Tumgik
Text
Tumblr media
Janvier 2023 - Semaine 2 - Mot 2
"Gris"
Je cherche à nommer comment je me sens, en ce début d'année. On dirait que ça fait des semaines que je roule sur une tonalité qui semble être la même que la météo: un genre de gris. Gris pâle, même. Celui du ciel, en ce moment. Ce n'est pas que rien ne me touche, ne me fasse sourire, ne me mette en mouvement, c'est juste que la fenêtre de mes ressentis s'est rétrécie, on dirait. Il y a peu de place pour autre chose que l'enchaînement, les répétitions, faire ce qui doit l'être comme ça doit l'être. Je ne vais pas mal. J'ai l'humeur stationnaire, en fait. Figée. Égale. Je sais qu'il y a là quelque chose de précieux. La monochromie des jours, surtout si ce sont des couleurs tièdes, des couleurs loin de celles qui éclatent et font tressauter l'iris, est garante d'un certain calme qu'un matin rouge ou écarlate ne peut assurer. Un calme plat qui, trop souvent, fait peur, tellement il ressemble à ce qui s'est terminé, à ce qui ne peut plus s'emporter, s'élever. Pourtant. Les temps morts sont à chérir. Le calme plat nous préserve, nous laisse le temps de se préparer pour tout ce qui sera autre chose qu'un matin gris.
***
À regarder: Le documentaire Péter la balloune du journaliste Hugo Meunier dans lequel il "...s’interroge sur sa propre consommation d’alcool et des conséquences potentielles sur sa santé, ce qui l’amène à soulever des questions sur le modèle économique et social de la gestion de l’alcool au Québec". [ https://ici.radio-canada.ca/tele/blogue/1940930/alcool-quebec-hugo-meunier ]
2 notes · View notes
Text
Janvier 2023 - Semaine 1 - Mot 1
Quand j’étais p’tite, on me surnommait “le dictionnaire”. Ça se voulait pas tant un compliment, mais avec le recul, je vais me dire que ç’en était un. J’ai - d’aussi loin que je me souvienne - adoré ces ouvrages: la finesse du papier, leur odeur, tout ce qu’il contienne. J’ai déjà mémorisé les dix premières pages de la lettre “A”, par plaisir. Pour moi, posséder plus de mots, ça toujours été une manière de me sécuriser, de me dire que je pouvais mieux saisir ce qui m’entoure parce que je pouvais le nommer et le faire avec les nuances appropriées. 
                                                           ***
Alors, cette année, j’ai le goût de revenir à une plateforme qui m’a vue un peu naître, il y aura 10 ans, en août, avec Les p’tits pis moé. Revenir au blogue comme un espace de jeux. À chaque semaine, choisir un mot et le circonscrire. Faire un dictionnaire de l’ordinaire, thème que j’affectionne particulièrement. Une sorte d’exercice, un clin d’oeil aussi à un film que mes désormais grands et moi aimons regarder souvent, Julie & Julia, dans lequel la protagoniste se met au défi de faire une recette de Julia Child par jour et raconte le tout sur son blogue, pratique naissante à l’époque. 
                                                       ***
“Saveur”
Cela fait bientôt six semaines que je suis privée de ma capacité à goûter, à sentir parce que Covid. On peut facilement concevoir que tousser, avoir mal à la gorge, mal à la tête, c’est désagréable. On ne sait pas ce que ça fait que de perdre deux sens avant que ça se produise, on ne peut pas présumer ce que ça enlève et charcute au jour le jour comme repères. À quel point ça rend le fait de manger absurde alors que c’est sans doute l’un des gestes les plus vital qui soit. 
J’imagine que c’est pour cela que je vais commencer l’année en parlant de la saveur des choses. Celle qui donnent du relief, un sens à ce qu’on dit et fait et pense. Ce n’est pas pour rien, je crois, qu’on dit “avoir le goût de”: la saveur donne à la fois une tonalité à nos états et à nos actions et a à voir avec nos impulsions, notre capacité à se mettre en mouvement. Perdre la capacité de percevoir ce que goûte l’existence, c’est aussi perdre des raisons de s’y engager ou devoir se raccrocher à d’autres, voire en inventer d’autres. 
Je te souhaite donc un 2023 savoureux, qu’il goûte bon, littéralement. Et qu’il goûte multiple. Qu’il te donne l’envie d’y coller ta langue. 
                                                       ***
Ce que j’écoute en boucle et chante très fort dans ma voiture: “Beach Bodé” de Bermuda [ https://www.youtube.com/watch?v=VGld83zVQEM ]
Citation qui m’a émue: “Je ne suis pas sûre de croire au bonheur comme à un état habitable à long terme.”, Dominique Fortier, Quand viendra l’aube, Alto, p. 62 - (c’est un livre à lire en petits moments, il fait réfléchir sur l’écriture, la mort, la dentelle des jours; les mots n’y disent pas tout, il y a beaucoup de retenue et donc d’espace pour que la lectrice/le lecteur respire avec le texte)
4 notes · View notes