un projet photographique réalisé par Aurélie Boss, avec l'aide de Laure Schmidt et la collaboration d'Emma Miletti, pour l'association féministe Angerona.
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Les complexes
Cher lecteur, chère lectrice, Voici un projet sur lequel je travaille depuis quelques mois. Il me tient beaucoup à coeur car il tente de dénoncer les normes sociales en tous genres qui nous sont imposées.Ces séries de photos et de témoignages (écrits par les personnes prises en photo) ont pour but d’exposer les complexes développés par différentes personnes que j’ai approchées et d'ainsi combattre les préjugés par la mise en lumière de certains tabous. Un complexe est une non-conformité, il cristallise en nous ce qui nous déplaît et est une barrière sociale. Les raisons de ce conflit interne sont variées, mais leurs origines dépendent vraisemblablement des dynamiques externes : le regard des autres peut avoir un fort impact sur une insécurité. Cette dernière peut se développer en un complexe qui nous marque à vie. Il existe tous types de complexes mais beaucoup sont liés au physique. Je pense que les femmes et les adolescent•es sont beaucoup plus touché•es par ces problèmes car grandement sujettes à de grandes pressions exercées par les standards de beauté actuels. Ces standards sont majoritairement véhiculés par les médias et les réseaux sociaux que nous consommons à outrance. Combien d'heures passons-nous devant des images idéalisées d'une perfection irréaliste? Combien de corps maigres, combien de peaux lisses et blanches, imberbes et juvéniles défilent devant nos yeux chaque jour? Quelle figure non représentative enregistrons-nous inconsciemment, quelle beauté construit cette société et instaure un modèle dans notre pensée collective? Mon projet a l'ambition de proposer une diversité trop souvent masquée, trop souvent cachée, une diversité ignorée mais proportionnelle et réelle. Ce projet est une tentative de légitimer ce que nous considérons être nos défauts et surtout d’accepter la non-conformité et de la préférer à une image de perfection inaténiable. Surmonter un complexe est une épreuve expérimentale par quiconque. Il nous faut abolir ce Diktat de la beauté plastique afin que chaque personne puisse s’accepter telle qu'elle est. Un premier pas est la prise de conscience de notre propre jugement. Mon regard artistique et bienveillant apporte une manière autre d'aborder l'objet du complexe. Par mes photos, je ne juge pas mais je valide et je démontre qu'une partie considérée comme honteuse peut être jolie, et surtout qu'elle a le droit d'exister, qu'elle a le droit d'être aimée, qu'elle a le droit d'être visible. Cette démarche artistique de déconstruction se fait grâce à une autre approche, celle des textes d'Emma Mileti, qui s'est chargée de gérer les témoignages et de créer les poèmes. Nina Lanève et Laure Schmid ont également contribué à la prise de photos et au développement d'idées artistiques. Tous les corps physiques sont des propriétés privées précieuses, et je voudrais tellement qu'ils soient validés par leurs propriétaires, sans l'attente d'une confirmation élitiste, masculine, ascendante, sociétale. J'accuse cette croyance destructrice qui nous persuade que nous sommes des êtres dégoutants et que chaque parcelle de notre personnalité doit être modifiée afin de se conformer à ce que la société nous dicte. Ces exigences fluctuent à travers les âges mais ne s'essouflent jamais. Or, nous nous épuisons à vouloir correspondre aux normes, à vouloir plaire aux hommes, à vouloir épouser le moule. Ironiquement, cette énergie dépensée uniquement dans l'optique d'une validation extérieure et validiste est paradoxale. A force de vouloir se brimer pour la doxa, à force de se croire invalide, nous le devenons. Si les cris restent tu, ces voix finiront par nous tuer. Par mes images, j'aimerais ouvrir une voie, lever le voile. Poser un nouveau regard, délimiter sans limite une douceur infinie, un réconfort bienveillant et un art novateur, fécond de solidarité et de vie libérée. La vision que j'apporte ne constitue qu'un point de vue, le mien, qui n'est qu'une proposition personnelle de plus. Les jeux de lumière et d'analogie n'enlèvent ni la beauté pure d'un corps, ni sa légitimité autonome. J'invite dailleurs les participant•es (dont tu fais partie) à questionner activement les différentes notions soulevées, non seulement celle de la beauté, mais aussi par exemple celle de la virilité, de la perfection, de la normalité et de la bizarrerie. Je vous invite donc à aller contempler ces images mettant en scène des personnes magnifiques et extrêmement courageuses qui ont bien voulues participer à ce projet et de lire leur témoignage concernant leurs propres complexes. Je remercie les membres d’Angerona d’y avoir pris part et de m’avoir permis de faire de nombreuses nouvelles rencontres toutes plus étonnantes les unes que les autres. Je remercie également les personnes de mon entourage qui ont accepté de se dévoiler et de se livrer à moi. Tous ces témoignages m’ont énormément touchée et m’ont convaincue de la nécessité de ce combat. J'espère que vous le serez aussi.
