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Les Cartes Postales de Gé
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cpostalesdge · 10 years ago
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L’humour d’icitte, ou le cas Marie-Eve
Dans les choses que les Françai-e-s m’ont dites avant de partir ou en arrivant y’en a une qui est revenue souvent :
“Si c’est dur de se faire des amis ici c’est en partie parce qu’on a pas du tout le même humour.”
Clairement, déjà on s’attaque pas au physique et on ne critique / juge pas gratuitement. Pas de bitchage.
Mais ça veut pas dire qu’on rigole pas pour autant. Y’a de l’humour bien grivois qui vient de te brusquer (cf Cabaret Mado - Mado est une drag queen qui fait des supers spectacles tous les mardi soirs). Y’a les bons mots, les “punchs”, recherchés en impro. 
Mais ici, on manie aussi avec délectation l’art de l’absurde. (pas de prétention à l’exhaustivité, je caricature hein). Y’en a qui le font sans trop faire attention et puis y’en a qui sont de dangereux maîtres en la matière. Ces gens-là, les 15 premières fois, te mettent mal à l’aise. Au bout de la 16ème et toutes les autres d’après, ils te font mourir de rire.
Le truc c’est que tu sais jamais si c’est vrai ou pas, d’où le malaise. Marie-Eve est pas mal bonne en ce genre, voyez plutôt : (déso Marie-Eve, peut-être que parfois c’est même pas des blagues que tu fais - choc culturel tout ça)
Mon TOP 3 :
Au resto, une serveuse nous sert des espèces de petites tartes au flan. M-E : C’est bon ces petits chich kebab.
Gé : ????? 
M-E : Oui, bon, ces tartiflettes là.
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M-E (allongée sur le divan, avec un grand sourire) : J’ai tellement hâte !
Yann : De quoi ?
M-E : D’être morte.
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Gé : On se voit dimanche ?
M-E : Ah non, dimanche je suis enceinte.
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★  Bonus raciste :
“Tu trouves pas qu’on les reconnait les gars français dans la rue toi ? T’sais ils ont l’air loosers.”
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cpostalesdge · 10 years ago
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La St Jean
J’ai vécu aussi la St Jean dernièrement, c’est à dire la fête nationale du Québec.
J’ai comme eu un p’tit bug avec le concept de nationalité québécoise (on te répète tout le temps “Le Québec n’est pas un pays, c’est une province du Canada” alors bon hein, on essaye de m’embrouiller).
J’ai déjà entendu des gens dire “Je suis de citoyenneté canadienne mais de nationalité québécoise.”
Et la grande majorité des gens que je connais ici se sent québécoise et pas (voire pas du tout) canadienne. Pis y’a beaucoup d’indépendantistes (souverainistes ?). Le contraire c’est fédéraliste, quand t’es pro Québec = province du Canada.
Le truc bizarre c’est que le Québec a refusé par 2x son indépendance par le passé. Bref, c’est un peu curieux mais les gens restent très nationalistes - mot qui, en tant qu’Européenne, fait toujours un peu mal au ventre.
Dans ma tête nationalisme = rejet de l’autre = fascisme et j’te jure que j’atteins le point Godwin en 1,2 seconde quand tu me lances sur ce concept.
Ici, les gens mettent le drapeau aux fenêtres bien souvent, et spécialement pour la St Jean ils le portent en cape, en antennes (oui), en T shirt... C’est la GROSSE MEGA TEUF la St Jean, concerts et grosses caisses dans les parcs.
Et les discours des artistes et animateurs de ces soirées sont pas mal clairs aussi (cf vidéo de Loca Locass). Beaucoup de chants pour réaffirmer l’identité québécoise.
Bref, quand toi ta fête nationale c’est juste esquiver les pétards que t’as vendu un peu avant et checker du coin de l’oeil un feu d’artifice, c’est plutôt fifou de voir toute une place de gens grimés aux couleurs du pays !
(PS : demain c’est la fête du Canada et au Québec c’est le jour officieux des déménagements. pour faire chier. haha)
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cpostalesdge · 10 years ago
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Yo.
