les incendies. Et elle a déjà éteint des incendies.
J’avais presque réussi à faire taire le tic tac de la bombe qui déclenche le feu. J’avais presque réussi à entendre le silence. Je reviens dans la position des pensées angoissantes pour chaque décision que je prends. Pour chaque action que je fais. Néanmoins, on ne peut pas douter d’une chose. Le progrès malgré tout je crois. Mon chemin devant moi qui se dresse. Ce n’est plus un simple chemin mais bien la forêt entière qui est autour de moi. J’essaye de m’arrêter de marcher parfois et de respirer le temps de quelques secondes où je suis. Qui je suis à cet instant tout particulier. Parce que je me compose de bien des organismes et de bien des pensées.
Et bien que mes pensées sont parfois dangereuses et compliquées à gérer. Je sais aussi qu’elles sont nées de quelque part, que ce quelque part est important et unique. Que ma vie représente quelque chose. Ne serait ce que parce que j’ai réussi à être qui je suis. Je ne suis pas vraiment un miracle, mais c’est aussi ok.
Parce que je suis encore en vie et c’est déjà beaucoup étrangement.
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coffee-place · 3 years
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Quand tu penses trop toutes les interactions sont causes de paroles.
Tout devient prétexte à réfléchir à analyser à décortiquer à comprendre. Les couleurs sont vives, les odeurs haletantes et les mots vivides. C'est la frustration de ne pas savoir quoi en faire. D'être plein d'informations inutiles et pourtant si prenantes en moi. Comme des milliers de personnages qui me hurlent leur existence. Je les entends me raconter leur histoire et je voudrais ne pas les entendre car je ne pourrais plus exister en les entendant. La redondance des pensées qui tournent et tournent et se complaisent.
"Tu es comme ça" "Abandonne"
"Que cherches tu ?"
"Qu'existe t'il d'autres ?" "Pauvre fou" "Qui le fuck es tu finalement ?"
La perception qu'on les autres de moi est drôle je trouve. Parce qu'elle est si erronée. Si éloignée de mon ressenti et de mes pensées. En même temps comme dirait l'autre..nous ne sommes pas nos pensées. Très bien..mais alors quoi ?
Je ne peux me contenter du vide. Je ne suis pas la Nature j'ai besoin de pleins. Je ne peux juste être. Ou alors si. Je devrais juste être. Présent. Ancré dans ma réalité brute et physique. Une réalité sensorielle qui est liée à ma perception des choses et c'est ainsi. Accepter les limitations de mon être. Et de mon non être.
Peut être qu'il faut juste qu'elles se posent quelque part. Que le langage semble être le compagnon de prédilection de mon moi. Écrire pour se vider.
Mais ça veut dire beaucoup d'anticipation je crois. Ça veut dire prévoir tellement de temps pour ça et trouver l'énergie. C'est ainsi.
Va sommeil je t'appelle. Viens me rendre visite.
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coffee-place · 3 years
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La capacité à n'être personne. Pour ne plus ressentir le temps d'un instant les obligations de la réussite qu'on se fixe qu'on se doit qu'on performe.
Parfois je sens qu'il y a quelque chose en moi qui est sous jacent et que je n'ose pas m'en saisir. Quelque chose de tapis qui a pas de forme. Qui n'a pas d'odeur mais qui rôde et qui mord parfois sans que je puisse identifier ces morsures. Je me réveille avec des marques sur le corps et je n'identifie rien. Je constate juste que mon corps part en lambeaux. Je continue à marcher, laissant des traces de peaux pour continuer à marcher sur une route qui ne me concerne pas et qui me donne pas envie.
Où tu vas comme ça connard ?
Pourquoi tu es là ? Pourquoi t'existes ?
Comme ça tu veux être personne ? Nan pas vraiment. Tu n'as nul part où aller Ulysse. Fuis pas la guerre qui de déroule à tes pieds. Essaye d'embrasser ce que tu vies pour en découvrir une pièce fabuleuse. La pièce de ta conscience qui se débat, qui se dégage des profondeurs où elle est enfermée par tes soins.
Le ventre vide tu marches, laissant de longues traces de vomis suitant et chaud. Tes intestins ne te portent plus. Tu continues ta route inlassablement. Voie sans chemin où la lumière et l'obscurité ne sont qu'une seule et même entité. Tu es devenu aveugle, sourds, anesthésié. Tu as fini par oublier les sensations de tes pieds qui traînent sur le béton. Rapant la corne. Tu t'ecroules. Tu te relèves. Tu oublies. Tu marches. Pathétique
Mais aussi si humain. Si beau. Tu as le droit de tendre vers cette route. Elle ne t'appartient pas. Ne fonce pas dans le néant. Tu peux t'arrêter et contempler les monts aux alentours. Tu verras que les paysages sont somptueux. Que le soleil éclaire doucement les brins d'arbres aux alentours. Que la pluie redonne la vitalité à la terre. Tu comprendras que marcher ne rime à rien quand tu ne vois rien autours de toi. Que tu es seul dans le noir alors que tu pourrais observer bien des vies aux alentours.
Ulysse tu n'as pas besoin de rentrer parce qu'au fond ce chemin n'existe plus. La maison est présente dans chaque raie de lumière qui se pose sur ta peau et sur les fenêtres de ta conscience. Tu peux te perdre encore bien des années, continuer ton errance en appréciant qui tu es. Parce que tu existes au même titre que la plus simple des constellations et la plus ancrée des racines.
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coffee-place · 4 years
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Vagues
Ca me prend par vague. 
Des vagues violentes qui progressivement prennent de la vitesse et de l’ampleur. Elles se répercutent dans chaque bones de mon corps, et j’ai du mal à reprendre mon souffle. Je vois un brouillard se poser sur mes yeux et je ne vois que l’écume de leur puissance. 
Je m’engloutis. Et je me débats quelque fois, mais j’ai plus la force. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi. Pourquoi je devrais ressentir ça. Pourquoi je suis comme ça. Et pourquoi je n’arrive pas à sourire. Juste prendre les choses et avancer. Non, moi je m’accroche, je prends le poids des émotions et je les laisse dévorer les espaces de tranquillité qui existent en moi. Plus aucune couleur n’apparait. Le gris ne laisse qu’un souffle putride de dégoût. 
