Tumgik
meagtremb · 1 year
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Séance #14 - Rendez-vous en ligne
Le mois dernier, je devais prendre rendez-vous pour une consultation médicale. J’ai alors, par réflexe, ouvert mon ordinateur et effectué une recherche pour trouver la clinique la plus près de moi qui offrait le service dont j’avais besoin. Or, à mon grand désarroi, les plateformes de prise de rendez-vous en ligne ne fonctionnaient pas sur les sites des centres médicaux que j’avais sélectionnées. Horreur ! Je devais appeler. J’ai ouvert mon téléphone portable et me suis rendue sur l’application Google Map, et recherché les noms des cliniques pour que je puisse avoir les numéros de téléphone. J’ai téléphoné et été mise en attente à de multiples reprises. Alors que j’attendais pendait ce qui me semblait une éternité, je m’activais à planifier ma semaine sur mon agenda Google, je répondais à mes textos…et mon conjoint jouait aux jeux vidéo – en ligne. Puis, j’ai descendu tous les saints du ciel en pensant à tout le temps que je perdais pour un rendez-vous qui aurait pu se prendre en quelques clics. Imaginez donc à quoi aurait ressemblé mon après-midi si je n’avais pas eu accès à Internet.
À l’ère des technologies d’informations et de communication (TIC), où l’accès et la maitrise d’Internet sont presque des prérequis, certaines personnes sont pourtant encore limitées dans leur utilisation de la toile. On parle alors de fracture numérique, qui « constitue l’inégale capacité à accéder, au sens propre du terme, aux ressources d’Internet à cause d’un accès physique limité ou de difficultés à contrôler les mécanismes de communication ou l’incapacité à comprendre ce qui est rapporté » (Venezkky, dans Rizza, 2006). Il s’agit non seulement d’un réel handicap pour ces personnes, étant donné la transition de plusieurs services publics qui sont désormais offerts uniquement en ligne, mais également d’un facteur d’exclusion sociale (Cliche, 2020).
Je remets alors en perspective le temps que je croyais avoir « perdu » pendant que j’écoutais la douce musique d’attente, entourée de toute la technologie possible pour me distraire et faciliter mes tâches. À l’instant même, j’écris ce billet sur mon MacBook, iPhone à mes côtés, avec une amie qui réalise un examen en ligne et une autre qui regarde des capsules vidéos pour son cours et je me dis qu’au final, je ne suis pas si mal prise.
Références :
Cliche, D. (2020). Les inégalités qui se cachent derrière la fracture numérique. Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/le-15-18/segments/entrevue/175386/acces-internet-haute-vitesse-education-numerique
Rizza, C. (2006). La fracture numérique, paradoxe de la génération Internet. Hermès, 2 (45), 25-32). https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2006-2-page-25.htm
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meagtremb · 1 year
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Séance #13 - Prendre conscience du danger des algorithmes : le Réveil de la Force
J’ai récemment regardé, après plusieurs années de réticence à cette idée, l’entièreté de la saga Star Wars. En fait, regardé n’est pas le bon terme. Je devrais plutôt dire que j’ai binge watché, en bon québécois, non seulement les neuf films, mais également toutes les séries reliées à cet univers. Un matin, en ouvrant Facebook, j’ai interagi pour la première fois avec une publication du monde des Jedi. Plus tard dans la journée, une autre. Depuis une semaine, presque l’entièreté de mon fil d’actualité est composée de contenu en lien avec Star Wars. Ai-je donc pénétré dans une bulle de filtres? La réponse est assez évidente.
Mais qu’en est-il du reste de ma culture cinématographique grandement défaillante, comme mon copain aime si bien me le rappeler, si je ne vois que du contenu de la Guerre des étoiles? Bon, il est vrai qu’il est question ici de films. N’empêche que le concept demeure le même pour les bulles informationnelles. Une bulle de filtres « illustre le phénomène de n’être exposé qu’à des contenus qui vont nous plaire ou qui vont confirmer ce que l’on pense déjà » (Pometko, 2022). Ainsi, les algorithmes de toutes les plateformes que nous utilisons se servent de nos comportements afin de nous proposer de l’informations qui est étroitement liée à nos habitudes de recherches. De plus, l’homophilie, soit « la tendance des individus à s’associer à leurs semblables », amplifie ce phénomène. En d’autres termes, qui se ressemble s’assemble.
Le problème des bulles informationnelles réside dans le manque de diversité d’opinions auquel les internautes font désormais face. Lorsque toutes les informations que nous recevons convergent vers les mêmes opinions, qui sont déjà les nôtres, le risque est de se voir « conforter dans ses propres convictions » (Guebels, 2018, p. 11). Dans une société démocratique, il doit y avoir débat. Or, si personne n’a accès au point de vue d’autrui, « le débat n’est plus possible, l’opposition d’idées devient un discours de sourds campant sur leurs idéaux renforcés par les bulles de filtres » (Delmi, 2019). En résulte la polarisation politique, de plus en plus importante depuis quelques années et, avec celle-ci, la mise en péril d’une société démocratique…assez paradoxale étant donné que l’inspiration du thème de ce billet me vient de Star Wars, non ?
