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Frantz FANON archives
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frantzfanonarchives · 2 months ago
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Frantz Fanon, psychiatre en Algérie
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Jean-Claude Barny consacre un biopic au médecin et penseur du colonialisme impliqué dans la lutte pour l'indépendance de l'Algérie.
En 1953, un jeune psychiatre martiniquais de 28 ans, Frantz Fanon, est nommé médecin-chef d'une division de l'hôpital psychiatrique de Blida, en Algérie. En milieu hostile, il fait face aux méthodes et aux thèses racistes de l'École algérienne de psychiatrie, fondée en 1933 par Antoine Porot, alors sommité reconnue dans une France coloniale sans complexe. On ose à peine citer un extrait de ses Notes de psychiatrie musulmane : « L'indigène nord-africain musulman, dont le cortex cérébral est peu évolué, est un être primitif dont la vie essentiellement végétative et instinctive est surtout réglée par le diencéphale. Hâbleur, menteur, voleur et fainéant, il se définit comme un débile hystérique, sujet, de surcroît, à des impulsions homicides imprévisibles. »
Fanon réforme : il ouvre les cellules, détache les corps, permet rencontres, marches et exercices physiques, constitue des groupes de parole et des ateliers de jeu au grand air, se met à l'écoute des patients. Ces changements passent mal, mais valent au jeune médecin l'adhésion du personnel et de collègues de sa génération. A partir de ses observations, Fanon établit le constat d'une « dépersonnalisation » qui fait du colonisé un être « infantilisé et aliéné », propre à être pris en charge par l'autorité. Il propose un schéma de désaliénation et de décolonisation du milieu et de la mentalité psychiques. Cette pensée irrigue L'Expérience vécue du Noir, essai publié dans Esprit en 1951, Peau noire, masques blancs (1952) et Les Damnés de la Terre (1961).
Aliénation coloniale
Le film de Jean-Claude Barny n'hésite pas devant l'éloge, mais son intérêt réside dans les diverses « contextualisations » du travail de Fanon, qui lui donnent sa trame et son sens, essentiellement historiques. Sur le terrain médical de l'asile de Blida tout d'abord, ce qui permet de matérialiser une méthode au service d'une psychiatrie ouverte qui tente de comprendre l'aliénation comme produit de l'histoire coloniale. Ensuite, le film campe un paysage biographique et intime : l'homme Fanon, son élégance, son courage, sa jeunesse, mais aussi sa raison froide, son orgueil blessé par les humiliations coloniales. Sans oublier ses liens complexes et complices avec sa femme, Marie-Josèphe Dublé, « Josie », femme blanche de gauche qui le ménage, le pousse et le soutient, non sans percer à jour ses contradictions. Puis le film se déplace logiquement vers le terrain militaire : la guerre d'Algérie est omniprésente, et Fanon s'engage auprès de la résistance nationaliste et noue des contacts avec la direction politique du FLN, en la personne d'Abane Ramdane, qu'il accueille et protège à Blida.
Un autre rapport de force s'établit alors quand l'armée française tente d'infiltrer l'hôpital. Fanon se trouve pris en tenaille entre son devoir de médecin, sa formation humaniste et ses engagements anticoloniaux. Doit-il soigner les militaires français traumatisés par le fait de torturer ? Faut-il protéger des militants algériens susceptibles de commettre des attentats ? Autant de questions concrètes qui traversent l'action de Fanon et que le film met bien en lumière.
La seule échappatoire est le retournement officiel d'alliance : en novembre 1956, Frantz Fanon remet sa démission à René Lacoste, ministre de l'Algérie du gouvernement Guy Mollet. Il est expulsé. Rompant avec la nationalité française, se définissant comme Algérien, il rejoint le FLN à Tunis, où il collabore à son organe, El Moudjahid, puis devient ambassadeur du gouvernement provisoire. Les dernières images suggèrent l'héritage d'un homme emporté par une leucémie, fin 1961, à 36 ans. Il ne voit ni l'indépendance de l'Algérie, ni le succès phénoménal de son oeuvre et la portée de sa descendance, qui font de lui, désormais, une figure majeure des études internationales post-coloniales.
À VOIR
Par Philippe Bernard, Jean-Claude Barny
Avec Alexandre Bouyer, Déborah François, Stanislas Merhar
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frantzfanonarchives · 2 months ago
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« Fanon », un film français sur la torture
« Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l'accomplir ou la trahir. Moi, comme vous. » Ces premières paroles de Frantz Fanon ouvrant le film ramènent à ce moment politique présent que l'on voudrait tant fuir, elles vivifient la conscience. Chronique du film, suivie d’une interview du réalisateur, Jean-Claude Barny.
