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Culture rap, mais pas que.
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lignes2frappe · 29 days ago
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LE TRÈS POP ABÉCÉDAIRE DE MICHAEL JACKSON
Le dernier papier du site, c'est celui-là.
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A comme ABC
Avant que Michael Jackson ne devienne Michael Jackson, il y a eu les Jackson 5, le groupe formé en 1964 avec ses frères Jackie, Tito, Randy et Jermaine. Michael avait 6 ans.
Si les débuts ont été laborieux, ils finissent par rencontrer un immense succès en 1970 avec leur second album officiel, ABC, dont la chanson éponyme détrône, comme un passage de témoin, les Beatles à la première place des charts US.
Chantres d’un son « disco-soul-bubblegum » calibré pour plaire au plus grand nombre (zéro revendication raciale, zéro revendication sociale, zéro prise de tête), nos cinq petits chouchous de l’Amérique enchaînent avec trois nouveaux albums et un best-of dans les douze mois qui suivent (!), tandis qu’ils se retrouvent vedettes d’un dessin animé relatant leurs exploits, The Jackson 5ive.
Au centre des attentions, Michael porte le groupe sur ses épaules.
C'est donc logiquement que lorsqu'il choisit de privilégier sa carrière solo, la popularité de la fratrie décline. L’aventure se poursuit quand même bon an mal an jusqu’en 1989, date de l’album de triste mémoire 2300 Jackson Street où Michael n’est présent que sur une seule chanson (et seulement au refrain).
Relégués parfois un peu trop rapidement au rang d’épiphénomène par le succès de Thriller & Co., les Jackson 5 ont néanmoins profondément marqué la culture pop en posant les bases de ce qu’on appellera plus tard les boys band.
Pas dit en effet que sans eux les New Kids on the Block, New Edition et autres Backstreet Boys aient pu voir le jour.
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B comme Bucarest
Au sommet de sa gloire, Michael Jackson c’était bien plus que de la musique : Michael Jackson c’était la voix de l’Amérique triomphante. Cheval de Troie de sa démocratie de masse et de son consumérisme à tout crin, sponsorisé par tout ce que le monde capitaliste comptait de meilleur (Pepsi, Suzuki, Sony...), il était un soft power à lui tout seul.
C’est ainsi que son concert dans la capitale roumaine le 28 septembre 1992 symbolise, trois ans après la chute du Mur de Berlin couplée à celle de la dictature Ceausescu, la fin du communisme et l’ouverture à l’Ouest.
Accueilli comme le Messie par le nouveau pouvoir, il remplit les 70 000 places du Stade National Lia Manoliu en un clin d’œil malgr�� le prix exorbitant des billets pour une population vivant majoritairement sous le seuil de pauvreté.
« C’est le premier événement du genre à Bucarest et il représente tout le glamour et l’excitation dont tous ont été privés » saluera le magazine Pop, Rock and Show.
Enregistré par HBO à qui Michael a vendu les droits pour une diffusion à l’internationale dans 61 pays, ce live est aujourd’hui disponible sur YouTube.
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C comme Célèbre
Michael Jackson a-t-il été l’être humain le plus connu de la planète ?
Vénéré comme un demi-dieu par ses fans qui bloquaient des rues entières autour des hôtels où il résidait, traqué par les tabloïds qui publiaient à la chaîne des papiers sur ses moindres faits et gestes, reçu avec les égards dus à un chef d’État par tous les présidents, cheikhs et monarques des pays qu’il visitait... il est difficile d’imaginer aujourd’hui la fascination qu’il exerçait sur les foules.
Immensément plus populaire que ses concurrents directs (Prince, Madonna...) ou que n’importe quel acteur ou athlète, il avait compris son époque avec un temps d’avance, lui qui fut le premier à user pleinement du pouvoir de l’image pour iconiser son art (merci MTV), tout en profitant de la mondialisation naissante pour aller défricher de nouvelles parts de marché aux quatre coins du globe (merci Ronald Reagan).
Superstar originelle, il rassemblait tous les publics et toutes les générations (les Noirs/les Blancs, les parents/leurs enfants...), tout cela sans internet et sans les réseaux sociaux !
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D comme Dysmorphophobie
Objet de toutes les spéculations, le visage de Michael Jackson a considérablement évolué au fil de sa carrière, au point de faire oublier le jeune homme qu’il était du temps des pochettes de Thriller et Off The Wall.
La faute à un accident qui s’est produit le 27 janvier 1984 sur le tournage d’une publicité pour Pepsi. Tandis que des feux d’artifice se déclenchent prématurément alors qu’il danse à proximité, sa chevelure prend feu dans une scène digne d’un film d’horreur. Brulé au deuxième et troisième degré au crâne et au corps, il est opéré en urgence.
Initialement des plus réticents à subir le moindre acte médical, il prend étonnamment « goût » à la chose... non sans développer en parallèle une addiction aux antidouleurs.
Dès lors, l’auteur de Man in the Mirror entame une transformation physique sans fin : rhinoplasties, rehaussement des pommettes, affinement des lèvres, dessin des contours des yeux, façonnage du menton, implants capillaires... tout y passe, quand bien même il ne reconnait officiellement que deux petites interventions au nez – « pour mieux chanter ».
Quête de perfection ? Quête d'une jeunesse éternelle ? Besoin perpétuel d’attention ? Parmi toutes raisons qui expliquent ce comportement franchement pathologique, impossible de ne pas mentionner le traumatisme que lui a infligé enfant son père lorsqu’il le surnommait « gros nez ».
De là date très certainement son obsession (son dégoût ?) pour son apparence.
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E comme Égypte
De plus en plus clair de peau à compter du milieu des années 80, Michael Jackson a longtemps été suspecté de renier ses origines afro-américaines, de vouloir « faire blanc ».
Bien que ces accusations se soient révélées fausses (il souffrait de vitiligo, une maladie dermatologique qui provoque l’apparition de taches blanches sur tout le corps), il n’empêche que MJ n’était pas l’artiste le plus engagé sur le terrain des droits civiques.
Les choses changent cependant avec Dangerous en 1991, un album qui se veut plus en phase avec l’époque. Passé un premier single Black or White qui flirte habilement avec la polémique (« I'm not gonna spend my life being a color »), Remember the Time frappe les esprits avec son clip de 9 minutes aux faux-airs de manifeste.
Réalisé par le regretté John Singleton tout juste auréolé du succès du très ghetto Boyz N the Hood, il met en scène une distribution 100% black composée des plus grosses célébrités du moment en train de rejouer l’Égypte des pharaons (Eddie Murphy, la mannequin Iman, le basketteur Magic Johnson, les Pharcyde…).
Subversif et pas qu’un peu, Remember the Time reprend mine de rien le mythe afrocentriste d’une « civilisation noire » matrice de toutes les autres qui aurait été dépouillée de son avoir par les Européens.
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F comme Femmes
Michael et les femmes, c’est compliqué.
À l’exception de ses romances torrides qui n’existaient que sur disque (Billie Jean, Dirty Diana, The Way You Make Me Feel…), MJ a toute sa vie collectionné les relations platoniques (Tatum O'Neal, Stephanie Mills, Brooke Shields...).
Longtemps « soupçonné » d’être homosexuel (la question l’a beaucoup taraudé en privé), il ne cultivait en vérité pas grand intérêt pour la chose, concédant « préférer grimper aux arbres plutôt que faire l’amour » (?!).
Certes, il s’est marié à deux reprises (en 1993 avec la fille d’Elvis Presley, en 1996 avec l’assistante de son dermatologue Debbie Rowe), mais personne n’y a cru – dans le premier cas, il s’agissait d’un coup marketing, dans le second cas, il s’agissait de trouver une mère porteuse.
Au-delà des moqueries, son asexualité n’est surement pas étrangère au fait qu’il ait été exposé très jeune aux stripteaseuses et drag queens croisées dans les clubs pour adultes où il se produisait avec ses frères.
Plus âgés, ces derniers n’hésitaient jamais à ramener des groupies dans leur chambre d’hôtel, intimant Michael de « faire semblant dormir » pendant qu’ils faisaient leurs affaires dans le lit juste à côté du sien.
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G comme Gary
Là où tout a commencé.
Là où son père Joe et sa mère Jackie, tous deux petits-fils d’esclaves, se sont rencontrés, puis se sont mariés en 1949. Là où, comme eux, de nombreux afro-américains se sont installés dans l’entre-deux guerres pour fuir les lois racistes des états du sud et trouver un emploi dans la sidérurgie – Gary tire son nom de celui du patron de l’United States Steel Corporation, Elbert Henry Gary.
Là où Michael a vécu dans une petite maison de deux pièces avec ses huit frères et sœurs (maison qu’il est toujours possible de visiter à l’heure actuelle), avant de partir s’installer à Détroit en 1968, l’année de ses 10 ans.
Bourgade sans histoires de l’Indiana, Gary n’est depuis connu du grand public que pour ça.
Ainsi, lorsque Michael est revenu pour la première fois sur place, le 11 juin 2003, après 35 ans absence, le maire s’est empressé de lui remettre les clefs de la ville, puis de renommer la rue où il a grandi, 2300 Jackson Street.
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H comme « Hee-hee »
Très certainement l’onomatopée le plus reconnaissable du 20ème siècle.
Trop souvent résumé à sa capacité de monter dans les aigus, sans être au niveau d’une Mariah Carey ou d’un Luciano Pavarotti, Michael était pourtant un vocaliste hoirs pair.
Inspiré par les Bee Gees, James Brown et Diana Ross, sa voix androgyne lui permettait certes de chanter en falsetto comme bon lui semblait, mais son interprétation couvrait en réalité une palette beaucoup plus large.
Tantôt hargneux (Unbreakable), tantôt langoureux (Human Nature), il était en mesure d’alterner staccato (Smooth Criminal) et legato (Rock With You), non sans tenir des notes sans faiblir (Earth Song).
Plus impressionnant, il savait insuffler une émotion folle dans ses chansons, lui qui à 12 ans (!) donnait corps à une romance aussi torturée que I’ll Be There – la version a capella à jamais dans les cœurs.
Trivia : dans la vraie vie, sa vraie voix était plus grave qu’en interview.
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I comme Iconique
Chapeau Fedora sur la tête, lunettes Ray-Ban Aviator sur le nez, veste militaire brandebourgs sur les épaules, t-shirt blanc col v sur le torse, brassard autour du bras, pansements sur les doigts, ceinture king size atour des hanches, jambières aux tibias, socquettes blanches pailletées et mocassins noirs aux pieds... avant même d’esquisser le moindre pas de danse ou de chanter la moindre note, Michael Jackson était reconnaissable au premier coup d’œil.
Roi de l’accessoire, personne ne s’habillait comme lui. Personne ne pouvait s’habiller comme lui.
Il suffit d’ailleurs de penser à n’importe lequel de ses clips, de ses concerts ou de ses covers d’album pour se remémorer immédiatement le look qui allait avec – son ensemble full cuir noir de Bad, son costume blanc et chemise bleue en soie à la Fred Astaire de Smooth Criminal, sa tenue de pharaon de Remember The Time, sa dégaine d’astronaute sur le HIStory World Tour...
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J comme Joe Jackson
Dans le monde de la musique, rares sont les hommes à la réputation aussi exécrable.
Figure du patriarche aussi brutal que cruel pour qui la fin justifie les moyens, cet ancien boxeur/bluesman au succès très confidentiel a fait vivre l’enfer à ses enfants pour assouvir ses rêves de gloire.
Outre les cinq heures de répétition quotidiennes auxquelles « Joseph » les astreignait après l’école (il exigeait d'être appelé par son prénom), il les battait au moindre pas de danse mal exécuté. Comble du supplice, il les obligeait à aller décrocher la branche d’arbre avec laquelle ils allaient se faire corriger – Michael racontera même que, fou de rage, il l'a un jour mis en joue avec un fusil avant de presser la détente...
Reste que sans Joe Jackson et sa discipline de fer, ni lui, ni ses frères, ni ses sœurs n’auraient pu accomplir de telles carrières.
En 2011, Jermaine confessait d'ailleurs à ABC News que « jamais ses frères et ses sœurs n'auraient voulu être élevés autrement (...) Il nous a appris tout ce que nous avions besoin de savoir pour devenir ce que nous sommes devenus. »
Cela l’excuse-t-il pour autant ? En 2009, trente ans après avoir coupé les ponts professionnellement avec lui, Michael exigeait dans son testament qu’il n’ait rien à voir de près ou de loin avec l’éducation de ses enfants.
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K comme King of Pop
Son surnom pour l’éternité.
Né sur la scène des Soul Train Music Awards de 1989, lorsque l’actrice Elizabeth Taylor avec qui il était ami depuis plusieurs années déjà (et qu’il choisira comme marraine de sa fille Paris) lui remet un prix récompensant l’ensemble de sa carrière en le désignant au public comme « the true King of Pop, Rock and Soul ».
Touché, Michael perçoit néanmoins tout le potentiel qu’il peut tirer de l’expression et intime dans la foulée ses publicistes de le présenter comme le « King of Pop » dans les médias.
L’opération marketing fonctionne à tel point, qu’aujourd’hui encore, malgré la pelletée de chanteurs qui après lui ont été adoubés comme « princes de la pop » (Justin Timberlake, Usher, Justin Bieber, Chris Brown…), aucun n’a eu l’impudence de lui contester la couronne.
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L comme LA Gear
Sur le papier, se devait être un coup de génie à la Nike avec Michael Jordan. Ce fut le pire flop de l’histoire de la sneaker.
Troisième acteur du marché à la fin des années 80 derrière Reebok et la marque au swoosh, LA Gear pense avoir trouvé la martingale pour grimper sur la plus haute marche du podium : signer à la chaîne des célébrités, que ce soient les joueurs NBA les plus populaires du moment (Kareem Abdul-Jabbar, Karl Malone, Hakeem Olajuwon...), ou des chanteuses en vogue comme Belinda Carlisle et Paula Abdul.
Grisé par l’explosion de la notoriété de Pepsi suite au partenariat passé avec MJ, LA Gear débourse 20 millions de dollars pour s’adjoindre ses services – la plus grosse somme jamais déboursée en matière de sponsoring, un cinquième du budget annuel de LA Gear.
Sauf qu’entre le design un peu trop chelou de la signature shoe (lanières, pointes en métal...) et un marketing bancal (Michael préfère s’enfermer en studio pour enregistrer Dangerous plutôt que d‘en faire la promo dans des clips qui auraient dû être tournés pour son best of initialement prévu), la sauce de ne prend pas.
Conséquence, sitôt ladite signature shoe reléguée dans les bacs à solde, quand vient le temps de faire les comptes, l’action de LA Gear passe de 50 à 10 petits dollars en quelques semaines tandis que son CEO est mis à la porte.
S’ensuit une bataille juridique homérique entre la marque et MJ, chacune des deux parties réclamant à l’autre plus de 40 millions de dollars de dédommagement pour rupture de contrat.
Dès lors en grandes difficultés financières, LA Gear se déclare en faillite en 1998.
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M comme Moonwalk
Exécuté pour la première fois par Michael au son de Billie Jean sur la scène du Motown 25: Yesterday, Today, Forever le 16 mai 1983, ce pas de danse dont il a fait sa griffe a en réalité été emprunté à d’autres – à sa décharge, Michael n’a jamais prétendu l’avoir inventé.
Avant lui, il y a eu le « backslide » des b-boys (les Electric Booglaoos, Mr. Freeze du Rock Steady Crew qui peut être vu marcher en arrière dans les films Flashdance et Wild Style...), ainsi que les chanteurs rnb Jeffrey Daniel des Shalamar et Bobby Brown des New Edition.
Plus loin dans le temps encore, il y a eu Charlie Chaplin dans Les Temps modernes (1936), mais aussi et surtout le chef d’orchestre jazz Cabb Calloway qui, en 1930, fut le premier à zigzaguer en traînant des pieds – lui appelait ça « le camel walk »/« la marche du chameau ».
Toujours est-il que MJ est celui qui a popularisé le move et révolutionné l’histoire de la danse. Avant lui, aucun chanteur ne dansait dans ses clips. Après lui, aucun adolescent au monde n'a pas un jour tenté de reproduire ses pas devant le miroir de sa chambre.
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N comme Neverland
L’immense ranch de 3 000 hectares dont Michael a fait l'acquisition en 1988.
Séduit par le lieu après y avoir tourné le clip de Say Say Say avec Paul McCartney, il entreprend de le transformer en parc d’attraction grandeur nature (manèges, train à vapeur, grande roue, animaux exotiques...). Une façon pour lui de prendre sa revanche sur l’enfance qu’il pense ne pas avoir eue.
Rebaptisé du nom du pays des rêves dans les aventures de Peter Pan, Neverland symbolise toute la démesure et toute la mégalomanie d’un MJ qui perd de plus en plus pied avec le réel Cf. le tableau ci-dessous disposé dans le hall d'accueil.
Gouffre financier sans fond (trois millions de dollars par an de frais rien que pour l’entretien), il lui vaudra en 2007 de se faire menacer de saisie par la justice californienne pour ne pas avoir payé sa mise en garantie ainsi que les salaires et cotisations sociales de ses employés.
Neverland restera toutefois sa propriété jusqu’à sa mort en 2009, quand bien même il n’y habitait plus depuis son exil au Bahreïn en 2005.
Dommage ensuite que le projet de musée à sa gloire longtemps évoqué ne se soit jamais concrétisé. À la manière de Graceland pour Elvis Presley, les fans du monde entier auraient mérité un lieu de pèlerinage.
Revendu en 2020 à un ami de la famille, le milliardaire Ronald Burkle, pour un cinquième de sa valeur (22 millions de dollars contre 100 millions demandés initialement, la faute à un état de délabrement avancé), Neverland a entretemps été renommé le Sycamore Valley Ranch.
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O comme Off the Wall
L’album préféré des fans de la première heure.
Considéré comme beaucoup comme son « vrai » premier solo (parce que sorti à sa majorité, parce que produit par Quincy Jones, parce que ses prédécesseurs n’avaient pas entièrement convaincu...), si Off the Wall a initié les grandes années de Michael, il n’en dégage pas moins une forme de spontanéité, pour ne pas dire de candeur, qui ne se retrouvera ensuite plus dans sa discographie – à commencer par Thriller qui ressemble un peu trop à une collection de tubes calibrés pour tous les publics.
Ajoutez à cela zéro trou d’air, des performances vocales folles (Michael n’a jamais aussi bien chanté), du fun à tous les étages (existe un meilleur disque au monde pour danser ?), une bonne grosse dose de nostalgie, et le débat ne semble pas loin d’être clos.
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P comme Prince
Petits prodiges de la musique dans les années 70 arrivés au sommet de leur art dans les années 80, Michael et le Kid de Minneapolis ne pouvaient pas ne pas être rivaux.
Deux faces d’une même pièce, s’ils n’ont pas été les frères ennemis que public et média auraient voulus qu’ils soient, leurs égos se sont toutefois entrechoqués plus d’une fois.
À la décharge de Prince, Michael aurait été celui qui a mis le feu aux poudres dès leur première rencontre, lors d’un concert de James Brown en 1983. Tandis que Prince était en coulisses, invité sur scène, Michael suggère au Godfather d’inviter l’auteur de Little Red Corvette à les rejoindre... sachant pertinemment que ce dernier avait un coup dans nez ! Prince étant Prince, il s’en est sorti avec un solo de guitare digne de sa réputation, ruinant le plan (supposé) de Michael de le rendre ridicule – et oui, il existe une vidéo de cette seule et unique rencontre entre ces trois légendes !
Prince prend ensuite sa revanche en battant Michael au pingpong (et non, il n’existe malheureusement pas de vidéo du match), puis en snobant l’enregistrement de We Are the World en 1985 (officiellement pour un problème de confusion dans les emplois du temps).
Deux ans plus tard, Quincy Jones fait néanmoins fi de ces bisbilles et l’approche pour lui proposer d’interpréter Bad en duo avec MJ. Guère enthousiasmé par la première ligne du texte (« Personne ne va me chanter ‘Your butt is mine’. Et je ne vais chanter ça à personne. »), Prince décline.
En retour, Michael écrit dans les audios de son autobiographie Moonwalker publiée en 1988 que Prince qu’il est « l’une des personnes les plus mal polies qu’il ait jamais rencontrée ».
Nos deux divas/démiurges continueront dès lors de soigneusement s’éviter, non sans résister au plaisir de s’envoyer quelques piques. En 2001, Michael balance sur Invincible « And he's buying diamonds and pearls/He can't do it like me ». En 2004, Prince lui rétorque sur Musicology le subliminal « My voice is getting higher/And I ain't never had my nose done/That's the other guy ».
Le décès du King of Pop en 2009 marquera la fin des hostilités, Prince semblant profondément touche de voir là un pan entier de son histoire personnelle se refermer : « Je n'ai jamais vu Michael comme un rival. Je le voyais comme quelqu’un qui me poussait à être meilleur, à innover, à aspirer à plus de grandeur. »
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Q comme Quincy Jones
Et si Michael et le producteur de Ray Charles, Aretha Franklin, Frank Sinatra et Dizzy Gillespie (et quantité d’autres légendes) n’avaient pas échangé quelques mots sur le plateau de tournage du film The Wiz en 1978 ?
Et si Michael ne lui avait alors pas confié son besoin de trouver LA personne pour l’aider à mettre en musique « ce qu’il entend dans sa tête » ?
Et si Jones ne lui avait pas dans la foulée présenté « son équipe de superstars » (le trompettiste Jerry Hey, l’auteur-compositeur Rod Temperton, l’ingénieur du son Bruce Swedien, le claviériste Greg Phillinganes...) ?
Et si Michael n’avait pas accepté que chacune de ses chansons intéresse dans les 15 premières secondes (« avant que l’oreille s’endorme ») ?
Et si le triptyque Off the Wall/Thriller/Bad n’avait jamais vu le jour ?
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R comme Russell Crowe
Ce n’est pas forcément le trait de sa personnalité qui saute le plus aux yeux, mais Michael était un type marrant. C’est en tout cas ce que rapportent bon nombre de ses proches (Chris Tucker, Lisa Marie Presley, Eddie Murphy...). En privé, Michael aimait rire et aimait faire rire.
Adepte d’un humour bon enfant (pour ne pas dire enfantin), rien ne l’amusait tant que de jeter des bombes à eau sur les passants avec Macaulay Culkin... ou faire des canulars à Russell Crowe.
La star de Gladiator et Révélations a ainsi raconté en 2015 dans The Guardian que l’auteur de Heal The World lui a fait des blagues au téléphone « pendant deux ou trois p*tain d’années », alors même qu'il ne l’avait « jamais rencontré ou serré la main de sa vie ».
« Il dégotait le nom sous lequel je m’enregistrais à l’hôtel et m’appelait pour faire ce genre de truc qu’on fait quand on a 10 ans. ‘Est-ce que Mr Mur est là ? Et Mme Mur ? Y a-t-il des Murs ? Mais qu’est-ce qui tient le plafond ? Haha’. On est supposés arrêter de faire ce genre de truc en grandissant, non ? »
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S comme Stranger in Moscow
17 août 1993. Coup de tonnerre : Jordan Chandler, un jeune garçon de 13 ans, accuse Michael Jackson d’attouchements sexuels.
L’information est immédiatement reprise en boucle par les médias dans une ambiance de jeux du cirque à mi-chemin entre la chasse aux sorcières et le concours de blagues – le monde traitait à l’époque ces sujets très différemment.
Au beau milieu de la tournée Dangerous, Michael est extrêmement affecté par la nouvelle, au point d’user de morphine pour calmer ses angoisses.
En concert le 15 septembre au stade Loujniki à Moscou, n’en pouvant plus une fois rentré dans sa chambre d’hôtel, il couche sur papier un poème qui exprime l’immense sentiment de solitude qui le ronge.
Trois ans plus tard, ce poème est mis en musique sur l’album HIStory sous le titre Stranger in Moscow, l’une de ses plus belles ballades.
Entretemps, les 14 dernières dates du Dangerous Tour ont été annulées, Michael est passé à plusieurs reprises par la case désintoxication, 22 millions de dollars ont été reversés en janvier 1994 à la famille Chandler pour faire retirer leur plainte au civil (dont 5 millions à leurs avocats), quand bien même l’enquête a conclu en septembre 1994 à un non-lieu faute de preuves et de témoignages.
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T comme This Is It
Longtemps, quand il était demandé à Michael Jackson quel était l’endroit où il se sentait le mieux au monde, il répondait « sur scène ». Programmé dès son plus jeune âge pour se produire devant la foule, c’est là qu’il s’exprimait pleinement. Qu’il connectait le mieux avec les autres.
Au fil de tournées se faisant de plus en plus gigantesques (toujours plus de dates, toujours plus de pays, toujours plus de logistique), il a cependant développé l’exact sentiment inverse.
Épuisé mentalement et physiquement à l’issue du Bad World Tour en 1989 (le stress, le manque de sommeil...), MJ ne montera désormais plus sur scène qu’à contrecœur – trois ans plus tard, sur le Dangerous World Tour (la tournée où il commence à abuser des playbacks), il fera même l’impasse sur le territoire américain.
En 2009, ce n'est que sous la pression de ses créanciers qu'il annonce une série de 50 concerts à la 02 Arena de Londres, six ans après sa dernière apparition sur les planches de l'Apollo Theater de New-York.
D’aucuns concluront que son anxiété à l’approche de la première date et son décès prématuré à trois semaines de l’échéance ne sont pas sans lien.
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U comme USA for Africa
Le charity business à son meilleur.
Inspiré par le succès du supergroupe britannique Band Aid (Kate Bush, Sting, Bono, Freddie Mercury...) qui en 1984 a sorti le tube Do They Know It’s Christmas? dans le but de lever des fonds pour lutter contre l’épidémie de famine qui ravage alors l’Éthiopie, le chanteur et activiste Harry Belafonte convainc Quincy Jones d’user de ses connexions pour se lancer dans le caritatif/sauver l’Afrique.
C’est ainsi que voit le jour United Support of Artistes (USA) for Africa, un collectif composé des 46 plus gros artistes américains du moment (Bruce Springsteen, Tina Turner, CyndiLauper, Bob Dylan, Ray Charles...). Réunis à l’occasion de la cérémonie des American Music Awards à Los Angeles du 28 janvier 1985, ils enregistrent en catimini dans la nuit un morceau commun, We Are the World.
Co-écrit par Michael et Lionel Richie, We Are the World cartonne dans les grandes largeurs (numéro 1 dans 24 pays, 20 millions de copies vendues), permettant de redistribuer 100 millions de dollars à quelque 500 associations réparties sur tout le continent.
Bien que louable, un peu comme les Restos du Cœur chez nous, l’initiative ne fait pourtant pas l’unanimité. Outre le côté narcissique de l’exercice (« Ô petit peuple, regarde-nous être de si belles personnes »), certaines critiques ont reproché à Quincy, Michael & Co. de « perpétuer des stéréotypes » et « d’alimenter la pitié plutôt que le partenariat avec le continent africain ».
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V comme Ventes
Mais combien de disques Michael Jackson a-t-il vendu ?
Homme de tous les superlatifs, il est notamment l’auteur de l’album le plus vendu de tous les temps, Thriller, ainsi que le seul artiste à avoir enchaîné cinq albums de rang écoulés à plus de 20 millions d’exemplaires (Off the Wall/Thriller/Bad/Dangerous/HIStory).
Après, pour ce qui est du détail des chiffres, c’est plus compliqué. Entre l’impossibilité de comptabiliser avec précision les ventes à l’internationale (les données ne sont pas toujours accessibles, les modes de calcul diffèrent d’un pays à l’autre), l’impossibilité d’additionner les ventes des différentes époques (quoi de commun entre l’ère du physique et l’ère du streaming ?), la triche, les sources qui se contredisent (le Livre des Records qui estiment qu’il a vendu 750 millions de copies, sa maison de disque qui annonce qu’il a dépassé la barre du milliard...), les albums de son groupe, les albums post mortem, les albums officieux... les estimations ne peuvent se faire qu’à la louche.
Les plus fiables oscillent entre 350 et 400 millions de copies écoulés, ce qui le place au coude à coude avec Elvis pour le titre d’artiste les plus vendeurs de l’histoire de la musique.
Notez que les deux hommes s’inclinent largement devant les Beatles et leurs 600 millions de ventes (!).
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W comme Wacko Jacko
Le surnom dont l’a affublé la presse à scandale.
Si au départ, Michael cultivait consciemment son image de doux excentrique dans le but de faire parler de lui (achat des os d’Elephant Man, photo de lui en train de dormir dans un caisson à oxygène, complicité affichée avec son chimpanzé Bubbles...), il s’est rapidement fait prendre à son propre jeu, jusqu’à se faire rebaptiser « Jacko le Barjo » par les tabloïds dans la seconde partie des années 80.
De là, il eut beau jeu de répliquer en chansons avec des morceaux qui en sont venus à former un sous-genre dans son répertoire (Leave Me Alone, Why You Wanna Trip on Me, Tabloid Junkie, Privacy...), ses frasques ont en parallèle commencé à prendre un tour de plus en plus scabreux (genre, suspendre son fils dans le vide sur la terrasse d’un hôtel en 2002, ou admettre partager son lit avec des enfants en 2003), écornant à jamais sa légende.
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X comme Xscape
Second album posthume sorti en 2014 après le déjà très douteux Michael en 2010, Xscape a provoqué l’ire des fans. Et pour cause.
Débauchés pour légitimer un projet dont le cynisme n’avait d’égal que la cupidité, le trio Babybace/Rodney Jerkins/Timbaland (déjà tous has been à l’instant T) a pondu au mieux une pâle copie d’un album de N*SYNC...
Ou comme l’a résumé un internaute particulièrement remonté : « Vous avez déjà vu un Picasso retravaillé par un de ses élèves et vendu sur le marché comme un vrai ? Avec cet album, c’est un peu pareil. Peut-être que les fans post-mortem vont se réjouir, mais pour nous qui le suivons depuis très longtemps, c’est une aberration. La vraie discographie de Michael date d’avant le 25 Juin 2009. »
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Y comme You Are Not Alone
Dévoilé le 2 septembre 1995, le second single d’HIStory s’est hissé en haut des charts dès sa première semaine de sortie. Si la performance est alors inédite dans l’histoire de la musique, elle n’en marque pas moins le chant du cygne pour Michael.
Déjà, parce qu’il s’agit de son dernier numéro 1 aux États-Unis (aucun des singles d’HIStory n’atteindra ensuite ne serait-ce que le top 10), et certainement de son moins bon. Dans la lignée de ses ballades sans saveur (Fly Away, Gone Too Soon, Cry, The Lady in my Life...), You Are Not Alone provoque plus l’endormissement qu’autre chose. Le morceau n’est d’ailleurs resté qu’une petite semaine sur la première marche du podium avant de dégringoler aussi sec.
Ensuite, parce que son clip gène toujours autant. Tentative de réhabilition de son image auprès du grand public après les accusations de pédophilie dont il a fait l’objet, il met en scène Michael avec son épouse Lisa Marie Presley dans une ambiance boudoir chic qui ne convainc guère – les voir tous les deux torses nus jouer aux sex symbols suscite autant d’excitation que de lire le bottin.
Enfin, parce qu’on retrouve manettes R. Kelly, crédité comme auteur et coproducteur. Pas encore outé comme prédateur sexuel, il n’en a pas moins marié la même année la très jeune Aaliyah, 15 ans.
