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des-villes · 4 years
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GLASGOW février 2020
‘Asperger’.
Le diagnostic est tombé sans trop de surprise.
Les vêtements d’antan trop larges.
Une année universitaire passée dans une cuisine, sans que cela ne me pose le moindre souci.
La mémorisation à huit ans de tous les départements français, de leur capitale et numéro respectifs -déjà cette obsession pour la géographie.
Au même âge, l’écoute assidue de Gérard Manset -une influence paternelle- et une certaine incompréhension quand un copain de classe m’avait dit : ‘Moi, mon chanteur préféré, c’est Michael Jackson’.
Un côté résolument hors sol en somme: tout ceci faisait enfin sens.
En toute logique, pour un type plus à l’aise derrière un écran qu’en public, le confinement devrait me satisfaire. A ceci près que l’idée même de voyage est totalement exclue -un coup dur pour un third culture kid (personne ayant passé l’essentiel de sa jeunesse à l’étranger, souvent dans plusieurs pays).
La dernière virée remonte à fin février en Ecosse, terre quasi natale.  
J’ai toujours eu un faible pour Glasgow.
Il y a ici une énergie urbaine palpable, due sans nul doute au plan hippodamien du centre-ville. Ajoutez à cela une série de halfscrapers qui ne dépareilleraient pas dans un Chicago ou un New York époque ‘early twentieth century’, et vous obtenez la ville américaine située le plus à l’est sur le globe terrestre.  
St Vincent Street, qui traverse le city centre d’est en ouest, est le genre de rue qui vous en met plein la vue. De George Square à St Vincent Street Church, église presbytérienne bâtie par Alexander ‘Greek’ Thomson, l’héritage victorien est partout visible. 
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Cela se prolonge jusqu’au West End, de l’autre côté du M8, sorte de périph’ qui délimite le noyau central et commercial de Glasgow.
Ici se côtoient université (University of Glasgow), espaces verts (Kelvingrove Park) et architecture résidentielle classieuse (Park Circus). Pour un peu, on pourrait se croire à Bath. 
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C’est dans ces beaux quartiers que fut créé à l’aube des années 1980s le label Postcard Records, avec à sa tête l’excentrique Alan Horne. Parmi ses faits d’armes, la signature d’Orange Juice, groupe responsable du meilleur album issu de la scène locale toute période confondue (You can’t hide your love forever -avis tout à fait personnel). Hipster sympathique avant l’heure, Edwyn Collins traînerait aujourd’hui probablement ses guêtres dans un café de Byres Road ou d’Argyle Street.
Ce qui frappe à Glasgow, c’est l’omniprésence des tenements, cet habitat résidentiel écossais de deux à quatre étages -sur trois à cinq niveaux. Par rapport aux villes anglaises, cette densité donne aux quartiers glaswégiens des faux airs de Boston (le grès rouge de Hyndland) ou de San Francisco (la très pentue Gardner Street).
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De chic à beaucoup moins chic, avec ou sans bay windows, avec ou sans turret, le tenement se décline aussi au sud de la rivière Clyde, communément appelé Southside. Malgré la démolition de rues entières dans les années 1960s pour faire place à des tours d’habitation dans les Gorbals, les alentours de Queen’s Park ont été préservés. A l’instar du West End, l’endroit deviendrait-il ‘tendance’? La seule librairie LGBT d’Ecosse a ouvert ici, et la série hebdomadaire Let’s move to…du Guardian consacra un papier au Southside en 2016.
Si ces lieux de pèlerinage me sont familiers, l’East End de Glasgow m’était jusqu’alors inconnu.
Passé la Cathedral et la Necropolis, immense cimetière surplombant la ville (lieu de tournage du nouveau Batman lors de notre court séjour), on tombe sur la célèbre brasserie Tennent’s, puis sur quelques bâtisses edwardiennes et victoriennes isolées, laissées à l’abandon.
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Plus à l’est autour de Duke Street, le quartier de Dennistoun héberge un cluster de tenements et de maisons middle-class dans un environnement somme toute assez rough and ready. 
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Un oasis de sophistication dans une zone géographique qui rappelle un peu l’East End de Manchester. Ici aussi, des rues ont été remodelées après-guerre et la greffe a du mal à prendre. Rapport de cause à effet? L’espérance de vie dans l’East End de Glasgow est en moyenne d’une douzaine d’années inférieure à celle du West End et du Southside.
Sur le chemin du retour, on traverse Barras Market, avant d’apercevoir une tentative de régénération très 1990s près de Glasgow Green. C’est ici que trône le People’s Palace et son Winter Garden. On rejoint l’élégante place St Andrew on the Square, pour finir chez Mono, institution vegan locale assortie d’un disquaire -Stephen Pastel en est le propriétaire.
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Aux questions habituelles qui fâchent, on peut apporter des tentatives de réponses:
-      le climat local : en ces temps de lockdown, préférez-vous passer un été enfermé(e)s sous la pluie incessante glaswégienne ou sous le soleil plombant de Séville ?
-      The Old Firm, le derby Rangers/Celtic, apogée d’un certain antagonisme religieux encore présent à Glaschu, peut parfois se régler à coups de Glasgow kiss. Pour une atmosphère de match plus apaisée, pourquoi ne pas plutôt supporter les clubs moins prestigieux de Partick Thistle FC (West End) ou de Queens Park FC (Southside)?
-       La fameuse Deep fried Mars bar, synonyme de régime alimentaire douteux made in Scotland, est depuis peu supplantée par des options végétariennes tout à fait recommandables dans les grandes villes écossaises.
-       La Glasgow School of Art, chef d’œuvre de Charles Rennie Mackintosh et symbole de la force créative de la ville, a succombé aux flammes par deux fois, en 2014 et en 2018. Il est question de la reconstruire à l’identique.
-      Enfin, l’accent à couper au couteau et de potentiels problèmes de compréhension seront largement compensés par la sympathie légendaire des autochtones. But don’t mention religion -just in case.
Enfant, les va-et-vient entre l’Ecosse (Aberdeen) et l’Anjou étaient légion.
En bon third culture kid (‘belonging everywhere and nowhere’), j’ai atterri un peu par hasard à mi-chemin, du côté de Liverpool -il faut bien se poser quelque part.
Peu après notre première rencontre, Ged m’avait confié:
-      ‘ Tom, I really need to tell you something about your clothes and your dress sense…‘.
J’avais jadis considéré une installation à Glasgow.
Peut-être y serais-je en ce moment. Peut-être aussi aurais-je toujours des vêtements trop larges.
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des-villes · 4 years
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PERIGUEUX juillet 2019
Né il y a cent ans à Leuhan (Finistère), Pierre Loussouarn garda jusqu’à sa mort son accent périgourdin.
Dans les années 1920s, l’état français vint en aide aux agriculteurs bretons dont les terres étaient plus ou moins fertiles, les incitant à s’installer ailleurs.
La famille déménagea à Lanouaille, à l’est de Thiviers dans le Périgord Vert.  Bien que la langue bretonne fut parlée à la ferme, Pierre ne la pratiqua jamais vraiment. Avant de rencontrer ma grand-mère, institutrice native de Guiscriff (Morbihan), puis d’accepter un poste de comptable aux Ardoisières d’Angers, il faillit entrer dans les ordres à Périgueux.
Pour une raison qui m’échappe, je n’avais jusqu’alors jamais mis les pieds en Dordogne. Une semaine estivale en famille l‘an passé dans la région fut l’occasion de découvrir sa capitale.
Si Périgueux a des allures de petite métropole -toute proportion gardée tout de même, la ville compte à peine 30,000 habitants…-, elle le doit en partie à sa cathédrale Saint-Font, monumentale. D’inspiration byzantine, ses cinq coupoles et son emplacement, surplombant la rivière Isle, la rende incontournable.  
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Les rues aux alentours sont coquettes et le centre-ville charmant. On fait une pause déjeuner al fresco Place Saint-Louis (ah, ces gésiers…), avant de rejoindre le quartier Saint-Martin, de l’autre côté du Boulevard Montaigne.