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Viviane Candas
Quelques jours plus tôt, sortant d'un colloque sur l'usage de la torture pendant la guerre d'Algérie, j'avais pensé qu'il était trop tard, les témoignages ne rencontreraient plus que la surdité, alors qu'il faudrait les lancer en fusées lumineuses pour relier notre histoire coloniale française à ce qui se passe à Gaza. 
Jean Claude Barny saisit la courte vie du psychiatre martiniquais (joué par Alexandre Bouyer) au moment où il prend son poste à l'hôpital de Blida-Joinville en 1953.  Frantz Fanon, n'a publié que sa thèse refusée "Peau noires et masques blancs" mais sa pensée est déjà toute dressée contre le colonialisme. Ce qui va la forger en génie est le déplacement vers cet autre angle d'attaque qu'offre l'Algérie où éclate la révolution de novembre 1954. Le psychiatre soigne tout le monde, l'armée et les pieds-noirs d'un côté, le peuple algérien et les fellaghas de l'autre - ce qui permet au film d'évacuer d'emblée tout manichéisme - Fanon expérimente des méthodes plus humaines sur les malades, ôte les chaînes qui les entravent, écoute la folie de chacun et remonte à sa genèse. Il se plonge dans l'exploration du trauma colonial : "Faire réaliser au colon que lui aussi est aliéné et qu'on ne peut pas soigner l'un sans l'autre, c'est le défi qui nous attend".
La dialectique établie entre les trois points de vue, celui du colonisé martiniquais comparant ceux du colonisé algérien et du colonisateur français, porte l'arc narratif du film. Le scénario de Barny et Philippe Bernard y articule une dramaturgie entièrement tirée de l'expérience clinique de Fanon, croisant les cas d'un jeune homme qui bégaie la même phrase, d'un sergent (Stanislas Mehrar) qui torture à mort les fellaghas, d'un petit garçon qui venge le massacre des siens en tuant son camarade d'école français. Fanon enregistre les soubresauts de ces êtres tandis que le film permet à chacun d'occuper le centre du cadre, le temps qu'il révèle comment l'Histoire l'a fracturé puis en ressorte devenu sujet de sa propre vie1 .
Politiquement, Frantz Fanon a choisi son camp, il cache les moudjahidines, rencontre l'ALN2 se lie avec Abane Ramdane, l'un des chefs de la révolution algérienne3, mais il continue à oeuvrer à partir des deux bords de la plaie coloniale qu'il ne peut panser sans pensée.
Le cinéma permettant de figurer l'investigation psychique, une scène décolle avec fulgurance du réalisme narratif du film, une scène qui pourrait être fantasmée par Fanon ou le sergent car elle est le lieu d'une rencontre entre eux : Fanon entre dans la salle où le sergent de dos torture sous la ceinture un homme attaché debout. En se retournant vers lui, le sergent découvre un peu le supplicié (que l'on reconnaît). Les regards se tiennent droits, les corps en enfilade comme une perspective historique. Au sergent, Fanon dit calmement :"Ce que vous leur faites-là, ça vous détruit de l'intérieur". Dire cela devant l'homme torturé lui donne raison de sa résistance et en même temps condamne le tortionnaire. Ce que le sergent encaisse comme un coup. Il s'en relèvera. Il sera dégradé pour avoir refusé d'obéir aux ordres, lesquels sont implacables car ils viennent du sommet de l'État français. L'usage de la torture est alors si bien justifié et théorisé qu'il formera ce qu'on appelle L'école française4. Abane Ramdane quant à lui condamne la torture au sein du FLN et de l'ALN, considérant qu'adopter les méthodes de l'ennemi est dégradant.
Dans cette scène de torture on ne voit pas de sang. Il n'apparaîtra que plus tard sous la forme de la leucémie qui frappe Frantz Fanon alors qu'il réside déjà avec sa femme Josie et leur petit garçon à Tunis où il exerce comme psychiatre de l'ALN5 doit cette nouvelle situation à Abane Ramdane.
La leucémie fait couler le sang de la révolution hors du corps du soignant et devient la métaphore de ses déchirements et crimes. Elle apparaît presque synchrone du moment où, rédacteur du journal El Moudjahid, Fanon se voit demander d'écrire un hommage à Abane Ramdane qui vient de se faire étrangler au fil de fer par trois colonels de l'ALN mais doit impérativement dans l'article être déclaré "mort au champ d'honneur". Fanon sait la vérité. Le film ne dit pas s'il a écrit l'article mais pose la question : le mensonge est-il soluble dans l'action révolutionnaire sans la pervertir et dérégler ? Impossible, disait le film dès sa scène d'ouverture, car Fanon enfant avait osé toucher un gros crabe qui d'un coup de pince lui balafra la joue. Toute sa vie il aura osé saisir la folie dévorante de l'Histoire au travers de l'esprit dérangé des hommes. À 36 ans, le crabe est repassé le prendre.
