joshua-thacker
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Funambule
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« Believe, dream and hope are banished words »
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joshua-thacker · 4 years ago
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- "Ma Dame fume à nouveau, non pour passer le temps mais pour le tuer".
Il est assis sur les toits, fixant la cime des arbres disparaissant dans l'amas de nuages bas, gris de bleu. C'est toujours la nuit qu'il s'extirpe du Château pour le contempler depuis son sommet. De là, il peut aussi voir la forêt, deviner les mouvements des masses sombres qui se cachent dans le noir. Les monstres sont de sortie ; ils sont si nombreux, depuis quelques soirs, que le geôlier s'inquiète comme il ne l'avait plus fait depuis longtemps. Leurs rires s'entendent au loin. Ils n'approchent pas, mais ils sont là, non loin des ramparts.
"Il va bien falloir trouver le courage d'avancer, Princesse. Deux pas en avant, un pas en arrière... C'est toujours un pas en avant".
Mais la Louve n'avance plus, elle l'a dit. Cette fois, elle reste lasse. Marcher, marcher toujours, sans but, ne lui sied plus autant qu'auparavant.
Sans but...
Il lui faut en trouver un nouveau, pour la divertir de celui qui ne peut être atteint. Celui qu'elle chasse sans fin depuis si longtemps et qui ne s'offre pas à elle : ce bonheur à deux que les inconnus qui furent ou qui seront ne lui donnent jamais qu'en partie avant que de le lui reprendre.
Un nouveau but. Mais elle ne veut plus rien, elle qui n'a rien n'en veut plus davantage.
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joshua-thacker · 4 years ago
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Joshua de l'autre côté du miroir
Il est là, penché sur la balustrade du balcon, regardant les gens passer quelques mètres sous lui, sans le voir. Il fume : il fume toujours. Ce soir, il repense au fait qu'il est né ici, en quelques sortes. Là, dans ce grand bâtiment remis à neuf, au quatrième étage. C'était il y a si longtemps qu'il ne s'en souvient pas, parce qu'elle-même ne se souvient plus vraiment.
Au départ, il n'a même pas été une idée. Il a directement été un visage, des traits, une attitude. Il devait être mauvais, représenter le pire, le monstre, les cauchemars et plus encore. C'était cet être abject qui tue, sans remord, sans honte, sans regret. Puis tout à basculé et il est devenu autre chose, quelqu'un d'autre, de mieux, selon l'échelle de valeurs de celle qui l'a créé.
Aujourd'hui, il est encore différent d'hier. C'est un homme qui ne vieillit pas : un jour, elle sera plus âgée que lui. Bientôt, d'ailleurs. Il lui adresse un sourire pendant qu'elle écrit, lui dehors, elle dedans. Le regard de la femme se pose sur le vide, cherche la silhouette, la chemise blanche, la fumée grise, mais il n'y a rien. Rien que quelqu'un d'autre puisse voir. Elle le voit. Il sourit. Il sourit en fumant, comme toujours.
Elle s'imagine qu'un jour, comme ce fut le cas à une époque, quelqu'un d'autre qu'elle sera capable de le voir, de sentir sa présence, son existence. Que quelqu'un dira : "Parle-moi encore de lui". Alors, elle le sait, ses mots le feront revivre petit à petit, il sera plus consistant, plus existant, ce malgré sa mort.
Ils attendent ce jour depuis si longtemps, que plus aucun des deux n'y croit encore. C'est comme pour tout, d'ailleurs : croire, rêver et espérer, pensent-ils en chœur.
Le chat noir qui gazouille les rappelle au présent. Lui-même est accompagné d'une petite ombre fantomatique qui rôde autour de ses chevilles.
Qui des deux se trouve derrière le miroir ? Ils posent leurs doigts sur la glace froide qui les sépare. Peut-être échangeront-ils un jour leur place.
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joshua-thacker · 8 years ago
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Et c'est toujours quand tu as besoin de feu que personne ne fume sur ce quai à la con.
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joshua-thacker · 8 years ago
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Je fauche aussi les âmes de couples, me dit-il d'un air peiné. Joshua à mes côtés a pitié et comme toujours, il s'en veut de signer le décès de tant de belles choses. Il a beau savoir qu'elles ont toutes une fin, cela ne l'empêche de songer qu'il sème trop de tristesse là où poussait autrefois tant de bonheur.