J’ai fait du canot camping tout le week end dernier. C’est un peu le concept le plus cool du monde pour les gens qui aiment bien croire qu’ils vivent des aventures dans leur vie. Le concept c’est donc de partir en camping dans un endroit seulement accessible en canot. Autant te dire que c’est autre chose que d’y aller en voiture, de poser sa tente et de chiller tranquille. Tu dois le mériter ton emplacement 55B là.
20 km sur les flots qu’on a fait en tout tsé !
Dans des paysages bien fous, genre arrivée du Poudlard Express à Pré au Lard avec les petites îles sauvages.  Dans ces moments-là, tu chantes les thèmes du Seigneur des Anneaux, des chants grivois ou bien des comptines amérindiennes (Ani Kuni, gros tube).
On a tiré à l’arc, sauté des falaises, mangé des pains à l’ail grillés sur le feu, observé des libellules et des canards, bu de l’eau PRISTINISEE (avec encore des bêbêtes rouges à l’intérieur :/) et aussi, on a servi de garde-manger pour les moustiques pour les 14 prochaines années je pense (seriously mes jambes = massacre / je souffre / help).
La photo là dessous est pas de moi mais il s’agit bien de la Réserve du poisson blanc, là où j’ai cano-campé donc.
C’est quand même trop un super concept. T’es dans un milieu protégé, naturel mais on te permet quand même d’en profiter sous réserve de faire un peu le warrior en ramant fort.
Sinon le dimanche aprem on s’est ramassés une pire averse au moment où on est rentrés mais on a pu se chauffer au coin du feu d’un des gars qui avait un chalet à côté, en mangeant des hots dogs.
La sensation de tes pieds qui se réchauffent au feu de bois après avoir trempés dans la flotte pendant une traversée en canot : NIRVANA.
Pis j’commence à être pas pire en canot et tout, j’me suis dit que mon dernier voyage avant l’arrivée des potes françaises (rah j’vous attends gurlz !) ce serait à Tadoussac avec les baleines EN KAYAK. Comme le Monsieur là.
Ah, et j’ai vu sans le savoir Vénus et Jupiter dans le trajet de l’aller. Merci Le Monde pour l’info, j’étais trop intriguée par ce couple d’étoiles solitaire. C’était vraiment cool de faire ça avec des gens que je connaissais pas tant, des Québécois qui se moquent de moi quand je dis Grand Mère Feuillage ou Geai Moqueur pis qui m’ont juste tout prêté pendant toute l’escapade.
Et sérieusement, avoir la chance de voir et de vivre tout ça, ça me donne des frissons de bonheur, une envie de mordre et de péter la vitre de la voiture pour partir rejoindre Jupiter et Vénus. Pis parfois je me dit que j’aimerais bien le vivre avec ma Maman, mes sœurs, mes amies, alors je suis un peu triste. (j’ai sériously des problèmes de up & down, un jour je suis tellement heureuse que j’arrive pas à contenir ma joie pis le jour d’après je suis toute ramollie).
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cpostalesdge · 10 years ago
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Y’a des moments qui ont des p’tits goûts d’éternité, quand chacun est enfin rentré à l’appart après son week-end, se le raconte à bâtons rompus, dit de la bullshit, chante en anglais et fait semblant de jouer de la guitare ou du tambourin, rit bêtement, parcourt le toit et dit coucou à Daniel le voisin du bas qui s’esclaffe “Hé vous êtes beaux !”, partage sa pizza, fait le ménage comme une matante, crie “Au début ça m’a surpris le coco”, et parle, et rit, et parle, et rit et pis se dit bonne nuit, à demain, et que tout le monde est content parce qu’on sait que demain ça sera pareil pis peut être encore mieux.
 Ça s’peut même pas que ça s’arrête ça.
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cpostalesdge · 10 years ago
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Le jardin botanique c’est de la boulette.
J’étais frustrée parce que j’ai du voir 1/100ème des plantes et des animaux qui le compose mais quand même. J’ai fait plein de dessins de plantes en écrivant les noms que je préférais.