La désirabilité et l’habitabilité d’une ville se mesurent aussi à la qualité de ses faubourgs, et les maisons bourgeoises croisées sur notre chemin en direction de l’imposante église Saint-Martin sont autant de signes encourageants.
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On ira moins s’aventurer vers la gare toute proche par contre: sur le site ville-ideale.fr, les internautes locaux décrivent l’endroit comme une no-go zone.  M’enfin, avec six ans de villégiature mancunnienne sur mon CV, je me demande à quoi un quartier pétrocorien mal famé peut bien ressembler…
Le vrai plus de Périgueux, c’est sa ville gallo-romaine. Je l’ignorais mais la Cité est un véritable joyau archéologique. Pour y accéder, il faut d’abord rejoindre le Jardin des Arènes, où se situait l’amphithéâtre de Vésone. 
Plus loin, la Tour de Vésone, dernier vestige d’un temple gallo-romain situé dans un parc arboré, jouxte le musée Vesunna. Créé autour des restes d’une domus et ouvert en 2003, le site a été remarquablement mis en valeur par Jean Nouvel. Une prouesse minimaliste pour ce starchitecte à l’égo surdimensionné.  
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Les touristes sont là, mais rien de bien comparable à Lascaux. 
Méconnue, Périgueux, qui compte un nombre considérable de bâtiments inscrits aux Monuments Historiques, n’attire pas non plus les mêmes foules que Sarlat, et c’est tant mieux.
Pierre Loussouarn ne se fit jamais vraiment à la vie en bords de Maine (écartelés entre Bretagne et Dordogne, mes grands-parents vivaient à Angers presque comme des étrangers).
Une part de lui-même, à n’en pas douter, était restée dans le Périgord. Humble et taiseux, il aurait pu devenir prêtre, et toute une lignée Loussouarn n’aurait jamais vu le jour.
Aurait-il était plus heureux à Périgueux? C’est une question que je me pose parfois.
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des-villes · 4 years
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NEWCASTLE décembre 2019
Ce n'est pas jour de match aujourd'hui, mais au vu de l'emplacement du stade St James Park, perché sur une colline en quasi centre-ville, on imagine très bien l'ambiance dans les rues de Newcastle un samedi après-midi. Pour peu que la partie se termine en soirée, la juxtaposition de supporters des Magpies rentrant chez eux -avec ou sans maillot, avec ou sans embonpoint- et de ladettes apprêtées pour une ‘night on the town’ -sommairement vêtues, outrageusement maquillées- doit valoir le coup d'oeil. Car ici, même en hiver et par températures extrêmes, les autochtones ne rechignent pas à se découvrir.   
On est de passage avant de prendre le ferry pour Amsterdam. Drôle de détour me direz-vous (on aurait très bien pu prendre un vol low-cost vers Paris depuis Manchester ou Liverpool), mais on a décidé depuis peu de suivre les préceptes de Greta Thunberg. Pour l'aller de ces fêtes de Noël à tout le moins: hypocritement, le retour à la maison se fera via EasyJet. 
Arrivés juste après midi, l’autocar nous a conduit dans la capitale du Tyne and Wear via le Yorkshire, puis Middlesborough et Sunderland -deux villes où le vote en faveur du Brexit fut prépondérant en juin 2016. Dix minutes d'arrêt suffisent pour s'en faire une idée. 'They're certainly no beauties' comme on dirait outre-manche. La pluie n'arrange rien à cette première impression. 
Newcastle par contre, c'est autre chose. L'écrivain et critique d'architecture Ian Nairn (1930-1983) vanta régulièrement ses mérites, à tel point que son acte de décès mentionna Newcastle en guise de lieu de naissance -il naquit en fait à Bedford, près de Cambridge.  
En se baladant, on comprend l'enthousiasme de Nairn. D'abord, il y a les ponts qui enjambent la Tyne, au nombre de sept, symboles d'une puissance industrielle passée et facilitant l'accès à Gateshead, de l'autre côté de la rivière. Le plus impressionnant est sans doute le High Level Bridge, construit par l'ingénieur en génie civil Robert Stephenson à la moitié du dix-neuvième siècle. D'ici, le point de vue sur les deux villes est magnifique. On aperçoit d'abord les quais de Quayside, puis la skyline de Newcastle dans toute sa splendeur. Et oui, comme par magie, le ciel est désormais dégagé. Côté Gateshead, le SAGE -élégant centre culturel à la toiture ondulante bâti par Norman Foster et ouvert au public en 2004- et le Baltic Centre for Contemporary Art -ancien silo à grain reconverti en musée- dominent la rive sud.
A Newcastle, ville de 300 000 âmes, c'est d'abord la cohérence urbanistique du lieu qui frappe. On est ici plus proche géographiquement, spirituellement et architecturalement d'Edimbourg que de Birmingham ou de Southampton. Bien sûr, il y a quelques ratés esthétiques 'made in the sixties' ni faits ni à faire: ce ne serait pas l'Angleterre sinon... Mais l'urbanisation façon Baron Haussmann prônée par Richard Grainger de 1824 à 1841 donne au centre-ville une allure unique. Les artères néoclassiques de Grainger Street, Market Street et Grey Street notamment, dégagent une classe incroyable. Le reste est à l'avenant. La gare par exemple: pas souvenir de façades environnantes aussi resplendissantes dans d'autres quartiers ferroviaires anglais. Ou encore les canyons de Dean Street, Side et Sandhill, qui révèlent d’imposants et gracieux bâtiments, menant à la Tyne et au New Tyne Bridge -copie miniature du célèbre pont de Sydney.      
On s'arrête pour prendre un café au Newcastle Arts Centre. Bonne pioche: dans la cour, un robot flanqué d'un drapeau européen nous salue. Newcastle est la seule ville de la région à avoir voté pour le maintien dans l'Union Européenne, de très peu cela dit (51%). Si on devait extrapoler ce résultat au rayon musique locale: pour tout Geordie boy Bryan Ferry, il y a un Geordie boy Mark Knopfler...
Après ces élucubrations philosophiques, il est malheureusement déjà temps de prendre le bateau pour la Hollande. 
Quand la crise du coronavirus sera passée, il faudra revenir ici. Arpenter les rues de Jesmond, quartier chic résidentiel. Découvrir Byker, ensemble de logements sociaux listés au patrimoine par Historic England. Boire une bière et visiter la Biscuit Factory à Ouseburn, sorte de Northern Quarter novocastrien. Admirer l'architecture très '1950' du Civic Centre. Prendre le metro jusqu'à Tynemouth, en bord de mer. Et, pourquoi pas, assister à un match à St James Park, quitte à devoir se frotter à un gras du bide à moitié nu, se prenant un instant pour la gloire locale déchue Paul 'Gazza' Gascoigne.
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des-villes · 4 years
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NEWTON-LE-WILLOWS mars 2019
Le drapeau européen flotte à nouveau sur le parvis du Pied Bull, le pub historique de Newton-Le-Willows.
A ma grande crainte, j’ai remarqué qu’il avait été ôté en 2017, un an après le référendum. Mais peut-être que sous la pression, et dû au fait qu’une quelconque serveuse polonaise y travaille, les consommateurs ont réussi à convaincre les propriétaires[1].
C’est du moins ce que j’ose espérer dans mes rêves les plus fous. Car St Helens, borough[2] dont Newton dépend, a quand même voté à 58% pour le Brexit.
Cette ancienne ville minière nichée entre Liverpool et Manchester[3] a, depuis les années 1970s, souffert de la crise économique, et ces jours-ci, son seul fait de gloire est la réputation de son club de rugby league (rugby à 13).
Malgrè l’investissement conséquent de l’Union Européenne au cours des dernières décennies, les habitants du boroughont donc jugé bon dans leur grande majorité de déposer un bulletin ‘Leave’ dans l’urne le 23 Juin 2016.
En anglais, on appelle çà ‘turkeys voting for Christmas’ (littéralement ‘dindes votant pour Noël’; ou, si vous préférez, et pour parler plus crûment: se tirer une balle dans le pied).