L’un dans l’autre, You Are Not Alone résume tout ce qui ne va plus dans la carrière Michael Jackson, non sans annoncer tout ce qui va aller de mal en pis.
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Z comme Zombies
Et dire que des générations entières ont failli passer à deux doigts d'être privées de l’envie irrépressible d’aller danser habillé de cuir rouge dans un cimetière.
Michael a dû en effet se battre bec et ongles pour que Thriller, le septième et dernier single de l’album Thriller, ait droit à son clip. Pas spécialement enthousiastes à l’idée de débourser un demi-million de dollars pour chorégraphier des morts-vivant déambulant dans les rues un soir d’Halloween, les cadres d’Epic Records considéraient en sus l’album en fin de vie après sa première année d’exploitation (10 millions de ventes sur le sol US, 20 semaines numéro 1).
Gloire doit donc être rendue à George Folsey Jr., le producteur de John Landis (le réalisateur du clip de Thriller et du film Le Loup-garou de Londres qui a inspiré le clip de Thriller) pour avoir trouvé une combine pour diviser les coûts par deux en tournant un making-of de 45 minutes revendu ensuite à MTV et Showtime pour 250 000 dollars.
Ainsi, le 21 novembre 1983, le monde découvrit ce court métrage de 13 minutes 30 dans lequel, Michael, mu par ses pulsions, transitionne de l'âge adolescent à l'âge adulte qui propulsa la pop culture dans une nouvelle ère.
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lignes2frappe · 5 months ago
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40 ANECDOTES DE DUR À CUIRE SUR « PIÈGE DE CRISTAL », LE MEILLEUR FILM D'ACTION DU MONDE
« Yippee-ki-yay ! »
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1. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Piège de Cristal est l’adaptation d’un livre, Nothing Lasts Forever de Roderick Thorp.
Publié en 1979, il met en scène les aventures d’un certain Joe Lelland, un policier du NYPD à la retraite qui vient rendre visite à sa fille (et non sa femme) sur son lieu de travail le soir de Noël. Surgit alors une bande de terroristes (et non pas une bande de voleurs prétendant être des terroristes). S’ensuivent moult rebondissements, mais pas de happy end : la fille de Lelland se fait tuer dans les dernières pages tandis que ce denier est laissé handicapé.
2. Le rôle de John McClane a d’abord été offert à Frank Sinatra.
Le roman Nothing Lasts Forever fait en effet suite à The Detective, écrit par ce même Roderick Thorp treize ans plus tôt, en 1966. The Detective ayant été adapté en 1968 sur grand écran avec Frank Sinatra dans le rôle principal, son contrat prévoyait qu’en cas de suite, il devait se voir proposer de reprendre le rôle.
Quand, vingt ans plus tard, la 20th Century Fox a commencé à développer l’adaptation de Nothing Last Forever/Piège de cristal, le crooneur a donc été contacté pour reprendre du service. Alors âgé de 73 ans, Sinatra a toutefois refusé de rempiler s’estimant trop vieux.
C’est ainsi que le scénario a été réécrit pour gommer toutes références à The Detective et que le titre a été changé pour Die Hard/Piège de cristal.
3. Bruce Willis n’a été contacté qu’en ultime recours.
Avant lui, toutes les plus grandes stars de films d’action de l’époque ont été approchés pour interpréter McClane – Sylvester Stallone, Harrison Ford, Don Johnson, Richard Gere, Clint Eastwood, Burt Reynolds...
Toutes ont dit non, obligeant le studio à se rabattre sur un choix plus osé.
4. Les toutes premières affiches de Piège de cristal ne montraient pas Bruce Willis.
Les producteurs craignaient que l’image de l’acteur, à l’instant T connu pour son rôle dans la série Clair de lune, une comédie policière pas franchement portée sur l’action, n’induise en erreur les futurs spectateurs quant au contenu du film.
5. Dans les premiers temps, les relations étaient orageuses entre John McTiernan et Bruce Willis.
Réputé pour ne pas prendre de gants avec ses comédiens, le réalisateur s’est emporté plus d’une fois contre l’acteur qui avait grand mal à se débarrasser de ses tics de jeu de Clair de lune. À sa décharge, Willis, 32 ans, débutait dans le métier et n’avait tourné auparavant joué que dans deux petits films.
Ces bisbilles n’ont toutefois pas empêché les deux hommes de se retrouver sept ans plus tard pour Une journée en enfer.
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6. Une scène bien précise de Piège de Cristal a valu à Bruce Willis de décrocher sept ans plus tard le rôle principal dans L’Armée des douze singes de Terry Gilliam.
Bien qu’il n’existe a priori que peu d’atomes crochus entre l’univers du Monthy Pyhton et celui de la méga star d’action qu’est devenu Willis en 1995, Gilliam a pourtant fait appel à ses services.
Le réalisateur avait en effet été convaincu de ses talents d’acteur grâce à cette scène où, planqué dans les toilettes, il discute au téléphone de ses problèmes conjugaux tout en retirant douloureusement des bouts de verre enfoncés dans la plante de ses pieds.
Le trouvant à la fois virile et sensible, il lui a offert interpréter le très torturé prisonnier du futur James Cole.
7. Bruce Willis porte des prothèses en caoutchouc aux pieds.
Pieds nus malgré lui tout au long du film, John McClane passe son temps à courir, sauter, grimper, non sans marcher à l’occasion sur des débris de verres.
Histoire de se protéger, Willis s’est donc fait confectionner des protections sur mesure... qui peuvent être aperçues çà et là au détour d’un arrêt sur image.
8. Sans Clair de lune, le scnéario de Piège de cristal serait bien différent.
Tournant de front la série et le film pendant les deux premières semaines, Bruce Willis n'a ensuite bénéficié que de quatre semaines pour se consacrer exclusivement au tournage de Piège de cristal.
Pour remédier à cette contrainte, Steven E. de Souza a développé plus en profondeur certains personnages secondaires afin de leur donner plus de temps à l’écran : le sergent Al Powel, Ellis (le collègue de travail d’Holy), le chauffeur de limousine Argyle, le reporter Richard Thornburg.
9. Piège de Cristal s’inspire de Shakespeare.
Frappé par le parallèle entre la relation chaotique qu’entretiennent McClane et sa femme Holly et la célèbre pièce du dramaturge britannique Songe d'une nuit d'été, là où le scénario original s’étalait sur trois jours, John McTiernan a demandé que l’action soit de la même façon ramassée sur une seule nuit.
10. Une bonne fois pour toutes : non, Piège de cristal n’a pas failli être la suite de Commando avec Arnold Schwarzenegger.
Si le scénario du chef-d’œuvre de Mark L. Lester (sorti en 1985), a, comme le chef-d’œuvre de John McTiernan (sorti en 1988), bien été coécrit par Steven E. de Souza, et s’il était bien prévu que de Souza écrive un Commando 2, les deux projets n’ont rien à voir l’un avec l’autre.
Et pourtant, depuis 40 ans, la rumeur persiste.
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11. Piège de cristal et Commando se déroulent toutefois dans le même univers, le Val Verde Universe.
Pour la faire courte (pour la faire longue, c’est ici), comme avec le MCU, le Val Verde Universe regroupe en son sein parmi les plus grandes franchises d’action des années 80/90 (Alien, Speed, Predator, Blade Runner, Die Hard…) autour de références à un petit pays imaginaire d’Amérique latine, la République du Val Verde.
C’est par exemple, dans Commando, le pays que dirige le dictateur que John Matrix/Arnold Schwarzenegger est censé assassiner. Dans 58 minutes pour vivre, la suite de Piège de Cristal, John McClane se mesure lui aux sbires du général Ramon Esperenza, l’ancien dictateur du Val Verde.
12. Multivers toujours, Mary Ellen Trainor a repris le rôle de la reporter Gail Wallens en 1991 dans Ricochet écrit par Steven E. de Souza et produit par Joel Silver.
13. Le réalisateur de Speed, Jan de Bont, travaillait comme directeur de la photographie sur Piège de cristal.
C’est d’ailleurs lorsqu’il s’est retrouvé bloqué dans l’ascenseur durant le tournage qu’il a eu l’idée de la scène d’ouverture de Speed.
14. Bonnie Bedelia a été choisie pour jouer Holly à la demande expresse de Bruce Willis.
Sur le plateau, les deux acteurs ne se sont en revanche que peu fréquentés. D’une part, parce qu’ils n’avaient que peu de scènes ensemble, et de l’autre, parce que Willis avait « un peu l’esprit ailleurs, car il venait tout juste de rencontrer Demi Moore ».
15. Bruce Willis et Demi Moore se sont mariés pendant le tournage.
Les deux tourtereaux ont profité d’un break pour filer se dire « oui » à Las Vegas lors d’une cérémonie présidée par Little Richard. Couple star des années 90, ils se sont séparés en 2000 après 13 ans de vie commune.
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16. Le rôle d’Hans Grubber a été proposé à Sam Neil qui a décliné.
L’acteur britannico-néo-zélandais retrouvera néanmoins John McTiernan en 1990 pour À la poursuite d'Octobre rouge, avant de connaître la consécration mondiale trois ans plus tard avec le doublé La Leçon de piano/Jurassic Park.
17. Piège de cristal marque les grands débuts d’Alan Rickman au cinéma.
Acteur de théâtre expérimenté, le futur professeur Rogue de la saga Harry Potter n’avait à 39 ans encore jamais jouer face caméra ! Il a été découvert sur scène par Joel Silver et John McTiernan alors qu’il interprétait le Vicomte de Valmont dans Les Liaisons dangereuses.
Au départ hésitant à faire ses grands débuts dans un film d’action, il a finalement accepté de donner corps à l’un des plus grands méchants de l’histoire du cinéma.
18. C’est Alan Rickman qui a insisté pour que son personnage s’habille en costume.
Ne considérant pas son personnage comme un méchant (« C’est simplement quelqu’un qui veut quelque chose, et qui est prêt à tout pour l’obtenir. »), plutôt que d’arborer l’attirail traditionnel du terroriste (rangers, pantalon militaire et veste technique), Rickman a insisté auprès de la production pour porter un complet croisé, une montre Cartier et des mocassins à picots.
« Quand j’ai dit ça, Joel Silver m'a répondu "C'est quoi ces idées ? Pour qui tu te prends ? Va te faire foutre ! Tu t'habilleras comme on veut !". J’ai lâché l’affaire. Quelque temps plus tard, ils m'ont rappelé : le scénario avait changé, et c’était devenu la version que vous connaissez. »
Fin connaisseur de la mode masculine, Gruber est même entendu digresser sur le sujet avec Joseph Takagi avant de lui loger une balle dans la tête – « Joli costume. Taillé sur mesure par John Phillips, Londres. J'en ai deux moi aussi. Il paraît qu'il habille même Arafat. »
19. Hans Gruber existait avant Piège de cristal.
Steven E. de Souza a emprunté son patronyme à l’un des personnages du film Notre homme Flint, une parodie de James Bond sortie en 1966. Interprété par Michael St. Clair, Hans Gruber était un méchant d’origine allemande tué dans les toilettes par le héros.
20. La rencontre entre John McClane et Hans Gruber n’a pas été répétée.
Ajoutée au scénario au dernier moment quand John McTiernan s’est rendu compte qu’Alan Rickman pouvait parler américain sans accent, si la scène n’a pas été improvisée, elle a néanmoins été tournée d’une traite afin que Willis et Rickman se comportent le plus spontanément possible.
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21. Alan Rickman n’a pas réussi à s’habituer aux coups de feu.
Souhaitant un maximum de réalisme, John McTiernan a accentué au maximum le bruit des armes. Complètement novice en matière de film d’action, malgré son grand talent, Rickman n’arrivait pas à ne pas tressauter à chaque fois qu’un coup pétait tiré.
À l’exception de la scène dans laquelle il exécute Takagi qui refuse de lui donner les codes, McTiernan ainsi coupé au montage tous les plans du visage du comédien lors des fusillades.
22. Les terroristes allemands ne parlent pas allemands.
Les dialogues n’ont même aucun sens : tous imitent l’accent allemand en plaçant çà et là des mots véritables. Castés pour leur physique, et non pas pour leurs origines, la majorité des acteurs qui les interprètent ne sont pas allemands – à commencer par Alan Rickman qui est Britannique.
Cette incohérence vaut à Gruber et ses hommes d’être présentés comme des « Européens » dans la version allemande du film, tandis que leurs prénoms sont anglicisés : Hans devient Jack, Karl devient Charlie, Heinrich devient en Henry, etc.
Ironiquement, l’un des acteurs les plus allemands de la distribution est Bruce Willis, lui qui est né à Idar-Oberstein en Allemagne de l'Ouest d’un père américain et d’une mère allemande.
23. L’acteur qui interprète la brute épaisse Karl était un ancien danseur de ballet.
Le Russe Alexander Borisovich Godunov a longtemps dansé pour le Bolchoï, la très prestigieuse compagnie de ballet moscovite. Primé à de nombreuses reprises, il a néanmoins fui l’URSS en 1979 – lors d’une représentation à New-York, il a contacté les autorités américaines pour demander l’asile politique.
Devenu citoyen américain, il a brièvement dansé avec l'American Ballet Theatre avant de tenter sa chance à Hollywood. Outre Piège de Cristal, il peut être aperçu dans Witness de Peter Weir.
24. Si la première voiture de police qui arrive au Nakatomi plaza est immatriculée110, ce n’est pas un hasard : en Allemagne, le 110 est le numéro de téléphone pour appeler la police.
25. Piège de cristal se déroule à Noël pour une raison bien précise.
Le producteur Joel Silver pensait tout simplement que cela lui permettrait de maximiser ses profits.
D’une part, il pensait que cela allongerait la durée d’exploitation du film en salles (sorti à la fin du mois de septembre aux États-Unis, Piège de cristal pouvait prétendre à une seconde vie au mois de décembre), et de l’autre, il pensait que cela boosterait les rediffusions télévision lors de la période des fêtes.
L’avenir lui a donné raison.
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26. Piège de cristal est-il oui ou non un film de Noël ?
Suivant qui répond à la question, la réponse diffère.
Pour Steven E. de Souza, c’est oui – comme il ‘avait tweeté en 2017. Pour Bruce Willis en revanche, c’est non – comme il l’avait déclaré en 2018 sur Comedy Central, avant d’ajouter très second degré : « C’est un film de Bruce Willis ! ». Plus pragmatique, John McTiernan admet que « s’ils n’avaient au départ pas l’intention de faire un film de Noël, force est de constater que Piège de Cristal est devenu un film de Noël ».
27. 21 personnes sont tuées dans Piège de Cristal.
Dans l’ordre : les deux vigiles du Nakatomi Plaza, Takagi, Tony (le frère de Karl), Heinrich, Marco, James et Alexander (tous les deux tués en même temps par une explosion), Ellis, Fritz, Franco, Uli, les deux de police Johnson et Johnson, les quatre membres d’équipage de l’hélicoptère, Eddie, Hans et Karl (le frère de Tony).
28. La mort d’Ellis est plus marrante qu’il n’y paraît.
Surpris au début du film en train de sniffer une ligne de cocaïne sur son bureau, puis, une fois otage, en train de s’en remettre une dose dans les narines, se sentant un peu trop en confiance, le supérieur d’Holly tente d’amadouer ses ravisseurs en leur promettant de leur livrer McClane.
Aussi cruels que taquins, ces derniers lui offrent un ultime « coke » (du Coca-Cola cette fois) avant de le descendre.
29. Le composteur du film s’est farouchement opposé à l’utilisation de l’Ode à la joie de Ludwig van Beethoven.
Qu’une composition aussi prestigieuse soit entendue dans un film d’action, et qui plus est comme thème des terroristes, relevait pour Michael Kamendu « sacrilège ». John McTiernan a toutefois su le convaincre de changer d’avis en arguant que le grand Stanley Kubrick l’avait auparavant choisie comme thème de l’ultraviolent Orange Mécanique.
Et c’est ainsi qu’Hans Gruber est entendu le fredonner du Beethoven dansl’ascenseur, avant que l’Ode à la joie ne soir ensuite joué à plein volume quand, avec sa bande, ils réussissent à ouvrir la porte de la chambre forte.
30. Le Nakatomi Plaza est une star de cinéma à lui tout seul.
Haut de 150 mètres et 34 étages, ce gratte-ciel de style postmoderne est notamment apparu dans la comédie Radio Rebels, L’Arme fatale 2, la scène d’ouverture de Speed, la scène finale de Fight Club (c’est l’un des immeubles détruit par l’explosion), la série Les Griffin ou encore le jeu vidéo Grand Theft Auto V (où il est rebaptisé le Weazel Plaza).
Situé non loin de Beverly Hills, le Nakatomi Plaza s’appelait en réalité le Fox Plaza car il abritait l’époque les locaux de la 20th Century Studios (Fox). Il a aujourd’hui été rebaptisé du nom de son adresse, le 2121 Avenue of the Stars.
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31. Le Nakatomi Plaza était toujours en travaux lors du tournage de Piège de cristal.
Dans de nombreuses scènes, il est possible d’apercevoir des cloisons inachevées, des peintures sur les murs, des outils au sol... Mais plutôt que de camoufler ces éléments, décision a été prise d’en faire des éléments du décor à part entière.
32. Les scènes de nuit tournées au 34ème étage ont été tournées avec une peinture en toile de fond.
Afin de simuler au mieux Los Angeles la nuit à une époque où la CGI n’existait pas, une peinture de 115 mètres de long recréait les lumières de la ville sur fond noir. Propriété de la Fox, l’œuvre a ensuite été réutilisée à plusieurs reprises pour d’autres films.
33. Le mot de passe de la chambre forte n’a pas été choisi au hasard.
Si Joseph Takagi, le directeur de Nakatomi Trading, a choisi « akagi » (« château rouge » en japonais), c’est parce qu’il renvoie au nom de l’un des porte-avions qui a transporté les bombardiers ayant attaqué Pearl Harbour.
Plus tôt dans le film, Takagi, fait d’ailleurs référence à Pearl Harbour : lorsque McClane lui fait remarquer qu’il « ne savait pas que l’on fêtait Noël au Japon », il lui rétorque « nous sommes flexibles, Pearl Harbour n'a pas fonctionné, donc nous vous avons avec des magnétophones ».
De là à en déduire qu’il a combattu au sein de l’armée impériale japonaise pendant la Seconde guerre mondiale, il n’y a qu’un pas.
34. Outre les 640 millions de dollars en bons porteurs, la chambre forte du Nakatomi Plazza recèle un tableau d’une grande valeur peint par un français : Le Foyer de la danse à l'Opéra de la rue Le Peletier d’Edgar Degas.
Peinte en 1874, l’œuvre met en scène de jeunes ballerines, un thème récurrent chez l'artiste. Il ne s’agit évidemment d’une reproduction. La Classe de danse était à l’époque, et est encore aujourd’hui, détenu par le musée d'Orsay à Paris.
35. Réputé inviolable, le système de sécurité Nakatomi Corporation laisse franchement à désirer.
Certes, la société emploie une batterie de technologies encore aujourd’hui très actuelles (un ordinateur central synchronisé avec des serveurs qui se trouvent à Tokyo, un coffre-fort avec une serrure informatisée, un système d’authentification à deux facteurs...), mais il existe tout de même de sacrées failles.
Déjà, seuls deux vigiles sont présents le soir de Noël.
Ensuite, lorsqu’Hans Gruber et sa bande font irruption dans le bâtiment, ils bloquent le garage, les ascenseurs et les escaliers mécaniques grâce à l’ordinateur central situé juste à l’entrée (?), et qui plus est qui est resté allumé et déverrouillé (?!).
Enfin, le système de sécurité du coffre-fort peut envoyer un signal pour activer une serrure, mais il ne peut pas avertir la police en cas de tentative d’accès non autorisé ? Ni même déclencher une alarme ? Ou tout simplement couper l’électricité ?
Il est vrai que si tel avait été le cas, l’intrigue aurait très vite tourné court.
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36. Piège de cristal référence sans le nommer Le train sifflera trois fois.
À la toute fin, lorsqu’Hans Grubber se moque du « cowboy » McClane en lui disant que cela ne va pas se terminer « comme dans un western américain où Grace Kelly s’en va au loin sur un cheval avec John Wayne sur fond de coucher de soleil », McClane le corrige en lui disant qu’il s’agit de Gary Cooper.
Classique parmi les classiques, Le train sifflera trois fois met aux prises un héros solitaire face à un large groupe d’ennemis.
37. Lorsque Hans Gruber chute du sommet du Nakatomi Plaza, la réaction d’Alan Rickman est 100% authentique.
Volontaire pour réaliser la cascade lui-même, l’acteur devait être lâché dans les airs après qu’ait été compté jusqu’à trois. John McTiernan l’a cependant fait lâcher à deux. D’où son expression du visage à l’écran, mélange de surprise et de terreur.
38. Le titre du film a été traduit de toutes sortes de façons suivant les pays.
Expression anglaise difficilement traduisible (quelque chose comme « dur à cuire » en français), Die Hard est donc sorti sous le titre La Jungle de cristal en Espagne (Jungla de cristal), Piège de verre en Pologne (Szklana pułapka), Meurs comme un homme en Yougoslavie (Umri Muski), Assaut sur un gratte-ciel au Portugal (Assalto ao Arranha-Céus), ou Donne ta vie chèrement ! en Hongrie (Drágán add az életed!).
39. Mais d’où vient l’expression « yippee-ki-yay » ?
La punchline phare de la franchise a été empruntée à une vieille chanson d’inspiration western, I'm an Old Cowhand from the Rio Grande. Écrite par Johnny Mercer pour le film de 1936 Rhythm on the Range, elle est interprétée par Bing Crosby qui fredonne « yippie yi yo kayah » au refrain.
Improvisé par Bruce Willis qui voulait « faire marrer l’équipe sans jamais penser une seule seconde que la réplique serait retenue au montage », « yippie yi yo kayah » s’est transformé dans sa bouche en « yippee-ki-yay».
40. Le succès de Piège de cristal a été tel qu’il a donné naissance à un abondant sous-genre.
Le concept d’un monsieur tout le monde en prise avec des terroristes dans un lieu clôt a pendant 10 ans essaimer quantité de clones. Pour le meilleur et pour le pire.
Outre sa suite directe 58 minutes pour vivre (1990) qui se déroulait dans un aéroport, on a eu droit à Die Hard sur un navire de guerre (Steven Seagal dans Piège en haute mer en 1992), Die hard dans un avion (Wesley Snipes dans Passager 57 en 1992, Steven Seagal dans Ultime décision en 1996, Nicolas Cage dans Les Ailes de l’Enfer en 1997, Samuel L. Jackson dans Des Serpents dans l’avion en 2006), Die Hard à la montagne (Sylvester Stallone dans Cliffhanger en 1993), Die Hard dans un bus (Keanu Reeves dans Speed en 1994), Die Hard dans un train (Steven Seagal dans Piège à grande vitesse en 1995), Die Hard dans un stade de hockey (Jean-Claude Van Damme dans Mort subite en 1995), Die Hard à Alcatraz (Nicolas Cage dans The Rock en 1996, Steven Seagal dans Mission Alcatraz en 2002), Die Hard dans l’avion présidentiel (Harrison Ford dans Air Force One en 1997), Die Hard sur un bateau de croisière (Sandra Bullock dans Speed 2 : Cap sur le danger en 1997)...
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lignes2frappe · 9 months ago
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« VOODOO » DE D'ANGELO, L'ÉGLISE DE LA RELIGION SOUL
Et si le plus grand album du 21ème siècle était sorti le 25 janvier 2000 ?
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« Après Brown Sugar, D’Angelo aurait pu enchaîner directement avec une suite lambda de Brown Sugar. Il aurait pu battre le fer quand il était encore chaud et multiplier ses ventes par deux. Il aurait pu sortir un album qui sonne exactement comme Brown Sugar, réutiliser les mêmes formules, sampler des morceaux que tout le monde connaît. Le public aurait suivi sans même y réfléchir… sans même avoir besoin d’évoluer. Il n’aurait pas eu besoin de ‘faire l’effort’. »
Ça, c’est ce qu’écrit le poète Saul Williams à propos de Voodoo, le second album de D’Angelo, dans une longue note insérée dans le livret.
Porté aux nus pour son premier essai Brown Sugar qui, en 1995, alliait subtilement tradition et modernité de la musique noire américaine (de la soul des années 70 au hip hop des années 90, pour aller vite), Michael Archer, alias D’Angelo, n’a en effet pas choisi le chemin de la facilité pour revenir aux affaires.
Lorsqu’en 1997, il part s’enfermer dans les très vintage studios Electric Lady de Greenwich (là où Jimi Hendrix, les Rolling Stones et Stevie Wonder ont enregistré parmi leurs plus grands chefs-d’œuvre), il ne le sait pas encore, mais il n’en ressortira que trois ans plus tard.
En quête de sonorités nouvelles, il s’est entouré de ceux que l’on n’appelle pas encore les Soulquarians, une dream team de musiciens tous unis par leur amour immodéré de la soul – le batteur Questlove des Roots, le beatmaker J. Dilla, le claviériste James Poyser, Common, Erykah Badu, le bassiste Pino Palladino, le trompettiste Roy Hargrove…
Voodoo naît ainsi de leurs interminables sessions d’improvisation, bien souvent démarrées tard le soir autour d’un classique de James Brown, Prince ou Sly Stone.
Aux confins du live et de l’expérimentation, Voodoo peut se confondre pour les oreilles les plus paresseuses avec une collection de pistes un peu trop abstraites, tirant un peu trop en longueur (aucune ne dure moins de 4 minutes 30, plus de la moitié durent plus de 6 minutes) et ne menant nulle part.
Sauf que non. Pas du tout. C’est même exactement l’inverse.
Voodoo est un disque éminemment personnel. Non pas que D’Angelo s’y dévoile avec l’impudeur d’un rappeur élevé à la télé-réalité, mais Voodoo n’est pas un disque qui s’écoute dans une pièce remplie de monde, ni même un disque qui se réécoute sans y penser.
Voodoo c’est de la musique qui avance à son rythme, et dont la valeur tient en grande partie au lien que vous tissez avec elle.
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1. Playa Playa
Après une quinzaine de secondes de fond sonore aux relents mystiques, l’instrumentale s’assemble par touches pendant près d'une minute (un riff de trois notes qui monte en puissance, des claquements de doigts, le bruit inversé de cymbales…), tant et si bien qu’avant même que la voix de matou de D’Angelo ne se fasse entendre pour lier le tout, l’atmosphère est posée.
Aussi lancinant qu’organique, Playa Playa annonce en grande partie la suite.
Oh, et pour ce qui est de ce léger décalage entre les instruments et le beat qui donne un côté beaucoup plus humain qu’une ligne de batterie programmée sur console, l’effet emprunte au regretté J.Dilla.
Bien que non crédité au générique, ce dernier a en coulisses énormément contribué à Voodoo.
2. Devil’s Pie
Une production DJ Premier qu’accompagne un grondement de basse particulièrement addictif sur lequel le maître des lieux murmure plus qu’il ne chante les excès du rap et ses compromissions.
[Une diatribe tristement prémonitoire lorsque l’on sait le tournant que sa vie va ensuite prendre.]
Et tant pis si le texte est à peine compréhensible. Pas franchement reconnu comme un parolier d’exception, l'émotion passe par l'interprétation.
3. Left & Right (Feat Method Man & Redman)
Mélange de rap et de rnb toujours, D’Angelo continue de jouer la carte de la retenue. Sa voix se fait planante, presque fantomatique, en complet contraste avec l’énergie de ses guests alors au sommet de leur art (mais quelle entrée de Redman !).
Trop souvent étiqueté neo soul, Voodoo ne comporte pourtant que deux morceaux répondant stricto sensu aux canons du genre (Devil’s Pie et Left & Right). La suite de l’album va d’ailleurs se faire plus diverse, embrassant tous les styles de « black music » qui l’ont précédé.
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4. The Line
Ce qu’il y a d’incroyable dans la voix de D’Angelo, au-delà de la singularité de sa texture et de ses placements, c’est son mélange de force et de fragilité. Comme si malgré son assurance de façade, il évoluait constamment sur un fil.
Morceau sur la tentation de mettre fin à ses jours, The Line en est l’illustration parfaite.
5. Send It On
La toute première chanson enregistrée pour Voodoo.
Devenu père d’un petit garçon peu après Brown Sugar, D’Angelo lui dédie cette ode écrite avec sa mère et compagne d’alors, Angie Stone.
Langoureux à souhait (merci le sample de Sea of Tranquility des Kool & the Gang, merci le multitracking, cette technique de studio popularisée par Marvin Gaye et Al Green qui superpose deux prises de voix en léger décalage), Send It On est l’un des morceaux les plus « conventionnel » de l’album.
Nonobstant, l’un des préférés de beaucoup.
6. Chicken Grease
Né d’un bœuf autour de Mother’s Son de Curtis Mayfield, ce funk minimaliste se révèle extrêmement fiévreux, pour ne pas dire contagieux.
Porté par le groove, D’Angelo se laisse presque à rapper.
Qui a dit que tous les morceaux de Voodoo se ressemblaient ?
Trivia : l’expression « chicken grease » renvoie à une expression utilisée par Prince lorsqu’il souhaitait que son guitariste joue un accord de neuvième mineur sur un rythme en double croche.
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7. One Mo’ Gin
Le genre de morceau qui, s’il avait été joué deux fois plus vite, aurait allègrement tourné en radio.
S’eut été dommage, tout l’intérêt de ces six minutes velouteuses dédiées à une relation passée tenant justement au côté contemplatif de l’exercice.
Bon après, libre à chacun de préférer le rnb mièvre et sirupeux qui squattait les hauteurs des charts à la même époque…
8. The Root
Inspiré par la guitare de Jimi Hendrix, The Root ne donne toutefois pas dans le gros riff qui tâche. Les notes se font discrètes, presque complices de D’Angelo.
La donne change néanmoins dans le dernier tiers : vocaux et instruments se livrent une bataille larvée pour prendre contrôle du morceau.
À réécouter autant de fois que nécessaire pour saisir toutes les nuances de ce crescendo.
9. Spanish Joint
Nouveau changement d’humeur : les cuivres de Roy Hargrove (paix à son âme) prennent ici la relève pour frayer habilement avec les sonorités endiablées d’Amérique du Sud.
Impossible de ne pas penser à l’album Sketches from Spain de Miles Davis. Impossible également de ne pas se dire que quel que soit l’angle abordé, Voodoo prolonge un glorieux passé.
10. Feel Like Makin’ Love
Habitué des covers (Cruisin de Smokey Robinson, Your Precious Love de Marvin Gaye et Tammiu Terrell, She’s Always In Your Hair de Prince…), D’Angelo reprend le standard de Roberta Flack enregistré en 1974.
La basse y est plus lourde, l’interprétation plus féline, le rendu plus charnel… Pas dit qu’il parle du même « love »…
Un son en tête des playlists pour « flâner dans le parc » et « voir le printemps laisser place à l’été ».
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11. Greatdayndamornin’/Booty
Petit moment d’accalmie calé entre deux mastodontes de la tracklist, cette onzième piste découpée en deux parties réussit à assurer une transition en douceur sans pour autant passer inaperçue.
