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Grâce à la demande d’un de mes chers lecteurs, j’ai eu le loisir de me pencher sur l’adaptation de la nouvelle de Madame de Lafayette, La Princesse de Montpensier-(2010) par Bertrand Tavernier et au lieu de répondre en privé à sa requête, j’ai décider de faire de cet article le premier d’une série de critiques de films. Cette critique s’articulera autour de 5 points, positifs ou négatifs, sur ce que ce film fait de plus marquant afin de vous décider ou non à voir ce film.
I. Le jeu d’acteur, problème le plus flagrant

Dès la première apparition de Mademoiselle de Mézières, on pressent que le principal souci de ce film est, sinon le jeu, la direction des acteurs. Un ton souvent faux, en décalage avec la scène, voilà la plus grande tare de la Princesse sans laquelle on lui pardonnerait bien volontiers tous ses enfantillages. On voit bien chez Mélanie Thierry la volonté de jouer les jeunes filles innocentes mais si Renée de Mézières fut bien mariée au Prince à 16 ans dans la nouvelle, l’actrice en a elle 28 lorsqu’elle prétend incarner une adolescente amoureuse. Le résultat est assez triste: notre Princesse paraît franchement écervelée et remarquablement agaçante. Bien sûr, que serait une héroïne naïve sans son entourage stéréotypé: le beau ténébreux qui s’illustre en décrochant le titre de personnage le plus détestable du film, un mari jaloux qui pourrait être digne des plus grands Arnolphes si il n’était pas transparent et un prince capricieux et manipulateur qui devrait être le plus insupportable mais arrive à se rendre presque drôle par contraste avec ses deux rivaux. Bref on assiste à un jeu maladroit, naïf par endroits qu’on tente en vain d’excuser en le mettant sur le compte de la jeunesse et de l’inexpérience, un peu comme une pièce présentée par des élèves de collèges. Malheureusement avec un casting bancal du coté des rôles principaux, même les rôles secondaires, parfois beaucoup mieux exécutés, ont du mal à rendre le film agréable.
II. L’écriture des personnages ou comment exaspérer les spectateurs en 0,67 secondes

Lorsqu’on s’attache à analyser tous les problèmes de ce films, il devient vite évident qu’au fond ce n’est pas tant les acteurs que l’écriture des personnages eux-mêmes qui laisse à désirer. En effet, si Marie de Montpensier avait été écrite comme une femme en pleine possession de ses moyens intellectuels au lieu d’une gamine indécise, peut-être Mélanie Thierry nous semblerait moins agaçante. En outre, comme évoqué précédemment, la plupart des personnages principaux sont de véritables stéréotypes qui jurent parfois entre eux ou avec le ton général de la scène: l’un est dans une comédie de geste, l’autre dans un drame larmoyant... Outre ce cher Comte de Chabannes, on ne peut pas dire qu’il y ait de vrai personnage complexe dans ce film. On a du mal retrouver dans cette adaptation le ton de la nouvelle et le dilemme de la Princesse qui ne semble pas vouloir résister trop longtemps à son Guise. La déchéance de l’héroïne n’est vue qu’au travers de ses réactions passives, comme une marionnette manipulée par les hommes de sa vie, sans volonté propre.
III. Un travail de recherche remarquable

Rendons à César ce qui est à César, si ce film est plein de défauts, les décors et les costumes n’en sont pas un, je rejoins sur ce point Mr Morice (dont la critique est en hyperlink au début de l’article et que je vous invite à lire pour prendre connaissance d’un autre avis sur ce film). La recherche faite en préproduction est flagrante et absolument remarquable et la symbolique est très forte dans ce film. Couleurs, musiques, accessoires, références à la littérature, à l’art, cette œuvre est une véritable mine d’or pour qui a les clés. De plus de nombreux plans larges nous permettent d’apprécier la beauté des paysages et du décor de Cour ainsi que la foisonnante diversité des figurants dans leurs costumes d’époque. Enfin bref, ce film réussi quand même à capter notre attention avec un souci du détail impressionnant. Qui saurait rester insensible devant un tel amour pour l’histoire, la vraie, celle de la vie quotidienne, des instruments scientifiques, des cuisines et des belles robes?
IV. 2h30, le seul “détail” qui plombe le film

Quiconque s’attendait à voir un film court et dynamique à l’image de la nouvelle ferait mieux de s’abstenir de le regarder. En effet, de tous les tours de force qu’on pourrait lui attribuer son plus grand est bien de transformer 40 pages d’histoire et d’ellipses temporelles en deux heures et trente minutes de dialogues lents et regards vides. Il est difficile de trouver les mots pour exprimer la lenteur et la longueur de cette œuvre mais celles-ci jouent clairement un rôle dans notre exaspération au contact des personnages. Pour faire court sur ce point qui est pourtant le principal problème de ce film, je dirais que tel le cheval du Prince de Montpensier, on s’écroule vers la fin du film et on a plus la force de continuer.
V. Pourquoi ce film laisse-t-il une telle impression de fausseté

Ce dernier point est plus une interprétation de ma part qu’une réelle observation mais je tenais tout de même à l’intégrer à ma critique. En effet, les acteurs ne sont pas brillants, le scénario est fastidieux et les décors ni les costumes ne parviennent à sauver ce film de ce terrible sentiment d’ennui que ressent le spectateur, et pourtant, Tavernier est tout sauf un mauvais réalisateur et il connait bien le monde du cinéma. Mon interprétation est que ce film parle en réalité de notre monde moderne et entre autres, du cinéma, d’une jeune génération d’acteurs qui peine à trouver ses marques et dont le jeu rend évident le caractère fantoche de la Cour où tout le monde joue un rôle et met en valeur le seul véritable personnage: Chabannes, Lambert Wilson, le seul vraiment convaincant dans son rôle car ambivalent (protestant chez les catholiques, homme en retrait de la Cour à la Cour, loyal et déloyal), il a l’expérience pour insuffler une véritable vie à son personnage là où les autres ne sont que des mauvais acteurs voire, pour la Princesse, des marionnettes. En mettant Chabannes au premier plan, Tavernier recentre aussi le débat sur les guerres de religions, problématique finalement assez actuelle.
Enfin, ce film reste à mes yeux peu appréciable et n’est pas prêt d’entrer dans mon panthéon des films cultes. Il est intéressant comme sujet d’étude sur la symbolique ou en le comparant avec le livre mais reste en lui même, malgré toutes les interprétations du monde, fastidieux et décevant.
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Bonjour, ça fait plusieurs années que je suis abonnée à ton blog et je me demandais, puisque tu as posté cette photo d'un exemplaire de La Princesse de Montpensier, si tu avais apprécié son adaptation par Tavernier. Je n'en ai personnellement pas un avis très élogieux et pourtant le journaliste Jacques Morice en à écrit, pour Télérama, une critique étonnamment dithyrambique. J'aimerais beaucoup savoir ce que tu en a pensé. Merci d'avance :)
Bonjour, j’ai lu la critique de Mr Morice et je suis en train de rédiger une critique qui devrait bientôt être disponible. Merci à toi de m’avoir sollicité
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