La scène finale fait reculer la caméra depuis un arbre où un groupe d'hommes récite la Fatiha et plus elle s'en éloigne, plus elle serre le coeur. Fanon est enterré en terre algérienne et selon le rite musulman plutôt qu'en sa Martinique natale. À l'Algérie qui inspira son oeuvre, son corps est rendu mais pendant les décennies suivantes et après la publication de "Les damnés de la terre" ses idées se répandent, contribution capitale à la pensée tiers-mondiste qui fait se dresser debout une partie de la planète pour mettre fin à la colonisation.
Le film FANON dévoile l'élan d'intelligence envers l'autre qui est le coeur battant de la leçon fanonienne. L'ennemi est humain qu'il faut avoir compris autant que soi-même pour éprouver la force de lui dire qu'en torturant l'autre, il se dégrade lui-même.
                       Entretien avec Jean Claude Barny :
V. CANDAS : Confrontés à l'armée française (la quatrième du monde) qui l'écrase avec les armes de l'OTAN dont le Napalm, le choix des Algériens est la guérilla. Si Fanon accueille des fellaghas entre les murs de l'hôpital Blida-Joinville, il est impossible de ne pas penser qu'à Gaza toute l'infrastructure hospitalière a été détruite par Israël depuis le 7 octobre 2023, au motif que le Hamas se cachait dessous. Or, les Palestiniens résistent aux armes toujours plus performantes qu'Israël teste sur eux. La sortie de ton film met en lumière cette comparaison, jusqu'à quel point as-tu maîtrisé ce rappel qui aura, on l'espère, un effet explosif contre la chape obscurantiste qui nous assomme ?
JC. BARNY : Il y a des choses que je sais et que je source et je peux en prendre la responsabilité historique et puis il y a d'autres éléments sur lesquels j'invoque les historiens ou ceux qui savent. Souvent, on ne fait pas appel aux bonnes personnes capables d'avoir une légitimité dans leur parole, de répondre véritablement aux questions. Moi, je veux retrouver une vraie force narrative et arrêter avec ces citoyens spécialistes qui parlent au nom des français mais sans mandat. On se retrouve pris en otage avec des informations qui répondent à des esprits dérangés et que répandent des esprits dérangés. Tu te rends compte que ce sont des aliénés de la guerre d'Algérie, ou sur le voile, qui sont invités sur les plateaux de télévision, leur discours est pathologique. Fanon avait compris cela qui vaut aussi pour aujourd'hui.J'exprime mon sentiment à travers une oeuvre. Si moi aujourd'hui je me mets à imaginer ce que serait Fanon aujourd'hui, je ne peux pas. Je ne peux pas faire ça. Je peux dire ce qu'a fait la France en Algérie et les similitudes des faits, l'accaparement des terres et des richesses, les spoliations, les violences et les emprisonnements.
V. CANDAS : Activer la mémoire du combat anticolonialisme, la porter à son maximum d'incandescence, amène à comparer la Palestine à ce qui s'est passé en Algérie durant la période traitée par ton film. Faire reconnaitre ses crimes par l'État (l'usage de la torture et les massacres du 8 mai 1945) est une nécessité ; mais nous ne sommes que quelques centaines en France à en porter l'exigence. Pourtant, face au négationnisme de l'extrême-droite, une contre-offensive  peut trouver sa force dans la transmission de cette mémoire. Elle formerait le lieu d'un vrai rassemblement des consciences, ton film stimule cette dynamique.
JC. BARNY : Le piège est qu'on nous ramène le droit international pour nous éloigner des émotions et nous empêcher de prendre une position ferme. On se retrouve piégé dans un système bureaucratique en attendant de faire valider nos émotions et indignations par un tampon. C'est tout ce qu'ils font, c'est nous éloigner de notre humanité en disant qu'on doit d'abord légiférer et pendant ce temps-là l'horreur continue. Du coup, on se détache, on finit par accepter, on attend et on accepte. Parce qu'il y a un tel degré d'horreur, soit on devient fou et inhumain, soit on ferme les yeux. C'est ce que Fanon a justement analysé. Notre système neurologique n'est pas fait pour accepter ça. Et on nous le fait accepter par une somme d'interdits. Une fois que ce système est ouvert, on l'accepte. Et ensuite, il n'y a plus de limites. L'horreur de la guerre, c'est ça, c'est de pousser le machiavélisme le plus loin possible.
V. CANDAS : On peut avoir le sentiment que rien n'a changé, que le traumatisme se transmet entre générations mais en fait, le mimétisme de la cruauté s'emballe. À Gaza, les enfants amputés sans autre anesthésiant que du Doliprane par des médecins qui sont obligés de les faire souffrir, ça dépasse l'imagination la plus noire. L'indifférence du monde occidental ne voile plus son incapacité à considérer l'autre comme son semblable qui fonde le racisme. Force est de constater que les décolonisations n'ont pas changé cela. Est-ce que ce moment qui fracture le monde n'est pas celui d'aller plus loin sur la question du racisme, de remonter à son origine ?