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joshua-thacker · 9 years ago
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Au fond du fond d’une cage sans fond
Elle a froid. Froid jusque dans l’âme. O�� qu’il soit actuellement, à l’autre bout du monde ou tout en fond de celui-ci, il peut la sentir. Sa peau qui tremble, ses épaules qui se secouent, les larmes ruisselantes sur ses joues. Il sent tout. Au point de s’en glacer lui-même, de s’en vouloir. Il est le gardien des clés de la cage dont il l’a laissée s’échapper une fois de plus. En temps normal, elle reviendrait d’elle-même se réfugier dans les bras meurtris de son geôlier, mais aujourd’hui elle se débat. Elle ne veut pas de la douceur apaisante de son poing de glace autour de son coeur. Même ainsi gelé, elle le sent toujours se briser, continuellement, chaque miette se coupant en deux, ces petites engelures qui deviennent de gigantesques failles. Alors comme il le doit, il attend. Il attend que la cause de tous ses maux vienne à elle pour la reconstruire, ou autre chose. Qu’elle soit trop défaite que pour rester hors de sa cage. Qu’elle vienne retrouver sa prison, sa cage d’amertume, se plier dans un recoin et ne plus en bouger jusqu’à la prochaine fois où elle aura la mauvaise idée de tomber amoureuse, et qu’il aura la mauvaise idée de la libérer. Elle ne veut pas, pour l’instant. Elle ne veut pas. Elle laisse une chance, elle se laisse la possibilité de le retrouver, son meurtrier, car il est le seul à pouvoir lui redonner vie, lui insuffler le souffle qu’elle a perdu en le rencontrant. Et Joshua patiente. Il la regarde dépérir. Ne plus manger, ne plus dormir, ne plus faire que fumer et pleurer. Il s’en veut. Mais reste loin. Tapis dans l’ombre. Ses clés n’émettent pas de tintement dans sa paume, pour ne pas la brusquer. Il l’a toujours voulue libre, il aurait souhaité ne plus jamais avoir à regarder sa créatrice dormir dans une cage qu’elle a elle même créée et dont elle lui a confié les clés depuis le premier jour. Il aurait voulu que cette cage disparaisse avec les souvenirs qui y sont liés et que cette fois, quelqu’un prenne soin de son coeur comme lui ne peut pas le faire. Qu’une main chaude fasse qu’elle ne se glace plus jamais. Ils attendent tous les deux le retour de cette paume chaude. Le temps passe si lentement qu’il semble s’être figé. Elle attendra encore longtemps. Elle l’attendra encore des mois et des années.
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joshua-thacker · 9 years ago
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La baise ne fait pas tout.
Josh (via damnabledawn)
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joshua-thacker · 9 years ago
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Chaque année le cimetière lui semble être un peu moins entretenu. Des herbes folles poussent entre les pierres, et l’allée est inégale. C’est le matin, il fait encore froid. Dawn est de nouveau debout devant la tombe, une cigarette dans une main, un bouquet dans l’autre, sans pouvoir se résoudre à faire un pas de plus. Il est trop tôt, peut-être, l’an dernier il est arrivé tard, il faisait déjà nuit. Les fantômes sortent plus la nuit. La cigarette, c’est pour le parfum, la même odeur, et les fleurs – les fleurs, c’est pour la tombe. C’est devenu une tradition, chaque année, chaque 31 décembre, de venir lui rendre visite. Il ne se rappelle pas, pourtant, avoir jamais fêté son anniversaire avec lui. Il y a toujours cette même impression d’inutilité, puisqu’il est impossible après tout qu’il soit là sous cette tombe, qu’il soit bien mort, mais le souvenir de cette nuit est trop réel pour qu’il puisse- Impression de vide. Chaque année lui aussi vieillit, et pourtant toujours la même sensation de détresse, gorge serrée et envie de vomir, lorsqu’il revoit la chambre vide, le ciel au-dessus, la lettre. S’échapper comme ça, sans une dernière révérence – salaud de Joshua. Jamais vraiment pardonné, peut-être. Dawn est celui qui continue à vivre, et ça fait un mal de chien. Il connaît cet endroit par cœur, à force, le chemin qu’il faut emprunter, là où il faut tourner, depuis la porte pour arriver jusqu’à la tombe. Les aspérités de la pierre, la façon dont le nom y a été gravé. Mécanismes. Se pencher, poser les fleurs, le bouquet sur la pierre, défroisser les pétales des fleurs pour qu’elles ne s’abîment pas, s’asseoir en face, et regarder le nom. Ce n’est pas une tradition, pas vraiment une habitude - la force d’un souvenir. L’anniversaire de Joshua.
