Text
SÉANCE #14- Se déconnecter pour mieux se reconnecter
Vivre dans une société rendue au point de parler d’enjeu sociétal d’hyperconnectivité me fait réaliser que nous sommes paradoxalement déconnectés du monde physique qui nous entoure. Quand la déconnexion volontaire fait partie des routines «selfcare» mais que le monde entier continue à s’enfoncer dans la réalité virtuelle, je pense que la terre entière se lance dans une finalité d’automatisation et d’instantanéité qui m’attriste.
Loin de moi l’idée de vouloir uniquement blâmer l’utilisateur d’Internet pour son hyperconnectivité. Je pense que l’organisation de notre environnement social est également en cause. Le concept de « droit de la déconnexion » évoqué par Laurie Michel, conférencière et formatrice spécialisée dans le bien-être numérique, illustre bien cette problématique. En effet, on réfère à une application d’un droit qui vise à rétablir en quelque sorte la frontière entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Le travail, ayant désormais accès à ses employés en tout temps, devient intrusif et constant. De ce fait, le temps de repos est perturbé et empêche la déconnexion mentale nécessaire au bien-être. Je crois que de penser à instaurer un droit à la déconnexion met en lumière une problématique profonde concernant la présence en ligne des parties de nos vies, peut-être au détriment du temps passé dans le monde réel.
Il en est à mon avis de même pour toutes les sphères de nos vies, régies par une pression d’instantanéité qui nous conditionne à être dépendants. Au niveau social, on parle même d’un changement des attentes communicationnelles, maintenant empreintes de rapidité, de simplicité et d’efficacité. Suis-je seule à croire que ce nouveau mode de vie relatif à la consommation rapide, dans une relation interpersonnelle, tue peu à peu la profondeur ou l’humanisme de ce que l’on vit? Peut-être est-ce simpliste, mais pour moi, une vraie interaction humaine peut impliquer d’attendre et de partager une pensée profonde.
En voyant mon père, par exemple, être complètement inconnu à l’espace numérique et s’émerveiller de tous les détails de la vie, je pense réellement que d’être constamment connecté nous fait perdre un temps précieux à connaître la beauté du monde. Peut-être qu’un jour, notre santé mentale sera assez affectée pour nous pousser à se déconnecter du monde virtuel et apprécier le réel.
Source:
Charest, V. (2023). Le droit à la déconnexion à l'ère de l'hyperconnectivité. Grenier aux nouvelles. https://www.grenier.qc.ca/chroniques/33264/le-droit-a-la-deconnexion-a-lere-de-lhyperconnectivite
0 notes
Text
SÉANCE #13- Information filtrée, opinion biaisée
L’ouverture de l’espace numérique à toute sorte d’expression de soi, qu'il soit question de la sphère culturelle, sociale ou politique, permet non seulement un partage important d’information mais une diversité de points de vue précieuse. Cela dit, le fonctionnement machinal d’Internet devient à mon avis problématique lorsqu’en contexte politique, seul l’algorithme est responsable de ce que l’on consomme. Loin de moi la pensée que le débat public en ligne ne soit pas possible, au contraire, je crois qu’il est plus présent que jamais. Cependant, je le perçois comme étant biaisé, autant par la présence d’algorithmes que de désinformation.
Romain Badouard, dans son article Les mutations du débat public en ligne, explique la mutation et l’inversion du rôle de « gatekeeper », autrefois occupé uniquement par le journaliste traditionnel, qui sélectionne l’information avant de la partager, mais désormais par l’algorithme, qui, en ligne, se contente de redistribuer l’information publiée selon les habitudes de consommation de tous et chacun (Badouard, 2019). Ce chamboulement dans la logique de filtrage vient à mon avis apporter au débat public en ligne un biais de confirmation non-négligeable : en étant uniquement confronté à du contenu relatif à nos croyances, la remise en question et l’évolution de notre pensée devient difficile. Sans être mis en place dans cette optique, je crois même que l’algorithme vient polariser la pensée de plusieurs.