J’imagine que, comme dans tout référendum, ils ont voulu envoyé un gros ‘Fuck you’ à l’encontre du gouvernement conservateur dirigé à l’époque par David Cameron -qui a suggéré le vote. Bernés par les populistes Boris Johnson, Nigel Farage et le très versaillais Jacob Rees-Mogg (https://en.wikipedia.org/wiki/Jacob_Rees-Mogg), ils sont tombés dans le panneau et se sont trompés de cible.
Voter pour une sortie de l’Union Européenne pour protester contre la politique d’austérité du Conservative Party? La belle affaire: çà paraît abérrant, mais c’est pourtant la réalité politique de St Helens et de moultes petites villes post-industrielles d’Angleterre et du Pays de Galles…  
Newton-Le-Willows, située à l’est du borough, est sans doute l’exception qui confirme la règle: le mile qui sépare la gare flambant neuve de l’extrémité de la High Street -rue où nous vivons- est en pleine gentrification. Non, non, çà n’est pas une blague. En l’espace de cinq ans, de nouveaux pubs, boutiques indépendantes, cafés, restaurants et même un hôtel ont ouvert. L’endroit est devenu une destination à part entière, le week-end notamment. A cela, il faut ajouter des parcs, l’historique marché d’Earlestown à quelques encablures, et les courses hippiques de Haydock -à trente minutes à pieds de chez nous. Ces dernières sont cependant à consommer avec modération ; le mois dernier, une baston surplace a dégénéré, laissant mères de familles et bambins en pleurs:https://www.mirror.co.uk/sport/horse-racing/haydock-races-marred-huge-brawl-14009101.
Nonobstant, depuis notre installation ici en 2012, j’ai pris goût à la campagne environnante. Ici, contrairement à la France peut-être, habiter en semi-cambrousse peut ne pas être déprimant.
Si j’osais, je dirai même qu’il y a plus d’animation ici un samedi soir qu’à Versailles. Et l’esprit communautaire fait des merveilles (mini festival de bières locales prochainement par exemple). Avec un peu d’imagination, on pourrait presque se croire en Hollande.
Ajoutons à cela que la ville se situe à 2h30 de l’Ecosse et de Londres, et à un peu plus d’ 1 heure des montagnes du Pays de Galles et du Lake District.
Newton-Le-Willows et sa High Street donc, bien desservis et bien achalandés, n’ont aucune raison d’avoir voté pour le Brexit. Les évènements des derniers (marche londonienne anti-Brexit; pétition) et des prochains jours (nouveaux votes à l’assemblée) pourraient bien compromettre l’existence du Brexit, ce qui serait évidemment une très bonne chose.
Dans le cas contraire, il nous faudra envisager une vie à la Candide, vivre en autarcie et cultiver notre jardin.
[1]Rectification tardive pour la réapparition du drapeau européen : j’ai appris via la presse locale qu’il y a deux mois, notre député, un député européen et des universitaires (dont un rital) ont tenu un meeting sur les méfaits du Brexit au Pied Bull.
[2]sorte de mini-département ou communauté de communes.
[3]par contraste, ces deux villes ont voté contre le Brexit à environ 60%.
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des-villes · 7 years
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MARSEILLE septembre 2015
A Marseille, faire abstraction de l’OM est une tâche quasi-impossible.
Comme dans le nord-ouest de l’Angleterre, on porte ici le maillot du club dans la vie de tous les jours par fierté, mais aussi pour marquer son identité.
Comprendre qu’on n’est pas à Paris, qu’on n’est pas non plus à Bordeaux, à Nantes ou à Lyon.
Notre visite dans la cité phocéenne intervient six jours après les incidents qui ont émaillé la rencontre opposant l’OM à l’Olympique Lyonnais[1].
Si la gestion mafieuse du club (affaire VA-OM en 1993, billeterie ‘encadrée’ par les supporters, etc) m’a toujours posé problème[2], j’ai toujours eu, je dois l’avouer, un faible pour la ville. Le chaos urbain exotique et palpitant de la Canebière n’a pas son pareil ailleurs dans l’hexagone.
 Ma première virée remonte à 2003, dix ans avant Marseille Provence 2013, Capitale Européenne de la Culture.
Les investissements liés à l’évènement ont permis à la deuxième ville de France de se doter d’équipements culturels dignes de ce nom. Bienvenus donc, à une bibliothèque municipale centrale, à une Friche Belle de Mai embellie, et surtout au MUCEM (Musée des Civilisations del’Europe et de la Méditerranée), réalisé par le truculent architecte Rudy Ricciotti.  
Parallèlement, les environs des anciens docks, au nord du centre-ville, sont au coeur du projet de réhabilitation Euroméditerranée.
 C’est ici que nous logeons pour quatre nuits, assurément l’endroit où Marseille s’est le plus ‘dé-marseillisé’: nouveau tramway, ré-urbanisation du site -assorti de bâtiments modernes-, rénovation prochaine des docks en magasins, ravalement des façades Rue de la République, etc.
Cette gentrification, mot jusqu’ à lors improbable dans l’inconscient local, ne s’est apparemment pas fait sans heurt, chassant les populations les moins aisées ailleurs. Le nouveau quartier, fonctionnel, offre à voir une image proprette de Marseille. Qui l’eut cru?
La tour de Zaha Hadid sera bientôt flanquée de grattes-ciels. Pour l’heure, la promenade le long des quais, qui vient d’être achevée, conduit le piéton depuis le silo transformé en salle de concert vers les Terrasses du Port, centre commercial flambant neuf ouvert au printemps 2014.  
 Cela fait bientôt deux heures que nous avons posé pied dans la cité phocéenne. Il est 23 heures et, pris d’une petite fringale, on part à la recherche d’un restaurant bon marché. On pousse les portes de ce nouveau temple de la consommation.
Quelque peu rebuttés par l’endroit, très m’a-tu-vu et asseptisé au possible -Dubaï vient à l’esprit-, on rebrousse chemin et on se dirige vers le Panier. Les abords de la Cathédrale de la Major ont eux aussi été ‘karsherisés’. Aux marches, boutiques de luxe et cafés-bars un poil vulgaires accueillent une clientèle jeune et branchée, espèrant que les touristes morderont aussi à l’hameçon. Nous sommes samedi soir et les terrasses sont bondées. On trouve finalement un boui-boui qui ne paie pas de mine, aux alentours du Vieux-Port. Le gérant est un lillois qui a rejoint le sud il y a sept ans.
_ ‘La ville a beaucoup évolué depuis mon arrivée’ nous confirme t-il.
C’est vrai; le Marseille que j’avais en tête est méconnaissable. Il y a douze ans, je m’étais fais voler mon téléphone portable dans une ruelle près de la Place Thiars.
En traînant dans le quartier le lendemain, je découvre qu’un restaurant Fluxia a ouvert ses portes. Auparavant, nous avons, Ged, un couple d’amis à lui (en visite eux aussi, de retour d’Italie) et moi, pu admirer le panorama depuis la Bonne Mère. Les calanques d’un côté, le port et l’Estaque dans son prolongement de l’autre, en passant par la cité de la Castellane -où ‘Zizou’ a grandi-: la vue est impressionante. Topographiquement, Marseille peut rivaliser avec ses consoeurs méditerranéennes Naples et Barcelone sans problème.
 La deuxième ville de France lorgne t-elle justement sur la capitale catalane pour se réinventer économiquement et culturellement? Il reste encore du boulot, au plus grand bonheur du visiteur.
Un détour lundi matin, après avoir laissé Ged et ses amis filer à Aix-en-Provence pour une visite à la journée (j’ai décidé de rester au port pour fignoler un dernier mémoire à remettre sous une semaine, dans le cadre d’une formation avec le CNAM[3]), me conduit depuis la Gare Saint-Charles vers la Friche Belle de Mai. Pour regagner l’hôtel, j’emprunte ensuite le Boulevard National, et, l’espace de vingt minutes, je suis transporté ailleurs. Le Caire et Kinshasa n’ont jamais semblé aussi proche. L’atmosphère me rappelle aussi les souks du Moyen-Orient, pas fréquentés depuis 1995 pendant mon adolescence abu dhabienne.
C’est marrant, mais j’avais jusqu’ici complétement zappé cette période de ma vie.  