Agréable juste ce qu’il faut
12. Untitled (How Does It Feel)
Le titre qui grâce à son clip a permis à Voodoo de décrocher une certification platine (D’Angelo y est vu se mordiller les lèvres en tenue d’Adam, vraisemblablement en train de se faire s****), mais pas que.
Pensé comme une variation des slow jams du Prince des années 80, How Does It Feel est un petit bijou de tension sexuelle. Sept minutes d’intimité où chaque seconde participe à faire grimper la température, jusqu’à ce final tout en rugissements responsable à lui seul d’un mini baby-boom.
Pas besoin d’intellectualiser plus que ça.
13. Africa
Une ultime piste dédiée à la Terre-Mère, à Dieu et à la création.
La préférée de Questlove, et pour cause : « Africa vous procure la même sensation que Higher sur Brown Sugar. C’est une chanson qui tue, mais que vous appréhendez, car vous savez que ce sera la dernière avant un long moment. »
À sa décharge, il faudra en effet attendre 14 ans, 10 mois et 20 jours pour que Michael Archer donne un successeur à Voodoo…
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« Voodoo », un disque précieux
S’il est un argument pour justifier le culte qui entoure Voodoo depuis bientôt un quart de siècle, au-delà de la maestria avec laquelle il amalgame ses influences, au-delà du fait que chaque réécoute apporte son lot de découvertes (dans l’orchestration, dans les arrangements, dans les superpositions…), c’est son côté résolument envoûtant.
Voodoo, c’est de la musique vers laquelle on finit toujours par revenir.
Voodoo, c’est d’ailleurs plus que de la musique. Voodoo, c’est de l’incantation.
Publié sur Booska-p.com le 26 janvier 2023.
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lignes2frappe · 10 months ago
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QUE VAUT ROCKY COMME BOXEUR ?
L'Étalon italien sur un vrai ring, ça donne quoi ?
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Face A, Rocky Balboa est très certainement le meilleur boxeur de tous les temps toutes catégories confondues, chaque épisode ayant été l’occasion pour lui d’acquérir de nouvelles compétences : cardio à toute épreuve dans le 1, changement de garde sur commande dans le 2, explosivité sans pareille dans le 3, insensibilité aux gnons dans le 4, art de la balayette dans le 5, pouvoir d’auto-guérison dans le 6.
Face B, hollywooderies mises de côté, peut-être faut-il relativiser un peu les choses.
Souvenons-nous qu’avant que vous-savez-qui lui donne sa chance parce que son surnom sonne bien à l’oreille, son palmarès particulièrement dégueu comptait 44 victoires pour 20 défaites.
20 défaites contre des bagarreurs de troisième classe dont même Canal + ne voudrait pas comme faire-valoirs face à Tony Yoka.
Et que dire de cette garde basse des plus exécrables qui lui vaut à chaque combat de prendre des coups si nets que dans la vraie vie, il aurait dû changer de métier passé 25 ans ?
Certes, la puissance de ses crochets aux corps, sa mâchoire d’acier et ses innombrables escapades au Musée d’Art de Philadelphie lui ont permis de s’emparer à l’arraché d’un titre mondial, mais de l’aveu même de son coach Mickey, ses dix défenses suivantes ont plus relevé de la mise en scène qu’autre chose – désolé Trevor Faus, désolé Big Yank Ball.
Quant à ses performances face à Drago et Dixon, il tient plus du punching-ball sur pattes qu’autre chose…
En même temps, n’est-ce pas là tout le sens de la saga ? Loin d’être né avec le talent d’un Ali ou d’un Mayweather, Rocky tient plus du bourrin que du virtuose. Sur le ring ce n’est pas tant sa technique qui compte mais le fait qu’il combatte avec son cœur et ses tripes.
Qu’il gagne ou qu’il perde importe assez peu au fond.
Article bonus publié sur Booska-P le 16 novembre 2018.
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lignes2frappe · 10 months ago
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KOBE BRYANT ÉTAIT-IL UN PSYCHOPATHE ?
Vouloir devenir le meilleur basketteur de tous les temps ne va pas sans une part d’ombre...
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Qui était vraiment Kobe Bryant ? Porté aux nues pour son génie, en 20 ans de carrière, il a remporté absolument tout ce qu’il était possible de remporter balle en main. Et ce en plusieurs exemplaires : 5 bagues de champion, 2 médailles d’or olympique, 18 sélections au All-Star game, 2 titres de meilleur marqueur, 2 maillots retirés par les Lakers...
À jamais dans les livres d’histoire, Kobe Bryant ne doit cependant pas son auréole uniquement à ses exploits sur les parquets. Kobe Bryant, c’était plus que du basket. Kobe Bryant, c’était même plus que du sport. Kobe Bryant, c’était avant tout un état d’esprit.
Figure ultime de l’athlète qui se dévoue corps et âme à sa discipline, il ne doit pas cette image au hasard : Bryant l’a patiemment construite depuis le 18 juillet 2003, jour où il a été accusé de viol par une employée d’un hôtel du Colorado.
Jusque-là petit prodige chouchou de l’Amérique, le scandale est à l’époque tel, qu’il lui vaut de se faire lâcher par tous ses sponsors tandis que le grand public se détourne massivement de lui.
Profondément meurtri, malgré l’abandon de toute poursuite un an plus tard, Bryant souhaite se réinventer pour mieux rebondir. L’inspiration lui vient en regardant cette scène de Kill Bill Volume 2 de Quentin Tarantino où Budd (Michael Madsen) est attaqué par un serpent venimeux planqué dans une valise de billets verts.
 « La morsure, le coup porté, le tempérament, c’était moi. C’était moi ! »
D’un coup d’un seul, il décide de se surnommer Black Mamba (le nom dudit serpent venimeux) et d’adopter la mentalité qui va avec, « la mentalité Mamba ».
Drogué de travail depuis toujours, s’il n’a jamais compté ses heures d'entraînement passées à répéter à l’infini les mêmes mouvements, les mêmes shoots, il s’agit désormais de pousser au maximum les curseurs de son jusqu’au-boutisme... non sans habilement se mettre en scène.
C’est ainsi qu’à compter de cette période pullulent les anecdotes sur son abnégation sans limites/sa soif de victoire jamais rassasié/son perfectionnisme à toute épreuve.
C’est Kobe qui aux JO se lève trois heures avant ses coéquipiers pour s’entraîner trois heures de plus. C'est Kobe plâtré au bras droit qui s’entraine main gauche. C’est Kobe qui à la mi-temps d’un match convoque ses coéquipiers pour improviser une session vidéo afin d’adapter en direct leur jeu à celui de leurs adversaires. C’est Kobe qui joue avec le talon d’Achille déchiré. C’est Kobe qui demande à Nike de raboter la semelle de sa chaussure de quelques millimètres au talon afin de « gagner un centième de seconde de réaction au démarrage »...
Bref, toutes ces anecdotes qui tournent en boucle depuis 20 ans et qui forcent l’admiration de ses copains « rich & famous », de Michael Jordan (« le seul qui mérite de m’être comparé »), au rappeur Lil Wayne (qui a dédié un morceau entier à sa gloire), en passant par l’ancien designer en chef d’Apple Jony Ive (qui loue « sa curiosité sans pareil »).
Sauf que bon, le Kobe Bryant sur scène n’est pas l’exact reflet du Kobe Bryant en coulisses.
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Docteur Kobe et Mister Bryant
Pour qui s’intéresse plus en détail à la biographie du numéro 24, d’autres épisodes beaucoup moins glorieux (et beaucoup moins storytellés) ponctuent son parcours, et notamment sur ses rapports avec ses coéquipiers.
Soliste dévoré par l’ambition, Kobe Bryant cultivait avec ces derniers un rapport de stricte vassalité. Aucune amitié. Aucune camaraderie. Aucun échange qui déborde du cadre professionnel. Tout juste sur le terrain daignait-il leur passer le ballon quand il ne lui était vraiment pas possible de prendre un tir.
[Pour rappel, Bryant est le recordman, et de loin, du nombre de tirs manqués dans l’histoire de la NBA.]
On se souvient évidemment de sa relation houleuse avec Shaquille O’Neal dont il jalousait le leadership, au point d’en arriver aux mains avec lui, puis de provoquer par un coup de billard à trois bandes son transfert. On se souvient aussi de Paul Gasol qu’il n’avait pas hésité à envoyer à terre aux Jeux olympiques de Pékin (non sans inciter en parallèle Dwight Howard et Chris Bosh à « le cogner à la moindre occasion ») alors même que le reste de l’année il jouait avec lui aux Lakers.
Plus généralement, Kobe Bryant, à la manière d’un Michael Jordan avec Kwame Brown, dénigrait/moquait/brimait/insultait ses coéquipiers à la moindre occasion – mais aussi les membres du staff, ses adversaires et ses entraineurs.
Interrogé un jour par Phil Handy, assistant coach des Lakers, sur la raison pour laquelle il se comportait « comme un trou d’uc’ », Bryant répondit tout de go « qu’il ne respectait ni leur éthique de travail, ni ne leur faisait confiance ».
Hermétique au quand dira-t-on, « Kobe avait les yeux tellement rivés sur son objectif qu’il froissait un nombre incalculable de gens » résumera un jour Tex Winter, le père de l’attaque en triangle qui l'a bien connu.
Mois diplomate, l’ex-Clippers Darius Miles le qualifiera en 2015 de « psychopathe sur le terrain », de « serial killer à la Dexter ».
Prompt à se décrire comme « un tueur » sitôt un micro tendu, Kobe Bryant n’a absolument pas mal pris la chose, bien au contraire, lui qui avant chaque match faisait tourner « en boucle » dans son casque audio... la musique du film d’horreur Halloween.
« Ça me rend psychotique. Ça me renvoie au masque vide d’émotion de Michael Myers. »
Un brin flippant.
Kobe Bryant, un cas clinique ?
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Aussi infect avec son entourage que déterminé à écraser la concurrence, selon l’acceptation courante, Kobe Bryant coche toutes les cases du psychopathe qui s’ignore (froideur émotionnelle, absence d’empathie, absence de remords...).
Plus précis, le DSM 5, le manuel de référence en psychiatrie, tendrait lui plutôt à faire pencher le diagnostic du côté du trouble de la personnalité antisociale, le terme qui caractérise désormais la sociopathie – cette tendance générale au mépris et à la transgression des droits d'autrui, « pouvant conduire à des comportements agressifs, sans prise de conscience ni responsabilité » dixit la psychologue Johanna Rozenblum.
Cliniquement parlant, il n’existe toutefois pas de différence fondamentale entre un sociopathe et psychopathe, les experts n’opposant ces deux troubles (il ne s’agit pas de maladies, le discernement n’est pas altéré) que sous l’angle de l’impulsivité (le psychopathe serait un être plus calculateur, le sociopathe serait guidé par sa fougue) et les faisant correspondre à toute une batterie de critère communs.
Parmi eux, bon nombre s’appliquent parfaitement à l’ami Kobe.
un masque social purement de façade (fausses émotions, charisme calculateur...) : lire ce papier de 2020 où un journaliste qui l’a côtoyé durant toute sa carrière raconte comment il imposait ses réponses aux questions qui lui étaient posées pour coller à l’image qu’il voulait donner de lui
une très forte estime de soi : trouver insupportable d’être considéré comme moins bon que Michael Jordan, se surnommer d’après un animal qui « touche sa cible à 99% »...
une indifférence face au danger : vouloir défier mano a mano Shaq, 2m16, 140 kilos
une incapacité à respecter la loi et les normes sociales : sa reconnaissance de l’absence de consentement de la part de la plaignante qui l’a accusé de viol (« I now understand how she feels that she did not consent to this encounter »)
un mépris caractérisé des autres/zéro empathie : son agressivité à l’égard de ses coéquipiers, son irritabilité quand aucune caméra n’est à l’horizon
un gout pour la manipulation (dissimulation, mensonge...) : coucou Shaq, coucou Vanessa
des relations sociales compliquées : aucun ami chez les Lakers en 20 ans
une absence de remords ou de culpabilité (rationalisation de ses actions) : le traditionnel « C’est mon job » pour justifier son obsession de « tuer la compétition »
Bien sûr, s’il existe également des critères dont Kobe Bryant est exempt (incapacité à assumer un emploi, incapacité à assumer ses obligations financières, toxicomanie...), et s’il n’appartient pas à un article de vulgarisation de répondre de manière tranchée et définitive sur ce sujet, il n’empêche que, psychopathe ou pas psychopathe, sa personne interroge.
Vous avez dit troublant ?
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Mettre Kobe Bryant sur un piédestal, ce n’est pas mettre sur un piédestal seulement le basketteur, c’est aussi mettre sur un piédestal les valeurs qui l’anime.
Face A, c’est le beau geste, le travail, la passion, la gagne.
Face B, c’est ce darwinisme social (la survie des plus aptes passe par l’élimination des moins aptes) qui, sous couvert de la victoire à tout prix, justifie tous les travers, à commencer par ce besoin pathologique de rabaisser l’autre.
Se pâmer devant le talent de Kobe Bryant et s’aveugler sur son côté sombre, c’est passer un peu vite sur le fait que « la mentalité Mamba » pouvait n’être qu’un prétexte pour se comporter comme le dernier des conn*rds.
Oubliez le strass et les paillettes pour vous imaginer un instant n’importe quel n+1/collègue de travail agir de la sorte avec vous. Toléreriez-vous une telle toxicité ?
Et puis franchement, entre jouer avec un Kobe ou jouer avec un Lebron ou un Steph, dont les palmarès ne rougissent pas de la comparaison, et qui, sans être moins obsédés par la victoire, ont quand même l'air sacrément plus cool, le choix est vite fait, non ?
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lignes2frappe · 10 months ago
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LE TRÈS CULTE ABÉCÉDAIRE DE « PULP FICTION »
Sorti le 26 octobre 1994 dans les salles françaises, le plus culte des films cultes fête ses 30 ans...
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A comme Amsterdam
De retour aux États-Unis depuis quelques jours à peine au début de Pulp Fiction, Vincent Vega vient de passer trois ans dans la capitale hollandaise. Pourquoi est-il parti là-bas ? Et qu’a-t-il pu bien faire de ses journées à part s’enfiler des Royal Cheese et picoler de la bière au cinéma ?
A priori rien de bien légal si l’on en croit Paul, le barman du club de striptease tenu par Marsellus Wallace, qui le présente comme leur « agent » sur place – « Yo! Vincent Vega's in the house! Our man in Amsterdam! ».
Une piste confirmée par Quentin Tarantino quelques années plus tard.
Envisageant un temps de se lancer dans un préquel de Reservoir Dogs et Pulp Fiction intitulé The Vegas Brothers/Double V Vega dans lequel Monsieur Blonde/Victor Vega aurait fait équipe avec Vincent (ils sont frères), une fois le projet abandonné, le réalisateur a révélé que dans le script ce dernier s’occupait de faire tourner un bar pour le compte de son patron
Spoiler : pas dit qu'il n’y ait pas eu du grabuge (lire plus bas).
B comme Big Kahuna Burger
La chaîne de restauration rapide hawaïenne immortalisée dans cette scène où Jules tape avec enthousiasme un croc dans le burger du pauvre Brett, avant de lui cribler le corps de balles.
Tout comme les cigarettes Red Apple, la compagnie aérienne Cabo Air, les donuts Teriyaki, la tequila Benny’s World ou la pâtée pour chiens Wolf’s Tooth, il s’agit d’une marque fictive née de l’imagination de Quentin Tarantino.
Une recette dudit burger existe cependant bel et bien et serait à base d’ananas. Est-ce pire péché que de tremper ses frites dans la mayonnaise ? Le débat est ouvert.
C comme Chronologie
Et si Pulp Fiction se regardait de manière linéaire ?
Pour qui voudrait remonter le film à l’endroit, tout commence avec le monologue du capitaine Koons sur la montre en or. L’action à proprement parlé se déroule une trentaine d’années plus tard et s’étale sur 48 heures.
Jules et Vincent s’en vont dézinguer une bande d’étudiants. Jules voit la lumière. Vincent shoote Marvin. Wolf arrive à la rescousse. Yolanda et Ringo décident de braquer le restaurant dans lequel Jules et Vincent prennent leur petit déjeuner en shorts et t-shirts. Nos deux larrons remettent la mallette à Marsellus. Vincent raye la caisse de Butch, part s’acheter 300 dollars d’héroïne et emm��ne Mia danser. Au même moment, Butch déjoue les pronostics sur le ring en tuant son adversaire.
Le lendemain, Marsellus et Vincent s’en vont lui causer du pays. Ce dernier dézingue alors Vincent, récupère sa montre, puis sauve Marsellus d’un guet-apens dans l’arrière salle de la boutique d’un prêteur sur gage. Il rejoint ensuite Fabienne sur la motocyclette le chopper de Zed avant de voguer vers de nouveaux horizons.
Ou pour le dire autrement : « Pulp Fiction commence au milieu, revient en arrière, puis en avant de plus en plus loin dans le temps, afin de retourner et de se conclure au milieu. »
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D comme Dialogues
Si Pulp Fiction dure 2 heures 34 minutes sans que l’on regarde sa montre (et aurait pu sans problèmes durer deux heures de plus), l’immense mérite en revient aux dialogues. Plus encore que l’histoire, ce sont eux qui structurent et font avancer le film.
Longue conversation entre ses personnages, Pulp Fiction se savoure comme une succession de digressions sur tous ces détails du quotidien qui n’en sont pas (les anecdotes de voyage, la pop culture, le prix des milkshakes...) dans un parler qui, bien que travaillé, sonne naturel – enfin des dialogues de cinéma qui ne ressemblent pas à du mauvais théâtre ou à du faux cool de teenage movies.
Quentin Tarantino, le Céline du septième art ?
E comme Ezekiel 25:17
« La marche des vertueux est semée d'obstacles/Qui sont les entreprises égoïstes/Que fait sans fin surgir l'œuvre du malin… », vous connaissez la suite.
Sauf que la tirade récitée in extenso par Jules avant de faire parler la poudre ne correspond que très vaguement au 17e verset du 25e chapitre du Livre d'Ézéchiel (bizarrement traduit par « verset 10 » en français).
Jugez plutôt : « Parce que les Philistins se sont livrés à la vengeance, et qu’ils se sont vengés à outrance, le mépris dans l’âme, pour exterminer, haine éternelle. À cause de cela, je vais étendre ma main contre les Philistins. J’écraserai les Crétois et détruirai le reste qui habite le rivage de la mer et j’exercerai sur eux de grandes vengeances, les châtiant avec fureur. Et ils sauront que je suis l’Éternel quand je leur ferai sentir ma vengeance. »
Cette réécriture n’est cependant pas due à Tarantino, elle est « empruntée » au film Karaté Kiba sorti en 1973 avec Sonny Chiba dans le rôle principal (Hattori Hanzo dans Kill Bill).
F comme Fiction Pulpeuse
Installé à Amsterdam où, grâce à l’argent de Resevoir Dogs, il peut d’adonner sans relâche à l’écriture pendant trois mois, Quentin Tarantino souhaite dans un premier temps porter sur grand écran une trilogie de films de gangsters.
Inspiré par les pulps, « ces publications macabres imprimées sur un papier bon marché » très populaires au début du 20e siècle, l’idée lui vient ensuite de ramasser le tout dans un seul script.
« Je voulais faire ce que font les romanciers mais pas les réalisateurs : raconter trois histoires distinctes avec des personnages qui vont et viennent dans chacune d'entre elles, mais dont l'importance diffère selon l'histoire ».
Et c’est ainsi qu’est né Pulp Fiction, cette relecture des trames de films noirs les plus éculées (le casse qui tourne mal, la liaison entre la femme du boss et son homme de main, le combat de boxe truqué...) devenue à sa manière le film noir ultime.
Notez qu’outre le titre qui référence directement ladite littérature pulp, l’affiche reprend le code couleur délavé de ses couvertures, tandis qu’Uma Thurman a la main posée sur l’un de ses fleurons, Harlot In Her Heart! de Norman Bligh (1950). Dans le film, Vincent est également vu régulièrement bouquiner Modesty Blaise de Peter O'Donnell (1965), les aventures d’une espionne britannique au passé trouble.
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G comme Générique
Quentin Tarantino a-t-il oui ou non écrit seul le scénario de Pulp Fiction ?
Si les premières secondes du générique d’ouverture promettent « Un film de Quentin Tarantino », quand la musique passe de Dick Dale à Kool and the Gang, ce sont des « Histoires de Quentin Tarantino et Roger Avary » qui sont annoncées.
Pote de QT avec qui il bossait à l’époque des vaches maigres dans le magasin de location de cassettes Video Archives, Roger Avary aurait plus ou moins écrit le sketch sur la montre. Désireux d’appuyer la réputation de petit prodige de Tarantino en le présentant comme seul aux commandes de Pulp Fiction, Miramax lui offre de renoncer à tout cocrédit en échange d’un chèque. Ce qu’Avary refuse.
Un compromis est finalement trouvé pour que la mention « Écrit et réalisé par Quentin Tarantino » apparaisse dans le générique de fin et puisse être utilisée dans la campagne promo.
Ce deal un peu bancal provoque une brouille entre les deux amis, Tarantino « omettant » de remercier Avary aux Golden Globe après avoir reçu le prix du meilleur scénario. Vexé, quand les deux hommes remportent l’Oscar du meilleur scénario, Avary, qui est cette fois crédité comme coscénariste (oui, c’est compliqué), se venge en payant « 500 dollars » le caméraman chargé de filmer Tarantino lors de la retransmission télé pour qu’il le coupe à l’image à l’annonce de son nom – ce qu’il a fait.
Une fois monté sur scène, au lieu de se fendre d’un discours, Avary s’éclipse au plus vite, prétextant « devoir aller p*sser ».
H comme Hitler
Chez Quentin Tarantino, deux univers distincts s’entremêlent : l’univers réel et l’univers cinématographique.
Ou pour citer le Christ : « L’univers réel est celui dans lequel les personnages de la vraie vie évoluent (ceux de Reservoir Dogs, ceux de Pulp Fiction…). L’univers cinématographique est un univers spécial composé de films, comme Kill Bill ou Une nuit en enfer. Ainsi quand les personnages de Reservoir Dogs ou de Pulp Fiction vont au cinéma, ils vont voir Kill Bill ou Une Nuit en enfer. »
Pour la faire courte (pour la version longue, c’est ici), sachez que tous les films de l’univers réel s’imbriquent.
Pulp Fiction est connecté à Reservoir Dogs via les frères Vega. Reservoir Dogs est connecté à True Romance via la référence faite au personnage d’Alabama (Patricia Arquette). True Romance est connecté à Inglorious Basterds via les liens de parenté du producteur Lee Donowitz avec « l’Ours juif » Donny Donowitz, et ceux du colocataire stoner Floyd Raine avec le Lieutenant Aldo Raine (tous deux interprétés par Brad Pitt).
Et oui, Pulp Fiction se déroule dans un monde où le dictateur nazi est mort mitraillé et brûlé dans un cinéma parisien.
I comme Impact de balles
Dans la dernière scène de Reservoir Dogs, celle où Joe, Eddie-le-gentil (Chris Penn) et M. White (Harvey Keitel) s’entretuent après avoir chacun dégainé leurs armes, Eddie ne se fait en réalité pas tirer dessus.
« Harvey Keitel devait d’abord viser Lawrence Tierney, puis moi, puis se faire descendre. Mais son explosif s’est déclenché directement avec avoir tiré sur Lawrence, et il est parti vers le bas » a révélé Chris Penn quelques années plus tard.
Plutôt que de corriger cette « erreur », Quentin Tarantino a préféré laisser les choses telles quelles afin de laisser libre cours aux spéculations – « Tu sais quoi ? Ce sera la controverse du film, ça fera parler. »
Libre donc à chacun de penser que si le mur de l’appartement de Brett est troué avant même que Jules et Vincent ne se soient fait canarder par Jerry Seinfeld, il ne s’agit peut-être pas d’une faute de raccord, mais d’une volonté de sa part d’alimenter les conversations.
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J comme Jack Rabbit Slim
Non, Vincent et Mia n’ont pas remporté le concours de twist du restaurant le plus fifties de Los Angeles. Malgré leur emballante prestation, s’ils sont aperçus rentrant chez eux le trophée sous le bras, c’est parce qu’ils l’ont volé.
Plus tard dans le film, lorsque Butch revient dans son appartement, l’information peut être entendue dans un flash info en fond sonore.
À cinq dollars le milkshake, nos deux filous n’allaient quand même pas repartir les mains vides.
K comme Ketchup
Joie du doublage, la blague que Mia raconte à la fin de la soirée n'est pas la même en français et en anglais. Là où dans la langue de Shakespeare, Vincent a droit à jeu de mot intraduisible sur l'homophonie entre le mot « ketchup » et l'expression « catch up » (« dépêche toi »), la VF est partie dans une toute autre direction.
« Trois tomates se baladent dans l'avenue. Papa tomate, Maman tomate. Bébé tomate traîne, regarde les belles nanas. Papa tomate se met en rage, lui balance une claque et lui dit : 'Qu'est ce que t'as ? T'es tout rouge !'. »
L'effet comique repose sur le fait que Bébé tomate est une tomate et qu’il est rouge quoi qu'il arrive. Problème, une tomate au tout premier stade de maturité n'est pas rouge, mais verte blanchâtre.
Du coup, soit Bébé tomate est rouge et ce n’est plus un bébé (Papa tomate n’a donc pas à le corriger), soit Bébé tomate est vraiment un bébé, et qu'il passe du vert au rouge devant les belles nanas n’a rien de drôle (car tout à fait normal).
Bon après, regarder Pulp Fiction en français ne relève pas non plus du huitième péché capital. Là où sur le papier restituer le flow d'un film où l'on cause tant tenait de la mission impossible, les comédiens de doublage s'en sont tirés avec les honneurs – Thierry Desroses en tête, la voix de Samuel L. Jackson, dont c'était le tout premier rôle !
L comme Louise Brook
Désormais grand classique d’Halloween, le look « Reservoir Dog au féminin » de Mia (chemisier blanc à boutons de manchette, pantalon noir 7/8 et ballerines Chanel dorées) ne serait pas sans son fameux carré à frange qui a fait tant d’émules (Natalie Portman dans Léon, Audrey Tautou dans Amélie Poulain, Rinko Kikuchi dans Pacific Rim...).
Uma Thurman n’est toutefois pas la première actrice à avoir popularisé cette coupe. Loin de là. L’honneur revient à Louise Brook qui, en 1929, l’arborait dans le film Loulou où elle incarnait une jeune femme libérée et hédoniste.
Symbole d’émancipation, ce « casque noir » aux airs androgynes traverse depuis les époques (Anna Karina dans Vivre sa vie de Jean-Luc Godard en 1962, Liza Minnelli dans Cabaret en 1972, Bella Hadid...).
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M comme Massage de pieds
Passé le casting exclusivement masculin de Reservoir Dogs, Quentin Tarantino s’est offert avec Pulp Fiction une scène coming out dans laquelle Vincent soutient que « glisser la langue dans le sanctuaire des sanctuaires » et masser les pieds d’une femme relève du même ordre.
Tout reposerait sur une tension sexuelle qui ne dit pas son nom (« Personne ne dit rien, mais tu le sais. Et elle aussi, elle le sait. ») – raison pour laquelle, selon lui, le pauvre Tony Rocky Horror qui se serait aventuré à masser les attributs de Mia s’est fait balancer d’une fenêtre au troisième étage par les hommes de son mari.
Absolument pas anodine, cette scène annonce une figure majeure de sa filmographie : le plan resserré sur les pieds nus de ses actrices. Uma Thurman, Bridget Fonda, Rosario Dawson, Diane Kruger, Margot Robbie ou encore Margaret Qualley (pourtant « mortifiée » à l’idée de montrer ses pieds) y ont toutes eu droit, qu’importe que cela serve l’intrigue ou non.
Totalement décomplexé sur le sujet, dans Une Nuit en enfer, Tarantino est allé jusqu’à s’écrire une scène où Salma Hayek/Santanico Pandemonium lui enfonce son vernis dans la bouche.
N comme Nouvelles générations
N’en déplaise aux mecs qui en 1994 étaient plus cools que Fonzie mais qui en 2024 le sont beaucoup moins, Pulp Fiction n’est plus le totem qu’il a été.
Jugé « surcoté » par une partie de la génération Snapchat/TikTok, il serait, selon leurs dires, trop lent, trop long, trop bavard. Film sans sujet (« Bordel, mais de quoi ça parle ? »), voire film hors sujet (« Les histoires sont mal reliées entre elles. En sortant du film, on ne se souvient même pas du sort des personnages à la fin. »), il cacherait sa vacuité derrière des effets de manche vus mille fois depuis trente ans.
Ovni rock’n’roll et irrévérencieux à sa sortie, à force d’unanimité, Pulp Fiction sera-t-il un jour à ranger aux côtés de ces chefs-d’œuvre poussiéreux que plus personne ne regarde ?
O comme Overdose
Lorsque que, quelques années avant Pulp Fiction, Quentin Tarantino a présenté le scénario de Reservoir Dogs à Harvey Keitel, l’acteur, surpris par son degré d’authenticité et de détails, lui demande « s’il a grandi entouré de racailles et de truands ?? ». Candide, QT lui rétorqua qu’il a « juste maté un paquet de films ».
Encyclopédie du cinéma, Tarantino vit dans la fiction. Ses films référencent d’autres films, pas le réel.
Exemple avec l’une des scènes phare de Pulp Fiction, celle où Vincent plante une aiguille en plein dans le sternum de Mia pour la faire revenir d’entre les morts, qui n’est que vaguement crédible.
Déjà, parce que sniffer de l’héroïne est paradoxalement « moins dangereux » que de sniffer de la cocaïne – la poudre se dilue dans le système digestif, ce qui ralentit fortement son absorption par l’organisme, diminuant les risques d’overdose.
Ensuite, parce que l’adrénaline n’est pas la substance adéquate pour renverser les effets d'une surdose d'opioïdes – au cas où, préférez lui la naloxone.
Enfin, parce que toute l’idée de la séquence n’est pas venue à Tarantino en feuilletant un précis de médecine, mais en discutant avec l’équipe des Aventures du baron de Münchhausen (le film de Terry Gilliam dans lequel Uma Thurman se montre nue en Vénus de Botticelli) : « Ils m’avaient raconté l’histoire d’un tigre sur un tournage en Espagne à qui ils avaient donné trop de sédatifs pour qu’il reste calme. Ils avaient dû lui injecter de l’adrénaline pour qu’il se réveille. »
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P comme Palme d’Or
Lorsque le 23 mai 1994, Clint Eastwood, président du jury de la 47e édition du festival de Cannes, annonce la victoire de Pulp Fiction, un vent de surprise s’empare l’assistance : Quentin Tarantino, 32 ans, vient de faire la nique aux pointures internationales Krzysztof Kieslowski (Rouge), Nanni Moretti (Journal intime), Nikita Mikhalkov (Soleil trompeur), Zhang Yimou (Vivre !) et Atom Egoyan (Exotica) !
Si pour Eastwood la décision serait allée de soi (« C'était un film excitant et rafraîchissant. Quand les jurés se sont retrouvés pour décider, tout le monde était unanime pour dire que c'était le meilleur film. »), Catherine Deneuve, vice-présidente du jury, tempérera cette belle version des années plus tard (« Clint Eastwood était très protégé par son staff de la Warner, donc souvent coupé du reste du jury. On ne se voyait pas assez, et nous avons sans doute délibéré trop vite. […] Que voulez-vous répondre à des Anglo-Saxons que Journal intime ennuie profondément ? »).