Par exemple Cosmos Sulphureux, Large Toothworth, Uatshinakan, Water Poppy, Black Pussy Willow ou encore Billbergie. Sérieux t’as pas envie d’écrire un livre de fantasy avec des noms pareils ? Moi si. Mais je te préviens je prends Cosmos Sulphureux. Toi je te vois bien avec Bill Bergie. Allo Bill. Donc oué t’as un pavillon amérindien, un japonais, un chinois, pis tout plein d’autres tiékar de plantes stylées. OOOOOOH pis des serres aussi ♥. J’ai aussi vu des animaux, genre encore des cardinaux (les oiseaux tout rouge trop beaux), des écureuils comme Tic et Tac (écureuil de Corée en vrai), une mini grenouille (taille sauterelle mettons) et UN RENARD. Oui, y’a un renard qui se promène dans le jardin.
C’est la première fois ou presque que je fais du dessin d’observation en extérieur pis ça fait du bien de décomplexer avec ça (globalement les gens s’en foutent ou alors font ‘’oh it’s nice” donc ça va tsé).
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cpostalesdge · 10 years ago
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S’il y a quelque chose qui prime en ce moment, c’est le sentiment de liberté et de sérénité.
J’ai eu un moment de “moins bien” il y a quelque temps. Je me sentais prête à rentrer à France, comme si j’avais accompli ce que je pouvais, que j’avais beaucoup appris et que je devais rentrer pour concrétiser mes envies. Pis aussi, ma maman et mes sœurs me manquent beaucoup. J’ai discuté, j’ai pleuré sur de belles épaules, j’ai trouvé ça plutôt génial de me dire que j’avais envie de rentrer, que je me sentais prête à prendre ma place quelque part, et aussi d’être entourée de si fantastiques personnes ici en ce moment.
Alors je garde ce sentiment délicieux et je profite ici.
Je fais du kayak toute seule sur la rivière de Ste Hyacinthe, je cours en sous vêtements pieds nus dans la forêt, je me jette dans les rapides, je fais du vélo sans les mains, je danse au concert de la Yegros, je vais à des bals masqués queer, je dessine des églises, je grimpe sur le toit de la maison (bon en vrai je regarde aussi Orange is the new black hein).
Je rêve de Besançon, des cafés philos qui pourraient y avoir lieu, de comment je vais m’impliquer dans la ville. Je souris très très fort en pensant aux amours que je vais retrouver là-bas. Je pleure en pensant à ceux que je vais quitter, mais comme je pleure d’aimer, je suis heureuse.
Je prévois pour ces prochaines semaines de sortir un peu de Montréal, d’aller dans un musée de civilisations autochtones, de faire du kayak à l’archipel des 1000 îles, de voir les baleines à Tadoussac. Mais aussi de voir mieux la ville en la dessinant et en continuant à parcourir ses ruelles.
Je pense à Emilie et à Clara qui viennent bientôt, aux Iles, à New York.
Le temps est bon, le ciel est bleu.
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cpostalesdge · 10 years ago
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Depuis quelques temps, j’ai un vélo.
C’est un monsieur qui vendait ça dans la rue à côté de chez nous, il baragouinait très fort mais on s’est entendus pour 35$ pis maintenant je ride dans les rues avec une selle qui se dévisse et un retro pedalage inexistant.
MAIS WOH qu’est ce que je me sens libre.
J’esquive le métro au max et je me tape des promenades de 7km pour aller au taf (c’est à dire une fois par semaine). Je suis incapable de me rappeler du “bon” chemin par cœur, ce qui fait que la durée du trajet est super aléatoire mais l’essentiel c’est qu’au retour je finisse au croisement Sherbrooke / Moreau et que je descende à fond jusqu’à quelques pâtés de la maison, en priant pour que le feu soit vert et que je sois pas obligée de freiner comme une dératée à la dernière minute. C’est soudainement plat après ça, et désert aussi, alors je prends toute la route et je me mets au défi de rouler sans les mains jusqu’au 3145 rue Ste Catherine, souvent en criant “YEAAAAAAAAAH”.