 Le dernier jour est consacré aux beaux quartiers. Direction la Corniche donc. Après que le bus-numéro-83 nous ait mené devant le Vallon des Auffes, on descend à l’arrêt ‘Parc Borély’. A notre grande déception, le Musée des Arts Décoratifs, pourtant recommandé le matin-même par l’Office de Tourisme, est fermé. Problème de communication très certainement, mais je ne peux m’empêcher de penser que ce genre de situation a plus de chance d’arriver à Marseille qu’à Strasbourg.
Après un petit noir, on rejoint le surprenant Musée d’Art Contemporain (MAC). Les enfants de la ville sont bien représentés -César et ses sculptures compressées notamment. Il y a aussi une exposition temporaire d’Alfredo Jaar, artiste iconoclaste chilien tout à fait épatant.
 Il nous reste un monument à visiter, mais, à déjà plus de deux heures de l’après-midi, il est grand temps de manger. Après plusieurs tentatives ratées (‘Désolé mais on ne sert plus à cette heure ci’ -réplique qui, même dite avec un sourire méridionnal poli, serait sans doute inimaginable ailleurs, et risquerait de faire fermer boutique à tout restaurant agissant de la sorte), le ventre creux, on se décide à pousser la porte du River Pub. Malgrè le nom et des drapeaux britanniques çà et là -que nous prenons comme autant de signes de bienvenue-, l’ambiance est marseillaise au possible.
Le patron, très obèse, chemise blanche à moitié ouverte, fait les comptes à table avec son associé. Ils nous saluent au passage. Une ‘pitchoune’ post-adolescente (sa fille?) nous accueille et nous installe sur le patio. Çà se chamaille gentiment en cuisine. Le ton montera bien un instant pendant notre repas, mais la tension redescendra aussitôt.
Le menu à 10 euros est tout bonnement exceptionnel; le meilleur rapport qualité-prix de Marseille? Le staff du River Pub est au petits soins de ses seuls clients étrangers. Je précise pourtant que je suis français, mais au moment des ‘au revoir’, le jeune serveur -le frère de la pitchoune?- fera l’effort de saluer chacun d’entre nous en anglais dans le texte.
- J’ai bieng dit? vérifiera t-il auprès de ses collègues après coup.
 Conquis par une telle expérience, à l’authenticité intacte, on enchaîne avec la pièce de résistance.
Certains ici l’appelle encore ‘la maison du fada’, mais la Maison Radieuse, bâtie entre 1947 et 1952 par Le Corbusier, est un véritable chef d’oeuvre architectural.  
Du toit de la terrasse, la ville -minérale- se déployant sous nos yeux, l’impression de flotter est presque féérique.
 Dans l’unité d’habitation proprement dite, seul(e)s les troisièmes et quatrièmes étages/rues sont ouvertes au public. On s’arrête à la librairie Imbernon (la responsable est aussi éditrice spécialisée en architecture) et je repars avec ‘Les mémoires d’un architecte’, de Fernand Pouillon. Pouillon est l’autre architecte important de la ville. Après la destruction partielle du Panier -près du Vieux Port- par les nazis, il a remanié la physionomie du quartier, dans un style hérité d’Auguste Perret. Ses ‘bonnes constructions pour pas chères’ au Maghreb, en Provence et en Ile de France lui vaudront d’être jalousé par la profession. Il sera même condamné à la prison pour trois ans dans les années ‘60.
J’achète aussi ‘Sociologie de Marseille’, aux éditions La Découverte / Collection Repères (2015). Une lecture qui promet d’être fascinante.
On commande ensuite un thé sur le balcon du restaurant-hôtel de la ‘maison du fada’, avant de rejoindre le centre-ville en autobus depuis le boulevard Michelet.
Alors qu’on l’avait presqu’oublié, le Stade Vélodrome fait son apparition sur la route.
La Provence a titré le matin-même Abonnements dans les virages: L’OM en passe de reprendre la main[4]. La rencontre contre l’OL semble avoir eu des répercussions chez les dirigeants du club. Dimanche, le Sco d’Angers, nouveau promu, a réalisé l’exploit de s’imposer 2-1 sur la pelouse du Vélodrome.
Peut-on déjà parler de crise, sur et en dehors du terrain? Affaire à suivre.
 Marseille et son football décidément… Mais pas que.
[1] http://www.lepoint.fr/sport/football/incidents-du-match-entre-l-om-et-l-ol-a-qui-la-faute-21-09-2015-1966624_1858.php
[2] Je n’ai, bizarrement, jamais éprouvé la moindre réserve vis à vis des Girondins de Bordeaux, même après les années Claude Bez.
[3] Mon étude, consacré au patrimoine industriel liverpuldien, me fait réaliser à quel point les fabriques de Marseille et de Liverpool sont similaires: villes portuaires d’immigration, historiquement et politiquement très à gauche à majorité ‘working class’, mal aimées du pouvoir central, toutes deux récentes Capitales Européenne de la Culture, régénération en cours des docks nord controversée, place primordiale accordée au ballon rond, ... Pas étonnant que le Scouser Joey Barton se soit senti comme un poisson dans l’eau lors de son séjour à l’OM en 2012.
[4] Voir aussi, daté du même jour, http://www.laprovence.com/article/om/3599599/le-jt-de-lom-au-velodrome-la-revolution-des-abonnements-est-en-marche.html
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des-villes · 9 years
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LIVERPOOL (2006 - 2015 & beyond)
Allumez votre ordinateur, connectez-vous à internet puis googlez ‘Liverpool’ en sélectionnant l’option ‘Images’. Que constatez-vous?
En Europe occidentale, peu de villes sont représentées de manière aussi unidimensionnelle.
Si le football est roi sur les bords de la Mersey, enfants tueurs, dealers de drogue d’envergure et pauvreté des autochtones sont les images d’Epinal qui viennent ensuite à l’esprit.
Pour ne rien vous cacher, cet aspect-là n’est pas usurpé dans certains quartiers Nord, mais entendre des gens originaires de Slough, Milton Keynes ou ailleurs dézinguer Liverpool sans jamais y avoir mis les pieds m’a toujours laissé dubitatif. Le Sun est en partie responsable de cet état de fait dans l’inconscient collectif anglais.
Petit rappel qui ne mange pas de pain: au lendemain du drame de Hillsborough en 1989, le tabloid avait titré The Truth sans avoir vérifié ses sources. Rien de tout cela n’était vrai évidemment. Les liverpuldiens (fans du Fc Liverpool ou d’Everton confondus) n’ont jamais pardonné à Rupert Murdoch et ses sbires. Au Wh Smith de la gare centrale, le quotidien le plus vendu de Grande-Bretagne est caché, peu visible à l’oeil nu, comme si vingt-six ans après les faits, l’acheter ici était encore une offense.
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Cette radicalité rend Liverpool à la fois précieuse et exotique en Angleterre, où remettre en cause l'héritage des années Thatcher est parfois vu d'un mauvais oeil. Sa singularité géographique (elle tourne le dos à sa nation), l'accent des locaux et son indépendance d'esprit lui valent encore d'être moquée ou jalousée.
Dès ma première rencontre en août 2006, j’ai su que j’avais à faire à un endroit ‘pas comme les autres’. Accueilli par les mouettes au sortir de Lime Street Station, presque nez à nez avec l’imposant George Hall et son architecture athénienne, j’empruntai William Brown Street et longeai ses élégants musées, avant de gagner Dale Street, et, dans son prolongement, Water Street. Le coup de foudre fut immédiat. Difficile de rester insensible face à une concentration de bâtiments aussi majestueux: Old TownHall, Martin Banks, India Building, Oriel Chambers, Liver et Cunard buildings. A l’horizon, le backdrop de la rivière Mersey.
Ne croyez surtout pas que je pratique l’objectum sexuality, fétiche dont souffre, entre autres, une californienne prénommée Erika (en 2007, elle épousa la tour Eiffel, devançant ainsi de deux ans Morrissey - I’m throwing my arms around Paris). Il n’empêche: un environnement urbain, sorte de musée à ciel ouvert, peut parfois vous enthousiasmer au plus haut point.
