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La dédiabolisation hypocrite du Front National.

Chère Marine Le Pen, tu tentes depuis plusieurs années de dédiaboliser le Front National (parti qui est né d'un mouvement néo-fasciste appelé Ordre Nouveau en 1972), mais il semblerait que tu ne t’y prennes pas de la bonne manière...

Il est en effet désolant de constater que les différents stratagèmes que tu as trouvés pour nous faire croire que ton parti - longtemps dirigé par Jean-Marie Le Pen déjà condamné pour menaces de mort, injures publiques et violences en réunion - contrastent quelques peu avec les mesures xénophobes que tu vomis sous les chaudes lumières des plateaux de t��lévision.

Tu t���es d’abord séparée de ton nom de famille, qui te ramenait sans cesse à ton père xénophobe et homophobe, pour ne garder que ton prénom : Marine.

Dans une France toujours sexiste, où l’on appelle souvent les femmes par leur prénom et les hommes par leur nom (certains disent Hollande, Sarkozy, Fillon mais préfèrent dire Ségolène), tu as pourtant décidé de n’être la plupart du temps affiliée qu’à un prénom. Je pense que cette stratégie ne convaincra personne ; d’une part, les électeurs les plus extrémistes du Front National doivent en effet être déçus que tu te sépares ainsi du nom qui renvoyait au fondateur du parti, et d’autre part ceux qui ne sont pas encore tes sympathisants savent qu’il ne suffit pas de se faire appeler par son prénom pour effacer le passé... D’autant plus que ton programme présent n’est pas loin d’être aussi radical et discriminant que l’était celui de ton père.

Tu as ensuite décidé de te séparer du traditionnel logo du Front National, sans doute parce qu’il ressemblait “étrangement” à celui du parti néo-fasciste MSI (mouvement social italien) fondé en 1946 par des proches de Mussolini.

Le 16 novembre 2016, tu as donc révélé un nouveau logo pour le moins étonnant : une rose bleue, que tu aurais selon la cellule image de ton parti “dessiné toute seule sur un coin de table en été”. Ce logo, que tu as associé à Clint Eastwood, Brigitte Bardot et même Einstein (rien que ça) sans avoir leur permission (ou celle des descendants), semble être le produit de la rose du Parti Socialiste et la couleur bleue de l’UMP, désormais Les Républicains. Ce choix visuel est assez cohérent avec tes propos tenus dans le Figaro le 20 septembre dernier : “nous sommes de droite et de gauche”, mais bizarrement pas avec les mesures xénophobes que tu envisages d’appliquer à la France. Tu peux bien prétendre l’inverse en mettant en avant ton programme économique plus à gauche que celui de l’ultra-libéral François Fillon : ton parti était et est d’extrême-droite, car tu défends des idées et des valeurs de droite en t’appuyant sur un nationalisme et un traditionalisme très marqués. Il est assez cocasse d’ailleurs de remarquer que tu as passé dix années à critiquer “l’UMPS” mais que tu essaies désormais d’en extraire la synthèse. Tu as peut-être d’ores-et-déjà compris qu’il y a derrière toi une armée de militants, dont certains se livrent à un déferlement de propos racistes sur les réseaux sociaux, mais que cela ne suffira pas à gagner une Présidentielle. Tu dois rassembler en “ratissant plus large”; raison pour laquelle tu as opté pour la stratégie du “ni de gauche, ni de droite”, afin de toucher le plus grand nombre. Je ne suis pas devin, certes, mais je pense que tu as des chances d’être au second tour, tout en le perdant à pleine couture. Ce qui est - je te l’avoue - déjà assez effrayant pour notre pays.

Mais alors, en quoi tes idées politiques sont-elles xénophobes ?

Avant de mettre le doigt sur quelques-unes de tes mesures, il est important de partager ici la définition de xénophobie :

La xénophobie est une "hostilité à ce qui est étranger”, plus précisément à l'égard d'un groupe de personnes ou d'un individu considéré comme étranger à son propre groupe. Principalement motivée par la peur de l’inconnu et de perdre sa propre identité, elle se détermine selon entre autres la nationalité, l’origine géographique et la race.

1. A la lecture du programme du Front National de 2012, on apprend que tu souhaites réduire le nombre d’immigrés LÉGAUX par an, passant de 200 000 à 10 000.

J’étais très naïf de penser que tu ne comptais t’en prendre “qu’aux” personnes qui séjournaient illégalement sur le sol français, souhaitant les voir reconduites à la frontière. Ce qui est encore plus insensé est que tu aimerais choisir 10 000 immigrés légaux “selon leur talent et le rayonnement qu’ils pourraient apporter à la France”. Comment pourrais-tu savoir quelles personnes seraient plus talentueuses ou utiles que d’autres ? A la hauteur de leurs revenus et des impôts qu’elles paient ? Ou peut-être si elles savent jouer de la clarinette et jongler avec trois balles en même temps ?! Cette mesure est à mon sens xénophobe, d’autant plus que tu ne justifies pas en quoi elle serait utile. Est-ce pour favoriser ce que tu appelais autrefois “préférence nationale” et que - dans ta logique de dédiabolisation - rebaptise aujourd’hui “priorité nationale” ? Crois-tu réellement que notre pays ne peut accueillir 200 000 immigrés légaux par an, tout en offrant aux citoyens français un travail, d’autant qu’énormément de Français quittent la France chaque année ? Pourrais-tu comprendre que la richesse d’un pays ne s’évalue pas qu’à son taux de croissance, mais également à la diversité culturelle qui le nourrit ? Il me semble que ce qui t’anime n’est pas tant le désir d’aider le peuple français que ton hostilité vis-à-vis des étrangers. J’attends que tu me prouves le contraire.