Quand je m’en sers pas pour aller au taf (la plupart du temps donc), je prends les chemins les plus court à l’aller, en général des gros boulevards chiants, je fais ce que j’ai à faire (aller à la bibliothèque, assister à une conf, un concert - c’est les Francos en ce moment et c’est gratuit-, trouver de quoi becqueter...) et je me mets au défi de prendre les petits chemins, à savoir les ruelles.
Y’a plein de trésors à l’intérieur.
D’un coup, tu quittes la ville. T’entends plus les voitures. T’entends les oiseaux, les enfants qui jouent. Tu vois le linge qui sèche, les adultes qui jardinent. Tu sens le barbecue et le chèvrefeuille. Tu tombes sur des cerisiers, des gros chats qui font la sieste au soleil, des tags improbables.
J’essaye de capturer ces moments avec l’appareil de mon téléphone. Parfois, je vois mon reflet sur l’écran au moment où je prends la photo. Je remarque alors le grand sourire qui éclaire ma face, et je me souris encore plus.
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cpostalesdge · 10 years ago
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On récapitule, dans le même évé, y’a :
- Le lancement d’un zine (qui parle entre autres de tatouage) - Du rollerderby - Du rap - Du féminisme tout partout - Des incitations à la paix et à l’amour de tous
Peut-être que j’étais pas dans les bons réseaux dans la vie, avant, mais seriously, ça existe ailleurs qu’à Montréal ce genre d’événement incroyable ? Ah pis le lieu c’est juste des anciens bains. En mode la piscine Molitor avant rénovation.
C’est comme si on mettait tout ce que j’aime dans un même endroit en même temps.
Hier, Isa m’a amené dans une conférence sur la BD féministe québécoise dans les années 70 aussi. C’était un homme hétéro qui l’animait (je suis formelle). Voilà.
Ici t’as un peu l’impression que tout est possible parfois. Ou que c’est plus simple, plus envisageable.
Qu’on va pas rigoler si tu dis “Yo je voudrais faire un évé combinant toutes mes valeurs, mes kiffes et mes contradictions et je pense que ça réunira plus de 4 glands.”
J’pense qu’on a juste plus la capacité de rêver ici.
Juste ça.
(Et j’avance aussi l’hypothèse que les gens ici montent des évé culturels pour le kiff et pas seulement en espérant être stylé et rameuter le plus de hipsters possible. La meuf trop amère, sorry.)
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cpostalesdge · 10 years ago
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Gé : “Hé Zoé, ça vient d’où, Les sceptiques seront confondus ? Je croyais que c’était Xavier Dolan qui l’avait inventé mais c’est une expression en fait non ?
Zoé, à la manière d’Anne Dorval : “Les sceptiques seront confondus. Ouais, c’est pour dire, c’est possible, et je vais te le prouver ! Un peu l’équivalent québécois de Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.”
Gé : “Hmm, en anglais soit. Nous on dirait Impossible n’est pas français.”
Zoé : “Oh boy...”
Ouais on s’assume tavu (le peuple qui se kiffe trop). Mais bon, même la Rue Ket’ le dit.
(Han je savais pas, c’est Napoléon qui aurait dit ça.)
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cpostalesdge · 10 years ago
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Yo, je viens de capter qu’à la base ce blog était fait pour écrire des expressions québécoises et autres joyeusetés et que chaque jour va un peu plus deep inside. Ça gronde fort dans ma tête, dans mon cœur et dans mes tripes mais je vous jure que je vais bien, que je prends pas de drogue et que je projette de tuer personne.
Ces changements et révélations sont sans doute dus à l’éloignement et la prise de recul que cela engendre, et bien entendu aux rencontres qui sont faites.
Il m’a été donné il y a peu d’assister au lancement du livre de Daria Malfait, “Nous verrons brûler nos demeures.” Daria, c’est la belle-sœur de ma coloc Zoé. Je l’avais déjà vue sans trop lui parler. Elle est incroyablement belle. Zoé parle souvent d’elle comme “Une écrivain formidable”. C’est tout.