Par vague violente qui me jète contre cette falaise. Je ne désire pas spécialement sauter. Je vois le vide et j’ai peur. Je m’accroche à l’herbe grisâtre aux pointes encore verte. Mais je sens le vent s’engouffrer dans mon ventre. Il ne me pousse pas vers la jetée. Il me pousse vers autre chose. L’enfoncement profond dans la terre. L’envie inqualifiable de retourner à l’état de humus. Ne plus ressentir, sauf l’odeur profonde autours de moi de la décomposition en terre et la chaleur qui s’en dégage. Un puissant enlèvement du ressentir humain. 
Les vague sont indescriptibles. Elles apparaissent er repartent aussi vite. Mais, on garde les trace du sel sur sa peau. Les suées froide et la peur. La peur des courants qui nous ont emporté dans des eaux dangereuses, froides, profondes et troubles. La pensée qui ne se relève pas complètement et le corps déconnecté. On pose progressivement une idée puis l’autre pour ensuite se relier à ses sensations. 
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coffee-place · 4 years
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Le trou dans ton espoir
Si le mot espoir existe, il est désormais trouble et poreux. L’eau tombe. Goutte après goutte. 
Le bruit en écho se répercute dans l’immensité noire de la grotte. Un écho après l’autre qui meurt dans l’indifférence. La goutte tend vers une vie de silence et meurt en bruit. 
L’une descend, le temps ne se suspend pas. Il avance, indifférent, inexistant. Elle vient s’écraser infiniment petite. Elle se divise et ne laisse qu’un vague sensation d’humidité sur le dos de ma main. Un froid rapide et oublié à l’instant de sa production.
L’autre s’écrase sur un mon épaule, absorbée par le tissu, elle ne produit aucun bruit. 
De la fumée sort de ma bouche. Bruit dérangeant de respiration. Existence qui disparaît. L’écho apparaît désarmant.
L’espoir a commencé à se dissoudre comme un cachet d’aspirine dans de l’eau. Je vois l’effet des bulles apparaître et chaque bulle provoque le détachement et l’évaporation de ce petit cachet. Progressivement. J’ai mal à la tête et une furieuse envie de disparaître comme ce cachet. Mon corps prend étrangement trop de place et il ne peut être dissout car il est dérangeant. Je suis. Ni lui, ni elle, ni un truc normal, ni un truc envieux. Au plus je suis un fantasme, au moins je suis un monstre. Je ne veux pas me dissoudre dans de l’eau. Mes bulles ne forment que des cailloux irrécupérable sans valeur. Je ne veux pas disparaître, mais je ne veux plus entendre les bulles dans ma tête. Je ne veux pas sentir les petits bouts de moi en train de partir. Je sens mes émotions ne pas réussir à sortir. Elles forment une pression. L’air se raréfie. Les respirations sont douloureuses et ne donnent aucune sentisfaction. Satisfaction des sens. 
L’espoir s’émiette en moi et les petits bouts de choses qui étaient en moi finissent au bas de la falaise avec l’érosion et la pluie. Sans bruit. On les voit tomber, silencieusement. Quelque part c’est beau. Cette falaise à la pierre blanche. La lumière mi-soleil, mi-nuage vient se poser aux intersections des pierres. Et on peut les voir, par ci par là, lorsqu’on prête l’oeil. Les bouts qui s’écrasent au sol. Des larmes de joie profonde coulent, voir des parties de soi partir en lambeau, c’est se rappeler. Se rappeler l’appel de soi même. C’est comprendre la splendeur de la falaise. Le phénomène grandiose de l’érosion, la douceur de l’effondrement, la terreur de la chute et la collision des matières. 
L’espoir a déposé un brouillard doux sur ma peau. Il me protège tendrement de ce qu’il y a autours de moi. Il me fait oublier que le vide n’est pas autours de moi. Je suis le vide. Autours de moi il y a des immeubles, du bruit, de l’alcool, beaucoup d’alcool, des comportements dangereux, brutaux, des incompréhensions, des peurs, des réflexes, des paroles. Je me nourris de vide. Je fais le vide de l’air pour permettre la bulle parfaite. 
Mais la falaise s’effondre et le bulle n’existe pas. Le vent coule et siffle la mélodie du Noir et du flux de voix sans consistance. Un bruit permanent qui ne te quitte plus. Qui est toujours présent, sans que tu puisses le comprendre, sans que tu puisses lui demander une trêve. La voix coupée, la respiration sans air. Le trou se nourrit de ce qu’il trouve, la Nature a horreur du vide. 
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coffee-place · 5 years
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La grotte
Il attendait de pouvoir sortir. Bien sûr il était libre. Bien sûr il pouvait faire ce qu’il voulait. La grotte était vaste. Les aspérités étaient somptueuses. La pierre ne possédait pas deux fois la même couleur. Chaque endroit où l’on posait les yeux était différent. Atypique et commun. Un pur paradoxe qui aurait permis Racine à autre tragédie. 
Les sons qui se réfléchissaient sur les parois produisaient une lumière harmonieuse. Le nez respirait à plein poil les stalagmites en formation. Les bras en l’air dans l’attente. Un peu stupide mais enchanté. 
La grotte est si vaste qu’on ne pouvait en faire le tour. Il ne l’avait dû moins même pas essayer. Il pouvait voir à perte de vue des halos, des nuances, des intensités. 
Mais il attendait de sortir.
Parce que dehors. Il savait sans savoir. Parce que dehors, il pourrait plus qu’il ne peut dans la grotte.
La grotte le protège et elle est sublime. Ses couloirs lui offrent mille possibilités. 
Mais lui il veut sortir.
La grotte est fantastique.
Il doit sortir.
La grotte.
Sors.
La n’existe plus
Il est le désormais
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coffee-place · 6 years
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Hérisson
Ya des soirs j’ai pas envie.
Ce soir j’ai pas envie.
J’ai envie de m’autodétruire. De m’emplir les poumons de fumée blanche, épaisse, hallucinogène de weed.
De faire couler du vin rouge dans ma gorge et de sentir le froid le long de mes parois. De sentir l’âpreté se poser sur mon palais. Mes lèvres prennent une couleur rouge. L’ivresse noie mes pensées, mon corps s’alourdit. 