Je vous invite donc, dans une quête pour sauver la démocratie, à tenter de sortir de vos bulles de filtres. Et surtout, que la Force soit avec vous.
Références :
Delmi, D. (2019). Comment les réseaux sociaux nous enferment dans les bulles de filtre ! Bilan. https://www.bilan.ch/opinions/david-delmi/comment-les-reseaux-sociaux-nous-enferment-dans-des-bulles-de-filtres
Pometko, M. (2022).  Les réseaux sociaux nous enferment-ils dans nos bulles? Echo Sciences Grenoble. https://www.echosciences-grenoble.fr/communautes/cafe-sciences-et-citoyens-de-l-agglomeration-grenobloise/articles/les-reseaux-sociaux-nous-enferment-ils-dans-nos-bulles
Guebels, G. (2018). Le phénomène des bulles de filtres sur internet : le moteur de recherche Google nous oriente-t-il à notre insu à cause de son algorithme de personnalisation ? [Mémoire de maitrise]. Dial. http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:16354
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meagtremb · 2 years
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Séance #9 - Fake news et cie.
Michael Jackson n’est pas mort.
Du moins, c’est ce que des milliers de gens à travers le monde semblent croire, tout comme le fait que les vaccins sont la cause de l’autisme, que personne n’a réellement marché sur la lune et que les attentats du 11 septembre n’étaient en réalité pas des attentats, mais bien l’œuvre du Gouvernement américain lui-même. Parmi ces théories du complot les plus connues, c’est cependant celle qui affirme que la Terre est plate qui est l’inspiration de ce billet.
En soupant avec des amis le mois dernier, nous avons abordé ces théories. C’est alors que ma grande amie nous a fait part du documentaire Behind the Curve, produit en 2018 et paru en 2019, dont le synopsis est le suivant : « rencontrez la communauté internationale grandissante des théoriciens qui défendent l’idée que la Terre est plate dans une société qui rejette cette idée avec véhémence ». Les flat earthers, pour les intimes, y présentent des arguments qui s’apparent à des faits scientifiques et qui semblent donc réalistes. En voici la bande annonce :
youtube
Mais pour quelles raisons sur cette terre, qu’elle soit ronde ou plate dans votre cœur, les gens peuvent-ils adhérer à de telles théories? Plusieurs explications sont possibles et l’avènement des réseaux sociaux n’aide certainement pas à la cause, alors que la majorité de la désinformation à laquelle la population est exposée se retrouve sur ces derniers (Beauvais, 2022, p. 2). En effet, « [s]ur internet, l’absence des garde-fous traditionnels explique en partie que, par rapport aux « vraies informations », les fausses informations circulent plus largement et plus rapidement, souvent propagées par des imposteurs ou des bots » (Lewandowsky et Cook, 2020, p. 4).
Entrent également en compte lorsqu’il est question de croire ou non une nouvelle des facteurs cognitifs. Le biais de confirmation, les allégeances politiques, l’exposition préalable, le sentiment d’être un expert sur le sujet et la confiance en les sources « élites » sont tous des facteurs pouvant mener les gens à épouser les fausses nouvelles (Beauvais, 2022, p. 3) qui sont par la suite allègrement partagées sur Facebook, Twitter, Instagram et autres.
Afin d’approfondir vos connaissances sur les théories du complot, je vous laisse un petit guide, le Manuel de la Théorie du Complot.
Sources :
Beauvais, C. (2022). Fake News : Why do we believe it? Elsevier. https://doi.org/10.1016/j.jbspin.2022.105371
Lewandowsky. S., Cook, J. (2020). Le Manuel de la Théorie du Complot. https://www.climatechangecommunication.org/wp-content/uploads/2020/07/ConspiracyTheoryHandbook_French.pdf
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meagtremb · 2 years
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Séance #7 : L'allégorie de la caverne à l'ère du numérique.
Je suis chirurgienne.
J’ai à mon actif plusieurs (vraiment, plusieurs) heures de formation en chirurgie. Plus précisément presque 600 heures de formation, soit l’intégralité (à deux reprises) des 19 saisons de Grey’s anatomy. Rien de comparable aux années que les chirurgiens passent réellement sur les bancs d’école, mais tout de même, ce n’est pas rien ! Quoi? Vous ne me laisseriez pas vous enlever l’appendice? Et bien….
Ce raisonnement, vous me direz, est le comble du ridicule. Pourtant, ce sont des milliers d’internautes qui, chaque jour, s’autoproclament « experts en ». L’accès au savoir n’a jamais été aussi facile. En effet, « grâce aux instruments fournis par l’informatique et par Internet, les nouveaux amateurs ont acquis des savoirs et des savoir-faire qui leur permettent de rivaliser avec les experts » (Flichy, 2010, p.8). Mais dans quelles mesures et à quel prix ?