On s’est donc rendus là bas avec les colocs. En vélo. C’est tombé au même moment que la course cycliste de l’Ile de Montréal. On s’est donc retrouvés par hasard au milieu de centaines de vélos sur le boulevard René Lesvesques, la rue dégagée (on a pu griller les feux sans se prendre d’amende YEAH) jusqu’à notre destination. On a réussi à se perdre un peu dans le quartier chinois mais on a finalement réussi à trouver l’immeuble de l’événement. On était en retard, mais un problème technique avait compromis la lecture de Daria, et finalement, nous sommes arrivés in extremis avant le spectacle. Il faisait atrocement chaud et lourd. Une brise, trop faible, agitait légèrement les rideaux noirs de la salle obscure. Quelques bougies éclairaient Daria, debout devant un pupitre. Habillée comme une danseuse orientale, elle a entamé sa lecture, bercée par un guitariste à ses côtés.
Je peux pas trop te dire ce qui s’est passé à ce moment là. Ses mots sont pointus, ses tournures de phrases complexes et pourtant j’avais l’impression de comprendre de manière très claire ce qu’elle ressentait. C’est très autobiographique, ça parle de violence, de sexe, de la lente mort de son père. Elle a lu des extraits de son livre devant sa mère, la mère de son père, et des dizaines de personnes. La chaleur, l’alcool et sa lecture aux allures de rite m’ont plongée dans un état proche de la transe.
Je m’étais promis dans la journée de ne plus m’acheter de livres, de vêtements ou encore d’objets de papeterie pour les 3 prochains mois. On comprendra que j’ai du faire exception à cette règle le soir-même.
Daria a dédicacé mon exemplaire :
“Pour toutes ces heures que nous passerons à décalisser le patriarcat et à faire fleurir nos jardins. Nous n’oublierons rien. Avec tout mon amour.
Daria”
Nous sommes rentrés en décapotable. J’étais ivre, ma vie me semblait complètement irréelle, le vent sur nos faces et les lumières de Montréal d’autant plus. Je me suis réveillée le lendemain dans une humeur atroce, et je n’ai pas été capable de rire de toute la journée.
Edit Daria a déclaré : “C’est un livre très sombre, mais son écriture m’a apporté beaucoup de lumière. J’espère que vous en trouverez aussi à sa lecture.” Alors la morosité n’a pas duré très longtemps.
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cpostalesdge · 10 years ago
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“L’accumulation, ce n’est pas de la construction”
Exercice d’impro.
“Tu dois attraper le stylo, là, par terre, mais seulement au bout d’une minute. Il y a quelque chose qui t’en détournes. Joue moi ça.” Certains s’en tirent très bien, jouant les stylophobiques. J’ai une idée moi aussi. Je suis dans un grenier, je dois trouver ce vieux stylo que m’a offert ma grand-mère sous toutes les vieilleries de la maison. Je joue à soulever des items imaginaires, et je ramasse mon stylo. 
Mouais, ça n’a pas trop fonctionné. “Pourquoi à ton avis ?” “...les énumérations, c’est souvent un peu plate.” “Oui. C’est une technique confortable mais rarement intéressante en impro. On tend des perches, on donne des éléments, mais on ne prend rien. On ne construit pas une histoire en accumulant.”
BOUM bébé, t’as mis le doigt dessus. L’accumulation m’a souvent donné l’illusion de mener une vie pleine et riche. Je remplis le gouffre avec des tonnes de micro expériences, de débuts de projets balbutiants, de relations creuses, de carnets vides ou aux deux pages remplies, de listes de choses à faire, de BD, de cartes, de livres... J’accumule des affaires, des fragments de folie que je mets en bouteille, des caresses bien vite oubliées. J’oublie, parce que j’ai perdu l’aiguille qui me permettrait de faire du lien. Et que sans elle, il est impossible de rassembler solidement tous ces morceaux de ficelle, ces tissus éparpillés, en un grand patchwork. Il est difforme, il gratte, il sent pas très bon. Il tient avec des morceaux de scotch. Et quand on tire sur un bout de fil qui dépasse, il se défait.