Le danger concernant la modification des pensées dans le débat numérique peut à mon avis également être accentué par la présence de désinformation. En vivant dans une ère de consommation rapide, l’utilisateur d’Internet peut certainement être porté à croire quelque nouvelle sans pour autant vérifier la source de l’information.
Dans la sphère politique, je pense que l’algorithme et la désinformation jouent à l’encontre de ce que pourrait être un débat public réellement valide. Toutefois, il est inutile de démoniser ces deux éléments prenants de l’espace numérique, considérant le fait qu’ils soient tout à fait pertinents pour d’autres activités, notamment dans un contexte de divertissement, où les fausses informations deviennent sujet de conversation et où l’algorithme répond plus facilement aux désirs du consommateur.
Source:
Badouard, R. (2019). Les mutations du débat public en ligne. Érudit. Consulté au https://www.erudit.org/fr/revues/documentation/2018-v64-n4-documentation04730/1061790ar/
0 notes
Text
SÉANCE #07-Google n'est pas médecin!
Il est devenu essentiel, bien que la tâche requière un effort de recherche supérieur, de savoir faire la différence entre l’expert en santé et le simple amateur. Depuis l’arrivée d’une diffusion massive de l’information, on se réfère de plus en plus aux moteurs de recherches ou à Internet en général pour répondre à nos questionnements. Cependant, au moment de poser une question à sujet médical, ce qui nous est expliqué ne correspond pas nécessairement à des propos réfléchis, vérifiés et sérieux. À mon avis, la démocratisation de l’information numérique amène une redéfinition de la confiance envers l’expert qui peut être dangereuse pour la santé réelle des utilisateurs.
Tel que l’explique Mireille Delmas-Marty, anciennement juriste, enseignante et auteure, la numérisation remet en cause l’organisation des pouvoirs. En effet, elle évoque le principe, amené par le nouvel environnement virtuel, qui place l’usager à la fois en tant qu’émetteur et récepteur, ou comme elle mentionne, en tant que souverain : « Si chaque usager est un souverain, les conflits de pouvoirs deviennent inévitables. ». Là où l’expert possédait une autorité et une sagesse reconnue par l’étudiant ou le citoyen, se trouve désormais d’innombrables techniques de classement dans l’espace numérique qui n’ont rien à voir avec le réel savoir mais avec la qualité de la stratégie numérique. Un propos viral peut alors dépasser une information médicale étudiée.
L’effritement des frontières entre l’émetteur et le récepteur permet à l’amateur de « construire et légitimer son statut d’expert » dans n’importe quel domaine en façonnant sa relation et ses interactions avec le public. Je pense que le danger survient lorsque n’importe quel influenceur peut promouvoir n’importe quel comportement à une communauté non-renseignée dans une visée économique et contraire à l’éthique médicale. Il en est de même pour tous les sites web radicaux qui proposent des traitements inusités ou qui bannissent des comportements pour suivre une « trend » telle que « buvez uniquement des jus détoxifiants durant deux semaines! » sans tenir compte des conséquences que ces recommandations pourraient avoir sur une personne réellement malade.
En matière de santé, la même importance accordée à toutes les voix numériques est donc selon moi néfaste. Cela dit, je crois que cette ouverture à la parole permet plusieurs phénomènes positifs tels que la présence des communautés racisés dans l’espace public, l’ouverture au monde et la possibilité de vivre dans une société beaucoup plus inclusive.
Sources:
Delmas-Marty, M. (2009). Chapitre II. La démocratisation des savoirs. Dans : , M. Delmas-Marty, La refondation des pouvoirs: Les forces imaginantes du droit (III) (pp. 225-251). Paris: Le Seuil. https://www-cairn-info.acces.bibl.ulaval.ca/la-refondation-des-pouvoirs--9782020912501-page-225.htm
Millerand et al. (2018). Les reconfigurations sociales de l’expertise sur Internet. https://archipel.uqam.ca/14586/1/Millerand%20et%20al.%20-%202018%20-%20Les%20reconfigurations%20sociales%20de%20l%E2%80%99expertise%20sur%20I.pdf
0 notes
Text
SÉANCE #06-Qu'est-ce que le vrai «moi»?