Plus diplomate, dans ses mémoires, le président du festival Gille Jacob regrettera à demi-mots que le grand favori Kieslowski soit reparti les mains vides : « Entre la Russie impériale aux parfums nostalgiques et l’art du feuilleton populaire à la violence speedée, Clint avait parié sur l’avenir et pesé de tout son poids en faveur du feuilleton. »
Q comme « Qu’y a-t-il dans cette foutue mallette ? »
Objet de toutes les convoitises, le contenu de l’attaché-case de Marsellus Wallace demeure un mystère.
Plusieurs théories ont donc vu le jour : il s’agirait de l’âme maléfique de son propriétaire qui aurait fuité (d’où son pansement derrière la tête, d’où le 666 comme code d’ouverture), des diamants de Reservoir Dogs (aperçu en serveur grimé en Buddy Holly au Jack Rabbit Slim, M. Pink/Steve Buscemi a-t-il depuis refait sa vie incognito ?) ou du costume doré d'Elvis Presley porté par Val Kilmer dans True Romance.
Ou alors, elle contient tout bêtement deux piles et une ampoule.
R comme Rédemption
Pour Samuel L. Jackson, ce serait la morale de Pulp Fiction.
« Les gens qui méritent d’être sauvés le sont. Pumkin et Honey Bunny, sont épargnés. Ils ont une seconde chance. Uma passe tout près de la mort. Elle ne meurt pas. Butch aussi a une seconde chance. Même Marsellus Wallace y a droit. »
Si l’analyse est corroborée par l’arc de son personnage, ainsi que par Tarantino en personne (« C’est explicite tout au long du film »), elle ne saute cependant pas franchement aux yeux.
Ce serait même plutôt l’inverse à en lire La Philosophie du film noir de Mark T. Conard, pour qui, Pulp Fiction se veut une parabole sur le nihilisme de la société américaine.
« Le vide existentiel qui habite les personnages procède de l’absence de structures autres que celles qui établissent un rapport basé sur la force. Incapables de produire un jugement autre que celui dictée par cette valeur, cette dernière est le seul critère qui guide leurs vies. »
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S comme Série B
Déflagration sans nom à sa sortie, à la manière d’un Star Wars ou d’un Matrix, Pulp Fiction a initié une révolution comme on en voit une tous les dix ans en donnant ses lettres de noblesse à la culture bis.
Méprisée depuis toujours, cette dernière trouve alors en Tarantino son héraut... pour le meilleur et pour le pire.
Confondu un peu trop rapidement avec du génie (le critique Jean-Michel Frodon déplorait à l’époque « qu’une désinvolture quelque peu arrogante, faite d'une accumulation de bons mots, de vedettes et de scènes-choc, passe pour le fin du fin de la mise en scène »), son talent pour le recyclage est en effet de celui qui horizontalise tout. De celui qui met sur un pied d’égalité l’essentiel et l’accessoire. De celui qui permet aux cinéphages de se croire cinéphiles. De celui qui transforme toujours un peu plus le septième art en produit de consommation courante.
Au-delà de ses qualités intrinsèques, Pulp Fiction marque le point de départ de cette pop culturisation à grande échelle de la culture.
Marvel, Netflix et les youtoubeurs cinoche lui doivent beaucoup.
T comme Tarantinesque
Victime de son succès, le back-to-back Reservoir Dogs/Pulp Fiction a très vite engendré une vague de copiés/collés telle qu’est né l’adjectif « tarantinesque » (« tarantinoesque » en VO).
Pas gêné pour un sous que « pendant cinq ans, tous les films de gangsters mélangent ironie, discussions sur les séries télé et musique en toile de fond », Quentin Tanrantino considère au contraire que tous ses imitateurs « rendent par comparaison ses films meilleurs ».
À sa décharge, à quelques exceptions près (Arnaques, Crimes et Botanique de Guy Ritchie, Dernières Heures à Denver avec Andy Garcia, Get Shorty avec John Travolta, Freeway avec Reese Whiterspoon...), tous sont tombés dans l’oubli.
« Tarantinesque » est en revanche rentré dans le très prestigieux dictionnaire d’Oxford en 2018. Il caractérise « des films qui ressemblent aux films de Quentin Tarantino », « des films où la violence est stylisée, où le ton est satirique, où les histoires sont non linéaires, où les références cinématographiques pullulent et où les dialogues sont aiguisés ».
U comme Univers parallèles
Et si Pulp Fiction était un multivers à lui tout seul ?
Là où le spectateur lambda est en droit de s’étonner que chaque trame repose sur des évènements qui n’ont qu’une chance infime de se produire (les coups de feu qui n’atteignent pas Jules et Vincent, Butch qui oublie sa montre, Mia qui se trompe de sachet, Marsellus qui se fait déflorer dans une cave…), les plus avertis ont remarqué qu’avant chacun desdits évènements, l’action qui le précède est légèrement altérée (la phrase prononcée par Yolanda au début et la fin du film n’est pas identique, le nombre de balles restant dans le barillet de Jules varie...).
De là à penser que chaque chapitre prend place dans une réalité alternative et que Pulp Fiction se veut une réflexion sur les méandres du destin, il n’y a qu’un pas.
V comme Vincent Vega
Le compère de Jules est-il le tueur à gage le plus incompétent de Los Angeles ?
Clairement pas le canard le plus futé de la mare, camé à l’héroïne, il foire dans les grandes largeurs toutes les tâches qui lui sont confiées.
Il oublie d’inspecter la pièce juste derrière lui dans l’appartement tandis qu’un type armé jusqu’aux dents s’y planque (sans « intervention divine » Jules et lui ne seraient plus). Il tire accidentellement une balle en plein dans la tronche de ce pauvre Marvin (le b.a.-ba du maniement d’arme à feu veut que l’on ne pointe jamais quelqu’un, et encore moins avec le doigt sur la détente). Il cherche inutilement des noises à Winston Wolfe pourtant venu le dépêtrer en urgence.
Ça, plus le temps fou qu’il passe aux toilettes, source de drames en cascade (Ringo et Yolanda qui braquent le restaurant, Mia qui fait une overdose, Bruce Willis qui se saisit du Mac-10 laissé sans surveillance).
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W comme Winston Wolfe
Deux ex machina, il surgit de nulle part (et en smoking) lors de la Bonnie Situation, pique la vedette à tout le reste du casting dix minutes durant, avant de repartir aussi sec on ne sait où (et avec une fille à son bras).
Qui est-il ? D’où vient-il ? Comment a-t-il appris à nettoyer des banquettes de voiture tâchées d’éclats de cervelle ? Les réponses ce sera pour une autre fois, tout juste aura-t-on le loisir d’apprécier que personne au monde n’a l’air plus calme et plus déterminé que lui tasse de café en main.
En même temps, qu’attendre d’autre d’un type qui « pense vite », « parle vite » et qui se fait surnommer sans une once d’ironie « Le Loup » ?
X comme Miramax
Pulp Fiction a couté 8,5 millions de dollars, a été tourné « comme s’il coutait 25 millions de dollars » dixit Tarantino, et a rapporté 214 millions de dollars rien qu’en salle.
« Film indépendant le plus rentable de l’histoire », il a relancé la carrière de John Travolta, donné un second souffle à celle de Bruce Willis, et propulsé Samuel L. Jackson et Uma Thurman au rang de stars.
Son succès a aussi et surtout ouvert la voie aux frères Harvey et Bob Weinstein (oui, le Harvey Weisntein prédateur et violeur aujourd’hui en prison) pour écrire l’une des plus belles pages de l’histoire Hollywood.
Fondé en 1979 dans le but de financer les films que les grands studios refusent de financer, Miramax venait en effet de passer à deux doigts de la banqueroute. Racheté par Disney un an plus tôt, Pulp Fiction l’a affranchi de la tutelle de la firme aux grandes oreilles.
Cette liberté artistique a ainsi permis aux deux frères de régner sur les années 90 avec des films plébiscités tant par le public que par la critique (Clercks, Le Patient anglais, Will Hunting, Scream, Shakespeare in Love, Fahrenheit 9/11…).
Vantard, Tarantino a longtemps claironné : « C’est moi qui ai bâti Miramax, je suis leur Mickey Mouse. »
Y comme You Can Never Tell
La chanson de Chuck Berry sur laquelle se trémoussent Mia et Vincent.
Gros hit en 1964, elle conte sur un air de piano l’histoire de deux adolescents qui se marient, deviennent des « monsieur et madame » (en français dans le texte), et pour qui la vie se déroule de la façon la plus douce qui soit (ils achètent un petit meublé, conduisent une décapotable rouge et collectionnent les disques de rock).
Détail beaucoup moins feel good : Chuck Berry a écrit et composé You Can Never Tell alors qu’il purgeait une peine de 20 mois de prison pour corruption de mineure – il avait tenté de ramener de Mexico une fille de 14 ans dans sa voiture pour la faire travailler dans son club de Saint-Louis.
Rapporté au thème, difficile de séparer l’œuvre de l’artiste.
Z comme Zed
Dans Pulp Fiction, dire de la police qu'elle se fait discrète est un euphémisme : Vincent et Jules vident tranquillement leurs chargeurs dans une résidence sans que personne ne s'en émeuve, Marvin se fait exploser la cervelle en plein jour à l'arrière d’une voiture, il est possible de prendre le temps de disserter sur la Bible en plein braquage, etc.
Seule exception, Zed, le flic sodomite qui initie Marsellus aux plaisirs du coffre sans trop se soucier de son consentement.
Du genre rancunier, une fois ce dernier remis de ses émotions, il balance LA réplique que tout le monde a appris par cœur au moins une fois dans sa vie.
« Maintenant quoi ? Je m’en vais te le dire moi quoi ! J’appelle deux experts complètement défoncés au crack qui vont travailler nos deux copains. Avec une paire de pinces, un chalumeau et un fer à souder. Est-ce que tu m’as entendu ! Espèce de porc ! Je suis très loin d’en avoir fini avec toi ! Je vais te la jouer à la flamme bien moyenâgeuse ! »
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Septembre 2024
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lignes2frappe · 11 months ago
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« NOIRS ET PROFESSIONNELS » DU ROI HEENOK : QUEENS, VATICAN ET IIIe REICH
Plongée dans les méandres du magnum opus du monarque montréalais...
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12 décembre 2012. Alors que les Mayas avaient prévu la fin du monde, c’est au cinquième projet d’Heenok Beauséjour qu’on a eu droit, Noirs et professionnels.
Dix-huit pistes haut de gamme qui s'écoutent comme un concentré de « voyouserie », « tout en tapis, fourrures et boiseries ».
Retour sur les immenses savoirs généreusement dispensés par le Roi dans cet article garanti 0% anglicisme.
La Rive Sud
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La ref’ ? « Saint-Léonard, Montréal Nord, Rive Sud, Saint-Michel » sur Rive Sud Rive Nord
Son fief.
Bien qu’infatigable défenseur du parler français, question géographie, le Roi aime à s’imaginer cette banlieue de Montréal nichée à quelques encablures des États-Unis comme un Queensbridge canadien. Là où « les négros sont des super-hommes qui s'expriment en plusieurs langues et qui profitent de la drogue » (Bel Emballage Sans Le Contenu).
Invité de luxe sur Noirs et professionnels, Raekwon semble lui des plus perplexe face à cette comparaison. Probablement persuadé que tous les francophones vivent autour de la tour Eiffel, comme avec Ol’Kainry onze ans plus tôt, dans le doute, il dédicace la « French connexion ».
Les médias rap français
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La ref’ ? « Tous ces pigistes français adorent le Roi » sur Un Pour Le Roi Heenok
Aussi dingue que cela puisse paraître, le Roi Heenok a un temps été pris au sérieux.
Débarqué en furie en terre hexagonale en 2005 pour promouvoir sa cassette mixée Propagande américaine, il passe le temps d’un instant pour la nouvelle sensation d’Outre Atlantique : concerts parisiens, conflit avec Booba (lire plus bas), article dédiée dans 20 Minutes, portrait dans le magazine spé Radikal...
Si la supercherie ne dure pas, l’exposition médiatique dont il a bénéficié lui permet de rallier à sa cause une communauté dévouée de « fanatiques » – communauté qui, encore aujourd’hui, s’amuse à tous les degrés, mais non sans bienveillance, de son personnage.
Star des forums (www.roi-heenok.com !) et des compilations YouTube, contre toute attente, le Roi réussit ensuite à se faire une place parmi les emcees du cru (stylelibre avec Sniper, invitations de La Fouine et Seth Guecko, duos avec Alkpote et Alpha Wann, scène avec Rim-K...).
Mieux, rentré depuis dans la légende, il peut se targuer d’avoir eu une véritable influence sur les jeunes générations, que ce soit pour avoir transposé les délires de cainri dans la langue de Molière (quel rappeur ne francise désormais pas ses textes avec Google Traduction ?) ou pour avoir initier ses auditeurs à un magma de références inédit pour l'époque (coucou Freeze Corleone).
Les Mathématiques du Roi Heenok
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La ref’ ? « Il faut me balancer ces billets européens/Demande à Romain Gavras, ce colon grec de Kourtrajmé » sur Un Pour Le Roi Heenok et « Hier soir j'ai eu un rêve que j'étais en train d'assassiner Romain Gavras et Mohamed Mazouz, ces deux salauds, de colons qui s'prennent pour des Français » sur Cauchemars
Le documentaire qui en 2008 a propulsé le Roi Heenok dans la légende. Réalisé par Romain Gavras et Mohamed Mazouz du collectif Kourtrajmé, il s’apprécie comme une introduction à sa pensée complexe.
Synopsis : « Le Roi Heenok est au rap francophone ce que Van Damme est au cinéma : un paradigme qui défie l'entendement commun. Chacune de ses interventions et facéties valent bien plus que sa discographie complète. Comme Van Damme, il a redéfini l'idée même qu'on se faisait de la francophonie. Mais le Canadien va bien plus loin que son homologue belge. Là où Van Damme est resté ‘aware’, Heenok a créé sa propre mythologie sur la base d’un folklore où se télescopent Queensbridge, Jacques Chirac, la coke, le gangstérisme et les prophéties baroques. »
À l’écran, cela donne 39 minutes interrompues de scènes cultes où l’intéressé digresse à volonté sur « les longs canons », « la cassette que Washington recherche », « le rap mongol » ou encore « les Timberland noires sur noires de vendeurs de poudre ».
Malheureusement, la sortie du DVD sera perturbée par des bisbilles à propos du montage et de la rémunération – d’où les lignes vengeresses du Roi à l’encontre de « ces deux immigrants ».
[Les deux parties se sont entretemps réconciliées.]
Un exemplaire des Mathématiques du Roi Heenok a toutefois atterri dans les bureaux de la police québécoise... qui a immédiatement opéré une descente au Château Saint-Ambroise, le studio d'enregistrement du Roi. Arrêté avec Rapiso pour vêtements volés, détention d'armes à feu et de substances illicites, ces derniers sont néanmoins libérés quelques jours plus tard, grâce à « leurs avocats juifs » (salutation à Maurice Levi de Sur Écoute).
Notez qu’en 2010, le Roi fait l’objet d’un second documentaire tourné dans le même état d’esprit, Le Monde selon Roi Heenok. Dépeint comme « le chaînon manquant entre les Monty Python et Mobb Deep », il y est là aussi en forme olympique.
Ugo le patron
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La ref’ ? En duo sur L'Argent Parle, La Sauce Est Chaud, Des Tonnes de Produits et Kilos en Banque
Son inénarrable compère.
Déjà présent sur Propagande Américaine (2005) et Cocaïno Rap Musique Volume 1 (2007), moitié du duo Kinimod & Ugoboss (le frère du Roi rendu tétraplégique après un accident au volant de sa berline de luxe), « calibre dans la cocaïne » et membre éminent du collectif Gangster & Gentleman (les suscités, plus Rapiso, Lynn et Tony Danza), on lui doit d’avoir alerté le grand public des méfaits de « la maladie mangeuse de chair ».
« Le bœuf, quand tu le cuis, il reste rosé, donc mal cuit. Tu ne tues pas la bactérie, donc toutes les bactéries qu'il y a dans le bœuf. Alors tu consommes le bœuf mal cuit, donc rosé, et cette maladie se propage en toi et elle te gruge, elle te mange de l'intérieur, tu vois. Et la seule façon de combattre cette maladie, c'est de couper le membre. Si ça commence par le pied, ça monte dans le genou, ça monte dans la hanche. Alors faut que tu coupes, le plus vite possible. Ç,a c'est la maladie mangeuse de chair, tu vois ? »
Pathologie bien réelle, la fasciite nécrosante infecte en effet les tissus sous la peau pour s’attaquer à l’enrobage des muscles et des tendons (le fascia) et aux muscles. Causée par une bactérie connue sous le nom de streptocoque de groupe, elle contamine chaque année entre 90 et 200 personnes au Canada, dont entre 20 et 30% meurent.
De quoi y réfléchir à deux fois avant de mâcher son bifteck.
Booba
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La ref’ ? L'intro et le premier couplet de Un Pour Le Roi Heenok, son couplet sur Bel Emballage Sans Le Contenu
Entre Booba et le Roi, c’est compliqué. Enfin, surtout pour le Roi qui depuis le départ s’en prend à lui pour des motifs pas très clairs.
Apparemment, il s’agirait d’une question de mélanine (« T'as beau bronzer sur les plages de Miami t'en as besoin, mon métis ») et de crédibilité de rue (« Tes mouvements ne sont pas gangstèrement cotés »). Sachant que les enfants du Roi sont nés de la diversité et que, malgré ses fanfaronnades, son casier demeure désespérément vierge, cela sent plus la grossière tentative de buzz qu’autre chose.
En revanche, bien qu’il loue Rohff pour son authenticité (« Au moins lui le fait pour vrai »), le Roi ne fait pas sien l’adage « les ennemis de mes ennemis sont mes amis », Sinik se prenant au passage une balle perdue (« Vrais blancs font vraies choses, pas comme ton Sinik »).
L’homosexualité dans le rap
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La ref’ ? « Gay, pour toi le polo rose comme Kanye West » sur Plus Rien Pour Vous
Jamais tendre à l’égard de « ces homorappeurs qui se croient huppés », le Roi Heenok est de ceux qui conseillent à ses confrères tentés de surfer sur la vague LGBT d’aller plutôt « enc*ler leur femme ».
Tactique de gangster !
Le Vatican
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La ref’ ? « J'essaye de vivre confortablement comme le pape benoit » sur Rive Sud Rive Nord
Bondieuseries mises de côté, le Roi nourrit une fascination à l’égard de Joseph Aloisius Ratzinger, alias Benoît XVI, chez qui il admire tant la richesse matérielle (« longue chaine en or », « médaillon crucifié de diamant » et autre « Ferrari bénie ») que l’influence occulte qu’il lui prête.
Pontife réputé des plus conservateur (et pas seulement à cause de son petit accent allemand), le « Panzerkardinal » est resté dans l’histoire pour avoir quitté volontairement ses fonctions le 11 février 2013. Une première.
Lecteur entre les lignes du Code Da Vinci de Dan Brown (ce roman à succès de 2003 qui faisait la part belle aux théories complotistes), le Roi se rêve volontiers dans ses habits, s’imaginant fomenter crimes et complots au sein de l’élite mondiale grâce aux réseaux de l’Opus Dei (« Connaissance approfondie, j'engage des contacts secrets avec le Vatican/Nouveau pape noir, Roi Heenok fait les assassinations pour l'archevêque »).
L’Armageddon
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La ref’ ? La piste 5 éponyme
Le film de 1998 de Michael Bay dans lequel, pour sauver le monde, une bande de foreurs s’en allait creuser un trou dans un astéroïde (hein ?!), mais aussi est surtout, dans la Bible (chapitre 16, verset 16 de l’Apocalypse), la bataille finale qui opposera Dieu aux armées de l’Antéchrist sur la montagne de Maguiddo (« Har-Magedone » en hébreu).
Située dans une plaine à une centaine de kilomètres de Jérusalem, ladite montagne (qui est en réalité une colline haute d’à peine 20 mètres) est depuis victime de cette prophétie autoréalisatice avec quelques 200 batailles qui se sont déroulées dans ses environs.
Le jeune Mike Tyson
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La ref’ ? « Le Mickaël Tyson âgé de 21 ans dans cette entreprise du rap » sur L'Argent Parle
22 novembre 1986. Un an et demi après ses débuts chez les professionnels, Michael Gerard Tyson, 20 ans, envoie au sol d’un crochet du gauche Trevor Berbick, détenteur de la ceinture WBC. Le regard dans le vide, Berbick essaye tant bien que mal de se relever une première fois, puis une deuxième, titube, et retombe pour de bon face contre terre.
Le combat n’aura même pas duré deux reprises.
Cette 28è victoire de rang en 28 combats (dont 26 par KO) sacre le Kid Dynamite plus jeune champion du monde des poids lourds de l’histoire de la boxe. Un record qui tient encore aujourd’hui.
Encore plus fou, neuf petits mois plus tard, le 1er août 1987, il unifie avec la même facilité les titres WBA et IFB. À cet instant T, il est alors le sportif le plus dominateur de tous les temps, toutes disciplines confondues.
Le pistolet Desert Eagle
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La ref’ ? « Les Ro R, les Desert Eagle pointés sur toi p'tit pédé » sur L’Argent Parle
Au panthéon des « machins lourds » qui peuplent l’univers du Roi, se trouve, devant « les gros Sterling » et « les Ruger allemands » (en réalité américains), le Desert Eagle – « toujours en poche, pour tout reproche ou anicroche » dixit Ugoboss.
Fabriqué entre Israël et les États-Unis, le plus puissant des pétards semi-automatiques est une véritable star de cinéma : conçu au début des années 80, il est en apparu dans plus de 600 films, séries et jeux vidéo (Deux flics à Miami, Commando, Robocop, Nikita, Last Action Hero, Snatch, La Matrice, Les Soprano, Tomb Raider, GTA...) !
Pas étonnant donc que le Roi et ses loustics le fétichisent à outrance.
C-Murder
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La ref’ ? « Libérez le connaisseur, libérez C-Murder » sur Vraies Choses
Reconnu coupable en 2003 d’avoir tiré à bout portant sur Steve Thomas, un adolescent de 16 ans, aux abords d’un club de Louisiane, le frère de Master P purge une peine de prison à perpétuité sans possibilité de libération.
S’il ne cesse de clamer son innocence, l’appel qui lui a été accordé en 2009 a confirmé la sentence, quand bien même la défense a soulevé de sérieuses irrégularités (pressions exercées sur les témoins, pression exercées sur les membres du jury...).
Soutenu dans sa quête par Kim Kardashian qui finance ses avocats, l’ancien soldat de No Limit continue de sortir régulièrement des albums derrière les barreaux, dont le dernier, en 2021, Give Me Freedom Or Give Me Death.
Nicolas Sarkozy
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La ref’ ? « Et si j'étais français, j'aurais voté pour Nicolas Sarkozy » sur Un Pour Le Roi Heenok
Partisan d’un pouvoir fort à tendance autoritaire (George W. Bush, Saddam Hussein, Benjamin Netanyahu, Xi Jinping ...), comme tout rappeur biberonné au libéralisme économique, le Roi Heenok assume son darwinisme social (la survie des plus aptes passe par l’élimination des moins aptes).
En phase avec le style Sarkozy (Ray-Ban sur le nez, montres à cinq chiffres au poignet et femme trophée à l’Élysée), il partage sur le fond bon nombre de ses valeurs... à commencer par celle que tous les moyens sont bons pour arriver au sommet (corruption de magistrat, financement occulte, trafic d’influence...).
Fin analyste de la vie politique française, il préfère ainsi largement celui que l’on surnommait le président « brille-brille » à ses successeurs sans saveur François Hollande, « avec sa drôle de gueule de français raciste », et Emmanuel Macron, « pris dans une merde avec une vieille pét*sse ».
Les rebelles de l'Angola
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La ref’ ? « Je botte le cul de sept petits négros, comme un rebelle de l'Angola » sur Tu Veux Nous Tester
Conquis par le Portugal au début 16e siècle, tandis qu’au début des années 60 les colonies des autres pays européens accèdent les uns après les autres à l'indépendance, l’Angola continue d’être considéré comme une province de second rang par le régime de Salazar (citoyenneté à deux vitesses, travail forcé...).
La révolte éclate en 1961. Le conflit durera 14 longues années, jusqu’au 11 novembre 1975.
Divisé en trois mouvements indépendantistes d’obédience marxiste qui chacun se dispute le territoire sur des bases ethniques différentes, l’Angola s’enlise ensuite dans une guerre civile qui durera jusqu’en 2001.
L’Allemagne nazie
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La ref’ ? « J'étudie les livres de la Gestapo pendant que ces négros prient le petit Jésus » sur Nibiru
Plus encore que son goût pour la provocation, le Roi ne cacherait-il pas derrière ses phrases chocs un complexe d’infériorité à l’égard d’un régime qui tant par son absolue verticalité que par son imagerie le subjugue ?
Ou lorsque consommer allemand (Mercedes, Audi, BMW...), à la manière de ceux qui consomment américain ou hallal, c’est se soumettre à la puissance de l’empire – sur le modèle du désir mimétique de René Girard, le sujet admire, non pas l’objet, mais celui qui le possède.
Et tant pis si « le Fuhrer Heenoko » avait vécu à l’époque de la deuxième guerre et d’Adolf, un aller simple en train lui aurait été réservé.
Les réseaux pédophiles
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La ref’ ? Le morceau Vols d'énergies qui clôt l’album
Sur une boucle piquéee au regretté Prodigy (« Pedophiles rape lil' kids for energy, the satanic rituals »), le Roi amalgame tous les clichés sur le sujet façon Milton William Copper sur son cheval pâle.
« Demande aux vieux Européens de lignée reptile/La nouvelle mode est de voler l'énergie des petits enfants/Ils les adoptent pour les offrir en sacrifice à Satan/Toutes ces élites corrompues postées dans le gouvernement/Qui subventionnent ces avortements/Ces prédicateurs de l'Evangile à l'abri dans le Vatican/Ces étoiles hollywoodiennes comme Angelina Jolie et Madonna/Qui veulent à tout prix s'accaparer/De l'un de nos petits bébés noirs/Pour en faire leur porte-bonheur. »
Kanye West et Alain Soral n’ont rien inventé.
Le rap de Queensbridge
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La ref’ ? « Le Roi des Rois, l'ambassadeur du rap français queensbridgedisé sur le continent français » sur Crack Music
Mecque du rap dans les années 90, la plus grande cité HLM des États-Unis a donné naissance à certaines des plus fines plumes du mouvement – Nas, Tragedy Khadafi, Capone-N-Noreaga, Cormega, Big Noyd et bien sûr Mobb Deep, dont le Roi est un suceur de pénis un inconditionnel.
La légende veut d’ailleurs qu’il y aurait traîné ses guêtres pendant ses jeunes années, le temps pour lui de faire cette oseille.
Malheureusement pour les nostalgiques de ce rap de rue lugubre qui a tant influencé la scène française, QB n’est plus : tandis que depuis 10 ans les très rares rappeurs newyorkais ayant percé sont issus d’autres quartiers de la ville (A$AP Rocky, French Montana, Nicki Minaj...), rimer en Timberland et vestes de régate Helly Hansen sur la vente de crack est tout simplement passé de mode. Atlanta, l’autotune et la gentrification ont eu sa peau.
Ne reste qu’à réécouter Noirs et professionnels en boucle pour continuer de faire vivre la flamme.
Publié le 2 septembre 2024.
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lignes2frappe · 1 year ago
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POURQUOI 30 ANS APRÈS « HOOP DREAMS » RESTE LE MEILLEUR DOCUMENTAIRE SUR LE BASKET ?
Voire le meilleur documentaire sur le sport tout court...
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Aussi surprenant cela puisse paraître, Hoop Dreams ne devait au départ durer que 30 minutes.
Quand, en 1987, le réalisateur Steve James et du producteur Frederick Marx se mettent en tête d’aller filmer les playgrounds de Chicago, ils ne souhaitent alors consacrer que trois petites semaines à leur sujet.
Sur place, ils tombent cependant très vite sur un « recruteur local », un certain Earl Smith, qui leur présente deux adolescents de 14 ans bourrés de talent, Arthur Agee et William Gates. Le courant passe, et, une chose amenant une autre, James et Marx commencent à fréquenter leurs familles en dehors des courts.
De là, le projet prend une toute autre envergure. Persuadés d’avoir déniché tous les ingrédients un storytelling d’exception, James et Marx s’adjoignent les services du producteur Peter Gilbert afin d’augmenter sensiblement leur budget et le temps de leur séjour.
Et c’est ainsi que le 14 octobre 1994, cinq ans de tournage et 250 heures de rush plus tard (!), Hoop Dreams sort dans les salles de cinéma, changeant à jamais la vie des intéressés, la place accordée aux documentaires sportifs, mais, aussi et surtout, bouleversant de fond en comble la perception que se fait le grand public du processus de recrutement des athlètes professionnels.
De la sueur et des larmes
Long de presque 3 heures, Hoop Dreams suit les parcours croisés d’Arthur et William, deux surdoués de la balle orange qui rêvent les yeux grands ouverts de NBA. Sauf que bon, entre enquiller les paniers après l’école et décrocher un contrat pro, il y a un fossé – fossé dont chacun va prendre conscience à ses dépens de leur première saison au lycée à leur début à l’université.
[Sur 10 000 lycéens, seuls 3 seront un jour drafté par une franchise...]
Recrutés par le prestigieux Saint Joseph’s High School (célèbre pour avoir été l’alma mater du Bad Boy Isiah Thomas), Arthur et William tombent sur sous la coupe du coach Gene Pingatore. Dès lors, le basketball cesse d’être un jeu.
Vieux briscard, mi-père de substitution mi-chef de plantation, pour lui seule la victoire compte. Du genre « possédé » pour reprendre les mots de William, il s’emploie du mieux qu’il peut à tirer parti de ses jeunes recrues, qu’importe s’il lui faut les humilier ou les faire chanter.
Lorsqu’en junior William se blesse salement au genou, avant même qu’il ne soit rétabli à 100%, Pingatore le pousse à revenir au plus vite, contre l’avis des médecins. Plus craintif balle en main, William se blesse 48 heures plus tard et retourne derechef au bloc opératoire, la confiance dans les chaussettes.
Plus cruel encore, Arthur, qui chaque jour se lève à 5h30 du matin pour aller en cours, est tout bonnement exclu de Saint Joseph sitôt sa famille dans l'incapacité de payer ses frais de scolarité.
Intraitable, Pingatore, qui déjà ne croit plus en lui autant qu’avant (la faute à une croissance qui se fait attendre), laisse faire. Direction le lycée public, et déjà ses rêves « d’acheter une maison pour sa mère, une Cadillac pour son père et de mettre ses frères et ses sœurs bien » s’éloignent.
S’il est un peu facile de faire de Pingatore le grand méchant du film (amoureux sincère du basketball, il ne fait que se jouer d’un système autant que ce système se joue de lui), il est de ceux qui participent à traiter la jeunesse des ghettos comme de la chair à canon.