2. Le 19 janvier 2017, je t’ai entendu dire lors d’une interview sur RTL que tu ne souhaitais rembourser les frais de santé des étrangers qu’après deux années passées en France.

                                                                          (à partir de la troisième minute).

Sache que mon sang n’a fait qu’un tour ; d’abord parce qu’une nouvelle fois tu sous-entends que la France ne peut offrir ce confort aux étrangers, mais surtout car cette mesure n’a aucun sens et ce, même dans ton obsession de la “priorité nationale”... Penses-tu que tous les étrangers ont les moyens financiers de payer leurs frais de santé ? Si tu ne connais pas la réponse, je te la donne : non. Et je me suis donc demandé si tu avais remarqué que les immigrés côtoient chaque jour les Français ; dans les transports en commun, dans la rue, à la piscine, à l’école, au travail, autour d’un verre et même dans un lit. Si les étrangers ne peuvent se soigner, la suite logique est que les Français tomberont également malades. Est-ce bien ce que tu veux ? Ou penses-tu simplement qu’ils retourneront dans leur pays s’ils ne peuvent pas “profiter" de notre système social ?! Une nouvelle fois, tu essaies de répondre à la colère et aux peurs des Français en leur faisant croire que le problème de la France sont les étrangers et que la solution miracle serait de ne plus les aider, voire de les pousser à rentrer chez eux... Tu construis donc ton programme sur des ruines, de la peine et des larmes.

3. Enfin, en décembre 2016, en arpentant le marché de Noël des Champs-Élysées, tu as déclaré que “la scolarisation gratuite et obligatoire des enfants de parents clandestins est une pompe aspirante de l'immigration, à laquelle il faut mettre fin.”

Sache, Marine, que je ne m’étais pas imaginé que tu oserais aller aussi loin en assumant à ce point ta xénophobie. Il me semble que ces exécrables propos contrastent quelque peu avec ta stratégie de dédiabolisation du Front National, à moins que tu aies la démente croyance que la majorité des Français partagent tes idées. Alors comment peux-tu t’attaquer à des enfants, qui n’ont pourtant pas décidé de venir en France et qui ne peuvent pas te répondre ? Connais-tu le nombre d’enfants clandestins en France ? Et si oui, peux-tu nous prouver que leur scolarisation est une pompe aspirante de l’immigration ? J’ai eu beau chercher, fouiller d’innombrables pages internets, je n’ai malheureusement rien trouvé concernant les enfants, en 2016 ou 2017. D’autant plus qu’il faut savoir que tous les migrants ne sont pas des immigrés illégaux. Tu n’as d’ailleurs jamais pris la peine de distinguer ceux qui sont obligés d’avoir un Visa pour entrer en France et ceux qui peuvent entrer sur le sol français sans en avoir. Je suis donc très curieux de comprendre comment tu tires ces conclusions alarmantes et qui alimentent une nouvelle fois la méfiance de quelques Français envers les étrangers. Et je note d’ailleurs qu’il est assez cocasse de dire une telle énormité, de manquer à ce point d’humanisme, sur un marché de Noël, toi qui te prétends catholique et arbores ainsi sur des plateaux télévisés une croix chrétienne. Où est donc passée ta générosité, qui est pourtant l’une des valeurs chrétiennes fondamentales ?!

Conclusion

Alors voilà, Marine Le Pen, je ne t’ai pas vouvoyée dans cet article car j’ai pour habitude de ne vouvoyer que les personnes pour lesquelles j’ai du respect. Et comment pourrais-je respecter quelqu’un qui stigmatise les étrangers en instrumentalisant les peurs du peuple français ?

Je te rappelle le 1er article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, car il semblerait que tu aies oublié que :

Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.

Je conclus en te disant que ma France à moi s’appelle André, Bilal, Krishna, Pedro, Branislav, Fatima, Kyriakos, Isaac,... alors que ta France à toi s’appelle Peur, Haine et Passé. Et à travers ce premier article, je rentre aujourd’hui en campagne contre ton parti d’extrême-droite, ton parti xénophobe. J’aime la France, les Français et les étrangers. Et ne doute surtout pas de notre détermination. Nous sommes nombreux à penser que tu ne ressembles pas à la France, mais davantage à son ombre... Nous sommes nombreux à refuser que ton parti se nourrisse des attentats pour stigmatiser toute une religion... Et nous sommes et serons nombreux à nous battre chaque jour pour que notre pays, étant traditionnellement une terre d’accueil, n’ait JAMAIS ton visage... Celui de la xénophobie. Je ne lâcherai rien. Vive la France, belle et tolérante, et Vive la République, aimante.

                                                                                                               Léviator.