Quand est-il réellement possible de déclarer qu’une personne est « authentique » ou « vraie »? À maintes reprises, je me suis fait répéter de ne pas croire tout ce que je vois sur les médias sociaux, qu’il ne s’agit pas de la réalité, que les gens se montrent à leur meilleur seulement, que l’image est centrée sur le pouvoir, la reconnaissance, l’argent… À bien y penser, ces mêmes motivations sont définitivement autant présentes dans notre vie publique hors ligne qu’en ligne. Serions-nous en train de démoniser de façon exagérée l’espace numérique? En effet, je pense que l’idée de « fausse identité » associée aux médias sociaux ne doit pas son titre aux avancées technologiques mais bien à l’idéologie sociale de vouloir plaire à tous. Tel qu’expliqué par Richard Smith, professeur à l’Université Simon Fraser, « Les plateformes comme Facebook et Instagram ne créent rien de nouveau, elles canalisent ce que les êtres humains ont toujours fait. ».
Par exemple, le professeur aborde le choix de vêtement comme expression d’une image qui peut être totalement différente au travail qu’à la maison. En développant dans cette lignée, je me surprends à moi-même à adapter mes paroles, mon attitude, ma voix parfois aux personnes à qui je parle, en particulier lorsqu’il s’agit de l’inconnu. Les médias sociaux deviendraient donc dans ce sens une plateforme de diffusion de l’une de nos nombreuses images personnelles et non une cause de notre malaise à exprimer notre personnalité authentique. À mon avis, il est plus intéressant de se pencher sur l’idée derrière la peur de cette expression personnelle que sur la présence des plateformes dans nos vies. La peur du regard des autres, du jugement, du rejet, représentent à mon avis de bonnes pistes de réponses.
Je pense que ce nouvel axe de questionnement peut cependant devenir extrêmement paradoxal au moment où l’authenticité d’une personne peut être influencée par son environnement et s’éloigner du même coup de sa réalité même. Il serait tout de même pertinent de tenter l’exercice et de redéfinir ce que nous sommes avant de projeter ce que nous voulons être.
0 notes
Text
SÉANCE#05-Merci...au prochain!
Il est certain que l'arrivée d'Internet et des médias sociaux a considérablement affecté la manière dont nous vivons nos relations interpersonnelles. En amour, les applications de rencontre accessibles du bout du doigt s'en prennent à mon avis à la profondeur des sentiments et à la conscience qu'on peut avoir pour l'autre. C'est bien dans une société de surconsommation comme la nôtre qu'on peut maintenant parler de « perte de repères et de sécurité affective » dans un concept qui traite la recherche d'un partenaire comme l'achat d'un produit.
Autant en ce qui concerne le « dating » en général que les relations à long terme, j'ai l'impression que la consommation rapide valorisée par les applications de rencontres et la présence constante de tous sur les médias sociaux nous montre à accorder moins d'importance à ce que l'on ressent. Au moindre problème ou désaccord, l'offre trop facile de chercher ailleurs dans le catalogue à ciel ouvert nous décourage de faire des efforts ou des compromis pour quelqu'un. Les ruptures amoureuses perdent parfois leur sens et leur profondeur dans cette solution rapide. Même si moins de peine peut avoir l'air positif pour certains, il s'agit à mon avis d'enterrer sa douleur et de contribuer à ce qu'appelle Josée Blanchette dans son article, le trouble d'attachement collectif.
C'est dans ce sens que je me questionne sur la réelle confiance qu'il est possible d'avoir envers un partenaire. La sortie d'urgence que peut représenter les applications de rencontre amène une peur de l'engagement qui peut elle-même se traduire par une retenue du ressenti tout à fait compréhensible. Qui oserait se livrer à quelqu'un en sachant qu'il pourrait le remplacer en l'espace d'un mouvement de doigt? Et pourtant...
Des relations de plus en plus superficielles et de surface, c'est ce que cause à mon avis l'importance accordée à la présence en ligne. Loin de moi l'idée de ne pas prendre en considération toutes les avancées technologiques amenées et approfondies par l'arrivée des médias numériques mais pour un coeur amoureux, il serait intéressant de s'imaginer un monde à l'opposé du virtuel.
1 note
·
View note