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joshua-thacker · 10 years ago
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Au-deçà de l’au-delà.
Joshua marchait sur les remparts du monde, contemplant celui-ci en contre-bas. Ce qu'il y avait de l'autre côté des hautes enceintes l'avait toujours intrigué et parfois son corps, malmené par les assauts du vent, tanguait dangereusement en cette direction. La chute lui serait inévitable, un jour futur, car il savait qu'il se laisserait tout simplement pousser et tomberait dans le gouffre sans fond qui se trouvait dans son dos. Joshua, pourtant, ne quittait pas des yeux le monde dont il venait, amer de l'avoir quitté, nostalgique du passé qui le retenait comme deux bras l'enlaçant avec ferveur. Cette étreinte qu'il avait trop longtemps été incapable de ressentir, voilà qu'elle se faisait pressante, le rendant prisonnier de cet entre deux mondes. Combien de temps cela durerait encore avant qu'il ne décide enfin, un jour, de s'abandonner aux regrets et s'admettre vaincu par nul autre que lui-même, ses démons et ses peurs ? Il se sentait lâche, ainsi posté en observateur de ce qui fut et ne serait plus jamais, ainsi que de ce qui serait mais ne serait jamais tout à fait. S'il avait la certitude que de l'autre côté du monde, il pourrait apercevoir celui-ci par une brèche dans le mur, il irait sans remords. Mais la mort n'offre aucune échappatoire et il ne le savait que trop bien. Encore un soir où il s'allongerait dos sur les pierres, guettant le ciel qui lui, était au-dessus de tout : vie, mort, mur, lui. Il aurait voulu pouvoir s'envoler, au lieu d'avoir à jouer les équilibristes qui finissent tôt ou tard par choir.
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joshua-thacker · 10 years ago
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C’est un homme fait qui gravit la pente de la colline et passe le portail du cimetière. Il a vingt-huit ans, il a un métier, et il a une famille. La dernière fois qu’il est venu, il était étudiant. Il s’est assis, il a regardé la tombe et il a attendu, comme s’il allait tout à coup se lever, lui sourire et lui passer la main dans les cheveux, comme il le faisait à l’époque.
Cette fois il a amené des fleurs, une habitude d’adulte, un peu inutile. Elles sont moins pour le défunt que pour un éventuel visiteur, qui viendrait ensuite, qui les trouverait et qui saurait que d’autres que lui encore se souviennent de la personne qu’ont été ces os, cette poussière, cette chose défaite.
Peut-être que les fantômes existent.
Il ne sait même pas quelles étaient ses fleurs préférées.
C’est étonnant, les cimetières. On s’attend presque à avoir oublié, et puis non. Les arbres sont toujours à la même place, les allées sont toujours aussi rectilignes, prévisibles. On ne dérange pas l’éternité. Le choc, le seul, c’est la vision du nom sur la pierre ; il faut le replacer, reprendre conscience que ce nom que l’on a prononcé n’appartient plus qu’à la tombe, au registre des choses passées. Sans doute y a-t-il un autre Joshua Thacker dans un autre endroit du monde, vivant, et Dawn s’en fiche. Joshua, et tout ce que contient ce nom - couleurs, odeurs, voix, sensations -, ce qui lui donne son sens, n’existe plus. Dawn ne l’a pas prononcé depuis longtemps.
Le nom est bien là, gravé lisse et clair. Machinalement, comme le font les adultes, il se penche, dégage un peu la tombe des mauvaises herbes qui l’ont envahie, et dépose ses fleurs. Et puis il recule, et, comme la dernière fois, s’assied.