JC. BARNY : C'est la question du conditionnement du racisme. Le film explore la maternité du racisme, dans quel lit il baigne et grandit. C'est exactement ça, une fois que c'est dit. Fanon prend sa légitimité de son expérience et de son vécu. Et ça c'est imparable. Il n'y a pas d'arguments autre, Fanon est l'expérience vécue du racisme et il peut apporter une déconstruction, la démonstration pathologique du racisme en tant que maladie. Le racisme est une maladie que l'on peut soigner comme un rhume. C'est une fenêtre d'Overton qui s'ouvre alors à l'idée qu'un raciste doit être soigné par une méthode ou une autre. D'où vient son problème ? Comment s'est-il niché dans son esprit? Le racisme serait une pathologie comme la paranoïa. Tu peux imaginer une clinique soignant le racisme où tu rentres en cure psychanalytique pour ne plus l'être en sortant ? Je l'ai compris en voyant des gens qui conseillaient d'arrêter de regarder CNews, par ce que ça les rendait racistes car c'est une machine à produire du racisme. Il suffit de faire un sevrage pour retrouver le prisme de l'esprit. Si tu as une vision qui n'est jamais mise en contradiction, tu es malade et malheureux. C'est ce que Fanon a mis en place, une façon de soigner le traumatisme par la contradiction.
V. CANDAS : Le commandant Azzedine6, que Jean Claude Carrière m'a dit considérer comme le plus extraordinaire personnage qu'il ait jamais croisé, raconte qu'en 1956, alors qu'il est officier de la wilaya IV : "Les services d’information parlaient déjà de la lutte armée du peuple kenyan, des patriotes camerounais et du combat de nos compagnons d’armes de l’ANC, qui menaient une lutte multiforme, ô combien difficile. (...) J’avais entendu parler de cette région des Caraïbes où est née Frantz Fanon. Cette région a connu l’esclavage, l’exploitation et le racisme. Je me rappelle qu’un jeune étudiant de mon commando m’avait expliqué que lorsqu’un esclave avait fui une plantation et qu’il était rattrapé, on lui coupait les jarrets. Je savais aussi que beaucoup d’insurgés et patriotes algériens vaincus en 1871 7 avaient été déportés dans cette région des Caraïbes."
Ton film réactivant cette mémoire entre les peuples, répond au besoin d'une parole politique qu'aujourd'hui toutes les générations éprouvent comme vidée de sens. À quand remonte l'origine de ce processus dans ta propre vie ?
JC. BARNY : En fin de compte, je parle comme je suis, je ne suis pas intellectuel, j'évite les sujets contre-productifs. Je m'appuie sur mon vécu, je n'essaie de m'inventer une position de démonstration. Je suis dans une légitimité. FANON est né d'un besoin lié à une stratégie de survie pour ne pas devenir aliéné en sortant de mon adolescence. Je suis arrivé en France à 6 ans, avec une forte culture antillaise, la France coloniale des années 65-70 est encore la mère patrie et on a raté l'indépendance. Jusqu'à mes quatorze ans, on fait corps avec cette idéologie. Mes parents qui étaient très militants faisaient tout pour que je n'ai aucun problème avec les autorités françaises. Ce qui n'a pas empêché les attaques raciales. Non officielles. Et moi quand je grandis dans ce truc en banlieue je sens qu'il y a un malaise et je me réfugie dans une bulle, je dévore les livres. Un jour, dans un livre d'Histoire sur les droits civiques, Martin Luther King et Malcolm X, et tous les grands leaders, j'entends parler de Frantz Fanon. Et c'est Gabriel, l'éducateur de la bibliothèque Robert Desnos d'Argenteuil, qui me met un livre sur Fanon entre les mains. Il me donne à lire "Peaux noires et masques blancs" et je sens que c'est un livre important pour lui. C'était un étudiant, un vrai patriote qui adore sa culture et n'a pas peur de celle des autres... Et il me dit en partant : "Tu vas voir c'est dur au début et après plusieurs lectures, tu vas t'entendre" J'ai seize ans alors et c'est ce qui c'est passé. Et tu vois le temps qu'il m'a fallu pour faire le film !
La violence aujourd'hui détruit tout le fantasme mis chez Malcolm X et Martin Luther King, alors que nous avions nos intellectuels, Césaire, Léon Gontran Damas, Fanon et en les effaçant, on nous a retardés. C'est le racisme systémique qui produit ce genre de phénomène et le racisme systémique évolue. C'est le même système qui veut aujourd'hui empêcher les femmes de porter le voile.