Ou comme il le résume à la toute fin, après que William et lui se soient faits des adieux aussi ternes que convenus : « Quand un joueur passe la porte dans un sens, un autre joueur passe la porte dans l’autre sens. Ce n’est pas plus compliqué que ça. »
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Quelque chose de pourri au pays de l’Oncle Sam
La dure réalité des parquets n’est toutefois pas la seule à laquelle Arthur et William sont confrontés. Loin de là.
Purs produits de leur environnement, ils font face à tout ce qui ne va pas dans un ghetto noir américain moyen, à commencer par une précarité qui ne leur laisse aucun répit.
Drogues, criminalité, chômage, infrastructures délabrées, coupures d’électricité... l’un des passages les plus crève-cœur de Hoop Dreams est certainement celui où Sheila, la mère d’Arthur, lance désespérée : « Vous demandez-vous parfois comment je fais pour vivre ? ».
Sans emploi, séparée d’un mari qui à trop fumer la pipe à crack la battait, elle ne dispose à cet instant T que de 268 dollars par mois pour nourrir ses enfants...
Guère mieux loti, William sent la pression se faire de moins en moins saine, entre un grand frère Curtis, ancien espoir déchu qui ne vit plus qu’à travers lui, et une paternité qui arrive sans prévenir.
Sorte de film dans le film, cette plongée dans le quotidien des deux ados est d’autant plus pénible à regarder qu’Arthur et William voient leurs illusions s’envoler les unes après les autres.
À la merci de cadres blancs replets qui les traitent tels des numéros de série (voir cette scène lunaire où, sur un plateau télé, des reporters qui ont quatre fois leur âge discutent cigares à la main de leur avenir), ils sabordent leur seule autre porte de sortie, l’école. Menacés à tout instant de suspension pour cause de résultats scolaires à la ramasse, incapables de comprendre les enjeux, à chaque fois que le sujet est abordé, ils se murent dans le silence.
Fort heureusement, Hoop Dreams est entrecoupé çà et là de lueurs d’espoir, comme lorsque Sheila, la mère courage d’Arthur, qui, sans rien dire à personne, prend des cours du soir et décroche à la surprise générale un diplôme d’infirmière.
Petit bémol : là où la foule se presse chaque semaine pour applaudir son fils sur un terrain, lorsqu’elle reçoit son diplôme, la salle de réception est quasiment déserte, quand bien même c’est elle qui mérite le plus une standing ovation.
Hoop Dreams, plus que du basket
Filmé avec brio, les scènes de basketball illustrent à merveille cette ambivalence, avec d’une part, une caméra qui capture au plus près l’action sur le terrain, et de l’autre, une caméra qui se concentre sur les réactions des proches en tribune.
Aller-retour permanent entre le spectaculaire et l’intime, Hoop Dreams se sert du sport comme d’un cadre pour raconter une histoire beaucoup plus universelle : celle de deux adolescents au seuil de leur vie, qui, à la manière du jeune berger Santiago dans L’alchimiste de Paulo Coello, vont accomplir leur légende personnelle, réalisant chemin faisant que « c'qui compte c'est pas l'arrivée, c'est la quête ».
Plusieurs années après sa sortie, William déclarera d’ailleurs que « si Hoop Dream émeut tant, c’est que le script tient la route avec ou sans le basket. Se battre pour ses rêves, cela parle à tout le monde. ».
Et tant pis, si ni lui, ni Arthur n’ont un jour porté un uniforme NBA...
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William et Arthur en 2014
30 ans après, que sont-ils devenus ?
Pourtant construit selon la très hollywoodienne trame « de zéro-à-héros », Hoop Dreams ne se termine en effet absolument pas sur une note triomphante.
Un simple texte blanc sur fond noir renseigne le spectateur qu’une blessure au pied a lourdement handicapé la carrière universitaire de William tandis qu’Arthur y croit encore.
La saison 1994/1995 marquera le chant du cygne pour nos deux aspirants pro, chacun affichant des stats largement insuffisantes pour un futur drafté (8,3 points de moyenne à 37,8% de réussite pour Arthur, 2,6 points de moyenne pour William).
Bonnes nouvelles toutefois, ils quitteront ensuite l’université diplôme en poche, puis, grâce au chèque de 200 000$ reçu pour leur participation à Hoop Dreams, quitteront le ghetto – sorti en salle, le documentaire a rencontré un vrai succès public, chose inédite pour ce format à l’époque.
Aujourd’hui respectivement pasteur et conférencier, tous deux grands-pères, William et Arthur se retrouvent régulièrement devant les caméras pour évoquer tout sourire leur passé commun, eux qui ne craignaient rien tant de sombrer dans l’oubli trente ans auparavant.
[« Quand les gens me disent ‘Ne m’oublie pas quand tu joueras en NBA’, j’ai envie de leur répondre ‘Ne m’oubliez pas non plus si je ne joue pas en NBA’ » aimait à répéter William.]
Le destin n’a cependant pas été aussi clément pour leurs entourages. Curtis, le frère de William, est mort par balles en 2001 pour une histoire de triangle amoureux. Bo, le père d’Arthur, a été tué en 2004 lors d’une rixe.
Hoop Dreams, ou le rêve américain sans filtre.
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Publié initialement sur Basket Reverse le 10 octobre 2024.
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lignes2frappe · 1 year ago
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BOOSKA-P, LE MÉDIA RAP QUI CACHE BIEN SON JEU
Islamisme, indigénisme, communautarisme, antisémitisme... sous couvert de divertissement, « le site de référence de la culture des jeunes urbains » s’emploie à diffuser une idéologie bien précise...
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De la même manière que prendre le rap et la culture rap de haut est un tort (il s’agit désormais de la musique la plus écoutée du monde occidental), les médias rap ne doivent pas être pris à la légère.
Structures amateurs montées de bric et de broc dans le sillage de la démocratisation d’internet au milieu des années 2000, ils constituent aujourd’hui de véritables haut-parleurs auprès d’un public en rupture avec les canaux traditionnels – celui pour qui chaînes de télévision et supports papiers relèvent de l’Antiquité.
Si l’on prend le plus influent d’entre eux, Booska-P (du nom de Buscapé, l’apprenti journaliste héros du film brésilien culte La Cité de Dieu sorti en 2002), l’histoire n’est pas sans charme. En 2005, trois potes originaires de Courcouronnes dans le 91, Fif Tobossi, Alexis Nouailles et Amadou Ba, se mettent en tête d’aller filmer les rappeurs de leur quartier caméra au poing, « façon Michael Mann ». Petit exploit dans un marché du rap français frappé de plein fouet par la crise, nos trois loustics élaborent un modèle économique viable grâce au sponsoring officieux de leur site internet par les maisons de disques (pour assurer leur promo, les artistes sont gentiment incités à acheter de l’habillage marketing). Dix années passent, le nom Booska-P se fait incontournable dans le microcosme, tandis le contenu s’étend au cinéma, au sport et à la mode.
Advient alors « l’ère du streaming ». Second âge d’or du rap français (le premier datant de la période 1995-1998, celle-là même chérie par ces quarantenaires en survêt’ prompts à vous bassiner d’un « le rap c’était mieux avant »), elle s’accompagne cette fois d’un raz-de-marée commercial. Entre les classements des ventes qui privilégient la musique écoutée à la musique achetée et l’explosion des réseaux sociaux, les annonceurs se précipitent sur ce marché nouveau. Solidement positionné, Booska-P profite un maximum de cet afflux de liquidités via des partenariats prestigieux (Disney, Nike, Apple, Netflix...).
Petit poisson devenu gros, Booska-P se targue ainsi de chiffres d’audience qui concurrencent droit dans les yeux les cadors de l’infotainment Brut ou Konbini : plus de 2 millions d’abonnés sur YouTube et Instagram, le million dans le viseur sur X et TikTok, des pics d’audience à près 4 millions de visiteurs uniques mensuels sur le site...
Point d’orgue de cette success story, la tenue le 25 avril dernier de la fastueuse cérémonie des Flammes au théâtre du Châtelet. Décalque des Victoires de la musique appliquée aux « cultures populaires », cette seconde édition organisée de concert avec l’agence Yard a convaincu. Moins balbutiante que l’année précédente, la cérémonie a réussi à alterner remises de prix pas trop longuettes et prestations scéniques tantôt léchées (Shay, Luidji...), tantôt survoltées (La Fouine, Maureen...), le tout entrecoupé des apparitions du who’s who du rap français.
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Reste que pour qui s’est astreint les trois heures de spectacle proposées, on n’y a pas parlé uniquement de musique, ni même de « culture » – une expression piquée au grand frère américain à Jay-Z répétée en boucle tout au long de la soirée qui assimile la culture rap/urbaine à toute forme de culture (?!).
Loin de là.
C’est en effet dès les premières minutes l’humoriste France Inter Waly Dia qui ouvre les débats avec un discours mêlant piques convenues aux politiciens, soutien à Black M (outé en 2016 pour avoir traité la France de « pays de kouffars ») et soutien à Diam’s (voilée de la tête aux pieds à depuis une dizaine d’années). Ce sont les « salam alaykum » et les dédicaces au Congo qui rythment les prises de parole. C’est Médine qui interprète avec volume un morceau hommage à Gaza. C’est le rappeur Zamdame, récompensé pour son « engagement social », qui fait applaudir l’association d’aide aux passeurs SOS Méditerranée, avant d’appeler à « continuer de soutenir l’immigration ». C’est enfin Assa Traoré qui s’intronise pasionaria « de l’égalité, de la dignité, de la justice » sous les vivats de la salle, appuyée dans sa tirade par la militante pro hijab Sara El Atar qui assène sans une once d’ironie : « Nous sommes la France d’hier, d’aujourd’hui et de demain ».
De telles déclarations ne tombent évidemment pas du ciel pour qui connaît le contenu de Booska-P. Beaucoup plus orienté qu’il se prétend, le média mène, plus ou moins consciemment, avec plus ou moins d’habileté, un combat métapolitique.
Trop souvent passé sous le radar (par ignorance, par complaisance, par snobisme...), ce militantisme larvé mérite d’être percé au grand jour. D’une part, parce qu’il en révèle beaucoup sur les aspirations d’une certaine France, et de l’autre, parce que son influence concurrence celle des éditorialistes de l’ancien monde.
L’égérie Assa Traoré
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Notez que bien avant les Flammes, notre Marianne de la voyoucratie avait déjà son rond de serviette dans les colonnes de Booska-P. Que ce soit « pour lutter contre le racisme » au côté de Christian Louboutin, ou pour refourguer des t-shirts Stella McCartney dont les bénéfices ont été reversés au comité La vérité pour Adama (« une très belle initiative » soulignait alors toute sourire la présentatrice Sarah), elle avait droit à sa dépêche.
En juin 2022, le média lui a même offert une tribune vidéo de 40 minutes où, la syntaxe poussive, elle compare sa famille à « La Famille formidable » (du nom de cette série neuneu diffusée sur TF1 dans les années 90) et nous apprend que son frère Adama était une personne « timide, gentille et souriante ».
Un portrait à mille lieux de celui constaté par les autorités (pour rappel le casier judiciaire d’Adama Traoré mentionne vols, viol, violences, recel, outrages, extorsions, conduite sans permis, menaces de mort...), mais qu’importe, puisque des « experts charlatans » aux juges, quiconque impliqué dans la mort de son frère est « raciste ».
Présentée comme « une figure de la lutte contre le racisme et les violences policières » par le journaliste qui conduit l’entretien, Assa Traoré va jusqu’à clamer, sans subir la moindre contradiction, qu’en France « on peut tuer un homme noir et être récompensé ».
Plus encore que cette rengaine anti-police indissociable du rap (en 2020, Booska-P s’était essayé sans grand succès à lancer une plateforme dédiée aux violences policières, Sur Écoute), c’est toute cette rhétorique victimaire qui s’infiltre dans les contenus.
Un énième scandale éclate dans le rap ? Le groupe Sniper qui veut « niquer la France », Orelsan qui souhaite à son ex de « tomber enceinte pour perdre son enfant » sur Sale Pute, Gim’s qui refuse qu’on lui souhaite un joyeux Noël... plutôt que d’esquisser un début d’autocritique, les méchants médias et cette bonne vieille extrême droite arrivent à la rescousse. Que ce soit dans les émissions Rap vs Politique ou Rap vs Extrême droite, ça marche à tous les coups.
Et tant pis si ladite extrême droite n’est JAMAIS définie (tout juste apprend-on au détour d’une conversation qu’elle commence à Nicolas Sarkozy et Rachida Dati), ce « nous contre eux » tourne en boucle.
Les jeunes des quartiers sont absents de Roland Garros ? La faute au manque d’ouverture du tennis envers les personnes « racisées ». Les jeunes des quartiers se font discrets au sein des manifestations contre la réforme des retraites ? La faute à la police. Les festivals ne sont pas assez inclusifs ? La faute « aux artistes qui ne font pas de la musique pour les quartiers ». Etc.
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Ce gloubi-boulga indigéniste se manifeste de manière éclatante dans l’interview d’Emmanuel Macron accordé deux jours avant le second tour des élections présidentielles de 2022. Sollicité par le camp du président/candidat, si Booska-P a essuyé quantité de critiques pour s’être « vendu » à l’establishment (l’intention était de draguer sans finesse « les jeunes des quartiers »), en acceptant les thèmes de l’entretien et le vocabulaire qui va avec, Macron n’en est pas sorti grandi.
Déjà, parce que lorsque sont évoqués « les violences policières » ou Adama Traoré, il ne moufte pas. Comme si l’État était n’était pas dans sa prérogative d’exercer la violence légitime, comme si l’ange Adama Traoré était un nouveau Malik Oussekine.
Ensuite, parce que débattre du concept fumeux d’islamophobie n’est jamais neutre. C’est se faire admonester sur la dissolution du CCIF (ce collectif faux-nez des Frères musulmans), ou se voir reprocher d’avoir « blessé » la communauté musulmane pour avoir simplement déclaré que « l’islam vivait une crise » (?!). C’est aussi acter « la stigmatisation des femmes voilées » ou reconnaître que « les gens qui utilisent l’islam pour sortir de République » ne sont qu’une sempiternelle « extrême minorité ».
Hasard qui n’en est pas un, cette stratégie de défense de l’islam couplé au recours quasi-systématique à l’accusation d’islamophobie occupe une place prépondérante au sein de la ligne éditoriale de Booska-P.
Islamiser, islamiser, islamiser
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Pour qui douterait encore de la réalité d’un grand remplacement sur le sol français, le dossier Ramadan : le rap français en pause publié en avril 2023 se lit comme une implacable démonstration. Est en effet détaillé au plus premier des degrés « la pause collective » que s’octroie l’industrie du rap durant ce « mois sacré ». Les sorties d’albums se raréfient, les studios d’enregistrement sont désertés, l’activité des journalistes ralentit, et plus généralement, « le public consomme moins de musique ».
Et si vous vous choquez qu’un pan de la société ait depuis dix ans bazardé la première quinzaine d’août et les vacances Noël pour vivre à l’heure islamique (en 2014, un papier similaire dressait un constat similaire), sachez que « ce n’est un sujet pour personne » dixit Narjes Bahhar, cadre chez Deezer, « c’est un moment qui fait partie de nos vies. »
« C’est une dynamique commune, acceptée et normale. Énormément d’artistes et d’auditeurs sont musulmans, l’industrie répond aux attentes de ses acteurs » renchérit presque benoîtement Tarik Chakor, maître de conférence à Aix-Marseille Université, comme pour expliquer noir sur blanc l’influence de la démographie sur les mœurs.
L’article ne s’arrête cependant pas là. Sur un ton qui flirte avec le prosélytisme (le Ramadan y est associé à la « sagesse », à la « spiritualité », à « l’introspection »...) est légitimé l’air de rien le débat sur le caractère « halal » (licite) de la musique. Différents intervenants nous apprennent que « se concentrer sur la musique et son actualité pendant le Ramadan ne paraît pas cohérent », qu’il est « toujours plus agréable pour ceux qui sont dans cette pratique religieuse d’écouter de la musique hors Ramadan », que « dans un coin de la tête l’on sait qu’il est préférable d’avoir une entière disposition pour la religion ». Ou comment mettre sur pied d’égalité une activité aussi anodine que d’écouter de la musique et le fait de ne pas écouter de la musique pour motif religieux.
Cette banalisation du rigorisme est toutefois matinée de ce qu’il faut de zigzags pour noyer le poisson. Si pendant longtemps Booska-P a normalisé le port du voile via des publications d’apparence anodine sur les réseaux sociaux (une femme voilée qui danse dans sa cuisine, une petite fille qui joue au basket...), les écrits ont ensuite pris la relève.
Outre le classique portrait flatteur d’une personnalité qui a fait de sa foi islamique une marque de fabrique (genre l’inénarrable Médine, objet d’un long format intitulé Comment Médine est devenu un rappeur cool ?), deux axes sont privilégiés.
Le premier consiste à généraliser l’accusation de blasphème en relayant des polémiques qui n’en sont pas pour l’entièreté des non-musulmans. En 2020, Kanye West est par exemple pointé du doigt pour avoir « manqué de respect envers l’islam » en ayant eu le toupet de « s’attaquer à des croyances qui ne sont pas les siennes » – il avait alors baptisé deux de ses paires de chaussures aux noms des archanges Israfil et Asriel. Idem pour Rihanna quelques mois plus tard, quand il est reporté dans la news Rihanna choque la communauté musulmane avec son défilé de lingerie (et sous-titrée Rihanna, le droit au blasphème ?) que « sa marque de lingerie Fenty a suscité un tollé, pour avoir joué une chanson intégrant un hadith ».
Le second, plus pernicieux, consiste à utiliser le sport comme vecteur d’islamisation. Coïncidence qui n’en est peut-être pas une, la technique n’est pas sans rappeler l’agenda des Frères musulmans. En vrac, cela donne un article qui se désole de l’interdiction du port du hijab aux Jeux olympiques (« un nouvel embargo pour les femmes voilées »), un article qui salue l’instauration de pauses pendant le Ramadan dans le football anglais (« des actions trop rares qui méritent d’être saluées », là où la méchante Fédération de Foot Française s’obstine à ne pas céder), un article qui célèbre le repas de rupture du jeune (« l’iftar » dans le texte, parce que bon, autant islamiser le vocabulaire aussi) offert par le club de Chelsea à ses supporters (« une superbe initiative »).
Zénith de ce progressisme à la sauce mahométane, Booska-P promeut « le tapis de prière pour randonneurs Adidas » (image ci-dessus), afin que « tout le monde [puisse] se sentir autorisé à sortir et à profiter de la nature » (!?).
La Palestine, mère de toutes les causes
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Ô surprise, cet islamisme rampant chemine naturellement du côté de Gaza. Tenant d’une ligne pro-palestinienne assumée (et tant pis si le sujet n’a qu’un très lointain rapport avec le rap), Booska-P multiplie appels à la paix et condamnations des violences... non sans distiller en parallèle son lot d’informations borgnes.
Deux jours après le raid meurtrier du Hamas en terres israéliennes, le 9 octobre 2023, Jalal Kahlioui, rédacteur en chef (lire l'encadré plus bas) prend la plume pour signer Que se passe-t-il à Gaza ?. Selon lui, cette « opération violente à l’origine de 700 morts israéliens » (le nombre de victimes frôle en réalité les 1 200) constitue « une réponse à la politique d’extrême droite menée par Israël ». Le Hamas y est présenté comme des Jean Moulin en keffiehs un « groupe armé », auteur d’une « l’attaque militaire ». Le mot terroriste n’apparait nulle part dans la tribune. La volonté du Hamas d’éradiquer Israël n’est jamais évoquée.
Le décor est posé.
Un mois et demi plus tard, Booska-P reprend au Hamas le très discutable chiffre de 13 000 Palestiniens tués depuis le début du conflit dans Le Qatar va reverser ses gains de la coupe d’Asie à la Palestine (oui, un article qui fait la promo du Qatar...). En février, rebelote, Booska-P reprend à Libération (les grands esprits se rencontrent) le chiffre de 30 000 morts à Gaza... alors que Libération cite le Hamas comme source.
Qu’importe le refus du Hamas de libérer les otages, qu'importe son utilisation des femmes et des enfants comme boucliers humains, qu'importe son sabotage de l’aide humanitaire, qu'importe sa rupture du cessez-le-feu... son narratif fait foi à longueur de publications – antienne sur le « génocide » inclus.
Il est d’ailleurs complaisamment relayé sitôt qu’une personnalité prend la parole sur le sujet (PNL qui dénonce une « extermination » en cours, Virgine Efira et Izïa Higelin qui signent une pétition mettant sur le même plan antisémitisme et islamisme, Baïssangour 'Baki' Chamsoudinov frappé d’amnésie au sujet des otages...), quand bien même elle était auparavant inexistante sur le média (typiquement, la chanteuse américaine Summer Walker, une seule mention dans le moteur de recherche, qui se voit d’un coup d’un seul dédiée un article entier suite à un post Instagram de soutien à la Palestine). À l’inverse, si un rappeur de premier plan comme Kodak Black exprime sa solidarité envers Israël, silence radio.
Dans ce contexte, le partage sur X d’un « poème » récité par la très LFI Rima Hassan lors d’un concert de soutien à la cause palestinienne organisé par le label Houma Sweet Houma (sic) n’étonne guère.
L’antisémitisme n’est pas une ligne rouge
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Pente glissante toujours, et sujet qui n’est peut-être pas sans rapport avec le communautarisme affiché, Booska-P s’accommode particulièrement bien de certaines outrances à répétition de certains rappeurs.
C’est par exemple Médine (encore lui), qui, en août 2023, s’était fendu d’un jeu de mots douteux sur Twitter à l’égard de l'essayiste Rachel Khan, juive et petite-fille de déporté, en la traitant de « resKHANpée ». Le tollé provoqué lui avait valu un édito volant à sa rescousse, Médine, le harcèlement politique infini. Comme à l’accoutumée, les faits ne sont vaguement exposés (le tweet litigieux n’est pas mentionné), tandis que « l’extrême droite » et « la machine médiaco-politique » jouent les mauvais rôles. Et c’est comme ça « qu’une simple accusation fait foi de [son] antisémitisme supposé ». Présenté sans rire comme le héraut de « la liberté artistique contre l’obscurantisme politique », si Médine a un tort, c’est « d’user de sa liberté artistique sans concessions pour dénoncer l’islamophobie ». Et ce plaidoyer vibrant de se conclure par un « Souvent accusé, jamais Khancel » de haute volée.
Médine n’est toutefois que de la petite bière comparé à Kanye West. Auteur d’un nombre incalculable de sorties antisémites, en sus de ses diatribes sur le pouvoir des Juifs dans les médias, les banques et la politique, en décembre 2022, il déclarait haut et fort « aimer Hitler » et « adorer les nazis » , non sans s’insurger que ces derniers soient « insultés en permanence ».
Paria du show-business, lâché par ses sponsors (Adidas, Gap, Balenciaga...), si Kanye West s’est depuis excusé (pour ensuite réitérer ses propos, puis s’excuser à nouveau sans grande conviction), Booska-P continue néanmoins de couvrir abondamment son actualité. Que ce soit sur le site ou sur Instagram, en 2024, on y parle des chiffres de ventes de son dernier album, de la musique de sa fille, de sa tenue Décathlon... Tout juste est-il fait mention avec beaucoup de précautions « d’anciennes polémiques suite à des prises de position sur des sujets de société ». Une réaction franchement tiède venant d’un média qui se gargarise d'être en pointe dans la lutte contre les discriminations.
Vient enfin le cas Freeze Corleone. Au fil de sa discographie, Issa Lorenzo Diakhaté de son vrai nom, s’est fait une spécialité de ressasser la vulgate antisémite.
Petit florilège : « Tous les jours fuck Israël comme si j’habite Gaza » (3 Planètes), « Négro dans l’ombre on complote comme les Bilderberg » (16 Pains), « Fuck un Rothschild, fuck un Rockefeller, moi j’arrive déter’ comme Adolf dans les années 30 » (Bâton rouge), « J’ai les techniques de propagande de Goebbels » (T.H.C.), « Tout pour la famille pour que mes enfants vivent comme des rentiers juifs » (669), « Tous les jours R.A.F. de la Shoah » (S/O Congo), « Je t’ai déjà dit, dans le rap y a v’la de Cohen » (Sacrifice de Masse Part. 2), « J’suis à Dakar t’es dans ton centre à Sion » (Hors ligne)…
Aucune place à l’ambiguïté donc, sauf chez Booska-P, qui, en septembre 2020, lui consacre un long format admettant, certes que « les accusations d’antisémitisme paraissent inévitables » (sans pour autant qualifier ses propos d’antisémites), mais qui tente de plaider l’incompréhension dans une langue édulcorée au possible. Victime d’un « boycott de la Fnac », cible de « polémiques interminables », « victime de son succès », Freeze Corleone aurait le tort de s’exprimer « dans une formulation volontairement cryptique ». En gros, « le flou entre le fond de sa pensée et la simple provocation » empêcherait toute condamnation ferme. Un exercice de contorsionniste digne de l’or olympique.
Quatre ans plus tard, rien n’a changé. Freeze Corleone est plus présent que jamais sur Booska-P : entre mai 2023, mois de l’annonce de la sortie de son second album L’attaque des clones, et mai 2024, pas moins de 22 publications lui ont été dédiées !
Encore une fois, tant de mansuétude interroge.
La difficile convergence des luttes
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Piche, « drag queen avec une perruque blonde qui fait des clips dans des chichas », en interview en mai dernier.
Air du temps oblige pour tout ce que la gauche compte de grands naïfs et de vrais cyniques, Booska-P a pris le train en marche du néo-féminisme. Longtemps conciliant avec la culture du viol (des paroles comme « Te déshabille pas, je vais te violer » de Jul ou « Viens chez moi, GHB dans ton reuvé » de Booba n’ont jamais suscité l’émoi), le média se pique désormais de pointer du doigt les scandales sexuels qui rythment l’actualité (Roman Polanski, Harvey Weinstein, le Dalaï-lama, Pierre Ménès...). Ce grand écart entre Gaza et #MeToo épargne néanmoins ces messieurs les rappeurs.
Ultra exposé sur le site et la chaîne YouTube au moment de sa tonitruante ascension, Moha La Squale disparaît des écrans quand surgissent en septembre 2020 des accusations de VSS. Malgré les révélations qui se sont succédées et sa spectaculaire mise en examen en juin 2021 (pour violences sur conjoint, agression sexuelle, menaces de mort et séquestrations), plutôt que de prendre le problème à bras-le-corps, Booska-P couvre la séquence du bout des doigts avec quatre petites news en trois ans.
Idem en février 2023, lorsque Tayc défraye la chronique en chantant le viol conjugal sur Quand tu dors (« Pourquoi te le dire ? Pourquoi prévenir ? Ça n’te demandera aucun effort. T’es tellement belle quand tu dors. »). Booska-P ignore tout bonnement la polémique. Ce mutisme rend d’autant plus perplexe que lorsqu’il s’agissait en 2019 de promouvoir son morceau Aloviou condamnant les violences conjugales, Tayc avait été mis en avant.
Plus dérangeant, la condamnation de Rk en novembre 2021 à six mois de prison avec sursis pour violences conjugales (il avait frappé sa campagne au visage) est non seulement passée sous silence, mais un an plus tard, en décembre 2022, ce « rappeur émérite, jeune et ambitieux » est invité en grandes pompes pour poser un freestyle intitulé le plus sérieusement du monde... Booska Respect.
Booska-P, bientôt la fin du film ?
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Secret jalousement gardé, mais secret qui n’en est pas un (l’information est en accès libre sur le net), depuis le mois de mars dernier, Booska-P est sous le coup d’une procédure de redressement judiciaire – ce dont AUCUN média rap n’ose faire état. La direction a été débarquée, un mandataire judiciaire gère les finances.
Chiffrée à un peu plus d’1,8 millions d’euros, la première cérémonie des Flammes avait engendré l’année dernière une vague de licenciements (et quelques procédures aux Prud’hommes). « Encore plus chère », la seconde cérémonie a définitivement plombé les comptes.
Cette folie des grandeurs n’explique cependant pas tout.
Si les audiences sont en berne (le compteur de vues exhibé fièrement sur le site a disparu, les vidéos YouTube peinent à dépasser les 100 000 vues là où auparavant elles engrangeaient des millions...), peut-être est-ce parce qu’existe-t-il encore au pays de Voltaire et Descartes une sincère réticence d’une partie du public rap à l’égard des dérives évoquées ? Peut-être que, malgré son jeune âge, cette partie du public est plus lucide qu’on ne le croit ?
Dans le combat culturel permanent qui se mène en France, peut-être est-ce un signe qu’il faut voir le verre à moitié plein ?
Encart 1 : Y avait-il trop de Noirs à la cérémonie des Flammes ?
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Aussi absurde que cela puisse paraître, c’est l’une des critiques les plus virulentes qui a été adressée à l’édition 2023. Dans l’émission de débats Dis les termes #30 qui revient sur cette polémique, est ainsi évoqué « le manque de représentation de la communauté maghrébine coté artistes ». S’ensuit un échange lunaire où, autour d’une table où pas un seul Blanc n’est présent, le directeur général de Booska-P (Amadou Ba, à gauche sur la photo), se défend tant bien que mal d'avoir « stigmatisé les reubeus ».
Compter les Noirs, compter les Arabes, compter les Blancs... voilà un bien bel aperçu que nous réserve ce communautarisme en marche.
Encart 2 : « Sur Booska-P, tu n’écris pas ce que tu veux »
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Aurélien a travaillé 8 ans et demi comme journaliste chez Booska-P, de janvier 2015 à juin 2023. En détaché, mais en contact quasi quotidien avec la hiérarchie, il est l’auteur « des deux tiers » des longs formats publiés sur le site durant ce laps de temps.
« Il faut savoir que lorsque tu écris pour Booska-P, tu sais d’entrée de jeu qu’il existe d’énormes tabous. Le média a toujours eu la réputation d’être le robinet à promotion des maisons de disques. Il n’est donc pas question de se permettre la moindre critique sur le rap français. Il faut aussi veiller à ne pas se montrer trop enthousiaste ‘par égard‘ pour les autres artistes – comme la fois où j’avais écrit un papier retraçant la carrière de Booba qui avait été caviardé de A à Z pour ne pas froisser Kaarris invité une semaine plus tôt. » 
« Au-delà de ces bisbilles, ce qui est plus dérangeant avec ce copinage, c’est que certains sujets sérieux sont volontairement passés à la trappe comme les menaces de mort de Sneazzy à l’encontre de Pascal Praud, le procès pour homicide de MHD ou les élucubrations ‘antisionistes’ de Sadek. Ce sont aussi des articles jamais sortis sur la condamnation du réalisateur Ladj Ly pour complicité d’enlèvement et séquestration, sur Koba La D qui se félicitait qu’un père ait tué son fils homosexuel de 14 ans, sur l’antisémitisme de Freeze Corleone, sur les paroles les plus misogynes du rap...»