_____________________________________________________ A un moment de mon existence, pour me défaire de mes inhibitions, j’ai décidé que ma philosophie de vie serait : “Saisis toutes les opportunités que tu peux saisir.” Quand l’instinct chuchotait “Tu es sûre ?”, je le traitais de froussard et je fonçais tête baissée. Hey, mais comment je fais pour savoir ce qui est important là au milieu ?
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Quand tu es enfant, tu te nourris de tout, tu absorbes. Peut-être que devenir adulte, c’est réussir à cerner l’essentiel dans tout ce fatras et se concentrer sur le développement de celui-ci. Ralentir et puis stopper le tourbillon de futilités jolies alimenté par ton angoisse de vivre. Faire le silence. Ecouter ce qui résonne.
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Alors, qu’est-ce qui résonne ?
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La violence. La folie. La liberté. La beauté. L’amour, aux tripes. La lutte, sous bien des formes. La sauvagerie. La poésie. La vitesse. L’orage. Le danger. La saleté. La souffrance. La naissance. La danse. La transe. La Terre.
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Et tu sais ce qui ne résonne pas ? 48648464675 milliards de trucs mais il était question d’arrêter les énumérations et je viens d’en faire une. Je tiens à citer l’inertie quand même. 
Et toute la bullshit de marketing de mes deux qui me rend schizophrène.
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Alors quoi ? Je fais flamber mon agence et nous dansons pieds nus dans la boue autour du bûcher ?
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“Un de mes processus psychomagiques préférés, c’est le changement de prénom. Tes parents te font porter beaucoup de choses en te nommant. C’est très symbolique de s’en accorder un nouveau à soi-même.” “Ouais c’est drôle, je me suis toujours demandée pourquoi j’avais eu droit à Géraldine alors que mes deux jeunes sœurs portent des noms courts et plus trendys.” “Hmm, Géraldine, c’est un nom de fillette non ? D’enfant sage.” _____________________________________________________
“Géraldine est très raisonnable oui.”
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  Ce moment où tu t’abroges de ce que tu es censée incarner et que tu laisses échapper ta furie est divinement, profondément et fondamentalement libérateur. 
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cpostalesdge · 10 years ago
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Parfois je suis un peu fan de ma sœur.
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OKLMartine Parce que oui j'ai un chat
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cpostalesdge · 10 years ago
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Les Lascars
Un des trucs qui me manquent le plus ici, c’est la culture ghetto.
C’est weird hein. On peut pas dire que j’ai grandi dedans hein, c’était plutôt jouer dans le foin avec les vaches et arroser le jardin mes activités d’enfant.
Mais y’a quand même un mouvement de contre culture qui s’est bâti au travers de ça en France, c’est indéniable.
Ça se voit principalement dans notre langage. On aime ça s’approprier l’argot des taulards d’antan, les expressions du bled et de téc’.
Ici, j’arrive toujours pas à expliquer ce que c’est justement, “la banlieue”,  “la cité”.  On a regardé Sheitan avec mes colocs, ils galéraient grave à comprendre ce que baragouinaient les protagonistes, des mecs de banlieue parisienne.
J’écoute du rap avec bien plus de plaisir qu’avant tiens. Pas plus tard que cet aprem, j’ai mis IAM dans la salon.
A Dudu : “Hé ça fait du bien hein !” Dudu : “Je connais pas.”
Des trucs comme ça là. Des p’tites références culturelles / de langage que t’as l’impression que ça te sert à rien mais que t’es bien contente de connaître et de partager en fait. Genre “Wesh”. “Wesh meuf !”, ça existe pas.
Quand je fais ma gangsta en soirée et que je m’écrie : “YO, on se met une grosse race ou quoi ?!” Ben personne comprend trop ce que j’entends par là. Et quand j’explique, ça donne moyen envie d’adhérer (normal).
En vrai cette langue, ces attitudes, ces chansons, c’est une des plus belles manières selon moi de faire chier les bourgeois, de se révolter, même que 5 minutes, même que dans ta tête (t’sais Stupeflip bien fort dans ton salon).