Il a chassé dans un coin de sa tête le souvenir de cette nuit, de Joshua introuvable au matin. Dawn déteste les étendues d’eau. Il a essayé de ne pas se représenter la scène, les gestes et les raisonnements de Joshua. Il n’a pas réussi. Il a été en colère, longtemps, après avoir été prostré. C’est passé. N’est restée qu’une sorte de résignation, et cette très vieille nausée, lorsqu’il s’enfonce un peu trop dans les choses qui auraient pu se passer.
Ça fait plus de dix ans maintenant, et bon dieu ce que Joshua aurait été beau s’il avait continué, s’il avait vieilli. L’ancien fantasme de l’étudiant pour le professeur ressurgit vaguement, le fait sourire - ça fait bien longtemps qu’il n’avait pas repensé à ça. Quel gamin il était.
Le vent se lève, et tout ça paraît tellement irréel - Joshua doit être parti quelque part, ailleurs, loin, il n’est pas possible que tout ça, les arbres formels, les mauvaises herbes, les cailloux, soit son seul décor. Il fait froid maintenant, et Dawn n’a pas envie de partir. Il met quelques temps à identifier la sensation, cette sorte de réticence et cette bizarre attente comme si quelque chose devait arriver, allait arriver, les sourires qui lui viennent aux lèvres avec des souvenirs de scènes et de paroles et de moments, fugitifs - Joshua lui manque. Ce n’est pas un retour en arrière, ni une soudaine proximité qui l’invoquerait, ni la prémonition d’un miraculeux retour (sa main dans ses cheveux, un sourire un peu contrit mais plutôt fier de lui, un mouvement d’épaule pour se dégager d’un sac à dos de voyage : “Désolé, Dawn, il fallait que je parte un moment, mais je suis là maintenant”), mais le manque, juste le manque, bêtement. Ça fait comme quelque chose qui enserre sa gorge quand il se rend compte qu’il n’y a rien de spécial et que pour eux non plus les miracles n’existent pas, que ce n’est que le manque de quelqu’un qui est parti pour toujours.
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joshua-thacker · 10 years ago
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𝒟o not stand at my grave and cry; I am not there. I did not die.
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joshua-thacker · 10 years ago
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Trouvaille - Dawn et Josh
« - Toi non plus... » Silence, réflexion.
« -Au fond de tout ça...?» Silence, hésitation.
« - C'est de la poussière. » Silence, conclusion.
« - Il faut que je la quitte, parce que... Parce que je ne vais plus l'aimer... C'est impossible. » Silence, attente.
« - Je fais des rêves, Et dans les rêves, Il y a quelqu'un... C'est quelqu'un que je connais, Et je suis amoureux de lui. » Silence, hantise.
« - Mais si il n'existe pas Et que moi je deviens fou ? Comment je vais faire ? Ce n'est qu'un cauchemar, Et je veux juste rester avec lui... » Silence, impression.
« - J'ai l'impression que... C'est un souvenir... »   Silence, concentration.
« - Parfois je déteste Evangeline Parce qu'elle prend sa place. Et parfois je le déteste Parce qu'il prend la place d'Evangeline. » Silence, délestage.
« - Ou peut-être que moi... Que moi, j'essaie de m'inventer des excuses... Pour justifier le fait que je vais la quitter Quand je serai lassé d'elle. » Silence, mensonge.
En contre partie de ces silences, il y aurait pu y avoir cents paroles. Il y avait tant de réponses aux silences. Les siennes, mais il se tu. Les siennes, raison pour laquelle son silence valait tous ceux de l'autre. C'était voulu, c'était du, il le devait, voilà tout. Il aurait pu juger, au dedans comme au dehors, un pensée répugnante ou une mimique de dégout. Il aurait pu émettre un quelconque commentaire, sur le pourquoi du comment, sans le parce que, parce qu'il l'ignore tout autant que l'autre. Il aurait peut-être du dire de se taire, mais il était trop tard. Dawn se tait, déjà. Sans doute trop tôt. Il a encore tellement. Tant à dire, tant à évacuer, tant de déchets à rejeter, de larmes à laisser couler. Boys don't cry, dit la chanson. Fichue maxime qui n'a aucun sens, si ce n'est d'être fausse. Ils se regardent, en chien de faïence. Ils veulent chialer, ça se ressent dans l'air. Humide à l'extrémité des lèvres, des paupières. Le reste est sec. Sec comme la tranche d'un couteau, coupant, de l'air, rien d'autre que ça.