Aujourd'hui, on peut dire qu'il y a une mise en place d'un racisme systémique. Il y avait un plafond de verre tel dans les années 70 qu'on préférait faire monter en grade une Blanche plutôt qu'une Noire. C'était systémique dans la fonction publique. À 99% l'Antillais restait subalterne. Donc, ça ne date pas d'aujourd'hui. La France et son histoire est jonchée d'incohérences face à son fronton Liberté-Égalité-Fraternité. Elle ne peut plus tenir la distance, sur les soixante ans écoulés, on peut faire le constat et le bilan. Il est urgent de le faire parce qu'il en va de la morale du monde.
V. CANDAS : Ton film note l'influence de François Tosquelles, l'initiateur de Fanon à la psychothérapie institutionnelle qui va faire long feu. Bien qu'il n'y ait pas séjourné, les travaux de Fanon ont inspiré indirectement les pratiques de la clinique de Laborde fondée en 1953 par le Pr Oury, où a exercé Félix Guattari. Mais l'expérience algérienne de Fanon ne servira pas à la psychiatrie française pourtant très inventive des années 60-70. J'écoutais l'autre jour un postcast où un intellectuel "gauche radicale" française et sa co-auteure présentaient leur livre sur la psychanalyse. Le nom de Frantz Fanon n'y a pas été prononcé une seule fois ! L'intérêt s'arrête là où commence la forclusion. Que le centenaire de la naissance de Frantz Fanon et la sortie de ton film pourraient bien secouer, si tu me dis que les "psy" et les jeunes se retrouvent dans tes séances en avant-première.
JC. BARNY : Tu ne peux inscrire un centenaire sans avoir les outils pédagogiques pour le porter. Ni s'en emparer pour le partager. C'est là qu'on voit la limite de chacun. Il faut désigner et soigner aussi bien le colon que le colonisé, dit Fanon. À l'intérieur de ce groupe, ceux qui sont dans la posture ne peuvent avoir aucun impact sur le réel. Ceux qui sont dans la demande effrénée d'action sont limités par leur posture. Ils sont rivés à un fond de commerce qui s'appelle "la lutte contre la discrimination" et savonnent la planche de ceux qui sont réellement dans cette lutte avec légitimité.
V. CANDAS : En Algérie où je viens de vivre quelques années, ce sont des psychiatres qui m'auront parlé avec le plus de lucidité et d'amour des gens du pays. L'accumulation traumatique refoulée mais aussi la mémoire transmise de la colonisation puis de la guerre d'indépendance, puis encore de la décennie noire, concernent le corps psychique du pays entier. Il y a là-bas un trop plein à dire, alors que la France a tant refoulé son histoire qu'elle éructe son déni. L'actualité de Fanon est si frappante autant que son lyrisme, tout d'oralité (dans le film c'est sa femme Josie qui tape à la machine sous sa dictée "Les damnés de la terre"). Comment traites-tu ce lyrisme au cinéma, par l'engagement du corps, la grâce de soigner ?
JC. BARNY : Je démontre que tous les préjugés dans lesquels on essaie d'enfermer un être différent, Fanon les en libère. Fanon est plus européen qu'un européen, il est capable de démontrer toutes les contradictions, tu ne peux rien lui opposer de la caricature de l'autre, le Noir et le sauvage. Fanon annule et anéantit ces codes. Il a le savoir, il a tout ce qu'il faut pour plaire au coloniaux, sauf sa révolte. C'est pour ça que Gontran Damas, Césaire et Fanon ont réussi un Big Bang dans l'espace colonial et la culture coloniale. Ce qu'a fait Fanon en Algérie.
Pour voir le film FANON aujourd'hui, il va falloir marcher. Le film n'est pas distribué assez largement il ne sera pas proposé en bas de chez ceux qui légitimement devrait le voir, il va falloir, marcher, prouver qu'on veut le voir. Il n'y a jamais de film innovant dans les banlieues, pour les gens. On met des films qui excitent leur libidio mais pas qui excitent leur cerveau. Le Big Bang que certains ont fait dans les années 50....
V. CANDAS : Il est dans les musées aujourd'hui, comme l'exposition Paris noir, circulations artistiques et luttes anticoloniales, 1950-2000au centre Pompidou ainsi que la rétrospective de la cinéaste martiniquaise Sarah Maldoror, qui vécut à Alger dans les premières années de l'indépendance. Les filles qu'elle eut avec le poète et leader révolutionnaire angolais Mario de Andrade, dont Annouchka, font un travail considérable sur l'oeuvre laissée. C'est maintenant qu'elle peut à nouveau rayonner.