De consommer, d’acheter pour oublier ce que je vis et qui je suis. Combler un vide existentiel à travers des achats compulsif.
De me masturber en regardant du porno, parce que les corps ne sont que des résidus d’addition tordue poussée à la consommation de nos penchants sexuels.
De ne plus penser, de réussir à penser.
De m’expliquer. 
De revenir en arrière.
De ne pas aller de l’avant.
Y’a des soirs. Je m’autodétruis et je sais.
Ai-je vraiment choisi ? De vivre ?
J’aurais pris le deuxième choix.
C’est quoi ?
Je ne serais pas né.
Je ne serais pas née
Je ne serais pas 
et ça aurait été aussi bieN.
Qui peut lire ces mots ? J’en ai honte, ils sont douloureux pour ceux qui me sont chers. Je ne peux pas. Je suis égoïste.
Ya des jours où je m’autodétruis et je ne parviens plus à respirer parce que la fumée emplit ma bouche d’une voix tendancieuse.
Les pensées peuvent alors s’échapper. 
Je ne veux pas combattre quoique ce soit. Y’a des soirs je n’ai pas la force. Je n’ai pas envie de parler, je n’ai pas envie de voir. Je veux partir. Je veux partir pour nul part et ne pas bouger. 
Et en même je veux hurler, pleurer, mordre et devenir ? Non. Je ne veux plus.
Plus être, plus paraître. Plus rien. Demain, un autre réveil qui me rapproche de rien. Demain, une nouvelle journée qui me fait manger des cendres.
Y’a des jours j’ai pas envie et je sais que le lendemain ne sera pas mieux. Disons que je ne veux pas sentir autrement et parler me devient brûlant. Un capable de tenir les braises sur mes lèvres je m’enferme. Refus de voir les autres. Laisser moi dans un gouffre provoqué par la chute incommensurable.
Rien. Ya des jours ya rien. Ya des jours et surtout des nuits.
Le cerveau accélère et là rien à faire. Tu tournes autour de ta fenêtre et tu espères. Ce soir, le mal n’est même pas spécifique. Hahahaha, il me prend la main, la gorge, gonfle mes entrailles, gonfle ma poitrine. Rien, un grand creux.
PLUS RIEN.
Y’a des soirs où je ne veux pas. Arrêter d’écrire. Mes doigts sont en suspension. Seul acte qui me tient accrocher au présent et épuisé par l’exercice j’arrive à ramper jusqu’à mon lit et lancer le mode sommeil. Après, plusieurs tentatives, je finis souvent par maudire le pourquoi du comment et je tourne toute la nuit.
Arrêter d’écrire c’est reprendre le présent et le vide autour de moi. Même entouré dans un appartement pleins de gens, leur présence m’incommode. Partez, je ne veux pas vous voir.
Y’a des soirs où je laisse mon estomac complètement vide parce que le tourment m’apaise.
Y’a des soir, l’autodestruction prend le pas.
Ce soir. Elle est plus forte que moi. Et j’ai du mal à lui refuser le passage.
Ce soir pourquoi ? Pourquoi pas hier, demain, dans une semaine, jamais ?
Choisi le 2ème choix petit hérisson. Tes piquants ne te protègent de rien du tout. Ecrasé par les voitures, ton petit ventre rose étalé sur la route, tu ne ressembles plus à grand chose.
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La nuit c’est pire. La nuit je l’accueille en amie. Elle me comprend. Je l’aime. La nuit c’est la meilleure amie de l’autodestruction, mais elle aide aussi à sa manière. Jolie diplomate elle fait joliment le pont entre moi et l’autodestruction. Deux faces d’une même pièce, elle en est le rebord.
La nuit je l’aime parce qu’elle me fait fermer les yeux et amène de la fraîcheur sur mes joues endolories. 
Ce soir, ça s’est calmé.
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coffee-place · 6 years
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How to become a Forest
Yel avançait joyeusement. Tout content·e de sa coquille. Elle était belle, lisse et surtout très pratique. Elle était reflet de mille et une nuances. Elle pouvait à la fois liel cacher et liel montrer aux autres. Elle était aussi très résistante et très confortable. Elle avait tout pour plaire. 
Tandis qu’yel se promenait dans un jardin, entouré·e d’herbes et de cailloux. Ye croisa un·e congénère. Cet être en face de lui, liel regardait d’un air douteux. Sceptique, yel passa son chemin sans prendre la peine de liel parler.
Le ciel n’était pas trop chaud et l’humidité liel permettait de pouvoir avancer tranquillement. Soudain, une tentacule pointa le bout de son nez. Suivi d’un oeil, d’une coquille et d’un nouvel être. Un esquisse de sourire se dessina en liel, mais l’autre détourna le regard.
Yel finit par rentrée. Yel alla voir sa grande personne préférée. “Pourquoi ne m’adresse t-on pas la parole ?”
- “Mais enfin, comment peut-on te parler ? Nous ne savons pas qui tu es ?”
- “Mais je suis moi. Juste moi”
- “Je le sais bien. Il faut que tu comprennes que ça n’existe pas “juste moi” pour les autres. Il va falloir choisir”.
- “Choisir ?”
- “Etes tu un escargot femelle ou mâle ?”
- “Qu’en penses tu ?”
- “Nous pensions avoir une petite escargotte quand nous t’avons vu”
- “Très bien. Je serais une escargotte”. 
Elle repartit les larmes coulant sur ses tentacules. Elle apprit alors à reconnaitre sa coquille. A voir en quoi, sa coquille était bien, en effet féminine. En quoi, elle pouvait avec ses tentacules mieux les placer pour que les autres la remarque comme elle même: une escargotte. Progressivement, elle ressentit comme un malaise. Non pas un mal-être. Non, elle vivait sa vie tranquillement. La pluie amenant la satiété et la salade le plaisir gustative.,, 
C’était autre chose. Un décalage. Elle avait de plus en plus de mal à comprendre les autres. Pourquoi et comment déterminer la coquille des uns et des autres ?
Elle finit par ne plus sortir ou que par obligation. 
L’obscurité naissait dans sa bouche. Ses yeux se fermaient à la lumière et à la poussière. Les étoiles ne prenaient plus aucune direction. Tout était vide. Intangiblement, elle comprenait qu’elle ne ressemblait pas aux escargottes. Ni aux escargots. Elle ne comprenait pas pourquoi sa coquille n’était pas visible comme les autres. 
