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Ils veulent museler la panthère noire

Il y a deux ans jour pour jour, Montélimar News relevait que des coups de feu avaient été tirés devant cet établissement montilien, blessant une personne. Aujourd’hui ce sont des voisins qui se disent blessés de ne pas avoir des nuits estivales aussi calmes que leurs jours hivernaux. Trop sonore, la panthère ?

La panthère noire est un bar à ambiance musicale, qui se targue d’être ouvert sept jours sur sept de sept heures à 2 heures… du matin.  Un endroit où l’on lève le coude et le pouce - 3 646 personnes aiment leur page facebook. Où l’on chante aussi, lors des soirées karaoké ou des retransmissions de match sur grand écran.

Les airs et les paroles ne sont pas les mêmes mais ils semblent déranger tout autant certains des voisins. De mon balcon, je peux suivre les approximations vocales des clients de la panthère. Certains soirs, plus rares, je pourrais me faire découvreuse de talent, en entendant de jolis grains de voix.

Pour certains de mes plus ou moins proches voisins, c’est une nuisance sonore  insupportable. Afin <i>d’éviter l’été prochain de subir 5 soirs par semaine la « musique » diffusée par cet établissement en extérieur</i>, ils ont obtenu un rendez-vous au cabinet du maire pour ce mardi 6 novembre à 15h. Ce <i>comité pour une ville calme la nuit et respectueuse de ses citoyens</i> invite à les rejoindre en mairie sans indiquer ni où ni comment on peut les joindre. Un comité masqué qui voudrait museler la panthère? Le tract déposé dans ma boîte aux lettres ne dit pas qui ils sont mais qu’ils cherchent <i>des arrangements possibles</i>.

Les citoyens pourraient participer eux-même à l’évaluation du niveau sonore de la ville, en transformant leur smartphone en sonomètre. Des chercheurs de Bruxelles ont développé l'application <i>NoiseTube</i>, qui permet aux utilisateurs de voir où et quand les niveaux de décibels sont les plus élevés en ville. Sans doute aux derniers endroits vivants de Montélimar, ceux où se rassemblent des jeunes et des moins jeunes qui ne veulent pas d’une ville aussi silencieuse qu’un cimetière.

Artiz

http://www.montelimar-news.fr/article/coups-de-feu-devant-la-panthere-noire-hier-soir-(4-novembre).-bilan:-un-blesse/1/6598.html

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Un boulodrome à 1,9 M€ pour Saint-Gervais

Le conseil communautaire en ébullition

Ce fut l'autre sujet chaud du conseil communautaire. Pas loin de 2 millions d'euros pour un boulodrome en pleine campagne, il était couru d'avance que cela allait mettre "les boules" à certains. De fait, dans les rangs de l'opposition, le projet a suscité autant d'insistantes interrogations que de condamnations sans appel. Une élue de la majorité, Pierrette Gary, a dû s'abstenir. La production par le vice-président aux sport de la délibération 5.1 donnant le coup d'envoi de la construction d'un boulodrome a réveillé l'assistance, qu'une longue série de délibérations purement techniques avaient quelque peu assoupi. Ce projet avait deux caractéristiques singulières: un coût élevé - 1,9 M€ TTC - et une localisation inhabituelle pour un équipement structurant: Saint-Gervais-sur-Roubion. Le Bled, comme dirait Henri Fauqué.

Un équipement haut de gamme - mais insuffisant pour les compétitions nationales

Le coût élevé s'explique par l'ambition du projet: il s'agit d'un équipement fermé de 16 jeux de 15x3 m (voire 15x4 m si cela s'avérait possible), éclairé et chauffé - et donc praticable en toute saison et par tous les temps, de jour comme de nuit. Une tribune de 38 mètres serait disposée sur toute la longueur du boulodrome. Qui serait par ailleurs équipé d'une buvette et de vastes locaux techniques.   Néanmoins il semble que l'équipement ne pourrait être utilisé que pour des compétitions départementales, à la rigueur régionale. Mais pas nationales ! L'Agglomération supporterait 43% du coût total, soit environ 0,7 M€, le reste provenant de la région (20%), du département (20%) et du CNDS (17%). Le coût total hors taxe étant estimé à 1,62 M€, soit 1,94 M€ TTC.