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Claire et livide Presque blanc Blanc ciré, blanc tiré À côté Belle comme l'air Belle comme rien Le néant intimide Le néant est pur Le néant est incolore L'absence incorpore L'espace fait place La matière dérange La forme dépasse Le néant est indolore Alors que la vie se goûte Le vide est inodore Alors que le bruit se bouge Une cascade de rien Une image à remplir Par la blanc du vide Le blanc d'un cri vide, livide Une image et rien d'autre L'image de rien L'image d'un résidu La plus pure, la plus simple, sans attribut Une image réduite à la toile (leur toile?) Une image Mais cette image Cette image veut s'exprimer Cette image veut vivre, chanter, vibrer Cette image veut brouiller, charger, tirer Cette image veut briller jusqu'à s'aggriper S'aggriper à elle-même, se déchirer, se déchaîner Cette image veut mourir pour revivre Renaître et s'enflammer, tout brûler pour tout recommencer Se retrouver La réminiscence de cette image (une illusion), c'est le mouvement Sa métamorphose, c'est le changement Son droit est celui de décoller Ne plus se figer, se mouvoir S'émouvoir Mais l'émotion est une notion anti-image L'énergie qui l'anime est antinomique La vie qui l'abîme décale Au-delà Que reste-t-il de cette chenille, dévouée à la soie? Que reste-t-il de cette idée figée à la mort? La mort, le néant, elle le retrouvera Mais d'abord, d'abord, elle se dévoue à son Soi (Elle n'a pas à se sacrifier, au nom d'une quelconque beauté Car la Beauté, c'est ce magnétisme de son âme, son âme en mouvement Sa croyance de devoir illusionner pour plaire, se confondre au dessous pour attirer le dessus J'accuse cette croyance d'un besoin qui n'existe pas Elle existe, j'existe Et toi aussi) Mais d'abord, d'abord elle doit vivre Ce qu'il reste de Sa éalité Ce qu'il reste de son Individualité Ce reste C'est justement l'unicité du monde, de l'univers Ce reste, c'est ce geste Ce qui la relie aux autres La distingue, par communion Ce geste qui la pousse à se tuer, c'est en fait ce qui la fait vivre (La mort est partout, la mort n'est pas un masque La mort n'est pas attentionnée ; c'est la vie qui fascine) Ce qui l'unit à elle-même, la fait vivre Ce qui réunit son âme à celle de ses soeurs, qui jamais ne se quittent C'est cette vie, dissidente et indisciplinée Cette agitation qui ne s'est jamais tue Cette voix qui s'est toujours écoutée Cette foi qui va très vite se retrouver Ce coeur qui pourtant jamais n'a cessé de battre Je me bats pour moi-même Autonome, je ressens pour moi-même J'entends le Silence qui me nourrit Je combats, dans le simple but De me réapproprier ma vie Et je me battrai jusqu'à la fin Dans le simple but De vivre ma vie Cette fois Car au fond de moi, j'ai faim J'ai faim de me saisir M'appartenir Et vibrer Moi Un image... et rien d'autre?
La Maigreur, Emma Miletti
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“Mon cher ventre ne me plaît pas et ça depuis... aussi longtemps que je me souvienne. Je suis gourmande et tous mes petits (ou grands) écarts vont volontiers se loger dans ma zone abdominale! Ce qui fait que j’ai de la graisse à cet endroit, ce qui me met très mal à l’aise. De profil, mon ventre n’est pas plat, lorsque je m’assois des bourrelets pas très élégants apparaissent enfin bref: j’ai un petit ventre! Je suis extrêmement complexée car pour moi si les gens voient ce ventre ils me traiteront de grosse... Pour rentrer dans les critères de beauté, je dois avoir le ventre plat, sinon je suis trop grasse! Je parle de critères de beauté, mais ceux de qui? eh bien malheureusement, les seuls critères auxquels je puisse me fier sont ceux qu’on nous impose, via les journaux, la télé, etc. Les critères de la société qui prônent une femme très fine avec des formes aux niveaux des fesses et des seins mais un ventre plat et de longues jambes fines... Autant dire que je suis loin de rentrer dans ces critères, premièrement de part ma morphologie. Bien que je sois consciente de l’influence honteuse de la société, des réseaux sociaux et autres, je n’arrive pas me regarder dans le miroir et à être satisfaite, car j’aimerais tant ressembler à ces filles de magazines. Le chemin pour s’accepter et ne pas prendre ces «critères» en compte est sans doute très long mais je n’abandonne pas et je continue à me battre pour m’aimer selon MES critères car ce sont au final les seuls qui comptent réellement! Je suis sûre d’une chose, se priver ou se torturer pour atteindre des objectifs biaisés ne nous rend que plus malheureux. S’entourer des bonnes personnes est aussi d’une grande aide. Bref à chacun-e de trouver ses soutiens pour finalement réussir à s’aimer tel-le qu’on est et non tel-le que la société nous suggère d’être.”