« À chaque fois, le seul et unique motif invoqué est ‘C’est touchy’. Zéro débat. Tout semble aller de soi. L’autocensure joue à bloc. »
« En parallèle, au moindre coup sifflet sur les réseaux sociaux, la publication saute. Ça m’est arrivé à plusieurs reprises, comme avec Rihanna que j’avais qualifié de ‘mante religieuse’, le mot avait choqué une twittas féministe, ou d’un article sur l’histoire du ‘n-word’ aux États-Unis, jugé raciste par des comptes anonymes. »
« Bref, même si je m’en tirais en rédigeant essentiellement sur le rap US et le cinéma, pour le reste, Booska-P tient plus du publireportage que du journalisme. »
Encart 3 : Jalal Kahlioui, le Iznogoud de Booska-P ?
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Instigateur d’une ligne éditoriale beaucoup plus sociétale depuis sa prise de fonction en tant que rédacteur en chef, Jalal Kahlioui n’est pas votre auditeur de rap moyen – d’ailleurs, aux dires de certains de ses anciens collègues, c'est à se demander s’il écoute du rap.
Après avoir débuté sa carrière en 2016 chez Canal+ au sein de Clique TV, il enchaîne avec le média préféré des Frères Musulmans, AJ +, la branche française d’Al Jazeera. Il est ensuite nommé rédacteur en chef du Bondy Blog en septembre 2020, avant de débarquer sur Booska-P en février 2023.
Depuis, comme partout où il est passé, il s’adonne sans relâche à ses sujets de prédilection : le hijab, Adama Traoré, « l’islamophobie d’État » et la « stigmatisation » des jeunes de quartier.
Défenseur infatigable de son compère Taha Bouhafs sur les réseaux sociaux (militant décolonial condamné en octobre 2022 pour injure raciste), copain avec Nassira El Moaddem (celle-là même qui traitait récemment la France de « pays de racistes dégénérés »), là où précédemment Booska-P ânonnait un discours ambiant, Jalal Kahlioui fait office de petit idéologue.
Un idéologue pour qui, « l’extrême droite » et la Palestine font office de seules boussoles, mais un idéologue quand même.
Encart 4 : Quand Rohff loue le sanguinaire Ramzan Kadyrov
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Le 24 février 2022, l’armée russe envahit l’Ukraine. Le 2 novembre 2022, Booska-P dévoile un freestyle de Rohff tourné en exclusivité, Masterclass. En verve, le rappeur ouvre les hostilités avec la ligne « Te trompe pas d'ennemi, te trompe pas d'ennemi », avant d’enchaîner sûr de lui « J'ai la poigne de Poutine, moudjahidine comme Kadyrov ».
Pour rappel, le dirigeant tchétchène est connu pour commanditer assassinats et tortures à l’encontre de ses opposants politiques. Tenant d’un islam radical, il s’emploie également à persécuter du mieux qu’il peut les homosexuels, tout en pourfendant les droits des femmes au nom d’Allah. Pas de quoi déconcerter Rohff, musulman revendiqué, qui se fait ici l’admirateur de tant de principe et de virilité.
Roi de la casserole dans le rap, il est vrai que ce dernier n’est pas à une incartade près, lui qui bénéficie depuis toujours d’un totem d’immunité dans le milieu. Diagnostiqué en 2016 « d’un trouble de personnalité mixte, paranoïaque et de type limite psychopathique » par une expertise psychiatrique judiciaire, Rohff a notamment menacé son frère avec une arme à feu, été accusé de violence conjugale de la part de deux de ses ex-compagnes, ou encore été condamné à cinq ans de prison pour violence aggravée (le tristement célèbre passage à tabac en bande d’un vendeur de vêtements employé par son rival Booba).
On a les modèles que l’on mérite.
Enquête signée Jules Laurans (qui n'en a pas écrit une ligne). Publiée dans le trimestriel Frontières (ex-Livre Noir) le 19 juillet 2024.
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lignes2frappe · 2 years ago
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ALLEN IVERSON EST-IL LE JOUEUR LE PLUS SURCOTÉ DE L'HISTOIRE DE LA NBA ?
Avec un peu de mauvaise foi, la réponse est clairement oui...
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Des joueurs talentueux, dans l’histoire du basket, il y en a. Des joueurs talentueux qui dégagent un charisme hollywoodien, même si c’est déjà plus rare, il y en a aussi.
En revanche, des joueurs qui peuvent se targuer d’avoir initié à eux seuls une révolution culturelle, ceux-là se comptent sur les doigts de la main.
Allen Ezail Iverson est de ceux-là
Au-delà de ses cascades de distinctions individuelles (MVP de la saison régulière, onze fois All-Star...), au-delà de ses exploits statistiques (être par exemple l’un des trois seuls joueurs ever à afficher plus de 26 points et 6 passes décisives en carrière), Iverson fut le premier joueur a faire la jonction entre la rue, la culture rap et la balle orange.
Visage de la NBA au début des années 2000, il détonnait tant par son look (tatouages, shorts XXL, bijoux, baggys...) que par son attitude (genre, enjamber le pauvre Tyronne Lue ou se faire tresser ses cornrows en plein match).
Allen Iverson c’était LE joueur dont toute une génération s’est évertuée à imiter les moves (dont ce fameux crossover qui a même enrhumé Michael Jordan), et qui, chez nous, en a poussé plus d’un à se lever à trois heures du mat’ pour suivre ses péripéties sous le maillot des Sixers.
Avec le recul (son dernier match pro remontre à 2011), toute cette hype était-elle pour autant justifiée ? S’il ne vient évidemment à l’esprit de personne de remettre en question ses (immenses) qualités, ses (gros) défauts ont tendance à être complaisamment occultés.
Non, Iverson n’est, ni de près ni de loin, dans le top 20 de l’histoire de la ligue. Ni même dans le top 50.
Voici pourquoi.
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Des pourcentages dégueux... mais pas que
Forcément, le premier truc qui saute aux yeux. Avec un déplorable 42,5% de réussite en carrière (40,1% en playoffs), c’est peu dire qu’Allen Iverson prenait n’importe quel shoot.
Bien sûr, pour qui a été biberonné au top 10 ou repasse en boucle ses plus belles perf’ (comme ses 48 points du Game 1 des finales de 2001 face aux Lakers de Shaq et Kobe), quand celui que l’on surnommait The Answer pour sa capacité à réchapper des situations les plus inextricables avait la main chaude, le spectacle était permanent.
Mais quid de ses très (très) nombreux soirs sans ? Quand affronter à chaque possession de balle l’équipe adverse à un contre cinq ne menait à rien ? Quand ses layups les plus improbables briquaient lamentablement ?
Pour un match à 50% de réussite (ce qui n’a rien d’exceptionnel), c’est un autre match où il rentrait à peine un shoot sur trois. Lorsque l’on tire 21,8 fois par match, cela fait beaucoup (beaucoup) de déchets.
[Et on ne vous parle de son nombre astronomique de balles perdues : 3,6 en moyenne, un pic à 4,6 (!) en 2004/2005...]
Le pire, c’est qu’A.I. ne levait absolument pas le pied quand rien ne rentrait. Son maigrelet 31,4% en carrière derrière la ligne des trois points ne l’empêchait pas de tenter sa chance 3,9 fois par rencontre (3 383 tentatives en 14 saisons !), un volume de shoot comparable à celui d'un Reggie Miller (4,7 tirs).
Dans ce contexte, ses quatre titres de meilleur marqueur méritent amplement d’être relativisés.
D’une part, parce que si l’on compare son pourcentage au tir réel au pourcentage au tir réel moyen de la ligue, et que l’on compare ensuite sur ce critère ses quatre titres de meilleurs marqueurs à tous les autres titres de meilleurs marqueurs de l’histoire, ce n’est pas folichon : ils se classent respectivement 10e (2000/2001), 9e (2004/2005), 4e (1998/1999) et 1er (2001/2002) des pires titres de meilleurs marqueurs de l’histoire !
De l’autre, parce que son temps de jeu fausse largement la donne. Quatrième all-time en termes de minutes passées sur le parquet (il est arrivé à sept reprises en tête de cette catégorie statistique), Allen Iverson jouaient 41,1 minutes par match ! Si en soi la performance est de taille, en ramenant sa moyenne de points à son prime à 36 minutes, cette dernière tombe de 29,2 PPG à un petit 24,9...
[De là à dire qu’à temps de jeu égal, une palanquée de joueurs pourraient scorer plus de 30 points par match...]
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Allen Iverson ne jouait que pour lui
Alors certes, Iverson étant bien souvent la seule option offensive chez les Sixers, les défenses adverses le surveillaient comme le lait sur le feu. Il n’empêche, notre croqueur en chef n’œuvrait pas au service du collectif. Il est même par bien des égards le joueur anti-collectif par excellence.
[Il n’est d’ailleurs pas illégitime de poser le problème l’envers : n’est-ce pas plutôt parce qu’il tirait à tort et à travers en première intention qu’il était la seule option offensive de son équipe ?]
Un peu meneur, un peu arrière, il est très difficile de lui assigner une position exacte sur le terrain. Il évoluait à sa guise sans se soucier du moindre schéma offensif (pas étonnant que les cheveux son coach Larry Brown aient virés au blanc après six saisons passées à ses côtés) ou de ses coéquipiers.
Iverson attaquait le cercle, c’est tout. Charge à chacun de s’adapter en conséquence.
Même chose sa défense. Ses trois titres de meilleur intercepteur (2,2 interceptions par match en carrière) n’en font pas un lointain cousin de MJ. Bien au contraire.
Archétype du gambler, il défendait comme il shootait : il se jetait sur la balle sans la moindre considération pour les schémas défensifs. Lorsque ça passait (2,2 fois par match donc), il s’offrait un panier facile. Lorsque ça ne passait pas (la majorité du temps), un couloir s’ouvrait derrière lui.
Là aussi, charge à ses coéquipiers de colmater les brèches...
Dans cette configuration, il n'est pas étonnant qu’aucun All-Star digne de ce nom n’ait daigné joindre ses forces aux siennes. À quoi bon, endosser le maillot de lieutenant si c’est pour le regarder impuissant griller cartouches sur cartouches ?
[S/O Tony Kukoc qui avant de rejoindre Philly tournait à 18 point de moyenne sur ces deux dernières saisons à Chicago, avant de chuter à 10... puis de remonter à 19 sitôt transféré à Atlanta !]
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Allen Iverson ne rendait pas son équipe meilleure
Plus encore que les chiffres, le nœud du problème. À la limite, qu’importe les griefs énoncés en amont, si, à la manière d’un Kobe Bryant, son égoïsme se traduisait en résultats.
C’est malheureusement loin d’être le cas. En 17 ans de NBA, il n’a mené qu’une seule fois son équipe au-delà des 50 victoires en saison régulière. Pour un joueur réputé être en capacité de faire basculer à lui seul le cours d’un match, c’est franchement léger.
C’est d’autant plus léger que lorsqu’il était déchaîné, son impact n’était pas déterminant Cf. planter plus de 40 points sur cinq matchs de suite... et perdre lesdits cinq matchs.
Plus cruel, lors de sa dernière saison pleine avec Philadelphie en 2005/2006, les Sixers ont conclu l’exercice sur 38 victoires et 44 défaites. Un an plus tard, sans son concours, leur bilan était sensiblement le même (35 victoires, 37 défaites), avant de s’améliorer (40 victoires en 2007/2008, 41 victoires en 2008/2009).
Idem aux Detroit Piston où, la saison précédente, la franchise affichait 59 victoires, avant de tomber à 39 victoires.
« Oui, mais Allen Iverson c’est cette saison 2000/2001 complètement folle où il a porté à lui tout seul une équipe de bras cassés en finale. »
Parlons playoffs justement.
Malgré ses 29,7 points par match en phase finale (la deuxième moyenne de points la plus élevée de l’histoire), son individualisme faisait de nouveau pschitt : 30 petites victoires pour 41 défaites – et pour peu que l’on exclut la campagne de 2001, 12 victoires en 48 matchs, soit un riquiqui 25% de win.
Roi de la qualif’ à l’arrache, Iverson n’a dépassé le stade des demi-finales de conférence qu’une seule fois !
Et lorsqu’il a été associé au jeune Carmelo Anthony à Denver, l’impact a été nul. Avant Iverson, les Nuggets se sont fait éliminer trois de suite au premier tour. Avec Iverson, ils se sont fait éliminer deux fois de suite au premier tour.
En revanche, sitôt Iverson transféré, ils ont atteint dès la saison suivante la finale de conférence.
Question impact, on a déjà vu mieux pour un supposé GOAT.
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L’équation impossible
Toute la difficulté du cas Allen Iverson vient du fait que, pour qu’il soit la meilleure version de lui-même, son équipe doit tourner autour de lui.
[Ce qui induit de faire abstraction de son manque d’assiduité aux entraînements, de ses mauvaises fréquentations, de ses frasques en dehors des terrains...]
Le dilemme, c’est qu’aussi excitant/unique/volontaire soit-il, si une équipe tourne autour de lui, cette équipe ne peut pas gagner.
Et c’est précisément pour cela qu’Iverson est tant surcoté : l'attention qu'il requiert coûte beaucoup plus que ce qu'il rapporte.
Sources : Bleacher Report, Medium, JVC, Rusty Buckets, GQ...
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lignes2frappe · 2 years ago
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LE VAL VERDE, CE PETIT PAYS MILLIARDAIRE AU BOX-OFFICE QUI N'EXISTE PAS
Le quoi ?
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Pour peu que le Val Verde vous évoque vaguement une contrée exotique d’Amérique latine, ne perdez pas votre temps à le chercher sur les cartes et mappemondes. Vous ne le trouverez pas. Non pas que vous soyez une bille en géographie, mais ce pays n’existe tout simplement pas. En tout cas, pas dans notre réalité.
Au cinéma en revanche, c’est une autre affaire.
En effet, bien avant tous les Iron Man, Thor et autre Captain America du Marvel Cinematic Universe, il y a eu le Val Verde Cinematic Universe, cet univers partagé qui a connecté parmi les plus grandes stars de films d’action des années 80/90 (Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis, Sigourney Weaver, Harrison Ford, Keanu Reeves...), et ce, sans qu’elles en aient la moindre idée (!).
Il est d’ailleurs très probable que vous ayez vu et revu parmi les plus grands blockbusters de cette époque sans même vous douter un seul instant qu’ils formaient un grand tout.
Les indices dorment pourtant sous nos yeux depuis toujours...
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L’histoire débute en 1985, date de sortie de Commando avec Arnold Schwarzenegger.
Film responsable à lui seul d’avoir fait pousser la moustache à une génération d’adolescents, Commando inaugure le concept du « one man army » – soit un héros burné comme un pommier et armé comme un personnage de jeu vidéo qui zigouille autant de bipèdes que possible en un minimum de temps
Dupliqué à gogo depuis (les John Wick, les Rambo, les Resident Evil...), il est né de l’imagination d’un certain Steven E. de Souza.
Connu du grand public pour avoir réalisé en 1994 ce pic du septième art qu’est Street Fighter - L'ultime combat avec Jean-Claude Van Damme, Steven E. de Souza est aussi et surtout un scénariste chevronné à qui l’on doit une palanquée de scripts bien testostéronnés (48 Heures, Judge Dredd, de nombreux épisodes de la série télé L'Homme qui valait trois milliards...).
Ledit Commando met ainsi en scène Arnold Schwarzenegger, alias John Matrix, un ancien soldat d’élite aux prises avec un groupe de mercenaires qui tentent de l’obliger d’assassiner un dirigeant sud-américain.
Le nom du pays dont le dirigeant en question est originaire ? La République du Val Verde.
Si très vite le lieu est évacué de l’intrigue (malin, Matrix préfère sauter de l’avion qui doit l’emmener sur place pour aller en découdre mano a mano avec ses commanditaires), ce name dropping en entraîne un autre.
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Cinq ans plus tard, sort dans les salles obscures 58 Minutes pour vivre, la suite des aventures de John McLane, le flic dur à cuire interprété une première fois par Bruce Willis en 1988 dans Piège de cristal de John McTiernan.
Outre le fait que la rumeur a longtemps voulu que Piège de cristal ait manqué de peu d’être la suite de Commando (ce qui sans être complètement faux n’est que très passablement vrai), 58 Minutes pour vivre partage un point commun avec le film de Schwarzy : le scénario est là-encore cosigné Steven E. de Souza.
Taquin, ce dernier y va de son easter egg avant l’heure : McLane se mesure cette fois aux hommes du général Ramon Esperanza, un simili dictateur mélange de Fidel Castro et Manuel Noriega qui, il y a peu encore, œuvrait à la tête du... Val Verde.
Cet entremêlement de la franchise Die Hard (cinq films) à Commando pose alors les fondations du Val Verde Universe.
Tout ceci ne constitue cependant que la partie émergée de l’iceberg.
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Directeur de la photographie de McTiernan dans les eighties, lorsque Jan de Bont se voit promu réalisateur sur Speed (une sorte de Die Hard dans un bus avec Sandra Bullock et Keanu Reeves qui a pulvérisé le box-office en 1994), il ne résiste pas au plaisir du clin d’œil.
Quand, à la toute fin du film, un avion est détruit par l’explosion du bus, les plus attentifs notent qu’un immense logo Pacific Courier, une société de transport fictive, orne la carlingue.
Joie du détail, dans Piège de cristal, le grand méchant Hans Gruber (Alan Rickman) et ses petits camarades terroristes pénètrent au sein du Nakatomi Plaza au volant d’un camion volé à... la Pacific Courier.
Conséquence, Speed et sa suite Speed 2 rejoignent de facto le Val Verde Universe.
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Vient ensuite le cas Predator.
Sorti deux ans avant Commando, mais trois ans avant 58 Minutes pour vivre, le film de John McTiernan (encore lui) conte les déboires d’une unité d’élite menée par le major Dutch Schaefer (Arnold Schwarzenegger, encore lui) traquée par un alien particulièrement belliqueux venu chasser sur nos terres.
Bien qu’il ne soit à aucun moment fait mention du Val Verde, et bien que Steven E. de Souza n’ait pas été impliqué de près ou de loin dans l’écriture, selon lui, Predator se déroule bel et bien dans ce pays de son invention.
À sa décharge, d’une part, tout comme Commando et Piège de cristal, Joel Silver est à la production, et de l’autre, à en croire sa description du Val Verde, l’ambiance de Predator colle parfaitement.
« Le Val Verde s’inspire de la Guyane, un pays avec des stations balnéaires qui attirent les touristes à foison, mais aussi une forêt tropicale immense et mystérieuse, le tout enrobé d’une culture empruntant à l’Espagne, à l’Afrique, aux Créoles et aux Indigènes. »
Dans le Predators de 2010, il est d’ailleurs précisé que les évènements de 1987 ont eu lieu quelque part entre le Guatemala et la Colombie.
Qu’importe donc si Bill Duke est vu à la fois dans Commando (le béret vert Cooke) et dans Predator (le mitrailleur fou Mac), les deux personnages sont probablement des jumeaux. Et qu’importe si Arnold joue le rôle principal dans les deux films, tout indique dans son interprétation qu’il s’agit du même personnage – Dutch Schaefer est tout simplement le nom de code qu’utilise John Matrix en mission.
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D’un coup d’un seul, c’est donc non seulement la franchise Predator qui se retrouve intégrée au VVU (cinq opus à ce jour, dont le dernier en date Prey sorti en 2022), mais aussi via le crossover Alien versus Predator (la douille de 2004, la purge de 2007), toute la franchise Alien !
[Les quatre films suivant le lieutenant Ellen Ripley de 1979 à 1997, plus les dérivés Prometheus (2012), Alien: Covenant (2017) et le prochain Alien: Romulus.]
À cela, s’ajoute (oui parce que ce n’est pas fini) le duo Blade Runner/Blade Runner 2049.
D’après Ridley Scott, à la manœuvre sur Alien, le huitième passager, Prometheus, Alien: Covenant et Balde Runner, le PDG de la tristement célèbre « Compagnie » (la Weyland-Yutani Corporation, en charge de la colonisation spatiale dans Alien), Peter Weyland a bénéficié dans ses jeunes années du patronage d’Elden Tyrell, le grand manitou de la Tyrell Corporation, la mégacorporation de Blade Runner spécialisée dans la fabrique de répliquants.
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Enfin, en plus des 24 longs-métrages précédemment cités (1 Commando, 5 Die Hard, 2 Speed, 5 Predator, 2 Alien vs Predator, 7 Alien, et 2 Blade Runner), comment oublier le très franchouillard Jack Mimoun et les Secrets de Val Verde ?
Coréalisé et coécrit en 2022 par l’inénarrable Malik Bentalha, contrairement à ce que laisse apercevoir son affligeante bande-annonce, il serait selon le quotidien Les Dernières Nouvelles d'Alsace « hilarant ».
Si l’expansion du Val Verde Universe est depuis à l’arrêt, il n’est toutefois pas interdit de rêver, qu'à l'avenir, un producteur sans vergogne ou une IA dégénérée nous ponde l’affrontement dans une jungle luxuriante entre une superteam de badass composée de John Matrix, John McLane, Ripley, Rick Deckard & Co. et des hordes de prédateurs et xénomorphes.
Reste qu’en attendant ce jour de gloire, les fanas d’actionners grisonnants peuvent prendre leur mal en patience en visitant les différents coins où ont été tournées les scènes se passant au Val Verde (San Pedro en Californie, Puerto Vallarta au Mexique...), ou en mentionnant au détour d’une conversation qu’il existe une araignée baptisée le plus sérieusement du monde la predatoroonops valverde en raison de sa ressemblance avec les gueules de porte-bonheurs des prédators.
Sources : Movie Web, Forbes, le Val Verde Fandom, My Comic Shop…
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lignes2frappe · 2 years ago
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2010-2019 : LES 10 ALBUMS QU’IL FAUT AVOIR ÉCOUTÉS DANS SA VIE
Bilan d'une décennie qui a complètement rebattu les cartes du rap...
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Qui aurait pu imaginer il y a dix ans à quel point le rap allait évoluer ? Nouvelles stars, nouvelles influences, nouveaux thèmes, nouvelles technologies, nouveaux canaux de diffusion... tout ou presque a été chamboulé du sol au plafond.
Non seulement une telle vigueur est des plus remarquables à l’approche de la cinquantaine, mais elle explique très certainement pourquoi cette culture se fait de plus en plus hégémonique : toujours plus variée, toujours plus en phase, elle ne cesse d’élargir sa sphère d’influence et d’agréger les parts de marché.
La sélection d’albums présentés ci-dessous reflète d’ailleurs plutôt bien la chose, tant chacun y trouvera « son rap à lui » (sauf les fans de J.Cole), sans pour autant se sentir forcément concerné par celui des autres.
2010 : My Beautiful Dark Twisted Fantasy
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Sorti le 22 novembre sur Def Jam/Roc-A-Fella.
À la croisée des chemins entre le Kanye West d’antan et le Kanye West de maintenant, le Kanye de MBDTF c’est le Kanye West qui met tout le monde d’accord.
Chef-d’œuvre de sa discographie, ce cinquième opus équilibre toute la démesure de son personnage (sa suffisance, sa vulnérabilité, son sens de l’ironie...) dans un décorum musical au classicisme assumé.
Flirtant avec l’emphase et la luxure, l’exercice ne cède cependant jamais aux sirènes du mauvais goût tant le maître des lieux est en parfaite possession de ses moyens, qu’il s’agisse de varier les ambiances (le galvanisant Power, le théâtral Runaway, le tourmenté Blame Game...) ou de tirer le meilleur de sa prestigieuse guest list (John Legend, Pusha T, Rick Ross, Nicki Minaj...).
Aussi dense que raffiné, aujourd’hui comme hier, ce Fantasme beau sombre et tordu continue d’époustoufler.
2011 : Take Care
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Sorti le 15 novembre sur Young Money/Cash Money/Republic.
Candidat au titre de plus grosse superstar de la décennie, Drake doit tout ou presque à cet album.
Après sa mixtape So Far Gone (2009) et son premier essai Thank Me Later (2010) qui chacun dans leur genre laissaient présager son potentiel, le Canadien se trouve ici pleinement.
Non pas qu’il est fondamentalement inventé quoi que ce soit, mais épaulé des indispensables Noah '40' Shebib et The Weeknd qui lui ont concocté un écrin sonore sur-mesure (le premier qui dit « éthéré » sort), il rappe, chante, se vante, se lamente comme personne ne se l'était jamais permis auparavant – mentions spéciales à Over My Dead Body, Headlines et Doing It Wrong.
Si par le plus grand des hasards vous ne connaissez de Drake que ses récentes playlists attrape-likes, prenez le temps d’écouter Take Care de bout en bout pour saisir la différence de niveau.
2012 : good kid MAAD city
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Sorti le 22 octobre sur Top Dawg/Aftermath/Interscope.
Auteur d’un sans-faute depuis ses débuts, il n’aurait pas été scandaleux de voir tous les projets de Kendrick Lamar Duckworth chroniqués dans cet article, de sa mixtape Overly Dedicated en passant par sa compilation de chutes de studio Untitled Unmastered ou son récent DAMN.
S’il ne faut en garder qu’un, ce serait toutefois son second solo.
Sorte de plongée documentaire dans son Compton natal, il se distingue par sa précision et sa fluidité. Méticulosité des lyrics, technicité du flow, nuances des arrangements, encastrements des refrains... le sens du détail est omniprésent sans pour autant tomber dans le piège de l’ostentation.
Qui a dit que GKMC était le Illmatic du 21ème siècle ?
2014 : Piñata
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Sorti le 18 mars sur Madlib Invazion.
Si Freddie Gibbs et Madlib forment très certainement le meilleur binôme emcee/producteur de leur génération, c’est évidemment pour leurs qualités respectives au micro et derrière les platines, mais aussi et peut-être surtout pour la complémentarité dont ils savent faire preuve.
Après avoir livré trois formats courts en guise d’échauffement (Thuggin' en 2011, Shame en 2012, Deeper en 2013), leur alchimie est telle que Gibbs n’est jamais meilleur que lorsqu’il rappe en solitaire sur les beats de son compère – quand bien même entre Danny Brown, Earl Sweatshirt et Raekwon, question featurings, il y a du beau monde.
Présenté par ses auteurs comme « un film de gangsters Blaxploitation », Piñata ne se limite néanmoins pas à un clin d’œil : six ans après les faits, l’album s'autorise de regarder droit dans les yeux les classiques du genre que sont Only Built 4 Cuban Linx et Hell Hath No Fury.
2015 : Dirty Sprite 2
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Sorti le 17 juillet sur A1/Freebandz/Epic.
Ça pris le temps que ça a pris, mais Future a fini par sortir l’album que le monde attendait de lui. Mieux, dans une décennie dominée par Atlanta et sa trap, il peut s’enorgueillir d’avoir sorti l’album définitif du genre.
Drogué à s’en faire saigner les narines, riche à sombrer dans la paranoïa, il conte une vie remplie d’excès, non sans teinter les productions de son compère Metro Boomin' de ce sentiment si particulier, mélange de colère et de mélancolie.
DS2 ou le disque qui s’écoute assis seul et désabusé sur la banquette VIP d’un club de striptease, verres fumés sur les yeux et sirop dans la main.
Notez que plusieurs morceaux des mixtapes Monster, Beast Mode et 56 Nights sont inclus dans la version Deluxe, rendant de facto cette dernière indispensable.
2016 : Birds in the Trap Sing McKnight
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Sorti le 2 septembre sur Grand Hustle Records/Epic Records.
Moins triomphant au box-office qu’Astroworld et considéré à l’époque par la critique un ton en dessous de Rodeo, ce second opus de Travis Scott est-il à la revoyure la perle de sa discographie ?
Que se soit par son sens de la mélodie ou l’énergie de ses bangers (Pick Up the Phone, Goosebumps, Through the Late Night...), La Flame parfait sa formule non sans l’assortir d’un petit côté sombre et théâtral qui relève harmonieusement les choses.
Et pour ne rien gâcher, s'affaire autour de lui un casting quatre étoiles qui se fond à merveille dans l’ensemble – sérieux même Cassie (Cassie !) arrive ici à tirer son épingle du jeu.
2016 : Coloring Book
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Sorti le 12 mai sur Apple Music.
L’album dont nul ne pensait avoir besoin et qui a pourtant fait un bien fou.
Kermesse jazzy/gospel/hip hop animée par un Chance the Rapper plus « feel good » que jamais, ce Livre de Coloriage a beau se situer dans la lignée de The Life of Pablo de son mentor Kanye West, il n’en réussit pas moins à éviter ses écueils les plus flagrants (pas de prêchi-prêcha, une cohérence maintenue du début à la fin, des feats au service du projet...).
Truffé de pistes tantôt intimistes (Blessings, Same Drugs...), tantôt bourrées d’énergie (No Problem, Angels...), il peut au contraire se targuer d’un lyrisme et d’une grandiloquence qui savent se faire plus mesurés quand il convient de ne pas en faire trop.
Seul bémol : la suite s’est révélée moins glorieuse pour Chano dont le Big Day dévoilé cette année est à peine écoutable.
2017 : 4:44
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Sorti le 30 juin sur Roc Nation/ Universal Music Group.
Dans toute l’histoire du rap, combien de rappeurs peuvent se vanter d’être à l’approche de la cinquantaine 1) encore actif 2) toujours « relevant » aux yeux du grand public 3) capable d’enregistrer un album ultra quali ?
Réponse : un et un seul, Jay Z.
Plutôt que d’essayer de coller aux basques de la jeune génération, le mogul a fait le choix de s’assumer en évoquant les thèmes qui font partie de son quotidien d’époux et père de famille (sens des responsabilités, infidélité...), le tout sur un ton sobre et mature que l'on ne lui connaissait pas forcément.
Aidé par le vétéran No I.D. qui a réussi à proposer du neuf en samplant du vieux (Stevie Wonder, Nina Simone, Donny Hathaway...), le Jéhovah du game cimente ici encore un peu plus son héritage.
2018 : Daytona
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Sorti le 25 mai sur G.O.O.D. Music/Def Jam Recordings.
Auteur d’un déjà très bon My Name is My Name en 2013, Pusha T a cette fois-ci monté le curseur d’un cran avec ces 21 minutes de musique qui font clairement le choix de la qualité sur la quantité.
On est en droit de trouver un tel format un peu frustrant, mais force est d’admettre qu’à peine le disque terminé il est très difficile de ne pas le rejouer immédiatement plusieurs fois de suite.
À sa décharge, il faut avouer que la moitié des Clipse a mis les petits plats dans les grands en concentrant ce qu’il sait faire de mieux depuis bientôt 20 ans : du bon gros coke rap qui ne s’embarrasse d’aucun complexe.
Bien lui en pris. Absolument pas le plus attendu des cinq albums de la Yeezy season, Daytona a sauvé les meubles.
2019 : IGOR
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Sorti le 17 mai sur A Boy is a Gun/Columbia.
Décidément, Tyler, the Creator n’a jamais aussi bien porté son nom.
Plus encore qu’avec Flower Boy deux ans auparavant, il injecte quantité d’influences funk et r&b dans sa musique jusqu’à totalement brouiller les lignes entre les genres – l’intéressé est d’ailleurs le premier à admettre que « eeee-gore » n’est pas un album de rap.
Plus chef d’orchestre qu’interprète, il n’hésite pas à volontairement se mettre en retrait lorsque l’intérêt artistique le commande, reléguant sa voix au rang de composante parmi d’autres. Non seulement le choix s’avère payant, mais il n’est pas impossible qu’il amorce une seconde partie de carrière des plus prometteuses.
Et si le prochain roi du mainstream c’était le Goblin ?
Publié sur Booska-P.com le 6 janvier 2020.
