Tumgik
horreuretextase · 1 year
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Les robes de Bérénice
Bérénice a des robes
de toutes les couleurs
Des vertes, des bleues, des rouges,
des couvertes de fleurs
Des robes qu’elle arbore
sans honte ni pudeur
De fait
Bérénice n’a plus
que les robes qu’elle porte
Elle dort sur ses fleurs
qui l’embaument et l’emportent
(En y regardant bien :
on croirait qu’elle est morte)
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horreuretextase · 1 year
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Incompréhension avec vue
Marie assise 
sur la rambarde 
sous le soleil
dos à la mer
Marie me parle
et je regarde
de la falaise
la pierre claire
Marie patiente
et s’impatiente
de mon silence
et mes manières
A mes dépens :
je réalise
en me levant
que Marie est
célibataire
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horreuretextase · 1 year
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Des fleurs, des fleurs, des fleurs
Des fleurs, des fleurs, des fleurs
Des fleurs pour tes grands yeux
aux noms mystérieux
et aux couleurs curieuses
Des fleurs pour abreuver
des vases rougissants
et ta voix silencieuse
Des fleurs pour effleurer
tes lèvres closes et pâles
et tes pensées poreuses
Des fleurs pour disperser
le parfum dispendieux
de ton absconse absence
Des fleurs pour se délier
de l'indomptable idée
de notre déliquescence
Et contempler ensemble
la flamme liquide de notre
commune sénescence
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horreuretextase · 1 year
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La mer
J’ai comme souvenir
sa peau de sable
qui remonte sur la plage
La lande déroulée à ses pieds
qui se colore 
et s'ennuage
Les falaises indifférentes
à la beauté 
des paysages
La rumeur de la mer
qui gronde
qui se réveille
Et qui enrage
Du grès qui suinte sous la pluie
et se déverse à son visage
L'agitation des pas sur la dune
qui dans un murmure plient bagages
La mer :
ses colères
ses humeurs
ses rancœurs
et ses outrages
Mes doigts sur ta peau sablée 
et nue
attendant patiemment le naufrage
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horreuretextase · 1 year
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Crise de l'énergie
Ma mère n’allume jamais le chauffage
La pièce est chaude seulement de lumière
du chat qui déambule, qui miaule et s’indiffère
du froid qui ne perce jamais son pelage
La pièce est bleue du ciel, des sols et des murs
de la lampe au tissu qui s’use mais perdure
de la mer qui moutonne et sème son écume
jusqu’aux fenêtres troublées que le soleil consume
La pièce est vide de toi
                                      mais verte toute entière
du lierre qui dévore patiemment la terrasse 
des lézards qui lézardent et que la bête chasse
— Au soleil ton absence éclipse la chaudière
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horreuretextase · 2 years
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Lettre des indulgents
Pardon à tous les fautifs
Pardon aux assassins
Pardon aux ravisseurs d’enfants
Pardon aux parricides
Pardon aux régicides
Pardon aux génocidaires
et aux voleurs de poules
Pardon aux tendres
Pardon aux bourreaux des cœurs
Pardon aux bourreaux
Pardon aux cordiers des pendus
Pardon aux pendus
Pardon à mon père
Pardon au sien
à ceux qui les précèdent
Pardon aux généalogistes
Pardon à ceux qui demandent pardon
et aux autres
à ceux qui s’y refusent
à ceux qui sont trop fiers
à ceux qui sont blessés
et à ceux qui oublient
Pardon à ceux qui ne pardonnent pas
Pardon à ceux qui pardonnent
sans y être convié
sans légitimité
sans faire payer le prix
et sans même le connaître
Dormez en paix :
La nuit est indulgente
et le crime est gratuit
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horreuretextase · 2 years
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Lettera dolorosa
Je ne connais pas la colère
Je ne connais que la douleur
Et je la noie parmi les fleurs
qui s’accumulent et t’indiffèrent
Je n’ai que faire de la rancœur :
Je n’ai qu’un cœur qui me serre
et qui trop souvent t’exaspère
lorsqu’il implore ton impudeur
Tu peux ternir les couleurs
Tu peux tapisser ton mystère
et tu peux taire le nom des fleurs
— je les offrirai à ta mère
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horreuretextase · 2 years
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Le Désespéré
Je ne serai pas le Désespéré
Je ne laisserai pas
tes mots m’inonder
Je n’empêcherai pas
tes mains de frapper
Je n’oublierai pas
tes yeux effacés
qui ne répondent plus
Je serai le vent
qui siffle et qui passe
qui caresse la mer
jamais ne s’efface
Je serai le vent
qui va et se pose
sur les cimes raides
des Dentelles roses
et des éperdues
En toute éventualité
Je ne serai pas
le Désespéré
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horreuretextase · 2 years