Voilà que tout est dit. Il sait tout, ils savent tout, tous les deux. A de nombreux détails près, ils savent ce qui butte l'autre en ce moment. Un truc vicieux, qui s'insinue en vous. Un truc, parce que ça n'a nul autre nom que ça. Un souvenir, un rêve, un cauchemar. Non, juste un truc, indescriptible, malgré la description précise. Pour Dawn, c'est cette ombre, saloperie sans visage et sans indication quelconque, si ce n'est que là, quelque part entre ses entrailles, ça réagit positivement, et que c'est un signe négatif. Et pour Joshua, oui pour ce vieux crouton sans âme, c'est une saloperie avec visage,  avec nom, avec passé, juste passé. C'est une chose qui. Juste une chose qui. Le détruit, l'empêche de vivre, l'empêche d'avancer avec quelqu'un à qui tenir la main. Deux choses, de saloperies inertes, inamovible, qui là-dedans, dans leur caboche, inconscient et subconscient réunit, les noie, tout bonnement.
damnabledawn, j’ai retrouvé ça... (Ah mais en fait, je te l’avais p’t’être déjà montré, désolée.)
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joshua-thacker · 10 years ago
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Ô Joshua, emmène-moi.
Joshua. Je t'appelle, du fin fond de mes sanglots. Je prononce ton prénom et je sais que tu n'es pas près de moi, alors je continue. Ma boîte de mouchoir se vide et ils s'entassent sur mon lit. Joshua, je t'appelle, du fin fond de ma souffrance. Et puis tu apparais. Tu es assis à ma fenêtre, elle s'ouvre grand quand je te vois. La bourrasque soulève tout, les feuilles volantes, mes cheveux, les tiens. Tu es là, je sens ton odeur vanillée pénétrer mon espace imaginaire et la fumée de ta clope m'enivrer dangereusement. - « Alors, ma belle? On pleure à chaudes larmes? » Tu souris. Je pourrais croire que tu te moques, mais c'est si faux, je te connais tant. Sans un bruit, tu replies tes jambes pour les rentrer dans la chambre, mais tu restes assis là, à une sage distance de moi, obstruant mon unique échappatoire. Je tiens toujours un mouchoir contre mon visage rougis par les pleurs. Je hoquette, je suis incapable de te dire ce que j'ai, mais tout ça au fond, tu le sais. - « S, ma douce...» Tu te penches à peine en avant, et je sens la froideur terrifiante de ton corps se réchauffer à l'approche du mien. Tes doigts saisissent une mèche noire qui barre mon regard, et tu me souris, fermant tes si beaux yeux. Puis enfin, tu m'accordes la paume rassurante de ta main, tu assieds mon visage en elle, pendant un court instant qui calme les battements dévastateurs de mon cœur tourmenté. C'est à peu près comme si tu l'avais saisi doucement pour le congeler, et ce froid qui se propage en moi calme les brulures qui gonflent mes yeux. Il calme mon agitation, mes sanglots, ma tristesse. - « C'est mieux, comme ça. Mais dès que je te laisserai, tu pleureras de plus belle. Tu le sais, cela. » J'avais beau le savoir, j'en avais besoin. Je ne pouvais pas continuer. Je sentais toujours ton index et ton pouce, ton majeur, ton annulaire masser doucement la peine sombre qui pénétrait mon cœur comme une pommade. Doucement, tu faisais aller ta magie. Tu ne parviendrais pas à annihiler la peine, mais pour un instant, te savoir là me redonnait un espoir. Lequel, je n'aurai pu le dire. « Ma cigarette se termine, ma douce. Je ne pourrais rester plus longtemps. Lentement. Ça ira...» Mais ça n'allait pas. Et quand ta paume quitta ma joue pâle, je ressentis à nouveau une chaleur immonde, humaine m'envahir de plein fouet. Elle ne brûlait pas, elle était déjà résolument encrée en moi, en l'état de suie suffocante qui couvrait lourdement, telle une chape de béton, mon cœur détruit. Mon visage se décomposait, reformait une grimace de douleur, de tristesse, de longue agonie. « Bon dieu. Je ne peux rien faire de mieux, je ne peux pas...Rester