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lignes2frappe · 2 years ago
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LE TRÈS INÉDIT ABÉCÉDAIRE DE BOOBA
Interdit à la publication...
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A comme Amérique
Sa patrie d’adoption. Celle dont il a fait sienne les valeurs et les codes (la réussite individuelle, le matérialisme à outrance, le port d’arme pour tous...), et dont il récite le catéchisme disque après disque.
Adepte dès le départ des baggys et du discours de self-made-man quand ses congénères préféraient les 501 et la dénonciation du système, Booba c’est l’Amérique des films vue avec les yeux d’un nouveau riche.
Et ce n’est ni la mandature Trump, ni les ouragans, ni les quelque 1 000 morts tués par la police chaque année qui sont venus y changer quoi que ce soit.
B comme Boulogne-Billancourt
Le 92, là où tout a commencé.
Sa naissance à l’hosto le 9 décembre 1976, ses premiers pas de danse sous le pseudo Tic-Tac pour le groupe Coup d'État Phonique, ses premiers freestyles au sein du Beat 2 Boul, le premier album jamais sorti de Lunatic intitulé Sortis de l'ombre...
Certes, il y a eu quelques infidélités (un déménagement dans le sud de la France à 10 ans, un échange scolaire à Détroit à 14 ans, un séjour à la maison d'arrêt de Bois-d'Arcy à 20 ans), des exagérations (non « les bastos ne réchauffent le climat » du second département le plus riche de France), puis un exil en terres floridiennes, mais sans le 100-8-Zoo pas de Booba.
C comme Crime
La seule activité qui rémunère à en croire le refrain du morceau qui a rebattu les cartes du rap céfran (« Seul le crime paie, aucun remord pour mes pêchés/Tu m'connais, j'suis assez bestial pour de la monnaie »).
Sorti en 1996 sur la compilation culte Hostile, il a non seulement introduit le hardcore dans nos contrées, mais c’est son succès qui a convaincu son auteur de se lancer pour de bon dans la musique.
Oui parce qu’en vrai, l’illicite lorsque ça paye, ça ne paye pas longtemps, et qu’il est somme toute plus profitable de le rapper que de le vivre.
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D comme Degré 5
Très certainement l’un des mystères les plus tenaces du rap français : en 2002, sur Ma définition, haut la main l’un des plus beaux textes de son répertoire, Booba conclut son deuxième couplet en précisant que ses paroles sont « à prendre à 1 degré 5 ».
Mais en est-on vraiment sûr ? Ne faut-il pas plutôt entendre « un degré 5 » ?
Non, parce que n’est pas juste une question de température : dans le premier cas, il nous indique que sa plume vient nuancer la réalité avec un zeste d’ironie (1,5 c’est pas 2), dans le second, l’exagération est telle qu’il s’agit d’écouter sa musique comme on regarde un blockbuster.
E comme Encre bleue
Celle qui recouvre son corps.
Premier tatouage lors d’un voyage New York en 1999, un gorille à dos argenté sur son épaule droite, puis ensuite quantité de motifs exhibés généreusement dans les clips comme sur scène.
Parmi les plus marquants : les titres de ses albums, le drapeau de la marine militaire japonaise, un 7 sous l’œil dédié au poto Brams (né un 7 juillet), un portrait de sa grand-mère sur le pectoral, un rat sur le bras gauche (« celui qui s’en sort toujours »), une immense tête de mort dans le dos, un lettrage « Marche ou crève » sur la clavicule (sa devise), un Lion de Juda qui selon les religions prend différentes significations, etc.
F comme Futur
Le titre de son sixième album sorti en 2012 et une obsession qui désormais ne le quitte plus : précéder l’époque, la devancer, pour mieux la dominer.
« J'suis tellement loin, l'futur est derrière moi » clame-t-il encore dernièrement sur Mona Lisa.
D’où les coulées d’autotune, la recherche constante de producteurs nouveaux et les allers-retours interdits en nostalgie.
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G comme Gorée
Petite île située dans la baie de Dakar, cet ancien vrai/faux port négrier visité enfant est régulièrement cité en interview pour justifier son traumatisme lié à l’esclavage (familles séparées à l’arrivée, réfractaires noyés vivants, viols et amputations en guise de sanctions...).
Thème récurrent de sa discographie, ces « 400 ans d'fouet » semblent nourrir quasi exclusivement sa vision de l’histoire et des rapports Afrique/Occident.
H comme Hexagone
Entre Booba et la Douce France, c’est compliqué.
Coutumier de paroles qui ne laissent que peu de place à l’interprétation (« Quand j'vois la France les jambes écartées, j'l'enc*le sans huile », « Mon amour pour cette Terre n'est pas plus grand que Sarkozy »...), l’auteur d’Adieu mon pays provoque tout autant qu’il est sincère, lui qui s’avoue hermétique à la Joconde et aux Allemands.
Toujours est-il que si « sa rage est coloniale », encore faut-il rentrer à échéances régulières pour assurer la promotion de ses albums et produits dérivés auprès d’un public qui ne vit pas la vie de « citoyen du monde ».
I comme Instagram
Avant les réseaux sociaux, Booba c’était ce type sombre et mystérieux dont on ne savait que très peu (il refusait jusqu’à dévoiler les professions de ses parents), et qui, tous les deux ans, revenait nonchalamment ouvrir la boîte gifles.
Une fois débarqué sur Insta, la donne a changé du tout au tout.
Promo, humeurs, délires de gamin, crottes de nez jetées à ses rivaux... divertissant en diable, son compte s’est rapidement confondu avec un fil d’actu à lui tout seul.
Bon après, il y a eu les dérapages de trop (la boul’ de Fianso, le remontage de bretelles de Benash), le double ban, et la migration sur Twitter qui a tourné à la mauvaise parodie.
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J comme Johnny
Pas le même milieu social, pas la même sociologie, pas les mêmes références... entre le rockeur et le rappeur, il y a a priori un fossé.
Sauf qu’à y regarder de plus près, l’idole des jeunes et le Duc partagent un paquet de points communs, à commencer par leur capacité sans pareille à surfer sur les modes et tendances.
Insensibles aux affres du temps, qu’on les aime ou qu’ils nous indiffèrent, des comme ça c’est maximum un par génération.
K comme Kopp
Élie Yaffa = Élie = Élie-Kopp-Tère (« hélicoptère ») = Kopp
Le surnom dont il a hérité quand il était jeune, comme ça que ses amis l’appellent.
Rien à voir avec le 17 donc.
L comme Lunatic
« Ahéli-bédeuzobéha », le duo qui a réussi l’équilibre des contraires le temps d’un album.
Attendu comme jamais à la fin du siècle dernier, aujourd’hui mythique, Mauvais Œil c’est du rap dur, séditieux, lugubre. Du rap de banlieusards hargneux et désabusés.
Un peu trop rapidement relégué au rang de numéro 2, est-on en droit de réclamer qu’Ali mérite plus de reconnaissance de la part du public et de la critique ?
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M comme Mala
Le compère de toujours. Apparu sur tous les albums de Booba jusqu’en 2012, avant que la vie ne les sépare.
Auteur de couplets qui ont durablement marqué les esprits (celui génialement déglingué sur Commis d’office, celui complètement survolté sur OG...), il serait toutefois injuste de le reléguer au rang de sidekick, ne serait-ce que pour ses apparitions au sein des collectifs Beat 2 Boul et Malekal Morte, sans oublier son solo culte Himalaya qui le premier en 2008 a introduit l’autotune sur le territoire.
Bref, c’est pas Gato Da Bato.
N comme Nero Nemesis
L’énigmatique titre de son dernier vrai bon album.
À en croire les passionnés d’histoire romaine et de mythologie grecque, « Nero » renverrait à l’empereur Néron (rendu célèbre pour avoir supposément incendié Rome), tandis que « Némésis » désignerait la déesse de la rétribution céleste et de la juste colère (parfois assimilée à la vengeance).
Sauf que pas exactement : il s’agit en réalité du nom piqué à la teinte noir mat de sa Lamborghini Aventador LP 700-4 (« nero », « noir » en italien).
O comme Octogone
Alors oui, la violence ce n’est pas bien, mais cela n’empêche qu’il y avait un petit côté chevaleresque à voir deux types qui ne s’aiment pas vouloir en découdre dans le respect des règles, puis se serrer la main sitôt la fin de la récré sifflée.
Bon en vrai, il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que chacun avait trop à perdre pour que ce combat ait lieu.
Un peu comme deux conducteurs de voiture fonçant droit l’un sur l’autre, le jeu consistait ici à braquer le plus tard possible, non sans accuser l’autre de s’être dégonflé.
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P comme Puzzle de mots et de pensées
Quand bien même certains jours Booba a tous les défauts de la terre, il est une qualité qui ne peut pas lui être enlevée : la fulgurance de sa plume.
Ou pour citer Souheil Medaghri qui en 2018 a réalisé le documentaire Booba, des poèmes sans poésie : « Ses textes sont pleins de petites vignettes, incongrues et visuelles qui vous explosent au visage. Il y a une multitude d’autres ingrédients plus subtils qui sont tout aussi importants que les punchlines. La rupture de l’espace-temps où l’on passe d’un lieu, d’une époque à une autre, la stimulation sensorielle (...) Peu de thèmes précis, mais une absolue cohérence sur le discours et la conception de la vie. »
[Voir aussi sur ce sujet L’argot sous un garrot, autre docu sorti l’année dernière.]
Q comme Quarantaine
Ça devait finir par arriver : le Booba « jeune noir rien à foutre » des débuts n’est plus.
Daron/propriétaire/chef d’entreprise, à 44 ans, il s’apprête en sus à mettre le rap en veilleuse.
Pas dit toutefois qu’il passe ses journées à flâner dans les rayons Ikea ou à regarder des tutos pour faire son pain maison... ce qui n'est pas plus mal : son public adolescent dans les années 90 ne mérite pas de prendre un tel coup de vieux.
R comme Réinsertion
En 2000, dans La Lettre, il l’enjoignait à aller « n*quer sa mère », lui qui venait de passer 18 mois à l’ombre pour avoir agressé un chauffeur de taxi.
En 2005, rebelote, il est de nouveau envoyé sous les verrous en raison d’une fusillade à la sortie d’une boite de nuit qui a fait un blessé grave. Incarcéré quatre mois à la Santé, dans l’attente de son procès, il peut cette fois compter sur Maître Lebras, son avocat dédicacé à foison depuis.
Dernier aller-retour en 2018, trois semaines de détention provisoire à Fleury-Meurogis suite à la rixe qui a opposé son entourage à celui de Kaaris.
S comme Sport
Premier en chant, mais pas que, Booba a passé la moitié de sa carrière torse-nu.
Clips, concerts, pochettes... toutes les occasions sont bonnes pour tomber le haut, au grand bonheur des lascars pas 100% hétéros.
Massif depuis 0.9, son physique est l’objet de nombreux débats, de son insistance à zapper le leg day, à la charge de bonnes intentions qu’il met à l’ouvrage.
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T comme Tallac
Le nom du mont mythique sur lequel l’ourson du dessin animé a été créé, le nom d’un sommet de près de 3 000 mètres d’altitude situé en bordure du lac Tahoe dans l’état du Nevada (là où Michael Corleone a établi ses quartiers sans Le Parrain II), mais aussi et surtout le nom de la possible meilleure intro du rap français.
Rappé avec un flow lourd et haché, ce petit bijou de concision et de rugosité prophétisait d’une certaine manière la suite (l’exil, l’isolement, les attaques à un contre tous...).
U comme Ünkut
Impossible d’évoquer Booba sans mentionner à un moment ou un autre les ratpis, sa (très) dévouée communauté de fans.
Sur le pont dès qu’il s’agit de streamer ses sons ou de le défendre dans des batailles de commentaires, on n’ose imaginer leur désarroi quand, fin 2018, ils ont appris le naufrage de leur marque de textile préférée, eux qui depuis 2004 claquaient argent de poche et salaires du Domac comme si leurs vies en dépendaient.
Essayent-ils en désespoir de cause de refourguer leurs pièces toutes juste déballées sur Vinted ? Osent-ils encore se parfumer à l’eau de toilette flacon grenade ? Ont-ils collé un logo DCNTD sur leurs casquettes ?
Oui Jessy, on pense fort à toi.
V comme Ventes
Du disque d’or en indé fièrement brandi de Mauvais Œil à la première semaine d’Ultra scrutée à la loupe au microscope, Booba est probablement le emcee français le plus ouvertement centré sur les chiffres.
Paradoxalement, à un Ouest Side ou un Trône près, à l’instant T il n’a jamais vraiment compté parmi les plus gros vendeurs du game (ceux-là mêmes qui sont redescendus aussi vite qu’ils sont montés). Sur le long terme, c’est une autre limonade, lui qui en dix solos et cinq autopsies affiche une régularité absolument unique.
Comme quoi, son BEP (vente) il ne l’a pas volé.
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W comme Wesh Morray
Le morceau qui en 2012 a mis le feu aux poudres dans un rap français jusque-là pas franchement porté sur le clash à visages découverts.
La ligne « Faites des Planète Rap, sucez, faites c’que vous voulez » a ainsi fait exploser au grand jour sa rivalité larvée avec Rohff, avant que ne se joignent à la fête d’autres têtes d’affiche.
Si sur le coup le goût du sang en avait fait saliver plus d’uns, musicalement parlant, il ne reste pas grand-chose à retenir de cette séquence.
X comme XXXL
L’écriture cinématographique, les métagores, la poésie du bitume, si vous voulez. Les egotrips, l’argent facile, les berlines allemandes, aussi.
Il n’en demeure pas moins que lorsque l’on mentionne Booba et son œuvre, trop souvent est omise l’une de ses marottes : son « double-décimèzère ».
Qu’il en vante les mensurations ou menace de pénétration pour un oui ou pour un non, les références sont légion (« MC j’tenc*le en chantant do ré mi fa sol, la sodomie », « J’ai la b*te à Dhalsim, j’te la mets sans vaseline », « Paraît que j’suis juif, j’t’enfonce une grosse b*te ashkénaze »...).
Des fois c’est marrant, la plupart du temps c’est quand même assez gênant pour tout le monde.
Y comme Yoda
Son ange gardien, celui qu’il s’efforce de ne pas décevoir et à qui il a dédié un morceau éponyme en 2012.
Tatoué en gros sur sa main gauche, il incarne « la puissance, la longévité, la sagesse, la force tranquille ».
Le choix peut surprendre venant d’un B2O qui a longtemps été confondu avec le Dark Vador du rap français – ne s’enorgueillissait-il pas dès HLM 3 d’opérer « au laser comme Anakin » ?
Z comme Zer
Libre adaptation du « -izzle » d’E-40 et Snoop Dogg, sa terminaison préférée. Celle qui rythme ses textes et lui permet de « customiser » toujours un peu plus la langue de Molière.
Parfaite donc pour conclure cet abécédèzère.
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 Écrit courant 2021. Jamais publié sur Booska-p.com.
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lignes2frappe · 2 years ago
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CES MAUVAIS FILMS D’ACTION QUE TOUT LE MONDE ADORE
Place aux nanars à gros bras...
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Le cinéma, le vrai, c’est pas des films d’intello subventionnés où des CSP+ se demandent l’air grave une heure trente durant pourquoi les biscuits mous deviennent durs et les biscuits durs deviennent mous. Non, le cinéma, le vrai, c’est des mecs (des vrais) qui, quand ils ne poussent à la salle, règlent leurs différents en collant des bourre-pifs, avant de trouver un prétexte pour faire péter tout le décor.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, malgré ses gros défauts, ce cinéma-là s’apprécie à tous les âges et à tous les degrés comme l’illustre la petite sélection qui suit.
Rocky 4
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Après trois volets qui l’ont clairement établi comme le meilleur boxeur du monde capitaliste, le plus prolo des héros se retrouve bombardé ambassadeur de l’American Way of Life par un Sylvester Stallone désireux d’en découdre avec les suppôts de Karl Marx.
C'est ainsi qu'à la suite d’une première demi-heure partagée entre des placements de produits pour Lamborghini et Hugo Boss, un robot qui parle et un James Brown qui danse, les quatre lignes de scénario torchées entre deux Rambo prennent pour prétexte la mort du roi Apollo Creed pour embarquer Rocko et ses frères direction Moscou façon Tintin au pays des Soviets.
L’impérialisme républicain ne s’encombrant sur grand écran d’aucune forme de réalisme, le pauvre Ivan Drago a beau ne pas démériter en homo sovieticus sans âme, il ne fait guère le poids face au pouvoir de séquences d’entraînement tournées dans le seul but d’écouler un maximum de bandes originales.
Et qu’importe si les amis de la nuance ont depuis longtemps déserté les rangs quand retentit le gong final, cela n’empêche absolument pas Sly de s’octroyer une énième fois le beau rôle en s’autorisant à sermonner un petit peuple de Russie ébahi devant son aura de prophète (et son bronzage intégral en plein mois de décembre).
Qui a dit que le noble art, la géopolitique et les randonnées en montagne n’étaient jamais si bien allés ensemble ?
Commando
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Vous vous souvenez du Arnold Schwarzenegger des années 80 ? Celui qui bien avant la politique et le second degré descendait tout juste coupe sous le bras des podiums de compétitions de bodybuilding ? Celui qui encore sous stéroïdes récitait face caméra son texte en simili autrichien ?
Et bien cet Arnold Schwarzenegger là a tourné le métrage le plus testostéroné de l’histoire du septième art, Commando.
Passablement irrité que Bennett, un ancien poto à lui fan des Queens, ait capturé sa fille afin de fomenter un putsch dans un vague pays d’Amérique du Sud, John Matrix, un type qui conduit sa voiture sans freins à travers la forêt et « mange des Bérets Verts au petit déj’ », fait tout d’abord semblant de jouer le jeu (il est malin), avant de virer sa cuti.
Armé comme un personnage de jeu vidéo, il dégomme alors 95% du casting à coup d’explosions de maquettes et de zigouillages de mannequins en mousse, non sans balancer quotes sur quotes.
Clou du spectacle, lors du final, il s’en va affronter Bennett torse nu dans une cave aux faux airs de backroom dans ce qui reste un sommet de bicuriosité – car oui à trop se complaire dans l’hyper masculinité, Commando flirte allègrement avec le crypto gay.
Pas à ce genre de détail près, dans les dernières images, Matrix se barre en avion on ne sait où, sans rendre le moindre compte à qui que ce soit et sans même vérifier le plein.
Terrain Miné
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Succès surprise au box-office en 1992, Piège en haute mer vaut à Steven Seagal de décrocher carte blanche pour son prochain projet.
Cela tombe très bien car le surnommé « Saumon Agile » ne manque ni d’idées ni d’ambitions, lui qui, en vrac, souhaite s’imposer comme un réalisateur digne de ce nom/convertir les masses à l’écologie/devenir le premier homme sur terre à remporter un Oscar avec un film d’action.
Sauf que bon, à l’exception de l’intéressé dont l’égo faisait déjà de l’ombre au soleil, très rares sont ceux qui ont su déceler la patte d’un grand. Plus nombreux en revanche sont ceux qui se sont bidonnés du début à la fin devant les pérégrinations de Forrest Taft, ce ranger en veste à franges, « admiré des femmes et craint de ses amis », capable de se remplir le slip de pesos quand l’envie lui prend (si, si).
Oui, parce que si personne ne doute des bonnes intentions de Steven-le-magnifique, difficile de ne pas se montrer circonspect, quand, sous couvert de sauver les esquimaux, il est vu tabasser un ours à mains nues, se serrer l’autochtone du coin sous un tipi, puis carrément faire péter une raffinerie en plein milieu de la banquise.
Notez toutefois que notre Mamy Nova du cassage de bras n’officiant ces deux dernières décennies qu’exclusivement dans des bouses tournées dans des pays low cost, Terrain Miné demeure à le pic de sa filmographie..
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Sidekicks
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Sentant la vague des actionners ras du bulbe sur laquelle il surfe depuis une quinzaine de piges prendre du plomb dans l’aile, à l’orée des nineties Chuck Norris décide de dégainer la carte méta.
Enfin ça, c’est sur le papier.
Entiché de son éternel tâcheron de frangin Aaron derrière l’objectif, il se met en scène dans Sidekicks, l’histoire de Barry un adolescent mal dans sa peau (au lycée tout le monde l’appelle « Barry-Kiki ») qui passe ses journées à rêver... de Chuck Norris – comment ça Last Action Hero a tout pompé ?
Ensemble ils vont réinterpréter « ses plus grands rôles » (Portés Disparus, Delta Force, Walker Texas Ranger... *bruits de toux au fond de la salle*), avant de s’en aller remporter un tournoi d’arts martiaux.
Partisan d’une définition très personnelle de l’ironie, au lieu de parodier le personnage public gentiment ringard qu’il est devenu ou de moquer le patriotisme quelque peu exacerbé de ses anciens opus, Chuck de Nazareth préfère se caresser le melon une heure trente durant, qu’il s’agisse de se faire flatter sans retenue par son prochain ou de dispenser de judicieux conseils de vie dans à peu près tous les domaines.
Cerise sur le gâteau : c’est sans la moindre once de modestie qu’il offre en conclusion « une petite leçon d’humilité » au grand méchant Joe Piscopo (inoubliable en VF)
Et non, tout ceci n’est pas à prendre au 15 789ème degré.
R.E.P. Jonathan Brandis.
Passager 57
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Rappelez-vous, c’était au bon vieux temps de l’Amérique pré-11 septembre, quand pullulaient les films d’action dans les avions (58 minutes pour vivre, Ultime Décision, Les Ailes de l’enfer...).
Parmi eux, il en était un peu différent des autres où l’on voyait « un homme noir tirer sur des Blancs pour le bien de la société » dixit Wesley Snipes.
En route pour la A-list, ce dernier y interprétait dans la plus pure tradition du genre, John Cutter, un personnage qui se confondait avec un concours de clichés (un ancien kéké d’une obscure unité d’élite, traumatisé par la mort de sa femme, qui s’entend comme chien et chat avec l’hôtesse, avant de la pécho...), à ceci près qu’il lisait Sun Tzu, plongeait la tête d’un terroriste dans la cuvette des chiottes et balançait la punchline de la décennie avec son cultissime « Always bet on black ».
Malheureusement pour lui, la médiocrité n’étant pas l’apanage des Caucasiens, entre un budget EasyJet et une réalisation de téléfilm, Passager 57 ne volait pas très haut.
Street Fighter, l’ultime combat
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Auréolé de la réputation de pire adaptation de jeu vidéo de tous les temps (ce qui n’est pas rien lorsque l’on parle d’un sous-genre qui compte dans ses rangs Super Mario Bros. et Mortal Kombat), Street Fighter mérite cependant des circonstances atténuantes.
Non pas qu’à la revoyure il y ait quoi ce soit à sauver, mais, d’une part, parce qu’en 2009 le sinistre La Légende de Chun-Li a réussi à faire plus pire et plus chiant (dommage que personne ne l’ait vu), et, de l’autre, parce que rares sont les films contre qui l’Univers s’est ligué à ce point.
Rumeurs de coup d’état en Thaïlande qui ont flingué les conditions de tournage, scénario « à la James Bond » remanié chaque semaine par les producteurs pour inclure toujours plus de personnages, Raul Julia/Bison en phase terminale pour cause de cancer, acteurs préparés à la dernière minute aux scènes de baston, Jean Claude Van Damme au summum de son addiction à la cocaïne (10 grammes de conso par jour, 10 000 dollos de budget par semaine)...
Le bon côté de la chose, c’est qu’à l’écran se dégage une forme d’humour totalement involontaire qui donne toute sa saveur au métrage Cf. le célèbre monologue du plus belge des colonels de l’US Air Force qui, peu de temps après avoir conclu une allocution télé d’un bras d’honneur, envoie balader sa hiérarchie pour envahir une île tout ça parce qu’il a envie de tatanner du dictateur.
PS : si vous cherchez la meilleure adaptation de Street Fighter, ne cherchez plus. Idem pour ce qui est de la meilleure parodie.
Point Break
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Quand Donnie Brasco rencontre Fast & Furious.
Frappée par un éclair de génie, la police californienne décide d’infiltrer la communauté de surfeurs du coin, persuadée que se cachent en son sein un gang de braqueurs de banque grimés en présidents des États-Unis (hein ?!).
C’est ainsi que le très brun Johnny Utah (qui bien que sous  couverture conserve son nom à l’état civil) s���acoquine au très peroxydé Bodhi qui, entre deux tubes, séduit les foules avec un charabia écolo-anarchiste sur les dangers de « la société » et la nécessité de « se perdre pour se retrouver ».
Chemin faisant, Johnny couche aussi avec une brune aux cheveux courts, s’embrouille avec le chanteur des Red Hot Chili Peppers, puis se retrouve à faire de la chute libre.
Les plus rabats joie auront beau relever que rien n’a de sens dans l’intrigue, l’essentiel n’est pas là : Point Break c’est une affaire de vibe (et d’après-shampoing).
La preuve, tout le monde se fout royalement du non jeu de Keanu Reeves ou du fait que nos amis les kiffeurs passent leurs nuits sur les plages éclairés par les phares de leurs voitures sans jamais devoir changer de batterie.
Bad Boys
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Entre le producteur Jerry ‘Boom-boom’ Bruckheimer et le réalisateur Michael ‘Bang-bang’ Bay, ce fut dès le départ comme une évidence.
Apôtres d’un cinéma réduit au rang de produit de consommation, pour cette première collaboration (suivront entre autre The Rock et Armageddon) ils ne s’embarrassent d’aucune forme d’originalité en réécrivant de la manière la plus paresseuse qui soit quinze ans de buddy movies, le tout entrecoupé d’explosions (des tonnes d’explosions) et de vannes de haut niveau (frites qui tombent sous le siège de la voiture, quiproquo gay, caca de chien sur le tapis...).
Parfaitement dans leur élément, Martin et le Fresh Prince Martin Lawrence et Will Smith s’en donnent à cœur joie en flics incompétents, plus intéressés par exhiber leurs flingues plutôt que de respecter la moindre procédure judiciaire.
Bref, c’est aussi racoleur et que c’est débile, mais ça va tellement vite que ce n’est jamais ennuyant.
Le Miami des années 90, l’ambiance feel good, Tea Leoni, Shy Guy en musique de fond… entre nous il faut être d’une mauvaise foi carabinée pour détester Bad Boys et ne pas se laisse tenter à l'occasion d’y rejeter un œil.
[Zéro indulgence en revanche pour l’étouffe catholique Bad Boys 2.]
Batman & Robin
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Ce qu’il y a de bien avec la douzaine de Batman portés au cinéma, c’est que chaque spectateur peut y trouver son compte.
Toujours est-il qu’aux délires sombres et schizophrènes des esthètes Christopher Nolan et Tim Burton, on est en droit de préférer le temps d’une soirée de se ramollir la cervelle devant le baroque du regretté Joel Schumacher.
Déjà responsable deux ans plus tôt du très suspect Batman Forever, avec Batman & Robin il pousse cette fois le bouchon du n’importe quoi tellement loin qu’il en redéfinit les canons du nanar à gros budget.
Catastrophique de A à Z, le film réussit néanmoins à tenir la route pour peu que l’on daigne le regarder pour ce qu’il est : une œuvre qui ne s’interdit aucune outrance – que ce soit cadrer en gros plan le paquet de George Clooney, saborder avec délectation la carrière de Chris O’Donnell, affubler Bane d’un masque BDSM, ou filer 30 millions de billets à Schwarzy pour faire des blagues de CM2.
D’ailleurs, parmi l’immensité des panouilles sorties dans les salles obscures depuis un quart de siècle, combien d’entre elles ont atteint ce niveau de culte ? Combien d’entre elles ont marqué les esprits au point d’alimenter les conversations jusqu’à aujourd’hui encore ?
Batman & Robin c’est génial parce que c’est nul. Et s’eut été mieux, ça aurait été franchement nul.
Publié sur Booska-p.com le 30 septembre 2020.
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lignes2frappe · 2 years ago
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QUEL EST LE LIVRE PRÉFÉRÉ DE TON RAPPEUR PRÉFÉRÉ ?
C'est toi va te faire n*quer avec ton « va te faire n*quer toi et tes livres »...
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Autant se l’avouer d’entrée : les rappeurs n’ont pas ni la réputation d’être de fins lettrés, ni d’être de grands lecteurs.
Si moult raisons viennent expliquer cela (parce que leur milieu et l’époque valorisent plus la possession que la connaissance, parce qu’il n’est quand même pas des plus évidents de se bâtir une culture livresque digne de ce nom avant un certain âge, parce qu’aucun emcee ne souhaite passer pour un premier de la classe…), il n’en existe pas moins de très nombreuses exceptions à la règle.
Et à recouper textes et interviews, il est même possible de dresser une bibliographie composée des livres préférés des uns et des autres.
« Le Prince » de Nicolas Machiavel (1532)
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Incarcéré neuf mois pour agression sexuelle en 1995, 2Pac en a fait son livre de chevet, au point d’adopter à sa sortie un tout nouveau pseudo, Makavelli, et de signer de ce dernier l'ultime album enregistré de son vivant, The Don Killuminaty : The 7 Day Theory.
Ambassadeur de la république Florentine de 1498 à 1512, Niccolò di Bernardo dei Machiavelli est jeté en prison après que les Médicis aient restauré la monarchie et découvert un complot républicain ourdi par certains de ses proches.
C'est donc en cellule qu’il rédige ce précis à l’attention de tous les apprentis despotes désireux de conquérir le pouvoir suprême, puis de se donner les moyens de le conserver.
Contrairement aux traités politiques classiques qui jusque-là confondaient l’action publique avec la morale, Le Prince part du postulat que, les hommes étant égoïstes, les dirigeants ne sont pas tenus de se conformer à cette dernière.
Bien que l’ouvrage incarne le cynisme le plus total (de lui vient l’adjectif « machiavélique »), il peut toutefois être compris d’une toute autre manière : il serait en réalité un manuel à destination du peuple visant à l'avertir des stratégies utilisées par les tyrans.
C’est d’ailleurs toute cette ambiguïté qui rend Le Prince aussi génial qu'indispensable.
« Behold a Pale Horse » de Milton William Cooper (1991)
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Bien avant le 11 septembre, bien avant l’internet, le roi de la paranoïa s’appelait Milton Wiliam Cooper.
Sommet de pornographie complotiste, son chef d’œuvre vendu à plus de 300 000 exemplaires réussit non sans un certain brio à tisser un lien logique entre à peu près tous les évènements géopolitiques de la seconde moitié du 20ème siècle (l’assassinat de Kennedy, la guerre du Vietnam, la chute du mur de Berlin...) en les rattachant à une origine commune : l’invasion extraterrestre.
Écrit comme cela à ça a l’air un peu foufou, dans le texte c’est encore pire.
Pêle-mêle, on apprend donc que les Illuminatis et les fraternités universitaires règnent sur le monde, que le virus du Sida a été créé puis propagé pour mettre un frein à l’expansion démographique des populations noires, hispaniques et homosexuelles, ou que la Guerre froide n’était en réalité qu’une mascarade pour détourner l'attention des masses des vrais problèmes.