JC. BARNY : On pourrait le refaire. Quand j'habitais Argenteuil je marchais pour voir les film à Saint Michel. Aujourd'hui il y une possibilité de montrer que la réalité a changé et maintenant ces film on veut les voir en bas de chez nous. Mais s'il faut marcher, nous marcherons. Ma mère marchait, je marchais, mon fils qui veut voir un film comme FANON, il va devoir marcher pour le voir ! Au-delà de mon sentiment d'appartenance à une communauté, la question se pose, après le film FANON, qu'est-ce que je peux proposer ? Toute ma filmographie est un dialogue avec lui et je suis allé au bout. Je devrai chercher ensuite où me ressourcer, mais il offre aujourd'hui une réponse pertinente et audible dans la période où nous sommes.
1 Évoqués par lui-même dans "L'an 5 de la révolution algérienne" Maspero, 1959
2 Armée de Libération Nationale
3 Partisan de la primauté du politique sur le militaire, exécuté en décembre 1957 par les colonels Boussouf, Belkacem, et Bentobal.
4 Qui enseignera ses méthodes de guerre contre-révolutionnaire aux USA et dictatures d'Amérique latine.
5 Il sera relayé à ce poste par Annette Roger-Beaumanoir, epileptologue chercheuse en URSS en 1956 et conseiller du ministère de la santé des deux premiers gouvernements du président Ben Bella (1962-65).
6 Officier de la wilaya IV, commando Ali Khodja, il sera le responsable de la Zone Autonome d'Alger en 1962.
7 La plus importante depuis la conquête française, la révolte conduite par le cheikh El Mokrani à partir de la Kabylie en 1871 mobilisa 25 tribus et s'étendit au trois-quarts du pays. Les déportations qui s'en suivirent furent par dizaine de milliers.
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frantzfanonarchives · 5 months ago
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frantzfanonarchives · 8 months ago
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We remember Frantz Fanon today, died on december 6, 1961.
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frantzfanonarchives · 8 months ago
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frantzfanonarchives · 8 months ago
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The first feature film about the author of «Les Damnés de la Terre» (The Wretched of the Earth)
SYNOPSIS
1953, colonized Algeria Fanon, a young black psychiatrist is appointed head doctor at the Blida-Joinville Hospital. He was putting his theories of 'Institutional Psychotherapy' into practice in opposition to the racist theories of the Algies School of Psychiatry, while a war broke out in his own wards.
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frantzfanonarchives · 2 years ago
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frantzfanonarchives · 2 years ago
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Frantz Fanon: Black Skin, White Mask
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Isaac Julien United Kingdom, 1995
Isaac Julien’s film is an eloquent and complex exploration of the life and legacy of this century’s most compelling theorist of racism and colonialism.ANGELA Y. DAVIS
FEATURING
Colin Salmon, Halima Daoud, Noirin Ni Dubhgaill, Amir M. Korangy,
This portrait of Frantz Fanon is as visually captivating as it is intellectually stimulating, exploring the life and work of one of the twentieth century’s most intriguing theorists of race, politics, and gender. Fanon is best known for the pioneering books Black Skin, White Mask and Wretched of the Earth. Born in Martinique in 1925, he received his psychiatric training in France, and there he began to explore the concept of postcolonial identity. Fanon was to become deeply involved in the movement for Algerian independence. Using interviews, readings, and dramatic reenactments, Julien’s film reveals the complexity of Fanon’s elegant maneuvers between the personal and the political.
FILM DETAILS 
SCREENWRITER
Isaac Julien
Mark Nash
CINEMATOGRAPHER
Ahmed Bennys
Conor Connolly
Nina Kellgren
Kyle Kibbe
LANGUAGE
English
French
Arabic
with English subtitles
PRINT INFO
Color
DCP
70 mins
SOURCE
Isaac Julien
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frantzfanonarchives · 3 years ago
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frantzfanonarchives · 3 years ago
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1959, Frantz Fanon fait partie de la délégation algérienne au congrès panafricain d’Accra.
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frantzfanonarchives · 3 years ago
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SUR LES TRACES DE FRANTZ FANON (IN THE FOOTSTEPS OF FRANTZ FANON) Réalisateur: Mehdi Lallaoui, digital, OF m. engl. UT, 93 min
“Médecin, il connaissait la souffrance humaine. Psychiatre, il était habitué à suivre dans le psychisme humain le choc des traumatismes et surtout, homme colonial né et inséré dans une situation coloniale, il le sentait, il le comprenait comme nul autre.” C’est avec ces mots d’Aimé Césaire et des archives filmiques des funérailles de Frantz Fanon en 1961 que commence le documentaire de Mehdi Lallaoui. Des compagnon·e·s de route de Fanon, combattant pour la libération et théoricien, s'expriment, comme Marie-Jeanne Manuellan, son assistante , Alice Cherki , sa biographe et compagne dans la révolution de la psychiatrie en Afrique du Nord ou encore l'historien Jean Khalfa. Leurs témoignages illustrent l'importance toujours aussi actuelle de Fanon dans la lutte contre le colonialisme et le racisme ainsi que "pour un panhumanisme".