Tout devînt alors compliqué. Ses muscles n’étaient plus présents. Tout prenait du temps. Tout prenait de l’énergie.
Ma coquille est belle. J’aime ma coquille. Pourquoi doit-elle être vue comme féminine ? Pourquoi suis-je féminine ? Et si je change de coquille que va t’il se passer ?
Alors, il prit sa coquille et la changea. Il se transforma. 
On aurait pu croire que l’histoire se finissait bien.
“Mais qui es tu vraiment ? Est-ce possible de changer comme cela ? Ne te trompes tu pas ? Qui es tu ? Pourquoi ressens tu cela ? Tes parents ont échoué dans leur éducation ? 
Qui es tu ? Pourquoi es tu comme ça ? 
Je t’accepte. Mais.
Mais.
Cependant.
Enfin. J’ai un peu honte. 
Enfin. Je vais quand même décider pour toi
Enfin. Je ne vais pas véritablement te respecter
Enfin. Tu seras la cause de mon tourment.
Enfin. Tu n’aurais pas dû naître.
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Petit escargot est parti se cacher. Il a voulu renaître. Il est devenu forêt. 
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coffee-place · 6 years
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Crocus
Les yeux ouverts dans le vide il serrait près de lui son doudou. Le fait de se lever devenait pénible. Le réveil était douloureux. La tête embrumait par des chauve-souris de cauchemar il prenait une voie sans issue. Il rampa dans le couloir, incapable de parler. Son lapin lui tenait compagnie. Avec ses grosses patounes bleue, yel avancait sur deux pattes en se balançant d'un côté et de l'autre. Le couloir était rocailleux. L'humidité pénétrait sa bouche et lui laissait un goût de folie. Progressivement ses coudes commencèrent à saigner. Ses genoux aussi.
Son lapin, vint poser sa tête au creux de son cou pour le rassurer. Il était épuisé et son corps ne répondait plus à aucun de ses mouvements. Ses larmes vinrent nourrir les parois épaisses de sa cave. L'air et l'espace lui manquant, il roula sur lui même, le corps étendu, le visage face à l'obscurité. Il poussa un cri. Timidement dans un premier temps et puis violemment. Ses poumons ne comprenant pourquoi il ne pouvait respirer. Pourquoi tu ne respires pas ? Hurlant avec écho, il finit par apercevoir une faible lueur. Juste un point dans le plafond. Il souleva péniblement sa main gauche pour gratter cette nitescence. Son doigt s’enfonça dans l'humus et le ciel éclata, laissant apparaître les constellations.
Le souffle court, il pouvait désormais prendre de brève bouffé d'air. Son torse était attaché et ne pouvait pas se soulever selon son bon vouloir. Le lapin s'échappa de son cou pour observer les astres. Un rire heureux se fit entendre. Tu te rends compte comme c'est beau ? Lui, la cage thoracique écrasée, ne pouvait guère lever la tête. Ses coudes s'implantèrent dans la terre pour la nourrir de sang. Rapidement de petites racines entourèrent ses biceps. Le lapin sauta et se blotti sur son ventre. La chaleur de cette peluche sur son être lui remonta légèrement le moral. La respiration tranquille, apaisée et aimante de ce petite existence lui offrit un pique de larme. Ses pleurs coulèrent vers les racines qui purent alors se développer. Une plante naquit. Ses tiges sur chaque bras étaient d'un vert sombre, elles tentaient de se rejoindre vers son torse. Il ouvrit les yeux. Les galaxies s'ouvraient à lui. Tu vois, c'est beau quand même. Son lapin avait le regard perdu dans l'immensité lumineuse. Il hocha la tête. La douleur de ses coudes qui s’ancrait dans la terre le bloquait. Ses paupières s'épaississait. Le lapin s'approcha tendrement et lui demanda dans un murmure pourquoi il avait aussi peur. Les mots étaient trop agressifs pour sortir de ses lèvres. Il voulait le dire, il voulait se confronter. Il avait peur. Il se sentait seul et il avait mal. J'ai peur parce que j'aime mon corps. Je crois. Je crois que j'aime comment je suis et qui je suis. J'ai peur de ne plus me reconnaître et de regretter. J'ai peur d'avoir mal et j'ai peur de perdre quelque chose. Les gouttes perlèrent le long des ses yeux. Oui tu as peur, et je crois que c'est assez normal. Les pensées évoluent et ton corps aussi. Laisse toi le temps de comprendre et puis le changement ça fait toujours peur. Dans le fond tu le sais que ta décision est prise, n'est-ce pas ? Tu en as terriblement peur et tu ne sais pas comment le formuler. Tu espères le savoir au fond de toi.
Un spasme le souleva. Non je ne sais pas au fond de moi, c'est plus compliqué, c'est plus compliqué que de simplement savoir. Comme toujours. Ya pas de vrai ou de mauvaise réponse. Ses sanglots éclatèrent en mille morceaux, incapable de respirer convenablement, la gorge serrait, il étouffa.
Les eaux se déferlèrent sur les branches. Elles s’épanouirent et finir par s'embrasser. Dansant ensemble, elles fusionnèrent en un crocus.
La pression sur son torse se relâcha. Il se réhabitua à respirer. Doucement, en prenant de grandes inspirations. Jouant sur l'endroit d'où venait la respiration : le ventre ? Le torse ? Les épaules ? Le lapin s'approcha du crocus.
Oui tu as raison, c'est mignon.
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coffee-place · 6 years
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Bien nichée
Dans les noirceurs de mon ventre je ne comprends plus ce qui se déroule en son sein. Le coeur de l’obscurité se situe en dessous du nombril. Bien nichée la colère coule le long de ma gorge pour remonter jusque au cerveau. Les mots n’arrivent plus à calmer les muscles tétanisés. Les poumons s’accélèrent.
 On arrête tout. On arrête qui nous sommes. Puisque après tout nous ne sommes Personne. 
Un an et demi
25 ans
Des mots  plus que des chiffres. Rien ne compte. Les mathématiques comptent. Un et un font deux. Ça c’est une véritable information. Un objet concret.
Qui es tu pour penser autrement ?