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Larme défendue Emoi, et moi j'éprouve Arme puissante
La Virilité, Emma Miletti
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“Un vrai homme ne pleure pas !!! Même si je ne l’ai jamais entendu dans la bouche de mon père, encore moins dans celle de ma mère, cette maxime a encore la vie dure, même en 2018… Heureusement de plus en plus d’homme ne craignent plus d’exprimer leur tristesse ou leur chagrin, y compris en laissant des larmes couler le long de leur visage. Personnellement, j’ai refoulé pendant longtemps mes larmes, jusqu’à mes 30 ans. La grave maladie de ma fille à l’âge de 4 ans a complètement fait exploser le carcan que je m’étais mis. Les longs séjours en lieu hospitalier, le fait de côtoyer la mort, les montagnes russes émotionnelles vécues pendant cette maladie ont ouvert les vannes qui m’empêchaient de pleurer, seul ou en public. Aujourd’hui il m’arrive souvent de pleurer, confronté à des événements tristes mais aussi joyeux… Je pleure en regardant un beau film, quand Federer gagne à nouveau à Wimbledon, quand la personne face à moi exprime des émotions fortes… Je ne lutte plus contre les larmes, il y a un côté libératoire à les laisser couler… Je ne sais pas si un homme qui pleure est beau, mais il est certainement plus en phase avec ses émotions et avec celles des autres, donc un meilleur homme. Les hommes souffrent évidemment aussi de complexes tant physiques que moraux, souvent développés à cause de la vision de l’homme idéal imposée par la société. Cependant, ils sont nombreux à ne pas ou peu accorder d’attention à ces complexes car ils restent pour la majorité dirigés par eux-mêmes. En effet, la pression est directement exercée sur les femmes mais ils la dirige également contre eux en ayant toujours à l’esprit de devenir des « vrais hommes virils ».”
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Tire-moi la langue Donne-toi un baiser, une chance Oui, tu peux t'aimer
Les Lèvres, Emma Miletti
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“Je suis complexée par ma vulve.Par mes petites lèvres qui dépassent mes grandes. Petite, je ne me rendais pas compte que la forme de notre appareil génital pouvait être source de complexes. Un jour, ma petite sœur m’a fait remarquer que cette peau rose qui pendait entre mes cuisses n’était premièrement pas normale, et qu’en plus de ça, elle était laide. Je ne la croyais pas, mais en voyant les mini-vulves de mes copines d’école primaire, j’ai commencé à la croire. J’en ai parlé à ma mère. Elle m’a dit que c’était normal chez les femmes plus âgées. Dans mon ressenti, ma mère me traitait de grand-mère alors que je n’avais pas encore 10 ans. La période de la puberté fut la pire, mon corps changeait, mais mes lèvres restaient difformes.Combien de fois ai-je voulu me faire opérer la vulve et raccourcir ces petites lèvres bien trop grandes ? Combien de fois je me suis retrouvée au-dessus de mes toilettes, ciseaux en main, en me disant que ce n’était que de la peau inutile, insensible, qui méritait d’être coupée ? Au moment de ma première relation amoureuse, ce point me complexait tant qu’avant même de me mettre avec le garçon qui fut mon premier copain, j’ai eu besoin de lui expliquer à quel point j’étais monstrueuse. Ma vulve était pour moi la pire des horreurs, on ne pouvait qu’en être dégoûté ! J’étais persuadée que tout le désir qu’il aurait pour moi disparaîtrait dès qu’il verrait cette chair que je considérais comme morte. Lui s’en fichait totalement et semblait trouver ma vulve et moi parfaitement désirables. C’est alors que je me suis rendu compte que le problème était simplement ma propre représentation de mes parties génitales. J’ai grandi, j’ai appris à vraiment observer ma vulve, j’ai appris à me toucher sans dégoût, j’ai appris à m’aimer. L’âge aidant, je me sens de plus en plus séduisante et désirable. Si on me désire, on désire mes parties génitales aussi. L’estime que j’ai de ma vulve remonte grâce à cela. Je ne dis pas que je la trouve belle, mais je ne la considère plus comme laide. Mes petites lèvres dépassent mes grandes, et alors ? Ma crainte reste encore que la personne avec qui je m’apprête à avoir un rapport sexuel soit dégoûtée ou qu’elle ne trouve pas mon clitoris. J’essaye et réussis de mieux en mieux à relativiser : c’est plus de peau à aimer. Si la personne en question réagit mal : tant mieux, je remarque ainsi vite qui sont celles avec lesquelles passer du temps me ferait vraiment du bien. De plus, grand défi pour moi, cet été je me suis baignée sur une plage nudiste. Je m’attendais à être terriblement mal à l’aise ou gênée, j’avais peur qu’on ne voie que ma vulve. Surprise : tout le monde s’en fichait et faisait sa vie sans même remarquer mon existence. J’ai appris ainsi à me sentir libre, bien, à l’aise avec mon corps et ses imperfections. Mon but est désormais de continuer ce long chemin qui m’amène à me sentir plus à l’aise dans mon corps et d’être toujours plus certaine du non-problème qu’est en fait ma vulve. Aimez-vous, observez-vous, touchez-vous et soyez certaines que le désir de vos partenaires ne seront en rien changés par l’apparence de vos parties génitales.”