indéfiniment auprès de toi. Je ne peux pas te couper de ton monde, quand bien même celui-ci te rende si misérable...» Je le savais. Je lui avais moi-même demandé de s'en aller et de me rendre à ma réalité, quel qu’elle soit, un certain jour du troisième mois de l'année. Il avait accepté, il m'avait fait promettre de ne plus m'enfermer dans cet autre monde qui me sauvait tant de la noyade. J'avais promis. Et quand enfin, il éloigna sa froideur de moi, j'eu un nouveau soubresaut, un ultime haut le cœur et de nouveaux sanglots qui me rendirent incapable de le voir. J'avais mal, partout. Plus encore qu'après cet interlude que j'aurai aimé voir durer une année. Pour l'avoir moi-même imaginé, je savais. Que Joshua allait me regarder un instant, ses yeux tristes parcourant ma courte chevelure noire. Il aurait aimé reposer sa main sur mon crâne, faire quelque chose pour m'interdire de souffrir. Mais il se retenait, autant pour lui que pour moi. La souffrance que je ressentais l'animait tout autant. Peut-être qu'il désirait vivre, et pour cela, il devait me laisser comme j'étais. Mourante. Pour l'avoir moi-même créé, je savais que Joshua se lèverait, prendrait une longue inspiration avant de faire un pas en avant, sa jambe dans le vide. Et disparaître. Il avait éteint la lumière en partant. Dans le noir, je pleurais, comme une enfant. Hoquet, cri, respiration décapante et rire déstructuré. Je ne pouvais lui dire que comme les autres, il trouvait un moyen de m’abandonner. Je le lui avais demandé. Et j’associais cela à ma peine présente. Je le lui avais demandé, à lui aussi. Il avait aussi laissé la fenêtre ouverte. Peut-être pensait-il que ce froid-là, lui aussi, pourrait me guérir. Mais ce n'était pas le cas.
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joshua-thacker · 10 years ago
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-Charlie Sheen
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joshua-thacker · 10 years ago
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Joyeux Anniversaire, Samuel.
L’unique fleur est allongée sur la table en bois, son reflet s’y mêlant à son ombre. Un pétale en est déjà tombé et gît à présent au sol, tragiquement malmené par les griffes d’un chat de gouttière. Le raclement de ses pattes sur le parquet et ses miaulements s’ajoutent aux rares bruits dans l’appartement : un robinet coule, une musique étouffée parvient de la chambre à coucher. - Je t’entends faire des conneries… L’animal redresse ses oreilles et cesse tout mouvement, pétale sur la langue. Son maître, l’un de ses maîtres du moins, coupe l’arrivée d’eau avant de sortie de la salle de bain. Il a cette étrange habitude de s’appuyer contre le montant des portes, d’une seule épaule, tout en croisant les chevilles et les bras. En cet instant, c’est exactement ce qu’il fait, mais son regard brillant et le sourire attaché à ses lèvres sont adressés au petit animal qui lui répond d’un miaulement. Ca a le mérite de le faire soupirer tranquillement. Enfin, Joshua se redresse, appose ses doigts sur l’interrupteur de la salle de bain pour en éteindre la lumière : celle-ci, qui formait un halo derrière lui, se mue en une forme sombre qui le recouvre presque intégralement. Seuls ses yeux parviennent à rester éblouissant, jusqu’à ce qu’il se dégage de l’obscurité pour revenir dans la clarté du salon. D’un regard lancé vers l’horloge du salon, puis vers la montre qu’il portait au poignet droit, il conclut qu’il était temps de se mettre en route. Il y avait bien longtemps qu’il ne s’était plus référé au temps humain, au temps qui passe : la notion lui semblait presque abstraite. Néanmoins une à deux fois par ans, il faisait l’effort de s’en remettre à ces aiguilles qui tournent toujours alors que les siennes sont arrêtées depuis longtemps - du moins, celles