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La nuit est grande
La nuit est grande
Demain pourrait
ne jamais arriver
Comme le sol
et les soldats
je tremble
Les chars piétinent
mes pensées
Sans que l’on sache
qui les commande
Pourtant 
Les chars n’ont pas
ton charme aisé
Alors même si
nous ne revoyons
pas l’été
J’aime la nuit
qui te ressemble
Et la robe
que tu portais
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horreuretextase · 2 years
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Souvenir de ton père
J’ai allumé
le programme radiophonique
Je n’écoute jamais la radio
mais ton père était mort
Je n’écoute jamais la radio
je l’ai éteinte
mais trop tard
Les mots ne se conjurent
pas plus que les morts
De ton père
j’ai cherché
en vain le visage
les traits de sa peau
mais la radio
oublie les images
J’ai dû me contenter
de leur naufrage
dans le rivage
de notre dernier été
Était-ce la maison de ton père
aux volets bleus
qui s’ouvrait sur la mer
Ou bien ton père
qui chaque matin
ouvrait ses volets
à la mer
Aucun ne peut nous répondre
aujourd’hui
Je n’en retiens
que le souvenir
absurdement précis
des deux bassins
vides
de son jardin
J’ai cherché à savoir
s’ils avaient été pleins
un jour
si oui, quand
Mais personne ne peut nous répondre
aujourd’hui
Je ne dis plus
« condoléances »
Je trouve d’autres mots
qu’on ignore
qui ne font rire que les morts
et qui subsistent en leur absence
Le reste est promis au silence :
les visages, les mots
et l’eau des bassins
qui s’évapore
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horreuretextase · 3 years
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Sapore di sale
Au pied du palais :
la mer bleu pétrole
Les lampes qui se reflètent
sur le carrelage noir
Tes pas qui résonnaient
sous la poutre de gloire
Le vent du soir poli
que cueillaient mes paroles
Saintes-Maries-de-la-Mer
comme dernier horizon
La nuit du mois d’octobre
la nuit et l’abandon
Ma soif irrésistible
de vent océanique
Comme les flamants roses
du parc ornithologique
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horreuretextase · 3 years
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Mea culpa, mea maxima culpa
J’ai tant appris de toi
qu’une liste m’inonde
L’éventail des saisons
Les horaires du monde
Les fleurs que tu baptises
et toujours se confondent
Les couleurs de tes robes
qui mentent
et se répondent
Les réminiscences vagues
des remords que l’on sonde
Les nuits océaniques
et l’orage qui gronde
J’ai tant appris de toi
Tes tendresses profondes
et celles que tu taisais
Tes sourires de Joconde
La culpabilité
Et le poids des secondes
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horreuretextase · 3 years
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Rite tokyoïte
Silence, écho
silence radio
Insoutenable scénario :
tu me regardes
et ne dis mot
Errance dans les
rues de Tokyo
Halte au pied du
château d’Edo
En vain :
je te souris
et ne dis maux
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horreuretextase · 3 years
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Regard vague
Je t’aime quand tu me regardes
avec ton regard aveugle
avec tes yeux bleus éteints
J’aime quand tu me regardes
et ne me montre que tes paupières
J’aime quand tu ne me regardes pas
quand tu détournes le regard
que tu regardes à travers moi
comme la vitre incandescente
que chauffent les rayons solaires
de ta moue
indifférente
J’aime quand je n’existe pas
pour toi
pour ton œil sévère
pour tes yeux océaniques
qui s’allongent et qui s’échouent
sur ma peau de sable chair
sur mon corps qui t’indiffère
et que tu cueilles
de ton mystère
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horreuretextase · 3 years
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Genèse 1:3
Orange : les murs de la chambre
que colorent les flammes
Tes yeux hallucinés
à la paroi glaciale
Blanc : les rideaux de lin
ondulants oriflammes
Le bruit assourdissant
de la pluie insatiable
Noir : la nuit absolue
la nuit insurmontable
Reflets du poêle vif
sur le carrelage pâle
Vert : ta dentelle verte
filet inextricable
où s’échouent mes désirs
et condensent la voile
Rose : ta peau à demi
éclairée se dévoile
Sous mon regard bleu
et la victoire du poêle
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horreuretextase · 3 years
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Calligraphie
J’ai glissé mes doigts d’encre
sur ta poitrine blanche
marqué de mes empreintes
ton charme horizontal
J’aurais aimé trouver
sous ta robe banale
l’explication audible
de ma soudaine absence :
Idéogramme lisible
des drames de l’existence
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horreuretextase · 3 years
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Octostyle
Maison carrée
colonnes rondes
Amour de tes formes
fécondes
J’aimerais à chaque
seconde
Par hasard
te rencontrer
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