Maurice Sabarot : une critique argumentée qui fait mouche

Le professeur de danse Maurice Sabarot, ancien membre de la majorité faisant désormais partie de l'opposition En Marche, aura été le plus féroce critique du projet. Il commence par poser la question perfide, pour laquelle il n'aura pas de réponses précise: "J'aimerai connaitre le nombre de licenciés fédéraux et l’estimation du nombre de pratiquants  

loisirs

prévu à Saint-Gervais. Et ce que cela représente en terme de coût par licencié par rapport à l’investissement…" Maurice Sabarot  a visiblement peaufiné ses arguments, en allant enquêter au Teil et à Saint-Gervais. "Le Teil, rappelle-t-il, a fait construire un boulodrome couvert qui, grâce à ses 64 pistes, peut accueillir, lui, des compétitions nationales, voire internationales. Cet équipement n'a rien coûté à la communauté des communes Rhône-Helvie. Il a été intégralement financé par le photovoltaïque*". S'adressant à Hervé Andéol, maire de Saint-Gervais et fidèle soutien de Franck Reynier, Maurice Sabarot remarque que "Même si ce n'est pas Saint-Gervais qui finance, cela représente quand même 1.900 euros par habitant de la commune. Cette somme n'aurait-elle pas été mieux employée à financer des projets plus utiles et demandés par de nombreux habitants?" Il cite pêle-mêle une bibliothèque, un gymnase, une salle de danse, une maison des associations… et la rénovation d'une salle des fêtes qu'il juge "très mal équipée". "Qu'en penseront vos électeurs?" questionne-t-il pour en finir sur ce chapitre.

La maison de la danse en travers de la gorge

L'élu poursuit sur sa lancée en critiquant la politique de l'Agglomération en matière sportive, dans laquelle il ne perçoit aucune réflexion globale. On multiplie les boulodromes - pourtant nombreux sur le territoire - alors que des pans entiers du domaine sportif "restent sur le carreau". Il cite la gymnastique rythmique et sportive, le tennis, le ping-pong pour arriver finalement à la danse.   Porté par le "Comité Départemental de Danse de la Drôme" et l'association "Montélimar Art et Danse", ce projet de maison de la danse figurait dans le programme électoral de Franck Reynier, en 2014. Ce qui n'était pas un mauvais calcul car Montélimar est une commune qui abrite beaucoup d'écoles de danse et beaucoup d'amateurs de ce loisir. Mais le projet n'a jamais avancé et Franck Reynier s'en est même ouvertement détaché, lorsque Maurice Sabarot a commencé à afficher ses sympathies pour La République en Marche, lors de la campagne législative. "Cela fait des années que vous menez en bateau les 4000 danseurs de Montélimar" a lâché Maurice sabarot, amer. Sa collègue Nicole Astier surenchérit:  "vous avez refusé au président de Montélimar Art et Danse une subvention de 450.000 euros pour la création d'une maison de la danse à Montélimar, dans le cadre d'un schéma de financement public/privé. Cette association fait maintenant partie des indésirables, au même titre  que le cinéma Le Palace et le Centre Leclerc".