de l’horloge, pas celles de sa montre. Huit heures, annonçaient-elles. Dans un délicat mouvement, il récupéra la veste noire savamment posée sur un dossier de chaise et l’enfila sur ses épaules. Il fit rabattre le col, ajusta celui de la chemise blanche par-dessous, puis lissa les pans noirs qui vinrent scinder sa silhouette. - Bon…Qu’est-ce que t’en penses ? A part lui-même, et le chat, il n’y avait toujours personne dans l’appartement. Mais Joshua ne s’adressait à personne d’autre qu’au petit animal, dont la tête se pencha aussitôt sur la droite. - Tu as raison, il manque quelque-chose… Ses lèvres se pincèrent un bref moment, aussi court que celui qui lui fut nécessaire pour s’emparer de la cravate qui était restée sur la chaise. Ses pas le ramenèrent quelques pas en arrière et, fixant son reflet dans la salle-de-bain éteinte, tout en étant lui-même baigné dans lumière extérieure, il enroula le tissu autour de son cou et l’y noua. - Mieux. Il s’adressa un sourire - ou il adressa un sourire au vague, car il s’était déjà détourné de lui-même. Revenu près de la table, ses doigts s’accrochèrent à la rose endormie pour la réveiller : il caressa la tige du plat du pouce, découvrit ses épines, ébouriffa ses pétales. Entre ses mains, elle parut plus rouge, plus éclatante. Il semblait redonner vie aux inanimés, aux morts. Mais ce n’était guère le cas. Lui-même n’était qu’un mort parmi d’autres : un mort dont l’unique amour fêtait aujourd’hui ses vingt-trois ans. Ça lui paraissait sans doute dérisoire à lui qui ne voyait même plus le temps passer. Mais pour Samuel, et même si celui-ci ne lui en avait jamais fait la demande, il se forçait à revenir, l’espace de quelques heures au moins, à ce qu’ils étaient avant : deux individus normaux, se souvenant des anniversaires, des fêtes, des rendez-vous avec les vivants. C’est ainsi qu’il s’était d’ailleurs retrouvé seul aujourd’hui, encourageant Samuel à rejoindre Mary - il aurait poussé jusqu’à lui dire de rejoindre Dante, mais cela aurait aussitôt paru suspect. Il avait eu besoin de temps, d’un peu de temps, seul, pour se préparer et prévoir le déroulement de la soirée. Evidemment à ses yeux, tout cela n’était pas grand-chose. Il n’avait jamais été un très grand spécialiste des soirées, des rendez-vous romantiques et des grandes déclarations d’amour : Joshua, lui, aimait en silence et il fallait s’en contenter. Mais ce soir, il ferait une exception. - Souhaite-moi bonne chance. L’animal s’était approché de lui, abandonnant l’unique pétale arraché à son triste sort, là-bas sur le plancher. Lorsque sa queue vint s’enrouler autour du mollet de l’homme, il s’abaisse pour lui caresser la tête et lui offrir quelques chatouillis derrière l’oreille : le ronronnement du chat l’apaisa mieux et plus que n’importe quoi d’autre. Mais il devait partir, l’heure approchait. Ils se séparèrent alors d’un commun accord, une sorte de rituel déjà bien rodé entre les deux âmes qui s’étaient rencontrées en bord de route un soir comme celui-ci, un soir de pluie. Sans un regard en arrière, Joshua se mit en route vers la sortie : il s’arrêta uniquement face à un miroir pour enrouler une mèche rubis à son index et la glisser ensuite derrière l’oreille. Elle retomberait bientôt, il en était certain, mais ces quelques réflexes typiquement humains qui lui revenaient laissaient présager de la vie qui, de temps à autre, semblait encore couler dans ses veines. Depuis que Samuel était entré dans sa vie, puis lorsqu’il l’eut rejoint dans la mort, Joshua était transformé. Il aurait incapable de le dire lui-même, mais ce sourire, sur ses lèvres, était d’une sincérité indicible. La porte se referma derrière lui, après qu’il eut saisit une boîte en velours noir enrubannée d’argent. Ils avaient rendez-vous et il ne fallait pas qu’il arrive en retard.