A contrario, cette phrase prononcée par Aurélia, in La Collectionneuse d'Eric Rohmer, vaut aussi dans le rapport que l'on entretient avec un espace: «Si je trouve quelqu’un laid…plus rien n’est possible… Même pour boire un pot cinq minutes avec lui. Je ne peux pas: s’il est laid, je m’en vais… ».
Liverpool a plus en commun avec New York, Dublin ou Glasgow qu'avec Manchester, Leeds ou Birmingham, plus proches -mais pas belles. Cela ne tient pas seulement à son architecture. Longtemps second city of the empire, elle fut la première sur le sol britannique à avoir son Chinatown. L'arrivée massive d'immigrés irlandais fuyant la famine au cours du 19ème siècle et sa proximité avec le Pays de Galles en font la ville la plus celtique d'Angleterre. C'est peut-être aussi cela qui a attiré les écossais Souness, Dalglish et Hansen et le gallois Rush à revêtir le maillot des Reds dans les années '80.  
Evidemment, comme à Nantes (Ile Feydeau), Bristol (Clifton) ou Bordeaux (Place de la Bourse), rester ébahi devant un ensemble architectural du 18ème siècle peut laisser un goût amer dans la bouche. Comme ses consoeurs, Liverpool fut un port esclavagiste, de loin le plus important d’Europe. Les fortunes ammassées par ces municipalités servirent, en partie, à l’élaboration d’enclaves prospères un peu à l’écart des centres-villes.
Le brin de culpabilité ressenti en déambulant dans Canning Street, Falkner Square ou Rodney Street -Georgian Quarter, sur les hauteurs- doit-il pour autant éclipser la beauté intrinsèque du lieu (Liverpool aurait, me chuchote t-on à l’oreille, plus de bâtiments georgiens que Bath)?
Plus tard, lors de visites répétées, j'eu l'occasion de découvrir l'agréable quartier d'Allerton. Ged, un ami bristolien, y vécu pendant dix-sept ans, à mi-chemin entre Penny Lane et The Mendips, maison d'enfance de John Lennon.
Mes escapades liverpuldiennes me mèneraient aussi aux très chics rues d'Aighburgh, Cressington, Sefton et Princes Park, ainsi qu'au Baltic Triangle, en pleine régénération. Puis, bien après, à Fairfield et Everton (fief de Wayne Rooney), zones plus délicates à appréhender, qui font les choux gras des médias pour leurs shootings occasionnels et kilomètres carrés de maisons délabrées.   
En Merseyside, le très bon côtoie le très mauvais.
Tout est, j'imagine, une question de point de vue, et peut-être ai-je eu la chance d'aborder Liverpool sous son angle le plus séduisant.
Aussi me pardonnerez-vous je l'espère mon très net agacement face au cas de G. Rencontrée lors d'une session de bénévolat à la Liverpool Bienniale d'art contemporain cet été, cette ancienne journaliste géorgienne, réfugiée politique en Angleterre depuis deux ans, bénéficie d’un 3 pièces tous frais payés par l’Etat dans la très belle Hope Street (Georgian Quarter).
G: 'Liverpool boring and ugly; nothing to do. Me want to go soon'.
Non mais franchement, de qui se moque t-on?
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des-villes · 9 years
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BOLOGNE octobre 2014
Déjà deux heures qu’on arpente les rues de Bologne (ne pas confondre avec la commune de Haute-Marne) et, à chaque foulée, on en prend plein la vue.
Tours médiévales, églises baroques et palazzi se déploient dans un périmètre assez conséquent, une sorte de toile d’araignée d’allées terracotta ayant pour épicentre la Piazza Maggiore.
-‘Qué bella città!
Curieusement, les touristes sont peu nombreux. Sans doute préférent-ils se diriger vers les voisines Venise ou Florence.
On est ici sur la foi d’un vol Ryanair Manchester-Bologne, réservé un peu par hasard il y a quelques mois.
L’hôtel est situé dans la partie reconstruite du grand centro storico. Le quartier, malgrè son architecture post-mussolinienne, regorge de créativité.
Le MAMbo fait figure de centre d’art contemporain tout à fait remarquable et l’ancienne manufacture des tabacs s’est muée en cinémathèque (la région Emilie- Romagne est fertile en la matière: Pasolini est né ici; Antonioni au nord à Ferrara et Fellini sur la côte à Rimini).
Historiquement, Bologne est une cité rebelle très à gauche, pas forcément un vilain mot de nos jours au pays du berlusconisme*, où il n’y a pas si longtemps, avant que Mateo Renzi ne remplace Il Cavaliere au pouvoir, une pulpeuse Miss Météo pouvait prétendre à un poste ministériel. On semble un brin plus raffiné ici.
Peut-être est-ce dû au fait que la ville abrite la plus ancienne université du monde (1088), que la population LGTB y est plutôt bien représentée** et que c'est la capitale italienne de la bouffe***.
Dès le soir de notre arrivée, on sent bien une tension, confirmée par un regroupement de gens en T-shirts noirs: les anarchistes sont de sortie et çà va mal tourner,  prévient une participante qui engage la conversation en anglais avec nous.
- ‘But, in the UK... Nigel Farage is a fascist, no?’
- ‘I wouldn’t go that far but he certainly is a buffoon’
(Nigel Farrage est leader du part britannique anti-européen UKIP. A noter: il est lui-même député européen).
On dîne al fresco dans une ruelle pas loin, qui rappelle la rue Mercière à Lyon.
Le lendemain, on s’aventure du côté du Santuario della Madonna di San Luca, niché sur une colline à l’extérieur du centre-ville.
On se trompe de chemin à cause d’un panneau de circulation un peu douteux, alors on finit par interroger les passants. Un type propose de nous y conduire en auto: c’est sur sa route. Mon italien est balbutiant mais on réussit quand même à causer football. La veille, Bologna Fc 1909 a battu Varese 3-0 dans le championnat de Serie B****. Pas le temps de lui vanter les mérites du choletais Antoine Rigaudeau lors de ses six années passées au Kinder Bologna (basket-ball), de 1997 à 2003. 
On a dû tomber sur un bon gars (d’une manière générale, les gens d’ici ne sont pas forcément avenants mais la beauté de la ville fait oublier tout cela).
Il nous dépose au pied des marches qui mènent au sanctuaire de San Luca. Cà monte, cà monte, pendant au moins ½ heure. A l’arrivée, on est récompensé par un splendide panorama.
Au retour, on fait une halte dans un restaurant de quartier qui ne paie pas de mine, sous les regards inquisiteurs des familles et réguliers déjà attablés. C’est bon signe: on sait qu’on va bien manger.
La soirée est consacrée à une déambulation nocturne et on découvre sur trois étages, médusés, une librairie-restaurant-café. Précision importante: nous sommes dimanche; il est 23h. Si l’Italie, pays catholique, permet l’ouverture des magasins le dimanche à des horaires improbables, ce doit aussi être possible en France. De quoi donner du fil à retordre au gouvernement Valls.   
A première vue, Bologne parait ne pas connaître pas la crise. Peu de misère dans les rues et un hinterland très riche: la vallée du Po héberge de nombreuses entreprises high tech et la construction automobile haut de gamme y a élu domicile (Lamborghini, Ferrari, Ducati et Maserati, pas moins).
Bologne suinte la classe, c’est entendu. Aussi est-il navrant de constater que ses quarante kilomètres de portiques sont de plus en plus défigurés par des graffitis quelconques. C’est le seul bémol de notre trop courte visite (on pourrait même vivre ici sans problème).
Le vol du retour de mardi vers Manchester me laisse songeur.
Juste avant l’atterrissage, à l’approche d’un city center où Dieu aurait vomi des monticules de briques à la va-vite et s’en serait allé vers d’autres cieux*****, je pense aux bolognais qui, à leur descente d'avion, découvriront la ville de Mark E Smith dans toute sa splendeur. 
* Petit rappel historique tout de même: les Brigades Rouges, qui ont sévi dans les années 1970-80s, sont nés en Emilie-Romagne autour de Bologne, dont la mairie fut communiste pendant des décennies.