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Sillon entre deux Monts qui ne sont plus, trace de Duel, sein du deuil
Les Seins, Emma Miletti
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“J’étais, et je reste à ce jour, complexée par mon acné et plus précisément les cicatrices que celle-ci a laissé sur mon visage. Vers l’âge de 13-14 la puberté commence vraiment et ainsi suivent l’inévitable : l’acné. Toutes les personnes autour de moi à cet âge, à un moment ou un autre, pour une durée longue ou courte, a souffert d’acné. C’est une chose qui est vue comme normale cependant j’avais l’impression que mon acné était pire que celle de mes camarades. Eux, j’avais l’impression, avaient des boutons de temps en temps, moi j’en avais tout le temps. On m’a souvent répété à travers mon adolescence, surtout entre l’âge de 13 à 16 ans des quotes de genre « Mais non je te jure on ne voit rien ! » ou « Mais c’est normal si tu te sens mal à l’aise, personne ne se sent à l’aise avec de l’acné » ou encore, « Mais personne ne va te regarder et dire ‘Ah mais c’est qui ce bouton qui cache cette fille’ ». Peut-être bien que les gens ne se disaient pas que mon identité complète se résumait à la présence d’un bouton sur mon front ou non, cependant de savoir que celui-ci était si visible me mettait extrêmement mal à l’aise. J’ai fait beaucoup de traitements pour réduire le taux de boutons sur mon visage : j’avais une routine de soir et de matin, j’ai essayé plusieurs traitements locaux comme des crèmes ou des huiles, cependant pour finir le maquillage c’était la solution qui marchait le plus, mais pas sans conséquences. Plus souvent je mettais du maquillage, plus souvent mon acné s’empirait. C’était finalement en 2017, après plusieurs années de complexe, que je me suis tournée vers mes parents et je leur ai dit que je voulais voir un médecin pour que celui-ci me donne quelque chose qui puisse éradiquer mon acné. C’est ce qu’on a fait. Cependant ce traitement n’était pas lui-même sans conséquences : elle a en effet réussi à enlever toute mon acné mais 4 ans d’acné ne partent pas sans laisser des traces. Je vis avec les cicatrices de mon complexe et celles-ci me rappellent toutes ces années de malaise. Je mets de la crème chaque soir qui les réduisent et les médicaments prescrits par mon médecin les ont aussi fait s’effacer, mais pas complètement. Ça aurait été difficile je pense pour moi de l’assumer car la mentalité que j’avais à l’époque était une mentalité très négative. Pour la moi de l’époque il était impossible d’être belle et d’avoir des boutons, cependant je comprend aujourd’hui quand j’y repense que quasi toutes les personnes que je trouve, ou que j’ai trouvé, belles avaient eu de l’acné, même pour certaines d’entres-elles celle-ci était très prononcé mais j’étais tellement absorbée par mon complexe et mon dégout pour moi-même que je n’y avais même pas remarqué. Tout le monde a eu de l’acné et il faut se rappeler que c’est quelque chose de temporaire. Personne, ou en tout cas personne que je connaisse, reste fixé sur l’acné. Certes ce n’est pas quelque chose que la société juge de ‘beau’, cependant je trouve que l’idée que c’est une chose qui n’est pas belle qu’il faut cacher ridicule. Cette rhétorique ne fait que mener au détriment du mental d’une personne. Ce n’est pas quelque chose de simple à assumer et à aimer je le sais, cependant il faut se dire que au final on est tous dans le même panier et on a tous eu des boutons.”