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joshua-thacker · 10 years ago
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Derniers instants
« Dawn ? » Les yeux posés sur ton petit corps, je souris. Tu dors pour de bon. Les traits de ton visage sont détendus et, pendant un instant, j’ai la prétention de penser que, peut-être, je suis parvenu à te libérer de tes cauchemars. J’en suis heureux. Et je te regarde dormir, songeant que tu seras la dernière personne que je verrais et que, réciproquement, tu seras le dernier à m’avoir vu vivre. Tu seras le dernier à te souvenir de moi. Pourtant, j’espère que comme les autres, tu oublieras. Tu m’oublieras. Je n’existais pas, Dawn. Les meubles qui étaient les miens ont disparu. Des toiles d’araignées se sont tissées dans tous les recoins de cette chambre où j’ai cru vivre pendant des années. Il ne reste que la chaise où je suis assis et ce lit dans lequel tu dors paisiblement.  Quand je me lèverai, elle disparaîtra et, quand tu refermeras la porte derrière toi, le lit s’évaporera, ne laissant aucune trace de sa présence. Comme moi. Comme toi. Il n’est pas encore tout à fait l’heure. Aux premières lueurs de l’aurore, seulement, je parcourrai un chemin qui me mènera vers ma seule destinée. Où iras-tu, Dawn ? Que feras-tu, après ça ? Je ne m’inquiète pas de ce qu’il adviendra de moi. Je m’inquiète pour toi, pour la dernière fois. Ta respiration, lente, soulève les draps dans lesquels j’ai dormi tant de fois, avec tant de personnes différentes qui ne sont plus là, elles non plus.  Il n’y a plus le moindre souvenir d’eux, seulement ceux que j’ai photographié, qui dorment dans le livre qui est posé sur mes genoux. Il y a quelques photos de toi, Dawn. De tes sourires, de tes rires. De tes amis qui furent aussi les miens, mes élèves, mes protégés. Ai-je réussi à vous épargner, ne serait-ce qu’une seconde, des souffrances de ce monde ? J’ai le cœur lourd, petit. Lourd et inexistant, lourd et impuissant. La seule chose que je puisse faire et de vous regarder vous débattre dans cette toile qu’est la vie. Vous êtes des insectes pris dedans et moi…Moi je suis le cadavre empêtré dans ces filaments argentés, qui a déjà été dévoré et qui ne fait que contempler le carnage à venir. J’aurai voulu vous prévenir. Mais l’aurore se lève. Je la guettais du coin de l’œil, par la fenêtre. Son arrivée appose un voile dans ma chambre. On dirait presque une peinture monochrome. Ma vie a la couleur de tes cheveux pendant quelques secondes. Puis devient violacée, devient bleutée, et je vais m’en aller. Comme prédis, la chaise disparait. Je ne m’y étais jamais installé que pour regarder les personnes allongées dans mon lit. A nouveau, tu auras été le dernier. J’inspire profondément. Je te regarde d’en haut, un instant seulement. Je veillerai sur toi.
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joshua-thacker · 10 years ago
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De petits mots.
Quand elle n'avait pas le moral, elle écrivait. Elle écrivait souvent. Ce jour-là, le professeur parlait et son ami, assis contre elle, n'écoutait ni ne bavardait. Il lui laissa tout le loisir de se perdre dans ces petits mots qu'elle griffonnait l'un à la suite de l'autre, qui prenaient place au bord d'un dessin, au pied d'une ligne saturée d'informations diverses. Peu à peu, elle lui donnait vie. Lui qui n'était pas grand-chose devenait soudain plus que quelques lettres, il devenait la voix qui comblait le silence en elle pour lui redonner le sourire qu'elle avait perdu. De lui, elle écrivait ce qu'il était, de petits mots pour décrire de petits bouts de rien : "Joshua fit semblant. Une habitude qu'il ne perdrait sans doute jamais, surtout pas dans la mort. Il était bien trop tard, bien trop vieux pour changer. C'est pourquoi il afficha un sourire qui fendilla en une légère fossette sa joue gauche. Il semblait beau et triste." Elle souriait comme lui.
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joshua-thacker · 10 years ago
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L'Angélus
Sous les bottes de l’homme, l’Enfer s’étendait à perte de vue et d’esprit. Il marchait avec la conviction que cette fois serait la dernière fois qu’il aurait à arpenter le sol de cette macabre cité où l’éphémère s’achève pour l’éternité. Il se répétait cela chaque jour depuis le premier.
    Si je devais écrire son Roman, je crois que je commencerai par ces phrases.
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