  ** Le siège national du mouvement LGBT est à Bologne. Fief de Pasolini, la municipalité et sa région furent raillées par le Pape Jean-Paul 2, qui qualifia l'Emilie-Romagne comme étant la province la plus dégénérée d'Italie.  
  *** Grassa, rossa, dotta (Grasse, rouge, lettrée) sont les trois surnoms de Bologne.
  **** Serie B: Deuxième division italienne.
***** L’arrogance mancunienne et son slogan ‘And on the 6th day, God created MANchester’ estampillé sur divers produits commercialisés à des fins touristiques impose une rectification de tir.
Liverpool, visuellement, c’est autre chose (à venir dans un prochain papier).
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des-villes · 9 years
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BELFAST mai 2013
On pourrait presque se croire à Austin, Texas. Le City Hall fait penser au Capitol, les rues adjacentes accueillent des bars et des restaurants branchés dans d'anciens hangars désaffectés, le soleil donne et les gens sont en t-shirt. L’ambiance est laid back au possible. Il est 19h, vendredi 24 mai 2013, veille de week-end prolongé.
A première vue, Belfast laisse plutôt une impression favorable. Mais une ville se définie aussi par ses banlieues.
Pour rejoindre l’hôtel, on traverse des zones d’habitation où se dressent tour à tour drapeaux irlandais et Union Jacks. Pas besoin d’explication: on comprend qu’ici vivent les catholiques, là les protestants. Et très clairement, ils le font savoir.
La tension est palpable, même si les Troubles ne sont plus d’actualité depuis 1998*.
Ged, un ami anglais de descendance irlandaise, n’en revient pas. Il a eu la riche idée d’opter pour le Hilton de Templepatrick, en pleine cambrousse et près d’un golf course. C’est une chambre à deux lits simples. Un choix pas innocent dans une contrée où 80% des crimes homophobes ne sont pas reportés. Il vaut mieux passer pour deux collègues de travail, golfeurs émérites à leurs heures, venus parfaire leur swing le temps d'un w-e. On ne plaisante pas avec la religion.
L’accueil se révèle chaleureux. Le lendemain, direction l’Antrim Coast, où les paysages évoquent à la fois l’Ecosse, l’Irlande et le Finistère. Les vistas sont magnifiques. On fait une halte à Ballycastle, charmante bourgade touristique située sur la côte nord. En face, on aperçoit Mull of Kintyre, sacralisée par Paul Mac Cartney dans les seventies (époque Wings).
Le clou du spectacle est Giant Causeway, site naturel classé à l’Unesco. C’est effectivement très beau, mais nous ne sommes pas seuls. En terme de fréquentation, la Pointe du Raz peut aller se rhabiller illico. Les touristes viennent d’un peu partout. L’Eurovision pourrait se dérouler ici sans problème. Il y a aussi beaucoup d’américains, à la recherche de leurs origines probablement. Dommage que Giant Causeway soit vouée à la Disneyification, mais c’est sans doute inévitable.
Sur le chemin du retour, on passe par Ballyclare, à dominante protestante, avant d’atteindre les faubourgs de Belfast via Antrim road. Tous deux nés catholiques, Ged et moi sommes dans nos petits souliers. Çà et là des Union Jack en veux-tu en voilà, jusqu’à ce qu’on se trouve momentanément rassuré en apercevant des drapeaux irlandais. Après avoir circulé dans le quartier, on tombe soudainement sur çà: un bout de trottoir peint bleu-rouge-blanc, un Union Jack et un drapeau Israëlien côte à côte. On vient de passer de l’autre côté en quelques mètres. Le défilé annuel de la marche orangiste doit valoir le coup d’oeil ici.
On rejoint le Lamon Hotel, en banlieue sud. Après une nuit très confortable -l'hôtel fut classé meilleur d'Ulster en 2010-2011-, Ged m’apprend qu’en 1978, l’IRA a planté une bombe dans la partie restaurant du bâtiment. Bilan: 12 morts, 30 bléssés.
Si les violences d’antan sont révolues, une méfiance sous-jacente semble subsister. Le rapport de force entre protestants et catholiques est toujours présent en 2013. Un effet cocotte-minute, qui peut être déclenché à tout moment. En décembre dernier, la mairie décide de ne pas faire flotter le drapeau du Royaune-Uni en permanence sur le frotton de la mairie. S’en sont suivies des manifestations musclées dans les quartiers unionistes/loyalistes (protestants) de la ville.   
De part et d’autre du centre-ville et de l’université, lieux les plus sûrs et les plus élégants**, Belfast est cernée. A l’ouest, Falls Road et Shankill Road sont les endroits les plus symboliques des Troubles. Séparées par un Peace wall encore indispensable de nos jours***, ces rues en ont vu de toutes les couleurs. On commet la folie de s'y aventurer (en auto quand même). Le paysage est déprimant, même sous le soleil. On franchit un ancien check point, ouvert en journée seulement. Une voiture de police  patrouille le quartier. Le vert, le blanc et l'orange font place au bleu et au rouge, murals et drapeaux Union Jack / UVF**** bien en vue. On quitte Belfast en passant devant Milltown Cemetery, où de nombreux membres de l'IRA sont enterrés. Il y a vingt cinq ans, un unioniste y a lancé une grenade et tiré des coups de feu lors d'un enterrement.   
Notre prochaine étape est (London)Derry, le fief des Undertones. Curieuse cité, étrangement schizophrène. Au milieu, un centre-ville assez mignon qui pourrait prétendre à l'accolade de ‘cité d'art et d'histoire’. Autour, quartiers protestants et catholiques se succèdent, bien visibles (comme à Belfast, drapeaux et muraux le rappellent) depuis les remparts. Ici s’est déroulé, le temps d’une après-midi de 1972, l’effroyable ‘Bloody Sunday’, immortalisé par U2. Oserai-je encore, si l’occasion venait à se présenter à nouveau, danser innocemment sur ce tube interplanètaire, comme ce fut le cas circa 1998 au Délicatessen de Rennes?
L’Irlande jouxte (London)Derry. Il serait dommage de s’en priver. On traverse le majestueux County Donegal (ses montagnes, sa mer) avant de s’arrêter à Sligo, comté dont est originaire l'écrivain Yeats ainsi qu'une partie de la famille de Ged. Ce qui nous mène à Tobercurry. On cherche en vain la maison d'enfance de son père. Sur le chemin, on a pris un fermier septuagénaire un peu éméché en stop. 'I'm new in the village.'Only been around here since the seventies' nous précise t-il sans rire. Il ressemble à s'y méprendre à un personnage de la série Father Ted.    
Le retour vers Belfast pour prendre le ferry est tranquille,  jusqu’à ce qu’on entende parler à la radio d’un attentat à la grenade déjoué de justesse par la police dans la capitale nord-irlandaise.
Aux abords du port, un graffiti Free Marian Price***** et un mural loyaliste 'Prepared for Peace Ready for War' nous saluent.
Cette ville, à défaut d’être fréquentable, est décidément bien fascinante. 
* Insatisfait par le Good Friday Agreement signé en 1998, la Real IRA, faction créée pour protester contre cette armistice et faire perdurer les actions de la catholique IRA, sera responsable, au mois d’août de la même année, de l’attentat d’Omagh (29 morts).
La plus meurtrière des Troubles, la bombe sera la dernière d’une telle envergure en Irlande du Nord.
** Phénomène relativement récent; l’Europa Hotel, au coeur de Belfast, détenait la palme de l’hôtel le plus bombardé d’Europe dans les années '70-'80.
  *** L’Irlande du Nord compte 16 'murs de la paix' supplémentaires depuis le Good Friday Agreement de 1998. 
  **** Ulster Volunteer Force (organisation protestante).
  ***** Ancienne activiste-extrémiste de l'IRA en attente de libération.
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des-villes · 9 years
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BREST octobre 2012
‘Definitely, this is the wrong place to be…’ La seule fois où j’y ai mis les pieds remonte à 1996. Il pleuvait et, comme par coincidence, la chanson Cyanide Breath Mint de Beck retentissait dans les haut-parleurs de la Laguna familiale (un choix musical des enfants mais le paternel n’avait pas rechigné). On s’était baladé Rue de Siam, puis vers le Château, et c’est à peu près tout. On avait ensuite repris la route, franchi le Pont de Recouvrance pour rejoindre Le Conquet et La Pointe St Mathieu.