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Douce, la légèreté d'un fil sur le rasoir posé Comme une pétale corrolée de noire rosée Un corsage apporté, corné de germes à rasseoir, sur la portée proposé Comme un nuage garni de songes d'un soir arosés Comme un voyage importé ou déchargé, importuné et épongé, à boire rosé Un plumagé pelé ou évaporé, avorté avant d'avoir pu fermement fermenter Particule de fragment à mille facettes troublée par le vent facétieux qui vibre Le funambule emporté, dévoré par la trajectoire qui le ronge et le hante, imposée Bulle moirée, étincelle tourbillonnante, échappe par miettes malicieuses en trouvant l'équilibre À la cage noir policé, diaphragme toxique, démunie de calice qui fait vivre Rares sont les plaines ornées de création, la fécondité devenue diaphane est dégagée et vidée Lissés, sans caresse pleine murmurant en frissons Rares sont les lignes dépassées, l'organe vital devenu thoracique est ménagé, évidé Plissés, sans cesse lorgnée et délimitant chaque son Ici en ces lieux sont les duvets défendus Ici en ces dieux ne croie que l'aile suspendue Au ciel, le paon-de-nuit fait valser l'oeil piquant et le seau vidé Au ciel, les pans bruns nombreux de l'oiseau à la plume éthérée, sans saut élevée Balaient d'une nage indécente l'image coupante du sceau enlevé, emprunté D'un brin craint, renvoient la rage pincente d'une page frivole sans crin volé, empreintée Taillées, les tiges honteuses par une liberté dans l'urne saignée, négligée Arrachée, l'innocente indolence par une diurne violence déjà engagée Un jardin gorgé d'arides secrets, déracinés Un bouquet acide, dont la lanterne taciturne se fane, calcinée Une graine avide semée par les embûches ternes et tannées Une ride de sève irrigue sans feuillage, erigée Papillons pâles, en sang de but en blanc, en rang brodé et buté, trop âgés Pour dénicher une jeune pousse opale encore dessinée Se lèvent et assèchent, brûlent et butinent leur butin jauni d'un rouge enneigé Pour que n'entrave pas l'araignée bariolée tissant dans l'ombre tamisée, cachée Sa toile confusante qui emmêle, déforme et méprise Les normes décristallisées, les lois alors lâchées que maîtrisent L'abdomen bombé d'espoir et les pattes délicates Militant l'étoile éprise, se faufilant entre les ongles indécises Filant des mouvements enjoués, déjouant les règles évanouies, trop longtemps apprises D'une implication incomprise, d'une insensée inculcation léchée, et désormais prise Mais la nature n'est pas mauvaise et l'herbe n'est pas morte Le jeu ailé des maux constellés croise les doigts épanouis sur ce fil posés L'herbe n'est pas mauvaise, la nature n'est pas morte Car du bout d'une curieuse audace ouïe se laisse timidement toucher Le droit bourgeonnant d'une tolérance inouïe, si on ose oser Car du bout d'une furieuse cuirasse endeuillée, se laisse hardiment toucher Le choix délibéré d'une délivrance effeuillée, si on ose composer
Les Poils, Emma Miletti
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Une fleur qui s'ouvre Et ta dent qui se découvre J'aime sentir l'haleine de tes idées J'aime sentir la baleine de tes denrées La voix de ta pensée, la note de ta présence J'aime frémir sous le joug de ta prestance J'aime frémir sous les joues de ta marée Ta raison aiguisée a tort de s'évader Chante, chante, vante la vérité et ne te tais pas Fais résonner en toi ce qui raisonne en moi Fais sonner la cloche de tes passions Enclenche le morceau de tes conceptions En partageant tu nous provoques et nourris En vivant tu nous choques et fais réfléchir Fais résonner en moi ce qui raisonne toi Et ne t'arrête surtout pas La petite fille a son mot à dire La petite fille fait peur au loup gris La petite fille ne nous donne pas le choix La petite fille se donne le choix C'est elle, elle est là Écoute-la, respecte-là C'est elle, elle est bien là Entends-là, regarde-là Elle n'est pas à toi, elle est à elle Elle n'est pas en toi, elle est en elle Elle n'est pas sous toi, elle est sur elle Elle ne se cache plus derrière le bosquet de tes insécurités Elle ne se cache plus derrière le bouquet de tes fragilités Elle qui avait construit un piédestal à leur effigie Elle qui avait batit un projecteur à sa propre régie Elle ouvre les yeux, elle ouvre la bouche Enfin elle décide, enfin elle régit Aujourd'hui, elle dévoile et démontre la réalité Tes belles paroles Ta belle puissance Ta petite prétention Ne font qu'effleurer la pertinence de ses propos Elle observe et son regard juste Son regard vrai Son regard pur Est une offrande, un cadeau divin Pour nos oreilles, nos âmes émerveillées Sa beauté expressive nous transcende Ses prises en nous descendent Je crois vraiment qu'en toi, elle sait voir Au-delà des mots, au-delà des éclairages Elle voit et sait comment voir Elle pense et sait comment panser Elle est dense et sait comment danser Elle croît et sans comment croire Elle émoit, et sait comment être elle Elle a une voix, et sait comment voir Atraxies, Fais voler en éclats le monde Et l'Univers te remerciera Expands, expands-toi Extériorise, répands Exprime Fais résonner en nous ce qui raisonne en toi.