Au prix de la professionnalisation des pratiques amateurs. Le meilleur exemple est celui du mouvement anti-vaccin. Dans une étude menée en 2018 par des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie, le tiers des 1310 parents interrogés ont affirmé « en connaître autant sinon plus sur l’autisme que les médecins et les chercheurs ». Il s’agit là de l’effet Dunning-Kruger, selon lequel l’incompétence dans un domaine nous pousse à surestimer nos compétences (Atir et al. 2015. p. 1). Sonia Lupien, chercheuse en neuroscience, affirme que « pour savoir que vous êtes incompétent, vous devez être déjà un peu compétent. Mais ceux qui sont complètement incompétents n’ont pas les compétences pour savoir qu’ils sont incompétents » (Perrin, 2019).  Cela me rappelle drôlement la caverne de Platon…
Il ne m’a fallu que quelques clics pour trouver une formation de trois heures en ligne qui peut « m’équiper de tout ce dont j’ai besoin pour devenir une experte en relations publiques » (Udemy, s.d. [traduction libre]). Trois heures. C’est une heure de formation par année d’études qui mène à l’obtention de mon diplôme. C’est à se demander pourquoi je fais un baccalauréat. C’est alors que les incompétents deviennent compétents et que les compétents perdent leur crédibilité. Trois heures de visionnement de vidéos et vous êtes relationniste. Et vous ne m’octroyez toujours pas mon doctorat en médecine?
Références :
Atir, S., Rosenzweig, E., Dunning, D. (2015). When Knowledge Knows No Bounds : Self-Perceived Expertise Predicts Claims of Impossible Knowledge. Psychological Science. https://www.researchgate.net/publication/280123298_When_Knowledge_Knows_No_Bounds/link/629de0fd416ec50bdb10d097/download
Flichy, P. (2010). Le sacre de l'amateur : sociologie des passions ordinaires à l'ère numérique. 7-17.
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meagtremb · 2 years
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C'est l'heure du BeReal !
« Tu as deux minutes pour capturer un BeReal et voir ce que font tes amis ». C’est la notification qui est apparue sur mon téléphone hier soir à 19 h 27, alors que j’étais devant le présentoir des légumes à l’épicerie et qui m’a inspiré ce billet. Mais qu’est-ce qu’un BeReal ? Il s’agit d’un concept bien simple. Une fois par jour, à heures variables, les utilisateurs de l’application reçoivent tous simultanément la notification leur laissant savoir qu’il est temps de prendre leur BeReal. Ils ont alors deux minutes pour prendre une photo de ce qu’ils font à ce moment, photo qui se prend à la fois avec la caméra frontale et arrière de leur téléphone.
Lancée en 2020 par deux créateurs français, l’application a rapidement gagné en popularité en France ainsi qu’aux États-Unis. Sur quoi mise-t ’elle? Mais sur l’authenticité, bien sûr. Qualifié comme anti-Instagram  par Natalie Melanson Breau (2021) dans l’émission radio L’heure de ponte Acadie, le réseau social va effectivement à l’encontre de ce qu’est l’expression de soi en ligne, particulièrement sur Instagram, le réseau social en chef des photos aesthetics comme ses utilisateurs aiment le dire. En effet, Instagram offre la possibilité de publier des photos, plus souvent qu’autrement modifiées à l’aide de filtres. C’est l’apogée de l’expression du soi en ligne, défini par Lepansky comme « un récit, un discours sur la façon dont le sujet se voit et sur ce qu’il ressent, pense ou fait », tout en étant « une version subjective de la réalité de l’individu qui l’éprouve » (Dans Di Venti, 2019, p. 5).
Et c’est alors que naquit BeReal. L’application compte sur son caractère instantané pour offrir à ses usagers la possibilité de montrer à leur réseau d’amis ce qu’ils font réellement au moment où ils reçoivent la notification. Bien que la photo puisse être reprise à plusieurs reprises, aucune fonction de modification des photos n’est offerte par la plateforme. De ce fait, le deuxième principe de l’expression de soi en ligne, soit la visibilité ou l’invisibilité – ou en d’autres termes, choisir ce que l’on montre ou non – (Di Venti, 2019, p. 6) perd tout son sens. De mon point de vue, tout sur l’application est construit de façon à favoriser l’authenticité, qui se fait de plus en plus rare sur les réseaux sociaux et qui ­– désolée, c’est l’heure du BeReal !
Référence :
Di Venti, Ilaria. (2019). Les adolescentes et les diktats de la beauté sur Instagram. Quelle influence sur leur image et leur utilisation du réseau social? [mémoire de maitrise, Université catholique de Louvain]. https://dial.uclouvain.be/memoire/ucl/object/thesis:21357
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