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frantzfanonarchives · 3 years ago
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frantzfanonarchives · 3 years ago
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EN DÉCEMBRE 1961, FRANTZ FANON ÉTAIT INHUMÉ EN TERRE ALGÉRIENNE
Décédé dans un hôpital étasunien d'une leucémie à seulement 36 ans, Frantz Fanon ou plutôt Ibrahim Omar Fanon, patronyme figurant sur le passeport que lui avait attribué la Lybie, fit le voeu d'être enterré en terre algérienne aux côtés de ses frères moudjahidines.
  Mais en 1961, l'Algérie n'était pas encore indépendante et la guerre de libération nationale faisait rage. La France avait installé deux barrières électrifiées de 30.000 watts entre les frontières du pays et ses deux voisins, le Maroc et la Tunisie afin d'empêcher l'arrivée d'armes et de combattants. La dépouille du Martinico-algérien arriva donc à Tunis et fut prise en charge par le GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne). Ce dernier la fit transporter dans un convoi encadré par des moudjahidines au sud de la Tunisie. Tout au long de la route Ibrahim Omar Fanon fut ovationné et le convoi arriva jusqu'à une forêt de chêne-liège centenaires, seul endroit de la frontière algéro-tunisienne où la France n'avait pu installer sa barrière électrifiée. L'objectif était d'inhumer selon le voeu qu'il avait exprimé l'auteur des Damnés de la terre, ouvrage qui venait d'être publié avec une retentissante préface de Jean-Paul Sartre.
  L'opération était risquée, très risquée. Suicidaire même tout comme les infiltrations régulières de combattants algériens qui, en certains endroits, coupaient la barrière électrifiée à l'aide de grosses pinces, se faisant électrocuter mais permettant ainsi de le franchir, certes brièvement. Informée par ses espions de l'opération qui se préparait, la France fit bombarder au hasard, au napalm, pendant des jours, l'immense frondaison de la forêt de chêne-liège. Sans succès ! Le voeu le plus cher d'Omar Ibrahim Fanon fut exaucé : les moudjahidines réussirent à pénétrer en territoire algérien et à y inhumer son corps, à quelques centaines de mettre seulement de la frontière. Des combattants algériens perdirent cependant la vie au cours de l'opération.
  Après l'indépendance de l'Algérie, trois ans plus tard, en 1965, le corps d'Omar Ibrahim Fanon fut récupéré et inhumé une seconde fois au cimetière des chouhada (martyrs) dans le village d'Aïn Kerma, à l'est du pays, dans la wilaya (département) d'El-Tarf, où il repose désormais. La photo de son inhumation qui illustre cet article est peu connue des Martiniquais. On y voit des Algériens, des Français ralliés au FLN (Front de Libération Nationale) ainsi que des combattants d'autres nationalités à une époque où l'internationalisme n'était pas un vain mot.
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frantzfanonarchives · 7 years ago
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Every Man Gotta Right to Decide His Own Destiny: 35 Years of Bob Marley’s Survival
Christopher J. Lee
This past September, Rolling Stone reported that Bob Marley’s Legend, his posthumous greatest hits collection, had reached the top bracket in the Billboard 200 weekly music chart of album sales—Marley’s first appearance in the top ten since 1976. As is the frequent custom these days, this spike in sales was not due to any palpable cultural shift, but instead the result of a sales marketing ploy (cheap music downloads for a limited time) on the part of Google Play for Google Play, with Marley a surprise beneficiary.
It has been thirty years since Legend’s 1984 release, only three years after Marley’s early, tragic death from cancer at the age of 36 (a striking coincidence with Frantz Fanon, who also died at 36 from cancer). And I might have entitled this piece thirty years of Legend, except for the raw fact that the album largely, if not completely, erases Marley’s political legacy. Containing most of his charted hits with his backing band the Wailers, it is primarily an apolitical affair, though inclusions such as “I Shot the Sheriff” and “Get Up, Stand Up”—both originally from 1973’s Burnin’—provide a sense of the irreverence found in his back catalog. “Buffalo Soldier” (from the posthumous album Confrontation released in 1983) and “Redemption Song” (from his final album, Uprising, released in 1981) similarly invoke histories of black empowerment and resistance, the latter song drawing in part from Marcus Garvey (Garvey is considered a prophet by Rastafarians). But the trouble with Legend, as with most retrospective compilations, is that it upends the album concept—the sound recording as a problem-space, to borrow an expression from Columbia University anthropologist David Scott, who also happens to be from Jamaica.