Nous calculons et pesons les choses. Le passé pèse plus que le futur, tout le monde le sait. C’est pour ça qu’on apprend l’histoire au lieu de rêver l’avenir. Le présent n’est qu’une illusion éphémère qui se brise au moment de sa diction. Un acte
Mes yeux commencent doucement à piquer. Épuisés par le poids des paroles et du prénom. Les incompréhensions du : rappelle moi, pourquoi Personne à crever l’oeil du cyclope ? Et si le Cyclope n’existait pas ? Alors Personne est-elle réelle ? Le chant des sirènes ne sera pas entendu ce soir parce que Charybde est déchaînée, elle emporte tout même le repos et les envies. Elle arrache à pleines dents les peurs nichées dans le foie et les offre en pâture à Ptolémée.
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Bonne nuit insomnie, fait de belles aubes et reviens moi vite ta compagnie est des plus délectable.  
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coffee-place · 6 years
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Escalader les racines
Lors d'un après-midi grisonnant et ensoleillé, Yel déposait des paroles aux creux des pensées de ses proches. Tout le monde discutait tranquillement dans l'herbe. Laissant le vent transperçait les peurs sociales et les odeurs tranchaient la monotonie hivernale.
Yel était là à explorer les rayons de soleil qui se posait sur ses paupières closes. Paisible en apparence, son corps ne cessait de liel pousser à d'autre cime. Une escalade liel faisait envie. Une folle envolée au dessus de l'humus. Les discussions allaient bon train. Progressivement, yel voyait de petites racines venir attraper les vêtements de ses proches. Délicatement, elles se posaient sur les chaussures, le pantalon et commençaient l'entortillement des doigts posés au sol. Personne ne semblait remarquer ce changement imperceptible. Du moins, Yel avait vu les racines chez d'autres personnes. Chez ses parents, chez des adultes, mais pas sur ses amis. Sans savoir pourquoi Yel ne s'était pas posé la question de comment les racines étaient arrivées sur les adultes.
Maintenant, yel voyait les racines gagnaient du terrain. Elles se faisaient de plus en plus douces.  Yel les sentait grimper sur lui. Une sensation de chaleur montait en liel. Toutefois, son regard se posait sur l'arbre en face de liel. Les branches bougeaient à leur rythme lent. Le tronc dont la texture semblait former mille et un récits se tenait droit, fier et audacieux. Il était vivant à sa propre voix. Yel, se tournait vers ses proches pour converser, laissant cette image dans un coin de sa tête. L'envie de venir toucher ce tronc et escalader son flan se faisait de plus en plus intense. Yel le mettait de côté, voyant ses proches autours de lui. De peur de bouger et de ne plus les retrouver.
Les racines continuaient leur ascension. Elles entouraient désormais les chevilles, les poignets. Yel avait envie de changer de position , pour se mettre plus confortable. Mais, au moindre mouvement elles se faisaient fermes. Elle refusaient de bouger. Yel commença à devenir de plus en plus malaise dans cette position. Ses racines s'étaient mélangeaient à celles de ces proches, rendant sa volonté de déplacement encore plus délicate et difficile.
Yel était immobilisé. Les conversations se poursuivaient. Parfois presque lointaines, les rires, les paroles liel parvenait mais ses sens étaient tournés vers l'Arbre. Yel voulait grimper, les racines l'empêchant de vivre.
Les autres co-habitaient avec leurs racines. Une image d'harmonie se dégager d'eux. Une vitalité même. Yel les observait et devenait de plus en plus sombre, ne comprenant pas pourquoi ses racines avaient des épines. Pourquoi refusait l'entente ? Plus yel voulait bouger, plus les racines liel maintenait au sol. Alors incapable de rien d'autre, yel pleura.
Hurla.
Trembla.
S'agita.
Croqua.
Déchira.
Cavala.
Escalada.
Lorsqu'yel arriva devant l'arbre, une grande respiration emplit ses poumons. Yel posa ses paumes de main bien à plat pour le premier contact. Yel comprit de suite, que ce ne serait pas de tout repos. Que ses mains allaient saigner et qu'yel allait vouloir revenir à la terre. Dans un élan, yel attrapa la première branche à sa portée, et décolla du sol. L'ascension s'enclenchait. Yel prenait le temps de respirer à pleins poumons. S'arrêtant des temps entiers pour ne rien faire d'autre. Parfois, yel regardait en bas et des larmes lui montaient. Pourquoi ce choix ? Se disait yel. Pourquoi le faire alors que tu étais si bien en bas, avec les autres ? Tu es à jamais séparé.e d'eux. Toutes ses pensées étaient balayées par la puissance de son corps qui liel rappelait à l'ordre. Yel continua. Progressivement, yel perdit ses vêtements à cause du déchirement dû aux petites branches pointues. De petites égratignures purent se faire voir sur son corps. Ses muscles se développaient. Yel ne se reconnaissait plus. Aucun repère, aucune limite. Lorsqu'yel discutait avec l'Arbre, le son de sa voix lui était étrangère, son rire aliénant. Yel était rester sur une branche pendant longtemps quand soudain, attrapant une branche puis l'autre puis une autre. Régulièrement, yel grandissait du sol. L'air gorgeait sa soif de découverte. Plus yel montait, plus yel se sentait libre. Libre de ses mouvements, libre de ses pensées, libre de vivre audacieux, fier et flottant au grès du vent.
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Heureux·se d'être. La tête errant au sommet de l'Arbre.
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coffee-place · 6 years
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Impalpable
Elle regardait sa main qui cachée la lumière du plafond. Un rond artificiel qui était interrompu par sa seule volonté. Puissante et dérisoire, c’était son sentiment à cet instant tout particulier. Ca glissait en elle. Les pensées la dominaient, elles étaient omniprésentes dans son regard. Chaque instant était illuminé par des arbres nerveux, des vents apaisants, des feuilles confiantes, des montagnes oppressantes, des plages riantes, des nuages interrogateurs. Tout était élément de ses histoires. Elle passait en un claquement de doigt d’une pensée à un autre, d’une réalité à une autre. Créant perpétuellement des changements, des transformations au sein de son paysage.
