mellecbutterfly

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Dimanche 8 avril 2018

Tu vois, il y a des gens capable de tenir leur objectif, tenir leur langue ou encore tenir à leurs rêves. Moi, je n'arrive même pas à tenir un journal. Enfin, jusqu'à ce jour toute mes tentatives ont échouées. La raison à cela n'est pas mauvaise. Lorsque je me sens bien entouré, je me livre à demi-mot et cela me suffit. J'écoute les autres parler de leur journée, leurs projets et leurs tracas puis, quand c'est assez, je rentre et m'isole. Je parle toujours avec sincérité et tant que je le peux avec une bienveillance infinie. J'ai remarqué que le fait d'encourager les autres à voix haute avec enthousiasme me procurait énormément d'énergie. Je peux me sentir déprimée mais soudain j'entends ma voix pleine de joie surgir et le bien que je souhaite aux autres me soulage instantanément.

Je travaille en tant que barmaid, j'ai quitté mon service à 01h00 du matin. J'étais impatiente de débaucher. Un groupe d'habitués est rentré mendier une ristourne sur une bouteille de whisky auprès de mon patron, un quart d'heure avant la fermeture. J'avais tout rangé, tout nettoyé car je venais de passer 6h45 à m'ennuyer fermement. Il y a eu très peu de clients ce soir, aussi le bar aurait été vide sans cette dernière intrusion. Il s'agit d'un groupe d'une dizaine de machos insupportables et très mal éduqué qui viennent toutes les semaines. Lasse de leurs remarques, je suis partie au pas de course.

(Zut... je suis fatiguée, il est 3h57. Je t'écris la suite en me réveillant)

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12h38

J'ai l'impression que c'est déjà le soir. Peut-être est-ce de l'impatience ou simplement la pénombre de la pièce qui me donne cette impression. Lorsque je me suis levée, après t'avoir écris, j'ai pris un moment pour considérer mon apparence. Une mine désastreuse, le teint blafard, les yeux déjà rouges et un air bête. C'est comme cela que je me sens parfois, bête. Assez souvent en fait...

Les sujets abordés lors de conversations m'intéressent rarement car la conversation amènera forcément les clichés. Je veux dire par là que selon moi, participer à une conversation est toujours un moment intime ou la représentation d'un spectacle.

En observant bien et en étant simplement attentif aux autres, on apprends à vite comprendre que la conversation n'est finalement qu'un jeu obscène.

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Je suis loin. Loin de mon corps. De temps à autres il arrive qu'il me rappelle à lui, que ce soit par mon coeur qui se serre, ma mâchoire qui se crispe ou le goût salé d'une larme qui s'écrase entre mes lêvres. Là où je me trouve, tout va plus vite mais reste en suspens. Je confond des idées, des envies et des faits objectifs pour en créer plusieures réalités alternatives. Aujourd'hui, c'est lundi nous sommes le 12 mars de l'année 2018. Il est 9h40 et j'ignore le temps qu'il fait car il y a bien des semaines que je n'ai plus l'envie de tirer les rideaux acccrochés devant la fenêtre. A quoi bon savoir le temps qu'il fait, pensais-je, je suis en congé et je n'ai rien de prévu de la journée. En vérité, je ne sais plus comment accomplir mes envies, j'ai oublié comment faire pour me passionner et objectivement je ne peux pas obtenir ce que je pense désirer. Pire, encore devrais-je dire, objectivement je ne pense pas obtenir ce que je peux désirer. Oui, car lorsque je navigue dans les différents quartiers de ma vie, je m'aperçois que toutes mes émotions se ressemblent. La satifaction est totale ou ne l'est pas. Il n'existe aucun intermédiaire, aucune nuance et juste cet entre-deux dans lequel je me trouve à cette heure. Cet état, à la fois très apaisant et terriblelent angoissant, je ne l'obtiens que de deux façons: seule ou en accomplissant mon travail.

Pour être totalement satisfaite aujourd'hui, peu de choses auraient suffit. M'étendre sur le lit et écouter ronronner Méphisto et Poopy ou avoir la compagnie d'un de mes meilleurs amis. Seulement et cela se comprend, quand certains ne sont pas déjà morts, je ne fais plus partie des priorités des autres. Heureusement, me direz-vous, j'ai eu le privilège de faire la rencontre d'un homme il y a quelques mois. Nous nous sommes tout de suite plu. Un italien de 14 ans mon aîné qui partage les rues de ma ville depuis qu'il s'y est installé pour travailler. Nos métiers et nos origines sont très différents. Notre culture, de fait, l'est aussi. Nous utilisons à forte majorité le français et l'anglais pour nous comprendre. Et bien que nous habitons à quelques minutes l'un de chez l'autre, notre relation passe essentiellement par des messages sms ou mails de réseaux sociaux. Nous nous appellons rarement et ne passons jamais plus d'une dizaines d'heures consécutives ensemble. Peut-être que j'aurais tiré mes rideaux ce matin si j'avais eu l'espoir de le voir. Je sais que dans la vie il faut se donner les moyens pour obtenir ce que l'on veut mais tout semble fonctionner de façon différente dès lors qu'il s'agit de sentiments.