D’extérioriser un peu de sa violence et de sa sauvagerie aussi. C’est bien beau de faire pousser des germes de haricots (love les colocs hein, ceci est une emphase), mais parfois j’ai juste envie de FAIRE N’IMPORTE QUOI (MATISSE je pense tellement à toi quand je me mets à danser toute seule comme une mongole en soirée et que personne me rejoint sur la piste // RPZ soirée au Red Lion). A la méditerranéenne.
Alors ma foi, je regarde Les Lascars et je repense à ma période ghetto à Noailles, TMTC.
Et je fais exprès de parler de manière très vulgaire parce que ça me fait DU BIEN. Sa race.
Edit : C’est fortement lié à mes fréquentations aussi. Y’a une scène rap et tout qui est là, je la côtoie pas c’est tout. Après, clairement, y’a des éléments de langage issus de la culture “wesh” qui n’existent pas ici. I miss that shit.
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cpostalesdge · 10 years ago
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On sort du théâtre avec Yann, on vient de voir une adaptation du tour du monde en 80 jours, et c’était vraiment magique (quand un spectacle arrive à te surprendre comme une enfant toutes les 5 minutes alors que tu connais déjà l’histoire, t’es contente).
Yann a faim, on se décide pour une poutine (j’en ai mangé qu’une depuis mon arrivée). J’en prends une sans la sauce à la viande dégueulasse. Patates écrasées, oignons, bacon, en fermant les yeux on peut imaginer que c’est des roestis avec de la saucisse de Morteau... On discute pas mal avec Yann, de choses plus profondes que d’autres. Et je sais pas pourquoi, on parle de ma place ici, chose qu’on ne fait jamais d’habitude (ce qui me donne l’impression, justement, que je suis complètement chez moi vu qu’on me considère comme telle).
“Tu t’ennuies parfois ici ?” “Non. Honnêtement non. Mais parfois je me demande juste pourquoi je suis là. Pourquoi j’ai fait ce choix. A bien y réfléchir, je trouve ça complètement masochiste. Je fais des activités, je m’investis dans des projets, et puis surtout, dans mes relations, en particulier avec vous les colocs... Et je pars dans 3 mois.” “Haha c’est clair que tu t’es trop fondue ici ! Ça a pas de bon sens. Tu fais tous plein de trucs ! Au point que quand je veux faire une activité, je pense à toi avant de penser à mes amis... T’es toujours partante.” C’est dit avec une telle conviction et une telle bienveillance que j’ai envie de chialer. “Merci Yann... Ça me touche beaucoup ce que tu me dis...” “Ben oui ma belle. Mais tu sais t’as pas besoin de te demander pourquoi t’es ici. Ça fera forcément du sens à un moment” “Oui, oui, je me doute... Mais c’est juste que ben... Vous allez trop me manquer.” “Toi aussi tu vas nous manquer. On essaye de pas trop y penser.” Là, je pleure.
C’est super masochiste comme expérience sérieux. Tu peux pas rester longtemps quelque part avec la même attitude que quand tu es en vacances. T’es obligée de créer des choses, et de nouer des relations. D’autant plus que vu que t’as ni ta famille ni tes potes autour de toi, les gens que tu rencontres et qui s’avèrent devenir des amis, tu les aimes vite d’amour. Paye ton cœur brisé au retour. J’y pense 3 mois avant de partir je sais, c’est débile. Mais pour le coup je préfère anticiper le choc (je suis la meuf qui pleurait pendant 3 jours quand elle rentrait de colo l’été).
Les p’tits gars, j’suis fatiguée de schéma “Je change de villes et de fréquentations tous les ans voire tous les 6 mois.” On se débrouille pour vivre tous dans un rayon de 5km à l’avenir OK ?
PS : Je suis quand même très heureuse de vivre tout ça, ça m’apprend que ma capacité à aimer est toujours intacte.
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cpostalesdge · 10 years ago
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Un truc que je kiffe avec mes colocs c’est qu’on rentre souvent dans des jeux sans se le dire explicitement. L’humour québécois étant très absurde, ça donne des scènes assez abracadabrantesques dès le petit matin.