Une pensée parfois balayait tout le reste. Une obsession persistante telle le bruit du ronflement. Elle s’emportait et se transformait en une terrifiante tempête. Ensevelie à pleine bouche de ses perceptions, elle les brassait alors pour former de petites pierres précieuses. Les teintes des différents sentiments traçaient des rainures multicolores. Ses objets contenaient ses contradictions et son bouillon intellectuel. Elles s’assemblaient malgré elle et représentaient toutefois d’inestimables trésors. Elle taillait ensuite soigneuse et avec minutie chaque pierre. Ne laissant aucune cannelure sans un travail d’orfèvre. Elle les déposait ensuite méthodiquement dans un chaos de pierre, formant ainsi un rivage qui constituait son horizon. Lorsqu’elle arpentait son territoire, chaque pas ravivait une mélodie colorée. Une puissance évocatrice qui la ramenait perpétuellement en arrière. Elle nageait à contre-courant de ses émotions.
Le calme revenait, chaque pensée défilait librement. Le vent apportait les nouvelles fraîches d’une lointaine agitation. Elle respirait l’air froid et crispant par ses narines. De légères huitres de larme tombaient à terre, engendrant des éclats des coquilles. Ces éclaboussures s’évaporaient en boules de feu filant vers le ciel. Elle devait alors en attrapait une ou deux pour former la vive lumière de sa journée. Ne laissant rien au hasard, les filants étaient placés dans de petites fioles de couleurs, principalement vertes et oranges. Elle les accrochait ensuite dans les fruits vidés de leurs chairs. Elle aimait dans ses moments de tranquillités sculpter les arbres. D’après le bruit du vent, elle se mettait alors à créer des formes, des couleurs sur les arbres à portée de main.
Parfois, dans un soupir de solitude, elle formait des trous au cœur de la roche. De grands pans de pierres tombaient alors en une cascade fantastique de bruit. Les vagues revenaient s’éclater contre cette paroi. Elles riaient aux éclats créant une mousse sur les petits restes de ces soupirs. Progressivement, les restes devenaient du sable et la plage se transformait en une brume bienveillante qui venait la réconforter.
Pourquoi personne ne pouvait voir son œuvre ? Une si belle poésie sans être partagée. Une réalité qui lui était tellement propre et étrangère. Elle voulait le faire saisir par un autre être qu’elle-même. Elle voulait qu’on la délivre de sa création. Elle voulait s’allonger aux cœurs de ses sentiments et pouvoir y vivre dans la douceur d’une bulle d’autre.
Personne ne pouvait la voir. Forme indistincte d’une beauté sans souffle. D’une puissance sans mot.
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  Petit à petit son univers s’agrandissait. Une image si belle que peu de gens pouvait ne pas être touché par son œuvre. Les sentiments se bousculaient en nous. Une tendresse s’emparait de nos bras. Une mélancolie nous atterrissait dans la bouche et les larmes de joies nous embrassaient. Un paysage enchanté.
Elle.
Se nichait dans le creux de son secret. Incapable d’être vue, elle continuait inlassablement son monde pour l’offrir au monde. A cet autre être qui était touché par ce qu’elle pouvait construire.
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coffee-place · 6 years
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Reconnaissance
Souvent yel se plongeait dans des couleurs. Partant découvrir avec sa langue les plaisirs des teintes. Une obsession qui pouvait l’occuper pendant plusieurs jours. Yel devait déterminer jusqu’au bout la texture, le goût et le bruit de ce pigment pour réussir à se replonger dans une autre rêverie, ou une autre réalité selon les occasions. Rêveurse yel aimait plonger son regard dans l’eau et admirer les délicieuses vies dans son centre. Calme et agitée, l’eau liel offrait une autre forme de racine.
Déracinés.
Yel s’oubliait souvent dans les tourments chaotiques d’une absence de contemplation. Oui yel existait. Une reconnaissance était latente désormais. Mais purement intellectuelle pour liel. Comme un inaccessible vers lequel tendre et qui ne sera pas foncièrement possible de son vivant. Difficile pour liel d’accepter une partie de qui yel était. Un mélange de peur, de rejet de soi et de défiance vis-à-vis des autres. Une carapace à la fois pesante, piquante et chaude. Une belle couverture qui gratte qu’on reste toutefois content·e de posséder la nuit, été comme hiver. Les interactions sociales ont commencé à glisser. Douloureuse incertitude de ne pas pouvoir regarder ses anciennes connaissances sans un certain malaise. Projection, absorption, rejection. Il faut temporiser. Il faut accepter. Il faut. Injonction sociale et équilibre à produire.
Yel avait été confus·e, longtemps, non pas sur le chemin à prendre, mais sur la manière de le prendre. Yel avait un devoir, une représentation à tenir. Un rôle à maintenir. Prétendre pour faire comprendre. Yel le savait qu’iel aurait dû ne pas le faire, juste être liel –même. Peut-on vraiment exister en soi ? L’existence ne passe que par une reconnaissance effective de nos pairs. Un arbre lorsqu’il tombe produit-il du bruit si personne ne peut l’entendre ?
Alors, yel a jonglé entre rejet ou du moins temporisation du sentiment d’autrui, l’acceptation de soi, découverte et expérimentation de liel. Cette petite acrobatie a pris pas mal de temps. Parfois, yel lâche une des balles, la danse insolite s’interrompt un instant. Durant cette suspension yel n’arrive plus à voir les couleurs, les saveurs disparaissent. L’histoire d’un instant.