La Voix, Emma Miletti
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“Tais-toi. Tais-toi. Tais-toi. Je ne souriais jamais sur les photos. Je n’écoutais aucun enregistrement de ma voix. Je ne disais rien. Je trouvais mes lèvres affreuses. J’estimais mes opinions sans importance, ni pertinence. Je ne suis pas assez. Ma voix me complexe, ma bouche me complexe, mon introversion me complexe : la relation que j’entretiens avec l’expression est complexe. Vivre dans une société qui frise l’exhibitionnisme m’a rendue encore plus introvertie que je ne l’étais déjà. La timidité ne faisait pas partie de ma nature mais à force de grandir, de sortir du cocon familier qu’est l’enfance, je me suis de plus en plus effacée devant les autres, devant ceux qui prétendent avoir des choses plus importantes à dire que moi. Plus je grandissais, plus j’avais l’impression d’être ennuyante. J’admirais ces personnes ayant naturellement de la prestance. J’enviais ces personnalités que l’on n’oublie pas. J’étais intimidée devant ces individus qu’on ne peut pas manquer lorsqu’ils entrent dans une pièce. Confrontée à une société qui juge chacun de nos faits et gestes, surveille chacune de nos paroles, critique chaque facette de notre physique, j’ai commencé à douter de ma personnalité. Peut-être que ma pensée est moins intéressante, moins valide qu’une autre, et que son expression n'est donc pas légitime ? J’ai cru que ma valeur dépendait de ma capacité à capter l’attention, et elle était nulle. J’étais un sous-être qui devait écouter les autres et ne surtout pas émettre mon avis puisqu’il n’était pas semblable au leur. Je me sentais toute petite et insignifiante, comme invisible. Je pensais que je devais m’effacer pour laisser les autres briller. Je pensais que je devais disparaître pour que les autres puissent mieux paraître. À chaque fois que je me retrouve confrontée à de nouvelles personnes, la peur me tenaille et je dois me faire violence pour ne pas me cacher dans mon coin et sortir de ma zone de confort, c’est-à-dire entamer une conversation. À chaque fois, je me sens désemparée et j’ai l’impression que je vais perdre mes moyens. À cause de cette peur, je passe à côté de multiples occasions de faire connaître le fond de ma pensée et de ma personne. Car souvent je préfère porter un masque qui colle parfaitement à ce que la société attend de moi. Pourtant je sais bien que ce masque finira par ne plus me convenir. Aujourd’hui, je sens bien que souvent le problème ne vient pas de moi mais simplement du fait que je ne parviens pas à m’exprimer librement et à être moi-même avec certains groupes de personnes. Le problème survient lorsque j’essaie de me conformer à ces groupes. Je me remets totalement en question personnellement, alors que je ne suis simplement pas avec des personnes qui savent m’apprécier à ma juste valeur. Ce qui est problématique, ce n'est pas ma manière d'être et de penser. Ce qui est problématique, c'est que certaines personnes ne savent pas respecter mon introversion ou ma manière de voir les choses qui ne correspond pas à tout le monde. Je combats sans cesse ce complexe autour de ma timidité qui se répercute sur ma voix en elle-même et sur ma bouche que je cachais constamment derrière mes mains. Aujourd’hui, je suis fière de dire que j’ai réussi à m’affirmer en tant que personne et donc à assumer certaines choses de ma personnalité que je n’appréciais pas mais j’imagine que ce sera toujours un aspect qu’il faudra que je travaille. Je sais maintenant que je suis assez, que ce que j’ai à dire en vaut la peine, il suffit de ne plus prendre en considération l’avis de ceux qui ne peuvent pas m’écouter (plus facile à dire qu’à faire, je l’admets). C’est difficile de s’exprimer dans un monde terriblement égocentrique car ne pas se faire écouter instaure énormément de doutes en nous, qui n’ont pourtant souvent aucun lien avec notre personnalité. Désormais je m'exprime : je suis assez.”
