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condition
“Comment oserais-je me regarder si je ne portais pas soit un masque, soit des lunettes déformantes.
Ma vie est plate, plate, plate. Mes yeux seuls y voient des cataclysmes. Au fond je ne redoute vraiment que deux choses : la mort et la souffrance physique. Des maux de dent m’ont empêché de dormir, je ne pourrais guère en dire autant de mes souffrances morales.
Après cette découverte, je devrais bien me suicider, mais c’est la dernière chose que je ferai.”
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Moby Dick
11/12/14 Et je n’avais pas été non plus sans remarquer que Quiequeg ne frayait pour ainsi dire jamais avec les autres hommes de mer dans l’auberge. Il ne faisait en tout cas point d’avances et ne semblait aucunement désireux d’élargir, si l’on peut dire, le cercle de ses relations. Cela m’avait frappé comme une chose éminemment singulière ; mais à y réfléchir, cela touchait presque au sublime par un côté.
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9/12/14
« Dans la cabine, sur son axe vissé dans la paroi, oscille une lampe à bascule. Le navire donne de la bande sous le poids du dernier fret accumulé sur le pont du côté du quai, et la lampe avec sa flamme, en dépit du léger mouvement d’oscillation, se maintient toujours oblique par rapport au reste de la cabine ; tout infailliblement verticale qu’elle soit en vérité, elle ne fait que jeter le désordre et le doute dans la cabine en accusant la fausseté de toutes les lignes horizontales et verticales. Cette lampe est pour Jonas un nouveau sujet d’alarme et d’inquiétude alors qu’il est là, couché sur son cadre, avec ses regards errants et anxieux qui cherchent partout dans la pièce quelque chose sur quoi se reposer afin de le rassurer lui, l’homme qui a si bien réussi dans sa fuite. Oui, cette lampe horripilante dans sa contradiction l’épouvante de plus en plus. Tout est de guingois : plancher, plafond, parois ; la lampe seule est droite. "C’est ainsi, gémit-il, que ma conscience se tient suspendue en moi, avec sa flamme bien droite ; mais les compartiments de mon âme sont tout de travers ! "
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Continuer
Continuer
Tentant, de prime abord, de rapprocher un personnage comme celui qui se livre dans Les Carnets du sous-sol de Dostoïevski d’un personnage comme ceux que Samuel Beckett a pu créer. Deux types de créatures finalement dans la même situation, paradoxale : continuer, alors qu’ils sont manifestement dans l’impossibilité de le faire. Deux types d’anormalités coincées dans une impasse mais loin d’en avoir fini avec leurs monologues, plus nourris et interminables au fur et à mesure qu’ils les épuisent. Deux espèces radicalement opposées pourtant, dans le rapport à la langue qu’ils entretiennent, foisonnant et presque logghoréique pour le russe ; épuisant, épurant, raclant jusqu’à l’os, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il ne reste que le signifiant de la langue même, pour le second. Pour l’un, déverser dans un flot trop longtemps contenu le ressentiment qui le hante et le ronge ; pour l’autre, dire toujours moins, dans une tentative de dire « quand même » et en une modulation qui aspire tous les sucs de l’intérieur de l’organisme ne laissant que la gangue d’une langue exsangue.
MdS.
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Intérêt(s)
« Leur volonté particulière, libre, affranchie de contraintes, leur caprice individuel, fût-il le plus farouche, leur fantaisie, exacerbée parfois jusqu’à la folie même - c’est bien cela, cet intérêt omis, ce plus profitable de tous les profits, qui n’entre dans aucune classification et qui envoie perpétuellement au diable tous les systèmes et toutes les théories. »
Les Carnets du sous-sol, Dostoïevski.
Source
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L'Étranger (et l'influence du roman américain)
Dans un entretien donné aux Nouvelles Littéraires le 15 novembre 1945 à propos de l'influence de la technique romanesque américaine sur son roman, A. Camus déclare : “ La technique romanesque américaine me paraît aboutir à une impasse. Je l'ai utilisée dans l'Étranger, c'est vrai. Mais c'est qu'elle convenait à mon propos qui était de décrire un homme sans conscience apparente. En généralisant ce procédé, on aboutit à un univers d'automates et d'instincts. Ce serait un appauvrissement considérable. C'est pourquoi tout en rendant au roman américain ce qui lui revient, je donnerais cent Hemingway pour un Stendhal ou un Benjamin Constant. Et je regrette l'influence de cette littérature sur beaucoup de jeunes auteurs."
Source : Albert Camus, Théâtre, récits, nouvelles, Pléiade, p.1918.

#Camus#L'étranger#Roman américain#Stendhal#Benjamin Constant#Personnage#Meursault#Écriture#Hemingway
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Les Mémoires d'Hadrien
Quelques citations ou idées extraites de ce documentaire de l'INA qui jettent une autre lumière sur cet ouvrage :
" Je devrais reconnaître qu’il y a des périodes de sa vie dont je ne sais absolument rien et rien ne me prouve que ce ne sont pas les plus importantes. ”
" La démarche de l'historien et du romancier peuvent se confondre. ”
Le romancier qui recrée les lieux de son enfance fait oeuvre d'historien.
Le romancier a-t-il un liberté totale et tous les droits ? Réponse de Yourcenar : " On n'a jamais tous les droits. "
" Recréer la substance vivante. "
" Il y a toujours quelque chose de subversif dans l'intelligence, dans cette volonté de lucidité, de voir les choses telles qu'elles sont, dans un monde où les gens n'aiment pas voir les choses telles qu'elles sont. ”
Source : À propos des Mémoires d'Hadrien (Extrait)
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Allégorie
" Les allégories sont les lieux où Baudelaire expiait sa pulsion de destruction. Ainsi peut-être s'éclaire la correspondance singulière entre tant de poèmes en prose et les poèmes des Fleurs du Mal. "
W. Benjamin, Charles Baudelaire. Un poète lyrique à l'apogée du capitalisme, trad. J. Lacoste, Petite Bibliothèque Payot, 1982, p.226.
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Mal seyant
« Toute ma vie j'avais été seul, j'avais appelé de mes voeux cette solitude. C'est que j'ai compris très tôt qu'il y avait dans la société de mes semblables un je-ne-sais-quoi qui ne me convenait pas : malgré mes efforts, ce vêtement ne s'ajustait pas sur mes épaules. J'avais espéré pourtant moi aussi trouver quelque valorisation, quelque raison d'être dans le travail, les études, l'enrichissement, cette course frénétique que la vie en collectivité réclame de chacun. L'enfance, l'adolescence avaient passé, puis était venu le temps de l'âge adulte. Je ne voyais toujours pas en quoi tant d'agitation était nécessaire. J’ai cru pendant longtemps qu’en cela reposait le vrai sens de la solitude: non pas dans l’isolement, la distance d’un corps par rapport à un autre, mais plutôt dans ce contraste profond entre soi et le reste des hommes. »
La Fabrication de l'aube, Jean-François Beauchemin, Actes Sud.
( Glané chez Frédérique Deghelt )
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