La temporisation c’est comprendre non pas que les autres ne nous définissent pas - parce que clairement les gens qui donnent ce genre de conseils ne sont pas en porte à faux avec les autres – mais que les autres sont influencés par nous-même. L’empathie est une mauvaise amie parce qu’elle ne nous autorise pas de repos. Elle devrait pourtant savoir que de s’infliger de telles peines n’est que peu souhaitable. Elle reste malgré tout une amie et nous rend plus humain. On peut alors choisir de lui dire que là elle déconne sévère. On a la droit de prendre du recul et on peut parfois la remercier de nous apporter cet éclairage.  Cet apprentissage permet à la fois de se protéger et de mieux comprendre ses propres désirs. On peut ensuite exclure, ou repousser partiellement, le sentiment négatif qu’autrui peut ressentir vis-à-vis de soi-même. Apprendre donc à repousser l’empathie pour réussir à vivre en imposant son sentiment. Cela semble radical, cependant c’est nécessaire pour ne pas devenir fou·lle et parvenir à s’accepter. Pour lors, on peut expérimenter plus librement
Yel avait appris à rire. Exercice dont ne connait pas le sens. Yel avait du mal à rire, le sourire liel venait aux lèvres facilement. Son visage, orné d’une bouche bien dessinée, s’illuminait d’une conscience humaine douce lorsqu’iel écoutait ses compères. Attentifve yel, possédait des zygomatiques solides et bien musclés. Néanmoins, le rire ne sortait que très peu de derrière ses dents. Les larmes également, toujours étrangement lisse yel n’était pas du genre à éclater dans des humeurs intempestives. Ce n’était pas un lac, plat et stagnant. C’était un lac avec des marées. Non pas lunatique mais héliotique. Légèrement introverti·e, yel pouvait facilement annuler des événements aux derniers moments, partir sans dire au revoir ou ne être très à l’aise en public. Yel aimait aller dans les soirées et rencontrer de nouvelles personnes. Son sourire était toujours une source de mystère et permettait d’engager facilement les conversations. Toutefois, devenu·e experts dans l’Art de la Conversation, on passait peu de temps à l’entendre parler et yel passait beaucoup de temps à écouter. L’histoire et la voix des autres créant des contes et des imaginations dans son for intérieur. La lumière d’un feu de cheminée apparaissait en liel et se diffuser le long de sa colonne vertébrale. L’œil vif, la langue pertinente, saon locuteurice trouvait un dialogue stimulant, plein de rebondissements. Yel savait s’ouvrir quand il le fallait, mais rire yel avait dû apprendre. La première fois, qu’un éclat rebondit sur ces lèvres, yel regardait une série avec un ami. Yels étaient calé·e·s dans un canapé, emmitouflé·e·s avec une couette. Yel ronronnait de plaisir, quant à son ami, sa bonne humeur pétillait dans toute la pièce. Les épisodes étaient courts mais percutants, drôles et distrayants. La fin d’un épisode marquait l’inexorable : « Allez un autre ! ». La lurance d’un bel après-midi. Soudain, l’absurde scène comique fit fuser une réflexion sarcastique de l’un de nos protagonistes. La réflexion décalée provoqua un élan du corps de son homologue qui s’effondra du canapé. Et là. Plus un bruit à part la série qui continuait sa course. La mine penaude, l’ami tourna son visage vers liel. Devant cette scène, de sa cage thoracique jailli une hilarité. Les deux partirent en baleine de rire. Depuis, yel a continué à découvrir le rire, par moment de lurance.
Yel avait appris à se protéger des conseils d’amour. Par amour on veut protéger, par amour on peut se tromper. Yel avait dû mal à se confronter de nouveau aux regards de ces anciennes amitiés. Ironiquement les gens nouveaux le mettaient plus à l’aise que ses longues amitiés passées. Les repas de famille devenaient des calvaires, entre malaise et incompréhension, honte et peur d’offenser. Yel se dit souvent qu’iel avait mal commencé. Peut-être trop tôt. Une transition encore pleine de doutes et de peurs. Yel avait voulu chercher de l’aide et du soutient. Mais sincèrement, c’est impossible à donner à quelqu’un qui n’arrive pas à savoir ce dont yel a besoin.
L’angoisse aigue de ne pas savoir comment faire. De ne pas savoir qui on est ; ce qu’on est ; Comme si cela pouvait être déterminé ; dans l’attente d’une réponse d’autrui ; une validation ; juste une que tu existes ; toi et non pas cette personne sociale que tu prétends être ; pensée vagabonde, sans cesse ; sans cesse ; approuvation ; réprobation et autre « tion » douloureux. « Comment doit-on t’appeler ? » l’horreur de découvrir : « Je ne sais pas. » Je ne sais même pas quoi te dire, toi qui viens vers moi dans l’espoir de me comprendre et de m’aider. Une de ces pires angoisses. Celle de ces mois d’épouvante où les matins n’étaient qu’une suite de désœuvrement suivi de crise durant la nuit.
L’esprit critique ne s’apprend pas, il se développe. De même apprendre à se connaitre se développe. On ne nous apprend toutefois pas que se connaitre ne veut rien dire. Socrate aurait dû dire « Apprend à redécouvrir chaque jour qui tu es pour mieux te connaitre, plutôt que de stagner dans une fausse connaissance de qui tu sembles être ». En quoi, le chemin est effrayant ? Yel a compris un peu tard que c’était important de ne pas essayer de construire une maison. Yel pouvait simplement, partir, voyager, revenir en arrière, prendre des détours, tomber, pleurer. Yel avait le droit et surtout le besoin. Parce qu’au fond l’apprentissage le plus douloureux est celui de comprendre que jamais tu ne feras parti·e de la société. Non pas parce que tu le choisis mais bien parce qu’elle a choisi de ne pas t’y faire venir. Exclu·e mais conscient·e de ce que cela implique tu peux jouer avec.
Yel avait décroché. Déraciné·e ses bourgeons prenaient des éclairages étranges. Pour nourrir ses pousses nouvelles, yel a commencé à s’ancrer dans un présent. Reprendre conscience de l’emploi du « je », du temps et de ce qu’il y a autours. Mieux s’impliquer dans un présent, en prenant conscience de ce qu’yel faisait ou voulait faire. Réussir à se pousser également. Yel aimait voir ses ami·e·s, mais aller rarement à leur devant. Non pas fainéantise, ni par oubli mais bien parce qu’yel avait en quelque sorte peur de les déranger. Plus yel attendait, plus yel prenait conscience de la distance intellectuelle et émotive qui s’installait entre eux. L’inconfort, d’être devant quelqu’un qu’on croit connaitre, qui a changé, et dont on doit reprendre le cours de la vie, l’épuisait.  La conséquence était que la peur prenait parfois le pas sur l’envie de voir l’autre. Un jour, alors qu’yel était plongé·e dans la découverte de la teinte vert mai. Yel cherchait à trouver les goûts qu’on y décelait. Son premier réflexe avait été de la décrire avec une sensation assez délicate et pimpante en bouche. Un mélange de sucré salé assez doux. Une première sensation de fruit pouvait naitre, un peu d’acidité, qui était ensuite tranché par un goût de sauce soja salé et des soupçons de noix. Son portable vînt briser les nuances. Un nom s’afficha à l’écran, une vieille photo toute pixélisée liel regarder narquoisement. La photo ramena de nombreuses images. Yel décrocha. Une amie de longue date passait dans la ville et voulait savoir s’yel était dispo en fin d’aprem. Le son de sa voix était un réconfort et une tourmente. L’envie de la revoir l’excitait au plus haut point, toutefois la peur lui coupait la voix. Une suspension s’installa. Le cerveau en mode panique, les mains moites, les paupières closes, aucune décision ne sortait rationnellement. Une apesanteur grandissante, sans pouvoir remettre le pied à terre pour revenir. Une urgence s’enclencha. «Non ».