Plus inquiétant, un nombre incalculable de rappeurs ont un jour cité ce livre dans leurs textes ou en interview : Public Enemy, Ras Kass, Big Daddy Kane, Busta Rhymes, Tupac Shakur, Talib Kweli, Nas, Rakim, Gang Starr, Goodie Mob, le Wu-Tang Clan…
« Le monde s’effondre » de Chinua Achebe (1958)
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Avant leur pas franchement mémorables The Tipping Point qui en 2004 référençait le bestseller de Malcolm Gladwell, les Roots de Questlove nous avaient déjà fait le coup du titre d’album qui empruntait au titre de livre avec Things Fall Apart (Le monde s’effondre en VF) en 1999.
Écrivain nigérian, Achebe raconte le quotidien d’un village de l’ouest africain vivant en quasi-autarcie et qui à la fin du 19ème siècle voit débarquer sur le continent colons britanniques et missionnaires chrétiens.
Raconté à travers les yeux d’Okonkwo, un notable du clan des Igbos qui tente de résister à la mesure de ses moyens à cette hégémonie culturelle, le roman dépeint en filigrane la disparition d’un mode de vie fait de polythéisme, de culte des ancêtres, de rites et de tabous.
Certifié classique dès sa sortie, le livre constitue le premier tome d’une trilogie.
« L’art de la guerre » de Sun Tzu (VIème siècle avant Jésus-Christ)
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Loué par 2Pac, Eminem, Paulie des Soprano, RZA et bien évidemment par les Bone Thugs-n-Harmony qui, en 1997, ont intitulé leur troisième album The Art of War.
Fruit des réflexions d’un général chinois dont personne ne sait s’il a vraiment existé, ce court traité de stratégie militaire (13 chapitres répartis sur moins de 80 pages) s’articule autour de l’idée que la victoire ne s’obtient pas obligatoirement par l’affrontement direct, mais plutôt par toute une batterie de moyens détournés comme la ruse, l’espionnage ou la mobilité des troupes.
Mieux, les plus grandes victoires sont celles remportées sans même livrer bataille, et ce, grâce à tout un travail de sape accompli en amont (semer la discorde chez l’adversaire, court-circuiter sa préparation, lui imposer un terrain défavorable…).
Outre le fait d’empiler les punchlines, il n’est pas difficile comprendre ce qui plaît tant aux rappeurs dans ce livre : remplacez le mot « guerre » par le mot « game », le mot « affrontement » par le mot « clash », le mot « ennemi » par le mot « emcee », et vous voilà en possession du parfait petit manuel de survie pour naviguer dans les eaux troubles de l’industrie du disque.
« Pimp, mémoires d'un maquereau » d'Icerberg Slim (1967)
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S’il est très probable que la seule et unique fois dans sa carrière où Birdman ait jamais fait mention de littérature dans ses lyrics soit dans le morceau Leather So Soft où il concède empiler ses liasses de billets comme des livres, toujours est-il que son label Cash Money a réédité au début de la décennie l’autobiographie du trafiquant de chair le plus célèbre des États-Unis.
Vingt ans durant, Robert Beck, alias Iceberg Slim, alias l’homme dont Ice Cube et Ice-T se sont inspirés pour trouver leurs pseudos, a fait défiler près de 400 femmes sous sa coupe, toutes lui rapportant au passage de menus dividendes.
D’une crudité sans pareil (lire cette scène où il fouette à de toutes ses forces à coups de cintre une employée récalcitrante), le livre ne se résume pas pour autant à une succession d’anecdotes morbides dans un décor de film de blaxploitation. Sorte de fresque sociologique sur les ghettos noirs américains des années 30, Pimp réussit à capturer ce qu’aucun universitaire ou sociologue n’a su faire avant lui tout en dressant le portrait d’un self-made-man des plus dérangeants.
Une lecture souvent inconfortable donc, mais néanmoins nécessaire pour sortir des clichés.
« L’alchimiste » de Paulo Coello (1988)
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Le roman préféré de Pharrell Williams, de Kevin Gates, de Will Smith et, ô surprise, du producteur Alchemist, qui tous ont été séduits par les différents niveaux de lecture proposés.
Santiago, un jeune berger andalou, se réveille un jour persuadé qu’un trésor l’attend sous les pyramides d’Égypte. Convaincu que « c'est la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie intéressante », il se met en tête d’accomplir coûte que coûte sa « légende personnelle ».
Au fil de ses pérégrinations, il pend néanmoins conscience que le trésor qu’il convoite n’est qu’accessoire, que c’est la quête de ce trésor qui donne du sens à sa vie.
Écrit dans une langue simple et accessible, c’est peu dire que L’alchimiste a laissé les critiques de marbre à sa sortie, beaucoup soulignant le côté « gentillet » de l’exercice.
Le public lui a fait son choix. Traduit depuis en 67 langues, ce conte philosophique figure parmi les livres plus vendus de notre époque.
« Power, les 48 Lois du Pouvoir » de Robert Greene (1998)
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Name droppé à la pelle par tout rappeur un brin mogul qui se respecte (Jay Z, Drake, Kanye West, UGK, The Lox, Max B, Jadakiss, DJ Premier, Busta Rhymes …), ce monument décortique dans le détail les mécanismes qui régulent les rapports de force entre individus (ambition, rivalité, manipulation, dissimulation…).
Ou pour citer son auteur : « Le sentiment de n’avoir aucun pouvoir sur les gens et les événements est difficilement supportable : l’impuissance rend malheureux. Personne ne réclame moins de pouvoir. Tout le monde en veut davantage. »
Loin d’être le fruit du mérite pur, ce dernier s’acquiert, d’une part, en comprenant le jeu de représentation qu’induit la vie en société, et de l’autre, en neutralisant un à un ses rivaux.
Pendant 431 pages, Greene distille ainsi conseils et recommandations (comment se faire désirer, à qui marcher sur les pieds, quand la jouer modeste, comment créer une aura autour de sa personne…) à coup de parallèles historiques, de portraits et d’anecdotes tous plus passionnants les uns que les autres.
Notez qu’en 2009, 50 Cent a publié une adaptions de ces 48 lois intitulée La 50ème loi : la peur est votre pire ennemie, mais ça, on vous en reparlera prochainement.
L’ARTICLE RÉSUMÉ SUR TWITTER
Publié le 25 avril 2019 sur Booska-p.com.
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lignes2frappe · 2 years ago
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CE QUE L'ON VOUS A TOUJOURS CACHÉ SUR LE CÔTÉ OBSCUR DE MOHAMED ALI
Racisme, islam, manipulations...
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Dire de Mohamed Ali qu’il est le plus grand sportif du 20ème siècle n’a rien d’exagéré.
Roi de la boxe anglaise à l’époque où le noble art était le sport le plus populaire de la planète, le Greatest fut le premier poids lourd à être couronné trois fois champion du monde, et ce, alors qu’il n’existait qu’une seule et unique ceinture.
Ayant défendu son titre à 19 reprises, il a défié et vaincu absolument tous ses rivaux (Sonny Liston, George Foreman, Joe Frazier…) lors d’affrontements dantesques où les pronostics le donnaient bien souvent largement perdant (le Rumble in the Jungle en 1974, le Thrilla à Manilla en 1975…).
S’il n’est évidemment pas le seul à avoir excellé dans sa discipline, ce qui le distingue de tous les Pelé, Jordan, Bolt, Woods, Brady & Co., c’est de ne s’être jamais cantonné à son seul sujet.
Mohamed Ali, c’était plus que de la boxe. Mohamed Ali, c’était plus que du sport. Mohamed Ali, c’était une personnalité et des engagements qui ont fait trembler le monde.
Immensément populaire tout autour du globe hier comme aujourd’hui, l’admiration légitime qu’il suscite ne doit cependant pas être confondue avec de l’idolâtrie. Ali n’était ni un prophète, ni un sauveur, mais un homme avec ses (immenses) qualités et ses (gros) défauts.
Qu’importe le storytelling en vigueur depuis trente ans qui tend à occulter ses zones d’ombre, revenons sans complaisance sur certains passages de la biographie de celui qui « refusait d’être celui que l’on voulait qu’il soit ».
Mohamed Ali était-il vraiment musulman ?
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La question peut paraître saugrenue de prime abord, tant Mohamed Ali a œuvré sa vie entière pour promouvoir l’islam.
En réalité, il existe ici deux Mohamed Ali : celui qui s’est converti au sunnisme à 33 ans, et celui qui auparavant a milité plus de dix ans au sein de la très controversée Nation of Islam (de février 1962, date à laquelle il a rendu son engagement public, à 1975, date de son départ).
Dirigé de 1934 à 1975 par le tout aussi controversé Elijah Muhammad, la N.O.I. n’appliquait absolument pas les préceptes coraniques au pied de la lettre, mais s’autorisait au contraire à les amender très librement.
Ainsi, le fondateur de la Nation of Islam, Wali Fard Muhammad (disparu mystérieusement en 1934 à 41 ans), était à la fois désigné comme le « mahdi » (le dernier des prophètes envoyé par Allah, annonciateur de la fin des temps), mais aussi comme « Dieu en chair et en os sur terre » – pas une incarnation, pas une manifestation de Dieu, mais bel et bien Dieu lui-même (?!).
Considérés comme hérétique aux yeux des musulmans orthodoxes, les Black Muslims comme ils se surnommaient se confondaient aux yeux des autorités avec une secte tant que le culte de la personnalité y était prononcé.
Et encore, on vous passe les délires sur les soucoupes volantes pour expliquer certains passages de la Bible et du Coran ou la création de la Terre et des Cieux… D’ailleurs, si vous cherchez Elijah Muhammad, il ne repose pas au Paradis, mais en rotation autour de notre planète.
Mohamed Ali était-il raciste ?
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La question peut de nouveau surprendre, à ceci près que, là encore, les faits sont troublants.
Les Black Muslims prônaient en effet un ségrégationnisme pur et dur au motif que Noirs et Blancs ne pouvaient pas cohabiter sur un même territoire.
Assimilée au plus premier des degrés à « la race des diables », la race blanche serait, selon leurs sources, née des expérimentations menées par le sorcier Yakub 6 600 ans plus tôt et œuvrerait depuis pour asservir l’homme noir originel.
Au sommet de sa gloire, Mohamed Ali embrassait sans ambage ces thèses, clamant notamment « n’avoir aucun ami blanc », que « tous les hommes blancs américains étaient des diables », ou « qu’un homme noir devrait être tué s’il fricotait avec une femme banche. »
Alliant la parole aux actes, tout comme Malcolm X, Ali est allé jusqu’à se rendre à un meeting du Ku Klux Klan pour prononcer le discours suivant : « Les Noirs devraient se marier entre eux. Les merlebleus avec les merlebleus, les pigeons avec les pigeons, les aigles avec les aigles. Dieu ne se trompe jamais. »
Le genre de déclarations qui fait franchement tâche sur le CV d’un champion des droits civiques…
À sa décharge, après avoir pris ses distances avec les Blacks Muslims, Ali reconnaîtra avoir été victime de l’influence néfaste d’Elijah Muhammad et confiera même après sa mort qu’il « aurait souhaité quitter la Nation plus tôt s’il n’avait pas craint de se faire descendre comme Malcolm ».
[Les trois assassins de Malcolm X étaient tous membres de la N.O.I.]
Mohamed Ali, l’homme à femmes
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Au sein d’une Nation of Islam qui prônait « la pratique d’une moralité élevée » en matière de relations hommes/femmes (séparation rigoureuse des sexes lors de ses manifestations, interdiction des mariages interraciaux, monogamie stricte, injonction faite aux « sœurs » de porter « des robes qui touchent le sol » par souci de discrétion…), Mohamed Ali vivait sur ce point sa vie comme il l’entendait
Marié à quatre reprises (et absolument pas avec des femmes membres la N.O.I. comme préconisé), père de neuf enfants, il multipliait les liaisons extraconjugales.
En 2017, dans sa biographie Ali: A life, le journaliste américain Jonathan Eig consacre des passages entiers au « phénoménal appétit sexuel » du Greatest.
« Noires, blanches, jeunes, mûres, actrices, femmes de ménage… il ne faisait aucune discrimination. Tout son entourage était au courant. C’était un sujet de plaisanterie récurrent chez ses amis. »
Sa deuxième femme, Khalilah, mère de quatre de ses enfants, reconnaissait d’ailleurs volontiers « son côté sombre et diabolique », elle à qui il arrivait d’arranger des chambres d’hôtels pour les maîtresses de monsieur (!).
Humiliation suprême, quand son mari s’en est allé combattre Joe Frazier aux Philippines en 1975, le président Ferdinand Marcos a cru bon de le complimenter en public sur la beauté de son épouse… alors qu’Ali était ce jour-là accompagné de l’une de ses conquêtes – sa future troisième femme, Veronica Porche, 19 ans.
Ali estimait néanmoins tout à fait normal ses infidélités, comme il s’en était expliqué dans le New York Times.
« J’ai trois ou quatre copines que je loge, et alors ? Si elles étaient blanches, je comprendrais que cela pose problème, mais elles ne le sont pas. Qu’on me critique sur le Vietnam, qu’on me critique sur ma religion, ou tout un tas d’autres trucs, mais pas là-dessus. »
Notez qu’au sein de la Nation of Islam, il n’était pas le seul Tartuffe de la chambre à coucher, « l’honorable » Elijah Muhammad s’étant fait griller pour avoir eu sept enfants hors mariage.
Mohamed Ali frappait parfois en dessous de la ceinture
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Roi du trashtalk, à chacun de ses combats, celui qui volait comme le papillon et piquait comme l’abeille s’engageait dans une guerre des mots sans merci, tant par souci d’assurer un maximum de publicité à l’évènement, que par volonté de déstabiliser psychologiquement son adversaire.
Pas adepte pour un sou du fair-play (il moquait énormément le physique), bien qu’Ali fut plus clair de peau et souvent mieux né que ses adversaires (il était un enfant de la classe moyenne, pas du ghetto), il n’hésitait jamais à dégainer la carte de la race en traitant à tire-larigot ces derniers « d’Oncle Tom » ou de « champions des Blancs ».
C’est ce pauvre Floyd Patterson qui avait eu la mauvaise idée de confier que « la Nation of Islam déshonorait les Noirs » et qui s’est fait mettre KO en deux temps, trois mouvements. C’est le malheureux Ernie Terrell qui en conférence de presse avait eu l’outrecuidance de l’appeler Cassius Clay et qui s’est pris une correction douze rounds durant face à un Ali qui à chaque bordée de coups de poing le défiait de répéter son nom. C’est George Foreman qu’il détestait ouvertement pour avoir accepté de porter le drapeau américain lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de 1968 à Mexico.
C’est aussi et peut-être surtout Joe Frazier qu’il a harcelé jusqu’à plus soif – « C’est cet autre genre de Noir. Je ne suis pas comme lui. Un jour, il se sera peut-être comme moi. Là, il travaille pour l’ennemi. C’est pour ça qu’il est un Oncle Tom. »
Non content de le comparer à longueur d’interviews à un gorille (l’insulte préférée des racistes), Ali a poussé l’affront jusqu’à agiter un singe en plastique devant lui. Smokin’ Joe, qui des années plus tôt lui avait pourtant prêté de l’argent quand il était au plus bas, ne lui a jamais pardonné.
Son engagement plutôt trouble contre la guerre du Vietnam
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Très probablement son plus haut fait de gloire en dehors des rings, quand, l’après-midi du 28 avril 1967, sur la base militaire 61 de Houston, il demeure immobile à l’appel de son nom.
Signifiant là son refus de rejoindre les troupes américaines envoyées combattre l’offensive communiste dans le sud Vietnam, Mohamed Ali justifie sa décision au nom de ses convictions religieuses.
Immédiatement privé de sa licence de boxe et dépossédé de ses titres mondiaux, il est ensuite condamné par les tribunaux à 10 000 dollars d’amende et cinq ans de prison ferme.
Un bras de fer judiciaire s’engage alors avec le gouvernement US.
Inflexible, Ali oppose une fin de non-recevoir à tous les compromis qui lui sont proposés (ne pas porter les armes, participer à des combats exhibition pour divertir les troupes…). Et tant pis si, à 25 ans, il met en péril ses meilleures années sur le plan sportif.
Célébré comme un héros de la liberté et de la contre-culture par l’Amérique protestataire, il incarne ainsi aux yeux du monde un David qui ne transige en aucun cas avec ses principes devant Goliath.
Trois ans et demi plus tard, la Cour suprême statue en sa faveur en cassant la décision de justice initiale pour des raisons de formes.
Canonisée depuis, la séquence mérite toutefois d’être nuancée.
Tout sauf un hippie ou un pacifiste, Ali avait en effet fièrement déclaré dans une interview reprise aux quatre coins du pays « qu’en tant que musulman, il ne participait qu’aux seules guerres voulues par Allah » et qu’il n’avait « personnellement aucun problème avec les Vietnamiens ».
[La punchline « Aucun Viêt-Cong ne m’a jamais traité de nègre » est en revanche une invention.]
Partisan de la loi divine contre la loi de la cité dans un pays où l’islam était ultra minoritaire, Ali faisait donc non seulement acte de sédition, mais il balayait d’un revers de main les 46 soldats américains qui perdaient chaque jour la vie en Asie (16 899 tués en 1968).
Très loin de créer l’unanimité, sa position était vivement critiquée par de nombreux afro-américains envoyés au front, l’accusant d’égoïsme et de lâcheté.
Comble de l’ironie pour un représentant de l’individualisme et de la libre pensée, la grande majorité des témoignages concordent aujourd’hui pour affirmer qu’Ali n’a absolument pas agi par droiture morale, mais par soumission à Elijah Muhammad qui interdisait à tous membres la N.O.I. de prendre part à cette « white man’s war ».
[Muhammad avait lui-même fait de la prison lors de la Seconde guerre mondiale pour avoir refusé de servir.]
Sa fin de carrière en pointillés
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Lorsqu’en 1975, Mohamed Ali défait contre toute-attente George Foreman, le plus gros puncheur de sa génération, c’est au prix fort.
Auparavant habitué à danser autour de ses adversaires en s’appuyant sur son agilité et sa vitesse d’exécution, il avait ici opté pour une stratégie diamétralement inverse : encaisser les coups de Foreman blotti dans les cordes, attendre qu’il s’épuise, puis lui porter l’estocade.
Convaincu d’avoir trouvé la marginale, à partir de ce combat, Ali embrasse ce nouveau style, ce qui lui vaut de multiplier les coups reçus au visage. Pour ne rien arranger, à l’entraînement, il encourage ses sparring partners à le frapper à la tête autant qu’ils le peuvent afin de « gagner en résistance ».
Très vite, les conséquences se font ressentir sur sa santé
« Ses réflexes étaient moins vifs de 25 à 30%. Il ne s’en apercevait pas, il pensait que son cerveau était vierge de la moindre lésion alors qu’il commençait à bégayer, à se montrer hésitant… » observe son soignant Ferdie Pachecho.
Deux ans plus tard, en 1977, Pachecho lui conseille d’ailleurs fortement de raccrocher les gants avant qu’il ne soit trop tard. Ali fait la sourde oreille. Plutôt que d’avoir à cautionner le drame à venir, Pachecho démissionne.
Cette condition physique déclinante n’empêche pas Ali à trente ans bien sonnés d’enchaîner quatorze combats en sept ans.
Si ses performances se font de moins en moins convaincantes, son statut de légende vivante lui permet de bénéficier d’une mansuétude de plus en plus accrue de la part des juges – face à Jimmy Young et Ken Norton en 1976, la majorité des experts estiment qu’il aurait dû s’incliner aux points.
Par la suite, cette indulgence ne suffit cependant plus. Ali perd trois de ses quatre derniers combats, dont l’avant-dernier, à 38 ans, face à son ancien sparring partner Larry Holmes qui lui colle une telle raclée que son entraîneur Angelo Dundee a dû jeter la serviette à la fin du dixième round.
Souvent mise sous le tapis, cette fin de parcours fait tâche, d’autant plus que si Ali avait su arrêter à temps, peut-être aurait-il été épargné par la maladie de Parkinson.
12 CITATIONS DE MOHAMMED ALI
Publié sur Booska-p.com le 6 janvier 2023.
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lignes2frappe · 2 years ago
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LES 21 RÉPONSES AUX « 21 QUESTIONS » DE 50 CENT
Décorticage du classique de Fifty...
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Second extrait de Get Rich Or Die Tryin’ après le missile In Da Club, 21 Questions tranche avec tous les précédents travaux de 50 Cent.
Samplant le It’s Only Love Doing Its Thing de Barry White et invitant au refrain le crooneur californien Nate Dogg, le titre lorgne allègrement du côté r&b de la Force, et ce malgré les déclarations antérieures de Fiddy qui clamait vouloir se cantonner au rap dur – un moyen à l’époque de piquer le label de son meilleur ennemi Ja Rule qui avait fait de ce mélange des genres sa marque de fabrique.
Cette combinaison nouvelle choquera jusqu’à Dr. Dre qui refusera d’inclure 21 Questions dans la tracklist de albumen par peur de ternir l’image gangsta de son poulain avec « cette chanson d’amour à l’eau de rose ».
Il faut dire qu’outre le fait que cette piste soit la seule piste de GRODT exempte du Parental Advisory, son concept sent un peu le canard puisqu’il imagine 50 en train d’interroger sa go sûre (dans le clip la délicieuse Meagan Good qui n’a jamais aussi bien porté son nom) sur ses doutes et ses incertitudes.
Une objection à laquelle le rappeur rétorquera qu’il est ces « deux personnes », à la fois thug et lover.
La mort dans l’âme Dre acceptera quand même de mixer 21 Questions et l’histoire donnera raison à celui qui au début des années 2000 sentait le marché comme personne : le single se classera numéro 1 des charts et appartient depuis au panthéon de ces titres de rap qui délaisse la carte M.O.B. pour rallier les suffrages des deux sexes (All I Need de Method Man feat Mary J. Blidge, Do For Love de 2Pac, Me & My Bitch de Biggie…).
Quatorze ans après les faits, il est désormais temps de répondre à ces fameuses vingt-et-une questions – ou du moins d’essayer d’y répondre du mieux possible, tant il n’est pas donné à beaucoup de conduire une Bentley tout en étant susceptible d’écoper de 25 ans de prison au moindre contrôle de police.
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1. « Would you love me if I was down and out? » / « M’aimerais-tu si j’étais au plus bas ? »
C’est quand même la base dans un couple non ? Si elle ne serait-ce qu’hésite avant de répondre, Meagan Good ou pas Meagan Good, il est judicieux de lui dire bye-bye.
Bon attention, il ne s’agit pas d’une rente non plus : après avoir touché le fond, rebondir n’est pas une option.
2. « Would you still have love for me? » / « M’aimeras-tu toujours ? »
Question similaire à la précédente, et du coup réponse similaire. Intéressant de noter que même au zénith de son game, 50 Cent s’inquiétait de perdre gloire et fortune.
La suite ne lui a pas nécessairement donné tort…
3. « If I fell off tomorrow would you still love me? » / « Si demain je tombe seras-tu encore là ? »
Okay, c’est LA question que tous les mecs se posent mais là ça devient peu répétitif non ? À croire que l’ami Fiddy, d’habitude si prompt à se la raconter dans les grandes largeurs, serait effectivement plus fébrile qu’il ne veut bien le montrer…
4. « If I didn’t smell so good would you still hug me? » / « Si je ne sentais pas si bon, me prendrais-tu toujours dans tes bras ? »
Certes, avec la vie à deux a tendance à s’installer peu de laisser-aller, sans compter qu’en adepte des salles de sport les chaussettes du boss G-Unit ne doivent pas sentir l’eau de Cologne tous les jours, mais reste que sur l’hygiène corporelle, on ne lâche rien. Aucune exception tolérée.
Soit dit en passant, est-ce pour pallier à ce problème que 50 a sorti son propre parfum quelques années plus tard ?
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5. « If I got locked up and sentenced to a quarter century, could I count on you to be there to support me mentally? » / « Si j’en prenais pour un quart de siècle, pourrais-je compter sur toi pour me soutenir mentalement ? »
Un « quart de siècle » fait ici référence aux peines planchers relatives aux homicides au premier degré et au trafic de drogue (de là l’expression « 25 to life » NDLR).
Si le papier les délires à la Bonnie & Clyde ne manquent pas de panache, la question n’est cependant pas à prendre à la légère dans la vraie vie.
Plusieurs paramètres sont à considérer, à commencer par savoir depuis combien de temps dure la relation. Demander à une fille rencontrée sur Tinder il y a quelques semaines de s’engager à faire 25 ans de parloir semble un peu excessif non ?
Et puis tout cela dépend aussi pour beaucoup du crime en question. Prisonnier politique ou fugitif faussement accusé ça va encore, mais s’il s’agit d’anthropophagie ou d’avoir incendié des hôpitaux, la romance prend vite du plomb dans l’aile.
Enfin, « soutenir mentalement » ça veut dire quoi exactement ? Acheter des oranges toutes les semaines, zéro sexe et se farcir des anecdotes sur les douches et les fouilles rectales, ça peut vite paraître longuet.
Désolé 50, mais là, ça risque de coincer…
6. « If I went back to a hoopty from a Benz, would you poof and disappear like some of my friends? » / « Si je ne roulais plus en Mercedes mais dans une caisse pourrie, disparaîtrais-tu comme certains de mes amis ? »
Malheureusement, Uber ou pas Uber, il a moyen que la réponse soit oui.
Non pas que cela soit juste, mais lorsque l’on vante exclusivement ses biens matériels à longueur de textes, les gens vous aiment (et vous quittent) pour ça.
7. « If I was hit and I was hurt would you be by my side? » / « Si je me faisais tirer dessus, serais-tu à mes côtés ? »
Question à prendre très au sérieux, puisque 50 en a déjà pris neuf dans le buffet peu de temps auparavant.
Là encore, nuance-nuance : dans les films prendre une balle ça a presque l’air cool (épreuve initiatique, bandage, cicatrices badass…), dans la réalité c’est rééducation, poche pour chier dans un tuyau, voire dommages cérébraux irréversibles.
8. « If it was time to put in work would you be down to ride? » / « Si j’avais besoin de toi pour faire mes affaires, accepterais-tu ? »
L’adage veut qu’un ami à qui vous confessez un meurtre au milieu de la nuit vous réponde « Où est le corps ? ».
Il est donc légitime de demander à sa meilleure amie de cacher un flingue ou de transporter quelques substances illégales, non ?
En revanche, si on parle de drive-by ou d’éliminer un cartel colombier concurrent, voir point numéro 5.
9. « If I ain’t rap cause I flip burgers at Burger King, would you be ashamed to tell your friends you’re feeling me? » / « Si au lieu de rapper je retournais des steaks à Burger King, aurais-tu honte d’avouer tes sentiments pour moi à tes amis ? »
Si vous sortez avec Meagan Good, il est très probable qu’elle fasse ses valises, et ce quand bien même vous lui ramèneriez en douce des milk-shakes vanille et des double Whopper.
(Exception : vous êtes Eddie Murphy dans Coming to America, un héritier richissime qui souhaite garder l’anonymat.)
Par contre, si elle est caissière qu’elle ne commence pas à se la raconter : c’est toujours mieux que de gratter un revenu universel à Benoît Hamon.
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10. « In the bed if I used my tongue would you like that? » / « Au lit si j’utilisais ma langue, est-ce que ça te plairait ? »
Sérieusement, si elles existent, ces filles qui répondent non, qui sont-elles ? Quelle est leur conception de la vie ?
11. « If I wrote you a love letter would you write back? » / « Si je t’écrivais une lettre d’amour, y répondrais-tu ? »
On parle bien ici d’une lettre manuscrite, pas d’un texto écrit en hashtags ou de photos Instagram pour chopper du like. De toute façon peu importe, c’est le minimum syndical.
12. « Now would you leave me if your father found out I was thugging? » / « Me quitterais-tu si ton père découvrait que j’étais un thug ? »
Ooops ! Le paternel risque en effet de mal prendre la chose. En même temps, il est fort à parier que cette réaction ne déplaise guère à sa fille si cette dernière s’est maquée avec son mec par amour de sa vie de gangster.
13. « Do you believe me when I tell you ‘You the one I’m loving’? » / « Me crois-tu quand je te dis ‘tu es celle que j’aime’ ? »
Si c’est une fois de temps en temps, elle a intérêt d’y croire.
Si vous lui répétez du matin au soir, c’est que vous confondez votre meuf avec une peluche.
14. « « Are you mad cause I’m asking you 21 questions? » / « Es-tu en colère parce que je te pose 21 questions ? »
Autant dans le couple la communication c’est important, autant le coup de l’interrogatoire donne l’air needy et mal assuré. À trop vouloir briser l’armure, 50 s’aventure en zone dangereuse.
Encore sept questions avant la fin.
15. « Are you my soulmate? » / « Es-tu mon âme sœur ? »
Un oui serait a priori de bon augure, même si le coup des contes de fées, passé l’adolescence (et la rupture entre Jennifer Lopez et Puff Daddy) plus personne ne devrait y croire.
Question plus piège qu’elle en a l’air donc.
16. « Do you trust me enough to tell me your dreams? » / « Me fais-tu assez confiance pour te confier mes rêves ? »
La base non ? Enfin sauf si votre rêve le plus cher est de chevaucher nu un poney rose bonbon en plein Paris. Dans ce cas, personne ne vous en voudra de garder ça pour vous.
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17. « If I was down would you say things to make me smile? » / « Si j’étais mal, me dirais-tu des trucs pour me faire sourire ? »
Rien de plus sexy qu’une fille marrante – enfin, marrante comme Nicole Scherzinger ou Emma Stone hein, pas comme Florence « pouet-pouet » Foresti.
18. « If I was with some other chick and someone happened to see, and when you asked me about it I said it wasn’t me, would you believe me or up and leave me? » / « Si j’étais avec une autre meuf et que quelqu’un nous voyait, me croirais-tu si je te disais que ce n’était pas moi, ou me quitterais-tu ? »
À moins de sortir avec une fille beaucoup plus bête que la plus bête de ses copines (ou de s’appeler Shaggy), la pilule va être difficile à faire passer. Traiter les meufs de bitches à tout va dans les clips ça va bien deux minutes, mais une fois à la maison, ce n’est plus la même limonade.
Foutu pour foutu, pourquoi ne pas plutôt tenter le « si tu m’aimes vraiment ne souhaites-tu pas mon bonheur ? ».
[Un point bonus pour Lloyd Banks qui peut lui se targuer d’avoir un sosie acteur porno.]
19. « How deep is our bond if that’s all it takes for you to be gone? » / « À quel point tiens-tu à moi, s’il ne t’en faut pas plus pour me quitter ? »
Réponse dans le texte quelques lignes plus tard : « We only humans girl, we make mistakes/ To make it up, I’ll do whatever it take/ I love you like a fat kid love cake »
20. « Could you love me in a Bentley? » / « M’aimerais-tu si je roulais en Bentley ? »
Hum, largement de quoi se faire pardonner le point précédent, non ? Cela marche d’autant mieux si vous êtes une rap star qui venez d’écouler 13 millions de copies de votre premier album solo.
D’ailleurs, avec de telles stats, vous pouvez également vous permettre de laisser traîner le tube de dentifrice ouvert sur le lavabo. Thug life !
21. « Could you love me on a bus? » / « M’aimerais-tu si je prenais le bus ? »
Entendre ici autre chose qu’un oui ferait très (très) mal au cœur…
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Article publié le 6 février 2017 sur Booska-p.com.
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