Faut dire aussi que la cuisine communique avec le salon, l’atelier, la buanderie et ma chambre, donc y’a du peuple qui passe par là tavu. Hier je me suis éveillée en claironnant les Rois du Monde par exemple. Yann a renchéri par “QUASIMODO OU ES TU ?” mais je l’ai excusé. Sinon il fait pas mal souvent des impros en anglais de très bons goûts “i’m dead on the floor and you’re on my back, please hold me, no, not that waaaaay ♪”. Il faut l’imaginer chanter ça en mode comédie musicale Broadway pour plus de lol. Ça peut nous tenir une bonne demi heure ce genre de loufoquerie là. 
Hier soir on a été particulièrement vaillants. On buvait des bières sur la terrasse et nos envies divergeaient pas mal.
Yann : J’ai envie de crème glacée. Gé : Hé, sinon on va au Trèfle boire d’autres bières. Marie Eve : Ça c’est les photos de mon nouvel appart. Isa : C’est drôle, j’ai retrouvé un bandana dans le placard. Yann : Crème glacée. Dudu : Le jaune sur le mur est dégueulasse. Marie Eve : Je sais pas si je garde la tapisserie avec les tournesols. Gé : Vous êtes chauds du coup pour le Trèfle ? Isa : C’est vraiment un vortex ce placard. Yann : Crème glacée. Marie Eve : Je les aime bien moi les tournesols. Dudu : Un jaune qui s’assume pas. Isa : Tu sais à qui il est le bandana ? Gé : En vrai on sort non ? Dudu : Un jaune vomi. Yann : Crème Dudu : Jaune Isa : Placard Gé : Trèfle Marie Eve : Tournesol Isa : On a tous des préoccupations divergentes dites. On s’écoute pas beaucoup. Gé : Non. On échange ? Je prends le bandana dans le placard. Dudu : OK. On va au Trèfle ? Gé : Ouaiiiiis. Dudu : Non je plaisante, je pense qu’à de la crème glacée présentement. Gé : *sigh*
OUI PARCE QU’ON RIGOLE BIEN TOUT ÇA TOUT ÇA MAIS EN ATTENDANT C’EST AU LIT 22H30.
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cpostalesdge · 10 years ago
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Isa et Dudu sont dans la cuisine, je suis dans l’atelier à côté. Dudu : “Oh Marie Eve m’a envoyé une video d’elle en train de chanter Carla Bruni”
Isa :”Ah ouais ! Quelle toune ?”
Dudu :”Quelqu’un m’a dit là... ‘fin la chanson que Géraldine veut pas qu’on chante.”
Gé, beuglant depuis l’atelier : “C’est pas ma faute ! C’est culturel... On peut PAS chanter ça en France.”
Dudu : “♪ Y’a quelqu’un qui m’a dit...”
Gé : “C’est une traître.”
Isa : “T’sais c’est comme quand tu chantes les Cowboys Fringants pour nous hein.”
Gé : “Hein ?”
Dudu :” Ben ouais plus personne les aime, c’est trop commercial.”
Isa : “Bon c’est peut être intense comme comparaison.”
Après j’ai réfléchi et j’me suis dit que si je vivais en France avec un étranger qui passait sa life à écouter Tryo je péterais peut-être un gros cable, commercial ou pas. J’écoute les Cowboys en cachette du coup :’(
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cpostalesdge · 10 years ago
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Voilààààà ce que j’ai fait avec ma tablette pour le moment :) J’suis assez contente en vrai, ça se manie bien.
Bon, sinon ça commence à devenir weird niveau immigration tout ça. Je me demande jamais “Tiens, qu’est ce que je vais faire ?”, y’a des gens que j’aime et qui m’aiment (c’est eux qui le disent) qui vivent ici, j’ai des p’tits projets... Il fait trop beau, c’est la vie de se promener à pied ou en vélo, de chiller all day long...
Mouais, je commence à me sentir chez moi ici. C’est bizarre. Mais peut-être que juste je me sens bien et qu’il fait bon être sur Terre. Tout simplement.
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