Mais ce n’est pas aussi simple, yel l’avait senti. Tout son corps liel projetait vers cette négation. Rien à lui dire, trop de changement, on va pas se reconnaitre, tu devrais rester te reposer seul·e, tu vas t’ennuyer, tu vas l’ennuyer, on va s’engueuler, c’est loin,  j’ai pas d’argent, pas le temps, pas l’envie, il fait moche, elle doit avoir du temps à passer….. Mille pensées.
« Oui ». Le soulagement instantané d’avoir trouvé la force de dire une affirmation. Le téléphone reposé, la deuxième lutte arrivait. Le cerveau ne rend pas aussi facilement les armes. S’enclenche ensuite, toutes les pensées de ce qu’iel devrait faire, tout le temps qu’iel pourrait gagner, ce qu’iel avait prévu. Et la lutte à la dernière minute, au moment de partir. Où la peur se niche dans le coin du ventre et de la voix. Elle était présente à chacun de ses pas, jusqu’au moment où finalement yel a réussi à la voir, en ville.
Ne pas se plonger dans la solitude malgré des peurs et malgré un malaise avec ces anciennes connaissances. Ca yel l’avait compris, fallait juste se replonger sans cesse en attendant que l’inconfort passe. Comme dans tout changement, les débuts sont curieux.
Son présent se composait de petites sources de joie. Yel prenait le temps de se faire du bien par de petits gestes affectueux. Yel aimait s’offrir des moments à lui, des promenades beaucoup, des moments de coutures, faire de la musique, aller prendre un café dans un parc etc. Yel s’offrait de grandes pensées d’amour. Les paysages lui offraient souvent de délicieux moments de recul. Décrivant les collines et les montagnes, ses personnages pouvaient s’exprimer librement. Sa bouche toute en couleur attrapait des odeurs. Une vraie petite usine d’imagination de saveur.
Yel avait dû apprendre de nouveaux codes sociaux. Yel avait même trouvé ça drôle à faire. Ces nouvelles connaissances lui permettaient d’expérimenter de nombreuses choses. Toutefois, elles liel restreignaient également. Comme une fausse liberté. Yel avait l’impression d’avoir vu la porte de sa cage s’ouvrir, d’avoir ouvert ses ailes pour partir vers une nouvelle cage. Plus grande, plus confortable, mais une cage malgré tout. La découverte également d’une incompréhension des codes.
Souvent yel avait beau essayer de se regarder différemment, yel ne voyait qu’une réalité binaire. Peur irrationnelle de perte de contrôle sur liel même. Ne pas pouvoir comprendre ce qui se passe en liel. Attendre toujours attendre. Et craindre.
Toujours craindre. Yel ne se posait plus tellement la question de la chose, mais à son travail il reste comme un fondement de quelque chose de tapi. Cacher sans savoir vraiment pourquoi. Mais yel n’y arrive simplement pas. Ca liel arrache le bide de ne pas pouvoir communiquer sa vision des choses. Sa vision de la vie. Son filtre de couleur qui n’équivaut à rien de ce que les autres peuvent proposer. Même la reconnaissance, yel a du mal à la prendre. Comme une peur. Comment faire si pendant la réunion on me pose la question. Yel fuit. Fuit devant les regards et devant les questions. Trop souvent blessé·e, yel préfère laisser le doute planer.
Construction, certes, avec le « dé » et le « re » qui s’impose. Obligatoire et fascinant. Douloureux encore de ne pas être considéré·e comme…. Liel même. Une identité qui est une couleur perceptive que par l’effort. Souvent yel a peur de ne pas pouvoir parler un langage universel, que son identité ne sera visible que par un langage théorique et analytique. Une réalité militante et engagée. Une réalité linguistique mais non matérielle. Et le langage ne rend les choses performatives qu’à partir du moment où le consensus social accepte ce langage et permet ainsi la communication. Un langage qui doit s’étendre.
Oui, son corps est beau. Une réalité différente lui reste imposée.
Yel est en train de s’explorer de nouveau. Se retrouver dans ce qui liel convient avec ce qui semble être la masculinité et la féminité. Un équilibre difficile à atteindre parce qu’impliquant sa propre sensibilité et celle d’autrui. Reprendre conscience de son corps à travers un nouveau toucher, de nouvelles sensations et de nouveaux regards.
Yel aimait parcourir son corps à pleine main, pour se rappeler qu’iel était vivant·e, froid·e ou chaud·e. C’est d’ailleurs des sensations très marquées qu’iel recherchait partout et tout le temps. Quand iel allait boire une bière avec des ami·e·s. Quand malgré un temps froid, yels se mettaient en extérieur sous une pauvre protection en plastique. Le contact du froid sur ses fesses, lorsqu’yels s’’installaient sur une table, liel faisait souvent naître un sourire satisfait et annonciateur d’un bon moment à venir. La commande d’une bière sous un froid de canard, dans l’écoute de voix familières tout autours de liel. Le goût délicat et frais de la boisson qui donne l’envie de la cigarette. La fumée qui entoure les paroles, les éclats d’intonations fusants et le temps maussade. C’était souvent ce genre de petites sensations qui liel permettait de poser les souvenirs en mémoire.
Pas vraiment de quoi être fier·e. Au choix, yel aurait certainement pris autre chose. Peut être. Yel en est même pas sûr·e parce que dans le fond, yel est bien. Tranquille dans son corps et mieux dans sa tête. Une couleur toute à liel. Un mélange de curcuma, de citron, d’une note de betterave et des oignons rouges. Un goût tout en mélange. Une ébauche d’analyse. Yel avait le sourire aux lèvres et iel partait avec un sentiment de montgolfière dans le corps.  
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