Au retour de vacances, direction Paris, on avait du arrêter la voiture à Landivisiau. Une petite vieille gisait sur le bord de la route, la tête ensanglantée. Elle était tombée des escaliers qui menaient à sa porte au moment de l’ouvrir. On avait cherché de l’aide mais cà n’avait rien donné. Les voisins, regardant par la fenêtre pour voir ce qu’il s’était passé, avaient vite refermé les rideaux sitôt avoir croisé nos regards. Je ne sais plus comment tout cela s’était terminé, mais mon expérience du Finistère-Nord en était resté là.
Un concours de circonstances m’y a reconduit il y a peu pour des vacances studieuses: entretiens pour d’éventuels emplois et formations en alternance sur place (en vue d’une réorientation professionnelle), conditions nécessaires pour éviter l’accumulation de dead end jobs outre-manche. A la recherche d’une taverne recommandable le jour de mon arrivée dans la Cité du Ponant, j’ai traîné mes guêtres de l’autre côté de la Penfeld sur les coups de 21 heures. Peine perdue.
‘Merde, c’est pas de chance, on n’a plus rien à boire/ Moi je pensais qu’à Recouvrance, cà fermait un peu plus tard’
... clamait, jadis, un chansonnier local. A juste titre. Le quartier mériterait d’être plus animé, comme c’était apparemment le cas avant la guerre. Un spectacle de Bartabas a récemment eu lieu cela dit, et le Plateau des Capucins va être transformé d’ici 2015: un téléphérique enjambant la rivière permettra de rejoindre le bas de la Rue de Siam depuis le plateau, où un complexe culturel verra le jour.  Ne riez pas, c’est tout à fait sérieux*. Il faut retourner à Recouvrance en journée et sous le soleil, comme ce fut le cas en ce dimanche de mi-octobre, pour s’apercevoir du potentiel de ce lacis de rues anciennes qui grimpent, qui grimpent, qui grimpent. A Brest, et cela ne vaut pas que pour la Rive Droite, la topographie du lieu fait que les points de vue sont innombrables. Sur le centre-ville depuis Pontaniou, sur l’océan et le phare de Ste Anne du Portzic depuis la rue Jean Jaurès, sur la rade et l’arsenal depuis le Jardin des Explorateurs, sur le Port depuis le Chemin et la Rampe du Merle Blanc.... Avec un peu d’imagination, on pourrait se croire dans un San Francisco finistérien.
On pense aussi parfois à Bristol: ici et là, on a repeint certaines facades. Ca a de la gueule. On peut imaginer le résultat final, quand le gris des bâtiments sera partout remplacé par les couleurs de l’arc-en-ciel. Brest deviendra t-elle un jour bobo? Rien n’est moins sûr. Les enclaves de St Martin et St Michel – où l’on trouve, signe d’ouverture d’esprit, les deux clubs libertins de la ville- semblent les mieux à même d’accueillir des endroits branchés. C’est déjà le cas et cà pourrait aller crescendo, même si un certain nombre de vitrines commercantes restent vides. N’oublions pas non plus de mentionner les quartiers-villages que sont St Marc, St Pierre et Lambé(‘Mets la ouache Fanch!’)zéllec, où l’ambiance est plus axée ‘famille’.
Voilà qui donne un coup de fouet à l’image qu’a, à priori, tout outsider de passage à Brest. S’il est entendu que la Place de la Liberté, l’Hôpital Morvan et l’Eglise Saint Louis ne sont pas des joyaux architecturaux, il faut reconnaître à la sous-préfecture du Finistère une atmosphère unique, qui, pour tout vous dire, m’a rappelé Aberdeen (Ecosse), autre port du bout du monde, dans lequel j’ai vécu de 1978 à 1981, puis de 1985 à 1989. Il se dit  que les premières années d’une vie sont les plus déterminantes. Grandir au bord de la mer est une expérience vivifiante autant qu’elle est formatrice (tentation du grand large, curiosité, etc). Cà ne vous quitte jamais vraiment. Voilà peut-être pourquoi je me suis senti comme un poisson dans l’eau à Brest , qui a une âme, c’est certain. Beaucoup plus que Le Havre, elle aussi ravagée par les bombes, mais injustement classée au Patrimoine de l’Unesco en 2005. Il y a de la vie ici, de l’Irlande, du celte pur jus. On est après tout en Bretagne profon…
_’Hep hep hep! C’est pas la Bretagne, Brest! Enfin, pas au sens où Mamie Loussouarn l’entend en tout cas (aka Bretagne bretonnante)’.
Directement dépendante de l’Etat Francais –la Marine Nationale y emploie 15000 personnes-, la ville n’est effectivement pas bretonne au sens où Quimper peut l’être, parfois jusqu’à énerver (les bigoudennes, le son du bignou, etc…)**. A l’image de Liverpool, dont on a coutume de dire qu’elle est ‘In England, but not of it’, Brest est sur le territoire Breton, mais n’en fait pas vraiment partie. Comme sa consoeur du Merseyside,  elle est la capitale d’elle-même, d’où sa forte personnalité. Même engouement pour la boisson, même passion pour le ballon rond. Il semble aussi y avoir une franchise dans les rapports humains, une sympathie directe, sans chichi, mais on n’est pas non plus chez les Ch’tis. Laury Thilleman, Miss France 2011 et nouvelle ambassadrice de charme de la ville, est là pour le démontrer.
La lucidité des résidents tranche néanmoins avec la norme, à l’image d’Olivier de Kersauzon***. Son name dropping nous entraîne de fil en aiguille à évoquer les ‘tronches’ que l’on peut croiser rue Yves Collet, rue de la Porte ou ailleurs. A commencer par celle du maire, impayable et oh combien sympatique. Francois Cuillandre**** a inauguré le tramway en juin dernier. Les marins, en cirée jaune, parkas multicolores ou autres, sont à la maison dans la cité du Ponant. La moindre des choses quand on a pour banlieue une rade aussi magnifique, qui, depuis le Cours Dajot, fait oublier les tours et la reconstruction hasardeuse du centre-ville facon Berlin-Est après la guerre. Ca et là pourtant, des squares, une poignée d’immeubles art-déco et des facades ravalées.  C’est notamment visible rue de Lyon, artère à l’allure certaine et aux boutiques assez chics; s’y trouve le restaurant étoilé Michelin Ar Men*****.
Près de la gare, Le Vauban vient d’être restauré: on a fêté ses 50 ans. Presque l’âge de qui vous savez, qui était bien sûr la tête d’affiche d’ un concert-évènement (veritable icône brestoise, un portrait-fresque lui est consacré sur le pan de mur d’un immeuble de la place Guérin). Yann Tiersen, autre local, était aussi de la fête.
Pour une ville de cette taille, l’offre culturelle est tout bonnement impressionnante: le Vauban donc, le Quartz, la Carène pour la musique (Dominique A et Suzanne Vega étaient de passage fin octobre; Dionysos et Daniel Darc suivront). Le Stella, le Mac Orlan pour le théâtre et la danse; le Fourneau, centre des arts de la rue. Il y a aussi une librairie sensationnelle (Dialogues), son pendant musical, qui rappelle, en plus classieux, un Rennes Musique aujourd’hui défunt, un réseau de librairies indépendantes et specialiées de très bonne facture******, un cinema d’Art et d’essai –Les Studios-, la Cinémathèque de Bretagne, un centre d’Art contemporain de qualité (la Passerelle). Côté festivals, Astropolis (musique electro), Film Court, Atlantique Jazz, les Jeudis du Port et les Tonnerres de Brest donnent le ton.