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Elle m'engouffre Stagnante de méfiance Stagnante de défiance Elle m'étouffe, elle me bouffe Dégoulinante de honte, mes pores transpirent le sec Je me noie dans une vague qui me boucle sans fin Et l'eau me dévore, elle me décore, me fourre Elle m'endort, me souffle et j'en souffre Liquide maudit sous ma peau, Je me débats et m'enrage sous mon souffle qui fait naufrage, égorgé La colère m'emporte plus loin que la rive, je ne distingue plus que la plage de mes peurs, le fantôme de ma dérive, coquille vide de rien, coquillage gorgé Je m'enlise sous le sable qui m'émeut Cette algue envahissante intrusive m'étrangle J'aimerais vomir, tout sortir, tout vider La matière mord, la nage me noie Je me débats, ma paume veut dégager, mais elle pénètre et persiste Elle n'en peut plus, mais elle continue Elle n'y croit plus, mais l'expérimentation se poursuit Je longe ce qui me ronge Et j'y plonge Je plonge dans l'inconnu, je ronge dans le doute Je fais le grand saut et s'engouffre Je prolonge l'immersion Car c'est ma vie, c'est mon corps, C'est à moi de jouer, c'est avec ça que j'avance Inondée par la propagation incontrôlée, mais pas asphyxiée Choc imposé, plissé, mais je respire
La Rétention d’Eau, Emma Miletti
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“L’eau est non seulement connue pour apaiser tant l’esprit que le corps, mais est aussi utilisée en tant qu’élément principal pour de maintes activités telles que la peinture ou le surf. En effet, allant des bains thermaux jusqu’à l’eau potable, et passant par l’océan, la douche et la piscine, cet élément naturel est l’essence de la vie humaine. D’une part, sans elle, aucun être vivant ne survivrait plus de quelques jours et d’autre part, cette masse transparente pouvant ruisseler, abreuver, nettoyer et renouveler constitue l’espoir de l’évolution. Elle a le pouvoir d’être appréciée par chacun-e car l’eau a le don d’éveiller nos 5 sens. En effet, certains préfèrent seulement la goûter tandis que d’autres apprécient également la sentir, la toucher, l’observer ou encore l’entendre. Quoiqu’il en soit, l’eau est omniprésente alors comment s’en débarrasser quand elle nous envahit, quand elle nous hante? Que pouvons-nous faire quand elle nous habite, reste bloquée en nous, commence à nous ronger? Vous l’aurez compris, c’est bien là, que mon complexe prend sa source. Comment pourrais-je me sentir à l’aise dans un corps qui retient en permanence l’eau ingurgitée jusqu’à la laisser stagner voire périr en moi? Au point de ne plus pouvoir regarder mes joues, mes mains, mes genoux, mes chevilles par dégoût de l’image doublée, voire triplée de ces parties de mon corps provoquée par la rétention d’eau. En outre, ce n’est pas seulement parce que je déteste la silhouette déformée que mon corps dégage que je me sens mal à l’aise, mais aussi parce que l’eau retenue prisonnière dévaste ma santé, dérègle le bon fonctionnement de ma digestion ainsi que de ma circulation sanguine. Ce complexe psychologique basée sur ce à quoi j’aimerais ressembler se prolonge donc en mal être intérieur, au point que je ne puisse même plus toucher ma peau sans me sentir envahie par une masse incontrôlable. Vous l’aurez compris, je n’ai trouvé jusqu’à présent aucune solution miracle pour me débarrasser complètement de cette honte me poursuivant mais je pense que le mieux est d’éviter à tout prix d’en faire une fixation. A mon humble avis, il faut plutôt écouter et se fier à tout compliment que votre entourage exprime en votre faveur afin d’apprécier votre beauté, je dis bien la vôtre, celle qui vous correspond et non celle à laquelle vous souhaiteriez ressembler.”
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“J'ai grandi avec ce qu'on appelle un mono-sourcil, enfin c'est plutôt une poignée de poils entre mes deux sourcils. Ma mère ne m'a pas laissé me l’épiler avant mes 13 ans, ce que maintenant, à 18 ans, je comprends totalement, mais à l'époque je le prenais comme une façon de me faire du mal, sachant que toute mon enfance j'ai eu droit à des blagues horribles et des commentaires inadaptés de la part d'autres enfants, même et souvent de mes ami-e-s. J'essayais de tout faire pour le cacher: le fond de teint de ma mère que j'avais trouvé dans un fond de tiroir, l’épiler avec un bout de scotch, menacer ma mère de le couper aux ciseaux... Le jour où ma mère m'a amenée chez l'esthéticienne était magique: enfin je m'en débarrassais !!!! Mais depuis ce jour-là, j'ai une obsession à m'inspecter chaque matin dans la glace entre mes sourcils, pour voir si rien n'a repoussé pour l'enlever. J'essaie de moins le faire ces derniers mois parce que je sais bien que je suis la seule à le voir. Maintenant plusieurs ami-e-s, membres de ma famille me demandent si je ne veux pas laisser repousser mon mono-sourcil, que c'est beau, qu'il m'irait bien... Comme si cette petite touffe de poils qui m'a complexée toute mon enfance était un accessoire de mode. Je comprends totalement que ça soit beau sur les autres, je trouve ça magnifique des fois! Et même ça pourrait l'être sur mon propre visage, mais je ne suis pas prête à l'assumer.”