Survival is an album with a purpose. Released in 1979, it is arguably Marley’s most political recording, forming part of a trilogy withUprising and Confrontation. While the titles themselves signal this tenor, historical context is also important: Jamaica was hit hard economically during the 1970s (similar to many countries in Africa and elsewhere in the “developing” world), different civil rights movements in the Americas appeared to be reaching uncertain denouements, and, not least, political struggles remained, particularly in southern Africa. Marley himself was a victim of the political violence that had gripped Jamaica, surviving an assassination attempt in 1976.
Reflecting these uncertainties, Marley unapologetically revives a pan-African spirit in Survival, with a front cover that looks like the ultimate flag quiz—representation from 48 African countries, plus the album title overwriting a version of the infamous “Brookes” slave ship diagram. The back cover resembles a BlackPowerPoint slide from an African history 101 class (Rasta style), including a photograph of Emperor Haile Selassie of Ethiopia operating a machine gun juxtaposed with a quote by Marcus Garvey: “A people without the knowledge of their past history, origin, and culture is like a tree without roots.”
Among the tracks themselves, “Zimbabwe” is the most famous, a recording that signaled the right to self-determination (“every man gotta right to decide his own destiny”) specific to the Second Chimurenga then occurring against white minority rule in Rhodesia—an act of solidarity that would further manifest in Marley and the Wailers performance in Zimbabwe as part of its independence celebrations in April 1980. (Read Tsitsi Jaji’s recent, wonderful book,Africa in Stereo, for a recollection of the importance of this moment.) But tracks such as “Africa Unite,” “Survival,” “Babylon System”—“Babylon” being Marley’s preferred Rasta expression for Western (neo) colonialism (“Babylon system is the vampire, yeah!”)—and “So Much Trouble in the World” also sing/shout Marley’s political concerns. Survival was banned in South Africa by the apartheid government. And none of its tracks, it should be noted, show up on Legend either.
That Marley’s politics have been minimized by the music industry is not necessarily surprising. Furthermore, his pedagogy is decidedly different from that of, say, the urban feel of Public Enemy, the confessional dislocation of Earl Sweatshirt, or the broken, art-rap lyrics of Death Grips. Marley’s rage comes with backup singers. And you can dance to it. Yet, as part of a long-standing tradition of insurgent thought and political resistance emanating from the Caribbean, Marley and his album Survival contributed to his political time and place, enabling a recurrent sense of continuity from Garvey to the present, as only recorded music can.
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frantzfanonarchives · 7 years ago
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Driving with Fanon
Sean Jacobs
I’am dying to see this film, “Driving with Fanon,” by Steve Kwena Mokwena, a Johannesburg-based artist.  (I first met Steve in London in 2003. Very talented man.)  I should have a copy soon and will report back. Here’s the trailer.
The description:
Driving with Fanon is a filmic meditation on violence, memory and the human condition in post-colonial Africa. Avant-garde filmmaker, Kwena Mokwena travels through Freetown, Sierra Leone with the ghost of Frantz Fanon, engaging a new generation into conversation about the radical black scholar, psychiatrist and revolutionary thinker. Through this film, we drive into the 21st century Africa guided by a Sierra Leonean journalist and writer , Lansana Fofana.  This film uses a dynamic digital language to deconstruct dangerous stereotypical depictions of violence in Africa. Kwena’s daring use of funky hip-hop grooves and free jazz treatments turn the dull documentary format into an exciting experimental moment where young Africans can ask the hardest questions facing their generation. DRIVING WITH FANON juxtaposes classical cinematography with video art and music video like montages that create a new audio-visual language. It is a digital libation.
* BTW, Mokwena’s previous work includes the 2-minute short, “Black Dog Fire” (2009), about a day with his dog Wena (that means ‘you’ in Zulu) around Johannesburg.  (“Black Dog Fire” is inspired by Sandile Dikeni’s poem, “Telegraph to the Sky”)
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frantzfanonarchives · 7 years ago
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Mbembe & Fanon
Tom Devriendt
This year’s W.E.B. DuBois Lecture (organized by Colgate University) was given by Achille Mbembe. As mentioned elsewhere, Mbembe is revisiting Frantz Fanon in his latest work. So, too, here at Colgate.–Tom Devriendt.
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frantzfanonarchives · 7 years ago
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The uncomfortable presence of Franz Fanon
Abdourahman Waberi
Frantz Fanon is a great “source of embarrassment still today both to some who would claim the revolutionary Fanon as their own and to a French republicanism that prides itself on its universalism,”as David Macey argues. Still today Fanon is difficult to categorize or classify (is he French, Martinican, Algerian, African or Black). Fanon remains an uncomfortable presence in his native Martinique, as well as in Paris, in Algiers and elsewhere. But luckily enough 2011 will soon see the 50th anniversary of Fanon’s death with the posthumous publication of his The Wretched of the Earth. Only this last week, four books came out in Paris. The most important of these books is the translation into French of Macey’s seminal 2000 Frantz Fanon. A Biography. Le Monde des livres had the news last week.
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