Pas sûr de trouver l’équivalent à St Etienne, au Mans, à Limoges ou à Besancon, qui devancent pourtant Brest dans le récent Hors-Série ‘Changer de ville – les 50 villes où il fait bon vivre’ de l’Express. Est-ce un hasard si Brest a été élu il y a quelques années lieu le plus 'Intello' de France avec 7,7 livres en moyenne empruntés par habitant chaque année dans ses bibliothèques municipales? Il serait intéressant de consulter les statistiques des bibliophiles pour la ville de Marseille, à qui on a malencontreusement attribué le titre de Capitale Européenne de la Culture pour 2013 –(m’est avis qu’il y aura des morts). Preuve enfin que les autochtones ont bon goût: le concert de la chanteuse ‘comique’ Anais à la Carène a été annulé, faute de places suffisantes reservées. 
Encore une entorse aux clichés: il n’a quasiment pas plu pendant mon séjour (dix jours): trois ou quatre fois brièvement et assez conséquemment au moment de partir, mais c’est tout.
Et puis de toute facon, comme le disait L’Amiral, ‘Quand il pleut (ici), il n’y a que les cons qui sont mouillés.’ J’y reviendrai un jour ou l’autre c’est certain.
Je ne voudrai pas me spécialiser dans l’écriture de chroniques sur les gueules cassées, ces villes bombardées pendant la guerre, un peu mal foutues mais extrèmement attachantes, quoique, il y a peut-être là un filon à creuser.
Au risque de faire écho au blog consacré à ‘Brum’ en août dernier, je vous aurai prévenu: à l’horizon 2018, quand l'hypothétique seconde ligne de tramway Lambézéllec-Le Relecq-Kerhuon ouvrira, quand le téléphérique reliant les rives de la Penfeld sera bien rodé et que le Plateau des Capucins sera un hub culturel de premier plan, quand les magasins du ‘haut Jaurès’ (circa la Place de Strasbourg) et d’ailleurs n’auront plus aucun mal à trouver preneurs, quand le TGV ne mettra plus que 3 heures pour relier la capitale, et quand enfin le pastel aura été choisi pour égayer tous les murs des maisons, alors Brest aura enfin tenu sa revanche et deviendra le nouvel Eldorado francais. Justice sera faite. On peut d’ici là lire l’article de Libération daté du 18 octobre (le broadsheet d’outre-manche Daily Telegraph s’est aussi fendu d’un excellent papier sur les Tonnerres cet été.), prendre acte de la journée spéciale ‘Brest’ du 15 novembre dernier sur France Inter ou regarder Midi en France la semaine prochaine. Il pourra même être envisagé de voir le carton cinématographique de la rentrée, tourné en périphérie, à Molène: Les Seigneurs.
  * http://www.septjoursabrest.fr/2011/12/22/video-embarquez-dans-le-futur-telepherique-de-penfeld/
  ** Malgrè cela:
-       La voix du nouveau tramway annonce les stations en francais, en anglais et en Breton.
-       Recouvrance était jadis le quartier des Bretons par opposition à ‘Brest-même’ (rive gauche).
-       On ne m’a pas demandé d’épeler mon patronyme pendant ma villégiature.
-       Enfin, certains noms de lieux ne trompent pas: Rue Jim Sévellec, Avenue Salaun Penquer, Rues Félix Le Dantec, du Bouguen et Keravel, quartiers Kerinou et Kervichen, Place Sanquer, Lycée Jean-Marie Jaouen, Gymnase Denez Prigent, etc.
  *** Son Tour du Monde au Moulin Blanc est une adresse de premier choix.
De l’autre côté de la Penfeld, on trouve d’autres plages, comme celle de Sainte Anne du Portzic, tout à fait charmante, ou le Port de Maison Blanche, où j’ai surpris cette conversation entre trois sexagénaires  au fort accent brestois:
_ ‘Plus cà va, plus on s’laisse aller. Faudrait que j’fasse de l’exercice, m’inscrire à un club de marche, tiens, pourquoi pas. Paraît qu’y a d’la gonzesse là-bas’.
_ ‘Pas bête cà… Francis ‘causeur’, de Plouzané, c’est c’qu’il fait et cà lui réussit’.
  **** http://fr.wikipedia.org/wiki/François_Cuillandre
  ***** le M, près du Bd Montaigne, a lui aussi été récompensé: 2 étoilés pour une agglomération de 250000 habitants, c’est mieux que Manchester et Liverpool réunies (0 pour 3,5 millions d’habitants): la messe est dite. Mentionnons également la présence d’un restaurant Fuxia sur le port de commerce.
  ****** Mention spéciale pour La Petite Librairie, située près des Halles St Martin.
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des-villes · 9 years
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Sa femme ne supportait plus. En 2004, Christophe Dugarry annonce qu’il quitte Birmingham City après deux saisons passées chez les Blues. Raisons invoquées: blessures (la Premier League serait-elle trop physique pour ‘Duga’?), fin de carrière approchant et, last but not least,  problèmes d’adaptation à la vie anglaise. En principale ligne de mire: la ville de Birmingham elle-même.
‘Brum’ –surnom donnée à la deuxième ville du Royaume-Uni, a peu en commun avec Bordeaux, dont est originaire le couple. Votée ‘most boring and least romantic European city’ dans un sondage paru l’an dernier, Birmingham a un sérieux déficit d’image. L'accent des autochtones n'arrange rien à l'affaire.
‘What the fuck?’ est une interrogation légitime qui vient à l’esprit du touriste lorsqu’il sort de la gare. Difficile à priori de s’enthousiasmer pour cet environnement nauséabond, pur produit des années ’60. Le city-center est pour le moins déconcertant, grand n’importe quoi urbain entre-coupé de voies express transversales, reliant des quartiers sans homogénéité aucune. La deuxième guerre mondiale est évidemment passée par là, mais le gros des dégâts et les destructions/reconstructions hâtives ont eu lieu entre 1950 et 1980 (admirez à cet effet l'actuelle bibliothèque municipale si vous en avez un jour l’occasion).
Au fil des déambulations pourtant, les gloires locales (Black Sabbath, E.L.O, Mike Skinner, Duran Duran, le banlieusard Nick Drake) nous reviennent en mémoire, et on s’habitue à ce paysage expérimental, faisant fi de toute reserve. Il faut dire qu’on était prévenu (‘Tu verras, c’est pas Venise’*). Et puis, tirer sur une ambulance est une activité peu reluisante; on appelle cà le ‘bullying’ outre-manche. Petit à petit, on se prend d’affection pour ‘Brum’. Il y a même cà et là quelques joyaux architecturaux : New Street, Chamberlain Square, Brindley Place, Cathedral Square et Colmore Row. Il y a surtout un potentiel énorme, illustré par de nouvelles realisations très réussies, comme le bâtiment Selfridges et la nouvelle bibliothèque, en cours de finition. Esthétiquement, le pire a déjà été construit: des chefs d'oeuvre modernes de ce type sont donc encouragé à voir le jour.  
Enfin, il y a ici, comme à Sheffield, autre ville-sous-estimée-faisant-un sérieux-complexe-d’infériorité-et-pour-cause-vous-avez-vu-son-faciès, une série de trésors cachés:
- Bournville au sud avec sa chocolaterie Cadbury’s et son model village manucuré où les rues sont parfaitement ordonnées. Un match de cricket amateur a lieu, deux mères de famille discutent sur le pas de porte d'une maison à colombages. On pourrait se croire dans une scène de Desperate Housewives, version britannique. Ce cadre trop idyllique cache sûrement quelque chose.
- The Electric, plus vieux cinéma indépendant du pays. Facade et décoration art-déco, programmation tip top. Conseil pour l'oeil nu: faire abstraction des canyons de béton environnants. 
- The Custard Factory, situé un peu à l'écart du centre, parmi les friches industrielles. Mods, artistes et curieux se retrouvent dans cette ancienne usine reconvertie. Tout près, Gibb Street accueille boutiques et restos branchés dans une ambiance à la Brick Lane. 
Il n’y a pas encore de Wallpaper Guide consacré à la capitale des West Midlands mais je suis prêt à prendre les paris : bientôt, vous verrez, passer des vacances à Birmingham sera une activité estivale très recherchée. Exit Berlin, Londres et Barcelone. Tenez, j’ai d’ailleurs déjà reservé ma chambre au Hilton pour une semaine en juillet 2014.
*Il y a, ironiquement, plus de canaux à Birmingham.
BIRMINGHAM juillet 2012
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