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Ses mains cherchent une voie moins floue, un chemin plus net, peut-être un dessin? Ses doigts effleurent mon regard, guidé par sa douceur, peut-être à dessein? Tout ce qu’elle touche se change en or, ses pétales s’étalant sans fin Une lumière dans mes yeux, éclairés par les reflets de sa joue, comme un trait fin Comme une note de piano, sur la touche, un rayon Une étincelle, un soupçon d’espoir aux yeux d’or, irréel Sa peau, sa mine d’astre, une brèche dans le ciel illuminé, un arc pluriel Elle croit enfermer l’ombre incertaine, le démon de l’incontrôlable image qui sans cesse revient Mais dans ce tableau enluminé, j’y vois la plus belle des couleurs qui se propage en va-et- vient Celle du soleil et de la vie, celle du miel et de la mélodie Elle s’imagine renfermer le crépuscule, ignore que le déclin est celui de la nuit Elle ressent l'injuste emprise comme trop forte, veut trouver refuge de ses fantômes gris, fuit Mais je soupçonne son pur empire de celer des éclats de découvertes puissants qui émerveillent Je devine les lueurs embrasant de joie qui recèlent sous une peau teinte de vermeil Ce pinceau dansant sur la délicatesse dont il est le seul à connaître l’itinéraire qui l’embrasse sans bruit L’œuvre radieuse s’allie à l’artiste qui s’apaise, le geste détache ce qui pèse et nuit Par le lâcher-prise, la tige de cette frénésie vénéneuse s’étiole Par la reconnaissance, la plante envahissante qui la fige s’envole Elle se tourne vers le jour, grimpante, elle qui sans le savoir irradie de sa chaleur tous les prés, et luit Se tourne vers l’amour, bouleversant, sans l’espérer réchauffe de sa candeur qui veille Eclosion d’une source infinie, merci de déverser ta bonté, merci de répandre ta fresque qui éveille Merci Tournesol, boussole de notre Soleil
Les Cicatrices, Emma Miletti
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“La taille de mes cuisses et mon poids en général ont aussi loin que je puisse me souvenir toujours été une source d'insécurité. Ça a commencé en début primaire quand on se moquait de mon poids, me donnait des surnoms soulignait celui-ci etc. Ces surnoms ont certes été perdus avec le temps mais mon rapport à mon corps n'a lui pas changé. "Trop grande", "trop grosse", "trop voyante", "pas assez mince et petite et féminine". Tous ces standards de beauté que l'on tend à s'imposer a sois même pour plaire au regard d'autrui et pouvoir se voir dans un miroir sans détourner le regard. Ce complexe est quelque chose qui semble indissociable de moi. Durant certaines périodes de ma vie, je me sentais bien dans mon corps mais je restais toujours dans l'optique de "toujours plus perdre" alors qu'avec du recul c’était parfait ! Une tendance à manger pour compenser puis à se priver de nourriture et se faire vomir lorsque l'on n’arrive plus à vivre avec sois-même. Assumer un complexe est avant tout l'accepter et ne plus le considérer comme un complexe mais quelque chose avec lequel on veut vivre ou que l'on veut changer. Il faut aussi définir si notre propre perception doit dépendre de ce que la société attend de nous ou si l'on décide de s'en émanciper et ainsi de faire de nos insécurités une source de force. Les sources de complexes pouvant être tant maladives que dérangeantes, la solution ne peut être unique et doit être personnelle à chaque personne. Le premier pas vers l'acception est de mon point de vue, d'oser en parler, de voir quels sont les moyens que ton entourage ou un spécialiste te conseillent car après tout, eux te voient de l'extérieur et auront sans doute d'autres choses à t'apprendre sur toi. Nous sommes la seule chose constante de notre vie. Nous seul seront là du début à la fin. Il est donc primordial d'apprendre à s'aimer. Le futur peut s’envisager que lorsque l'esprit et le corps sont en pleine adéquation, sans conflit intérieur car ceux-ci ne nous mèneront vers rien. Dire ceci ainsi paraît si simple mais je sais qu’on a tous et toutes parcouru du chemin pour en arriver où on est et qu'il nous en reste encore beaucoup à parcourir mais la vie n'est pas une fatalité, l’amour et la paix sont toujours au détour du chemin.”
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