L'opposition s'autorise la modération

Maurice Sabarot et Nicole Astier s'étant dévoués pour faire le plus gros du boulot, l'opposition n'avait plus qu'à jouer la modération, sans masquer ses interrogations. Alain Csikel (Ciel, ex-FN) a abondé dans le sens de Maurice Sabarot : "Je n'ai jamais entendu parler ici d'un plan global dans le domaine sportif". Catherine Coutard, tout en assurant qu'elle est la première à défendre l'idée qu'il ne faut pas concentrer tous les équipements structurants dans la ville-centre, estime qu'il manque aux élus du conseil "les éléments de réflexion qui permettraient de justifier la construction d'un équipement aussi coûteux. Combien de pratiquants? Combien d'enfants sont concernés?". Johann Matti enfonce le clou. "Combien de licenciés? Il est légitime de se poser la question car 1,9 M€, c'est une somme". Il ironise : "Où alors c'est un chèque en blanc qui a été donné par le bureau des maires…"

La majorité sur la défensive

Franck Reynier, Karim Oumeddour et Hervé Andéol ont répondu mais ont été contraints à rester sur la défensive. Concernant le nombre de pratiquants des sports boulistes, Karim Oumeddour n'a pu préciser que le nombre de clubs actifs sur l'Agglo: 13**. Au sujet du boulodrome du Teil, le vice-président au sport prétend "que ce n'est pas comparable. Il n'est pas couvert ni fermé". Il a pourtant tort. Certes le boulodrome du Teil est à l'air libre, mais ses pistes sont bel et bien couvertes et praticables même les jours de pluie si nécessaire. Et le fait est qu'il n'a pas coûté un euro à la communauté de communes. Au sujet des enfants pratiquant les sports boulistes, Karim Oumeddour prévient que l'équipement a justement pour but de favoriser cette pratique chez les jeunes. Ce qui était une manière habile de masquer le fait que les sports boulistes sont pratiqués essentiellement par des hommes relativement âgés. Sur la localisation, l'argument du vice-président au sport était également un peu cousu de fil blanc: "La commune de Saint-Gervais s'est positionnée depuis longtemps pour avoir un boulodrome..." Hervé Andéol a protesté : "Elle est très bien notre salle des fêtes ! Et nous, nous ne faisons pas de politique !" Cette dernière affirmation a aussitôt déclenché l'hilarité dans l'opposition, et quelques sourires dans les rangs de la majorité. Franck Reynier est venu à son secours : "Hervé Andéol voulait dire que nous ne faisons pas de politique partisane". Catherine Coutard a réagit du tac-au-tac: "Parce que lancer un équipement qui sera inauguré par un maire très proche du président peu avant les municipales, ce n'est pas de la politique partisane?" Franck Reynier a répondu à Maurice Sabarot au sujet de la maison de la danse. "Le projet n'a pas avancé parce que les partenaires privés n'étaient pas au rendez-vous et parce qu'il y avait des problèmes de gouvernance dans les associations, comme vous me l'avez vous-même écrit. Contrairement à ce que vous dites il n'a jamais été question de verser une subvention de 450.000 euros directement à une association. Cette affirmation est juste farfelue."

Pierrette Gary s'abstient, contrainte par son conseil municipal

Sans surprise Maurice Sabarot et Nicole Astier ont voté contre la délibération. Le reste de l'opposition s'est abstenu. Mais une dernière surprise attendait les élus. Pierrette Gary, vice-présidente de l'Agglo et maire de Bonlieu-sur-Roubion a été contrainte de s'abstenir. Elle est pourtant réputée être un fidèle soldat du maire, dont elle exécute sans protester toutes les décisions, on l'a vu dans son domaine, le tourisme. Elle a été contrainte d'avouer que son propre conseil municipal, qui prise peu ce projet de boulodrome dans la commune voisine, lui a imposé cette décision. Encore une rude soirée pour le maire-président, qui doit attendre les vacances de Noël avec impatience. Et prier pour que les gilets jaunes lui fichent la paix !

*Tout ceci est vrai, comme nous avons pu le vérifier. **Le Dauphiné Libéré écrit que selon Karim Oumeddour, il y aurait 600 licenciés, mais nous ne l'avons pas entendu le dire. Quoi qu'il en soit, notons que c'est assez peu, au regard par exemple des 4000 pratiquants de la danse.